Raiden Kaminari#101968#101968#101968#101968#101968#101968
Aberration
Race : Dieu de la foudre
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Avatar : Laxus Dreyar (Fairy Tail)
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Mer 23 Oct 2019 - 23:20
Raiden Kaminari
« Denka suru ! »
feat Kaminari Denki (My Hero Acadomia) | Fiche d'identité Kaisoku ; Célérité Ningen no katachi ; Forme humaine Denki no katachi ; forme originelle (électrique) Denjiki ; vol |
Explication du concept
« Petite citation »
Principe
Raiden est le résultat de longues années de recherche par un petit groupe de sorciers. Il a été créé en alliant la puissance de la foudre et la magie, en canalisant les deux dans un artéfact des temps immémoriaux, qui pourrait être, parait-il, un vestige d’une entité bien plus terrifiante ; certainement le véritable Raijin, la divinité shinto du tonnerre. Son avènement a nécessité le sacrifice imprévu d’un sorcier, celui qui était chargé de diriger l’énergie vers l’amulette. L’essence de Raiden a totalement absorbé celle du magicien, ce qui a donné naissance à un être élémentaire doué de conscience.
Sa véritable forme est un amas de plasma, duquel s’échappe en permanence des arcs électriques. C’est une forme élémentaire, immatérielle. Ainsi, on ne peut le toucher, ni le blesser ; du moins, avec des moyens conventionnels. Mais maintenir cette apparence en permanence s’avère compliqué ; car Raiden devrait alors se nourrir régulièrement, au même rythme que les humains. Or, il ne peut s’alimenter que de la foudre et des éclairs ; et, de nos jours, d’électricité.
Heureusement, il possède une forme charnelle ; probablement un vestige du sorcier qu’il a investi. Cette forme semble parfaitement humaine, en apparence. Cependant, si on y prête plus d’attention, on remarquera plusieurs détails frappants : son corps ne sue ni n’excrète. Du moins naturellement. S’il souhaite passer pour un humain, il peut, par sa volonté, mimer les processus biologiques. C’est sa magie qui fait tout ; il n’a qu’à y penser.
Concernant son anatomie, il possède bien des organes, comme n’importe qui. Cependant, ils ne sont pas véritablement constitués de cellules. C’est sa magie qui le constitue de la tête aux pieds. Autre détail important : dans ses veines coule son fluide vital, son essence liquéfiée, en quelque sorte. Et ce “sang” est doré ; ce qui n’est pas sans rappeler l’ichor des dieux grecs… Raiden peut être “blessé” sous cette forme ; lorsque l’intégrité de son corps est atteinte, son essence s’écoule de la plaie une ou deux secondes... avant de se condenser pour reformer son intégrité physique.
L’artefact qui a servi à sa création, lui, existe toujours. C’est un objet de forme grossièrement circulaire, en or, avec un éclair gravé dessus. Raiden l’appelle “son amulette”. Cet objet est magique. Il plie la volonté de Raiden lorsque possédé par un être conscient ; qu’il soit humain, sorcier ou même vampire. Il fonctionne avec des règles simples et inviolables :
- Raiden ne peut rien tenter contre le possesseur de l’amulette.
- Raiden doit obéir aux ordres du possesseur.
- Le possesseur peut exiger de lui toute action immédiate, comme capturer, tuer, fuir, porter, etc.
- Les actions sur la durée ne fonctionnent pas, sauf si l’amulette est utilisée par un sorcier. Par exemple, vous ne pourrez pas lui demander de s’endormir, car cela implique une certaine période. Sauf si vous êtes un sorcier. Mais s’il vous arrive malheur, l’ordre prend fin.
- Le possesseur ne peut exiger certaines actions : il ne peut forcer Raiden à se tuer, ni à le tuer lui, en tant que possesseur de l’amulette. Il ne peut lui demander des choses impossibles, comme soulever une montagne ou ressusciter quelqu’un. Il faut que cela reste à la hauteur de Raiden.
- Le possesseur doit avoir conscience de la nature de l’amulette pour donner des ordres à Raiden. Par exemple, si vous ramassez l’amulette, sans savoir de quoi il s’agit, vous aurez beau demander X fois à Raiden de récurer les WC, ça ne fonctionnera pas. Par contre, dès que vous comprenez l’effet de l’amulette, elle s’active. La seule chose qui reste immuable, c’est la protection qu’elle vous accorde contre Raiden.
Faiblesses
Bien sûr, Raiden n’est pas invincible. Il possède plusieurs faiblesses : et pour commencer, son amulette. Outre le plier à sa volonté, elle est le siège de son pouvoir. Si elle est détruite, il mourra. Bien sûr, car ce serait trop facile, elle est d’une extrême résistance - objet magique oblige. Connaissez vous l’expression “Done by blood, undone by blood” ? C’est le principe : l’amulette est faite d’or. Ainsi, seule l’or saura briser son intégrité.
Et donc, deuxième point, seul l’or pourra réellement blesser Raiden, sous forme charnelle comme sous forme élémentaire, empêchant sa reconstitution pendant une certaine durée. Par ailleurs, si vous portez un coup à l’amulette sans pour autant la détruire, cela se répercutera aussitôt sur lui. Oui, exactement comme une poupée vaudoue. Mais... on dit que cette amulette est maudite. Car tous ceux qui l’ont possédée pour assouvir leurs desseins égoïstes ont connu un sort funeste...
Cette amulette a toujours présenté un véritable handicap pour Raiden. Elle attire la convoitise de quiconque pose son regard sur elle ; comme si, douée de conscience, elle incitait de sa volonté muette à ce qu’on la prenne dans sa main. Alors, avec le temps, Raiden a trouvé un moyen de la mettre à l’abri de la cupidité des mortels : dans son corps. Il l’enveloppe de sa magie pour l’intégrer à son essence. Le seul problème, c’est que dès qu’un coup fait mouche, elle a tendance à “s’échapper” ; par instinct de conservation, le corps de Raiden l’éjecte, sachant très bien que si elle est atteinte, il en serait gravement blessé -voire pire.
Troisième point, les champs magnétiques et électromagnétique ; c’est un excellent moyen de le confiner et de bloquer son pouvoir, qu’il soit d’origine scientifique, ou d’origine magique. Du moment qu’il surpasse le sien.
Autre limite connue, les cages de Faraday : toute armature métallique fabriquée sur ce principe pourront l’empêcher de sortir -ou d’entrer. ça se trouve, la véritable découverte de la cage de Faraday est bien antérieure à ce qu’on prétend...
Particularités
Odeur : Raiden dégage une odeur caractéristique, perceptible même pour l'odorat humain : celle de l'ozone. Vous savez, cette odeur bizarre, rappelant l'eau de Javel, qui suit un arc d'électricité statique ? C'est dû à la formation d'ozone, ou trioxygène, à cause de l'ionisation de l'air. Cette molécule instable se change vite en oxygène, habituellement, mais comme Raiden dégage constamment un soupçon d'électricité, l'air proche de son corps est constamment ironisé, lui donnant cette odeur caractéristique de l'ozone.
Électricité statique : du fait de son influence sur les particules chargées, Raiden dégage constamment un niveau bas d'électricité statique. Quand on le touche, on sent ses poils qui se hérissent, on peut même, parfois, se prendre un coup de jus ; et tout ce qui se charge d'électricité statique a tendance à se coller à lui -comme les ballons de baudruche ou le cellofrais, hilarant non ?
Magnétisme : son corps chargé constamment génère un petit champ électromagnétique en continu. Résultat : il affole les boussoles à moins de 2m de lui, il en est de même pour tous les appareils sensibles aux champs électromagnétiques. Ce champ prend de l'ampleur lorsqu'il utilise ses pouvoirs. Cependant ce n'en est pas un, puisqu’il n'a aucun contrôle dessus. À noter que cela constitue l'une de ses faiblesses ; on peut le neutraliser en émettant un champ magnétique bien plus puissant.
Pouvoirs
Kaminari no Yokusei ; Maîtrise de la foudre, des éclairs et de l’électricité ; tout est dit. Il utilise l’énergie électrique stockée dans son corps pour invoquer la foudre et les éclairs, et peut dégager de l’électricité. Cependant, en toute logique, il ne peut pas générer plus d’énergie qu’il n’en a ingéré au préalable, quelque soit la période. Il peut aussi attirer l’électricité environnante à lui, s’il le souhaite. Centrales, lignes haut-voltage, ampoules, câbles et prises électrique… tout y passe. Il n’est même pas rare de voir les lumières clignoter en sa présence, surtout lorsqu’il est sous le coup d’une émotion. Il émet très souvent de petits arcs électriques malgré lui, lorsque qu’il est chargé à bloc. “Denka suru”, pour « Survolté », c’est son expression favorite.
De plus, Raiden est comme un paratonnerre ; il attire la foudre et les éclairs comme le miel avec les abeilles. Il y est totalement invulnérable ; il stocke cette énergie dans son corps, et peut s’en nourrir. Il éprouve même un grand plaisir chaque fois qu’il est frappé par la foudre et les éclairs. Il peut même utiliser l’énergie reçue pour soigner ses blessures. Le grand fou qui court partout en hurlant de joie sous le ciel, en période d’orage, c’est lui.
Kaisoku ; Célérité ; Raiden utilise l’électricité stockée dans son corps comme propulseur. Il peut augmenter drastiquement sa vitesse selon son bon plaisir. Son énergie cinétique est ainsi décuplée, ce qui peut parfois donner des résultats… disons, explosifs.
Ningen no katachi ; Forme humaine ; Raiden est normalement un être fait d’électrons en haute activité. Mais il peut condenser son énergie magique pour prendre la forme d’un être humain à la peau pâle et aux cheveux et yeux jaune électrique, la plupart du temps. Avec le temps, il a même appris à personnaliser cette apparence, si bien qu’il peut modifier ses traits et même sa silhouette.
Denki no katachi ; forme électrique ; sa forme d’origine semble vaguement humanoïde, imposante, mais il peut la modifier à loisir. Il a parfois pris la forme d’un dragon, ce pourquoi on l’a déjà pris pour Ryujin. Sous cette forme il peut investir les circuits électriques de n’importe quelle ville, bâtiment, ou appareil, et se déplacer dans les câbles et lignes haute-tension aussi vite que l’électricité. Il devient presque impossible de l’attraper, et il peut faire beaucoup de dégât. Toutefois on peut le repérer aux violentes décharges qu’il dégage sur son passage.
Denjiki ; Sorawotobu ; sa dernière faculté lui permet de voler, n’importe où, aussi haut qu’il le souhaite.
Raiden est le résultat de longues années de recherche par un petit groupe de sorciers. Il a été créé en alliant la puissance de la foudre et la magie, en canalisant les deux dans un artéfact des temps immémoriaux, qui pourrait être, parait-il, un vestige d’une entité bien plus terrifiante ; certainement le véritable Raijin, la divinité shinto du tonnerre. Son avènement a nécessité le sacrifice imprévu d’un sorcier, celui qui était chargé de diriger l’énergie vers l’amulette. L’essence de Raiden a totalement absorbé celle du magicien, ce qui a donné naissance à un être élémentaire doué de conscience.
Sa véritable forme est un amas de plasma, duquel s’échappe en permanence des arcs électriques. C’est une forme élémentaire, immatérielle. Ainsi, on ne peut le toucher, ni le blesser ; du moins, avec des moyens conventionnels. Mais maintenir cette apparence en permanence s’avère compliqué ; car Raiden devrait alors se nourrir régulièrement, au même rythme que les humains. Or, il ne peut s’alimenter que de la foudre et des éclairs ; et, de nos jours, d’électricité.
Heureusement, il possède une forme charnelle ; probablement un vestige du sorcier qu’il a investi. Cette forme semble parfaitement humaine, en apparence. Cependant, si on y prête plus d’attention, on remarquera plusieurs détails frappants : son corps ne sue ni n’excrète. Du moins naturellement. S’il souhaite passer pour un humain, il peut, par sa volonté, mimer les processus biologiques. C’est sa magie qui fait tout ; il n’a qu’à y penser.
Concernant son anatomie, il possède bien des organes, comme n’importe qui. Cependant, ils ne sont pas véritablement constitués de cellules. C’est sa magie qui le constitue de la tête aux pieds. Autre détail important : dans ses veines coule son fluide vital, son essence liquéfiée, en quelque sorte. Et ce “sang” est doré ; ce qui n’est pas sans rappeler l’ichor des dieux grecs… Raiden peut être “blessé” sous cette forme ; lorsque l’intégrité de son corps est atteinte, son essence s’écoule de la plaie une ou deux secondes... avant de se condenser pour reformer son intégrité physique.
L’artefact qui a servi à sa création, lui, existe toujours. C’est un objet de forme grossièrement circulaire, en or, avec un éclair gravé dessus. Raiden l’appelle “son amulette”. Cet objet est magique. Il plie la volonté de Raiden lorsque possédé par un être conscient ; qu’il soit humain, sorcier ou même vampire. Il fonctionne avec des règles simples et inviolables :
- Raiden ne peut rien tenter contre le possesseur de l’amulette.
- Raiden doit obéir aux ordres du possesseur.
- Le possesseur peut exiger de lui toute action immédiate, comme capturer, tuer, fuir, porter, etc.
- Les actions sur la durée ne fonctionnent pas, sauf si l’amulette est utilisée par un sorcier. Par exemple, vous ne pourrez pas lui demander de s’endormir, car cela implique une certaine période. Sauf si vous êtes un sorcier. Mais s’il vous arrive malheur, l’ordre prend fin.
- Le possesseur ne peut exiger certaines actions : il ne peut forcer Raiden à se tuer, ni à le tuer lui, en tant que possesseur de l’amulette. Il ne peut lui demander des choses impossibles, comme soulever une montagne ou ressusciter quelqu’un. Il faut que cela reste à la hauteur de Raiden.
- Le possesseur doit avoir conscience de la nature de l’amulette pour donner des ordres à Raiden. Par exemple, si vous ramassez l’amulette, sans savoir de quoi il s’agit, vous aurez beau demander X fois à Raiden de récurer les WC, ça ne fonctionnera pas. Par contre, dès que vous comprenez l’effet de l’amulette, elle s’active. La seule chose qui reste immuable, c’est la protection qu’elle vous accorde contre Raiden.
Faiblesses
Bien sûr, Raiden n’est pas invincible. Il possède plusieurs faiblesses : et pour commencer, son amulette. Outre le plier à sa volonté, elle est le siège de son pouvoir. Si elle est détruite, il mourra. Bien sûr, car ce serait trop facile, elle est d’une extrême résistance - objet magique oblige. Connaissez vous l’expression “Done by blood, undone by blood” ? C’est le principe : l’amulette est faite d’or. Ainsi, seule l’or saura briser son intégrité.
Et donc, deuxième point, seul l’or pourra réellement blesser Raiden, sous forme charnelle comme sous forme élémentaire, empêchant sa reconstitution pendant une certaine durée. Par ailleurs, si vous portez un coup à l’amulette sans pour autant la détruire, cela se répercutera aussitôt sur lui. Oui, exactement comme une poupée vaudoue. Mais... on dit que cette amulette est maudite. Car tous ceux qui l’ont possédée pour assouvir leurs desseins égoïstes ont connu un sort funeste...
Cette amulette a toujours présenté un véritable handicap pour Raiden. Elle attire la convoitise de quiconque pose son regard sur elle ; comme si, douée de conscience, elle incitait de sa volonté muette à ce qu’on la prenne dans sa main. Alors, avec le temps, Raiden a trouvé un moyen de la mettre à l’abri de la cupidité des mortels : dans son corps. Il l’enveloppe de sa magie pour l’intégrer à son essence. Le seul problème, c’est que dès qu’un coup fait mouche, elle a tendance à “s’échapper” ; par instinct de conservation, le corps de Raiden l’éjecte, sachant très bien que si elle est atteinte, il en serait gravement blessé -voire pire.
Troisième point, les champs magnétiques et électromagnétique ; c’est un excellent moyen de le confiner et de bloquer son pouvoir, qu’il soit d’origine scientifique, ou d’origine magique. Du moment qu’il surpasse le sien.
Autre limite connue, les cages de Faraday : toute armature métallique fabriquée sur ce principe pourront l’empêcher de sortir -ou d’entrer. ça se trouve, la véritable découverte de la cage de Faraday est bien antérieure à ce qu’on prétend...
Particularités
Odeur : Raiden dégage une odeur caractéristique, perceptible même pour l'odorat humain : celle de l'ozone. Vous savez, cette odeur bizarre, rappelant l'eau de Javel, qui suit un arc d'électricité statique ? C'est dû à la formation d'ozone, ou trioxygène, à cause de l'ionisation de l'air. Cette molécule instable se change vite en oxygène, habituellement, mais comme Raiden dégage constamment un soupçon d'électricité, l'air proche de son corps est constamment ironisé, lui donnant cette odeur caractéristique de l'ozone.
