Farah - Saurez-vous charmer le serpent ? {Terminée}
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Farah Neferet Assaad#96774#96774#96774#96774#96774#96774#96774
Changelin Serpent - Civil
Race : Changelin cobra égyptien
Couleur : Sandybrown
Avatar : Ishizu Isthar
Date d'inscription : 17/04/2018
Nombre de messages : 210
Emploi/loisirs : Etudiante
Yens : 26
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Mar 17 Avr 2018 - 1:24
Farah Neferet Assaad
« La fleur du Nil »
feat Ishizu Ishtar (Yu-Gi-Oh!) | Fiche d'identité |
Physique
« Une beauté sans grâce est une beauté sans appât »
J’observe dans le miroir mon reflet d’un air distrait. Mes yeux bleus me lancent un regard triste. Oui, il est très rare pour une personne égyptienne d’avoir cette couleur d’iris ; ce serait une caractéristique des pharaons selon ma mère. Quelques cernes les soulignent, résultats de nombreuses nuits écourtées par des angoisses nocturnes, entre autres. Mes cheveux noirs et lisses brillent, proprement coiffés et huilés par mes soins, avec deux mèches attachées par des bandelettes couleur or, selon la mode de l’ancienne Egypte. Mon nez droit d’égyptienne me donne un air affirmé, ce que je ne suis pourtant pas. Mon front volontaire est souvent agrémenté d’un petit bijou traditionnel en son milieu. Les traits de mon visage sont habilement dessinés, jusqu’à mes lèvres fines recouvertes d’une légère couche de rouge. Je représente typiquement ce qu’on appelle une beauté égyptienne ; des traits réguliers, une bouche fine, des yeux « parfaits » et brillants, qui sont en plus d’une couleur rare.
S’il n’y avait que mon visage ; mais ma silhouette est élancée, ma taille est fine, mes jambes sont longues. Ma peau mate me démarque nettement de la population asiatique du Japon ; on me dévisage souvent pour ça, dans la rue. Il est clair que mon physique ne passe pas inaperçu. Certaines m’enviraient, sans doute ; moi, je trouve que c’est plus une malédiction qu’autre chose. Un physique comme le mien attire l’attention, et surtout, l’intérêt des hommes.
Au niveau vestimentaire, je porte parfois des habits qui rappellent mes origines. Mais j’essaie de m’adapter à la vie locale en portant un style classique et passe-partout. Ma garde-robe se compose essentiellement de jeans et chemisiers, et de gros pull-over pour l’hiver -car je suis très frileuse, les températures océaniques ne me conviennent pas et le climat est très différent du Caire. Je porte très occasionnellement des jupes et des robes, n’aimant pas spécialement découvrir mes jambes. Il m’arrive encore parfois de sortir avec une coiffe couleur crème sur ma tête ; c’est bien souvent pour me sentir en sécurité plus qu’autre chose. Je porte souvent des boucles d'oreilles en or (ou or plaqué selon les moyens) toujours dans un style égyptien.
Sous ma forme animale de cobra égyptien, je mesure un peu plus de deux mètres de longueur. Mes écailles sont d’un brun très foncé, presque noir, sur la quasi-totalité de mon corps. Seules deux parties ventrales, près de ma tête, sont d’un jaune clair, dont une juste après ma coiffe. Celle si se présente habituellement comme une extension de quelques centimètres de largeur. Lorsque je suis menacée, je déploie mes côtes mobiles pour me faire plus imposante ; le diamètre peut alors atteindre une quinzaine de centimètres. Dans ces moments, je ressemble vraiment à l’Uraeus, le cobra femelle protectrice des pharaons, une représentation de la déesse Ouadjet. Quant à mes yeux, contrairement aux Viperidae, ils ont une pupille ronde, et leurs iris prennent la couleur ambrée des cobras. Je darde très souvent ma langue fourchue pour capter les odeurs de mon environnement ; et si vous ne vous tenez pas à distance respectueuse, vous risquerez d’apercevoir mes deux crocs injectant le venin.
A ce sujet, méfiez-vous de ce que vous lisez dans les livres. Il est dit que Naja haje injecte très peu de venin lors de ses morsures défensives. C’est vrai, car il préfère le conserver pour la chasse. Or, moi, je ne vis pas de chasse -ou très peu. Je peux donc me permettre d’en injecter en bien plus grande quantité, si j’estime que ma vie est en danger.
S’il n’y avait que mon visage ; mais ma silhouette est élancée, ma taille est fine, mes jambes sont longues. Ma peau mate me démarque nettement de la population asiatique du Japon ; on me dévisage souvent pour ça, dans la rue. Il est clair que mon physique ne passe pas inaperçu. Certaines m’enviraient, sans doute ; moi, je trouve que c’est plus une malédiction qu’autre chose. Un physique comme le mien attire l’attention, et surtout, l’intérêt des hommes.
Au niveau vestimentaire, je porte parfois des habits qui rappellent mes origines. Mais j’essaie de m’adapter à la vie locale en portant un style classique et passe-partout. Ma garde-robe se compose essentiellement de jeans et chemisiers, et de gros pull-over pour l’hiver -car je suis très frileuse, les températures océaniques ne me conviennent pas et le climat est très différent du Caire. Je porte très occasionnellement des jupes et des robes, n’aimant pas spécialement découvrir mes jambes. Il m’arrive encore parfois de sortir avec une coiffe couleur crème sur ma tête ; c’est bien souvent pour me sentir en sécurité plus qu’autre chose. Je porte souvent des boucles d'oreilles en or (ou or plaqué selon les moyens) toujours dans un style égyptien.
Sous ma forme animale de cobra égyptien, je mesure un peu plus de deux mètres de longueur. Mes écailles sont d’un brun très foncé, presque noir, sur la quasi-totalité de mon corps. Seules deux parties ventrales, près de ma tête, sont d’un jaune clair, dont une juste après ma coiffe. Celle si se présente habituellement comme une extension de quelques centimètres de largeur. Lorsque je suis menacée, je déploie mes côtes mobiles pour me faire plus imposante ; le diamètre peut alors atteindre une quinzaine de centimètres. Dans ces moments, je ressemble vraiment à l’Uraeus, le cobra femelle protectrice des pharaons, une représentation de la déesse Ouadjet. Quant à mes yeux, contrairement aux Viperidae, ils ont une pupille ronde, et leurs iris prennent la couleur ambrée des cobras. Je darde très souvent ma langue fourchue pour capter les odeurs de mon environnement ; et si vous ne vous tenez pas à distance respectueuse, vous risquerez d’apercevoir mes deux crocs injectant le venin.
