[+18] Paralyzed {29/07/2018 ~ 09/2018}
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Jess Duchannes#106934#106934#106934#106934#106934#106934#106934
Vampire Level B - Clan di Altiero
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Yens : 719
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Dim 12 Juin 2022 - 1:27
Bande son - Violet Evergarden OST - Inconsolable
Le 29 Juillet 2018 à Paris 7°, Hôtel particulier des Duchannes
Je n'ai pas remis les pieds dans mon pays natal depuis plusieurs décennies. Tout a changé, la ville lumière scintille plus que jamais, et pourtant derrière l'épaisse porte d'entrée de cette demeure sans vie, rien n'a changé. Tout autour de moi, des linceuls blanc recouvrent encore le mobilier, comme si le temps s'était arrêté depuis quatre-vingt huit ans, après l'assassinat des maîtres des lieux, Andrea et Gabriela Duchannes, mes parents. Comme à l'époque, je m'aide du bureau pour rester droite, et même si mes jambes tremblent et que je suis complètement abrutie de souffrance, le cœur broyé par le chagrin, je reste debout. Pourquoi dois-je revenir seule ici ? Pourquoi n'es-tu pas avec moi ?!
La colère ne manque pas de m'envahir en une fraction de seconde, mais elle retombe aussitôt lorsqu'un intrus se racle la gorge pour se faire connaître. Je ne prends pas la peine de me retourner, il me suit comme une ombre depuis toujours, cet oiseau de malheur, l'homme de confiance des Duchannes. On aurait dû s'enfuir, et tout laisser derrière nous. Je n'aurais pas à supporter sa pitié et ses manipulations. Nous n'avons pas échangé un mot depuis que nous avons quitté la compagne de Florence. Je n'ai rien à lui dire, à part une chose, mais je devine sans mal qu'il a des questions donc cela devra attendre. Ce n'est pas comme si j'avais quelque chose à faire de mon éternité. Après un mouvement de poignet, les draps poussiéreux s'enroulent sur eux-mêmes et dévoilent une partie de cet héritage maudit et je m'installe sur le fauteuil de mon père. Je remarque alors qu'Elliot n'entre pas les mains vides. Il pose devant moi deux verres en cristal pour y déverser un liquide ambré, j'en reconnais l'odeur.
« Vous avez été remarquable pendant les festivités. Vous devez être très proche du Prince pour avoir eu l'honneur d'être à la première à… présenter vos hommages. »
Le gentleman a toujours su choisir ses mots, il est incapable de cacher son enthousiasme, je me suis hissée parmi les grands. La belle affaire. Elliot m'a toujours tenue en laisse en décrivant Alessio Di Altiero comme un chef strict et inflexible pour mieux faire de moi l'instrument de ses réussites. Qui aurait osé poser des questions sur cet anglais fidèle à ma famille depuis des siècles ? Hmm, même si je viens à peine de goûter le cognac, mon humeur s'émousse déjà. Les souvenirs de la vente aux enchères traversent mon esprit, mais je refuse d'y penser. Cela fait trop mal, bien trop mal. Chaque battement de cœur est une torture.
« J'ai fait ce que j'ai fait au nom de Deagan. » Je n'ai rien à ajouter de plus pourtant mon mentor me fixe intensément. Il m'étudie, s'attend sans doute à ce que je m'effondre devant lui comme je l'ai fait auparavant. Oui, il doit s'impatienter d'entendre de ma bouche le drame qui frappe ma courte vie. Je l'entends déjà me réconforter, me promettre qu'il s'occupera de tout comme d'habitude, sauf que je ne suis plus cette petite écervelée naïve.
« Votre père aurait été fier de vous, Jessica. »
« Il est mort, quelle sorte d'importance cela peut-il avoir ? »
Son visage reste stoïque, mais je décèle dans ses yeux un léger tressaillement. Il réalise qu'il n'a plus la même emprise sur moi. En a-t-il seulement encore ? La réponse est oui, malheureusement.
« Qu'en est-il de monsieur Aoki, alors ? »
Cette fois-ci, c'est mon corps entier qui se pétrifie alors que le trou béant dans ma poitrine s'étire un peu plus. Nous en sommes donc arrivés là ? Il n'a aucun scrupule à le mentionner.
« Vous désirez autre chose, Elliot ? » Je n'utilise pas souvent son prénom, alors j'esquisse un maigre sourire lorsqu'il se repositionne mal à l'aise sur sa chaise. Je n'en ai pas l'air, mais je suis celle qui commande ici et cette conversation me dérange de plus en plus, je veux y mettre un terme et rester seule. Avec de l'alcool.
« Que comptez-vous faire à présent ? »
« Me resservir un verre ? » Pour joindre actes et paroles, je bois ma coupe d'une gorgée brûlante, et me ressers le ditverre. Bien évidemment, il n'est pas satisfait de mon comportement et s'assure de poser la bouteille hors de portée, comme si cela pouvait m'arrêter.
« Je pensais plutôt à votre engagement envers le chef de clan Shidara, Jessica. Vous devez retourner au Japon. »
« Il a émis le souhait de… reporter notre collaboration. » Bien que cela m'est difficile à admettre, Metuselah Shidara a fait preuve… d'une empathie déconcertante devant… ma situation. Il ne m'a guère laissé le choix en la matière et je n'ai pas insisté, pas vraiment. Dommage, cette distraction était parfaite.
Bien que l'air distrait, je l'écoute attentivement me proposer nos plans, ses plans pour mon avenir. La suite de notre rendez-vous ne m'est pas agréable, il s'évertue à m'ensevelir sous des questions qui, au fond, ne le regardent plus. Il le sent, mais s'accroche à cette illusion. Non, comme je le disais, je ne suis plus une petite fille. Je suis une femme… anéantie qui n'a, littéralement, plus rien à perdre. Le spiritueux s'enveloppe tout doucement dans une brume familière, et tout ce que je souhaite, c'est fermer les yeux pour sombrer dans le néant et ne plus rien ressentir. Étonnamment, j'ai encore suffisamment de patience pour lui accorder du temps. Je ne suis pas si forte que j'aime le penser. Il me faut encore quelques instants, mais pas trop, je ne veux pas changer d'avis. Finalement, je décide de l'interrompre, rien ne sert de tergiverser, je suis fatiguée. Mes coudes posés sur le bois massif, je ne démords pas.
« Elliot… c'est fini.» soufflais-je
Un lourd silence nous entoure, son regard brille alors qu'il comprend ce que cela veut dire. Ma décision est prise, je ne reviendrais plus en arrière. Alors pourquoi ai-je si mal ? Comment est-ce possible que ma peine grandisse ? Mon âme n'était-elle pas encore morte ?
« Jessica, my sweetheart, tu n'es pas toi-même, tu n'as pas les idées claires, laisse-moi prendre soin de toi… »
« C'est tout le contraire, je suis parfaitement lucide, croyez-moi. Il est temps… » Je laisse quelques secondes passées avant de faire mes adieux. « La famille Duchannes vous remercie pour vos loyaux et fidèles services. Il est temps pour vous de suivre votre propre route. »
Ma voix ne tremble pas, mais s'étrangle peu à peu. Je ne veux plus personne autour de moi pour le moment, ni peut-être même jamais si c'est pour finalement qu'ils me soient arrachés sans aucune pitié. Elliot se lève, une larme sur la joue puis fait le tour du bureau pour me tendre la main. Par respect pour ce qu'il a sacrifié pour moi, je me lève pour lui faire face même si je tiens à peine debout, mais ce n'est pas grave, je tiens bon. Je dois me montrer ferme, pour lui comme pour moi.
« Je veillerai toujours sur toi, je t'ai élevée comme ma propre fille, tu crois vraiment que je vais partir sans rien dire ? »
« Je ne suis la fille de personne depuis des années. Je n'ai plus besoin de vous, monsieur. »
Un sourire amer de sa part est sa seule réponse. Mes mots sont durs et pourtant, il se penche pour embrasser mon front en lâchant une plainte déchirante. La dernière fois que j'ai vu cet homme en proie à ses émotions était lorsqu'il m'avait trouvé enfermée et seule le jour du massacre.
« Elliot, ne me faites pas répéter, s'il vous plaît. Partez. »
Sans dire un mot de plus, il s'exécute. Plus un bruit ne résonne une fois que la porte claque. Pour la première fois depuis… depuis que mon monde s'est écroulé, je me retrouve enfin seule. Mes défenses tombent, j'hurle à plein poumon au point de m'arracher la voix, mais je parviens à ne pas tout ravager autour de moi. Je n'en suis plus capable, je n'ai plus de force.
~~
Dans les jours qui suivent…
Je ne sais pas vraiment quel jour nous sommes, je n'ai pas tiré les rideaux depuis le départ d'Elliot. Je n'ai même pas pris la peine de me laver depuis non plus. L'alcool n'arrange pas la situation, les effets anesthésiants sont trop éphémères alors je bois de plus en plus. Je répète en quelque sorte le même schéma, visiblement, c'est ainsi que je gère mon deuil. Sauf que cette fois-ci, je suis incapable de surmonter ma détresse, bien au contraire, je m'y enfonce volontairement. C'est tout ce qu'il me reste de lui après tout. Du désespoir. Et comme si ce n'était pas suffisant, cet homme que j'aime à en crever me hante à chaque instant. Je sens sa présence à mes côtés, son âme m'accompagne et refuse de me donner du repos. C'est un cauchemar et je ne sais pas comment m'en sortir. Alors je ne cherche plus à le rejeter, je l'accepte à bras ouvert, lui adressant la parole même si ses réponses ne sont que le silence éternel et sans fin. Si je cède un peu plus chaque jour à la folie, je parviendrai à le voir de mes propres yeux et peut-être qu'alors, il sera capable de me répondre. Étrangement sa compagnie me guide dans mes fouilles, il semble diriger mon instinct. Je découvre des secrets anciens, sans plus vraiment d'intérêt, mais je comprends aussi, lorsque j'ai un éclair de lucidité à quel point mes parents, Père en particulier, étaient proches d'Alessio. C'est épuisant, mais cela me fait oublier le fantôme qui me suit à la trace, même si ce n'est que quelques minutes. Et lorsque je le réalise, la culpabilité me ronge. Comment puis-je l'oublier et ne pas penser à lui ? De quel droit puis-je me le permettre ? Je n'en peux plus.
Le pas titubant, je me dirige tant bien que mal dans ma chambre et là, mon cœur s'arrête. Un bruit de craquement fait frémir l'air, puis une ombre se projette dans le couloir, c'est… la silhouette d'un homme, je crois reconnaître son odeur, c'est insensé. Non. Il ne reviendra jamais, alors pourquoi l'espoir m'arrache un cri de joie ? Sans réfléchir, je me précipite à la porte, mais la déception m'envahit une fois de plus. Je n'en reste pas moins surprise de voir Raphaël se tenir devant moi, le visage sombre. S'il n'est pas réjoui de me voir, pourquoi prendre la peine de se téléporter ici ?
« Qu'est-ce que tu fais là ? »
C'est tout ce que je trouve à lui dire. Je sais très bien pourquoi il est venu à l'improviste, nos derniers échanges étaient loin d'être cordiaux, j'en avais, je crois une grande part de responsabilités. Mon meilleur ami, si gentil et doux, ne cherche que mon bien, mais… Je ne supporte pas de voir son visage, je ne supporte pas d'entendre sa voix ni de sentir la chaleur de son étreinte, il me donne envie de vivre et… je n'en suis pas capable.
Le 29 Juillet 2018 à Paris 7°, Hôtel particulier des Duchannes
Je n'ai pas remis les pieds dans mon pays natal depuis plusieurs décennies. Tout a changé, la ville lumière scintille plus que jamais, et pourtant derrière l'épaisse porte d'entrée de cette demeure sans vie, rien n'a changé. Tout autour de moi, des linceuls blanc recouvrent encore le mobilier, comme si le temps s'était arrêté depuis quatre-vingt huit ans, après l'assassinat des maîtres des lieux, Andrea et Gabriela Duchannes, mes parents. Comme à l'époque, je m'aide du bureau pour rester droite, et même si mes jambes tremblent et que je suis complètement abrutie de souffrance, le cœur broyé par le chagrin, je reste debout. Pourquoi dois-je revenir seule ici ? Pourquoi n'es-tu pas avec moi ?!
La colère ne manque pas de m'envahir en une fraction de seconde, mais elle retombe aussitôt lorsqu'un intrus se racle la gorge pour se faire connaître. Je ne prends pas la peine de me retourner, il me suit comme une ombre depuis toujours, cet oiseau de malheur, l'homme de confiance des Duchannes. On aurait dû s'enfuir, et tout laisser derrière nous. Je n'aurais pas à supporter sa pitié et ses manipulations. Nous n'avons pas échangé un mot depuis que nous avons quitté la compagne de Florence. Je n'ai rien à lui dire, à part une chose, mais je devine sans mal qu'il a des questions donc cela devra attendre. Ce n'est pas comme si j'avais quelque chose à faire de mon éternité. Après un mouvement de poignet, les draps poussiéreux s'enroulent sur eux-mêmes et dévoilent une partie de cet héritage maudit et je m'installe sur le fauteuil de mon père. Je remarque alors qu'Elliot n'entre pas les mains vides. Il pose devant moi deux verres en cristal pour y déverser un liquide ambré, j'en reconnais l'odeur.
« Vous avez été remarquable pendant les festivités. Vous devez être très proche du Prince pour avoir eu l'honneur d'être à la première à… présenter vos hommages. »
Le gentleman a toujours su choisir ses mots, il est incapable de cacher son enthousiasme, je me suis hissée parmi les grands. La belle affaire. Elliot m'a toujours tenue en laisse en décrivant Alessio Di Altiero comme un chef strict et inflexible pour mieux faire de moi l'instrument de ses réussites. Qui aurait osé poser des questions sur cet anglais fidèle à ma famille depuis des siècles ? Hmm, même si je viens à peine de goûter le cognac, mon humeur s'émousse déjà. Les souvenirs de la vente aux enchères traversent mon esprit, mais je refuse d'y penser. Cela fait trop mal, bien trop mal. Chaque battement de cœur est une torture.
« J'ai fait ce que j'ai fait au nom de Deagan. » Je n'ai rien à ajouter de plus pourtant mon mentor me fixe intensément. Il m'étudie, s'attend sans doute à ce que je m'effondre devant lui comme je l'ai fait auparavant. Oui, il doit s'impatienter d'entendre de ma bouche le drame qui frappe ma courte vie. Je l'entends déjà me réconforter, me promettre qu'il s'occupera de tout comme d'habitude, sauf que je ne suis plus cette petite écervelée naïve.
« Votre père aurait été fier de vous, Jessica. »
« Il est mort, quelle sorte d'importance cela peut-il avoir ? »
Son visage reste stoïque, mais je décèle dans ses yeux un léger tressaillement. Il réalise qu'il n'a plus la même emprise sur moi. En a-t-il seulement encore ? La réponse est oui, malheureusement.
« Qu'en est-il de monsieur Aoki, alors ? »
Cette fois-ci, c'est mon corps entier qui se pétrifie alors que le trou béant dans ma poitrine s'étire un peu plus. Nous en sommes donc arrivés là ? Il n'a aucun scrupule à le mentionner.
« Vous désirez autre chose, Elliot ? » Je n'utilise pas souvent son prénom, alors j'esquisse un maigre sourire lorsqu'il se repositionne mal à l'aise sur sa chaise. Je n'en ai pas l'air, mais je suis celle qui commande ici et cette conversation me dérange de plus en plus, je veux y mettre un terme et rester seule. Avec de l'alcool.
« Que comptez-vous faire à présent ? »
« Me resservir un verre ? » Pour joindre actes et paroles, je bois ma coupe d'une gorgée brûlante, et me ressers le ditverre. Bien évidemment, il n'est pas satisfait de mon comportement et s'assure de poser la bouteille hors de portée, comme si cela pouvait m'arrêter.
« Je pensais plutôt à votre engagement envers le chef de clan Shidara, Jessica. Vous devez retourner au Japon. »
« Il a émis le souhait de… reporter notre collaboration. » Bien que cela m'est difficile à admettre, Metuselah Shidara a fait preuve… d'une empathie déconcertante devant… ma situation. Il ne m'a guère laissé le choix en la matière et je n'ai pas insisté, pas vraiment. Dommage, cette distraction était parfaite.
Bien que l'air distrait, je l'écoute attentivement me proposer nos plans, ses plans pour mon avenir. La suite de notre rendez-vous ne m'est pas agréable, il s'évertue à m'ensevelir sous des questions qui, au fond, ne le regardent plus. Il le sent, mais s'accroche à cette illusion. Non, comme je le disais, je ne suis plus une petite fille. Je suis une femme… anéantie qui n'a, littéralement, plus rien à perdre. Le spiritueux s'enveloppe tout doucement dans une brume familière, et tout ce que je souhaite, c'est fermer les yeux pour sombrer dans le néant et ne plus rien ressentir. Étonnamment, j'ai encore suffisamment de patience pour lui accorder du temps. Je ne suis pas si forte que j'aime le penser. Il me faut encore quelques instants, mais pas trop, je ne veux pas changer d'avis. Finalement, je décide de l'interrompre, rien ne sert de tergiverser, je suis fatiguée. Mes coudes posés sur le bois massif, je ne démords pas.
« Elliot… c'est fini.» soufflais-je
Un lourd silence nous entoure, son regard brille alors qu'il comprend ce que cela veut dire. Ma décision est prise, je ne reviendrais plus en arrière. Alors pourquoi ai-je si mal ? Comment est-ce possible que ma peine grandisse ? Mon âme n'était-elle pas encore morte ?
