Raphaël de La Roche#107376#107376#107376#107376#107376#107376#107376
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Mer 6 Sep 2023 - 22:50
Sujet introductif fourre-tout à remplir plus tard :lol:
Raphaël de La Roche#107377#107377#107377#107377#107377#107377#107377
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Mer 6 Sep 2023 - 23:19
Je m'extirpai de mon lit, le teint crayeux et les yeux cernés. Je n'avais pas vraiment dormi, j'avais même parfois lutté pour ne pas sombrer. Cependant j'avais trouvé refuge dans mes draps, comme un cocon protecteur pour repousser les remords qui me rongeaient depuis vingt-quatre heures. A chaque fois que je fermai les yeux, je revoyais Jess, fiévreuse, séductrice, qui m'attirait dans sa toile, et moi en idiot consentant qui la laissait m'entraîner sans protester. Les images défilaient inlassablement dans mon esprit et mon corps était encore sous l'emprise de ces sensations primaires, brutales, qu'il m'avait rarement été donné de ressentir. L'ironie du sort était que, malgré cette montagne de conséquences néfastes, mon subconscient ne pouvait s'empêcher de trouver une part de positif dans cette situation, alors même que dans l'instant présent, c'était l'inverse.
De nouveau assailli, je me pris la tête entre les mains, la mine douloureuse. Comment avais-je pu… accepter de briser cette barrière pourtant sacrée à mes yeux… La puissante vague d'angoisse qui m'avait terrassé la veille revint à la charge, nouant mon ventre, bloquant ma respiration. Une main sur la gorge, je cherchais désespérément mon souffle. Une amitié centenaire venait de voler en éclat, par ma faiblesse et ma stupidité. Faiblesse, car je n'avais pu résister à ces pulsions tribales. Stupidité, car je m'étais rendu chez elle sans avoir réalisé à quel point je manquais de lucidité sur notre relation. Je trouvai enfin une inspiration difficile, étranglée par un sanglot.
L'écho d'une conversation m'arracha à mon apaisement. Je reconnus rapidement la voix de Seito qui échangeait avec… Kevin. Grand Dieu, il ne pouvait tomber plus mal - ou plus juste, je ne savais pas. La discussion s'interrompit et peu de temps après j'entendis Seito toquer à ma porte.
- Raphaël-sama, je suis désolé de vous déranger, mais Kevin-sama est ici, il demande à vous parler.
- Dites-lui que je ne suis pas disposé à le recevoir… répondis-je spontanément d'une voix éraillée par la fatigue et l'émotion.
- C'est ce que je lui ai répondu, mais… Enfin, vous connaissez votre ami, Raphaël-sama. Ça n'a fait que renforcer sa détermination et il insiste fortement, en précisant que, je cite "je camperai ici s'il le faut, mais il me recevra."
Je poussai un long soupir. L'entêtement de mon meilleur ami pouvait être une véritable plaie. Je ne me sentais pas capable d'affronter son regard, encore moins son jugement. Dès qu'il me verrait, il m'assaillerait sans relâche jusqu'à ce que je lui cédasse tous les détails. Son soutien pouvait être autant salvateur qu'éprouvant. Je fermai les yeux un instant en secouant la tête. Je n'avais pas vraiment le choix. Ou plutôt, il ne me le laissait pas. Il était capable d'enfoncer la porte de ma chambre pour me tirer hors du lit et me sommer de m'expliquer. Autant m'éviter cette humiliation.
- Raphaël Sama ?
- Dites-lui que j'arrive dans vingt minutes. Faites-le patienter.
Ce faisant je m'activai pour prendre une douche et paraître un minimum présentable, même si une apparence convenable ne duperait pas les sens de mon ami. Une fois habillé et coiffé, je descendis pour accueillir Kevin, la mine toujours creusée.
- Bonjour Kevin. Le saluai-je en arrivant dans le salon, m'efforçant de masquer la fatigue qui m'assaillait.
- Ah, enf… Oula ! s'exclama -t-il en me voyant. Je ne te demande pas comment ça va… Bon. Qu'a-t-elle fait cette fois ?
Il posa son livre pour me regarder, l'expression intraitable. Je détournai les yeux, incapable de le confronter. Il me connaissait trop bien. Il haussa les sourcils en signe d'insistance.
- Elle… Ah. C'est plutôt moi qui ait fauté.