A ce sujet, méfiez-vous de ce que vous lisez dans les livres. Il est dit que Naja haje injecte très peu de venin lors de ses morsures défensives. C’est vrai, car il préfère le conserver pour la chasse. Or, moi, je ne vis pas de chasse -ou très peu. Je peux donc me permettre d’en injecter en bien plus grande quantité, si j’estime que ma vie est en danger.
Caractère
« J'aime mieux forger mon âme que la meubler. »
Si je devais me décrire en 4 mots…
Réservée, pour commencer. En général, ce sont les gens qui m’abordent en premier. J’ai une certaine difficulté à amorcer les conversations. Sans doute parce que je suis timide et craintive à la fois. Méfiante et peut-être trop prudente. De ce fait, je reste souvent dans mon coin, sans rien dire. Discrète, mais attentive. J’observe, j’écoute, et je n’élève la voix que lorsque c’est vraiment nécessaire, ou lorsqu’on m’y invite. Je parle très peu de moi ; ma vie privée est un sujet qui me met mal à l’aise, ça peut se comprendre. Quand on me pose des questions trop intrusives, je trouve toujours le moyen de les contourner, en détournant le sujet de conversation, par une habile diversion, ou encore simplement en mettant fin à la conversation. Mais ça ne m’empêche pas d’être sociable ; une fois à mon aise, je peux parfaitement tenir une discussion pendant un certain temps. Je cherche même souvent à nouer des liens, pour bien m’entourer et oublier mes vieux fantômes.
Anxieuse, ensuite. Je n’étais pas spécialement atteinte de troubles d’anxiété par le passé, mais avec tout ce que j’ai traversé, mon esprit s’est retrouvé indubitablement marqué à vif. Associé à ma méfiance exacerbée -pour ne pas dire paranoïa- je m’inquiète facilement pour un rien. Je scrute très souvent mon environnement, terrifiée à l’idée qu’un individu puisse s’en prendre à moi, ou même que mon passé me rattrape. Je suis un peu névrosée sur les bords, il est vrai. Je fais régulièrement des cauchemars, et en plus, je suis sujette à des terreurs nocturnes. J’imagine que ça n’aide pas tellement. A côté, je souffre d’autophobie, ou peur de la solitude ; je ne supporte pas de me retrouver seule dans une pièce ou un lieu -sans personne de confiance- ce qui s’avère fortement handicapant dans la vie quotidienne. J’ai d’autres peurs mineures, telles que le tonnerre/les orages, les scorpions ou les sauterelles -arrêtez de vous moquer, ces bestioles sont un vrai fléau en Afrique !- mais rien qui ne soit très embêtant.
Soigneuse, pour continuer. D’une part, j’ai gardé l’habitude de prendre soin de mon corps. Huiles nourrissantes, crèmes hydratantes, bains tonifiants… Mes cheveux jouissent d’un traitement particulier ; ce sont ma plus grande fierté, ce à quoi je tiens le plus. Ça doit vous paraître idiot. En plus de mon apparence, je suis toujours très rigoureuse dans mon travail. Méthodique et organisée également, chaque chose est à sa place. Tout est toujours propre, que ce soit sur ma paillasse, sur mon bureau, ou dans ma chambre en général. Ça m’aide à garder les idées claires. Quand ça ne va pas, je me mets à tout ranger et nettoyer, comme si frotter frénétiquement pouvait effacer mes problèmes. J’ai peut-être une tendance maniaque.
Loyale, pour terminer. De nature farouche, il n’est pas aisé d’acquérir ma confiance, surtout pour les hommes, mais je reste toujours loyale à ceux qui en sont dignes. Quand on a besoin de moi, je réponds toujours présente, et j’essaie d’aider au mieux de mes capacités. Je ne suis pas vraiment une femme d’action, mais je cherche toujours des solutions aux problèmes des autres. Je suis également à l’écoute, pour celles et ceux qui auraient besoin d’une oreille attentive. Quand je fais confiance à quelqu’un j’ai tendance à croire à tout ce qu’il ou elle pourrait me raconter. Naïve, peut-être, mais surtout compréhensive. Et avec ma nature de changelin, il serait bien hypocrite de rire aux nez des histoires rocambolesques des autres.
Bien sûr, cette description n’est pas exhaustive. D’autres adjectifs pourraient me qualifier -fière, honnête, têtue, perfectionniste. Mais le reste, je vous laisse le découvrir par vous-même.
Réservée, pour commencer. En général, ce sont les gens qui m’abordent en premier. J’ai une certaine difficulté à amorcer les conversations. Sans doute parce que je suis timide et craintive à la fois. Méfiante et peut-être trop prudente. De ce fait, je reste souvent dans mon coin, sans rien dire. Discrète, mais attentive. J’observe, j’écoute, et je n’élève la voix que lorsque c’est vraiment nécessaire, ou lorsqu’on m’y invite. Je parle très peu de moi ; ma vie privée est un sujet qui me met mal à l’aise, ça peut se comprendre. Quand on me pose des questions trop intrusives, je trouve toujours le moyen de les contourner, en détournant le sujet de conversation, par une habile diversion, ou encore simplement en mettant fin à la conversation. Mais ça ne m’empêche pas d’être sociable ; une fois à mon aise, je peux parfaitement tenir une discussion pendant un certain temps. Je cherche même souvent à nouer des liens, pour bien m’entourer et oublier mes vieux fantômes.
Anxieuse, ensuite. Je n’étais pas spécialement atteinte de troubles d’anxiété par le passé, mais avec tout ce que j’ai traversé, mon esprit s’est retrouvé indubitablement marqué à vif. Associé à ma méfiance exacerbée -pour ne pas dire paranoïa- je m’inquiète facilement pour un rien. Je scrute très souvent mon environnement, terrifiée à l’idée qu’un individu puisse s’en prendre à moi, ou même que mon passé me rattrape. Je suis un peu névrosée sur les bords, il est vrai. Je fais régulièrement des cauchemars, et en plus, je suis sujette à des terreurs nocturnes. J’imagine que ça n’aide pas tellement. A côté, je souffre d’autophobie, ou peur de la solitude ; je ne supporte pas de me retrouver seule dans une pièce ou un lieu -sans personne de confiance- ce qui s’avère fortement handicapant dans la vie quotidienne. J’ai d’autres peurs mineures, telles que le tonnerre/les orages, les scorpions ou les sauterelles -arrêtez de vous moquer, ces bestioles sont un vrai fléau en Afrique !- mais rien qui ne soit très embêtant.