« Jessica, my sweetheart, tu n'es pas toi-même, tu n'as pas les idées claires, laisse-moi prendre soin de toi… »
« C'est tout le contraire, je suis parfaitement lucide, croyez-moi. Il est temps… » Je laisse quelques secondes passées avant de faire mes adieux. « La famille Duchannes vous remercie pour vos loyaux et fidèles services. Il est temps pour vous de suivre votre propre route. »
Ma voix ne tremble pas, mais s'étrangle peu à peu. Je ne veux plus personne autour de moi pour le moment, ni peut-être même jamais si c'est pour finalement qu'ils me soient arrachés sans aucune pitié. Elliot se lève, une larme sur la joue puis fait le tour du bureau pour me tendre la main. Par respect pour ce qu'il a sacrifié pour moi, je me lève pour lui faire face même si je tiens à peine debout, mais ce n'est pas grave, je tiens bon. Je dois me montrer ferme, pour lui comme pour moi.
« Je veillerai toujours sur toi, je t'ai élevée comme ma propre fille, tu crois vraiment que je vais partir sans rien dire ? »
« Je ne suis la fille de personne depuis des années. Je n'ai plus besoin de vous, monsieur. »
Un sourire amer de sa part est sa seule réponse. Mes mots sont durs et pourtant, il se penche pour embrasser mon front en lâchant une plainte déchirante. La dernière fois que j'ai vu cet homme en proie à ses émotions était lorsqu'il m'avait trouvé enfermée et seule le jour du massacre.
« Elliot, ne me faites pas répéter, s'il vous plaît. Partez. »
Sans dire un mot de plus, il s'exécute. Plus un bruit ne résonne une fois que la porte claque. Pour la première fois depuis… depuis que mon monde s'est écroulé, je me retrouve enfin seule. Mes défenses tombent, j'hurle à plein poumon au point de m'arracher la voix, mais je parviens à ne pas tout ravager autour de moi. Je n'en suis plus capable, je n'ai plus de force.
~~
Dans les jours qui suivent…
Je ne sais pas vraiment quel jour nous sommes, je n'ai pas tiré les rideaux depuis le départ d'Elliot. Je n'ai même pas pris la peine de me laver depuis non plus. L'alcool n'arrange pas la situation, les effets anesthésiants sont trop éphémères alors je bois de plus en plus. Je répète en quelque sorte le même schéma, visiblement, c'est ainsi que je gère mon deuil. Sauf que cette fois-ci, je suis incapable de surmonter ma détresse, bien au contraire, je m'y enfonce volontairement. C'est tout ce qu'il me reste de lui après tout. Du désespoir. Et comme si ce n'était pas suffisant, cet homme que j'aime à en crever me hante à chaque instant. Je sens sa présence à mes côtés, son âme m'accompagne et refuse de me donner du repos. C'est un cauchemar et je ne sais pas comment m'en sortir. Alors je ne cherche plus à le rejeter, je l'accepte à bras ouvert, lui adressant la parole même si ses réponses ne sont que le silence éternel et sans fin. Si je cède un peu plus chaque jour à la folie, je parviendrai à le voir de mes propres yeux et peut-être qu'alors, il sera capable de me répondre. Étrangement sa compagnie me guide dans mes fouilles, il semble diriger mon instinct. Je découvre des secrets anciens, sans plus vraiment d'intérêt, mais je comprends aussi, lorsque j'ai un éclair de lucidité à quel point mes parents, Père en particulier, étaient proches d'Alessio. C'est épuisant, mais cela me fait oublier le fantôme qui me suit à la trace, même si ce n'est que quelques minutes. Et lorsque je le réalise, la culpabilité me ronge. Comment puis-je l'oublier et ne pas penser à lui ? De quel droit puis-je me le permettre ? Je n'en peux plus.
Le pas titubant, je me dirige tant bien que mal dans ma chambre et là, mon cœur s'arrête. Un bruit de craquement fait frémir l'air, puis une ombre se projette dans le couloir, c'est… la silhouette d'un homme, je crois reconnaître son odeur, c'est insensé. Non. Il ne reviendra jamais, alors pourquoi l'espoir m'arrache un cri de joie ? Sans réfléchir, je me précipite à la porte, mais la déception m'envahit une fois de plus. Je n'en reste pas moins surprise de voir Raphaël se tenir devant moi, le visage sombre. S'il n'est pas réjoui de me voir, pourquoi prendre la peine de se téléporter ici ?
« Qu'est-ce que tu fais là ? »
C'est tout ce que je trouve à lui dire. Je sais très bien pourquoi il est venu à l'improviste, nos derniers échanges étaient loin d'être cordiaux, j'en avais, je crois une grande part de responsabilités. Mon meilleur ami, si gentil et doux, ne cherche que mon bien, mais… Je ne supporte pas de voir son visage, je ne supporte pas d'entendre sa voix ni de sentir la chaleur de son étreinte, il me donne envie de vivre et… je n'en suis pas capable.
Raphaël de La Roche#106938#106938#106938#106938#106938#106938#106938
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Dim 19 Juin 2022 - 17:47
- Jess attends…
Le combiné me renvoya un signal régulier, indiquant la fin de la conversation. La main qui tenait le téléphone se baissa lentement tandis que je fixais la fenêtre, dépité. Encore une conversation houleuse avec ma meilleure qui se terminait brusquement. Cette nouvelle tentative de renouer le contact se soldait par un échec. Je soupirai tandis que mes épaules se voûtaient. Je m'étais déjà senti blessé lorsque j'avais appris par Alessio qu'elle avait rejoint la France juste après les festivités de la lune rousse, qui s'étaient déroulées à Florence pour son clan. Pas un mot, pas un appel. Certes elle traversait une épreuve difficile, mais elle s'emmurait dans un isolement destructeur. J'aurais pu -dû- prendre davantage sur moi pour masquer la note de reproche lors de mon premier appel. Elle l'avait perçu et s'était aussitôt braquée. Depuis, impossible de la garder plus de cinq minutes au téléphone -lorsqu'elle daignait décrocher.
- Laissez-lui le temps, Raphaël-sama, lança mon majordome en déposant le thé sur la table basse du salon.
J'adressai à Seito un sourire triste. Du temps, nous n'en manquions pas, nous autres vampires. Mais aujourd'hui, il me faisait défaut. Il lui faisait défaut.
- Plus le temps passe, plus elle s'enfonce dans ce gouffre de colère et de chagrin. A tel point que je doute de la voir en sortir un jour…
- Dans ce cas, allez la repêcher vous-même. Ce n'est pas la distance qui vous arrête, après tout.
Il n'avait pas tort. Mais c'était plus complexe qu'il n'y paraissait. En vérité, avec nos derniers échanges téléphoniques, je redoutais de la confronter. Pire, je craignais de ce que je verrais. La voir chaque jour un peu plus mal me broyait le coeur. Elle avait été si présente pour moi lorsque j'étais au plus mal, et en retour, je me sentais bien impuissant. Je pris une profonde inspiration. Je ne pouvais pas baisser les bras avant même d'avoir essayé. Je devais chasser ce soupçon de lâcheté qui me guettait et faire fi de l'animosité qui risquait de m'accueillir avec mordant.
- Soit, dis-je avant de saisir la tasser pour la porter à mes lèvres.
Mon regard se porta sur le ciel étoilé qui surplombait les arbres du parc. Après un instant de réflexion, je décidai de laisser passer ce jour pour aller la trouver sans crier gare le lendemain.
…
Mon regard se porta sur la résidence, emprunt de tristesse et de nostalgie. Mon esprit vogua un instant sur un fleuve de souvenirs construits sur des notes de gaieté et de légèreté. Je me revoyais, presque cent ans en arrière, en compagnie de Mickaël, frapper à cette même porte pour présenter nos excuses à Jess après notre soirée d'anniversaire. Les circonstances étaient alors bien différentes. Ses parents étaient en vie -contrairement à ce qu'elle avait voulu nous faire croire- et nous étions si insouciants, préservés de toute forme de malheur. C'était le tout début de cette amitié qui nous avait rapprochés, soudés, forgés dans les épreuves difficiles pour en sortir toujours plus forts et solidaires.
Un voile sombre s'abattait néanmoins sur ce tableau. Je me présentais aujourd'hui pour une toute autre raison, diamétralement opposée à ma première visite au siècle dernier. Mon inquiétude grandissante pour Jess me poussait à franchir le seuil de sa porte sans y avoir été invité. Rien n'avait changé ici depuis tout ce temps, à un détail près : je pouvais sentir cette atmosphère pesante, lourde du chagrin et de la douleur de Jess, sans avoir besoin de poser mon regard sur elle. Je lâchai un soupir, comme pour expulser ces ondes négatives en prévision d'un affrontement difficile, puis je franchis le seuil du manoir Duchannes.
Mon ouïe fine perçut un cri familier, martelé par des pas précipité. Je m'immobilisai, perplexe face à cet engouement soudain. Je ne m'attendais pas à être reçu ainsi par Jess. Comme elle ne m'avait laissé aucun mot pour justifier son absence, je l'avais appelée, et nos brefs échanges par téléphone n'avaient pas été spécialement réjouissants. Cependant la réaction de Jess en me reconnaissant chassa rapidement l'ambiguïté de la situation. Je ne n'étais pas celui qu'elle espérait trouver sur le seuil de sa porte. Mon coeur se serra. Très certainement avait été souhaité un autre blond. Elle paraissait néanmoins surprise de me voir ici. Ce qui était logique, puisque nos derniers échanges avaient été houleux. Elle s'adressa à moi d'un ton sec, froid, avec un tremolo qui trahissait son émotion. Je retins un soupire.
- A ton avis ? Répondis-je simplement à sa question, la lassitude perçant le ton de ma voix.
Mon regard balaya la pièce. Je ne m'alarmai pas spécialement en voyant les rideaux tirés. Nous autres vampires vivions principalement la nuit, surtout que nous supportions mal les rayons solaires en dehors des sang-purs. Et grâce à notre nyctalopie, nous n'avions pas spécialement besoin de la lumière du jour pour évoluer dans notre environnement. De fait, nous avions l'habitude de tirer les rideaux en journée pendant que nous dormions. En revanche en ce début de nuit, nous apprécions admirer l'astre nocturne et ses milliards de compagnes dans le ciel noir. Je supposai leur vue insupportable à ma meilleure amie.
Ce qui m'alerta ce fut l'odeur prononcée d'alcool qui émanait de Jess. Nos corps se purgeaient rapidement de l'éthanol, à la fois avantage, quand nous avions besoin de garder l'esprit lucide, et inconvénient, lorsque nous souhaitions simplement nous perdre dans ses brumes. J'imaginai aisément la quantité qu'elle avait ingurgitée pour en arriver là. Mon regard se posa sur ses traits tirés par l'émotion.
- Je n'allais pas te laisser comme ça.
Je m'avançai vers elle, n'attendant pas une permission que je doutais ne jamais entendre. L'idée de tirer les rideaux pour dévoiler le ciel nocturne et apporter un peu de lumière dans son univers de ténèbres me traversa l'esprit. Mais je la repoussai, au moins pour plus tard. J'arrivais déjà en intrusion dans la résidence de ses défunts parents, je ne pouvais pas prendre le risque de la braquer en tentant d'imposer ma vision des choses.
- Jess… Tu ne peux pas t'isoler de tout, tu ne peux pas rester seule dans cette épreuve. A force de t'enfoncer dans cette spirale de colère et de souffrance, tu vas te détruire.
Je posai délicatement mes mains sur ses épaules.
- Laisse moi t'aider…
Je savais que je m'exposais une fois de plus à ses humeurs noires. Mais j'étais prêt à prendre ce risque. Elle m'avait tant soutenu après la mort de Sophie et Mickaël… Chaque jour de ma profonde dépression l'année qui avait suivit, elle était présente, alternant son rôle avec Kevin. Puis à nouveau lorsque j'avais perdu Émeraude, quelques mois plus tôt. Alors, malgré mon deuil, qu'importait sa réaction, je devais lui rendre la pareil. Quoi qu'il arrivât, je ne pouvais pas l'abandonner - et ce même si elle le souhaitait.
J'écris en #00cc66
Jess Duchannes#107239#107239#107239#107239#107239#107239#107239
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Lun 12 Sep 2022 - 20:02
Je n'ai pas le temps de faire un pas en arrière alors qu'il s'avance vers moi. Dans ses mots bienveillants, je peux aisément entendre les miens, ceux que je lui avais adressés alors que nos positions étaient inversées. Raphaël pourrait bien me répéter ces paroles encourageantes et réconfortantes que je n'avais cessé de lui dire pour le consoler, je ne les entendrai pas, contrairement à mon propre corps qui me trahit. Ma gorge se serre lorsque je respire son parfum familier bien que très différent de celui qui me manque tant. J'accepte un instant ce doux réconfort, bien que la chaleur de ses mains sur mes épaules me brûle de l'intérieur. La présence de celui qui m'est désormais le plus cher réveille en moi une tempête d'émotions que je ne refuse de ressentir.
C'est ainsi depuis… depuis qu'il m'a serré si fort contre lui alors que je hurlai à plein poumon ma colère et mon désespoir. Cette fois-ci, il ne peut le voir sur mon visage creusé et inexpressif mais la bataille fait rage à l'intérieur de moi entre celle qui meurt d'envie de se jeter dans ses bras et d'étreindre la peine et le chaleur de toute ses forces pour laisser passer les nuages noirs et surmonter le deuil, et celle qui chérit cette torture au point de sombrer dans la folie et de vivre dans les abîmes d'une illusion dévastatrice. Il est évident que l'ange a remporté la victoire pour enterrer le démon le concernant, c'est sans doute la raison pour laquelle Raphaël se tenait toujours fièrement sur ses deux jambes, bien que l'âme écorchée par la vie.
Sans une once de retenue, mes yeux vitreux se fixent sur ses prunelles claires pour trouver les réponses à mes questions. Comment as-tu pu, Raphaël ? Révèle-moi la source de cette force qui t'anime et qui te guide alors que les êtres que tu aimes le plus au monde s'effacent un à un. Je ne suis pas naïve, aucun remède, aucune magie ne peut réparer un cœur brisé. Le mien bat à peine bien que la douleur soit si forte, mais pas assez pour me réduire en cendre, oh non, elle me consume suffisamment pour m'en donner l'envie sans pour autant exaucer mon souhait.
Mon inertie s'étire le temps que mes pensées absolument démentes s'ordonnent, le poison dans mes veines commence malheureusement à se diluer, son effet anesthésiant avec, et Raphaël semble toujours attendre une réponse de ma part.
« M'aider ? Ce n'est pas comme si quelqu'un avait le pouvoir de ramener les morts à la vie, personne ne peut m'aider… »
Il peut comprendre au son monotone de ma voix enrouée que j'ai déjà baissé les bras. Nous sommes déjà passés par là, tous les deux. Perdre ceux qui nous sont chers semble être notre lot quotidien… Je commence à croire que c'était là notre destinée. Mon regard larmoyant finit par se détourner dans le vide et je pince un sourire amer avant de poursuivre.
« Tu peux le comprendre mieux que personne, non ? C'est bien pour ça que tu es là, je me trompe ? Tu sais que cette frontière est plus mince qu'il n'y paraît et tu crains que je ne la franchisse. »
Comme je devais le décevoir, moi qui avais su trouver les bons arguments alors que le même drame avait frappé sa vie lorsque lui-même se tenait au bord du gouffre. S'il savait le fond de mes pensées… S'il savait que je jugeai sa perte moindre à la mienne. L'éventualité de perdre Émeraude était grande et évidente, c'était une humaine, la mort était donc inévitable. Concernant Sachio… c'était imprévisible… et injuste… Il avait des siècles et des siècles devant lui ! Cette différence devait être suffisante pour justifier mon comportement destructeur, n'est-ce pas, pour que l'on me laisse me détruire et me transformer en monstre vengeur sans foi ni loi jusqu'à m'offrir aux chasseurs pour qu'ils abrègent mes souffrances. L'amour de ma vie m'avait été arraché sans pitié alors nous devions avoir l'éternité pour nous, et pourtant, je n'ai eu le droit qu'à des miettes, quelques années passées bien trop vite. Quel était le sens de tout ça ? Au nom de quoi devrais-je payer un tel tribu ? Bon sang…
« Laisse-moi à mon sort Raphaël, pour ton propre bien... » Je fais enfin un pas en arrière pour être hors de sa portée, c'est le seul moyen pour moi de le protéger. De moi-même… « Si tu restes, tu vas replonger dans cet enfer avec moi. »
Il n'y a aucune trace de défi dans mes paroles, seulement un sentiment de lassitude et de résilience, ma conclusion étant que le destin était déjà tout tracé et que rien ne pouvait altérer nos routes. C'est pathétique. Sans attendre la réponse de mon meilleur ami, je lui tourne le dos pour rejoindre le salon et continuer de noyer ma peine. Je ne veux pas voir le tourment sur son visage et le voir par la suite partir pour m'abandonner une bonne fois pour toute… ou à l'inverse, le voir rester au risque que je ne le blesse plus que personne. Dans tous les cas, une nouvelle tragédie est à venir et nous en étions les deux protagonistes principaux.