- Toi ? Fauté? J'ai du mal à y croire. Allons, raconte.
Je soupirai en m'asseyant face à lui et passai une main sur mon visage.
- Je suis allée la voir après un accrochage au téléphone.
- La voir… en France ?
Je hochai la tête avant de poursuivre.
- Je savais que ça allait être difficile mais…. Je ne pensais pas à ce point. Je ne pensais pas que …
Ma voix s'étrangla dans ma gorge douloureuse. Je pris une inspiration pour chasser le malaise.
- Elle noyait son chagrin dans l'alcool. Je ne pouvais pas la laisser faire, même si notre métabolisme le supporte très bien. Mais quand j'ai éloigné son verre elle… est devenue comme folle. Elle m'a plaqué contre le mur avec son pouvoir, avant de…. Me… de m'échauffer…
Le haussement de sourcil stupéfait de Kévin était équivoque. Il me laissa poursuivre sans me presser et sans émettre le moindre commentaire.
- Ça m'a affecté, bien plus que je ne l'aurais imaginé.
Je le vis plisser les yeux, le regard soudain aiguisé comme une lame de rasoir. Celui qu'il portait sur autrui lorsqu'il l'avait percé à jour. Je détournai les yeux, mal à l'aise.
- J'ai essayé de la calmer, en lui rappelant que j'étais là pour l'aider. Et … elle m'a supplié de faire disparaitre sa douleur. J'ai voulu la prendre dans mes bras pour la réconforter mais….
Ma voix se bloqua à nouveau. Il m'était de plus en plus difficile de poursuivre.
- Mais quoi ? Ne tourne pas autour du pot veux tu. Tu sais que je te ferai cracher le morceau d'une façon ou d'une autre. Autant écourter cet instant douloureux.
Je soupirai en cachant mon visage dans mes mains.
- … Elle m'a embrassé.
- Hm.
- Et ça m'a…. Troublé
- Hm.
- Je n'ai pas pu… pas su la repousser. J'avais tellement peur de la blesser. Et je venais de lui promettre que je ne l'abandonnerai pas …
- Mouais. Mais je suppose que ce n'est pas un simple baiser qui t'a mis dans cet état.
- …
- Raph.
- … Je… ne sais pas ce qui m'a pris…
- Tu l'as embrassée à ton tour.
- … Je me suis excusé ensuite, mais elle… m'a encouragé… je me suis senti basculer…
Le regard de Kevin était équivoque. Il avait deviné la suite, mais je sentais à la pression de son regard qu'il ne partirait pas sans que je fusse allé au bout de ma confession. Alors je lui contai, dans un récit décousu, la tournure qu'avait pris les évènements, dans toute leur brutalité. Jusqu'à cet instant dramatique où ses paroles cruelles avaient brisé cette illusion de sérénité, pour n'y laisser qu'une vérité plus néfaste que de l'acide.
Il s'en suivit un long silence pendant lequel je n'osai affronter le regard de Kevin. Je ne supportais plus mon image depuis, et encore moins mon reflet dans ses prunelles claires. Mais son regard posé sur moi me brûlait les épaules.
- Tu es un imbécile.
J'avais beau le penser intérieurement, l'entendre de sa bouche me fit l'effet d'un électrochoc. Je le fixai, la mâchoire tombante.
- Un imbécile qui se voile la face.
- Je… quoi ?
- Quelle idée d'aller la voir avec tout ce que tu couvais depuis si longtemps, après avoir perdu vos fiancés, les seules personnes au monde qui vous séparaient, sans même t'être posé les bonnes questions !
- Je ne te suis pas…
- Raphaël ! Je ne suis pas idiot, moi. Je connais les sentiments comme ma poche. Tu ne vas pas me dire que tu n'as jamais rien vu venir ? Tu ne me feras pas avaler ça.
- Je ne comprends pas… pourquoi tu te mets en colère ?
- Je me mets en colère ! Parce que tu te dis si doué avec les gens, avec les mots, mais tu es trop bête pour reconnaître les faits. Parce que tu fonces sans réfléchir, accrochée à ses baskets comme tu l'as toujours été. Parce que tu te fais du mal sans même accepter le pourquoi du comment. Parce qu'elle qui te mène par le bout du nez, elle t'utilise avant de te lâcher comme un vieux torchon après des décennies d'amitié !