Soigneuse, pour continuer. D’une part, j’ai gardé l’habitude de prendre soin de mon corps. Huiles nourrissantes, crèmes hydratantes, bains tonifiants… Mes cheveux jouissent d’un traitement particulier ; ce sont ma plus grande fierté, ce à quoi je tiens le plus. Ça doit vous paraître idiot. En plus de mon apparence, je suis toujours très rigoureuse dans mon travail. Méthodique et organisée également, chaque chose est à sa place. Tout est toujours propre, que ce soit sur ma paillasse, sur mon bureau, ou dans ma chambre en général. Ça m’aide à garder les idées claires. Quand ça ne va pas, je me mets à tout ranger et nettoyer, comme si frotter frénétiquement pouvait effacer mes problèmes. J’ai peut-être une tendance maniaque.
Loyale, pour terminer. De nature farouche, il n’est pas aisé d’acquérir ma confiance, surtout pour les hommes, mais je reste toujours loyale à ceux qui en sont dignes. Quand on a besoin de moi, je réponds toujours présente, et j’essaie d’aider au mieux de mes capacités. Je ne suis pas vraiment une femme d’action, mais je cherche toujours des solutions aux problèmes des autres. Je suis également à l’écoute, pour celles et ceux qui auraient besoin d’une oreille attentive. Quand je fais confiance à quelqu’un j’ai tendance à croire à tout ce qu’il ou elle pourrait me raconter. Naïve, peut-être, mais surtout compréhensive. Et avec ma nature de changelin, il serait bien hypocrite de rire aux nez des histoires rocambolesques des autres.
Bien sûr, cette description n’est pas exhaustive. D’autres adjectifs pourraient me qualifier -fière, honnête, têtue, perfectionniste. Mais le reste, je vous laisse le découvrir par vous-même.
Histoire
« La volonté d'Allah est impénétrable »
Vous connaissez tous l’histoire de Cléopâtre, je présume. Cette grande reine d’Egypte qui fut amante de Jule César et Marc Antoine, et dont elle eut plusieurs enfants. Lorsque la guerre civile éclata entre Marc Antoine et Octave, Cléopâtre se rangea au côté de son amant ; mais elle fut vaincu par Octave en 31 av J-C. Sachant quel sort il lui réservait pour son triomphe à Rome, elle a préféré se donner la mort, d’un symbolisme saisissant : elle se fit porter un panier de figues contenant un cobra égyptien, dit aussi uraeus, le serpent femelle sacré qui protège les pharaons. C’est tout du moins ce que dit la légende. Certains historiens contestent fermement cette version, penchant plutôt pour du poison -voire même une exécution par Octave.
Et si je vous disais qu’aucune des versions n’est proprement exacte ? Enfin, disons plutôt que le scénario le plus célèbre est juste, mais incomplet. Car le cobra égyptien en question, il s’agissait en réalité d’un changelin, membre d’une organisation secrète, les Enfants d’Ouadjet, chargée d’éliminer les ennemis du royaume. La Reine avait mandaté l’un d’eux pour mettre fin à ses jours. Ce changelin, c’était mon ancêtre.
Ma mère adorait me raconter cette histoire, petite. Il faut dire qu’en tant qu’égyptologue, c’est une grande passionnée. Peut-être qu’elle en rajoutait une couche, pour m’émerveiller. Ou simplement me préserver de la dure réalité aussi longtemps que possible. Malheureusement, elle m’a rattrapée bien assez tôt.
Je ne dirais pas que j’ai eu une enfance malheureuse ; je n’avais juste pas conscience de ce qu’il se tramait autour de moi. Quand on est une enfant, on est pure et innocente ; on voit des paillettes partout et le mal ne nous atteint pas. Pourtant on rêve de grandir, de faire comme les adultes ; on ne se rend pas compte de la chance qu’on a, même si on a nos tracas et nos souffrances propres. Aujourd’hui, j’aimerais tellement revenir en arrière, retrouver ma vie d’enfant, avec ses rêves et ses joies. Mon enfance s’est arrêté à 15 ans en ce qui me concerne ; j’ai dû grandir trop vite, et ça me suivra toute ma vie.
Jusqu’à mes 15 ans, j’ai passé une enfance relativement « normale » pour une égyptienne de mon époque. J’étais particulièrement brillante à l’école, à tel point que j’ai obtenu mon diplôme très en avance. Je suis passée par toutes les cases -notamment celle de l’excision, au grand damne de ma mère qui voulait m’éviter cette épreuve qui concernait pourtant 87% des femmes dans mon pays. J’étais tel un pion sur un échiquier, habilement déplacé par mon père. Je n’ai réalisé que trop tard le pouvoir qu’il exerçait sur nous. D’autant plus étonnant quand on sait qu’avant de se passionner pour l’égyptologie, ma mère était versée sur un travail bien moins recommandable. Aimait-elle mon père au point de se laisser piéger, ou avait-il quelque chose pour la maintenir sous contrôle… Peut-être que je ne saurais jamais. Même si, compte tenu de notre nature, la deuxième hypothèse semble la plus plausible.
Ce que je n’aurais jamais pu soupçonner, pourtant, tout comme ma mère, ce fut le sort que mon père me réserva à l’aube de ma quinzième année. La plus grande trahison de ma vie, orchestrée par l’homme que j’aimais le plus -le seul homme que je n’ai jamais aimé, avant. Ce jour funeste où ma vie bascula.
Ma mère travaillait encore au Musée, ce jour-là. Je venais d’obtenir mon diplôme et j’étais excitée à l’idée de tout raconter à mes parents. Mais en rentrant de l’école, j’ai trouvé mon père en compagnie d’un homme que j’ai identifié comme l’un de ses amis. Quand ils m’ont vue, ils m’ont souri, tous les deux. Je leur ai rendu un sourire réservé, sentant que quelque chose clochait. Mon père s’est approché, confiant, l’air presque satisfait.
- Farah, j’ai une grande nouvelle pour toi. Je t’ai trouvé un mari.