Entre soulagement et tristesse, je pousse une faible plainte en entendant ses pas me suivre, je n'arrive pas malgré tout à le lui montrer et à accepter sa bienveillance. Mon pauvre Raphaël, tu ignores encore à quel point la créature devant toi peut être cruelle et hors de contrôle. Bien que le jumeau maudit ait partagé chacun des plus forts moments de ma vie ou presque, j'ai jusqu'alors toujours veillé à ne lui laisser qu'entrevoir la noirceur de mon être. Ce temps est désormais révolu, l'auteur français devra faire face aux conséquences de ces choix. Je ne crains pas d'être moi-même devant lui, après tout, il avait déjà affronté ma haine envers le monde entier lorsque les maîtres de cette maison ont été assassinés, la pire période de mon existence… du moins c'était ce que je pensais jusqu'à depuis peu… Si mon meilleur ami ne pouvait être témoin de ma déchéance, qui pouvait l'être ?
« Raphaël, je… je ne suis pas aussi forte que toi… »
C'est là le dernier avertissement que je suis capable de lui délivrer, pour le reste, je ne réponds plus de rien. Je ne tourne même pas la tête lorsqu'il passe la porte pour m'assurer qu'il entend et comprend la mise en garde, je préfère me concentrer à me servir un cognac dans un verre en cristal sans prendre la peine de lui en offrir un. Je n'aspire pas vraiment à être une bonne hôte et puis… je n'ai guère envie d'être agréable. D'ailleurs, je ne prends pas le temps de déguster l'armagnac, je préfère vider mon verre d'une traite et m'en resservir un second. Puis un troisième. Et encore un quatrième, jusqu'à ce que les doigts du violoniste s'enroulent autour de mon poignet pour m'empêcher d'épancher ma soif.
« Jess… arrête »
Surprise par l'émotion dans sa voix, je redresse enfin la tête vers mon ami de toujours et lui accorde toute mon attention. Est-ce vraiment Raphaël qui a soufflé mon nom de cette façon ? Le fin duvet qui recouvre ma peau se dresse, c'est un sentiment presque… agréable, comme c'est étrange, pourtant son geste m'agace. Je prends alors conscience que personne ne m'a touchée avec une telle tendresse depuis bien trop longtemps. Mais pourquoi veut-il que j'arrête, au juste ? Je ne veux pas être lucide et comprendre à quel point je suis brisée et que mon pire cauchemar est devenu réalité.
La patience n'est sans doute pas ce qui pourrait me qualifier au mieux ces derniers temps, inutile donc de préciser que ses mots ne sont qu'un brouhaha supplémentaire dans ma tête déjà bien étourdis. J'essaye de calmer mon vertige en fixant mes yeux sur sa main, plutôt son poignet, où palpite une liqueur bien plus adaptée à mon palais. La seule option envisageable pour moi, à ce moment précis, et de tromper mon instinct par un substitut, c'est à dire l'alcool, mais Raphaël est têtu dans son genre et ne m'autorise définitivement pas à voir le fond du verre, ce qui, cette fois-ci, m'exaspère avec violence. Je ne cherchais qu'à le protéger mais… Je ne suis pas d'humeur.
D'un mouvement de la main, je commande à une énergie invisible de l'éloigner de moi pour le pousser fermement contre le mur derrière lui. Je n'ai pas pour habitude d'utiliser mon pouvoir sur mes amis, dommage pour le dit-ami que je sois pas dans mon état habituel… Moins d'une seconde après que son dos ne heurte la paroi, je me blottis dans son cou, avec une fausse innocence, mes mains frêles jointes sur son cœur, comme pour m'assurer qu'il ne sort pas de mon imagination débordante et funeste et qu'il est bien là, qu'il ne m'a pas été arraché lui aussi. En voilà des manières, Duchannes… Quelle piètre amie, tu es. Raphaël mérite bien mieux que cela.
« Ne m'empêche pas de boire… Parce que je meurs de soif ! » murmurais-je à voix basse et les dents serrées à un cheveu de la peau pâle de son cou.
C'est de la folie, la pudeur de notre amitié nous a toujours interdit de mordre l'autre. Même s'il ne peut voir mes prunelles virer au rouge écarlate, aucun doute n'a de place. S'il ne m'arrête pas… par les anciens, qui sait de quoi je serais capable ? Car devant lui, ne se tient que l'ombre de moi-même, incapable de considérer ses réactions ou ce qu'il peut bien ressentir devant un si triste tableau… Puisqu'il préfère affronter les ténèbres plutôt que de s'en protéger, je me dois de plus faire honneur et de le laisser goûter à mes enfers.
« Pourquoi… Pourquoi ne me repousses pas, Raphaël ? Qu'est-ce que tu y gagnes ? »
C'est peut-être l'un de mes rares moments de lucidité qui me permet cette remarque assassine et accusatrice. Ne devrait-il pas être outré par mon comportement déplacé et mon souffle sur ses lèvres qui ne sent rien d'autre que l'alcool ? Ça ne fait que lui confirmer que je ne suis pas moi-même… ou que je lui suis peut-être un peu trop. Malgré mon agressivité voilée, la chaleur réconfortante de son corps m'enveloppe et m'apaise, comme lorsque l'on se glisse dans un bain fumant, me faisant réaliser à quel point j'ai froid. Si froid… Les raisons de sa visite sont-elles moins honorables que nous nous plaisons à le croire ? Après tout, qui peut nous le reprocher alors que nos cœurs en miettes ne savent même plus battre normalement. Les amis sont là pour les coups durs, non ? Le bout de mes doigts tremblants redessine les délicieuses lignes bleues de sa mâchoire jusqu'à son cou. Et maintenant que j'ai tout le loisir de l'observer à travers la brume, je me demande s'il prend soin de lui. Mon meilleur ami, toujours si aimant et dévoué a la fâcheuse manie de s'oublier. Qu'en est-il de lui ?
« Tu n'es pas venu que pour moi… Je suis très ivre… mais pas stupide… Alors dis-moi ce que tu veux Raphaël. Tu n'as qu'à demander… puisqu'il ne reste plus que nous… »
La douce berceuse que je lui chante du bout des lèvres est accompagnée de cette étrange caresse, sur ses traits marqués par l'inquiétude, qui semble l'ébranler. Quelle tristesse qu'il paye le prix de la folie dans laquelle je me prélasse avec tant de déraison. Pardonne-moi Raphaël…
C'est ainsi depuis… depuis qu'il m'a serré si fort contre lui alors que je hurlai à plein poumon ma colère et mon désespoir. Cette fois-ci, il ne peut le voir sur mon visage creusé et inexpressif mais la bataille fait rage à l'intérieur de moi entre celle qui meurt d'envie de se jeter dans ses bras et d'étreindre la peine et le chaleur de toute ses forces pour laisser passer les nuages noirs et surmonter le deuil, et celle qui chérit cette torture au point de sombrer dans la folie et de vivre dans les abîmes d'une illusion dévastatrice. Il est évident que l'ange a remporté la victoire pour enterrer le démon le concernant, c'est sans doute la raison pour laquelle Raphaël se tenait toujours fièrement sur ses deux jambes, bien que l'âme écorchée par la vie.
Sans une once de retenue, mes yeux vitreux se fixent sur ses prunelles claires pour trouver les réponses à mes questions. Comment as-tu pu, Raphaël ? Révèle-moi la source de cette force qui t'anime et qui te guide alors que les êtres que tu aimes le plus au monde s'effacent un à un. Je ne suis pas naïve, aucun remède, aucune magie ne peut réparer un cœur brisé. Le mien bat à peine bien que la douleur soit si forte, mais pas assez pour me réduire en cendre, oh non, elle me consume suffisamment pour m'en donner l'envie sans pour autant exaucer mon souhait.
Mon inertie s'étire le temps que mes pensées absolument démentes s'ordonnent, le poison dans mes veines commence malheureusement à se diluer, son effet anesthésiant avec, et Raphaël semble toujours attendre une réponse de ma part.
« M'aider ? Ce n'est pas comme si quelqu'un avait le pouvoir de ramener les morts à la vie, personne ne peut m'aider… »
Il peut comprendre au son monotone de ma voix enrouée que j'ai déjà baissé les bras. Nous sommes déjà passés par là, tous les deux. Perdre ceux qui nous sont chers semble être notre lot quotidien… Je commence à croire que c'était là notre destinée. Mon regard larmoyant finit par se détourner dans le vide et je pince un sourire amer avant de poursuivre.
« Tu peux le comprendre mieux que personne, non ? C'est bien pour ça que tu es là, je me trompe ? Tu sais que cette frontière est plus mince qu'il n'y paraît et tu crains que je ne la franchisse. »
Comme je devais le décevoir, moi qui avais su trouver les bons arguments alors que le même drame avait frappé sa vie lorsque lui-même se tenait au bord du gouffre. S'il savait le fond de mes pensées… S'il savait que je jugeai sa perte moindre à la mienne. L'éventualité de perdre Émeraude était grande et évidente, c'était une humaine, la mort était donc inévitable. Concernant Sachio… c'était imprévisible… et injuste… Il avait des siècles et des siècles devant lui ! Cette différence devait être suffisante pour justifier mon comportement destructeur, n'est-ce pas, pour que l'on me laisse me détruire et me transformer en monstre vengeur sans foi ni loi jusqu'à m'offrir aux chasseurs pour qu'ils abrègent mes souffrances. L'amour de ma vie m'avait été arraché sans pitié alors nous devions avoir l'éternité pour nous, et pourtant, je n'ai eu le droit qu'à des miettes, quelques années passées bien trop vite. Quel était le sens de tout ça ? Au nom de quoi devrais-je payer un tel tribu ? Bon sang…
« Laisse-moi à mon sort Raphaël, pour ton propre bien... » Je fais enfin un pas en arrière pour être hors de sa portée, c'est le seul moyen pour moi de le protéger. De moi-même… « Si tu restes, tu vas replonger dans cet enfer avec moi. »
Il n'y a aucune trace de défi dans mes paroles, seulement un sentiment de lassitude et de résilience, ma conclusion étant que le destin était déjà tout tracé et que rien ne pouvait altérer nos routes. C'est pathétique. Sans attendre la réponse de mon meilleur ami, je lui tourne le dos pour rejoindre le salon et continuer de noyer ma peine. Je ne veux pas voir le tourment sur son visage et le voir par la suite partir pour m'abandonner une bonne fois pour toute… ou à l'inverse, le voir rester au risque que je ne le blesse plus que personne. Dans tous les cas, une nouvelle tragédie est à venir et nous en étions les deux protagonistes principaux.
Entre soulagement et tristesse, je pousse une faible plainte en entendant ses pas me suivre, je n'arrive pas malgré tout à le lui montrer et à accepter sa bienveillance. Mon pauvre Raphaël, tu ignores encore à quel point la créature devant toi peut être cruelle et hors de contrôle. Bien que le jumeau maudit ait partagé chacun des plus forts moments de ma vie ou presque, j'ai jusqu'alors toujours veillé à ne lui laisser qu'entrevoir la noirceur de mon être. Ce temps est désormais révolu, l'auteur français devra faire face aux conséquences de ces choix. Je ne crains pas d'être moi-même devant lui, après tout, il avait déjà affronté ma haine envers le monde entier lorsque les maîtres de cette maison ont été assassinés, la pire période de mon existence… du moins c'était ce que je pensais jusqu'à depuis peu… Si mon meilleur ami ne pouvait être témoin de ma déchéance, qui pouvait l'être ?
« Raphaël, je… je ne suis pas aussi forte que toi… »
C'est là le dernier avertissement que je suis capable de lui délivrer, pour le reste, je ne réponds plus de rien. Je ne tourne même pas la tête lorsqu'il passe la porte pour m'assurer qu'il entend et comprend la mise en garde, je préfère me concentrer à me servir un cognac dans un verre en cristal sans prendre la peine de lui en offrir un. Je n'aspire pas vraiment à être une bonne hôte et puis… je n'ai guère envie d'être agréable. D'ailleurs, je ne prends pas le temps de déguster l'armagnac, je préfère vider mon verre d'une traite et m'en resservir un second. Puis un troisième. Et encore un quatrième, jusqu'à ce que les doigts du violoniste s'enroulent autour de mon poignet pour m'empêcher d'épancher ma soif.
« Jess… arrête »
Surprise par l'émotion dans sa voix, je redresse enfin la tête vers mon ami de toujours et lui accorde toute mon attention. Est-ce vraiment Raphaël qui a soufflé mon nom de cette façon ? Le fin duvet qui recouvre ma peau se dresse, c'est un sentiment presque… agréable, comme c'est étrange, pourtant son geste m'agace. Je prends alors conscience que personne ne m'a touchée avec une telle tendresse depuis bien trop longtemps. Mais pourquoi veut-il que j'arrête, au juste ? Je ne veux pas être lucide et comprendre à quel point je suis brisée et que mon pire cauchemar est devenu réalité.
La patience n'est sans doute pas ce qui pourrait me qualifier au mieux ces derniers temps, inutile donc de préciser que ses mots ne sont qu'un brouhaha supplémentaire dans ma tête déjà bien étourdis. J'essaye de calmer mon vertige en fixant mes yeux sur sa main, plutôt son poignet, où palpite une liqueur bien plus adaptée à mon palais. La seule option envisageable pour moi, à ce moment précis, et de tromper mon instinct par un substitut, c'est à dire l'alcool, mais Raphaël est têtu dans son genre et ne m'autorise définitivement pas à voir le fond du verre, ce qui, cette fois-ci, m'exaspère avec violence. Je ne cherchais qu'à le protéger mais… Je ne suis pas d'humeur.
D'un mouvement de la main, je commande à une énergie invisible de l'éloigner de moi pour le pousser fermement contre le mur derrière lui. Je n'ai pas pour habitude d'utiliser mon pouvoir sur mes amis, dommage pour le dit-ami que je sois pas dans mon état habituel… Moins d'une seconde après que son dos ne heurte la paroi, je me blottis dans son cou, avec une fausse innocence, mes mains frêles jointes sur son cœur, comme pour m'assurer qu'il ne sort pas de mon imagination débordante et funeste et qu'il est bien là, qu'il ne m'a pas été arraché lui aussi. En voilà des manières, Duchannes… Quelle piètre amie, tu es. Raphaël mérite bien mieux que cela.
« Ne m'empêche pas de boire… Parce que je meurs de soif ! » murmurais-je à voix basse et les dents serrées à un cheveu de la peau pâle de son cou.
C'est de la folie, la pudeur de notre amitié nous a toujours interdit de mordre l'autre. Même s'il ne peut voir mes prunelles virer au rouge écarlate, aucun doute n'a de place. S'il ne m'arrête pas… par les anciens, qui sait de quoi je serais capable ? Car devant lui, ne se tient que l'ombre de moi-même, incapable de considérer ses réactions ou ce qu'il peut bien ressentir devant un si triste tableau… Puisqu'il préfère affronter les ténèbres plutôt que de s'en protéger, je me dois de plus faire honneur et de le laisser goûter à mes enfers.
« Pourquoi… Pourquoi ne me repousses pas, Raphaël ? Qu'est-ce que tu y gagnes ? »
C'est peut-être l'un de mes rares moments de lucidité qui me permet cette remarque assassine et accusatrice. Ne devrait-il pas être outré par mon comportement déplacé et mon souffle sur ses lèvres qui ne sent rien d'autre que l'alcool ? Ça ne fait que lui confirmer que je ne suis pas moi-même… ou que je lui suis peut-être un peu trop. Malgré mon agressivité voilée, la chaleur réconfortante de son corps m'enveloppe et m'apaise, comme lorsque l'on se glisse dans un bain fumant, me faisant réaliser à quel point j'ai froid. Si froid… Les raisons de sa visite sont-elles moins honorables que nous nous plaisons à le croire ? Après tout, qui peut nous le reprocher alors que nos cœurs en miettes ne savent même plus battre normalement. Les amis sont là pour les coups durs, non ? Le bout de mes doigts tremblants redessine les délicieuses lignes bleues de sa mâchoire jusqu'à son cou. Et maintenant que j'ai tout le loisir de l'observer à travers la brume, je me demande s'il prend soin de lui. Mon meilleur ami, toujours si aimant et dévoué a la fâcheuse manie de s'oublier. Qu'en est-il de lui ?
« Tu n'es pas venu que pour moi… Je suis très ivre… mais pas stupide… Alors dis-moi ce que tu veux Raphaël. Tu n'as qu'à demander… puisqu'il ne reste plus que nous… »
La douce berceuse que je lui chante du bout des lèvres est accompagnée de cette étrange caresse, sur ses traits marqués par l'inquiétude, qui semble l'ébranler. Quelle tristesse qu'il paye le prix de la folie dans laquelle je me prélasse avec tant de déraison. Pardonne-moi Raphaël…
Raphaël de La Roche#107280#107280#107280#107280#107280#107280#107280
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Dim 13 Nov 2022 - 18:15
Mutique, Jess posa ses prunelles dans les miennes. J'y lus son profond désespoir, mélangé à une rage dévastatrice, qui luttaient sans fin, et derrière, son âme qui se questionnait sur le sens de toute cette souffrance. Ce spectacle me serrait le coeur, mais je devais tenir, pour elle. Je ne la quittais pas des yeux, lui offrant une ancre dans cet océan tumultueux qui assaillait son cœur. Après un long silence, sa voix éraillée par les cris et les pleurs s'éleva, incisive, douloureuse. J'entrouvris les lèvres, peiné par sa réponse monotone alors que ses yeux s'embuaient de larmes, mais elle détourna la tête et me devança en enchaînant avec amertume. Encore une fois, ses mots me frappèrent de leur cruelle vérité. Oui, j'étais là pour l'empêcher de franchir cette même frontière de laquelle elle m'avait extirpée plusieurs mois auparavant.
Ma meilleure amie me supplia presque de partir en s'éloignant d'un pas, avant de se détourner, rompant ainsi le contact physique et visuel entre nous. Je posai sur son dos un air triste, navré. Elle avait certainement raison, mais je ne pouvais pas rebrousser chemin, alors qu'elle était si mal.
