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Lun 17 Sep 2018 - 17:13
“La petite fête de shidara” avait-elle dit ? c’était une véritable insulte qu’il nous avait fait plutôt, oser nous convoquer comme de vulgaires laquets, nous, des chefs de clan… c’était tout simplement inadmissible. Je bouillais intérieurement de rage depuis qu’elle m’avait fait parvenir cette invitation, que dis-je, cette sommation à en juger par la condescendance de son message. Si le Sénat m’intéressait un temps soit peu, j’aurai été mettre mon poing dans la face de rat de Shidara, “mais fort heureusement pour moi, ce n’était pas demain la veille que j’aurai à y aller”, pensais-je encore à ce moment-là.
Bradley ▬ Je vois qu’au moins tu as gardé ton humour si fin… Mets Di Altiero dans notre poche à ce moment-là si tu veux. Tant que j’ai sa coopération c’est tout ce qui m’intéresse.
Je sentais bien qu’elle aimait toujours autant jouer avec mes nerfs, il n’y avait qu’à voir son regard lorsque j’ai fracassé le verre pour s’en rendre compte. Ce petit jeu était des plus courant entre nous et n’était pas pour me déplaire, loin de là même, car elle savait toujours quand il devenait judicieux de ne pas tenter le diable. Je n’avais pas pour habitude de me laisser marcher dessus et la limites n’était jamais à dépasser avec moi, bien qu’elle jouissait d’une limite bien plus confortable que beaucoup d’autres.
Je me suis resservit un verre pour remplacer celui que j’avais détruit dans ma crispation de colère. Il me fallait quelque chose de fort pour pouvoir poursuivre la conversation, un véritable tord boyaux, un alcool distillé 6 fois pour le plus grand plaisir des constitutions exceptionnelles. Avec ça on vous cautérise une plaie ouverte sans problème, mais avec mes sens, malgré la force et la puissance de l’alcool, je percevais des arômes d’une rare subtilité. Je suis ensuite allé m’affaler dans mon fauteuil, toujours avec mon cigare à la main et mon verre dans l’autre.
Bradley ▬ Tu vois toujours ce cuistot lycan de temps en temps ? Parce que ce serait pas mal pour accommoder Di Altiero… les ritales aiment bien manger j’crois… Autant s’offrir le meilleur pour ce rendez-vous.
Le talent de ce lycan était incomparable en matière de cuisine, les deux fois où je l'ai vu, furent les deux meilleurs repas de toute ma longue vie et cela est peu dire. Aucun souverain, aucun restaurant n'a jamais été capable de ravire mes papilles si fines que ce jeune lycan. Il me fallait ce cuistot pour le bon déroulement d'une négociation, c'était toujours comme ça que ça marchait que ce soit entre vampires ou humains, plus on flattait le cadre de l'entretiens, plus on mettait les chances de son côté.
Rosalie m'a soudainement ramener à la réalité de la conversation en mentionnant le jeune Ryan et Hermansson dans la même phrase. C'était très intéressant et me motivait à passer un coup de fil à Aaren pour voir de quoi il retournait. Cela faisait après tout déjà cinquante ans que j'étais moi-même allié aux Chevaliers des Ombres pour faire passer un message aux hunters américains dans un premier temps et de façon totalement désintéressé par la suite.
Bradley ▬ Hm intéressant… affaire à suivre je suppose.
Je feignai de ne pas trouver d'intérêt dans ce qu'elle m'avait dit pour ne pas qu'elle se doute de quoi que ce soit. Elle n'était toujours pas au courant de mon alliance aussi forte avec les Chevaliers des Ombres, comme personne à vrai dire. Mais il ne fallait pas être stupide, comme si j'avais réussi à convaincre des hunters de nous laisser régler nos problèmes de vampires entre nous plutôt que de les laisser faire ce qu'ils voulaient comme ils voulaient. Il avait forcément fallu un intermédiaire pour négocier et obtenir notre accord.
Bradley ▬ Maintenant que tu es plus calme, nous pourrions songer à passer à table si tu as faim bien entendu.
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Dim 7 Oct 2018 - 20:24
« Ce sera fait rapidement. »
Alessio di Altiero était un homme très pris, mais il me refusait rarement une entrevue, quand c’était important, et cela l’était toujours. J’appréciais particulièrement, car je doutais que ce fût le cas de tous les chefs de clan au centre de l’amphithéâtre. Pour certains, nous n’avions même pas cherché à prendre contact au-delà de nos relations sénatoriales et cela nous suffisait amplement.
« Tu vois toujours ce cuistot lycan de temps en temps ? Parce que ce serait pas mal pour accomoder Di Altiero… Les ritals aiment bien manger, j’crois… Autant s’offrir le meilleur pour ce rendez-vous. »
J’avais rencontré Okamirô Lacroix au début du XXe siècle. A l’époque, nous étions tous les deux humains, une sage adolescente qui rêvait d’une carrière artistique sans espoir de l’accomplir un jour, et un enfant déterminé déjà passionné de cuisine. En un sens, sa volonté d’accomplir son rêve avait possiblement influencé la mienne de prendre en main mon destin et de fuguer. Je devais admettre que je ne me souvenais plus très bien de cette époque. Presque un siècle s’était écoulé depuis, et bien des choses s’étaient passées. Je l’avais oublié avec le temps, mais j’avais été surprise de le revoir au Japon, travaillant dans les cuisines du chef du clan Ryan. Il était aussi peu humain que moi, même s’il avait été touché par un autre mal. Il avait beaucoup changé et sa personnalité n’était plus ce qu’elle était, bien que j’admirât la désinvolture avec laquelle il prenait son statut de lycan. Lui au moins avait réalisé son rêve, puisqu’il était considéré comme un des plus grands de son milieu. Il avait d’ailleurs ouvert récemment un restaurant réservé aux espèces surnaturelles.
« Je lui en parlerai aussi. Il est plutôt occupé depuis qu’il a son propre restaurant, mais je sais qu’il prend encore des commandes particulières. »
J’ignorais ce que cherchait à faire Bradley exactement, mais il sortait le grand jeu. Ce qu’il allait demander à son homologue italien n’était donc pas une mince affaire. Je ne manquerais pas de m’y intéresser de près, quelles que soit les raisons de mon créateur de m’en tenir éloignée. Comment espérait-il que je défendisse au mieux ses intérêts s’il se mettait à faire des cachotteries ?
« Hm, intéressant… Affaire à suivre, je suppose. »
Je levai un sourcil suspicieux. Le connaissant depuis presque un siècle, je le trouvais encore bien évasif. Il y avait encore quelque chose à propos de cet Aaren ou de Junya Ryan qu’il ne m’avait pas dit. Décidément, c’était la soirée. Je penchais plutôt pour les hunters. L’Ordre des Chevaliers des Ombres était bien peu représenté aux Etats-Unis par rapport à ce que je savais de leur branche européenne, par exemple. Il y avait sans doute anguille sous roche.
« Parfait. Faisons ça. »
Je n’avais pas mangé depuis que j’avais décidé qu’il était trop dangereux pour moi de voir qui que ce soit. Nous n’avions pas de besoin vital de nourriture, mais ça ne m’empêchait pas d’avoir une faim de loup, surtout maintenant que j’avais sustenté ma soif. Les questions attendraient.
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