J’ai regardé mon père d’un air perplexe. Ce qu’il me disait n’avait pour moi aucun sens. Parce que je n’imaginais pas qu’il puisse me faire un coup pareil. Il m’a alors présenté son ami comme étant mon parti. J’ai hoché négativement la tête, incapable de comprendre, à la fois confuse et horrifiée par ce que je voyais et entendais. Il est vrai que j’ai pu parfois me montrer difficile, plus rebelle et farouche que la plupart des jeunes égyptiennes. Mais je m’étais toujours pliée à ses principes. Je ne voyais pas de raison pour arranger un mariage forcé avec un homme que je ne connaissais même pas, et pour qui je ne nourrissais aucune sympathie. Pour moi, nous avions dépassé cette époque arriérée où il était coutume de marier les filles mineures à des hommes de vingt ans leurs aînés. C’est longtemps après que j’ai appris que chaque minute, 27 mineures sont mariées contre leur gré dans le monde.
Bref, quand j’ai refusé, mon père m’a fait comprendre que je n’avais pas mon mot à dire. Il m’a attrapé le poignet, je me suis débattue. C’était la première fois que je montrais une réelle volonté d’opposition. Et ça ne lui a pas plus. Il a froncé les sourcils et m’a immobilisée contre lui avant de me murmurer des mots qui me font encore frissonner aujourd’hui.
- Tu sais ce qu’il vous attend, ta mère et toi, si on apprenait ce que vous êtes ?
La perspective d’un tel futur m’a refroidie, ce qui lui a permis de m’enfermer dans ma chambre toute la soirée. Certainement pour que je ne vois pas ma mère, qui n’était pas au courant et l’aurait probablement castré pour moins que ça. J’avais tellement peur de ce que mon père pourrait raconter autour de lui. Mais ma mère n’est rentrée que tard dans la nuit ce soir-là, retenue par son travail au Musée. Je dormais déjà d’un sommeil agité quand elle s’est couchée, après avoir désespéré pendant des heures.
Quand je me suis réveillée, j’ai tout de suite senti que quelque chose ne tournait pas rond. Je me sentais comateuse ; comme si je nageais dans du coton. Ma tête me faisait un mal de chien et mon corps me semblait lourd, comme si on avait lesté chacun de mes membres avec un bloc de béton. Quand j’ai ouvert les yeux, je n’ai pas reconnu ma chambre. Quand j’ai esquissé un mouvement, toute énergie m’a désertée. J’étais incapable de bouger, trop assommée par… un sédatif ? Un autre genre de drogue puissante ? A mon état nauséeux s’est joint une soudaine angoisse. Pourquoi étais-je dans cette condition ? Quel était cet endroit ? où était ma mère ? Autant de questions qui demeuraient sans réponse.
Finalement, Allah m’a entendu. Mais ce ne fut pas un soulagement ; le cauchemar de la veille se poursuivait et ne faisait qu’empirer. Une femme est entrée pour s’occuper de moi. De ma bouche pâteuse est sortie une question, qu’elle a ignoré. Elle ne prêtait attention ni à mon état, ni à mes interrogations. Elle se contenta de me coiffer, laver, habiller, dans un mutisme inquiétant. Mon corps engourdi fut traversé d’un unique frisson. Quand je fus fin prête, elle s’approcha de moi et extirpa une seringue rempli d’un contenu douteux. Elle me l’injecta dans une veine, puis s’en alla, sans sortir un mot. Je crus distinguer quelques paroles échangées au dehors. Puis quelqu’un est entré. Un homme, à sa démarche. Il s’approcha et me prit dans ses bras.
- Baba* ? j’ai articulé difficilement.
[*Papa en arabe, ndla]
Pourquoi mon père était ici ? Que se passait-il au juste ? Il ne disait rien. C’est à peine s’il me jeta un regard. Dans mon état, j’étais incapable de me débattre ; je ne pouvais qu’esquisser quelques mouvements grotesques. Il resta muet à mes questions tout le long du chemin. L’angoisse qui étouffait mon cœur s’intensifia. Je ne comprenais rien à ce qu’il se passait et j’étais terrifiée. Je fus conduite dans une salle où quelques personnes attendaient. Je reconnus notamment un homme de foi avec ses atours. Je fus installée sur une chaise.
- Ne fais pas de vague et tout ira bien, me murmura mon père.
A côté de moi, la porte s’ouvrit, et un homme familier, élégamment vêtu, fit son entrée. Malgré la drogue qui embrumait mon esprit, les pièces du puzzle finir par s’emboîter. Mue par un sursaut de sauvegarde, j’eus un mouvement de recul. Je posai sur mon père mes yeux écarquillés, le cœur battant.
- Baba, baba ! Tu ne peux pas faire ça ! Je ne veux pas ! Vous ne pouvez pas faire ça, c’est nikâh fâsid ! Allah l’interdit !
Mon père ignora mes protestations. Une expression partagée entre l’horreur et l’incompréhension figeait mes traits. Pourquoi faisait-il ça ? Pourquoi à moi, sa fille ? Qu’avais-je fait ? Moi qui l’avait toujours aimé, qui ne lui avait jamais fait déshonneur ? Etait-ce mon caprice de faire de la danse orientale ? Ou de m’instruire plus que les jeunes filles de mon âge ? Máma… Des larmes naquirent aux coins de mes yeux, comprenant que mon sort était scellé. L’imam n’avait pas esquissé un geste, ni articulé un mot, tout comme les deux autres personnes présentes. Ils étaient donc parfaitement au courant et n’avaient pas l’intention d’agir. Comment un homme de foi pouvait-il aller à l’encontre des lois d’Allah ?
Les larmes coulèrent sur mes joues tandis que je baissai la tête, résignée. Il n’y avait personne pour entendre mes cris désespérés, personne pour m’écouter ou me venir en aide. Ma mère n’était pas là, certainement retenue quelque part -sans doute totalement ignorante de la situation, qui sait quel mensonge mon père avait pu inventer ? Il n’y avait personne pour me protéger. J’étais à la merci de mon prétendant. Allah m’avait abandonnée.