- Non. Après tout ce que tu as fait pour moi ces derniers mois, je ne peux pas t'abandonner comme ça, tu le sais.
Je la suivis calmement jusqu'au salon, sachant très bien que je m'exposais à ses colères de détresse. Mais je ne pouvais pas reculer au moindre obstacle. Je lui devais d'aller jusqu'au bout, aussi loin que possible, en la guidant jusqu'à la lumière de son existence. Sans même se retourner, elle m'adressa de nouveau la parole, confessant son manque cruel de force dans l'épreuve qui l'accablait. Je n'étais pas tout à fait d'accord avec elle. Je la savais forte, mais son sentiment d'impuissance et de vulnérabilité extrême l'amenait à le penser, et c'était compréhensible. Aussi je ne la contredis pas, mais je rebondis néanmoins sur ses paroles.
- Justement, je suis là pour te donner de la force. Tu n'es pas toute seule Jess. Je sais que tu n'en veux pas, que tu ne veux pas que je sois là. Je sais que ta souffrance est dévastatrice. Mais je suis prêt à en payer le prix, si cela peut t'aider.
Je franchis le seuil de la porte pour me rapprocher d'elle. Elle prit place sur le canapé pour saisir la bouteille à peine entamée et se servir un verre, qu'elle avala d'une traite. Puis un second, et un troisième… Elle se noyait presque littéralement dans l'alcool, alors même que notre métabolisme était trop performant pour ressentir la véritable ivresse qui accablerait un humain à ce stade. Ce spectacle insoutenable me transperça le coeur. Incapable de supporter plus lontemps cette vision, je finis par me rapprocher pour lui saisir le poignet avec délicatesse mais fermeté, arrêtant son geste alors qu'elle s'apprêtait à ingurgiter le huitième.
- Jess… Arrête…
Ma voix n'était qu'un murmure, serrée par l'émotion, mais empreinte d'une grande douceur et d'une profonde tendresse qui me surprit moi même. Je pris la bouteille pour l'éloigner d'elle. Cela ne l'empêcherait pas de se resservir, mais au moins la tentation serait moins grande.
- Tu sais comme moi que ça ne résoudra rien.
Sans lâcher sa main, je me tournai pour poser la bouteille hors de sa portée. L'instant d'après je volai sur plusieurs mètres pour percuter durement le mur. Le choc fit trembler la bâtisse et me coupa le souffle. Je n'eus pas le temps de comprendre ce qui m'arrivait que mon amie était sur moi, plaquée contre mon torse, ses mains jointes sur ma poitrine. Encore sonné, ce ne fut que lorsqu'elle s'exprima que je compris qu'elle était à l'origine de cette situation.
- Jess ?... murmurai-je péniblement, la voix en suspens dans une question muette de stupeur.
Je sentis son souffle chaud près de mon cou. Cette proximité soudaine m'arracha un long frisson, alors que mes tripes se tordaient. Je fermai les yeux, luttant fortement pour réprimer mon instinct. Son pouvoir me maintenait contre le mur. J'aurais certainement pu le contrer, mais je n'osai plus bouger un seul muscle. Quelque chose me paralysait de l'intérieur. Mon rythme cardiaque s'accéléra légèrement, une nuance imperceptible pour une oreille humaine même avertie, mais qui sonnait comme un tambour pour l'ouïe délicate d'un vampire.
Sa voix scinda l'air et me percuta aussi violemment qu'une flèche transperçait un corps sans protection. J'écarquillai les yeux, frappé par l'insinuation de sa question. J'ouvris la bouche pour répliquer, mais ma voix resta coincée au fond de ma gorge, étranglée par tout ce que sa question soulevait. Oui, pourquoi tu ne bouges pas ? J'aurais réagi instantanément si j'avais eu affaire à quelqu'un d'autre. Pourquoi cette proximité inédite me statufiait ? Je commençai à m'agiter, mais pas avec suffisamment de vigueur pour me soustraire à l'emprise de son pouvoir. Je savais pourtant au fond de moi que je le pouvais. Quelque chose me retenait. Elle le sentait. Et elle en jouait.
Je sentis son doigt dessiner la veine de mon cou. Ce contact trop intime m'arracha un long frisson du tréfond de mon ventre jusqu'aux orteils. Cette caresse m'était autant agréable qu'insupportable.
- A-Arrête… Pourquoi… tu fais ça ?
Comme si une question pouvait la raisonner. Non, je cherchais plutôt à me soustraire à son jugement. Je n'avais moi même pas de réponse à lui apporter. Elle n'en eut cure et poursuivit ses mots assassins, susurrés avec une langueur calculée. Elle intensifia même le contact en frôlant mon visage. Je fermai les yeux, luttant férocement contre des sensations contradictoires. C'était cette lutte intérieure qui me retenait. Qui m'immobilisait, quand j'aurais dû riposter pour la maîtriser. Mais cette soudaine obscurité ne me fut d'aucun salut, bien au contraire. Privé de la vue, ce furent mes pensées qui l'envahirent, en écho à ses sournoiseries. Des images que je réfutais de tout mon être pour tout ce qu'elles impliquaient. La violence de ces réflexions provoqua dans mon esprit comme un gémissement, semblable au bruit que faisait une armoire trop pleine. Quelque part dans mon subconscient, une porte était sur le point de céder.
- Tu ne penses pas ce que tu dis… articulai-je péniblement entre deux inspirations douloureuses. Tu n'es pas toi-même…
Un constat prononcé à haute voix qui devait convaincre qui, de nous deux ? Je lisais dans son regard des pensées inédites qui remettaient en question ce que je savais vraiment d'elle. Je n'étais plus sûr de rien. Dans un élan de volonté, je la repoussai juste assez pour regagner un semblant d'espace vital. Je fis quelques pas sur le côté, sans pour autant la quitter des yeux, pour mettre de la distance et m'offrir un court répit.
- Je ne suis venu… que pour t'aider… Tu ne sais plus ce que tu fais…
Un piètre discours haché entre deux souffles, peu convaincant j'en avais conscience. Mais les mots m'échappaient. Le pire était que j'avais eu plusieurs occasions de partir en courant, au lieu de ça je m'étais acculé tout seul dans le coin de la pièce. J'aurais même pu simplement disparaître si je l'avais voulu - et c'était bien là le fond du problème…
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Sam 21 Jan 2023 - 17:42
Sans aucune résistance, je le laisse prendre ses distances qu'il minimise puisque je peux encore sentir son parfum légèrement plus capiteux. Mon comportement le bouleverse, à n'en pas douter, mais il reste planté là-devant moi, alors qu'il devrait me fuir comme la peste. Au lieu de cela, son cœur s'emballe. Mais pas de colère, non, c'est autre chose qui fait trembler sa voix, et je ne comprends pas. Comment le pourrais-je ? Il peut me glisser entre les doigts et fuir ce lieu témoin de ma misère en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire pourtant ses prunelles brillantes d'émotions et de doutes ne lâchent pas les miennes malgré ce que j'ai pu sous-entendre ou ses réponses vaines pour me raisonner. Mais me raisonner de quoi ? Et de quoi l'ai-je accusé exactement ? Naïf, il pense que je ne suis pas maîtresse de mes actes mais il a tort. Je sais parfaitement ce que je fais, seulement je ne réfléchis plus et préfère céder à mes pulsions éphémères, aussi néfastes puissent-elle l'être, comme je l'ai fait pendant la Lune Rouge à Florence, il n'y a pas si longtemps. Raphaël n'est pas un ange aux ailes immaculées, il a lui aussi quelques ténèbres tatoués dans l'âme, il ne serait donc pas vraiment étonné du privilège que l'on m'a offert lors de du bal réputé des familles italiennes, et de ce que j'en ai fait, s'il n'a pas déjà entendu les rumeurs. Ma quête de chaleur est aussi sincère que mon geste de vengeance au nom de mon frère de cœur disparu. Je peux dire avec assurance qu'une étreinte est bien plus douce qu'une énucléation à la petite cuillère. Le voilà chanceux…
« Je… Je suis bien plus consciente que tu ne le crois. » Protesté-je en serrant les poings et en déviant le regard vers le sol pour lui cacher mes yeux larmoyants. J'ai si mal qu'il est difficile de parler et pourtant, je l'interroge encore. « Tu veux m'aider ? »
La douleur qui me brise et qui me tord de l'intérieur est mon ultime signe de vie. Sans elle, j'aurais eu la force de mettre fin à mes jours pour rejoindre Sachio dans un monde moins cruel. Il ne peut pas se trouver ailleurs que dans un royaume d'or et de paix avec les siens. Ceux à plaindre ne sont pas ceux qui sont morts. Mon ami de toujours le sait et pourtant, après multiples blessures et cœurs brisés, il tient toujours debout. C'est incompréhensible pour moi, j'ignore les raisons qui le poussent à aller de l'avant en restant lui-même. Raphaël, je… je ne suis pas aussi forte que toi… Je ne l'égalerais jamais.
« Explique-moi comment tu peux faire… parce que je ne sais pas comment tu pourrais t'y prendre… je ne sais… juste pas… comment… » Un lourd soupir m'échappe et fait trembler mes lèvres pâles. « Et si toi, tu ne peux rien pour moi, qui le pourra ? » Ma voix se casse sous le poids du désespoir, à mon tour être au bord du gouffre. Je m'en serais bien passé.
[...]Tu te crois maudit? Alors ne laisse pas ce coup du sort se jouer de toi ! Bats-toi, brise la chaîne. Venges-toi ! Croque la vie à pleines dents, honore tous ceux que tu as perdu ! Il te faudra peut-être un an, dix ans, cents ans, milles ans pour t’en remettre encore une fois mais tu dois faire face, encore, oui encore et encore ! Ne laisse pas la fatalité te tuer ! Profite de la chance qu’ils ont pas eu eux, vis pour eux ! Raphaël ![...]*
Hmm… Que quelqu'un me décerne la médaille d'or de l'hypocrisie. Je n'en reviens pas moi-même, il avait été si facile, si évident de lui faire de grands et beaux discours encourageants. C'est pathétique. Au fond de moi, au fond de lui, chacun de nous savions à l'époque que mes paroles ne valaient rien. Le mensonge est une matière si malléable alors que la vérité est aussi dure et tranchante que le marbre.
Je repense à nos années de jeunesse et d'insouciance lorsque nous étions encore épargnés par le destin. Retourner en ces temps fleuris de paix est peut-être le remède pour nos cœurs meurtris mais je ne le voudrais pour rien au monde. Je ne peux pas vivre sans avoir connu Sachio même si mes parents devaient rester morts et que Raphaël ne doit revivre ses pertes… Même en ayant tout perdu, j'arrive encore à être égoïste. C'est ce qu'on appelle l'ironie du sort, non ? C'est vrai, tout avait l'air si facile avant que nous passions notre temps tous ensemble avec Mickaël et Sophie. Jusqu'à ce que la tragédie nous écrase, lui interné, moi exilée... et eux morts bien trop tôt. Le début d'une hécatombe. Mais malgré nos épreuves, nous nous sommes toujours retrouvés, alors pourquoi cela devrait changer maintenant ? Je crois que la seule différence et que je ne suis vraiment certaine de vouloir être sauvée. Je n'ai donc pas d'autre choix que de continuer cette chienne d'existence et prier pour que la faucheuse me trouve plus tôt que tard puisque je suis trop lâche pour en finir par moi-même. Ou le demander à quelqu'un… La liste des personnes désireuses de mettre fin à mes jours n'est pas courte. Le simple fait d'être une vampire est un argument suffisant pour plus d'un. Je n'ai qu'à ouvrir la porte.
Raphaël, qui ignore tout ou presque de mes pensées, tente de me rassurer mais son manque d'éloquence en dit long. La tâche qui l'incombe est très ardue, et le sera davantage puisque je n'ai plus l'intention de me battre contre mes démons. Si je ne le suis pas déjà toute entière, il ne doit pas rester beaucoup de mon âme à dévorer. Je tends désormais les bras grand ouvert pour accueillir mes nouveaux compagnons lucifériens et à mon tour rejoindre leurs rangs. Je me demande si l'auteur à la mine sombre devant moi résisterait encore à la facilité et à la tentation si j'essayais de le convaincre. Ce serait terriblement injuste pour lui mais pas pour moi. Comme je le disais, nous avons toujours tout traversé ensemble, il n'y a aucune raison que cela change. Je m'approche à nouveau, doucement, la tête basse, inoffensive, les mains tendues en quête de soutien. Je ne tiens plus vraiment débout, c'est à se demander comment je fais pour ne pas m'écrouler sur le sol froid.
« Fais taire cette douleur… s'il te plait » Je ne sais pas vraiment ce que je lui demande, mais je n'en peux plus, mes larmes sillonnent mon visage marqué et sans couleur.
« Il n'y a que toi qui puisse m'aider… Raphaël… » Mes mots ne sont que murmures, à peine audible à l'oreille humaine mais aussi clair que le cristal à son ouïe affutée de vampire.
« Même si ce n'est pas longtemps… juste… juste un peu… J'ai juste besoin d'un répit… » Je ne sais pas s'il répond à mon appel, je suis trop étourdie par cette soif de libération. Je comprends en revanche que la distance entre nous s'amenuise peu à peu jusqu'à ce que plus rien ne subsiste entre nous. Je le regrette déjà amèrement mais c'est plus fort que moi, plus fort que lui. Il est trop tard. Je ne réfléchis plus, je prends ce que je veux et j'oublie le reste. Tout le reste.
Mes doigts s'agrippent à lui, mon cœur s'emballe avec douleur, je ne supporte pas cette angoisse qui me ronge, lui aussi va finir par m'abandonner un jour ou l'autre. Je ne trouve aucun répit dans ce baiser maladroit et tremblant mais j'insiste, peut-être qu'avec un peu plus d'entrain, le feu prendra… Cela ne devrait pas être difficile puisque nous étions deux âmes en peine. Mon pauvre ami doit terriblement souffrir de sa solitude lui aussi, il est pourtant toujours si bien entouré mais se retrouve souvent seul avec ses propres démons. Il n'avait peut-être pas eu tort de rester, si je peux être là pour lui malgré ma détresse, je ferais de mon mieux, même si je ne pense pas qu'il soit du même avis. Après tout, nos rôles respectifs ne se résument-ils pas à ça, se soutenir l'un l'autre quand les portes des septs enfers s'ouvrent encore et encore pour renverser nos vies. Aujourd'hui, j'invoque mon droit au réconfort, seulement, dans mon état, je ne suis pas capable de réaliser que j'étais celle qui les déchaîneraient de nouveau.
Raphaël ne me repousse pas, il doit être bien trop choqué par mon comportement je suppose mais je n'ai pas la lucidité pour me faire cette remarque et préfère accepter les faits. J'encourage ses mains à encadrer mon visage, afin qu'il accepte par la force des choses ce que je lui offre. Et là, une chaleur familière grandit dans mon ventre, sous ma peau frissonnante. Ce que je lui offre ? Je me perds dans une marée de souvenirs auxquels je n'avais plus pensé depuis des lustres. C'est triste à dire pour un jeune vampire comme moi mais, tout cela me semble d'un autre temps, nous étions comme des personnes différentes.
Tout oublier serait plus simple non ? Certains vampires au sang-pur ont ce pouvoir, qu'ai-je à perdre ? …Moy lyubimyy…** Un écho résonne en moi mais il est si lointain, je ne l'entends pas.
*Extrait "Au bord du gouffre"
**Mon adorée en russe
« Je… Je suis bien plus consciente que tu ne le crois. » Protesté-je en serrant les poings et en déviant le regard vers le sol pour lui cacher mes yeux larmoyants. J'ai si mal qu'il est difficile de parler et pourtant, je l'interroge encore. « Tu veux m'aider ? »
La douleur qui me brise et qui me tord de l'intérieur est mon ultime signe de vie. Sans elle, j'aurais eu la force de mettre fin à mes jours pour rejoindre Sachio dans un monde moins cruel. Il ne peut pas se trouver ailleurs que dans un royaume d'or et de paix avec les siens. Ceux à plaindre ne sont pas ceux qui sont morts. Mon ami de toujours le sait et pourtant, après multiples blessures et cœurs brisés, il tient toujours debout. C'est incompréhensible pour moi, j'ignore les raisons qui le poussent à aller de l'avant en restant lui-même. Raphaël, je… je ne suis pas aussi forte que toi… Je ne l'égalerais jamais.
« Explique-moi comment tu peux faire… parce que je ne sais pas comment tu pourrais t'y prendre… je ne sais… juste pas… comment… » Un lourd soupir m'échappe et fait trembler mes lèvres pâles. « Et si toi, tu ne peux rien pour moi, qui le pourra ? » Ma voix se casse sous le poids du désespoir, à mon tour être au bord du gouffre. Je m'en serais bien passé.
[...]Tu te crois maudit? Alors ne laisse pas ce coup du sort se jouer de toi ! Bats-toi, brise la chaîne. Venges-toi ! Croque la vie à pleines dents, honore tous ceux que tu as perdu ! Il te faudra peut-être un an, dix ans, cents ans, milles ans pour t’en remettre encore une fois mais tu dois faire face, encore, oui encore et encore ! Ne laisse pas la fatalité te tuer ! Profite de la chance qu’ils ont pas eu eux, vis pour eux ! Raphaël ![...]*
Hmm… Que quelqu'un me décerne la médaille d'or de l'hypocrisie. Je n'en reviens pas moi-même, il avait été si facile, si évident de lui faire de grands et beaux discours encourageants. C'est pathétique. Au fond de moi, au fond de lui, chacun de nous savions à l'époque que mes paroles ne valaient rien. Le mensonge est une matière si malléable alors que la vérité est aussi dure et tranchante que le marbre.