Électricité statique : du fait de son influence sur les particules chargées, Raiden dégage constamment un niveau bas d'électricité statique. Quand on le touche, on sent ses poils qui se hérissent, on peut même, parfois, se prendre un coup de jus ; et tout ce qui se charge d'électricité statique a tendance à se coller à lui -comme les ballons de baudruche ou le cellofrais, hilarant non ?
Magnétisme : son corps chargé constamment génère un petit champ électromagnétique en continu. Résultat : il affole les boussoles à moins de 2m de lui, il en est de même pour tous les appareils sensibles aux champs électromagnétiques. Ce champ prend de l'ampleur lorsqu'il utilise ses pouvoirs. Cependant ce n'en est pas un, puisqu’il n'a aucun contrôle dessus. À noter que cela constitue l'une de ses faiblesses ; on peut le neutraliser en émettant un champ magnétique bien plus puissant.
Pouvoirs
Kaminari no Yokusei ; Maîtrise de la foudre, des éclairs et de l’électricité ; tout est dit. Il utilise l’énergie électrique stockée dans son corps pour invoquer la foudre et les éclairs, et peut dégager de l’électricité. Cependant, en toute logique, il ne peut pas générer plus d’énergie qu’il n’en a ingéré au préalable, quelque soit la période. Il peut aussi attirer l’électricité environnante à lui, s’il le souhaite. Centrales, lignes haut-voltage, ampoules, câbles et prises électrique… tout y passe. Il n’est même pas rare de voir les lumières clignoter en sa présence, surtout lorsqu’il est sous le coup d’une émotion. Il émet très souvent de petits arcs électriques malgré lui, lorsque qu’il est chargé à bloc. “Denka suru”, pour « Survolté », c’est son expression favorite.
De plus, Raiden est comme un paratonnerre ; il attire la foudre et les éclairs comme le miel avec les abeilles. Il y est totalement invulnérable ; il stocke cette énergie dans son corps, et peut s’en nourrir. Il éprouve même un grand plaisir chaque fois qu’il est frappé par la foudre et les éclairs. Il peut même utiliser l’énergie reçue pour soigner ses blessures. Le grand fou qui court partout en hurlant de joie sous le ciel, en période d’orage, c’est lui.
Kaisoku ; Célérité ; Raiden utilise l’électricité stockée dans son corps comme propulseur. Il peut augmenter drastiquement sa vitesse selon son bon plaisir. Son énergie cinétique est ainsi décuplée, ce qui peut parfois donner des résultats… disons, explosifs.
Ningen no katachi ; Forme humaine ; Raiden est normalement un être fait d’électrons en haute activité. Mais il peut condenser son énergie magique pour prendre la forme d’un être humain à la peau pâle et aux cheveux et yeux jaune électrique, la plupart du temps. Avec le temps, il a même appris à personnaliser cette apparence, si bien qu’il peut modifier ses traits et même sa silhouette.
Denki no katachi ; forme électrique ; sa forme d’origine semble vaguement humanoïde, imposante, mais il peut la modifier à loisir. Il a parfois pris la forme d’un dragon, ce pourquoi on l’a déjà pris pour Ryujin. Sous cette forme il peut investir les circuits électriques de n’importe quelle ville, bâtiment, ou appareil, et se déplacer dans les câbles et lignes haute-tension aussi vite que l’électricité. Il devient presque impossible de l’attraper, et il peut faire beaucoup de dégât. Toutefois on peut le repérer aux violentes décharges qu’il dégage sur son passage.
Denjiki ; Sorawotobu ; sa dernière faculté lui permet de voler, n’importe où, aussi haut qu’il le souhaite.
Physique
« Un homme qui donne sens à l'expression "coup de foudre" »
La lumière d’une lampe torche se braque sur un mur, dévoilant de nombreuses fresques, reliefs, estampes, et autres représentations artistiques. Elles mettent en scène un homme, plutôt grand, un peu plus du mètre quatre-vingt d’après les légendes. Celui-ci est vêtu, la plupart du temps, d’une armure de samouraï, mettant en évidence son allure de guerrier. Un être humain bien bâti, à la musculature prononcé, si l’on en croit une esquisse le représentant torse-nu, qui se tient toujours droit, les épaules légèrement en arrière, dans une attitude assurée, voire même arrogante. Voilà un homme qui ne manque pas de confiance en lui.
La lueur se déplace sur un second mur, pour dévoiler des portraits du même individu. Les traits de son visage semblent varier, cependant, il est une image qui revient souvent. Celle d’un homme, la trentaine, aux traits harmonieux, qui soulignent une virilité certaine. Sa chevelure d’un blond électrique est assortie à ses yeux insolites. La gravure est trop imprécise pour donner vie à son regard, mais les textes parlent d'iris d'un jaune électrique, saisissant, transperçant, qui tantôt inspirent l’admiration, et tantôt vous glacent d'effroi. Un regard qui jauge, qui toise, qui apprécie, autant qu'il fustige.
Et son visage, lui, semble nuancé de la même dualité. Une gravure le présente avec un sourire avenant, à la dentition parfaite -trop parfaite- une autre avec un air terrifiant, une troisième avec une lueur de défi, la dernière avec une expression amusée. Ce sourire qu’il arbore, arrogant et pourtant si séducteur, a certainement fait des ravages. Le regard de cet homme, explique la légende, est très expressif ; il se suffit à lui-même pour faire passer un message. Pour vous signifier si vous lui plaisez, ou si vous l’ennuyez.
La lampe-torche se braque ensuite sur des ouvrages, des parchemins envahis d’esquisse, représentant l’individu dans des activités quotidiennes, ce qui permet d’entrevoir son allure à différents moments. Il porte aussi bien le kimono que l’armure. C’est un homme qui dégage une aura de gloire. Une prestance sans égale. Du genre qui vous scotche, muet, sur votre siège, au moment où il fait irruption dans la pièce. Les textes le dépeignent comme un être humain se déplaçant d’une démarche nonchalante, à son rythme, tantôt pressé, tantôt relaxé.
Visiblement, il affectait plusieurs teintes ; le noir, principalement, mais aussi le bleu vif et le blanc. Deux couleurs qui rappellent le milieu céleste, qualificatif qui lui est souvent attribué, étrangement. La torche parcourt la salle obscure jusqu’à débusquer d’autres représentations, semble-t-il du même homme, mais dans un style très différent. Les vêtements, les armures et les armes ne sont pas de la même ethnie. Tantôt maya, tantôt scandinave, cela illustre ses voyages, et démontre qu’il peut porter n’importe quoi et conserver cette éternelle aura de majesté.
Et puis, finalement, le phare miniature débouche sur un amas de parchemins ; et eux ne dépeignent pas l’apparence d’un être humain, non… Ils montrent une entité terrifiante, constitué d’électricité, sous forme de plasma. Un être élémentaire, blanc, jaune et bleu tout à la fois, ayant pour seul point commun avec un humain, ces deux fentes ambrées qui ressemblent à s’y méprendre à une paire d’yeux. Un corps de foudre qui peut se distordre, se condenser, ou au contraire s’étendre, pour changer de forme. Aigle, dragon, simple humanoïde, ou bien une boule de feu, exactement comme ces rares apparences de la foudre. Une apparence fascinante et intimidante, qui inspire la crainte et la vénération. Une forme que, on le devine facilement, il vaut mieux ne pas invoquer, si l’on souhaite rester entier.
La lueur se déplace sur un second mur, pour dévoiler des portraits du même individu. Les traits de son visage semblent varier, cependant, il est une image qui revient souvent. Celle d’un homme, la trentaine, aux traits harmonieux, qui soulignent une virilité certaine. Sa chevelure d’un blond électrique est assortie à ses yeux insolites. La gravure est trop imprécise pour donner vie à son regard, mais les textes parlent d'iris d'un jaune électrique, saisissant, transperçant, qui tantôt inspirent l’admiration, et tantôt vous glacent d'effroi. Un regard qui jauge, qui toise, qui apprécie, autant qu'il fustige.
Et son visage, lui, semble nuancé de la même dualité. Une gravure le présente avec un sourire avenant, à la dentition parfaite -trop parfaite- une autre avec un air terrifiant, une troisième avec une lueur de défi, la dernière avec une expression amusée. Ce sourire qu’il arbore, arrogant et pourtant si séducteur, a certainement fait des ravages. Le regard de cet homme, explique la légende, est très expressif ; il se suffit à lui-même pour faire passer un message. Pour vous signifier si vous lui plaisez, ou si vous l’ennuyez.
La lampe-torche se braque ensuite sur des ouvrages, des parchemins envahis d’esquisse, représentant l’individu dans des activités quotidiennes, ce qui permet d’entrevoir son allure à différents moments. Il porte aussi bien le kimono que l’armure. C’est un homme qui dégage une aura de gloire. Une prestance sans égale. Du genre qui vous scotche, muet, sur votre siège, au moment où il fait irruption dans la pièce. Les textes le dépeignent comme un être humain se déplaçant d’une démarche nonchalante, à son rythme, tantôt pressé, tantôt relaxé.
Visiblement, il affectait plusieurs teintes ; le noir, principalement, mais aussi le bleu vif et le blanc. Deux couleurs qui rappellent le milieu céleste, qualificatif qui lui est souvent attribué, étrangement. La torche parcourt la salle obscure jusqu’à débusquer d’autres représentations, semble-t-il du même homme, mais dans un style très différent. Les vêtements, les armures et les armes ne sont pas de la même ethnie. Tantôt maya, tantôt scandinave, cela illustre ses voyages, et démontre qu’il peut porter n’importe quoi et conserver cette éternelle aura de majesté.
Et puis, finalement, le phare miniature débouche sur un amas de parchemins ; et eux ne dépeignent pas l’apparence d’un être humain, non… Ils montrent une entité terrifiante, constitué d’électricité, sous forme de plasma. Un être élémentaire, blanc, jaune et bleu tout à la fois, ayant pour seul point commun avec un humain, ces deux fentes ambrées qui ressemblent à s’y méprendre à une paire d’yeux. Un corps de foudre qui peut se distordre, se condenser, ou au contraire s’étendre, pour changer de forme. Aigle, dragon, simple humanoïde, ou bien une boule de feu, exactement comme ces rares apparences de la foudre. Une apparence fascinante et intimidante, qui inspire la crainte et la vénération. Une forme que, on le devine facilement, il vaut mieux ne pas invoquer, si l’on souhaite rester entier.
Caractère
« Dans quel camp je suis ? Voyons, l’ami… tu dois bien t’en douter, non ? Je n’ai et n’aurai jamais qu’un seul camp : le mien. »
Journal de Ryu Maeda - 19 septembre 541
"Raiden est un véritable électron libre. Sans cette amulette, jamais je ne serais parvenu à le garder sous contrôle. Insolent, il cherche perpétuellement les limites. Un peu comme un enfant… mais éminemment destructeur. Il a un fort esprit de contradiction, mais, par dessus tout, il déteste qu’on lui donne des ordres. Je sens son regard furieux sur mes épaules chaque fois que je me détourne après l’avoir commandé. Il n’est loyal qu’à son intérêt, et à son amulette, par nécessité. Il ne faut pas songer une seule seconde à lui confier ses secrets, et encore moins sa vie. La fortune change autant que la direction du vent ; au moindre revirement, il vous vendrait au plus offrant.
Contrairement à ce que je pensais, il n’est pas né en coquille vide. Il possédait déjà des traits de caractère bien déterminés. Est-ce dû à l’essence du sorcier qu’il a absorbé ? Parfois, je me demande si une part de lui n’a pas subsisté chez Raiden. D’un autre côté, il est en perpétuelle évolution. Il fait preuve d’une grande curiosité pour beaucoup de domaine. Il aime apprendre, cependant il se dissipe très vite ; c’est surtout qu’il se lasse vite d’une situation qui n’évolue pas. Si on ne capte pas assez son attention, et assez longtemps, elle s’évade. Il ne tient vraiment pas en place, ce qui ne m’aide pas à canaliser son énergie débordante.
Il semble très proche de l’autre entité, Fujin. C’est lui dont je me méfie le plus. Il est bien plus calme et mesuré que son frère ; mais j’ai déjà surpris son regard, vif, sournois, calculateur. Heureusement, Raiden est plutôt du genre franc et direct. Il ne cherche pas à manipuler les autres, en dehors, peut-être, de leur inspirer du respect ou de la crainte. Il cherche leur admiration pour les ranger dans son camp. Je ne peux m’empêcher de lui trouver les qualités d’un meneur d’homme.
Pour autant, il n’est pas aisé de le comprendre. Impulsif de nature, il peut se montrer très imprévisible, changeant de décision sur un coup de tête. La seule chose dont je suis véritablement sûr, actuellement, c’est qu’il agira toujours dans son propre intérêt. Et, bien sûr, il ne pourra pas s’empêcher de sortir à chaque orage. Tel un papillon attiré par la lumière, il s’y précipite, quel qu’en soit le prix.
La seconde chose qu’il aime le plus après la foudre, c’est le combat. Plus qu’une activité physique, c’est pour lui un véritable divertissement, un moyen de passer le temps, chasser son ennui lorsqu’il n’a rien de mieux à faire que compter les nuages. Instructeur et champion d’arène, c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour l’empêcher de détruire son environnement pour fuir l’ennui. Il déteste les combats faciles, les batailles gagnées d'avance. Il recherche sans arrêt les défis. Et cela semble s’appliquer pour tout, relations humaines compris...
Son attitude est tout autre lorsque l’hiver vient. C’est certainement dû à l’absence quasi totale d’orage. Ne pouvant se nourrir aussi régulièrement que n’importe qui, il plonge progressivement dans la paresse et il peut passer des journées entières à dormir, à se prélasser au soleil, ou à regarder les hommes s’entraîner dans la cour. Si bien que je dois presque à chaque fois utiliser l’amulette pour le motiver. Pour un peu, on aurait dit un autre homme.”
Journal de Suiko Tenno - 24 mars 603
“Quel énigmatique personnage que Raiden… J’ai tout de suite décelé chez lui un grand potentiel. Mais je m’y suis mal prise. J’ai voulu le plier à ma volonté, sans artifice, sans cette amulette. Mais ce n’est pas quelqu’un qu’on peut aisément faire ployer. Au début, il s’est montré très sauvage, n’accédant à aucune de mes requêtes, se fichant royalement de mon rang et de mon pouvoir. Puis j’ai appris à le connaître. A le comprendre. Ce n’est pas un homme qu’on gagne par la force. Car il nous surpassera toujours. C’est peut-être vraiment un dieu.
Ainsi, avec le temps, j’ai réussi à le décrypter. Avant toute chose, il faut gagner son respect, pour espérer une réciprocité. Et le meilleur moyen que j’ai trouvé, c’est en lui témoignant de la reconnaissance. Reconnaître son statut de citoyen, de héros de guerre, de chef militaire. D’entité supérieure, aussi. Et finalement, alors que je m’apprêtais à baisser les bras, il a concédé à ma requête. Il a accepté, de lui-même, de devenir mon garde du corps. Pile au moment où j’allais abandonner… Ce que j’ai trouvé extrêmement agaçant.
Il n’a pas l’air comme ça, hyperactif et dissipé, mais c’est un fin observateur. S’il le veut vraiment, il prend le temps d’analyser les autres. De les décrypter. De les comprendre. Et je sais que ce soir là, il savait déjà comment je fonctionne. Ce qui me plait et ce qui m’énerve. Cela démontre sa grande détermination. Quand il a une idée en tête, il ira jusqu’au bout. Qu’importe le temps que ça prendra. Qu’importe de la difficulté. Qu’importe des moyens à employer. C’est vraiment un grand homme, dans le fond.
Je ne lui connais aucune peur. Quand je lui ai posé la question, un jour, il m’a répondu : “mais de quoi devrais-je avoir peur ?” Il n’a pas tort. Il est adoré, ou craint. On ne lui connait pas de faiblesse pour le tuer. En revanche il n’est pas difficile de le mettre en colère. Selon le sujet, il s’emporte facilement. Et s’il y a une chose qu’il déteste par dessus tout, c’est qu’on le prive de sa liberté. De son libre arbitre. Et pour l’avoir vu régler ses comptes avec un officier, il est du genre à faire payer au centuple les torts qu’on lui a causé. Et qu’importe le temps passé, il n’oublie rien, croyez-moi.
Certains l’ont déjà qualifié d’oni ou de bakemono. Personnellement, je ne le perçois pas comme tel. Certes, il peut faire preuve d’une certaine cruauté, mais de ce que j’ai pu constaté, elle est toujours justifiée. Certains confondent d’ailleurs son indifférence avec de la cruauté. Car il est difficile de susciter son intérêt. Il pourrait tout à fait laisser un homme mourir de faim dans la rue, parce qu’il ne représente rien à ses yeux et qu’il ne voit pas quel intérêt il aurait à lui venir en aide. Pour autant, son malheur ne le sert pas non plus ; il ne prendra aucun plaisir à le voir mendier ou mourir de faim. C’est donc bien de l’indifférence -et un grand manque de compassion, je le reconnais- et non de la cruauté.