Il poussa un soupir exaspéré sous mes yeux ébahis. Je comprenais qu'il fut en colère contre elle, mais son animosité vis-à -vis de ma personne me prenait de court.
- Bloody hell, Raph, tu te rends compte toutes les peines que tu te serais épargné, que tu vous aurais épargné, si seulement tu avais cessé de nier l'évidence ?
Je lui jetai un regard confus. Je ne comprenais rien de son discours. Voyant mon air perdu, son regard se durcit, et il prit une longue inspiration. Je sentais que la suite allait me déplaire. Je n'imaginais pas à quel point.
- Raphaël. Dis moi. Si Jess était morte à la place d'Emeraude, est-ce que tu t'en serais remis un jour ?
J'eus la sensation qu'un poing glacé venait de me frapper les entrailles. Un hoquet s'échappa de ma gorge.
- Quoi?
- Si tu avais perdu Jess, est-ce que l'amour d'Emeraude aurait suffi à la remplacer ?
Je saisis enfin son insinuation. Une rage terrible remonta de mon ventre, inondant mes prunelles d'un pourpre dangereux. Je me levai brusquement en feulant comme un fauve blessé.
- Comment… oses tu ! m'exclamai-je, le souffle coupé par une fureur indescriptible. Je t'interdis… de les comparer !
J'avais beau être hors de moi, une poigne glaciale m'emprisonnait le coeur. La vérité, c'était que je n'aurais jamais pu répondre à sa question. Jess était entrée dans ma vie depuis si longtemps que… je n'arrivais simplement pas à l'imaginer sans elle. Et cela me dérangeait profondément.
- Ta réaction parle pour toi.
- Sors de chez moi !
- Raphaë…
- Va-t-en ! hurlai-je en pointant l'extérieur du doigt.
Il comprit à la crispation de mes muscles que je risquais à tout moment de perdre le contrôle. Nous nous affrontâmes du regard, moi essoufflé par la colère, lui d'un calme olympien. Il se saisit finalement de son livre en se redressant.
- Très bien, je m'en vais.
Il tourna les talons et prit la direction de la sortie. Je le suivis d'un air mauvais, méfiant et surpris qu'il fit preuve d'autant de conciliance. Toutefois, il s'arrêta à un mètre de la porte, alors que je le suivais pour m'assurer qu'il quittait mon domicile. Il tourna la tête de sorte à m'avoir dans le coin de son champ de vision.
- Tu devrais te clarifier l'esprit avant d'y retourner. Ne tarde pas trop. Après tout, tu lui as fait une promesse. Il serait dommage de la briser, n'est ce pas ?
Après quoi il s'éclipsa. Je fermai brutalement la porte, avant de me faire demi tour pour arpenter le domaine d'un pas hasardeux, sans réelle destination. Je finis par pousser un hurlement de rage et de détresse entremêlées. Jamais je ne l'avais autant détesté. Mais pour quelle raison exactement ? Pour ses insinuations offensantes sans fondement, ou… parce que je ne trouvais pas d'argument pour contrer les siens ?...
Il me fallut une journée supplémentaire pour digérer ma dispute avec Kevin. Je ne dormis pas le jour, et ma nuit ne fut guère plus paisible. Je ne trouvai rien pour calmer mon esprit. Ni la musique, ni l'écriture, ni même l'aikido ne parvint à apaiser mes émotions. Je finis même par me rendre à l'église, espérant y trouver un peu de quiétude. A la place je fus une nouvelle fois confronté à mes démons et à ces sempiternelles questions. Plus les minutes passaient et plus l'inéluctable vérité se dessinait, m'asséchant la bouche comme une traversée complète du désert.
Le père Riku vint me trouver après une heure passée sur le banc. Si je fus réticent au début, je finis par me confier sur les grandes lignes, omettant les détails insignifiants ou trop délicats à raconter. Il m'écouta longuement sans m'interrompre, sensible à ma détresse. Il ne prit la parole que lorsque le silence regagna l'église. Ses mots me touchèrent profondément, sans pour autant m'apporter la solution. Une phrase en particulier me poursuivit jusque dans mon sommeil.
Il n'y a pas de mal à s'autoriser à aimer, quel que soit le temps écoulé. Etre heureux et profiter de la vie, c'est sans doute le meilleur hommage que l'on puisse rendre à un proche disparu.
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