Je repense à nos années de jeunesse et d'insouciance lorsque nous étions encore épargnés par le destin. Retourner en ces temps fleuris de paix est peut-être le remède pour nos cœurs meurtris mais je ne le voudrais pour rien au monde. Je ne peux pas vivre sans avoir connu Sachio même si mes parents devaient rester morts et que Raphaël ne doit revivre ses pertes… Même en ayant tout perdu, j'arrive encore à être égoïste. C'est ce qu'on appelle l'ironie du sort, non ? C'est vrai, tout avait l'air si facile avant que nous passions notre temps tous ensemble avec Mickaël et Sophie. Jusqu'à ce que la tragédie nous écrase, lui interné, moi exilée... et eux morts bien trop tôt. Le début d'une hécatombe. Mais malgré nos épreuves, nous nous sommes toujours retrouvés, alors pourquoi cela devrait changer maintenant ? Je crois que la seule différence et que je ne suis vraiment certaine de vouloir être sauvée. Je n'ai donc pas d'autre choix que de continuer cette chienne d'existence et prier pour que la faucheuse me trouve plus tôt que tard puisque je suis trop lâche pour en finir par moi-même. Ou le demander à quelqu'un… La liste des personnes désireuses de mettre fin à mes jours n'est pas courte. Le simple fait d'être une vampire est un argument suffisant pour plus d'un. Je n'ai qu'à ouvrir la porte.
Raphaël, qui ignore tout ou presque de mes pensées, tente de me rassurer mais son manque d'éloquence en dit long. La tâche qui l'incombe est très ardue, et le sera davantage puisque je n'ai plus l'intention de me battre contre mes démons. Si je ne le suis pas déjà toute entière, il ne doit pas rester beaucoup de mon âme à dévorer. Je tends désormais les bras grand ouvert pour accueillir mes nouveaux compagnons lucifériens et à mon tour rejoindre leurs rangs. Je me demande si l'auteur à la mine sombre devant moi résisterait encore à la facilité et à la tentation si j'essayais de le convaincre. Ce serait terriblement injuste pour lui mais pas pour moi. Comme je le disais, nous avons toujours tout traversé ensemble, il n'y a aucune raison que cela change. Je m'approche à nouveau, doucement, la tête basse, inoffensive, les mains tendues en quête de soutien. Je ne tiens plus vraiment débout, c'est à se demander comment je fais pour ne pas m'écrouler sur le sol froid.
« Fais taire cette douleur… s'il te plait » Je ne sais pas vraiment ce que je lui demande, mais je n'en peux plus, mes larmes sillonnent mon visage marqué et sans couleur.
« Il n'y a que toi qui puisse m'aider… Raphaël… » Mes mots ne sont que murmures, à peine audible à l'oreille humaine mais aussi clair que le cristal à son ouïe affutée de vampire.
« Même si ce n'est pas longtemps… juste… juste un peu… J'ai juste besoin d'un répit… » Je ne sais pas s'il répond à mon appel, je suis trop étourdie par cette soif de libération. Je comprends en revanche que la distance entre nous s'amenuise peu à peu jusqu'à ce que plus rien ne subsiste entre nous. Je le regrette déjà amèrement mais c'est plus fort que moi, plus fort que lui. Il est trop tard. Je ne réfléchis plus, je prends ce que je veux et j'oublie le reste. Tout le reste.
Mes doigts s'agrippent à lui, mon cœur s'emballe avec douleur, je ne supporte pas cette angoisse qui me ronge, lui aussi va finir par m'abandonner un jour ou l'autre. Je ne trouve aucun répit dans ce baiser maladroit et tremblant mais j'insiste, peut-être qu'avec un peu plus d'entrain, le feu prendra… Cela ne devrait pas être difficile puisque nous étions deux âmes en peine. Mon pauvre ami doit terriblement souffrir de sa solitude lui aussi, il est pourtant toujours si bien entouré mais se retrouve souvent seul avec ses propres démons. Il n'avait peut-être pas eu tort de rester, si je peux être là pour lui malgré ma détresse, je ferais de mon mieux, même si je ne pense pas qu'il soit du même avis. Après tout, nos rôles respectifs ne se résument-ils pas à ça, se soutenir l'un l'autre quand les portes des septs enfers s'ouvrent encore et encore pour renverser nos vies. Aujourd'hui, j'invoque mon droit au réconfort, seulement, dans mon état, je ne suis pas capable de réaliser que j'étais celle qui les déchaîneraient de nouveau.
Raphaël ne me repousse pas, il doit être bien trop choqué par mon comportement je suppose mais je n'ai pas la lucidité pour me faire cette remarque et préfère accepter les faits. J'encourage ses mains à encadrer mon visage, afin qu'il accepte par la force des choses ce que je lui offre. Et là, une chaleur familière grandit dans mon ventre, sous ma peau frissonnante. Ce que je lui offre ? Je me perds dans une marée de souvenirs auxquels je n'avais plus pensé depuis des lustres. C'est triste à dire pour un jeune vampire comme moi mais, tout cela me semble d'un autre temps, nous étions comme des personnes différentes.
Tout oublier serait plus simple non ? Certains vampires au sang-pur ont ce pouvoir, qu'ai-je à perdre ? …Moy lyubimyy…** Un écho résonne en moi mais il est si lointain, je ne l'entends pas.
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Raphaël de La Roche#107309#107309#107309#107309#107309#107309#107309
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Dim 22 Jan 2023 - 12:37
Cette distance forcée m'apporta un peu de répit, suffisamment pour reprendre mon souffle et m'accorder un moment pour remettre de l'ordre dans mon esprit. Je ne la quittais pas des yeux, comme si j'avais terriblement peur qu'elle ne disparut définitivement. Ou comme si mon regard était le seul phare qui la guidait dans cet océan de ténèbres qui menaçait de l'engloutir à tout instant. Et pourtant malgré les humeurs dévastatrices de cette tempête, elle parvenait à rester tomber, elle trouvait encore la force de s'exprimer. Sa réplique m'affligea davantage, alors qu'elle affirmait sa pleine conscience de ses actes. Je refusais de lui attribuer de telles pensées, pourtant elle avait parlé avec tant d'aplomb que je commençais à douter. Pensait-elle réellement à ça ? Voulait-elle réellement ce qu'elle me demandait ? Je cillai et détournai le regard, alors qu'un nouveau conflit naissait en moi ; un affrontement entre la raison dictée par une éducation ancestrale, et une pulsion primaire résultant de l'instinct.
Mais sa question m'arracha à cette bataille intérieure, comme la lueur d'un phare chassait l'obscurité. Je portai de nouveau mon regard sur elle, exprimant ma plus sincère détermination. Oui, je voulais l'aider, du plus profond de mon coeur, du plus profond de mon âme, tout comme elle m'avait aidé quelques mois plus tôt.
- Oui.
Un simple mot suffisait amplement, je n'étais de toute façon pas certain de pouvoir en formuler beaucoup plus en l'instant présent, trop submergé par ces étranges sentiments qu'elle avait généré par ses mots et ses actes. Vint alors une nouvelle question, hachée par la douleur, qui me laissa pantois. Comment l'aider ? En vérité je ne m'étais jamais posé la question ainsi. Je m'étais contenté d'agir par instinct. Mais désormais je me retrouvais bien bête. Que pouvais-je lui répondre ? Sa voix laissait transparaître tant de souffrance, tant de détresse, mais aussi un espoir, si mince et si intense à la fois, dont l'existence ne tenait qu'à un fil, et il m'incombait de le conserver intact… Son appel à l'aide eut néanmoins le mérite de chasser, au moins temporairement, les idées noires qui me hantaient depuis quelques minutes.
- Je… Je vais t'aider en étant là… Comme tu as été là pour moi… Etre l'épaule sur laquelle sécher tes larmes… Te rappeler ces gens et ces choses qui méritent qu'on vivent pour eux… Je ne te lâcherai pas, je te le promets…
J'avais tellement à lui dire, mais mon éloquence était à des années lumières de celle dont elle avait fait preuve à l'époque. Il fallait dire aussi, à ma décharge, qu'elle n'avait pas souffert d'une perte récente… même si la mort de ma fiancée, son amie, l'avait affectée. Mais au bout du compte, je n'étais pas assez solide pour l'aider à sa juste rémunération. Je n'étais pas suffisamment à la hauteur, à sa hauteur, alors qu'elle comptait tellement sur moi…
Ses nouvelles suppliques, déchirantes de détresse, s'ajoutèrent à cette cuisante culpabilité qui pesait toujours plus sur mon cœur. Voir les larmes couler sur ses joues eut raison de mes dernières défenses. Mes propres yeux s'embuèrent, alors que j'étais un témoin impuissant de son malheur.
- Oh Jess…
Une seule solution s'offrit à moi. Je ne pouvais pas, je ne pensais pas pouvoir chasser cette douleur qui lui lacérait le coeur et l'âme. En revanche je pouvais tenter de combler ce vide insupportable que lui laissait la mort de Sachio, en lui partageant mon amitié, ma tendresse, mon affection. Alors je franchis pas à pas les mètres qui me séparaient d'elle, ceux que j'avais moi même instauré pour me protéger de son chagrin destructeur. Parce que je ne pouvais simplement pas la laisser seule face à tant de souffrance. J'ouvris donc les bras pour l'y accueillir d'une étreinte chaleureuse.
- Viens là…
Seulement… Seulement, la situation dérapa. Je sentis les doigts de ma meilleure amie s'agripper à mon col, comme on s'agrippait à la falaise pour ne pas chuter dans le précipice sous nos pieds. Je ne résistai pas, croyant qu'elle cherchait refuge dans mes bras et accélérer le mouvement. Au lieu de cela, elle m'attira jusqu'à son visage et posa ses lèvres contre les miennes pour m'embrasser.
L'instant se figea dans mon esprit, comme transporté dans une autre dimension où le temps n'avait plus aucune emprise. J'étais paralyzé. D'abord par son geste, qui brisait une barrière qui avait toujours été en place, et me laissait dans un état de sidération totale. Et, la seconde, ce fut ce torrent infernal d'émotions et de pensées contraires, dont la violence de l'affrontement figeait mes membres comme s'il eût été fait de marbre.
Une seconde succéda à la première, puis deux, puis trois. Je ne bougeais toujours pas. Et elle prit cette absence de réaction comme une invitation à poursuivre. Mais comment réagir ? Qu'étais-je censé faire ? La raison et la bienséance me poussaient à l'éloigner. Mais le cœur en pensait autrement. Jess m'appelait à l'aide pour la soulager de cette douleur insoutenable, et je devrais la repousser ? Ne serait-ce pas la briser un peu plus ? Pour autant, pouvais-je laisser la situation déraper et nous conduire à des faits que nous risquions de regretter ? Ce n'était pas convenable… Pourtant, si je ne la repoussais pas, c'est que j'en avais pas l'envie au plus profond de moi. Pourquoi ? Pas seulement pour la préserver d'un geste qui risquait d'amplifier sa peine…
J'hésitais, déchiré entre le désir de l'aider, la peur de la blesser, mes convictions profondes qui me hurlaient de stopper cette folie, et ce sentiment plus insidieux encore qui me susurrait à l'oreille que ce n'était pas désagréable… Son coeur qui battait fort contre sa poitrine, contre moi, produisait un rythme envoûtant. Et Jess en profitait toujours plus, jusqu'à guider mes mains sur son visage. J'étais comme spectateur de la scène. Comme si ce n'était pas moi, comme si quelqu'un d'autre.
Puis une pensée fulgurante me ramena brusquement à la réalité. L'image d'une jeune humaine qui me souriait. Puis celle d'un vampire qui me serrait la main avec incertitude. Ma conscience me frappa de plein fouet. Non, je ne pouvais pas, je ne devais pas… Et pourtant mon corps lui se laissait toujours emporter par ces sensations qui l'agitaient. Jusqu'à former un torrent de feu qui remonta mon ventre jusqu'à la poitrine, propageant une chaleur à la fois douce et dévastatrice, jusqu'à encombrer mes voies respiratoires. Je luttais, tellement, que j'en perdais le souffle. Comment un geste si simple, si normal, pouvait amener à de telles conséquences, une telle souffrance insoupçonnée ? Je le savais déjà. C'était moi qui m'imposait cette peine, par mes contradictions éhontées, incapables de trancher sur mes sentiments. Je ne l'avais pas repoussée, parce que ma volonté n'était pas suffisante. J'étais le seul responsable de mon tourment.
Contre toute attente, ce ne fut donc pas la volonté qui m'obligea à rompre le contact entre nos lèvres, mais la nécessité de respirer. Le besoin d'inspirer. Une inspiration qui me brûla cruellement. Pourquoi les choses devaient-elles se passer ainsi ?
- Nous ne… devrions pas…
Non Raphaël, tu ne devrais pas être si faible ! Tu ne devrais pas te laisser aller et nourrir une ambiguïté qui nuirait irrévocablement à votre amitié. Elle n'avait pas les idées claires, et moi non plus. Rien ne devait se produire dans ces conditions, rien que nous risquions de regretter amèrement… N'étais-je pas responsable de laisser les choses se produire ? Je parvins enfin à amorcer un geste… coller mon front contre le sien avant de la serrer contre moi.
- Je ne veux pas te nuire, Jess…
Je ferais n'importe quoi pour soulager ta peine, supprimer ta douleur, mais est-ce vraiment la solution ? Ces mots ne franchirent pourtant pas la barrière de mes lèvres. Pourquoi n'arrivais-je pas à lui dire simplement le fond de ma pensée ? Peut-être parce que je n'étais pas suffisamment claire avec moi-même… Et la proximité de nos deux corps me plongeait dans une sorte de transe. Tant de mois de solitude et de chagrin avaient bercé mon quotidien, alors, cette étreinte, ce partage de chaleur… c'était agréable, apaisant. Cela m'avait tellement manqué. Cruellement manqué… A chaque inspiration de son odeur, à chaque battement de son cœur, je m'enfonçais dans cette sensation réconfortante. Au point de perdre pied. Au point de franchir à mon tour cette barrière que j'avais si soigneusement entretenue toutes ces décennies.
Je me voyais de nouveau spectateur de la scène, incrédule. Moi qui l'embrassait à mon tour, sa tête entre mes mains, un baiser tendre, langoureux, presque douloureux. Et pourtant je me noyais dans ces sensations restées lointaines trop longtemps, sourd à ma conscience qui me hurlait de cesser cette folie. Je n'avais d'oreille que pour nos deux cœurs qui l'espace d'un instant battaient à l'unisson.
Je ne saurais dire combien de temps s'écoula. Une seconde, peut-être dix, ou plus encore. Mais au bout du compte, je fus finalement frappé par un éclair de lucidité et je recouvrer mes esprits. Je rompis le contact, sidéré par mon égarement, le dos de la main contre ma bouche.
- Je… Je suis désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris… Ce n'était pas correct…
Pourtant je ne bougeais pas. Pourtant je restais planté là, devant elle. Comme si j'attendais qu'elle me détrompât, qu'elle chassât mes doutes et ma culpabilité, toujours en proie à une lutte intestine entre mes principes fondamentaux et mes désirs inavoués. J'étais confronté à cette vérité : j'étais prêt à sacrifier mes principes si c'était réellement ce dont elle avait besoin pour aller mieux. La seule chose qui me retenait encore, c'était que je ne voulais pas… Grand Dieu, je ne voulais juste pas que la situation dérape dans les circonstances actuelles... C'était là le fond du problème…
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Dim 22 Jan 2023 - 18:32
Bande son - Fleurie - Breathe
L'incertitude s'immisce dans l'esprit de mon meilleur ami mais n'a pas sa place chez moi. Je suis assez lucide pour comprendre qu'il faut lui donner un instant pour accepter cette alternative que nous avons, il m'est facile de deviner que je n'aurais pas beaucoup d'efforts à faire pour le convaincre de mettre ses principes de côté. Je n'ai aucun scrupule à le pousser peu à peu vers cette issue bien plus agréable et séduisante qu'une discussion morbide, chargée de regret. Pour cet unique argument, j'accepte une pause, moi aussi j'en ai besoin. Mon cœur bat à contre temps, comme forcé pour me maintenir en vie. J'en ai le vertige, je garde alors les yeux fermés. De tout façon je ne veux pas voir son visage, pas tout de suite.
« Pourquoi ? Qui va nous le reprocher ? » Personne. Ils sont morts.
Raphaël, mon ami si cher à mon cœur, toujours en proie à tes doutes et tes prises de consciences, tu n'as décidément jamais changé. Je ne te facilite pas la tâche, j'en suis terriblement navrée, . Moi, à contrario, je me suis réfugiée derrière une armure si solide qu'il a fallu que mon cœur s'enflamme pour enfin la faire tomber. Sachio est le seul à m'avoir vu dans mon entièreté, avec mes nuances, des plus claires aux plus sombres.