Si je devais citer ses qualités, celle qui ont fait naître des sentiments dans mon coeur aigri d’impératrice veuve… Ambition, fierté, reconnaissance, défiance aussi, même si ça m’agace tout autant. Il a un esprit rebelle qui, je pense, a dû faire chavirer plus d’un coeur. Et, finalement, quand on a su le conquérir, on peut espérer de lui un peu d’affection, et même de tendresse, bien qu’il la montre à sa manière. Tant qu’il y a une réciproque.
Il n’est pas spécialement bon, ni gentil, bienveillant ou généreux. Pour autant, ce n’est pas un homme mauvais, dans le fond. C’est juste un être en constante évolution, imparfait, qui se sent bien au-dessus de nos préoccupations de mortel. Et il a très certainement raison..."
Histoire - Résumé
« Une véritable épopée »
- Spoiler:
- Raiden est "né" l'été 538, créé par un sorcier, Ryu Maeda, en même temps qu'une autre entité, Fujin, un être élémentaire de vent. C'est le chef du clan Monobe qui a soutenu l'œuvre. Celui ci défendait le shintoïsme et luttait contre le clan Soga, qui lui s'intéressait de près au bouddhisme et cherchait à le propulser au rang de religion d'état. Les premières années de sa vie, il est entraîné pour devenir un combattant hors pair. Une arme de guerre, associé au kami de la foudre dans le but d'asseoir la domination des Monobe.
Mais le chef du clan ne le respecte pas. Il connaît son origine, et s'il fait croire à son origine divine, il le traite en réalité comme un esclave. Ce qui le conduira à sa perte. La guerre entre les deux clans éclate véritablement en 585. En 587, alors que Fujin est en patrouille, il surprend la prière du prince Shotoku, qui implore Bishamonten de leur accorder la victoire. Il se fait passer pour le dieu bouddhiste et fait passer un message au clan Soga : pour remporter la victoire, il faudra dérober les amulettes que Monobe porte au coup. Et le lendemain, c'est ce qu'il se passe. Des que les amulettes changent de camp, Raiden et Fujin se retournent contre leurs oppresseurs. Monobe est tué, et les deux élémentaires entrent au service des Soga.
Peu de temps après, la princesse Nukatabe, veuve de l'empereur Bidatsu et nièce de Soga no Umaki, chef du clan, le convoque pour le rencontrer. Elle lui propose de devenir son garde du corps, dans le but d'éviter toute tentative d'assassinat à l'égard de son clan. Mais Raiden refuse. Il s'ensuit plusieurs années de rivalité, pendant lesquelles elle insiste, avant de finalement lui rendre des honneurs. Quand elle devient Suiko Tenno, première femme empereur, il accepte finalement son ultime proposition. Mais les deux se sont entichés l'un de l'autre après ces années de provocation. Ainsi, Raiden devient l'amant de Suiko Tenno.
La paix ne convient pas à Raiden. C'est un homme d'action qui, lorsqu'il ne se bat pas, a besoin de bouger. Avec l'accord de l'impératrice, il prend le large, en compagnie de Fujin, pour explorer d’autres terres asiatiques. Ils reviennent en 628 ; Suiko Tenno est alors malade et mourante. Sur son lit de mort, elle offre la liberté à Raiden et son ami. Mais le nouveau chef du clan, Soga no Emishi, trahit la parole de sa cousine. A peine est-elle enterrée qu’il dérobe les amulettes des deux entités et les force à rester dans la péninsule. Cela dure jusqu’en 645, où Raiden trouve l’occasion de se venger de son oppresseur : Emishi n’étant pas un sorcier, son emprise est limitée et cela permet à Raiden de prendre part à un complot. Le 10 juillet 645, le prince Naka no Oe et Nakatomi no Kamatari assassinent l’empereur de l’époque, Iruka, le fils d’Emishi. Ce dernier se suicide en incendiant son domaine ; dans l’agitation, Raiden récupère les amulettes et les deux entités quittent le Japon pour découvrir de nouveaux horizons.
Ils voyagent plusieurs années avant de mettre les pieds dans la forêt de l’Amazonie, en Amérique du Sud. Là bas, ils sont pris pour des dieux par les indigènes, et en profitent largement. Cependant, après un siècle à côtoyer les civilisations décadentes se livrant aux sacrifices humains, qui ne plaisent guère à Raiden, ils finissent par se lasser et remontent vers le Nord pour tomber sur les terres des actuels Etats-Unis. Ils vivent quelques temps auprès des amérindiens, découvrant au passage l’existence des changelins. Ils laissent derrière eux le mythe de l’oiseau-tonnerre, après avoir été surpris sous leurs formes originelles.
Ils poursuivent leur périple encore plus au Nord, en Alaska. Mais les températures glaciales ne conviennent pas à Raiden, qui préfère la chaleur moite de l’été, notamment parce qu’elle donne en général naissance à des orages. Sans éclair, il ne peut se nourrir. Ainsi, ils repartent au bout de quelques mois seulement et prennent la direction de l’Est. C’est ainsi qu’ils mettent les pieds en Norvège, vers 780, déclenchant involontairement l’âge des vikings.
En effet, ils tombent sur deux armées qui s’affrontent. En se défendant furieusement avec un marteau de guerre contre une attaque des survivants, Raiden est pris pour une divinité majeure de leur panthéon : Thor. Fujin quant à lui est assimilé à Loptr, une des identités de Loki. Ce peuple guerrier et honorable plait beaucoup à Raiden. Il les mène au combat lors des nombreux raids vikings qui secouent le Nord de l’Europe pendant presque trois siècles. Pendant cette période, il fait sa première rencontre avec un vampire, qui le défie en duel, pensant l’égorger facilement sur la place publique. Cependant, ni l’un ni l’autre ne prend le dessus, Raiden étant intouchable, et le vampire étant increvable. Le vampire déclare forfait, mais il a gagné le respect de Raiden, qui l’invite à boire pour fêter cette bataille fort amusante.
Mais Raiden est finalement forcé par un sorcier de retourner au Japon. Ils reviennent en 1066 sur leur terre natale. Il s’écoule un siècle sans événement majeur, pendant lequel ils évitent soigneusement les clans dirigeants, désirant cette fois échapper à la cupidité des hommes. Toutefois, lors de la montée de l’élite guerrière, les samurais, peu après 1159, Raiden ne peut résister à la tentation et il s’engage, sa réputation le précédent. Il participe à la guerre de Jokyu en 1221, sous l’égide du Shogunat de Kamakura, mettant fin à la rébellion de l’empereur retiré Go-Toba. Raiden prend le commandement du Rokuhara Tandai pour faire passer l’ennui qui s’installe les décennies suivantes.
En 1266, des émissaires mongoles arrivent pour imposer au Japon de courber l’échine, sous peine d’être envahis. Bien sûr, ils sont renvoyés bredouilles, sous le rire tonitruant de Raiden, qui persuade le gouvernement de l’époque de résister. Les mongols reviennent deux ans plus tard pour réitérer leur menace ; même résultat. Toutefois, le vent de la guerre commence à souffler. Le Shogunat prépare ses troupes à une invasion et fortifie les côtes du Nord.
En 1274, une immense flotte navale débarque sur la baie d’Hakata. Les japonais résistent farouchement. Mais ils ne doivent leur salut qu’à la malice de Raiden et l’intervention de Fujin. Ce dernier a répandu un vent de rébellion dans l’armée ennemi, après avoir détruit la majeure partie de leurs vivres. Et il déclenche une tempête de grande ampleur, prenant sa forme de tornade. La flotte ennemie est fortement endommagée et forcée de rebrousser chemin. Les soldats alliés surnomment alors Fujin “Kamikaze”.
Les mongols reviennent en 1281, avec une armée bien plus conséquente, ayant remporté une victoire décisive sur le sud de la Chine. Cette fois, Raiden se jette à corps perdu dans la bataille et prend lui aussi sa forme originelle, prenant l’apparence d’un furieux dragon, qui lui vaut par après le surnom de Ryujin. A eux deux, ils écrasent lourdement la flotte mongole, qui ne remettra jamais les pieds sur l’Archipel.
Pendant plusieurs décennies, ils restent relativement passifs, ayant besoin de refaire leurs forces. De plus, les sorciers japonais commencent à les craindre, et les deux entités se sentent régulièrement épiés. Ils participent toutefois à la bataille de la Minato-gawa en 1333, appelés par le Shogun. Puis ils quittent un temps le Japon pour fuir l’attention des sorciers et explorent les autres contrées de l’Asie. Ils reviennent au milieu du 15e siècle, et croise rapidement le chemin du clan Hosokawa, qui parvient à mettre la main sur les amulettes et les oblige à participer au conflit contre Yamana.
Raiden est mis sur la touche, étant jugé trop impétueux ; Fujin est chargé de négocier tout en trompant Yamana. Mais Raiden n’a pas dit son dernier mot ; il fait un coup bas à Hosokawa en lançant la foudre sur sa demeure, qui prend feu. Cela déclenche une guerre ouverte entre Yamana et Hosokawa. Tout le Nord de Kyoto est réduite en ruine. Les deux belligérants trouvent la mort en 1473, mais le conflit ne cesse pas pour autant. Il se répand à travers les provinces de la péninsule, alors que l’empereur se complet dans le luxe et ne lève pas un doigt pour défendre la population.
Raiden se rebelle ; il prend part aux mouvements de résistance des ji-samurai en 1485 et les aide à fonder leur propre gouvernement. En 1488, il chasse les principaux seigneure de la province de Kaga, s’étant engagé dans la secte ikko-ikki. Mais les sorciers ont infiltré l’organisation. Ils lui tendent un piège habile en l’attirant dans la plaine juste à côté de la forteresse. Là, il est fait prisonnier par un sortilège rituel.
Fujin vient rapidement à son secours. Mais les sorciers sont bien préparés ; leur équipe a été conçu spécifiquement pour lutter contre l’élémentaire du vent. Rassemblant ses deux faiblesses, le feu et le cristal -composant de son amulette- ils prennent le dessus en lui infligeant de nombreuses souffrances. Finalement, lorsque l’amulette de Fujin est éjectée de son corps après une grave blessure, le cristallomancien la détruit.
La douleur de Fujin plonge Raiden dans une rage dévastatrice ; il parvient à faire voler en éclat le sort qui le retient. Il fonce sur les meurtriers, qui parviennent à s’échapper, malheureusement il ne peut plus rien pour son compagnon. Celui-ci s’éteint dans ses bras, le plongeant dans un état second, partagé entre fureur et chagrin. Quand il aperçoit le cristallomancien laissé derrière, il passe ses nerfs sur lui, le torturant pour obtenir des informations sur ses camarades. Il traque les autres pendant plusieurs mois et ne s’interrompt que lorsque le dernier a rendu l’âme.
Pendant de nombreuses années, il erre dans la solitude, accablé de chagrin. Puis il décide de prendre sa revanche ; les meurtriers sont peut-être morts, mais il sait l’Enclave japonaise responsable de leur traque. Il fonde le clan Kaminari en 1498, et épouse en 1510 la dernière fille du chef d’un autre clan pour se faire des relations et consolider son influence. Il fait fabriquer dans le plus grand secret une réplique de son amulette, qu’il imprègne de magie pour mieux tromper les sens des sorciers, si jamais ils parviennent à mettre la main dessus. En 1518, il receuille un orphelin, Raitaro, qui sera élevé par sa femme majoritairement. Mais cette dernière est emportée par la maladie en 1527 ; Raiden, sensible à la peine de son fils, reprend alors son éducation et tisse une relation solide avec lui.
Un mouvement s’est formé dans le clan de Raiden ; un rassemblement de fidèles qui le vénèrent comme un dieu et se font appeler le Rakurai. Ils lui bâtissent un temple ; mais les sorciers ont infiltré l’organisation, et ils piègent la construction avec de l’acier, constituant une grande cage de Faraday. Le jour de l’anniversaire de Raitaro, le 13 janvier 1538, alors qu’il fait visite son sanctuaire à son fils, des rakurai se rapprochent sans raison. Il ordonne à Raitaro de se cacher avant d’aller à la rencontre de ces indésirables. Il devine qu’ils ne sont pas là pour rendre des offices. Se sachant démasqués, un affrontement commence.
Au cours de la bataille, il est poignardé dans le dos par une arme en or, sa faiblesse. Son amulette est éjectée de son corps et atterrit non loin de Raitaro. Ce dernier profite de l’agitation générale pour substituer en toute discrétion l’amulette de son père avec la réplique. Raiden fait diversion pour lui permettre de s’enfuir sans être vu de ses ennemis. Il peut désormais déchaîner toute sa puissance sans risque de blesser son fils. Mais il n’en a pas le temps ; un sorcier active le pouvoir restricteur du temple. Raiden finit emprisonné dans le temple tandis que ses ennemis s’enfuient avec la réplique de son amulette, croyant détenir la vraie.
Après plusieurs mois, l’un d’eux revient pour lui annoncer son châtiment : condamné à moisir dans le temple, pour sombrer dans l’oubli. Car les sorciers ont effacé toute trace de son existence, en commençant par les souvenirs de son fils. Raiden finit par plonger dans une profonde léthargie, privé d’énergie.
Il est réveillé accidentellement en 1938 par un archéologue et son jeune assistant. D’un naturel juste et reconnaissant, il passe un marché avec eux : en échange de leur silence, il les aide à débusquer une antiquité supposée légendaire. Puis il part en quête de son amulette, pour la retrouver dans la collection d’un riche homme en Russie.
Après ça, il parcourt de nombreux pays, créant de nombreuses pannes de courant sur son passage. Il enchaîne une multitude de métier, pour finir par monter sa propre affaire ; un “agent tous risque” qui se fait payer pour résoudre des problèmes auxquelles ses clients n’ont trouvé aucune solution. Il finit par se tourner vers Nakanoto, suite aux rumeurs qu’il a pu entendre lors de ses brefs passages sur l’Archipel. Et, après une rapide reconnaissance, il s’y installe à la fin du mois d’avril 2018.
Et toi, mon enfant ?
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Aberration
Race : Dieu de la foudre
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Mer 23 Oct 2019 - 23:22
Partie 1 - La naissance d'un guerrier
Le Néant. Ce noir, cette absence de vie, ce trou béant où rien n'a de sens. Juste un calme permanent. Pas de son. Pas d'image. Pas de sensation. Seulement une éternelle sérénité.
Puis un éclat aveuglant. L'antagoniste. Le noir cède la place au clair. L’ombre à la Lumière. Le silence au bruit. Des vibrations. Des voix. Des exclamations, des cris de stupeur. De douleur. De peur.
Et une sensation fulgurante, désagréable, insupportable, qui irradie et consume. Douleur. Un cri intérieur, un hurlement, un gémissement. Confusion. Questionnement. Quel sens à tout ça ? Trop d'informations à enregistrer. Trop de nouveauté. Est-ce donc ça, la vie ?
Puis une âme, une conscience, une autre essence, absorbée, consumée, intégrée. La peur, la supplication, comme si son sort funeste pouvait changer. Mais c'est trop tard, personne ne peut plus rien. Et aussitôt, des souvenirs, des émotions, des sentiments. Est-ce donc ça, avoir un cœur ?
Ce sont mes premières sensations, mes premiers souvenirs, mes premières émotions. Vestige d'une époque antédiluvienne où des puissances magiques régnaient en maîtres, abandonné au Néant, rappelé à la Vie. Né pour être guerrier, un dieu que nul ne pourrait vaincre, un être créé pour se battre et tuer. Pourtant, je suis “né” imparfait. Les capacités de création de mes maîtres avaient leurs limites. Nul ne peut s'autoproclamer dieu. Même moi, qui ait longtemps prétendu en être un, je le sais. Parce qu'un dieu est tout puissant. Un dieu peut être blessé, il a ses faiblesses. Mais un dieu ne meurt pas. Oh bien sûr, si je suis là, c'est que personne n'a encore réussi cet exploit. Mais j'ai assisté à la mort. Je la connais très bien. Et la peur, la colère, la tristesse sont des émotions primitives, vitales. Oui. Vitales. Elles stimulent notre instinct de survie pour nous préserver. Pour notre survie. Si j'en suis doté, c'est donc que, en toute logique, je peux disparaître.
La première chose que je vis, c'était cet homme, fasciné et terrorisé tout à la fois. La peur suintait par tous les pores de sa peau, mais il ne bougeait pas. Je sentais une folle énergie émaner de mon corps. Enfin corps… Essence plutôt. Une surface lisse et miroitante me permit d'appréhender mon apparence. Une boule de lumière, instable, changeante. Ou plutôt, de foudre. Tantôt blanche, tantôt bleue, tantôt jaune, mais toujours ces deux billes au milieu. Des yeux ? De l'énergie pure peut elle avoir des yeux ? J'eus besoin de temps pour appréhender mon état. Découvrir ce que j'étais. Ce que je pouvais faire. Changer de forme. L'électricité se distordit tandis que je testais mes capacités. Dans le miroir, je me vis m'allonger, rétrécir, puis grandir à nouveau. Quelle étrange sensation.