~
Qu’y a-t-il de pire au monde qu’un mariage non consenti ? La nuit de noce non consentie. Aujourd’hui encore, chaque image me hante, chaque sensation me tort les viscères. J’en fais de terribles cauchemars et je suppose que cet événement est à l’origine de mes terreurs nocturnes. Mes souvenirs sont flous aujourd’hui encore. Je ne me rappelle pas clairement de ce qu’il s’est passé une fois qu’il a eu raison de moi. Je sais juste que ma mère m’a retrouvée, Allah seul sait comment. J’étais trop choquée pour réagir, encore moins pour me transformer, alors elle m’a sorti de là comme elle a pu.
Nous avons quitté le pays après ça, avec l’aide du Conseil Territorial. On nous a envoyé vers la destination la plus improbable pour des nord-africains : le Japon. Ma mère m’a dit que ça avait au moins le mérite d’être le dernier endroit où on irait nous chercher. Les gens typés comme nous n’y sont pas bien vus et l’intégration est difficile. Ma mère parlait d’une ville où notre nature serait plus facile à cacher, Nakanoto, où se trouvait également une Université privée très réputée. J’y voyais le moyen de poursuivre des études et oublier tout ça, même si je savais que mon corps, lui, se souviendrait.
Il s’est écoulé un mois pénible pour moi après notre arrivée. J’étais encore en état de choc et je restais apathique toute la journée, m’alimentant à peine. L’appel de la nature propre à tout changelin ne m’affectait même pas. Un mois sans transformation, pour quelqu’un comme moi, c’est vraiment long. Ma mère s’est beaucoup occupée de moi durant cette période ; elle m’a consolée, elle a investi pour que je suive une thérapie auprès d’un spécialiste, elle s’est pliée en quatre pour que je m’en sorte. Je sais qu’au fond, elle s’en veut terriblement pour ce qui s’est passé. Je crois qu’elle se sent coupable de ne pas avoir pu me protéger. Moi, je ne le lui reproche pas. Malheureusement, on ne peut parfois rien contre le destin et le vice des hommes. J’espère toujours que ce n’était pas la volonté d’Allah, car je n’ai jamais rien fait qui soit répréhensible. Et puis, ma mère est tout ce qu’il me reste, si je devais lui en vouloir, ce serait destructeur. Mais ses efforts ont fini par payer, et un jour j’ai recommencé à sourire, à manger, et à sortir.
L’intégration au Japon fut effectivement difficile, notamment à cause du climat, très différent de l’Egypte, et parce que je devais me mettre à niveau en japonais si je voulais passer le concours d’entrée à l’Université. Il me fallait en plus retravailler l’anglais et vérifier mes acquis. J’étais une élève brillante, ça ne m’aurait guère pris beaucoup de temps, s’il n’y avait pas eu ce « contre-temps ». C’est triste, mais ce sont les premiers mots qui me viennent à l’esprit pour en parler. Ça faisait à peine plus d’un mois qu’on était installées, et je commençais à ressentir de nouveau l’envie de vagabonder dans la nature. Sauf que… quand j’ai voulu me transformer, il ne s’est rien passé. La première fois, j’ai mis ça sur le compte du mauvais traitement de mon corps et de mon esprit. Mais après, j’ai fini par m’en inquiéter et j’en ai parlé à ma mère. A l’expression qu’elle a tirée, j’ai compris. C’était, chez les changelins, un symptôme de grossesse.
La nouvelle m’a dévastée. Porter un enfant qu’on ne désirait pas, pire, qui a été conçu lors d’un viol, c’est terrible. J’aurais très bien pu l’abandonner, me diriez-vous ; mais quel avenir aurait eu cet enfant au Japon ? C’est vrai qu’au début je voulais accoucher sous X. Mais ma mère m’a apporté des arguments de taille. Quant à avorter… déjà ma culture me l’interdisait, mes propres principes aussi, car la vie est sacrée. Mais surtout ça impliquait d’aller à l’hôpital, de passer des examens médicaux et psychologique… C’était hors de question, il y avait trop de risques qu’on découvre notre nature. Je me suis donc faite à cette fatalité ; peut-être était-ce une épreuve d’Allah…
Les mois qui ont suivi furent compliqués ; je ne vivais pas très bien ma grossesse et ça se répercutait sur mon état général. Ma mère réussit à trouver un médecin de confiance grâce au conseil territorial de Nakanoto. Pendant cette période il me fut impossible de suivre des cours en présentiel ; ma mère m’a donc inscrite à des cours en ligne, notamment pour l’anglais et le japonais. Il me fallait apprendre la langue locale, au moins à l’oral, si je voulais avoir une chance d’entrer à l’Université et de m’intégrer. Ça avait au moins le mérite de me faire oublier pendant quelques heures que je portais un enfant à seulement quinze ans.
Je suis arrivée à terme après environ huit mois de grossesse -la durée peut varier en fonction de la forme animale des changelins. L’accouchement se déroula à la maison en présence de notre médecin et d’une sage-femme de confiance. Il fut long et difficile, notamment parce qu’inconsciemment, je n’avais peut-être pas envie d’être mère à seize ans à peine. Quand on m’a présentée ma fille, au début j’ai refusé de la prendre. Mais ma mère a insisté. J’ai fini par accepter, et j’ai posé sur Shani un regard torturé, partagé entre l’amour d’une mère et la souffrance d’une victime.
Après avoir discuté avec ma mère, nous avons convenu que Shani serait officiellement ma petite sœur. Seuls les présents -le médecin et la sage-femme- furent mis dans la confidence. Il m’était difficile pour le moment d’endosser mon rôle de mère, vu les circonstances. Bien sûr, pour la nourrir, je n’avais pas tellement le choix. Je finirais probablement par m’y faire, mais il me fallait du temps. En attendant, je m’inscrivis au concours d’entrée pour l’Université de Nakanoto, que je passai sans grande difficulté, malgré les épreuves que j’avais traversées.
Aujourd’hui, je viens d’entrer en première année de biologie. Je tente de me reconstruire, en dépit de mes terreurs nocturnes qui surviennent presque chaque nuit. J’essaie d’accepter mon rôle de mère également, mais ça reste encore difficile et dire que Shani est ma petite sœur reste une solution de facilité. Je m’occupe d’elle quand je peux ; quand j’en ai le temps, mais surtout la force. Ma mère est devenue professeur d’histoire à l’Université, et moi j’ai repris la danse. Je travaille même occasionnellement pour un petit commerce du centre-ville, deux ou trois soirs par semaine. Ça me permet de gagner un peu de sous pour moi, mais surtout de m’évader l’espace d’un instant. J’ai repris le surnom que ma mère m’a donnée, Neferet, pour mon nom de scène.