Sachio… Quand la douleur est trop écrasante, il m'arrive de souhaiter ne jamais t'avoir connu. Sans le poids de ton absence, jamais je ne risquerais la dernière chose qui m'empêche de sombrer. Je t'accuse d'être la raison de mon malheur, toi que j'aime si fort et qui m'a apporté un bonheur indescriptible. Mais qu'est-ce que cela peut-il faire puisque tu n'es plus là ? Raphaël ne peut pas me nuire… mais toi tu l'as fait. Mon premier et unique amour, tu m'as brisé et je t'ai laissé faire. Bon sang, j'ai si mal…
Je secoue doucement la tête pour rassurer mon plus vieil ami, non, il ne peut pas me nuir, pas lorsqu'il me garde si près de lui. Cette proximité nouvelle ne m'effraie pas, au contraire, j'ai besoin d'un feu puissant pour réchauffer mon corps glacé, tout comme lui. Je ne peux alors que fredonner de soulagement lorsqu'il se décide et s'empare enfin de mes lèvres offertes. Mes doigts s'accrochent à lui, comme une vieille habitude, puis glissent dans son cou pour lui rendre sa tendresse puisqu'il cède à mes caprices. Il cède oui, mais pas longtemps et alors que je l'encourage à aller plus loin, il fini pour me résister une fois de plus. Non, il résiste contre lui-même, je n'y suis pour rien. L'espace d'une fraction de seconde, j'ai pu voir son désir briller dans ses yeux avant qu'il ne se reprenne. Il est à deux doigts de craquer.
La chaleur de ses mains disparaît de mon visage et me laisse avec un terrible sentiment de manque. J'écoute à peine ses excuses, qui n'en sont pas vraiment. Un mélange de colère et d'envie brûle dans mes veines, il n'a pas le droit de jouer ainsi avec moi, pas quand j'ai moi-même fixé les règles du jeu. Ce n'est que justice après tout, il est temps qu'il me rembourse sa dette et qu'il exauce mon souhait. Mon si gentil Raphaël. Je ne peux obtenir ce que je souhaite par la force, la question n'est pas là, alors j'use d'armes plus douces pour le faire admettre que la convenance n'a pas à être raccord à nos besoins qui commencent déjà à nous consumer. Tous les deux. Je ne peux être la seule à blâmer. J'avais finalement raison après tout, les raisons de sa venue n'étaient pas si innocente comme il aime le dire, tout du moins, quelque chose avait changé dans ses motivations maintenant que nous nous étions volé ce baiser.
« Nous ne trompons personne, Raphaël… » sauf peut-être nous-même.
Mon murmure caresse ses lèvres encore proches malgré ses fausses protestations. Au fond de lui, il sait qu'il se ment à lui-même sinon il m'aurait déjà quitté. Pour l'heure, je me fous bien de l'étiquette établie par notre éducation et nos convictions respectives. Nous sommes deux adultes brisés, trop têtus et bornés pour mettre de vrais mots sur ce qui est en train de se passer entre nous. Car, oui, cette pause était la dernière, j'y veillerais, dussè-je utiliser mes charmes pour le faire plier. Nous étions rien de plus qu'un homme et une femme en quête de réconfort après tout… et des vampires pour souligner la puissance de nos instincts bien trop souvent destructeurs.
« Quel mal y a-t-il à se consoler après ce que nous avons traversé… quand nous sommes si seuls ? » Quand nous avons tant perdu toi et moi.
Un faible sanglot m'échappe, j'en oublie la raison de mon malheur, la disparition de Sachio et le fait que je ne reverrai plus jamais ses magnifiques yeux briller. Seul le chagrin et la misère demeurent, c'est abrutissant. Il n'y a rien de plus terrible que de ne pas se souvenir de la raison de son malheur, mais c'est préférable pour moi, j'en deviendrais folle une bonne fois pour toute dans le cas contraire. Le suis-je peut-être déjà car comment expliquer le fait que je parvienne si facilement à me jeter ainsi dans les bras d'un homme ? Mon meilleur ami qui plus est. Il avait raison, je ne sais pas ce que je fais, mais cela n'a aucune sorte d'importance. J'ai besoin de son affection et la façon dont il l'exprime est tout aussi primordiale.
« Mets-y un terme toi-même si c'est ce que tu souhaites vraiment… » cesse de te mentir à toi-même.
Comme une plume, je rapproche ma bouche tentatrice de sa peau frissonnante mais attends avant de réduire le dernier centimètre entre nous. Je lui laisse une dernière chance de me fuir, si tel est son choix. Je ne l'oblige à rien, au contraire, je suis toute disposée pour le moindre de ses désirs. Je sais oh combien qu'il cherche la même chose que moi sous son fichu self contrôle. Un exutoire.
« Je ne compte pas t'arrêter… » alors donne-moi ce que je veux.
J'ignore lequel de nous deux à réduit une bonne fois pour toute la distance, tout ce que je sais, c'est que ce baiser est brûlant et passionné. Tristement passionné mais terriblement brûlant. Je me veux quelque peu rude dans mes caresses afin qu'il comprenne, il n'est plus question de faire marche arrière, pour ma part, je me transforme en une créature assoiffée de chair et de sang, sa douce amie cédant au vampire. Il se doit d'être à la hauteur, s'il ne veut pas que je le dévore tout entier. Mais je veux aussi qu'il se laisse aller à ses pulsions, cette étreinte est notre échappatoire, je ne peux m'y noyer s'il reste en surface.
Notre baiser est un gâchis de grognement et de plaintes agréables, je ne libère sa langue que pour reprendre mon souffle ou mordre sa lippe. C'est étrange, je n'ai jamais envisagé que lui et moi puissions franchir cette limite invisible. Et en étant parfaitement honnête, je ne le conçoit toujours pas cependant, je m'interrogerai sur mon déni plus tard ou jamais. La fièvre grimpant à travers mes os mérite bien plus de considération.
Nos corps n'ont jamais été aussi proches que maintenant, pourtant ce n'est pas suffisant pour me satisfaire, je veux sentir sa peau frémir et ses muscles se tendre sous mes doigts. Ma fougue attisée par mes pensées lubriques l'oblige à faire un pas en arrière, puis un second jusqu'à retrouver sa place initiale, acculé contre le mur.
Le paradoxe est risible, ma soif de je-ne-sais-quoi est plus intense et pourtant, je commence à m'adoucir pour lui tendre les rênes et qu'il se laisse aller, s'il le souhaite, puisque j'ai la certitude qu'il ne me résistera plus.
L'incertitude s'immisce dans l'esprit de mon meilleur ami mais n'a pas sa place chez moi. Je suis assez lucide pour comprendre qu'il faut lui donner un instant pour accepter cette alternative que nous avons, il m'est facile de deviner que je n'aurais pas beaucoup d'efforts à faire pour le convaincre de mettre ses principes de côté. Je n'ai aucun scrupule à le pousser peu à peu vers cette issue bien plus agréable et séduisante qu'une discussion morbide, chargée de regret. Pour cet unique argument, j'accepte une pause, moi aussi j'en ai besoin. Mon cœur bat à contre temps, comme forcé pour me maintenir en vie. J'en ai le vertige, je garde alors les yeux fermés. De tout façon je ne veux pas voir son visage, pas tout de suite.
« Pourquoi ? Qui va nous le reprocher ? » Personne. Ils sont morts.
Raphaël, mon ami si cher à mon cœur, toujours en proie à tes doutes et tes prises de consciences, tu n'as décidément jamais changé. Je ne te facilite pas la tâche, j'en suis terriblement navrée, . Moi, à contrario, je me suis réfugiée derrière une armure si solide qu'il a fallu que mon cœur s'enflamme pour enfin la faire tomber. Sachio est le seul à m'avoir vu dans mon entièreté, avec mes nuances, des plus claires aux plus sombres.
Sachio… Quand la douleur est trop écrasante, il m'arrive de souhaiter ne jamais t'avoir connu. Sans le poids de ton absence, jamais je ne risquerais la dernière chose qui m'empêche de sombrer. Je t'accuse d'être la raison de mon malheur, toi que j'aime si fort et qui m'a apporté un bonheur indescriptible. Mais qu'est-ce que cela peut-il faire puisque tu n'es plus là ? Raphaël ne peut pas me nuire… mais toi tu l'as fait. Mon premier et unique amour, tu m'as brisé et je t'ai laissé faire. Bon sang, j'ai si mal…
Je secoue doucement la tête pour rassurer mon plus vieil ami, non, il ne peut pas me nuir, pas lorsqu'il me garde si près de lui. Cette proximité nouvelle ne m'effraie pas, au contraire, j'ai besoin d'un feu puissant pour réchauffer mon corps glacé, tout comme lui. Je ne peux alors que fredonner de soulagement lorsqu'il se décide et s'empare enfin de mes lèvres offertes. Mes doigts s'accrochent à lui, comme une vieille habitude, puis glissent dans son cou pour lui rendre sa tendresse puisqu'il cède à mes caprices. Il cède oui, mais pas longtemps et alors que je l'encourage à aller plus loin, il fini pour me résister une fois de plus. Non, il résiste contre lui-même, je n'y suis pour rien. L'espace d'une fraction de seconde, j'ai pu voir son désir briller dans ses yeux avant qu'il ne se reprenne. Il est à deux doigts de craquer.
La chaleur de ses mains disparaît de mon visage et me laisse avec un terrible sentiment de manque. J'écoute à peine ses excuses, qui n'en sont pas vraiment. Un mélange de colère et d'envie brûle dans mes veines, il n'a pas le droit de jouer ainsi avec moi, pas quand j'ai moi-même fixé les règles du jeu. Ce n'est que justice après tout, il est temps qu'il me rembourse sa dette et qu'il exauce mon souhait. Mon si gentil Raphaël. Je ne peux obtenir ce que je souhaite par la force, la question n'est pas là, alors j'use d'armes plus douces pour le faire admettre que la convenance n'a pas à être raccord à nos besoins qui commencent déjà à nous consumer. Tous les deux. Je ne peux être la seule à blâmer. J'avais finalement raison après tout, les raisons de sa venue n'étaient pas si innocente comme il aime le dire, tout du moins, quelque chose avait changé dans ses motivations maintenant que nous nous étions volé ce baiser.
« Nous ne trompons personne, Raphaël… » sauf peut-être nous-même.
Mon murmure caresse ses lèvres encore proches malgré ses fausses protestations. Au fond de lui, il sait qu'il se ment à lui-même sinon il m'aurait déjà quitté. Pour l'heure, je me fous bien de l'étiquette établie par notre éducation et nos convictions respectives. Nous sommes deux adultes brisés, trop têtus et bornés pour mettre de vrais mots sur ce qui est en train de se passer entre nous. Car, oui, cette pause était la dernière, j'y veillerais, dussè-je utiliser mes charmes pour le faire plier. Nous étions rien de plus qu'un homme et une femme en quête de réconfort après tout… et des vampires pour souligner la puissance de nos instincts bien trop souvent destructeurs.
« Quel mal y a-t-il à se consoler après ce que nous avons traversé… quand nous sommes si seuls ? » Quand nous avons tant perdu toi et moi.
Un faible sanglot m'échappe, j'en oublie la raison de mon malheur, la disparition de Sachio et le fait que je ne reverrai plus jamais ses magnifiques yeux briller. Seul le chagrin et la misère demeurent, c'est abrutissant. Il n'y a rien de plus terrible que de ne pas se souvenir de la raison de son malheur, mais c'est préférable pour moi, j'en deviendrais folle une bonne fois pour toute dans le cas contraire. Le suis-je peut-être déjà car comment expliquer le fait que je parvienne si facilement à me jeter ainsi dans les bras d'un homme ? Mon meilleur ami qui plus est. Il avait raison, je ne sais pas ce que je fais, mais cela n'a aucune sorte d'importance. J'ai besoin de son affection et la façon dont il l'exprime est tout aussi primordiale.
« Mets-y un terme toi-même si c'est ce que tu souhaites vraiment… » cesse de te mentir à toi-même.
Comme une plume, je rapproche ma bouche tentatrice de sa peau frissonnante mais attends avant de réduire le dernier centimètre entre nous. Je lui laisse une dernière chance de me fuir, si tel est son choix. Je ne l'oblige à rien, au contraire, je suis toute disposée pour le moindre de ses désirs. Je sais oh combien qu'il cherche la même chose que moi sous son fichu self contrôle. Un exutoire.
« Je ne compte pas t'arrêter… » alors donne-moi ce que je veux.
J'ignore lequel de nous deux à réduit une bonne fois pour toute la distance, tout ce que je sais, c'est que ce baiser est brûlant et passionné. Tristement passionné mais terriblement brûlant. Je me veux quelque peu rude dans mes caresses afin qu'il comprenne, il n'est plus question de faire marche arrière, pour ma part, je me transforme en une créature assoiffée de chair et de sang, sa douce amie cédant au vampire. Il se doit d'être à la hauteur, s'il ne veut pas que je le dévore tout entier. Mais je veux aussi qu'il se laisse aller à ses pulsions, cette étreinte est notre échappatoire, je ne peux m'y noyer s'il reste en surface.
Notre baiser est un gâchis de grognement et de plaintes agréables, je ne libère sa langue que pour reprendre mon souffle ou mordre sa lippe. C'est étrange, je n'ai jamais envisagé que lui et moi puissions franchir cette limite invisible. Et en étant parfaitement honnête, je ne le conçoit toujours pas cependant, je m'interrogerai sur mon déni plus tard ou jamais. La fièvre grimpant à travers mes os mérite bien plus de considération.
Nos corps n'ont jamais été aussi proches que maintenant, pourtant ce n'est pas suffisant pour me satisfaire, je veux sentir sa peau frémir et ses muscles se tendre sous mes doigts. Ma fougue attisée par mes pensées lubriques l'oblige à faire un pas en arrière, puis un second jusqu'à retrouver sa place initiale, acculé contre le mur.
Le paradoxe est risible, ma soif de je-ne-sais-quoi est plus intense et pourtant, je commence à m'adoucir pour lui tendre les rênes et qu'il se laisse aller, s'il le souhaite, puisque j'ai la certitude qu'il ne me résistera plus.
Raphaël de La Roche#107311#107311#107311#107311#107311#107311#107311
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Lun 23 Jan 2023 - 0:10
Une seule phrase, cuisante d'une cruelle vérité, asséna un nouveau coup dévastateur à ma conscience. Je cillai ; elle avait raison. Nous n'avions plus personne pour nous blâmer. Seuls nos souvenirs des défunts et nos consciences d'être civilisés nous jugeaient et tempéraient nos actes. Nous étions seuls désormais, seuls face à nos démons, seuls face à face. Je contemplais de mes yeux fiévreux la colère illuminer son visage, preuve sous-jacente du pétrin dans lequel je m'étais fourré, en demi-conscience. Je sentis au plus profond de moi qu'il n'y avait alors plus de marche arrière possible. Pas sans une souffrance mutuelle plus grande encore que ce que nous connaissions actuellement. J'avais eu l'occasion d'y mettre fin, et je l'avais laissé passer. C'était une preuve, sinon la preuve irréfutable que le problème venait de moi.
Sa voix pénétra le coton qui enveloppait mon esprit, dispersant une nouvelle fois les graines d'une triste réalité. En effet. Nous n'avions plus personne à tromper, sinon nous-mêmes. Seuls mes principes, des conceptions abstraites de mon enfance, constituaient ces chaînes qui me retenaient. Chaînes sur le point de rompre. Je sentis une larme solitaire couler sur ma joue gauche. Je ne m'étais jamais autant senti sur le point de sombrer dans un précipice de sensations, pour rejoindre des abysses où nulle morale, nulle conscience ne pourrait m'atteindre, pour m'abandonner pleinement à mes sens et mes instincts primaires. J'imaginais alors aisément le bleu-vert habituel de mes iris se teinter partiellement de carmin, reflet d'une lutte intérieure entre ma raison et mon coeur.
Ses lèvres étaient si proche des miennes, je ne pouvais les ignorer, je les fixais d'un regard fiévreux. Elles remuèrent pour murmurer une nouvelle vérité avant de laisser échapper un sanglot. De nouvelles larmes inondèrent mes joues. Si seuls… J'étouffai une plainte dans ma gorge, le menton tremblant. Cette solitude qui m'affligeait, elle ne m'avait jamais paru plus pesante, plus présente qu'aujourd'hui, et pourtant, elle n'avait jamais cessé d'exister. J'avais simplement tout fait pour l'ignorer, l'effacer. Mais par ses mots, par ses gestes, ma meilleure amie déchirait le voile de mon déni pour la mettre à nue, plus puissante, plus terrible que jamais. Et je ne voulais pas, je ne voulais plus l'affronter seul.
Alors je me laissai tomber dans le vide pour lui échapper, plonger dans cet océan de ténèbres, m'enfoncer dans les abysses et saisir cette main tendue vers moi. Mon rôle était de la tirer vers la lumière, mais cette prise était si faible, si ténue, que la moindre force contraire risquait de la rompre à tout jamais. Et je ne voulais plus être seul, pas plus que je ne souhaitais l'abandonner à ces ténèbres qui l'engloutissaient. Si la tirer vers la lumière était alors trop risqué, je pouvais bien m'y enfoncer à mon tour pour la protéger. Etre sa lumière, pour peut-être un jour retrouver ensemble le chemin de la surface.
J'entendis et compris à peine ses deux dernières interjections, plus tentatrices que jamais. Mes prunelles virèrent complètement au pourpre alors que mon esprit basculait définitivement, l'homme cédant la place au vampire. D'un élan vers l'avant je saisis ses lèvres avec les miennes, et la boule qui me brûlait la gorge vola en éclat. Un feu dévorant se répandit dans mon corps, trouvant sa source dans le ventre. Une main derrière sa tête, l'autre dans le creux de ses reins, plus rien désormais ne pourraient nous séparer avant l'inéluctable.