Je sentis un mouvement suspect sur ma gauche et pivotai brusquement. L'homme s'était déplacé dans un dessein qui m'était encore inconnu. Je l'effrayais, mais quelque chose de plus important que sa survie semblait le retenir.
"N'ai pas peur… Ne m'attaque pas d'accord ? Tu me comprends ?"
Curieusement oui, je le comprenais. Peut être était-ce grâce à cet autre conscience que j'avais senti en moi, l'espace d'un instant. J'avais peut être hérité de son savoir. Je me contentai de le fixer un moment, curieux, cherchant à percer ses intentions.
"C'est grâce à moi que tu es là."
Seul mon silence salua son intervention inutile. Je m'en doutais à dire vrai. Toutefois je sentais qu'il manigançait quelque chose. Je pressentais qu'il m'imposait la reconnaissance. Mais pourquoi devrais-je l'être ? Il m'avait créé, certes. Mais je ne lui devais rien. Je n'existais que depuis cinq minutes, ma conscience avait mieux à faire que décider vers qui ma loyauté devait se tourner. J'ai commencé à ressentir de l'appréhension. Il fallait que je sortisse. Trouver la liberté. Je me détournai de cet homme et fusai vers l'issue la plus proche.
Mais une force prodigieuse me retint au dernier moment, alors que je franchissais le portique. J'étais incapable de la combattre. Quelque chose semblait me contrôler comme un vulgaire pantin. Je me retournai et découvris l'homme en possession d'une amulette. Un objet semblable à un tambour miniature, gravé d'un éclair. Il le serrait dans sa main, et c'était comme s'il me tenait. Je compris aussitôt. Cet objet lui permettait de me contrôler, car il était l'origine du pouvoir antique qui me constituait. Instinctivement, je sus que tant qu'il l'aurait en sa possession, je ne pourrais rien faire contre lui.
"Bien. Tu vois je ne te veux aucun mal, juste... Bénéficier de tes capacités."
Bénéficier. Voler, utiliser, manipuler, ose utiliser les mots juste au moins. Vile personnage. Je restai immobile tandis qu'il s'approchait. J'étais impuissant de toute façon. Et ma frustration était grande. Car je sentais ce pouvoir sous-jacent qui hurlait, qui souhaitait s'exprimer librement.
"Tu as envie d'en découdre hein ? Ne t'inquiète pas tu en auras l'occasion. Maintes fois. Après tout c'est pour ça que je t'ai créé. Même si… Je n'avais pas prévu que tu m'arrache l'un de mes assistants. C'est regrettable, c'était un bon gars. Et doué. Il va me manquer."
Hmmm. S'il semblait vraiment chagriné, je n'avais pas l'impression que la disparition de son camarade l'affectait plus que ça. Il me donnait surtout l’impression d’être contrarié car il allait lui être difficile de trouver un remplaçant.
"Pour commencer, peux tu parler ? Si tu me comprends c'est que tu maîtrises le langage, en toute logique."
Il souhaitait converser ? Très bien. J'allais trouver un moyen. Je me focalisai sur l'épicentre de mon essence. Un vague souvenir, comme le spectre d'une existence, s'invita dans mon esprit. Une forme qui me permettrait d'articuler des mots comme lui. L'énergie de mon essence se contorsionna, crépitante. Puis après un long moment, se condensa pour former un corps tangible. L'instant d'après j'avais revêtu l'apparence de l'un d'entre eux. Mon créateur ouvrit la bouche, une expression stupéfaite sur le visage.
"ça alors. Tu lui ressembles comme deux gouttes d’eau… Ce serait son âme qui t’a guidé ? Fascinant…"
Je levai un membre devant moi. Cinq doigts, écartés, comme lui. Je lançai un regard vers le miroir. J’avais pris des traits humains, mais mes yeux restaient jaune électrique. Je le fixai de nouveau tandis que je cherchais à m’exprimer. Des mots s’agencèrent automatiquement dans mon esprit.
"Qui… es-tu ?"
Je suis Maeda no Ryu. Je suis un sorcier, chargé de trouver un moyen de lutter contre nos ennemis. Grâce à mes recherches, j’ai trouvé cette amulette, et avec un rituel complexe j’ai pu réveiller son pouvoir. Te réveiller.
"Pour… quoi ?"
Hum, comme je l’ai dit, nous avons besoin d’un nouveau poids dans la bataille que nous menons. Monobe-sama aura grand besoin de ta force pour parvenir à ses fins. Il a de grands projets et humains comme sorciers ont intérêt à ce qu’ils aboutissent.
"Que dois-je… faire ?"
Te battre, bien sûr. Une force de la nature telle que toi dans nos rangs effraiera nos ennemis. Nous ne pouvons que triompher !
"Et ensuite ?"
"Eh bien Monobe-sama saura te récompenser à juste titre lorsque ses ennemis auront tous plié le genou."
Je me souviens avoir pensé à ce moment que ce ne serait qu’une question de temps. Qu’il me suffirait d’être patient et persévérant pour hisser ce Monobe-sama au sommet, et qu’ensuite il me récompenserait pour mes services. J’étais bien naïf. Tant qu’un homme vit, il aura toujours des ennemis. Mais je n’avais que quelques minutes d’existence. Je ne pouvais pas percer à jour les motivations obscures d’une race dont j’ignorais tout. Ainsi je suivis mon “maître” pour servir ses desseins, avec l’espoir de gagner un jour ma liberté.
Non content d’avoir créé un être comme moi, Ryu avait supervisé en parallèle une autre opération similaire. Ainsi, un jeune homme, affolé, s’était précipité vers nous alors que nous rejoignions l’alcove voisine. Il tenait dans ses mains un objet allongé, une flûte. Mon attention fut attirée par la source d’énergie qui se rapprochait, juste derrière lui. Une masse d’air difforme qui soufflait en permanence, furieuse, mais incapable de donner libre court à sa colère, comme moi.
"Maeda-sensei, nous avons réussi ! Malheureusement, Akito est mort dans le processus… Son âme a été comme aspirée…"
"Ah. Son frère est mort de la même manière pour lui."
Le jeune homme me remarqua enfin et haussa les sourcils. Je le fixai sans un mot de mes prunelles électriques. Des arcs s’échappaient parfois de mon corps, provoquant un crépitement sonore.
"C’est … Atsuto ?"
"Non. Atsuto est mort, je t’ai dit. Mais la créature a pris ses traits sous forme humaine. Peut-être une réminiscence de son âme. Il faudrait que j’étudie le processus…"
Les deux hommes poursuivirent leur conversation, mais je ne les écoutais plus. Je n’avais d’yeux que pour l’autre créature. J’avais la sensation qu’elle me fixait également. Je vis sa silhouette changer, se tordre, comme moi un peu plus tôt. Puis après une ultime tentative, elle parvint à prendre forme humaine, comme moi. Il me ressemblait trait pour trait, à l’exception de ses yeux, entièrement gris. Peut-être était-ce dû aux âmes qui avaient permis notre genèse, mais nous avions aussitôt senti une connexion entre nous.
"ça alors, lui aussi a pris la forme d’Akito ! J’ignorais qu’ils pouvaient faire ça…"
"Je pense qu’ils ont encore plein de ressources insoupçonnées. Il me tarde de les découvrir. Et justement ils vont avoir l’occasion de faire leurs preuves. Monobe-sama a besoin de nous. Rentrons."
Monobe. Un nom que je n’oublierai pas.
ϟϟϟ
Durant les premières années de ma vie, je fus entraîné pour devenir un guerrier hors norme. Mes maîtres me soumirent à de nombreux combats pour tester mes limites. Je découvris ainsi mon invulnérabilité aux armes habituelles des humains. Si elles pouvaient altérer ma constitution physique, j’en guérissais aussitôt, grâce à la magie qui me composait. En revanche, la nourriture classique ne me suffisait pas. Je devais régulièrement reconstituer mes forces en emmagasinant la foudre qui tombaient lors des orages. Ceux-ci ne survenant qu’en période chaude, je demeurais souvent quelque peu amorphe et paresseux lorsque l’hiver venait, si j’avais trop abusé de mes pouvoirs. Mon seul point faible restait l’amulette ; je ne pouvais lutter contre les ordres de son possesseur.
Fujin, l’autre entité élémentaire, était soumis à la même contrainte, mais lui n’avait qu’à se nourrir de l’oxygène environnant. Ce qui faisait de lui le plus puissant de nous deux. Cependant, du genre sournois et comédien, il préférait cacher ses véritables habiletés pour mieux tromper son monde. Du fait de notre origine commune, nous finîmes au fil des années par devenir proches, et mêmes inséparables. Le clan Monobe nous utilisait pour affermir la domination du culte des Kamis dans les provinces alentours. Il se livrait à une lutte de pouvoir contre son plus grand rival, le clan Soga, versé dans le bouddhisme. Leurs chefs faisaient partie de la cour impériales et tentaient successivement de rallier la monarchie à leurs côtés.
Le clan Monobe parvint un temps à dominer le clan Soga, pendant le règne de l’empereur Bidatsu. Mais son successeur, Yomei, se convertit au bouddhisme, qui devint la religion officielle du gouvernement. Quand il mourut à son tour, en 587, les deux clans reprirent de plus belle leur lutte de pouvoir. Celle-ci se transforma en conflit ouvert. Monobe no Moriya, actuel chef du clan, ordonna d’incendier plusieurs temples bouddhistes, et fit jeter les premières images de Bouddha dans les canaux de la ville de Naniwa [actuelle Osaka, ndlr].
Un soir que j’étais en vadrouille du côté du Mont Shigi, je surpris un jeune noble en pleine prière. C’était le prince Shotoku, affilié au clan Soga, qui demandait aux dieux de lui accorder la victoire sur le clan Monobe. Mon ennemi, en somme. Pourtant, je ne tentai rien à son égard, l’observant dans l’ombre d’une colonne. Quand il m’aperçut dans mon armure de guerrier, il poussa une exclamation. “Bishamonten”, m’appela-t-il. Une idée germa dans mon esprit. Je ne portais pas Moriya dans mon coeur, n’appréciant pas son autoritarisme à notre égard. Toutes les promesses n’avaient jamais été tenues. Il nous traitait presque comme des esclaves. C’était peut-être l’occasion de nous soustraire à son emprise.
"Si tu souhaites tant la victoire, transmets un message pour moi à Soga no Umako. Le clan Monobe va lancer une attaque en passant par la rivière Eka-gawa. Monobe no Moriya la mènera en personne. Il portera deux amulettes autour du cou. Que Soga les lui dérobe lorsqu’il l’affrontera, et il s’assurera la victoire."
Je pris ensuite ma forme originelle, afin de soigner l’image divine qu’il m’attribuait, et m’éclipsai par la voie des airs. Le lendemain, alors que Monobe entendait mener un assaut surprise sur son ennemi, il rencontra le plus gros des forces Soga près de la rivière Eka-gawa. Nous nous battions à ses côtés, contrôlés par les amulettes qu’il portait autour du cou. Il nous avait demandé en premier lieu d’aller cueillir le chef de l’armée adverse pour la désorganiser. Fujin, mis dans la confidence, entreprit de le faire changer d’avis, argumentant que Moriya ne pourrait clamer sa victoire que s’il battait lui-même son rival dans un affrontement officiel. Ainsi, il permit à mon plan de se dérouler sans accroc.
Si j’avais douté un instant que Shotoku eut transmis mon message, l’issue de l’affrontement me détrompa. Soga parvint à arracher les précieuses amulettes à son adversaire. Moriya poussa un cri de rage, mais également de peur, nous ayant toujours craint au fond de lui - et il avait raison. A cet instant précis, la fortune tourna. Fujin et moi nous stoppâmes net. Nos regards se tournèrent vers les deux belligérants, et après un bref échange de regard, nous nous jetâmes sur nos nouveaux adversaires, sans même avoir reçu l’ordre de notre nouveau maître. Grâce à notre concours, le clan Soga décima presque intégralement le clan Monobe, et cet affrontement fut nommé bataille de Shigisan.
"La princesse Nukatabe t’a fait demandé."
Je fixai l’homme en silence, incertain de la portée de ses paroles. Etait-ce un bon ou un mauvais présage ? Tant que le clan Soga détenait mon amulette, j’étais à leur merci. Quand bien même j’eusse prétendu le contraire, par fierté de force de la nature. Nukatabe était la femme de Yomei, précédent empereur du Japon, ce qui faisait d’elle la femme la plus puissante du pays. Je la savais proche de son oncle Umako. Si elle me voyait d’un mauvais œil… Pouvais-je mourir ? Mes prouesses au combat avaient démontré l’incapacité des hommes à me blesser mortellement. Mes pouvoirs grandissant m’autorisaient à me soigner en consommant une partie de l’énergie électrique emmagasinée à chaque orage. Mais je devais bien avoir un point faible, non ? Je finis par me lever sans un mot et suivis l’homme.
Il me conduisit dans le palais impérial. Nous croisâmes nombre de courtisans, qui me jetèrent des coups d’oeil tantôt hostiles, tantôt curieux. Mais aucun n’osa approcher un soldat crasseux tel que moi. L’homme s’arrêta devant une porte. Alors que je m’attendais à trouver derrière la princesse du royaume, je découvris à la place deux jeunes femmes, postées à côté d’un grand récipient fumant. J’adressai un regard inquisiteur à mon guide.
"Tu ne pensais tout de même pas rencontrer la princesse dans cet accoutrement, couvert de sang et de boue ?"
Pour toute réponse à son ton condescendant, je lui offris un regard sombre. Depuis le début, il me méprisait. Un jour viendrait où nous réglerions nos comptes, lui et moi. D’ici là, je saurai me montrer patient. Je fis un pas dans la pièce et mon accompagnateur referma les portes sur mon dos. Les servantes se mirent en mouvement, pour me déshabiller avec efficacité, avant de m’indiquer la baignoire. Je m’y glissai et laissai les femmes me frotter et m’arroser sans broncher. L’une d’elle trempa sa main dans l’eau en passant l’éponge sur mon bras. Elle poussa un cri en même temps qu’un crépitement se fit entendre, et retira vivement son bras. Je levai les yeux vers elle, avant de fixer l’eau. Ce devait être l’électricité qui s’était propagée dans l’eau.
"Désolé. Pas fait exprès."
J’ignorai son regard effaré, autant que sa mine stupéfaite. La suite fut expédiée en deux temps trois mouvements, les dames de chambre redoutant de renouveler l’expérience. Lorsque je fus enfin propre et bien habillé, elles toquèrent à la porte et se placèrent chacune d’un côté, les mains croisées sur le ventre, la tête inclinée en guise de soumission. Mon guide ouvrit le passage et me fit signe, après un bref examen qui lui arracha une expression satisfaite. Il me conduisit dans la seconde cour, où trônait le bâtiment qui abritait la famille impériale. On me fit entrer, seul, dans les appartements privés de son altesse.
"Alors voilà l’homme dont on m’a tant vanté les mérites. Approche, soldat."
Je m’exécutai, l’expression méfiante. Je ne savais toujours pas pourquoi elle m’avait convoqué. Elle se trouvait là, droite et fière, drapée dans des soies colorées et luxueuses, indéniable preuve de l’influence de la dynastie Sui. Son visage était maquillé allégrement, et ses cheveux coiffés avec un complexe jeu d’épingles. Elle dégageait une aura majestueuse, qui imposait le respect, même à un être aussi impétueux que moi.
"Princesse Nukatabe, vous avez demandé à me voir. C’est à quel sujet ?"
La noble dame releva un sourcil, visiblement surprise du peu de déférence dont je lui témoignais. Ses courtisans avaient peut-être l’habitude de se traîner devant elle pour lui plaire, mais ce ne serait pas mon cas. Je resterais fidèle à moi-même en toute situation. Elle fit claquer son éventail en le refermant brusquement.
"Eh bien, eh bien, tu manques pas de toupet. De l’arrogance et de l’audace… C’est agaçant, mais en même temps, ça me plait. Je voulais simplement remercier celui qui a empêché ce coup d’état contre notre royaume. Approche."
Je m’avançai de quelques pas, le regard toujours hostile.
"N’ai crainte. Je suis bien au courant de ta situation. Mais je n’ai pas besoin d’amulette pour gagner le respect d’un sujet. Ah, on ne m’avait pas dit que tu étais si bel homme. Dommage que tu ne sois pas noble. Il paraît que personne ne peut te blesser ? Est-ce vrai ?"
Je hochai la tête pour toute réponse. Mon attitude taciturne sembla la contrarier. Elle fit quelques pas autour de moi, la mine songeuse. Je la suivis du regard mais ne bronchai pas. Soudainement, elle saisit une épingle de sa coiffure et la brandit dans ma direction. Pris de cours, je n’eus que le temps de protéger ma poitrine avec mon bras. L’objet se planta dans ma chaire avec un bruit mat. J’étouffai un grognement de douleur avant d’extirper l’arme improvisée de la plaie. Presque aussitôt, celle-ci se teinta de jaune pâle puis disparut, pour ne laisser qu’une peau lisse.
"C’est donc vrai. Pardon pour cette mascarade, il me fallait le voir de mes propres yeux."