Il y a tellement de secrets autour de ma naissance et de la vraie facette de mon père. Je sais au fond de moi que ma mère a les réponses à mes questions. Elle ne me dit rien car elle estime sans doute que je ne suis pas prête à connaître la vérité. Et je pense qu’elle a raison.
Et si je vous disais qu’aucune des versions n’est proprement exacte ? Enfin, disons plutôt que le scénario le plus célèbre est juste, mais incomplet. Car le cobra égyptien en question, il s’agissait en réalité d’un changelin, membre d’une organisation secrète, les Enfants d’Ouadjet, chargée d’éliminer les ennemis du royaume. La Reine avait mandaté l’un d’eux pour mettre fin à ses jours. Ce changelin, c’était mon ancêtre.
Ma mère adorait me raconter cette histoire, petite. Il faut dire qu’en tant qu’égyptologue, c’est une grande passionnée. Peut-être qu’elle en rajoutait une couche, pour m’émerveiller. Ou simplement me préserver de la dure réalité aussi longtemps que possible. Malheureusement, elle m’a rattrapée bien assez tôt.
Je ne dirais pas que j’ai eu une enfance malheureuse ; je n’avais juste pas conscience de ce qu’il se tramait autour de moi. Quand on est une enfant, on est pure et innocente ; on voit des paillettes partout et le mal ne nous atteint pas. Pourtant on rêve de grandir, de faire comme les adultes ; on ne se rend pas compte de la chance qu’on a, même si on a nos tracas et nos souffrances propres. Aujourd’hui, j’aimerais tellement revenir en arrière, retrouver ma vie d’enfant, avec ses rêves et ses joies. Mon enfance s’est arrêté à 15 ans en ce qui me concerne ; j’ai dû grandir trop vite, et ça me suivra toute ma vie.
Jusqu’à mes 15 ans, j’ai passé une enfance relativement « normale » pour une égyptienne de mon époque. J’étais particulièrement brillante à l’école, à tel point que j’ai obtenu mon diplôme très en avance. Je suis passée par toutes les cases -notamment celle de l’excision, au grand damne de ma mère qui voulait m’éviter cette épreuve qui concernait pourtant 87% des femmes dans mon pays. J’étais tel un pion sur un échiquier, habilement déplacé par mon père. Je n’ai réalisé que trop tard le pouvoir qu’il exerçait sur nous. D’autant plus étonnant quand on sait qu’avant de se passionner pour l’égyptologie, ma mère était versée sur un travail bien moins recommandable. Aimait-elle mon père au point de se laisser piéger, ou avait-il quelque chose pour la maintenir sous contrôle… Peut-être que je ne saurais jamais. Même si, compte tenu de notre nature, la deuxième hypothèse semble la plus plausible.
Ce que je n’aurais jamais pu soupçonner, pourtant, tout comme ma mère, ce fut le sort que mon père me réserva à l’aube de ma quinzième année. La plus grande trahison de ma vie, orchestrée par l’homme que j’aimais le plus -le seul homme que je n’ai jamais aimé, avant. Ce jour funeste où ma vie bascula.
~
Ma mère travaillait encore au Musée, ce jour-là. Je venais d’obtenir mon diplôme et j’étais excitée à l’idée de tout raconter à mes parents. Mais en rentrant de l’école, j’ai trouvé mon père en compagnie d’un homme que j’ai identifié comme l’un de ses amis. Quand ils m’ont vue, ils m’ont souri, tous les deux. Je leur ai rendu un sourire réservé, sentant que quelque chose clochait. Mon père s’est approché, confiant, l’air presque satisfait.
- Farah, j’ai une grande nouvelle pour toi. Je t’ai trouvé un mari.
J’ai regardé mon père d’un air perplexe. Ce qu’il me disait n’avait pour moi aucun sens. Parce que je n’imaginais pas qu’il puisse me faire un coup pareil. Il m’a alors présenté son ami comme étant mon parti. J’ai hoché négativement la tête, incapable de comprendre, à la fois confuse et horrifiée par ce que je voyais et entendais. Il est vrai que j’ai pu parfois me montrer difficile, plus rebelle et farouche que la plupart des jeunes égyptiennes. Mais je m’étais toujours pliée à ses principes. Je ne voyais pas de raison pour arranger un mariage forcé avec un homme que je ne connaissais même pas, et pour qui je ne nourrissais aucune sympathie. Pour moi, nous avions dépassé cette époque arriérée où il était coutume de marier les filles mineures à des hommes de vingt ans leurs aînés. C’est longtemps après que j’ai appris que chaque minute, 27 mineures sont mariées contre leur gré dans le monde.
Bref, quand j’ai refusé, mon père m’a fait comprendre que je n’avais pas mon mot à dire. Il m’a attrapé le poignet, je me suis débattue. C’était la première fois que je montrais une réelle volonté d’opposition. Et ça ne lui a pas plus. Il a froncé les sourcils et m’a immobilisée contre lui avant de me murmurer des mots qui me font encore frissonner aujourd’hui.
- Tu sais ce qu’il vous attend, ta mère et toi, si on apprenait ce que vous êtes ?
La perspective d’un tel futur m’a refroidie, ce qui lui a permis de m’enfermer dans ma chambre toute la soirée. Certainement pour que je ne vois pas ma mère, qui n’était pas au courant et l’aurait probablement castré pour moins que ça. J’avais tellement peur de ce que mon père pourrait raconter autour de lui. Mais ma mère n’est rentrée que tard dans la nuit ce soir-là, retenue par son travail au Musée. Je dormais déjà d’un sommeil agité quand elle s’est couchée, après avoir désespéré pendant des heures.
Quand je me suis réveillée, j’ai tout de suite senti que quelque chose ne tournait pas rond. Je me sentais comateuse ; comme si je nageais dans du coton. Ma tête me faisait un mal de chien et mon corps me semblait lourd, comme si on avait lesté chacun de mes membres avec un bloc de béton. Quand j’ai ouvert les yeux, je n’ai pas reconnu ma chambre. Quand j’ai esquissé un mouvement, toute énergie m’a désertée. J’étais incapable de bouger, trop assommée par… un sédatif ? Un autre genre de drogue puissante ? A mon état nauséeux s’est joint une soudaine angoisse. Pourquoi étais-je dans cette condition ? Quel était cet endroit ? où était ma mère ? Autant de questions qui demeuraient sans réponse.