Ce nouveau baiser déchaînait nos passions, plus langoureux, plus vorace, entrecoupé de soupirs et de gémissements. Je sentais sa frénésie brutale monter crescendo, et là où d'ordinaire elle m'aurait surpris, heurté, mon instinct ne put que l'accueillir, s'y baigner allègrement et y répondre avec autant de détermination. Je fus néanmoins forcé de lui céder du terrain pour rencontrer une nouvelle fois le mur, sa fougue surpassant la mienne. Cette fois je n'avais plus aucune échappatoire, mais je n'en voulais plus. Même mon propre pouvoir s'en trouvait entravé, entre la fièvre d'un désir grandissant, et la proximité de nos deux corps qui opposerait une féroce résistance - à moins qu'ils ne fussent tous deux consentants.
Le vent tourna subitement et je sentis la pression se relâcher légèrement sur mon dos, une invitation muette à laquelle je m'empressai de répondre. D'une rotation du torse, je la plaquai à mon tour et me détachai un bref instant de ses lèvres pour la contempler. Mon regard n'avait plus grand chose du Raphaël qu'elle connaissait, hormis un soupçon de tendresse qui persistait, et cette tristesse qui berçait mes nuits depuis des mois.
- Jessica…
J'avais murmuré lentement son prénom avec une sensualité déconcertante. Je ne l'appelais jamais par son véritable nom. Un fait qui marquait d'autant plus l'exception de cette situation complètement folle et insensée, qui contrastait avec nos habitudes pures et désintéressées. Je ne lui laissai pas l'occasion de réagir et capturai aussitôt ses lèvres alors que la main qui soutenait son cou descendait sur sa poitrine. Mais elle ne s'y attarda pas bien longtemps, frustrée par la double épaisseur qui freinait ses perceptions. Elle termina donc sa course dans le creux de ses reins, à la hauteur de la première, et poussa jusqu'à la chaire rebondie de son fessier. Mais ce n'était toujours pas assez. Elle poursuivit alors jusqu'à sa cuisse, avant de remonter pour tirer sur la soie de son chemisier et se glisser dessous. Et enfin elle pouvait goûter la fraîcheur de sa peau, la douceur de son épiderme, sentir chaque contraction des muscles, chaque frisson occasionné par ses caresses.
De son côté, ma bouche quitta la sienne pour effleurer sa peau jusqu'à son cou et souligner avec la langue la longueur de sa jugulaire, qui pulsait à chaque battement de sa poitrine. Une odeur enivrante s'en dégageait, celle qui échauffait l'instinct de tous les vampires. Pourtant mes crocs, bien qu'allongés, ne percèrent pas sa chair, se contentant de la frôler, comme une promesse d'un futur proche.
Mon autre main se chargea de dégrafer la fermeture de son pantalon, elle aussi trop avide, impatiente de toucher ce qui se trouvait dessous. D'un geste habile je fis glisser le tissu sur ses hanches pour le faire chuter sur le sol. Je posais ma paume sur l'arrière de sa cuisse libérée avant de remonter progressivement jusqu'à l'aine qui pulsait sous mes doigts. Je sentais son corps se crisper et se cabrer, attisant le brasier ardent qui naissait dans mon bas-ventre, jusqu'à rendre douloureuse mon entrejambe, échauffée par la proximité toujours plus intense de nos torses et par les propres gestes sensuels de Jess. Je me collai contre elle en laissant échapper un râle sourd, les mains contre le mur, avant de retrouver ses lèvres pulpeuses. Nos coeurs battaient à un rythme effréné, produisant un véritable concert de percussion pour nos ouïes sensibles, à mesure que la température grimpait.
Je reculai ma tête pour la surplomber d'un regard brûlant et sanguin, un très léger rictus sur les lèvres. Elle qui avait tant provoqué mes sens, elle découvrait ce qu'elle avait libéré. Une face cachée de Raphaël, insoupçonnée, débridée de toute étiquette et de toute innocence. Elle l'avait cherché, elle l'avait trouvé. Elle n'avait plus qu'à assumer. Après ce bref instant de contemplation, je l'agrippai soudainement et d'un claquement sourd je nous fis disparaître et réapparaître quelques mètres plus loin, sur le canapé dont elle m'avait chassé un peu plus tôt. C'était bien plus à mon goût.
Je me penchai sur elle pour l'embrasser à nouveau, alors que mes mains déboutonnaient son chemisier d'un geste sec, sans aucune considération pour ce vulgaire bout de tissu qui barrait mon chemin. Mes lèvres descendirent sur son menton, puis le creux de sa gorge, pour finir à la naissance de ses seins, alors que mes mains se faufilaient sous son dos pour défaire l'attache de son sous-vêtement, qui vola quelque part dans la pièce. La vue de son buste dénudé déclencha un long frisson dans mon corps qui m'électrifia. Je plongeai sur son torse pour happer ces extrémités entre mes lèvres, ne lui laissant aucun répit.
Chacun de ses gémissements me laissait plus fiévreux que le précédent. Jusqu'à ce que je ne puisse plus retenir un grognement, alors que mon bas ventre irradiait douloureusement. Nos deux corps l'un sur l'autre, ses mains habiles sur ma peau, et mon visage contre son giron… Je ne pouvais attendre plus longtemps. Alors d'un geste preste de la main je finissais de libérer mes hanches et me glissai entre ses jambes. Mon bassin se mouva vers l'avant pour un terme à nos tourments, sonnant par nos cris entremêlés le début d'une danse infernale.
Et quelque part, loin, très loin dans mon subconscient, se répercutait l'écho d'une lamentation solitaire.
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Dim 29 Jan 2023 - 12:09
Mon nom dans sa voix me transperce le cœur, me crucifie. Un pieux planté dans la poitrine serait moins douloureux. Je lâche une plainte déjà trop essoufflée, ravie par ce regard flamboyant qui fait naître une nouvelle chaleur dans mon ventre, mais aussi désorientée par ce que j'entends. C'est bien trop tendre. Jessica… Et douloureux. Je perçois encore derrière l'affolement étourdissant du sang dans nos veines le baryton qui me hante depuis des semaines. Laisse-moi ! Le temps d'un battement d'ailes, je m'égare puis j'hésite à tout arrêter pour enfoncer mes griffes dans la poitrine de mon meilleur ami pour le faire souffrir comme il me fait souffrir. Il ne m'en laisse pas l'occasion et m'assaille sans attendre et sans relâche. Je n'arrive plus à réfléchir et à reprendre le fil de mes pensées destructrices. Grâce à cela, le mal s'estompe enfin au rythme de ses caresses. Je suis vraiment odieuse.
Chaque seconde me pousse à croire qu'il pourrait bien finir par me sauver mais… n'est-il pas trop tard pour moi ? Je crains bien que si, puisque j'en redemande encore et encore sans une once de retenue. Mes muscles dansent et se tendent au contact de nos torses et de nos bassins pressés l'un contre l'autre. Le doux frémissement de ma peau appelle ses mains voyageuses à continuer leur exploration, mais ce n'est une fois de plus pas assez pour calmer le tambour qui cogne dans mes oreilles.
Nous ne nous sommes jamais touchés de la sorte, et pourtant nos corps s'apprivoisent si facilement à travers cette tempête. A son instar et sans perdre de temps, mes doigts dessinent un tatouage invisible sous sa chemise, mes ongles tracent des lignes imaginaires comme l'on trace un pentacle pour se protéger des esprits malfaisants. Malheureusement, ce n'est qu'une illusion, une idée qui ne le protégera pas de mes abîmes.
Le désespoir est toujours là, plus insatiable, j'en ai à revendre, ainsi que de la colère mélangée à de la rage et pour accompagner ces poids qui me tirent vers le fond, une tristesse infinie. C'est ainsi que je parviens à le faire plonger avec moi… pour moi, en jouant avec ses sentiments et son malheur. Nos baisers empoisonnés se transforment en une drogue qui aliène notre bon-sens… pour ce qu'il en reste. La montée vers les étoiles est toujours la partie la plus agréable.
Raphaël est doué et n'a aucunement besoin de mes instructions pour nous faire avancer sur cette route que nous avions emprunté vers nulle part. Notre but est simple. Notre soif de vie nous transcende et nous oblige à nous repaître du malheur de l'autre. Je pourrais regretter de l'avoir poussé si loin dans ses retranchements, mais pas ce soir. Je nage plutôt dans un ravissement total et grisant.
Ses gestes déterminés sont capables de me faire frémir si aisément et sans retenue. Je les reflète avec lenteur et lasciveté. S'il m'arrache un gémissement, je lui en arrache un plus suppliant encore, sans une once de pitié. Cette nécessité de le rendre aussi fou qu'il parvient à me soumettre grandit dans mon âme quand sa langue descend le long de ma gorge offerte trop facilement, même s'il ne mord pas et préfère jouer avec sa nourriture. C'est dangereux.
Je n'arrête pas non plus sa main qui fait tomber mon pantalon à mes chevilles, j'en profite même pour hisser une cuisse contre sa hanche pour étouffer l'air entre nous. Aucune hésitation ne subsiste entre nous, pas même lorsqu'il me fixe de son regard perçant. La révélation de ce prédateur sorti de sa cage est une surprise, un enchantement. Séduite par le vampire, je ne peux rien faire de plus qu'accepter lorsqu'il nous téléporte sur le canapé. Mon souffle refuse d'obéir et je me retrouve délicieusement submergée par ce que son corps contre le mien éveille en moi. C'est cette luxure à l'état brute, cette étincelle ardente qui anime tous les vampires.
Je lui accorde encore quelques instants, profitant de sa bouche pendant qu'il fini d'effeuiller mes formes en déchirant mon chemisier. Cette image est obscène, je me retrouve nue sous lui qui est scandaleusement débraillé entre mes jambes. Je lui ôte à mon tour sa chemise, lui réservant le même traitement en arrachant les boutons.
J'avais eu raison d'insister pour qu'il lâche prise, car maintenant que nos peaux se touchent de la sorte, la glace dans mes veines s'évapore définitivement pour laisser les flammes courir jusqu'à mes yeux qui n'avaient pas encore dévoilé ma soif. Son odeur est captivante, mes crocs s'allongent et saignent très légèrement sa lèvre en réponse du vide en moi qu'il comble en y jetant son ancre.
L'union de nos bassins aurait pu suffir à me tendre toute entière sur le camp tant il est bon d'enfin ressentir autre chose que de la douleur depuis toutes ces semaines. Je suis cependant une créature insatiable, et il me faudra bien plus que cela pour effacer ma misère et satisfaire ma faim de chair. J'étouffe mes lamentations contre son cou, plaquant une main au creux de son dos et l'autre bien plus bas pour l'encourager et qu'il ne s'éloigne pas, mais c'est loin d'être suffisant, je suis encore bien trop consciente de qui nous sommes et de ce qui nous a emmené là.
Sa lumière m'éblouit, ou est-ce seulement l'or de ses cheveux ? En souvenirs d'un passé qui restera à jamais dans ma mémoire, l'une de mes mains remonte le long de sa nuque avec tendresse et s'enroule dans les fils dorés. Elle ne reconnaît pas leur douceur ni leur longueur. Plus jamais, tu ne pourras le tenir dans tes bras. Cela m'arrache une plainte différente des autres, bien qu'alanguie, elle est lourde de tristesse et de résignation.
Grâce à un jeu de jambes mesuré, nos positions sont inversées. Mon pouvoir nous évite une chute, il accompagne plutôt mon attention, et nous pose délicatement sur le tapis, Raphaël plaqué au sol par mes mains sur son torse palpitant.
Cette fois-ci, c'est moi qui marque une pause pour l'observer, comme si je ne l'avais jamais vraiment fait. Quelle erreur. Ce sentiment d'être… comblée au point de ne plus savoir où nos corps s'arrêtent et se terminent est pire que de l'entendre murmurer mon nom. Pourtant, je prends le temps de me pencher en avant pour le surplomber et dessiner les traits de son visage et le découvre vraiment pour la première fois. C'est si intime… Il ne lui ressemble pas… Son parfum, l'angle de sa mâchoire, la carrure de ses épaules, le son de sa voix, ses soupirs, ses caresses… ses baisers… ses yeux… ses hanches bougeant contre les miennes, tout est si différent, mais cela ne me dérange pas, pas vraiment. Je ne m'empêche pas non plus de réclamer à nouveau ses lèvres avec sensualité et douceur. Et c'est un problème. Il est censé être un exutoire, pas un refuge. Je dois soulager ma peine, pas me sentir en sécurité. C'est un dangereux problème.
Et même si la violence n'est pas invitée à nos ébats, cela reste brutal. Je le repousse encore et encore, rejette ses gestes et lorsqu'il me cède et accepte sa défaite, j'en redemande, je recherche son enthousiasme en échange de ma rugosité.
Je quitte notre baiser langoureux et traîne ma langue le long de la pomme d'Adam, mordillant la chair fine et brûlante de son cou offert. Je pourrais désormais percer l'épiderme pour me satisfaire de son sang qui m'envoute et qui m'appelle. Je pourrais goûter à la chaleur et au sucré de son essence. Ce n'est pas un crime, rien ne m'y empêche, j'en suis plutôt encouragée par les battements de son cœur qui s'alarment de plus belle à mesure que j'ondule sinueusement le bas-ventre. Mais je me redresse sans prendre mon dû, les yeux rougeoyants et dans toute ma splendeur. Me nourrir reviendrait à gommer mon ivresse, mon déni et ce n'est pas ce que je recherche, remonter à la surface serait trop cruel pour mon âme. C'est une torture de résister, je ne suis pas née pour cela, je lutte contre moi-même, mes ongles griffant son thorax, j'y prends appuie pour battre des reins avec plus de vigueur et de perte. Je ne peux plus respirer, je coule au plus profond du gouffre.
Le son de notre quérimonie brise définitivement le silence qui règne en maître dans mon manoir abandonné, et résonne comme une vieille berceuse mélancolique et éthérée. Chaque coup de rein est un coup de poignard qui détruit notre amitié et nous nous y donnons à cœur joie, sans nous soucier des conséquences. Nous le savons et pourtant rien n'arrête cette danse infernale, bien au contraire, nous franchissons une frontière infranchissable, de plus en plus avide.
Dès lors, tel un phénix qui renaît de ses cendres, je le laisse enfin prendre ce qu'il veut de moi. Je baisse les armes et lui offre ma reddition, je n'ai plus la force de me battre contre sa douceur et sa bienveillance. Il n'a jamais voulu que mon bien, il est temps que ses efforts soient récompensés.
« …Raphaël… » chantais-je comme un mantra ou le chant d'une sirène.
C'est salvateur. Je ne remarque même pas les larmes libératrices qui sillonnent mon visage, mon cou ou ma poitrine haletante. Je ne souffre plus, je peux enfin respirer pleinement, mes cris d'abandon sont presque lancinants. Je veux aussi l'entendre dans sa voix, je veux qu'il soit submergé par cette même euphorie, qu'il puisse prendre une pause dans ses tourments. Ce besoin de partage m'ensorcelle. Le feu qui nous consume se nourrit supplétivement de nos blessures communes. Il dévore ma peau et mes os, laisse ma chair à vif sous ses caresses dissolues et fermes, j'en redemande encore et encore.
Chaque seconde me pousse à croire qu'il pourrait bien finir par me sauver mais… n'est-il pas trop tard pour moi ? Je crains bien que si, puisque j'en redemande encore et encore sans une once de retenue. Mes muscles dansent et se tendent au contact de nos torses et de nos bassins pressés l'un contre l'autre. Le doux frémissement de ma peau appelle ses mains voyageuses à continuer leur exploration, mais ce n'est une fois de plus pas assez pour calmer le tambour qui cogne dans mes oreilles.
Nous ne nous sommes jamais touchés de la sorte, et pourtant nos corps s'apprivoisent si facilement à travers cette tempête. A son instar et sans perdre de temps, mes doigts dessinent un tatouage invisible sous sa chemise, mes ongles tracent des lignes imaginaires comme l'on trace un pentacle pour se protéger des esprits malfaisants. Malheureusement, ce n'est qu'une illusion, une idée qui ne le protégera pas de mes abîmes.
Le désespoir est toujours là, plus insatiable, j'en ai à revendre, ainsi que de la colère mélangée à de la rage et pour accompagner ces poids qui me tirent vers le fond, une tristesse infinie. C'est ainsi que je parviens à le faire plonger avec moi… pour moi, en jouant avec ses sentiments et son malheur. Nos baisers empoisonnés se transforment en une drogue qui aliène notre bon-sens… pour ce qu'il en reste. La montée vers les étoiles est toujours la partie la plus agréable.
Raphaël est doué et n'a aucunement besoin de mes instructions pour nous faire avancer sur cette route que nous avions emprunté vers nulle part. Notre but est simple. Notre soif de vie nous transcende et nous oblige à nous repaître du malheur de l'autre. Je pourrais regretter de l'avoir poussé si loin dans ses retranchements, mais pas ce soir. Je nage plutôt dans un ravissement total et grisant.
Ses gestes déterminés sont capables de me faire frémir si aisément et sans retenue. Je les reflète avec lenteur et lasciveté. S'il m'arrache un gémissement, je lui en arrache un plus suppliant encore, sans une once de pitié. Cette nécessité de le rendre aussi fou qu'il parvient à me soumettre grandit dans mon âme quand sa langue descend le long de ma gorge offerte trop facilement, même s'il ne mord pas et préfère jouer avec sa nourriture. C'est dangereux.
Je n'arrête pas non plus sa main qui fait tomber mon pantalon à mes chevilles, j'en profite même pour hisser une cuisse contre sa hanche pour étouffer l'air entre nous. Aucune hésitation ne subsiste entre nous, pas même lorsqu'il me fixe de son regard perçant. La révélation de ce prédateur sorti de sa cage est une surprise, un enchantement. Séduite par le vampire, je ne peux rien faire de plus qu'accepter lorsqu'il nous téléporte sur le canapé. Mon souffle refuse d'obéir et je me retrouve délicieusement submergée par ce que son corps contre le mien éveille en moi. C'est cette luxure à l'état brute, cette étincelle ardente qui anime tous les vampires.