Je lui adressai un regard sombre, furieux de cet affront. Les dirigeants humains faisaient-ils toujours preuve d’autant de mépris pour la vie d’autrui ? L’air autour de moi se mit à crépiter. Je tenais toujours l’épingle ensanglantée dans mon poing fermé. Je me savais menaçant, pourtant elle ne cilla pas un instant. Elle soutint mon regard avec la même fougue que moi. Je plissai les yeux. Je venais enfin de trouver une adversaire à ma mesure. Je finis par rendre ce qu’elle réclamait de sa main tendue.
"Sage décision. Ni toi ni moi n’avons intérêt de perdre notre sang-froid. Trêve de bavardage. Si je t’ai fait venir, c’est parce que j’ai entendu parler de tes exploits. Et surtout de tes… dons. J’ai besoin de quelqu’un comme toi à mes côtés. Un homme qui saura me rester fidèle en toute circonstance. Capable de me protéger sans faiblir. Et un homme qui ne peut être tué, c’est un atout considérable… Qu’en penses-tu ? "
Je lui lançai un regard de défi.
"Non."
La rage jaillit dans ses yeux, mais elle resta immobile, digne. Moi qui m'attendait à un ressentiment frappant, elle n'insista pas.
"Soit. C'est ton choix. "
Elle me laissa partir, mais je savais alors qu'elle n'en resterait pas là. La rumeur comme quoi j'avais décliné une offre de la princesse se répandit comme une traînée de poudre et parvint jusqu'aux oreilles de Soga no Umako. Celui-ci me convoqua pour demander des explications, probablement aussi surpris de mon affront que de l’absence de réaction de sa nièce.
"C'est un grand honneur qu'elle t'a fait. Pourquoi refuser ?"
"Elle m'a laissé le choix, tout en souhaitant que j'accepte. Si elle veut mon respect elle doit le mériter. "
"Quelle insubordination ! Tu es bien effronté ! Certains sont morts pour moins que ça. "
"À supposer que vous puissiez me tuer, vous avez toujours besoin de moi. Sinon je ne serais déjà plus là. Et c'est une princesse du royaume humain du Japon. Mais je ne suis pas humain, et je ne suis pas un de ses sujets. "
"Hum je commence à comprendre pourquoi elle t'apprécie. Soit, nous en reparlerons."
Je fus congédié sans suite. Je tirai de cette conversation une grande satisfaction. Il venait de prouver que mon rôle à jouer dans leurs affaires était prédominant. Les hommes commençaient à me craindre, ce qui donnait du pouvoir au clan Soga. Tant que je serais de leur côté, ils auraient peu de risque d'être déchus. Ce qui me donnait alors du pouvoir également. Mon intérêt était tout trouvé.
Comme attendu, la princesse ne manqua pas de me reconvoquer, pour me reposer la même question, et recevoir la même réponse. J'ignorais la raison de son acharnement, mais elle ne m'aurait pas à l'usure.
ϟϟϟ
"Alors, acceptes tu mon offres cette fois ? "
Combien de fois m'avait-elle posé cette question ? Combien de fois avais-je décliné ? J'avais perdu le compte, ces dernières années. Elle avait fini par comprendre que je ne céderai pas. Pas comme ça. Récemment, elle venait d’accéder au trône, devenant la première femme dirigeante du Japon, sous le nom de Suiko Tenno. Elle pensait sans doute que ce changement de statut suffirait à me faire ployer, mais c’était mal me connaître. Alors, elle avait changé de tactique. D'abord, une cérémonie officielle de reconnaissance. Puis une montée en grade, me permettant enfin de mettre un terme aux agissements de l'autre officier qui m’horripilait -celui qui m’avait conduit ici la première fois. Et finalement, une identité. Un statut. Une existence dans ce palais impérial. Du respect. Le silence perdura longtemps alors que je la toisais de mon regard électrique. Et alors qu'elle s'impatientait, que je lus dans son regard la résignation fataliste, ma réponse fusa.
"Oui. "
Suiko Tenno resta un long moment coite de stupeur. Alors qu'elle avait enfin accepté mon sempiternel refus, après avoir cédé à mes intentions subtilement inavouées, j'accédais à sa demande, une lueur arrogante dans les yeux. Elle comprit que je l'avais fait tourner volontairement en bourrique. Et elle était furieuse. Mais je ne craignais pas sa colère. Au contraire, j'appréciais même son tempérament vindicatif. Ça aussi elle le comprit, ce qui l'énerva d'autant plus - et m’amusa davantage.
"Bien. Suis moi."
Elle me guida jusqu'à son bureau et s'installa pour commencer à tracer les kanjis sur le papier. Bientôt elle me présenta un document officiel portant le sceau du Tenno. Je n'eus qu'à apposer ma signature, désormais reconnue. Satisfaite, elle envoya valider le document à son ministre. Elle posa son regard sombre sur moi, pensive.
"Viens, célébrons ton nouveau poste."
Elle changea de pièce pour me ramener dans ses appartements privés. Elle m'invita à m'assoir en seiza devant la table basse pour partager un verre de sake. J'obtempérai sans broncher et trinquai de bonne foi. Elle amorça la conversation, cherchant à en savoir plus sur moi. Malheureusement je n'avais rien à dire. Mon existence était bien trop courte. Aussi je l'écoutais simplement, comme deux amis ; peut-être était-ce ce que nous étions devenus à force. Vint finalement l'heure de gagner ma loge, désormais située non loin de la sienne. Mais alors que je m'apprêtais à sortir, une main me retint avec délicatesse. Je tournai la tête, interloqué. Elle me fixait en silence, une nouvelle lueur dans le regard. Elle posa un index sur ses lèvres tandis qu'elle tirait sur mon bras.
"Ne pars pas."
Ce n'était pas un ordre, plutôt une supplication. Interdit, je me rapprochai. Je n'avais jamais envisagé une telle réaction de sa part, aussi j'ignorais que faire. Elle me poussa doucement vers son lit. J’ouvris la bouche mais elle posa un index sur mes lèvres pour prévenir toute protestation. Elle se pencha pour m’embrasser. Ce contact bref mais intense déclencha des sensations nouvelles dans mon enveloppe charnelle. Je ne pus que céder à ces pulsions purement humaines, ne pouvant nier l’attraction qu’elle exerçait sur moi. Elle me fit connaître pour la première fois les plaisirs de la chaire.
C’est ainsi que je devins officiellement le garde du corps personnel de la première impératrice du Japon. Et, officieusement, son amant.
ϟϟϟ
La paix perdura pendant des années. J’eus maintes fois l’occasion de déjouer des attentats à l’encontre de Suiko Tenno ou du prince Shotoku, de qui j’étais devenu un ami depuis notre première rencontre sur le Mont Shigi. Fujin préférait rester près d’Umako et du cercle des nobles. Avec le temps, ils étaient devenus dépendants de ses conseils, et il se réjouissait de cette situation. Mais je sentais parfois le regard brûlant qu’il posait sur l’impératrice. Je ne savais pas ce qui se tramait dans l’esprit tumultueux de mon ami, cependant, j’avais décidé de lui faire confiance. Peut-être était-il simplement animé des mêmes pulsions que moi à son égard. Je ne m’en offusquerais point, puisque cette femme de pouvoir n’appartenait à personne.
Au fil des ans, nous développions une certaine lassitude, nous qui existions à l’origine pour nous battre. Aussi, avec l’accord de Suiko, nous partîmes tous les deux quelques temps en Chine puis en Corée pour explorer d’autres contrées et en apprendre davantage sur ce monde étrange.
Bien des années s’étaient écoulées à notre retour. J’appris que Suiko Tenno était souffrante. Je me rendis aussitôt à son chevet. J’avais conscience que le temps n’avait pas la même emprise sur moi que sur les humains, pourtant, je fus frappé par les rides sur son visage, et les creux sur ses joues causés par la maladie. Quand elle m’aperçut, elle leva péniblement une main dans ma direction.
"Te revoilà, Raiden. Par les dieux, tu n’as pas changé. Alors que je finis décrépie et malade. C’est injuste."
Pourtant son regard n’était pas mauvais, au contraire. J’y lisais une certaine tendresse qui m’avait toujours surpris. Bien qu’elle fût diminuée par les ravages du temps, je lui trouvais toujours cette aura de sa première jeunesse. Finalement, les années n’avaient en rien atteint l’affection que nous nous portions mutuellement. Je m’assis près d’elle pour discuter, comme à l’époque. Au bout d’une heure, amusée par les récits de mes aventures, elle finit par reprendre une mine plus sérieuse.
"Dis-moi, Raiden, accorderais-tu une dernière faveur à une vieille femme mourante ?"
Elle n’eut pas besoin de la formuler pour que je la comprisse. Je fronçai les sourcils, l’air faussement sévère, affecté par son état.
"Ce n’est pas raisonnable, Suiko Tenno. Tu es déjà faible, je ne voudrais pas…"
Son ricanement m’interrompit.
"Pas de ça avec moi, Raiden. Ma fin est proche, je n’échapperai pas à cette fatalité. J’aime autant profiter de mes derniers instants."
Je fermai la bouche, l’air triste, mais conciliant. Que pouvais-je refuser à la première humaine qui m’avait témoigné de l’estime ? J’entrepris de retirer mes vêtements de voyage avant de la rejoindre sur son lit et l’embrasser, nullement révulsé par sa peau parcheminée. Et, de la même manière qu’elle m’avait offert ma première nuit de passion, je lui offris sa dernière.
Peu de temps avant sa mort, Suiko Tenno m’avait remis les amulettes, nous offrant ainsi la liberté à Fujin et moi. Même si l’actuel chef du clan Soga ne le voyait pas de cet oeil. Nous restâmes une semaine pour assister aux funérailles de Suiko. Je me sentais étrangement affecté par sa disparition. Après des années de réflexion, je peux affirmer avec quasi certitude que j’éprouvais de réels sentiments pour cette femme d’exception. L’un des seuls êtres mortels pour lesquels je me suis épris au cours de ma longue existence.
Une fois l’ex-impératrice retournée à la terre, plus rien ne nous retenait à la capitale du pouvoir. Malheureusement, Soga no Emishi, fils d’Umako et ministre d’Etat, refusa de nous laisser partir. Cupide, il désirait asseoir davantage son emprise sur la cour. Aussi, il bafoua la promesse de sa cousine Suiko Tenno et déroba nos amulettes alors que nous étions absents. Bien que furieux, je ne pouvais pourtant rien faire, obligé d’obéir au porteur de mon amulette. Il nous garda ainsi de force pendant près de vingt ans. Moi qui pensait avoir gagné le respect de ce clan… moi qui pensait avoir misé sur les bons, à l’époque. Finalement, ils ne valaient pas mieux que les Monobe.
Mais Soga n’étant pas sorcier, son emprise sur l’amulette avait ses limites. Aussi, il ne me fut pas bien compliqué de me soustraire occasionnellement à sa vigilance pour fomenter dans son dos une vengeance sanglante. Ainsi, le 10 juillet 645, le prince Naka no Oe et Nakatomi no Kamatari assassinèrent l’empereur de l’époque, Iruka, le fils d’Emishi. Ravagé et déchu, Emishi mit fin à ses jours en incendiant sa résidence. Toute cette agitation me permit de récupérer nos amulettes dans les flammes voraces, et nous nous éclipsâmes définitivement du Japon.
Chacun dotés du don de vol, nous partîmes dans les airs sans nous retourner, férus de liberté, avides de découvertes. Nous voguâmes ainsi aux quatres vents, selon notre bon vouloir, uniquement guidés par notre instinct, notre amulette respective accrochée à notre cou. Pendant des mois, et même des années, nous parcourûmes les mers et océans, profitant des orages en route pour me gorger d’énergie. Nous eûmes l’occasion de visiter nombres de terres et peuples différents, toutefois, il y en eut une en particulier qui me marqua profondément. Un continent bien à l’Est de l’archipel nippon qui s’étendait du nord au Sud et présentaient de nombreux climats différents. Des terres qui ne furent découvertes officiellement que bien des siècles après notre passage, par des européens, qu’ils nommèrent Amériques.
Nous arrivâmes en premier lieu dans une contrée chaude et humide, où une vaste forêt s’étendait à perte de vue. D’un premier abord, il ne semblait y avoir aucune trace humaine. Mais en progressant à travers la végétation très dense, nous fîmes des rencontres pour le moins surprenantes. Les indigènes étaient vêtus très simplement, de peaux et d’os, et beaucoup portaient des marques sur le corps ; des tatouages, et même des incrustations en relief. Ils appréciaient se percer les lobes d’oreilles et élargir les trous avec des semblant de bijoux circulaires en os ou en onyx. Les guerriers portaient des dents et des os pointus autour du cou. Ils se fondaient habilement dans leur environnement pour surprendre leurs ennemis.
Tactique qui ne fut d’aucune utilité avec nous, cependant ; les malheureux qui osèrent nous attaquer finirent soit asphyxiés, soit électrocutés. Devant cette démonstration de pouvoir, certains hommes se stoppèrent net et nous regardèrent avec de grands yeux en poussant des exclamations. Puis l’un d’eux se prosterna à genoux en psalmodiant des mots incompréhensibles. Leur attitude changea radicalement ; il semblait qu’ils nous prissent pour des dieux.
Nous nous laissâmes prendre au jeu ; ainsi, nous vécûmes des années durant adorés par ces indigènes. A force de les côtoyer, nous apprîmes petit à petit leur langue si étrange. Ainsi, ils me nommaient Tlaloc, ou Illapa selon les peuplades que nous visitions, et Fujin fut assimilé à Ehecalt, ou encore Kon. Ces gens possédaient une étrange culture, que je pourrais qualifier de barbare. Ils se livraient à des sacrifices humains sur des prisonniers pour satisfaire la volonté de leurs dieux -et donc nous, par extension. Si être vénéré me convenait parfaitement, je n’appréciais guère qu’ils s’en prissent à des hommes désarmés. Quelle était l’honneur à tirer d’une telle pratique ? Un guerrier ne s’illustrait que lors d’un combat à armes égales.
Après quelques dizaines d’années, nous nous lassâmes de ce peuple sanguinaire et décadent. Enfin, ce qui motiva vraiment notre départ, ce fut la découverte malencontreuse de ma grande sensibilité à un matériau précieux et très utilisé par les prêtres indigènes : l’or. M’étant blessé avec une dague fondu dans ce métal, incapable de me soigner, je compris qu’ils risquaient de nous poser problème, aussi j’encourageai mon compagnon à prendre la poudre d’escampette.
Nous migrâmes dans le Nord, pour découvrir des étendues de plaines à perte de vue, où vivaient une multitude de colonies d’humains, vêtues de peaux de bête et de plumes dans les cheveux, qui montaient des chevaux sans selle, dansaient pour faire tomber la pluie et dressaient de grands totems pour honorer leurs divinités. En dehors de quelques querelles envers d’autres tribus, ils n’étaient pas bien belliqueux. Certains possédaient même des dons hors du commun. Il y avait parmi eux des sorciers, bien sûr, -enfin, chamans, dans leur culture- mais pas seulement. Certains amérindiens prenaient la forme d’un animal, qu’ils nommaient totem. Loup, aigle, glouton, renard, cheval… C’était assez fascinant. Certains indiens nous surprirent sous formes originelles, laissant une trace indélébile dans leurs croyances ; ainsi naquit le mythe de l’oiseau-tonnerre.
Les décennies passées à les observer et les côtoyer furent bien reposantes, mais finalement l’ennuie nous rattrapa et nous décidâmes de migrer plus au Nord encore. Mais les températures glaciales ne me convinrent pas. Il n’y avait presque aucun orage, aussi je peinais à m’alimenter convenablement, et je passai de longues journées à paresser ; sans autre préoccupation qu’observer les longues étendues de neige qui fondaient à peine lorsque “l’été” arrivait. Fujin ne semblait pas plus affecté que ça, lui. Il se moquait souvent de mon oisiveté. Son humeur retomba bien vite lorsqu’il découvrit un autre effet secondaire : l’inactivité sexuelle. La première fois que je refusai ses avances, il s’en trouva bien embêté. Si bien qu’après plusieurs semaines d'abstinence, il décida que finalement, le grand Nord ne lui convenait pas non plus et il nous emmena vers des contrées plus clémentes pour son féroce appétit charnel.
Ses vents nous conduisirent bien plus à l’Est, en Europe, où la saison estivale approchait. Nous fîmes halte sur une plage jouxtant des terres verdoyantes. Je sentais qu’un orage approchait, ce qui me redonnait un souffle d’énergie. Mon dernier repas remontait à trop longtemps, j’avais grand besoin d’un coup de jus pour me revigorer. Ce qui ne pourrait que plaire à Fujin.
A peine avions nous posé un pied sur cette terre en apparence hospitalière, une troupe d’hommes armés jusqu’aux dents émergea du sommet de la colline. Ils étaient vêtus pour la plupart de peaux de bête ; ils portaient tous un casque en fer sur le crâne. Tournés vers le Nord, ils fixaient un point à l’horizon. L’un d’eux poussa un cri, surement un meneur ; ils lui répondirent en coeur, puis se mirent au pas de course, poussant de féroce hurlements. Assis sur un rocher, j’assistais à ce spectacle l’air stupéfait. Curieux, je pris mon envol pour découvrir l’objet de leur excitation, talonné de près par Fujin.