Finalement, Allah m’a entendu. Mais ce ne fut pas un soulagement ; le cauchemar de la veille se poursuivait et ne faisait qu’empirer. Une femme est entrée pour s’occuper de moi. De ma bouche pâteuse est sortie une question, qu’elle a ignoré. Elle ne prêtait attention ni à mon état, ni à mes interrogations. Elle se contenta de me coiffer, laver, habiller, dans un mutisme inquiétant. Mon corps engourdi fut traversé d’un unique frisson. Quand je fus fin prête, elle s’approcha de moi et extirpa une seringue rempli d’un contenu douteux. Elle me l’injecta dans une veine, puis s’en alla, sans sortir un mot. Je crus distinguer quelques paroles échangées au dehors. Puis quelqu’un est entré. Un homme, à sa démarche. Il s’approcha et me prit dans ses bras.
- Baba* ? j’ai articulé difficilement.
[*Papa en arabe, ndla]
Pourquoi mon père était ici ? Que se passait-il au juste ? Il ne disait rien. C’est à peine s’il me jeta un regard. Dans mon état, j’étais incapable de me débattre ; je ne pouvais qu’esquisser quelques mouvements grotesques. Il resta muet à mes questions tout le long du chemin. L’angoisse qui étouffait mon cœur s’intensifia. Je ne comprenais rien à ce qu’il se passait et j’étais terrifiée. Je fus conduite dans une salle où quelques personnes attendaient. Je reconnus notamment un homme de foi avec ses atours. Je fus installée sur une chaise.
- Ne fais pas de vague et tout ira bien, me murmura mon père.
A côté de moi, la porte s’ouvrit, et un homme familier, élégamment vêtu, fit son entrée. Malgré la drogue qui embrumait mon esprit, les pièces du puzzle finir par s’emboîter. Mue par un sursaut de sauvegarde, j’eus un mouvement de recul. Je posai sur mon père mes yeux écarquillés, le cœur battant.
- Baba, baba ! Tu ne peux pas faire ça ! Je ne veux pas ! Vous ne pouvez pas faire ça, c’est nikâh fâsid ! Allah l’interdit !
Mon père ignora mes protestations. Une expression partagée entre l’horreur et l’incompréhension figeait mes traits. Pourquoi faisait-il ça ? Pourquoi à moi, sa fille ? Qu’avais-je fait ? Moi qui l’avait toujours aimé, qui ne lui avait jamais fait déshonneur ? Etait-ce mon caprice de faire de la danse orientale ? Ou de m’instruire plus que les jeunes filles de mon âge ? Máma… Des larmes naquirent aux coins de mes yeux, comprenant que mon sort était scellé. L’imam n’avait pas esquissé un geste, ni articulé un mot, tout comme les deux autres personnes présentes. Ils étaient donc parfaitement au courant et n’avaient pas l’intention d’agir. Comment un homme de foi pouvait-il aller à l’encontre des lois d’Allah ?
Les larmes coulèrent sur mes joues tandis que je baissai la tête, résignée. Il n’y avait personne pour entendre mes cris désespérés, personne pour m’écouter ou me venir en aide. Ma mère n’était pas là, certainement retenue quelque part -sans doute totalement ignorante de la situation, qui sait quel mensonge mon père avait pu inventer ? Il n’y avait personne pour me protéger. J’étais à la merci de mon prétendant. Allah m’avait abandonnée.
~
Qu’y a-t-il de pire au monde qu’un mariage non consenti ? La nuit de noce non consentie. Aujourd’hui encore, chaque image me hante, chaque sensation me tort les viscères. J’en fais de terribles cauchemars et je suppose que cet événement est à l’origine de mes terreurs nocturnes. Mes souvenirs sont flous aujourd’hui encore. Je ne me rappelle pas clairement de ce qu’il s’est passé une fois qu’il a eu raison de moi. Je sais juste que ma mère m’a retrouvée, Allah seul sait comment. J’étais trop choquée pour réagir, encore moins pour me transformer, alors elle m’a sorti de là comme elle a pu.
Nous avons quitté le pays après ça, avec l’aide du Conseil Territorial. On nous a envoyé vers la destination la plus improbable pour des nord-africains : le Japon. Ma mère m’a dit que ça avait au moins le mérite d’être le dernier endroit où on irait nous chercher. Les gens typés comme nous n’y sont pas bien vus et l’intégration est difficile. Ma mère parlait d’une ville où notre nature serait plus facile à cacher, Nakanoto, où se trouvait également une Université privée très réputée. J’y voyais le moyen de poursuivre des études et oublier tout ça, même si je savais que mon corps, lui, se souviendrait.
Il s’est écoulé un mois pénible pour moi après notre arrivée. J’étais encore en état de choc et je restais apathique toute la journée, m’alimentant à peine. L’appel de la nature propre à tout changelin ne m’affectait même pas. Un mois sans transformation, pour quelqu’un comme moi, c’est vraiment long. Ma mère s’est beaucoup occupée de moi durant cette période ; elle m’a consolée, elle a investi pour que je suive une thérapie auprès d’un spécialiste, elle s’est pliée en quatre pour que je m’en sorte. Je sais qu’au fond, elle s’en veut terriblement pour ce qui s’est passé. Je crois qu’elle se sent coupable de ne pas avoir pu me protéger. Moi, je ne le lui reproche pas. Malheureusement, on ne peut parfois rien contre le destin et le vice des hommes. J’espère toujours que ce n’était pas la volonté d’Allah, car je n’ai jamais rien fait qui soit répréhensible. Et puis, ma mère est tout ce qu’il me reste, si je devais lui en vouloir, ce serait destructeur. Mais ses efforts ont fini par payer, et un jour j’ai recommencé à sourire, à manger, et à sortir.
L’intégration au Japon fut effectivement difficile, notamment à cause du climat, très différent de l’Egypte, et parce que je devais me mettre à niveau en japonais si je voulais passer le concours d’entrée à l’Université. Il me fallait en plus retravailler l’anglais et vérifier mes acquis. J’étais une élève brillante, ça ne m’aurait guère pris beaucoup de temps, s’il n’y avait pas eu ce « contre-temps ». C’est triste, mais ce sont les premiers mots qui me viennent à l’esprit pour en parler. Ça faisait à peine plus d’un mois qu’on était installées, et je commençais à ressentir de nouveau l’envie de vagabonder dans la nature. Sauf que… quand j’ai voulu me transformer, il ne s’est rien passé. La première fois, j’ai mis ça sur le compte du mauvais traitement de mon corps et de mon esprit. Mais après, j’ai fini par m’en inquiéter et j’en ai parlé à ma mère. A l’expression qu’elle a tirée, j’ai compris. C’était, chez les changelins, un symptôme de grossesse.