Je lui accorde encore quelques instants, profitant de sa bouche pendant qu'il fini d'effeuiller mes formes en déchirant mon chemisier. Cette image est obscène, je me retrouve nue sous lui qui est scandaleusement débraillé entre mes jambes. Je lui ôte à mon tour sa chemise, lui réservant le même traitement en arrachant les boutons.
J'avais eu raison d'insister pour qu'il lâche prise, car maintenant que nos peaux se touchent de la sorte, la glace dans mes veines s'évapore définitivement pour laisser les flammes courir jusqu'à mes yeux qui n'avaient pas encore dévoilé ma soif. Son odeur est captivante, mes crocs s'allongent et saignent très légèrement sa lèvre en réponse du vide en moi qu'il comble en y jetant son ancre.
L'union de nos bassins aurait pu suffir à me tendre toute entière sur le camp tant il est bon d'enfin ressentir autre chose que de la douleur depuis toutes ces semaines. Je suis cependant une créature insatiable, et il me faudra bien plus que cela pour effacer ma misère et satisfaire ma faim de chair. J'étouffe mes lamentations contre son cou, plaquant une main au creux de son dos et l'autre bien plus bas pour l'encourager et qu'il ne s'éloigne pas, mais c'est loin d'être suffisant, je suis encore bien trop consciente de qui nous sommes et de ce qui nous a emmené là.
Sa lumière m'éblouit, ou est-ce seulement l'or de ses cheveux ? En souvenirs d'un passé qui restera à jamais dans ma mémoire, l'une de mes mains remonte le long de sa nuque avec tendresse et s'enroule dans les fils dorés. Elle ne reconnaît pas leur douceur ni leur longueur. Plus jamais, tu ne pourras le tenir dans tes bras. Cela m'arrache une plainte différente des autres, bien qu'alanguie, elle est lourde de tristesse et de résignation.
Grâce à un jeu de jambes mesuré, nos positions sont inversées. Mon pouvoir nous évite une chute, il accompagne plutôt mon attention, et nous pose délicatement sur le tapis, Raphaël plaqué au sol par mes mains sur son torse palpitant.
Cette fois-ci, c'est moi qui marque une pause pour l'observer, comme si je ne l'avais jamais vraiment fait. Quelle erreur. Ce sentiment d'être… comblée au point de ne plus savoir où nos corps s'arrêtent et se terminent est pire que de l'entendre murmurer mon nom. Pourtant, je prends le temps de me pencher en avant pour le surplomber et dessiner les traits de son visage et le découvre vraiment pour la première fois. C'est si intime… Il ne lui ressemble pas… Son parfum, l'angle de sa mâchoire, la carrure de ses épaules, le son de sa voix, ses soupirs, ses caresses… ses baisers… ses yeux… ses hanches bougeant contre les miennes, tout est si différent, mais cela ne me dérange pas, pas vraiment. Je ne m'empêche pas non plus de réclamer à nouveau ses lèvres avec sensualité et douceur. Et c'est un problème. Il est censé être un exutoire, pas un refuge. Je dois soulager ma peine, pas me sentir en sécurité. C'est un dangereux problème.
Et même si la violence n'est pas invitée à nos ébats, cela reste brutal. Je le repousse encore et encore, rejette ses gestes et lorsqu'il me cède et accepte sa défaite, j'en redemande, je recherche son enthousiasme en échange de ma rugosité.
Je quitte notre baiser langoureux et traîne ma langue le long de la pomme d'Adam, mordillant la chair fine et brûlante de son cou offert. Je pourrais désormais percer l'épiderme pour me satisfaire de son sang qui m'envoute et qui m'appelle. Je pourrais goûter à la chaleur et au sucré de son essence. Ce n'est pas un crime, rien ne m'y empêche, j'en suis plutôt encouragée par les battements de son cœur qui s'alarment de plus belle à mesure que j'ondule sinueusement le bas-ventre. Mais je me redresse sans prendre mon dû, les yeux rougeoyants et dans toute ma splendeur. Me nourrir reviendrait à gommer mon ivresse, mon déni et ce n'est pas ce que je recherche, remonter à la surface serait trop cruel pour mon âme. C'est une torture de résister, je ne suis pas née pour cela, je lutte contre moi-même, mes ongles griffant son thorax, j'y prends appuie pour battre des reins avec plus de vigueur et de perte. Je ne peux plus respirer, je coule au plus profond du gouffre.
Le son de notre quérimonie brise définitivement le silence qui règne en maître dans mon manoir abandonné, et résonne comme une vieille berceuse mélancolique et éthérée. Chaque coup de rein est un coup de poignard qui détruit notre amitié et nous nous y donnons à cœur joie, sans nous soucier des conséquences. Nous le savons et pourtant rien n'arrête cette danse infernale, bien au contraire, nous franchissons une frontière infranchissable, de plus en plus avide.
Dès lors, tel un phénix qui renaît de ses cendres, je le laisse enfin prendre ce qu'il veut de moi. Je baisse les armes et lui offre ma reddition, je n'ai plus la force de me battre contre sa douceur et sa bienveillance. Il n'a jamais voulu que mon bien, il est temps que ses efforts soient récompensés.
« …Raphaël… » chantais-je comme un mantra ou le chant d'une sirène.
C'est salvateur. Je ne remarque même pas les larmes libératrices qui sillonnent mon visage, mon cou ou ma poitrine haletante. Je ne souffre plus, je peux enfin respirer pleinement, mes cris d'abandon sont presque lancinants. Je veux aussi l'entendre dans sa voix, je veux qu'il soit submergé par cette même euphorie, qu'il puisse prendre une pause dans ses tourments. Ce besoin de partage m'ensorcelle. Le feu qui nous consume se nourrit supplétivement de nos blessures communes. Il dévore ma peau et mes os, laisse ma chair à vif sous ses caresses dissolues et fermes, j'en redemande encore et encore.
Raphaël de La Roche#107345#107345#107345#107345#107345#107345#107345
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Lun 29 Mai 2023 - 19:08
Tous mes sens étaient à vif. Je sentais sa peau contre la mienne. Son souffle entre mes lèvres. Ses doigts dans mes cheveux. Ses gémissements dans mes tympans trop proches. Ses prunelles pourpres lorsque nos regards se croisaient. Son odeur, par-dessus tout, m'enivrait. Je m'étais laissé ensorceler par ses charmes, par ce pouvoir d'attraction sur moi qu'elle avait mis à nu subitement. Il était bien trop tard désormais pour rompre le sortilège ; la frontière de notre amitié était déjà brisée.
Je n'avais opposé aucune résistance lorsqu'elle nous avait guidés habilement sur le tapis. Elle avait aussi le droit de mener la bride. Après tout, c'était pour elle, à cause d'elle, que j'avais levé mes dernières défenses. Je n'avais pas non plus protesté lorsqu'elle m'avait contraint à l'immobilité, le dos ancré au sol. Car finalement, je n'avais pas vraiment à me plaindre. Et elle récompensait ma docilité avec un mélange de douceur et de brutalité. Je la laissais volontiers s'approprier chaque parcelle de mon corps, si c'était ce qu'elle voulait, tant que cet instant perdurait. Je l'invitais presque à mordre tandis que ses lippes dévoraient mon cou. Mais elle résistait elle aussi à la tentation, non sans difficulté, en témoignaient ses griffes qui marquaient mon torse. Mais la douleur n'était rien comparée aux sensations qui me brûlaient de l'intérieur. Je me contentai de grogner, sans chercher à l'en empêcher. Car j'y trouvais moi aussi mon compte, dans toute cette chorégraphie chaotique ; même lorsqu'elle rejetait mes mains avides pour conserver la domination. Du moment que cet instant perdurait, je pouvais bien renoncer un instant à la bride.
Nos ébats prirent un nouveau tournant lorsque le désir termina sa métamorphose en plaisir brut, perverti par nos instincts bestiaux. Je me cambrai sous son corps, alors que ma gorge lâchait une nouvelle plainte qui fit écho à la sienne. Mais ce n'était pas ce à quoi j'étais habitué - tendresse et douceur. C'était plus fort, plus… primal. Sentant le vent tourner dans la crispation de ses muscles, je me redressai pour ramener mon visage à la hauteur du sien, alors qu'elle était toujours à califourchon sur moi. Non sans un sourire quelque peu malicieux, je lui volai un nouveau baiser, tandis que mes mains parcouraient la chair de son torse, pour gagner le creux de ses reins. J'engouffrai ensuite mon nez dans son cou pour le dévorer de bécots provocateurs. Ma main gauche remonta dans son dos pour la garder contre moi, comme si elle risquait de s'échapper à la moindre occasion. Ma dextre conserva, elle, sa position juste au dessus de sa lune pour accompagner ses mouvements. Je ne me lassaislasser pas de caresser son derme qui vibrait sous mes paumes.
Je la renversai délicatement sur le tapis pour la dominer à mon tour, repris par cette envie, ce besoin de prolonger ce moment de pure extase, l'esprit toujours plus engourdi, sourd aux rares manifestations de ma conscience. Je plongeai toujours plus loin, pour fuser toujours plus haut, jusqu'à atteindre enfin le firmament tant attendu.
Lorsqu'enfin le rythme s'amenuisa pour nous laisser haletants, je plongeai mon regard toujours carmin dans son jumeau, et je remarquai seulement une paire de larmes sur ses joues rougies par l'effort et le désir. Je posai une main sur sa peau pour les essuyer du revers du pouce.
- Comment tu te sens maintenant ? murmurai-je lentement avec un léger sourire en coin, quelque peu lubrique.
Je n'imaginais pas un seul instant que cette simple question, tout à fait légitime, dans l'unique but de m'enquérir sincèrement de son bien-être, allait briser l'enchantement qui nous unissait. Plusieurs secondes s'écoulèrent dans un silence presque lourd. Puis sans un mot Jess se dégagea. Sentant qu'elle voulait rompre le contact, je la retins par le poignet. Le temps sembla se suspendre alors que nos regards se croisaient, et que je décryptais une expression sombre sur son visage. Puis il reprit durement son cours lorsque ses premiers mots assassins me parvinrent.
- Ne pose pas la question quand tu sais que tu n'aimerais pas la réponse. Donc réponds-moi toi, comment te sens-tu cher Raphaël, après que ta meilleure amie se soit tout simplement servie de toi ?
La stupeur figea mes muscles et mon étreinte se dessera, libérant ma dite meilleure amie. Je la fixai, muet, à la recherche d'une explication pour justifier cette réplique sans queue ni tête, qui eut néanmoins le mérite de briser définitivement l'emprise de la libido sur mon esprit. Une teinte verdâtre se fraya un chemin dans l'océan pourpre de mes iris.
- Que…
Je ne pus poursuivre, encore sous le choc de sa réponse. Je ne voulais pas, je ne pouvais pas la croire, et pourtant il résonnait en sa voix comme une cruelle vérité, alimentée par la sévérité de son regard. Je papillonnai des yeux, incapable d'accepter la situation sur le moment. Après un soupir, elle reprit.
- Je ne sais pas ce que j'espérais…
Cette nouvelle pause me priva de souffle alors que j'étais suspendu à ses lèvres. Mon rythme cardiaque s'était brutalement ralenti, comme lorsqu'on s'arrêtait soudainement devant un danger qui nous menaçait.
- Tu n'es pas lui. Tu ne le seras jamais… Alors ne te sens pas obligé de rester. Je n'ai plus besoin de toi…
Une arme anti-vampire plantée dans mon cœur n'aurait pas pu me faire plus mal qu'en cet instant précis. La bouche bée d'effroi, je ne pouvais plus la quitter du regard, bien trop choqué pour réagir. Mais, petit à petit, ses mots percèrent la brume d'illusions et de chimères pour atteindre mon esprit et le taillader de leur indiscutable cruauté. Mon poitrail se gonfla pour prendre une inspiration difficile et douloureuse. Elle m'avait… utilisé ? Pour assouvir ses sombres désirs ? Pour lui servir de pansement ? Chaque mot, chaque geste de sa part n'était donc que le fruit de son esprit manipulateur, jusqu'au murmure sensuel de mon prénom entre ses lèvres traîtresses…? Et j'avais plongé dans sa toile comme un vulgaire insecte, sombre imbécile que j'étais…
Alors que mon esprit digérait son discours assassin, Jess s'était relevée et commençait à se rhabiller, comme si de rien n'était. Soufflé par sa cruauté et sa propre stupidité, le gentilhomme s'effaça de nouveau, mais cette fois pour se recroqueviller à l'abri de son subconscient, profondément meurtri. La place était donc toute entière pour le vampire, qui, lui, ne voyait pas les choses de cette façon.
Mes prunelles reprirent instantanément une teinte rouge sombre et mon regard s'illumina d'une rage dévastatrice. Sans crier gare, je me jetai sur elle, à si grande vitesse qu'un œil humain n'aurait pu discerner mes mouvements. Mon élan nous emporta jusqu'au mur d'en face, qui trembla sous la force de l'impact de son dos. Je plaçai ma main gauche sur sa gorge ; mes griffes percèrent sa chair de leurs pointes et rapidement l'odeur de son sang me parvint, nourrissant cette pulsion sanguinaire qui m'habitait.
Je ne suis pas un jouet… murmura lentement le vampire d'une voix rauque qui ne me ressemblait pas, en détachant distinctement chaque mot.
La pression de mes doigts sur son cou s'accentua ; le vampire se repaissait de cette douleur qu'il lui infligeait. Et il avait tant en tête pour la faire souffrir et réaliser sa vengeance. Le rapport de force penchait en ma faveur. La différence entre un homme et une femme était bien plus ténue chez les vampires, pour ne pas dire à l'équilibre. Mais dans notre cas, mon âge sensiblement plus grand, mon expérience plus riche et surtout mon corps rompu à la pratique des arts martiaux m'occtroyaient un avantage considérable sur elle.
- Mais si tu veux jouer… on peut le faire avec mes règles…
Je levai ma main libre, les griffes dégainées comme cinq dagues prêtes à frapper leur cible sans pitié. Mes traits déformés par la colère, mais aussi la douleur, la déception, la peine d'être ainsi traité, habillaient mon visage d'un voile sombre, menaçant, terriblement effrayant. Des pulsions si longtemps enfouies se réveillaient, ne demandant qu'à être assouvies.
Raphaël…
Une voix que je n'avais pas entendue depuis une éternité résonna dans mon esprit. Elle perça sans mal la fine barrière que j'avais érigé tant bien que mal avec ce qu'il me restait de personnalité. Ce vestige d'un souvenir passé, révolu, s'imposa à moi, alors que mon frère me fixait avec tendresse, mais tristesse. Il me sourit, navré, puis se tourna vers la scène qui se déroulait sous mes yeux, et de sa présence, ténue mais imposante, me poussa vers la sortie.
J'émergeai de cet état second juste à temps pour dévier le coup qui plongeait sur Jess. Mon poing frappa le mur avec un bruit mat, parsemé d'un craquement sec. J'ignorai la douleur de mes phalanges abîmées qui commençaient déjà à se replacer. Je fixai ma -ancienne ?- meilleure amie d'un air hébété, tétanisé par ce qu'il avait failli se produire. Mes iris se déplacèrent sur mon autre main qui tenait toujours sa gorge, et plus particulièrement sur les minces filets carmins qui sinuaient sur ma peau. Je m'écartai brusquement, comme si j'avais été brûlé, et je fixai mes paumes, hébété, alors que mes griffes se rétractaient dans un chuintement organique. Le choc de cette scène se cumula aux remords qui me rongeaient déjà après cette incartade fatale à notre si belle amitié. Les souvenirs se mélangeaient dans mon esprit, me désorientant suffisamment pour faire naître une nausée au creux de mon ventre.
Laisse-moi à mon sort Raphaël, pour ton propre bien… Si tu restes, tu vas replonger dans cet enfer avec moi.
J'avalai difficilement un reflux acide en me remémorant cette mise en garde qui faisait cruellement écho à mon malheur. Je redressai la tête, mais je ne pus maintenir le contact visuel avec la Duchannes. J'étais bien trop… affligé par tout ce qu'il s'était passé. Il y avait toujours cette colère noire et sourde qui grondait en moi, et ça me terrifiait.
- Tu avais raison… articulai-je d'une voix enrouée par l'émotion. Je n'aurais pas dû rester… Je n'aurais pas dû venir…
Incapable de faire front plus longtemps, je me volatilisai pour regagner le confort de ma chambre. Je n'y demeurai toutefois pas longtemps. L'estomac tordu par des crampes, je me précipitai vers les toilettes à proximité pour rendre son contenu, majoritairement de la bile. Après un instant prostré sur la cuvette, le corps agité de tremblements incontrôlables, je pris la direction de la salle d'eau pour laisser le jet brûlant me masser le crâne et le dos. Je finis par m'affaisser au sol, vaincu par les événements. Je perçus le pas mesuré de Seito dans le couloir s'arrêter devant la porte. Il s'écoula ainsi plusieurs secondes sans que rien ne se passa. Je l'imaginai aisément l'index recourbé, prêt à toquer, avant de se raviser. Je lui en fus reconnaissant, car je ne voulais voir personne. Je fermai les yeux et m'abandonnai à la morsure de l'eau chaude, dans le vain espoir qu'elle suffirait à effacer cette soirée désastreuse.
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