A quelques centaines de mètres de là, une autre armée s’avançait. Les soldats portaient le même genre d’accoutrement, bien qu’il existait quelques différences. Ces deux groupes opposés appartenaient visiblement à la même ethnie. Les adversaires se rencontrèrent avec une sauvagerie étonnante et une férocité déconcertante. Ils beuglaient, frappaient, écorchaient… Des guerriers qui manquaient un peu de style et de dignité, mais ils avaient une sacré trempe ! ça me plaisait.
Nous restâmes spectateurs jusqu’à la fin des affrontements, nichés sur le sommet d’une falaise. Lorsque la bataille fut terminée et que chaque survivant partit en quête de ses morts, je me décidai à m’approcher pour prendre contact avec ce peuple à la culture si différente de ceux que j’avais croisé jusque là. Mais à peine m’eurent-ils aperçu que trois d’entre eux hurlèrent des mots incompréhensibles et se ruèrent sur moi. Je les vainquis sans aucune difficulté, blasé. Puis un objet massif percuta mon crâne et je reculai de quelques pas, la main sur le front. Je jetai un oeil consterné à ma main, couverte de mon “sang”, avant de relever les yeux vers le responsable.
Furieux, je me saisis de l’arme qui m’avait été lancée -un marteau- et m’avançai vers les insolents, faisant crépiter ma magie jusque dans le métal. Je dus leur paraître véritablement menaçant, car ils se mirent à crier dans une langue gutturale avant de s’agenouiller. J’appris bien plus tard qu’ils me considéraient eux aussi comme leur dieu du tonnerre, Thor. C’est fou ce que la foudre peut inspirer comme mythes. Fujin, quant à lui, lorsqu’il fut aperçu pour la première fois sous sa forme élémentaire, fut surnommé Loptr. Il s’agissait d’un autre nom donné à Loki, un dieu majeur de leur panthéon, sournois, tantôt bienveillant, tantôt malfaisant, qui était associé au vent. ça lui allait à merveille.
Je découvris un peuple d’une toute nouvelle trempe : les vikings, de grands guerriers navigateurs qui s’adonnaient au pillage et depuis peu motivés par leurs souverains pour conquérir le Nord de l’Europe. Voilà qui me plaisait ! Des hommes prêts à en découdre pour se battre, quitte à mourir, car de toute manière, selon leurs croyances, ils rejoindraient le Valhalla, auprès d’Odin -mon père, selon eux, ce qui me fit bien rire.
Notre arrivée soudaine fut considérée comme un présage, alors que le christianisme montait en puissance. L’expansion de cette religion monothéiste était mal perçue par les nordiques, qui y voyait une agression envers leurs croyances. La conquête franque de la Saxe en 772 leur était particulièrement restée en travers de la gorge. Non content d’avoir soumis les saxons, Charlemagne avait fait baptiser de force la population locale. Ainsi les vikings nous virent comme le signe qu’ils attendaient pour passer à l’offensive. Et bien évidemment, nous ne pouvions qu’encourager le tempérament belliqueux de ces hommes qui bouillaient de l’intérieur. Ainsi, nous encourageâmes les scandinaves à se rebeller, déclenchant ainsi l’âge des vikings.
Durant des décennies, ils écumèrent les mers à la rencontre des chrétiens pour piller les monastères, commençant naturellement leur vendetta par leur ancienne patrie. Fujin et moi ne participions pas forcément aux raids, en revanche nous ne manquions pas de nous renseigner sur l’ennemi. Ainsi, vers 850, nous mîmes au point une nouvelle stratégie pour tirer partie des faiblesses des francs. Fort de mes siècles d’expérience en tant que soldat et général, je guidai les troupes dans de véritables opérations militaires depuis des îles situées sur les fleuves francs. Nous procédions de plus en plus par intimidation, technique qui portait ses fruits, car la population commença à nous verser un tribut, le danegeld.
Finalement, nous menâmes quelques cinquantes années plus tard, nos amis vikings vers la colonisation. Incapables de résister à nos assauts, les francs furent contraints de laisser les scandinave s’installer sur leurs terres. Une bien belle revanche, après toutes ces années de batailles. Tout allait pour le mieux, jusqu’à ce qu’un vampire me prit pour son casse-croûte ; ce fut ma première rencontre avec une autre créature surnaturelle en dehors des sorciers.
ϟϟϟ
Un soir, alors que nous campions sur le chemin d’un nouveau raid, un brouhaha s’éleva progressivement du campement. Passablement excédé par ce raffut, je finis par sortir avec la ferme intention de corriger celui qui avait commencé. Quand un soldat me vit, il se précipita vers moi. “Austr Sigurd ! Austr Sigurd” répétait-il comme un fou. Les hommes scandaient le nom de ce héros d'un temps ancien, pour certains avec vénération, mais pour la plupart, avec crainte. Exactement comme pour moi et Fujin à notre arrivée. Quel genre d'homme pouvait s'élever ainsi à ma mesure ? Il avait intérêt à mériter cet engouement, sans quoi je lui ferais regretter son irruption. Une voix grave et rocailleuse s'éleva et couvrit la litanie de l'armée.
"Où est votre commandant ? Celui qui se bat avec un marteau ?"
Aussitôt, l'attitude des hommes changea, comme s'ils s'étaient soudainement rappelé de mon existence. "Thor" commencèrent-ils à psalmodier, comme un encouragement. Un sourire satisfait barra mon visage. Toutefois ce fut Fujin, mon porte parole de toujours, qui s'avança le premier. Nos hommes s'écartèrent avec déférence. Le prenant pour Loki, ils savaient qu'il valait mieux ne pas le contrarier.
"Et peut-on savoir qui le demande, ici, au beau milieu de notre campement ?"
Il fallait en avoir une sacrée paire en effet pour oser s'introduire ici, sans décliner son identité. Ça me plaisait.
"Je crois que vos hommes me connaissent sous le nom de Sigurd. J'ai entendu parler de vos exploits. On m'envoie pour mettre un terme à vos raids. Mais je n'aime pas les massacres inutiles, aussi je vous propose un duel."
"Et l'issue du combat ?"
"Si je gagne j'aurai le plaisir de le saigner sur la place public, et votre armée devra rebrousser chemin."
"Et s'il s'en sort vainqueur ?" Demanda Fujin.
"Eh bien, je me plierai à ses conditions… à supposer que je puisse perdre."
Un rire tonitruant, presque aussi fracassant que le tonnerre, s'éleva au milieu de la foule. Petit à petit, les regards se tournèrent vers moi, tandis que l'hilarité me submergeait . Ah mais il ne se prenait pas pour de la merde celui là ! C'était la première fois qu'on osait me défier de cette façon. Il avait intérêt d'être à la hauteur de ses espérances, sans quoi je n'aurais aucune pitié et le combat serait plié en moins de deux. Les vikings s'écartèrent pour former une allée solennelle, posant sur moi un regard de vénération et d'espoir. Ils avaient confiance en moi. Je ne pouvais pas les décevoir. Je m'avançai alors lentement en direction de l'illuminé. Fujin échangea un regard hilare avec moi, mais me glissa toutefois une mise en garde dans le creux de l'oreille.
"Fais attention. Sa confiance en lui ne me plaît pas."
"Allons Loki, mon frère… Ne t'en fais pas pour moi. Je vais lui faire mordre la poussière."
Je m'immobilisai à quelques mètres de mon adversaire pour le toiser de toute sa hauteur. Parce qu'il était grand, un vrai géant, aux yeux carmins et aux longs cheveux sombres. Cependant, je n’étais pas prompt à me laisser impressionner. Je ne m’attardais jamais sur les apparences.
"Tu penses donc me vaincre. C'est ce que nous allons voir. Ne me déçois pas, Sigurd."
Je brandis mon marteau, prêt à lui réserver un accueil digne de Thor. Il partit à grande vitesse dans ma direction. Fort de mes réflexes, je l'évitai sans peine grâce à ma propre célérité. Cependant, mon regard sur lui changea. Ses capacités dépassaient de loin celles d'un humain. Je fis le rapprochement avec ces histoires de suceurs de sang capable de prouesses dépassant l’entendement. Intéressant. C'était le moment de découvrir qui, de moi ou d'un vampire, aurait le dessus.
Lui aussi parut surpris de ma réactivité. Il ne devait pas avoir l’habitude qu’on évitât si aisément ses assauts. Eh bien, il n’allait pas être déçu ! Mes lèvres s’étirèrent, dévoilant ma dentition parfaite. Je sentais que j’allais beaucoup m’amuser. Usant de ma vitesse, je me jetai à mon tour sur mon adversaire, arme brandie, mais ce Sigurd esquiva sans peine, et amorça une contre-attaque. Nous échangeâmes ainsi plusieurs feintes et attaques. A mesure que le combat se poursuivait, la vitesse de mon adversaire ne cessait d’augmenter, si bien qu’il devenait difficile de suivre ses mouvements flous. Après un ultime assaut, il parvint enfin à me porter un premier coup, qui aurait été fatal à n’importe quel mortel normalement constitué.
J’affichai d’abord une mine surprise, feignant la stupeur, tandis que ses griffes s’extirpaient de mon abdomen. Mon essence vitale s’écoulait en gouttes dorées qui s’évanouissaient rapidement une fois tombées au sol. Je laissai le suspens planer quelques secondes, avant de faire tomber le masque, l’expression peinte d’un sourire goguenard.
"Pas mal. Bien tenté."
Alors que je parlais, les saignements cessèrent et les tissus de mon enveloppe charnelle se reconstituèrent. Rapidement, il ne resta plus aucune trace de la blessure. Néanmoins, je savais désormais que je ne pourrais venir à bout de cet homme par mes simples capacités d’humain. J’avais bien noté sa propre régénération. La réputation des vampires n’était donc pas usurpée. Leurs pouvoirs exceptionnels étaient impressionnants. Cependant… j’avais moi aussi plus d’un tour dans mon sac. Je jetai mon marteau au sol, le sachant inutile désormais.
"Je te félicites. Tu es le premier à me tenir tête aussi longtemps. Et tu seras le premier à pouvoir m’affronter sous mon vrai jour. Sois en honoré, Sigurd !"
Un rire grave s’échappa de ma gorge, alors que j’écartais les bras, paumes vers le ciel. Des éclairs dansaient à présent dans mes yeux. Littéralement. Des arcs électriques s’échappaient des extrémités de mes doigts. Je m’élevai de quelques mètres au dessus du sol. Sur le chemin de mon ascension, les contours de ma silhouette s’effacèrent progressivement, jusqu’à libérer l’intégralité de mon essence. A présent, j’étais sous ma forme originelle : un corps élémentaire informe constitué de plasma, qui pouvait se contorsionner à loisir.
"Voyons jusqu’où tu iras !"
Ma voix était comparable au tonnerre : fracassante. Je pris la forme d’un dragon, jouant encore une fois sur les croyances scandinaves. Et le véritable affrontement commença.
Après plus d’une heure d’acharnement, le vampire finit par s’incliner. Je ne parvenais pas à le blesser durablement, mais lui ne pouvait pas me toucher, étant immatériel par nature. Nombre de fois je l’avais foudroyé, nombre de fois il s’était relevé, pour mon plus grand plaisir. Jamais je ne m’étais autant amusé ! Mais il estima que s’il ne pouvait gagner, il était alors le perdant. Ce qui ne manqua pas de gonfler mon ego, déjà bien envahissant. Je ris une fois de plus, satisfait. De mon point de vue, c’était un match nul, mais entendre un vampire me déclarer vainqueur, c’était une victoire en soi. Mais, cet homme d’acier avait bien mérité une récompense pour m’avoir offert une telle partie.
"Allons, l’ami. Tu m’as bien diverti ! Viens festoyer avec moi ! Tu es mon invité."
Et je l’entraînai vers ma tente, pour lui servir une corne de gnole généreuse. Et la soirée s’éternisa sur des chants, des rires et de bonnes histoires à raconter au coin du feu. Ainsi s’acheva cette rencontre digne des contes et légendes.
ϟϟϟ
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Le mouvement commença à traîner la patte après le premier millénaire. Je savais qu’on ne pouvait sortir vainqueur de toutes ses batailles. La réussite se forgeait sur l’échec. Ainsi, les vikings perdirent progressivement de l’influence, d’autant que depuis leur installation en Normandie, leurs ambitions s’étaient essoufflées. La Norvège avait été convertie au christianisme, mouvement que son peuple combattait pourtant deux siècles auparavant. Par ailleurs, les humains chrétiens n’étaient pas les seuls à résister à l’emprise du Nord : le peuple surnaturel local ne voyait pas d’un bon œil notre intervention.
Les enclaves des pays alentours commencèrent également à s’agiter, nous voyant de plus en plus comme une menace. Nous étions harangués d’un côté par certains clans de vampires, qui eux non plus n’appréciaient pas notre tempérament belliqueux, de l’autres pas ces foutus magiciens. L’un d’entre eux découvrit mon plus grand secret : l’existence de l’amulette. Il parvint même à s’en emparer. Mais, pour une raison que j’ignore encore aujourd’hui, il ne l’utilisa pas pour son propre compte. Il me somma simplement de rentrer d’où je venais et de ne jamais remettre les pieds en Scandinavie. Il me rendit même l’amulette après avoir obtenu mon serment. Je n’ai jamais su si je pouvais y déroger une fois libéré de l’emprise du possesseur, cependant… Par son geste désintéressé et honnête, il avait su gagner mon respect et mon estime. Aussi, en l’an 1066, nous quittâmes l’Europe du Nord pour retourner au Japon.
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Aberration
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Mer 23 Oct 2019 - 23:23
Partie 2 - De la vénération à l'oubli
En quatre siècles, le Japon avait bien changé. Nous passâmes les premières années suivant notre retour à rattraper l’histoire du pays. Ainsi, j’appris que les humains n’avaient finalement pas besoin de nous pour orchestrer des assassinats et des coups d’Etat. Les luttes de clan intestines n’avaient jamais cessé finalement. Toutefois, le clan Fujiwara, que nous avions déjà laissé à la tête du pouvoir, possédait une puissance inouïe et régnait d’une main de maître, capable de couronner et détrôner à loisir les empereurs. Il s’agissait, en d’autres termes, de dictateurs héréditaires.
Ces quelques centaines d’années d’absence n’avaient pas totalement effacé notre réputation. La nouvelle de notre retour se répandit vite dans les provinces, remontant les sphères du pouvoir jusqu’aux trois clans dirigeants et l’Empereur. Mais nous étions déterminés cette fois à échapper aux ambitions toxiques des chefs de clan. Aussi, nous assistâmes de loin aux différents événements qui survinrent sur la fin de l’époque de Heian. Il s’écoula ainsi plus d’un siècle de jeux de pouvoir entre les clans Taira, Minamoto et Fujiwara, qui déboucha notamment sur la rébellion de Hogen en 1156, puis celle de Heiji en 1159. A cette période, les samouraïs furent intégrés pour la première fois dans les hautes sphères du pouvoir par le clan Taira, annonçant l’aube du Shogunat de Kamakura.
Le clan Fujiwara perdit son influence après ces deux épisodes, mais les deux autres continuèrent leur lutte intestine jusqu’à la guerre de Genpei. La victoire décisive de Minamoto lors de la bataille de Dan-no-ura signa la fin de l’époque de Heian et de le début de l’époque Kamakura. Le principe du gouvernement militaire me plaisait beaucoup. L’élite était en effet composée de guerriers réputés, comme moi. J’y vis alors l’occasion de m’émanciper et me présentai au samurai-dokoro pour intégrer leurs rangs. Faire mes preuves ne fut qu’un détail ; le nom de Raiden suffisant lui-même à inspirer admiration et crainte.
Quelques décennies passèrent sans incident majeur, durant lesquelles Fujin et moi grimpâmes dans la hiérarchie des samurais. Bien évidemment, il existait une lutte de pouvoir entre la cour impériale et les régents Hojo, à force d’assassinat, d’exécution et de traîtrise. Mais cela ne m’intéressait plus ; ces conflits futiles commençaient à m’exaspérer. Il s’agissait toujours de qui pourrait se proclamer seigneur-maître du Japon, et non de gouverner sa population, pauvre et illettrée. La vie de samurai me passionnait bien plus. Je pris toutefois part à la guerre de Jokyu en 1221. Le shogunat, régi par les Hojo, avait mis la main sur nos amulettes, cependant il n’y eut pas recours, comptant plutôt sur notre goût pour le combat et la fidélité que nous lui avions juré auparavant. Ainsi, au côté du shogunat de Kamakura, nous écrasâmes la rébellion de l’empereur retiré Go-Toba.