La nouvelle m’a dévastée. Porter un enfant qu’on ne désirait pas, pire, qui a été conçu lors d’un viol, c’est terrible. J’aurais très bien pu l’abandonner, me diriez-vous ; mais quel avenir aurait eu cet enfant au Japon ? C’est vrai qu’au début je voulais accoucher sous X. Mais ma mère m’a apporté des arguments de taille. Quant à avorter… déjà ma culture me l’interdisait, mes propres principes aussi, car la vie est sacrée. Mais surtout ça impliquait d’aller à l’hôpital, de passer des examens médicaux et psychologique… C’était hors de question, il y avait trop de risques qu’on découvre notre nature. Je me suis donc faite à cette fatalité ; peut-être était-ce une épreuve d’Allah…
Les mois qui ont suivi furent compliqués ; je ne vivais pas très bien ma grossesse et ça se répercutait sur mon état général. Ma mère réussit à trouver un médecin de confiance grâce au conseil territorial de Nakanoto. Pendant cette période il me fut impossible de suivre des cours en présentiel ; ma mère m’a donc inscrite à des cours en ligne, notamment pour l’anglais et le japonais. Il me fallait apprendre la langue locale, au moins à l’oral, si je voulais avoir une chance d’entrer à l’Université et de m’intégrer. Ça avait au moins le mérite de me faire oublier pendant quelques heures que je portais un enfant à seulement quinze ans.
Je suis arrivée à terme après environ huit mois de grossesse -la durée peut varier en fonction de la forme animale des changelins. L’accouchement se déroula à la maison en présence de notre médecin et d’une sage-femme de confiance. Il fut long et difficile, notamment parce qu’inconsciemment, je n’avais peut-être pas envie d’être mère à seize ans à peine. Quand on m’a présentée ma fille, au début j’ai refusé de la prendre. Mais ma mère a insisté. J’ai fini par accepter, et j’ai posé sur Shani un regard torturé, partagé entre l’amour d’une mère et la souffrance d’une victime.
Après avoir discuté avec ma mère, nous avons convenu que Shani serait officiellement ma petite sœur. Seuls les présents -le médecin et la sage-femme- furent mis dans la confidence. Il m’était difficile pour le moment d’endosser mon rôle de mère, vu les circonstances. Bien sûr, pour la nourrir, je n’avais pas tellement le choix. Je finirais probablement par m’y faire, mais il me fallait du temps. En attendant, je m’inscrivis au concours d’entrée pour l’Université de Nakanoto, que je passai sans grande difficulté, malgré les épreuves que j’avais traversées.
Aujourd’hui, je viens d’entrer en première année de biologie. Je tente de me reconstruire, en dépit de mes terreurs nocturnes qui surviennent presque chaque nuit. J’essaie d’accepter mon rôle de mère également, mais ça reste encore difficile et dire que Shani est ma petite sœur reste une solution de facilité. Je m’occupe d’elle quand je peux ; quand j’en ai le temps, mais surtout la force. Ma mère est devenue professeur d’histoire à l’Université, et moi j’ai repris la danse. Je travaille même occasionnellement pour un petit commerce du centre-ville, deux ou trois soirs par semaine. Ça me permet de gagner un peu de sous pour moi, mais surtout de m’évader l’espace d’un instant. J’ai repris le surnom que ma mère m’a donnée, Neferet, pour mon nom de scène.
Il y a tellement de secrets autour de ma naissance et de la vraie facette de mon père. Je sais au fond de moi que ma mère a les réponses à mes questions. Elle ne me dit rien car elle estime sans doute que je ne suis pas prête à connaître la vérité. Et je pense qu’elle a raison.
Et toi, mon enfant ?
« Je suis le suprême leader »
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Etilya sur DK RPG
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Mar 17 Avr 2018 - 1:32
Mais qui voilà ! Tu sais que j'aime ta base, toi ? :P
Taichi Tomoe Lizenko#96777#96777#96777#96777#96777#96777#96777
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Mar 17 Avr 2018 - 8:50
Buenvenuto pour la 4ème fois donc !
Ta base est superbe, j'adore !
Et puis ... hâte d'en savoir plus sur Farah du coup !
Ta base est superbe, j'adore !
Et puis ... hâte d'en savoir plus sur Farah du coup !
Farah Neferet Assaad#96780#96780#96780#96780#96780#96780#96780
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Mar 17 Avr 2018 - 20:56
Merci mes amours ♥
Physique & Histoire en ligne.
Je m'attaque au caractère ce soir après manger o/
Edit : fiche terminée :3
Physique & Histoire en ligne.
Je m'attaque au caractère ce soir après manger o/
Edit : fiche terminée :3
Invité
Invité
Mer 18 Avr 2018 - 20:18
Huhu ! J'ai pris grand soin de parcourir ta fiche. J'étais déjà au courant de plusieurs grand moment de l'histoire mais c'est avec grand plaisir que j'ai tout découvert dans son ensemble.
On en a longuement discuté si bien qu'une part de moi se trouve dans cette fiche. J'ai donc hâte de te voir jouer ce personnage et de RP avec ! Je n'espère pas charmer le serpent, mais que mes personnages auront des liens divers et variés avec !
On en a longuement discuté si bien qu'une part de moi se trouve dans cette fiche. J'ai donc hâte de te voir jouer ce personnage et de RP avec ! Je n'espère pas charmer le serpent, mais que mes personnages auront des liens divers et variés avec !
Validation
« By ton Dieu adoré ♥ »
Bienvenue officiellement parmi nous !
Heeeey Macarenaaaaa !
Te voilà validé(e), enfin ! Félicitations ! Maintenant que tu fais partie intégrante de la famille, tu vas pouvoir profiter pleinement du forum et de toutes les merveilles (ou dangers fufu) qui sillonnent Nakanoto.
Mais, ne t'inquiète pas ! Tu ne seras pas seul(e) dans cette aventure. Voici notre petit guide rien que pour toi ♥
Enjoy !
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