ϟϟϟ
Les décennies s’écoulèrent et aucun autre événement intéressant ne survint, à mon grand damne, car étant né guerrier, la paix ne me convenait guère. J’avais pris le commandement du Rokuhara Tandai, le poste de surveillance de la cour. Mais s’il m’arrivait de restaurer l’ordre, pas grand monde n’osait se dresser contre le gouvernement, sachant qu’ils auraient affaire à moi. Ainsi, je passais le plus clair de mon temps à entraîner des hommes, mais cela ne suffisait point à tromper mon ennui. Je songeais même à repartir en voyage en Europe ; les quelques souvenirs forgés dans ces terres occidentales m’avaient marqué. Cependant, les shogun de Kamakura se transmettant les amulettes à chaque passation de pouvoir, je doutais que l’actuel me laissât quitter ses terres.
Fort heureusement, l’arrivée des émissaires mongols en 1266 apporta le salut que j’espérais. Leur message était clair ; ils invitaient le Japon à se soumettre à leur influence, sous peine d’être envahi. Cette annonce me procura le plus grand fou rire, de mémoire. Bien évidemment, le gouvernement du Shogun refusa, soutenu par mes arguments d'acier et le discours inspirant de Fujin. Le Japon n’avait pas à plier le genou face à ces étrangers arrogants. Mais j’espérais secrètement qu’ils s’entêtassent et lançassent une offensive. J’avais grandement besoin d’une bonne guerre pour me divertir.
L’inquiétude se peignait sur tous les visages, excepté le mien et celui de Fujin. Tous craignaient les forces mongols, nettement supérieures à l’armée niponne. Mais je n’étais pas effrayé par quelques navires de plus et des hommes dénués de pouvoir. Les affronter serait même un défi à relever, digne de nos puissances conjuguées. Bien sûr, le refus catégorique que les mongols essuyèrent fut grandement nourri par notre désir, à Fujin et moi, de voir une guerre se profiler. Plier l'échine aurait été à la fois humiliant et d'un ennui abyssal. Même si l'éventualité de monter un mouvement de résistance nous avait effleuré l'esprit.
Deux ans plus tard, les émissaires revinrent, pour porter le même message. Et ils obtinrent la même réponse : le Japon ne se soumettrait pas, quoiqu’il arrive. Si certains nobles se montrèrent hésitants, les discours de Fujin, qui avait toujours su manier les mots en maître, chassèrent les doutes dans les esprits. Tous savaient ce qu’il adviendrait ; tôt ou tard, une armée débarquerait sur les terres du nord et une nouvelle guerre commencerait. J’en trépignais d’impatience.
Le gouvernement du Shogunat, jeune mais loin d’être stupide, savait que les mongols ne s'arrêteraient pas à un refus. Des ordres furent donnés pour renforcer la région de Kyushu et la côte Ouest, zone la plus propice pour une invasion par la mer. Fujin et moi nous adonnâmes avec enthousiastes aux préparatifs. De tous les guerriers, nous étions les seuls qui gardait la mine réjouie. Les regards de travers ne nous atteignaient pas. Nous avions toujours été, tous les deux, en dehors du temps.
Enfin, au début de l'automne 1274, la flotte mongole débarqua. Nous fûmes envoyés en reconnaissance pour estimer leurs forces. Leur nombre nous laissa un instant sans voix. La flotte en elle-même s'étendait à perte de vue, dévorant l'océan comme un monstre assoiffé. Elle se composait, au bas mot, de trois cents vaisseaux, et plus de quatre cents navires plus petits. J'estimai le nombre d'hommes embarqués à au moins quinze mille du côté des chinois et des mongols, et huit mille pour les coréens, récemment conquis. Nous-mêmes ne nous attendions pas à une telle démonstration de force navale. J'échangeai un regard avec mon compagnon, avant d'afficher un sourire fourbe. Voilà un défi qui était à notre hauteur.
Notre rapport sema le trouble dans les rangs japonais. Le nombre écrasant de l'envahisseur les effrayait. Certains parlaient même de baisser les armes. Fujin entra en jeu pour leur servir un discours inspirant. Il harangua les armées à tel point que, même en sous nombre, les hommes commençaient à entrevoir une lueur d'espoir. Par ailleurs, un plan se dessinait dans mon esprit. Puisque l'ennemi avait l'avantage du nombre, nous allions devoir compter sur notre connaissance du terrain, mais surtout sur la ruse. Aussi, je pris Fujin à part et lui fit part de mon idée. Avec un sourire machiavélique, il hocha la tête et s'envola pour accomplir sa mission.
Les premiers jours furent sombres, apportant à chaque lever de soleil des nouvelles plus préoccupantes. Le Japon ne disposant d'aucun navire de guerre, les îles de Tsushima et d'Iki furent rapidement ravagées. Ainsi, le 19 novembre, l'envahisseur débarqua sur la baie d'Hakata, non loin de Dazaifu. Forts de leur nombre et arrogants, ils considéraient déjà leur victoire comme acquise. D’autant que nos forces en avant-garde furent repoussées jusqu’à la forteresse ; ces chiens possédaient des explosifs, armement qui nous faisait défaut. Mais nous les attendions. La fine fleur des samouraïs s'était rassemblée, dirigée par Hojo Tokimune, actuel dirigeant du Shogunat de Kamakura, entourés de ses deux plus proches officiers : Fujin et moi-même. La résistance que nous opposâmes déconcerta l'ennemi. Ils étaient peut-être en surnombre, et leur flotte d'une puissance considérable, mais au sol et à l'épée, ils n'égalaient pas la nôtre.
Nous livrâmes une bataille de longue haleine ; chaque homme tué représentait une grande perte étant donné notre nombre restreint, mais nous rendions au centuple chaque samouraï tombé au combat. Je savais que nous ne les aurions pas uniquement par la force du fer. Nous avions besoin de la ruse. Je tournais alors mon regard vers Fujin ; saisissant ma requête muette, il se transforma en bourrasque et s’éclipsa derrière les rangs ennemis, pour terminer ce qu'il avait commencé quelques jours plus tôt.
Il avait déjà détruit les vivres de l’armée adverse en premier lieu, pour affamer les soldats. Une tactique vieille comme le monde ; la loyauté d’un homme affamé n’allait plus qu’à son estomac, et il pouvait alors être capable du pire. Puis il avait utilisé la force des mots pour répandre rumeurs et souffle de rébellion. Aujourd'hui, il n'eut plus qu'à allumer le champ de mine si savamment agencé. Progressivement, un climat de mutinerie s’installa parmi les auxiliaires chinois et coréens, nullement satisfaits d’avoir été conquis par les mongols, et se répandit rapidement. A présent qu’il avait mis le feu aux poudres, il ne restait plus qu’à alimenter l’incendie qui se propageait. Pour couronner le tout, Fujin prit sa forme originelle et déclencha une tempête dévastatrice, qui ravagea en quelques heures la majorité de la flotte mongole, forcée d’abandonner. Cet affrontement historique fut nommée Bataille de Bun'ei, et Fujin acquit le surnom de Kamikaze.
Le lendemain fut un jour de recueillement et de fête. L’on passa de nombreuses heures à retrouver les morts et leur offrir une sépulture. Pour ma part, je ne partageais pas ces coutumes. Ayant connu l’avant, aussi vide que le crâne de l’empereur, je n’attendais rien de l’après. Le sake coulait à flot et les hommes chantaient, ivres morts, mais requinqués d’espoir et de fierté. Et Fujin exultait ; ils le portaient sur leurs épaules, conscients qu’il avait joué un rôle capital dans leur survie. Le shogun en personne nous félicita, et avança même qu’il nous rendrait nos amulettes quand la menace mongoles ne seraient plus qu’un mauvais souvenir.
Car nous n’étions pas dupes. La Chine était un vaste empire, qui regorgeaient de fringants guerriers. Les mongols ne se contenteraient pas d’une défaite. Il fallait nous préparer pour les prochains mois. Ils pouvaient contre-attaquer à tout moment. Des fortifications furent dressées le long des côtes de Kyushu. Des éclaireurs furent dépêchés régulièrement en mer pour surveiller les mouvements de l’envahisseur. Nos espions nous rapportèrent des nouvelles de la Corée ; son roi tentait de dissuader les Mongols de retenter une invasion à notre encontre, en vain.
ϟϟϟ
La soif de conquête de la dynastie Yuan s’étendit jusqu’au Sud de la Chine et s’empara de la flotte de la dynastie Song. Cette nouvelle sonna le glas de l'humeur festive. La flotte conquise était cinq fois plus puissante que la précédente. En cette année 1281, plus de 4400 navires allaient débarquer, avec à leur bord plus de 142 000 guerriers. J'avais pensé à user de la même technique que précédemment. Mais cette fois Fujin rencontra un hermétisme total à ses discours perfides propagés par le vent. Ceci dit, la même ruse avait peu de chance de fonctionner deux fois. Aussi je préférai le rappeler pour concentrer nos efforts sur le moral des hommes.
Grâce à plusieurs missions de reconnaissance, Fujin nous rapporta des détails intéressants sur la flotte de l'ennemi. De nombreux vaisseaux présentaient des défauts dans la coque, et selon lui, certains étaient même de simples bateaux de rivières à fond plat. L'Empereur semblait avoir précipité son nouveau caprice d'invasion en ordonnant la construction sur un laps de temps très court d'une flotte intégrale, forçant les artisans à travailler vite, mais mal. Voilà une faille à exploiter pour notre défense. Les vaisseaux de rivière n'étaient pas adaptés pour la mer et ses colères destructrices. Visiblement, les mongols n'avaient pas retenu toute la leçon.
Ce furent tout d’abord les 900 navires Yuan qui assombrirent la ligne d'horizon. Nous avions déployé peu d'hommes sur les îles d'Iki et de Tsushima, sachant qu'elles seraient encore une fois rapidement conquises. Le Shogunat avait concentré toute sa défense sur la baie de Hakata, et en particulier la forteresse de Daikufu. L'envahisseur débarqua au delà de nos défenses, ce qui me fit grimacer. Mais nous n'étions pas en reste. J'envoyais aussitôt une vague de samouraï sur les premiers vaisseaux pour les priver de tête de pont. À la fin de chaque assaut, j'ordonnais le replis des hommes derrière les murs fortifiés. Le gros de nos mouvements, je le réservais une fois le soleil couché.
Dès la tombée de la nuit, je dépêchai une vague de soldats vers les navires ennemis, silencieux et meurtriers, pour occire un maximum d'ennemi dans un laps de temps bref. Encore une fois j'évitai l'affrontement direct. La ruse et les coups en douce nous connaissaient bien ; c'était la notre meilleure stratégie pour lutter, et gagner du temps. Oui, car nous attendions le moment propice pour nous déchaîner. Le moment où les renforts chinois arriveraient, en pleine période de canicule, et par conséquent… d'orages. Le harcèlement porta ses fruits. Les Yuan se retirèrent sur l'île de Tsushima pour attendre les renforts. Il s'écoula plusieurs semaine, parsemées d'affrontement sous la chaleur implacable de l'été, dans lesquels les mongols perdirent au moins 3000 hommes. Ils ne parvinrent jamais à gagner une seule tête de pont.
Notre satisfaction fut vite chassée, le 21 juillet, par l'arrivée de la flotte chinoise. 3000 vaisseaux supplémentaires s'ajoutèrent à la balance. Heureusement, pour nous, il leur faudrait du temps pour se coordonner et partir à l'assaut, temps que je comptais bien mettre à profit.
"Fujin, je vais avoir besoin de ta maîtrise des vents. Sens comme l'air est lourd et chargé. Te souviens tu de la dernière fois ? Il va nous en falloir bien plus. Une tempête comme jamais il n'a existé. Attire-la avec tes pouvoirs, forme-la au loin, et au moment venu, lance-toi, et joins toi à elle. La saison des orages approche, je pourrai alors leur régler leur compte une bonne fois pour toute."
Le 12 août, les vaisseaux de l'ennemi se mirent en route. Un poil trop tôt par rapport à mes prévisions. Je sentais l'électricité dans l'air, mais ce n'était pas suffisant. Fujin redoubla d'effort, et finalement, trois jours plus tard, toutes les conditions furent réunies pour l'exécution de mon plan. Nous nous dressâmes tous les deux sur la plage, devant l'envahisseur, après avoir mis les hommes à l'abri. Fujin leva les bras, les yeux alors tels des nuages d'orage, tandis que de l'électricité s'échappait par intermittence de mes poings serrés. L'heure de notre gloire avait sonné.
Brusquement, nous nous élevames dans les airs. Un vent de surprise s'éleva chez l'ennemi. Fujin força les vents à lui obéir et bientôt, il fut au centre d'une immense tempête, encore plus conséquente que la précédente. Quant à moi, j'optai pour ma forme véritable, une masse informe de foudre qui s'étira, tel un dragon des temps anciens.
"Mongols ! Rebrousser chemin, ou subissez à nouveau la colère des dieux protecteurs du Japon !"
Cet avertissement, lancé plus pour le style que par réelle conviction, ne gêna point les Yuan, qui n'amorcèrent aucun mouvement de retraite. Un sourire mauvais se dessina sur mon visage difforme. Tant mieux. J'avais trop besoin de montrer de quoi j'étais vraiment capable. Je libérai toute la puissance accumulée ces dernières années en prévision de cette bataille. Le ciel fut zébré d'innombrables éclairs. Les vents arrachèrent voiles et mâts. Les vagues, emportées par la fureur du ciel, fracassèrent la coque des navires. Au loin tonnaient des voix. "Kamikaze, Kamikaze ! Ryujin !"
Certaines endiablées, côté japonais, d’autres progressivement terrifiées, chez l'adversaire, qui répétait petit à petit les noms menaçant que scandaient les défenseurs. Mais il était trop tard pour supplier notre clémence. Ils nous avaient défié. Qu'ils se réjouissassent ! Ils allaient être témoins de nos puissances conjuguées. Un rire mauvais s’échappa de ma gorge tandis que le premier éclair s'abattait sur l'ennemi.
Plus de quatre-vingt pour-cent des soldats ennemis périrent durant la tempête, noyés, électrocutés ou tués par notre armée dès qu'ils posaient un pied sur la plage. La tempête déclenchée par Fujin dura deux jours. Lorsque les vents se calmèrent enfin et que l'horizon s'éclaircit, les japonais découvrirent une mer de débris. Si nombreux qu'il était possible de se déplacer d'un point à l'autre de la terre. Cette victoire écrasante du 15 août 1281 demeura dans les annales sous le nom de bataille de Koan.
Nous restâmes longtemps passifs après les invasions mongoles. Ayant épuisé une grande partie de nos ressources, il nous fallut du temps pour reconstituer notre puissance. Quelque peu dégoutés par l'ingratitude du Shogunat, qui n'avait pas tenu parole et retenait nos amulettes, nous avions décidé de rester à l'écart pendant un temps, les laissant à leurs querelles intestines tant qu'ils ne nous forçaient pas à y participer. D'autant que la cohabitation avec les sorciers devenaient tendue. Ils avaient été terrifiés par le spectacle de la bataille de Koan et craignaient que nous n'abusions de notre pouvoir. J'en avais surpris à plusieurs reprises qui nous épiaient. Leurs frayeurs m'importaient peu. Je n'avais aucune raison, pour l'heure, de leur chercher querelle.
Mais la situation se dégrada au fil des années, nous obligeant à changer régulièrement de repaire. Toutefois, rappelés par le Shogunat des Hojo, nous prîmes part au conflit qui se déroula pendant la restauration de Kenmu. Je vis là l’occasion de nous venger de l’ingratitude des régents Hojo. Fujin installa un vent de traîtrise chez Ashikaga Takauji, proposant de l’aider à fonder son propre shogunat en échange de son aide pour nous libérer des régents de Kamakura. Il tint parole, dérobant les amulettes à Hoko Takatoki juste avant de prendre le parti de l’empereur Go-Daigo. Ainsi Hōjō Takatoki, dernier shikken des Hojo, fut trahi par son général, et se suicida en 1333.
Pour une fois, le possesseur de nos amulettes tint parole et nous rendit notre liberté en 1336. Nous quittâmes le Japon un temps pour voyager dans les autres pays de l'Est. Chine, Mongolie, Corée, Vietnam, Thaïlande, et même la Sibérie pendant quelques mois. Un long voyage d’exil qui dura plus d’un siècle, afin de nous faire oublier un temps de l’Enclave du Japon, qui s’agitait un peu trop autour de nous.
Nous revînmes sur l’archipel au milieu du 15e siècle. Étions nous attirés par les conflits comme les papillons par la lumière, ou les semions-nous dans notre sillage ? Toujours est-il que nous refîmes parler de nous durant la guerre d'Onin, déclenchée par une énième querelle de succession.
ϟϟϟ
Deux clans se disputaient le trône shogunal. D'un côté, Yamana, qui soutenait le fils du Shogun, et de l'autre, Hosokawa, qui soutenait le frère du shogun. Tout ca parce que Ashikaga avait adopté son frère avant d'avoir un fils. Dire que Yamana était le beau père de Hosokawa. Ces humains avaient décidément un drôle de concept de la famille. Je savais que les relations avec les beau-parents pouvaient être complexes, mais à ce point, tout de même… Notre chemin croisa accidentellement Hosokawa dans cette période où les tensions étaient à leur comble. Il parvint par hasard à mettre la main sur nos amulettes, et, lorsque j’interrompis mon mouvement prêt à l’occire, il comprit aussitôt l’emprise qu’elle avait sur nous.
Il nous expliqua la situation militaire actuelle. Son armée de 85 000 hommes se tenaient au centre de Kyoto, face à celle de son rival, composée de 80 000 samouraïs. Cependant, ni l’un ni l’autre n’osait lancer l’affrontement, de peur d’apparaître en rebelle aux yeux du shogun. Il ordonna à Fujin d’agir pour changer la situation. Pour lui donner l’avantage et cesser définitivement cette guerre. Il souhaitait défaire son adversaire sans pour autant passer pour un rebelle. Et il avait entendu parler de la légende sur le pouvoir que Fujin exerçait sur les mots. Sur les rumeurs qu’il répandait comme une traînée de poudre. Il souhaitait l’utiliser contre Yamana. Quant à moi, il préférait que je restasse à l’écart, car j’étais trop imprévisible.
Nous n’avions pas spécialement envie, pour une fois, de nous impliquer dans une guerre qui ne nous appartenait pas. Cependant les amulettes nous obligeaient à lui obéir. Fujin reçut l’ordre explicite de répandre une fausse rumeur sur Yamana pour ternir sa réputation. Et moi, il m’ordonna de rester à l’écart de Yamana. Je bouillais de l’intérieur. Il utilisait Fujin comme un objet, tout en me forçant de rester passif. Et je détestais ça. Je ne pouvais aller à l’encontre de la volonté de mon amulette. Mais… J’avais ma petite idée pour changer les choses.
Je survolais la ville jusqu’à la demeure de Hosokawa, l’esprit nourris de pensées lugubres. J’en avais marre de finir en jouet entre les mains des humains ou des sorciers. Il était grand temps qu’ils comprissent ce qu’il en coûtait de vouloir dompter des forces supérieures. Une expression sinistre et déterminée sur le visage, je jetai un regard sombre sur la demeure de notre oppresseur. Cette nuit là, la foudre s’abattit sur le domaine, qui disparut dans les flammes. Trop tard, malheureusement, pour empêcher le complot d’Hosokawa ; car 20 000 hommes supplémentaires rejoignirent l’armée de Yamana au même moment. Et les rumeurs de mon ami avaient fait mouche ; cet incident fut aussitôt attribué à Yamana, qui reçut le titre indésiré de rebelle. Et la guerre d’Onin commença.
Les deux camps s’affrontaient sans relâche ; le Nord de la capitale du pouvoir était en ruine, et la population fuyait en masse. Les deux belligérants finirent par trouver la mort en 1473 -et je ne cacherais pas que nous n’y étions pas pour rien. Ce qui nous permit, par la même occasion, de retrouver notre liberté. Cependant, la guerre ne prit pas fin pour autant ; au contraire. Et pendant que la guerre civile éclatait, que le peuple souffrait et se mourrait, le shogun se pavanait dans ses atours, vivant de poésie et d’art lyrique, totalement hermétique au malheur qui frappait la région. Alors même qu’il était à l’origine de ce conflit. Révulsé par l’attitude d’un homme si peu digne de son pouvoir, je décidai d’y mettre un terme.
Ainsi, je participai au soulèvement des paysans et des samouraïs de basse caste, les ji-samuraï, en 1485, les aidant à fonder, un an plus tard, leur propre gouvernement. Puis, en 1488, nous chassâmes les principaux seigneurs de la province de Kaga, sous la couverture de la secte ikko-ikki. Les révolutionnaires commencèrent à construire une grande forteresse pour y établir leur quartier général. Un endroit parfait pour nous reposer. J’en profitai pour trouver un moyen de soustraire nos amulettes à la cupidité du genre humain. Et finalement, après quelques essais infructueux, nous parvînmes à intégrer notre amulette respective dans notre corps.
La guerre d’Onin n’avait pas aidé à passer inaperçu après notre retour au pays. Je me sentais épié de plus en plus. Il n’y avait plus un endroit où je me sentais en totale tranquillité. Par ailleurs, Fujin m’avait rapporté de bien sombres rumeurs sur l’Europe. La situation des sorciers là-bas était critique. L’Eglise catholique se livrait à une chasse sans merci ; brûlant, noyant, démembrant les magiciens -et pas uniquement- qui tombaient entre leurs mains. J’imaginais bien alors l’état d’esprit des sorciers du Japon. Et je comprenais leurs inquiétudes, même si je ne les partageais pas. Cependant, cela ne leur donnait pas le droit de nous traquer comme des bêtes. Jusqu’à présent, je ne les avais jamais embêté. Mais cela risquait de changer, s’ils s’entêtaient.
ϟϟϟ
Un soir de l’automne 1488, alors que je rentrais d’une journée de débat au centre de commandement, je fus surpris de trouver sur la table basse du salon une petite enveloppe cachetée, qui m’était destinée. Je la saisis et l’oscultai, mais ne trouvai rien d’autre que du blanc et de la cire rouge. Je la décachetai pour lire le contenu de la lettre. Et celle-ci me laissa pantois. Je relevai la tête, la mine sombre. Des traîtres dans les rangs ikko-ikki… C’était à prévoir. Soit. Je me rendrais à cette réunion informelle pour en apprendre plus.
Arrivé sur les lieux, j’inspectai mon environnement. Cependant, il semblait que je fus le premier à mettre un pied ici. Je fis basculer mon capuchon pour dévoiler mon identité à ceux qui, je le supposais, se cachaient dans l’ombre, certainement méfiants, craignant d’avoir été suivi par l’un des fameux traîtres. Me reconnaissant, l’un d’eux s’approcha de moi.
"Seigneur Raiden ? Vous êtes venu !"
"Oui. Alors, racontez moi, quelle est cette histoire de trahison ? Qui, et pourquoi ? Parlez que diable !
"O-oui, voyez-vous, c’est l’un de mes espions qui m’a rapporté la nouvelle… Il semblerait que notre organisation ait été infiltrée par des fidèles de Masachika. Le clan n’a pas dit son dernier mot, semblerait-il. Donc, il a envoyé des hommes pour obtenir des informations sur nos commandants, sur nos mouvements, nos forces et nos faiblesses…
L’homme était agité. Il ne cessait de regarder autour de lui. Nous pensait-il épiés par quelqu’un ? Craignait-il pour sa vie ? Il redressa le menton, les yeux rivés sur un point derrière moi. Surprenant un son suspect, je fis volte-face, et tombai sur un individu encapuchonné, accroupi au sol, déposant une pierre dans l’herbe fraîche. Je ne savais pas de qui il s’agissait, mais son attitude n’augurait rien de bon. Je me précipitai vers lui, usant de ma célérité foudroyante.
Au lieu de l’atteindre, je rencontrai un mur invisible ; le choc me projeta en arrière, libérant dans mon sillage des arcs électriques. Je me redressai rapidement, bien qu’un peu sonné. Je remarquai alors l’étrange cercle runique tracé autour de moi, renforcé par des gemmes opalescentes, comme celle que cet ennemi inconnu venait de déposer. Je me rapprochai prudemment et posai les mains sur cette barrière hors de portée de ma vision. Mes doigts rencontrèrent une résistance, comme repoussées par une force invisible. Furieux, je pris ma forme originelle et m’élevai pour contourner cette étrange barrière. Mais elle couvrait également l’espace au dessus de moi. Je poussai un hurlement de colère ; j’étais piégé comme un rat.
"Enfin." s’écria mon interlocuteur. "Ce jour restera dans les mémoires comme celui où nous avons enfin capturé l’aberration Raiden."
Je le toisai de mes globes jaunes, tandis que mon corps se contorsionnaient, ne supportant pas la sensation d’enfermement. Un sorcier… ce ne pouvait être qu’un sorcier. Comme celui qui venait de m’enfermer ! Satanés magiciens ! Si j’arrivais à sortir d’ici, je leur ferais passer l’envie de m’emprisonner comme un vulgaire animal ! Et… comment m’avait-il désigné ? “aberration” ? Qui donc était-il pour m’insulter ?
"Allons, hâtez-vous, l’autre ne va pas tarder ! Il faut se tenir prêt. Ce sera le plus difficile."
L’autre ? … Fujin ! Ils l’attendaient ! Malédiction. Ils avaient tout prévu. C’était un piège, depuis le début. Que lui voulaient-ils ? L’emprisonner certainement. Et après ? Que comptaient-ils faire de nous ? Ils savaient certainement qu’il suffisait de mettre la main sur nos amulettes pour nous contrôler. Souhaitaient-ils nous arracher le secret de leur cachette ? Je fus pris d’un terrible pressentiment. Et je ne pouvais pas prévenir mon ami !
Le vent se leva brusquement en rafales furieuses qui tourbillonaient dans la plaine. Et au-dessus se dressait une silhouette aux contours indécis, que je reconnus immédiatement. Mais je n’étais pas heureux de le voir. Pour la première fois depuis notre création, je ressentais un sentiment très humain : la peur. J’élevai ma voix tonitruante pour prévenir mon ami, mais trop tard. A peine eut-il posé un pied sur l’herbe fraîche de la colline que les sorciers, au nombre de dix, se ruèrent sur lui, à coups de sortilèges fulgurants et d’une extrême précision. Je notais surtout l’emploi du feu ; ces gens étaient très bien préparé. Ils connaissaient ses faiblesses.
J’assistais à leur affrontement depuis ma prison invisible, tournoyant sauvagement au-dessus du sol, comme une véritable boule de feu. De temps en temps, je testais la solidité de ma cage ; mais celle-ci tenait bien. Cependant… je crus distinguer à plusieurs reprises un des sorciers vaciller à certains de mes assauts. Celui qui avait posé la dernière pierre. Ce devait être lui qui contrôlait ce sort. Fujin l’avait compris ; il tentait de l’atteindre, mais ses acolytes le protégeaient efficacement.
L’affrontement faisait rage. Les vents se déchaînaient ; mais curieusement, ils fléchissaient chaque fois qu’ils atteignaient un adversaire. L’un deux contrôlait certainement cet élément. Pas assez pour le retourner contre Fujin, mais suffisamment pour le contrer. Un autre contrôlait le feu ; la plus grande faiblesse de Fujin, qui, constitué d’oxygène, se consumait à son contact. Il usait donc principalement de son pouvoir pour dévier les langues de feu qui s’élançaient vers lui, tels d'impitoyables dragons. Il parvint toutefois à terrasser deux d’entre eux. Puis, alors que les sorciers s’épuisaient et que mon compagnon prenait le dessus, le cours de la bataille s’inversa brusquement.
Je perçus un éclat depuis un bosquet. L’instant d’après, une flèche dense et transparente fusait dans la direction de Fujin. Celui-ci projeta une rafale pour détourner sa trajectoire, mais le projectile y fut totalement insensible. Il poursuivit son chemin jusqu’à sa cible : le bras de Fujin. Un terrible hurlement, semblable au sifflement d'un millier de brises, déchira le ciel. Les tornades perdirent en intensité, tandis que mon âme sœur arrachait le projectile de son corps élémentaire. Mais d’autres surgirent de la pénombre. Il dut user de sa légendaire agilité pour les éviter.
Cependant, il ne pouvait être au four et au moulin. Alors qu’il se concentrait sur ces flèches capables de le blesser jusqu’au tréfonds de son être, les flammes l’encerclèrent progressivement, pour s’enrouler autour de ses membres, lui provoquant d'insupportables brûlures. Membres écartés, il hurlait sauvagement, se contorsionnant pour tenter d’échapper à ces liens ravageurs. Pétrifié, j’assistais à sa torture, incapable de lui venir en aide. Ne pouvant tolérer cette cruauté, je redoublais d’effort pour briser le sort qui me retenait prisonnier ; mes hurlements de rage semblable au tonnerre emplissait l’atmosphère, promettant à nos ennemis un sort funeste si je parvenais à m’échapper.
Et soudain, Fujin se figea. Il baissa le regard sur la pointe de lance qui venait de l’empaler au niveau de l’abdomen. Aussitôt, un éclair argenté fusa de son corps et atterrit aux pieds de l’archer. Celui-ci se baissa aussitôt, matérialisa un marteau en cristal et asséna un terrible coup. Un craquement sinistre retentit, dont l’écho se répercuta jusque dans mon âme. Fujin hurla en même temps que moi ; son corps vaporeux fut pris de terribles convulsions, tandis qu’un fluide vaporeux et argenté s’élevait progressivement de l’amulette brisée.
Un coup de tonnerre encore plus puissant assourdit les assaillants. Mon hurlement de souffrance déchira le ciel, comme s’il menaçait de s’écrouler sur nos têtes. Une terrible douleur irradiait de tous les pores de mon essence. Pourtant, aucun dommage physique ne m’avait atteint. Non. C’était bien au delà de ça. Comme si l’on venait de m’arracher le coeur. C’en fut trop.
Subitement, toute l’énergie accumulée ces dernières décennies se libéra. Une explosion d’éclairs fit voler en éclat le champ de force qui me contenait. Au loin, le sorcier ritualiste s’effondra. Ses camarades eurent tout juste le temps de se tenir la main pour disparaître, alors que je fusai vers Fujin. Je tournoyai quelques secondes, frustré que mes proies m’eussent échappé, avant de redescendre vers le sol, reprenant forme humaine. Je m’agenouillai près de mon compagnon et soutins sa tête dans mes mains, sur mes cuisses.
"Fujin ! Parle-moi !
"Rai…
Il leva une main transparente vers mon visage. Son corps perdaient en texture ; je sentais sa magie le quitter à grande vitesse, tandis que son essence s’échappait. Je jetai un oeil à son amulette. La lumière habituelle luisait faiblement dans le crépuscule naissant. Des filaments de magie fusaient dans l’atmosphère. Ma gorge se serra tandis que je réalisais ce que cela impliquait.
"Ne… pleure pas… Souviens… toi… Les dieux… ne meurent pas !
Même à l’article de la mort, il ne pouvait s’empêcher de faire de l’esprit. J’aurais pu en rire, s’il n’était pas sur le point de disparaître. Il m’accorda un dernier sourire, fier jusque dans la mort. Je me penchai pour l'embrasser une dernière fois, comme si ce simple geste suffirait à chasser la mort.
Mais inévitablement, son corps perdit toute consistance, et son visage s’effaça progressivement. Je sentis une brise me traverser pour rejoindre, sans doute, un autre plan d’existence. Puis, la présence de mon âme jumelle s’évapora. Fujin s’était éteint, 950 ans après son avènement.
Un hurlement déchirant s’échappa de ma gorge, qui persista de longues minutes. La foudre se déchaînait autour de moi, tandis que j’extériorisais ma peine. Jamais je n’avais ressentis pareille souffrance. Pareil chagrin. C’était bien au delà de la mort de Suiko. Bien plus pénétrant, bien plus terrifiant. Je venais de perdre celui qui m’avait accompagné depuis notre création. Depuis toujours. Mon bien aimé Fujin.
Au bout d’un moment, ma voix mourut sur des sanglots, tandis que je fixais ces paumes qui, quelques minutes plus tôt, tenaient encore l’homme que j’aimais. Je perçus alors un gémissement non loin de moi. Le sorcier responsable de mon emprisonnement, abandonné par ses confrères et mystérieusement épargné par la foudre, venait de sortir de l’inconscience. Mon expression se mua en une terrible haine et une détermination monstrueuse. En une seconde, je fus sur lui. Et pendant des heures, je le torturai, lui faisant payer au centuple la mort de Fujin, lui arrachant tous ses secrets jusqu’à la cachette de ses complices. Jusqu’à ce qu’il me suppliât en pleurant comme un nourrisson pour que je misse fin à ses jours. Mon visage se tordit en un rictus mauvais, méconnaissable. Non. Je ne pourrais pas me montrer si clément. Et ainsi, son coeur finit par lâcher, quinze minutes plus tard, incapable de supporter plus de souffrance.
Je me redressai, tremblant, bouillonnant, ma haine nourris par les scènes sinistres et réjouissantes qui s’enchaînaient dans mon esprit. A présent, c’était à leur tour de souffrir. De payer. De mourir, lentement, mais sûrement. De hurler pardon. De quémander ma clémence. De supplier. De souffrir, comme Fujin avait souffert. Mon regard électrique se porta sur l’horizon. Ils ne m’échapperaient pas.
Pendant de nombreux mois, je les traquais, les débusquant un par un. Chacun eut droit au même sort que le premier. Le suivant souffrant toujours plus que le précédent. Jusqu’à ce que le dernier eut expiré son ultime soupire. Alors, ma frénésie se calma. Alors seulement, je m’écroulai, au sommet du Mont Fuji, vidé, terrassé par la fatigue et le chagrin, pleurant mon amour perdu.
La solitude. Un sentiment que je n'avais jamais subi jusqu’à présent. J'avais partagé ma vie entière avec mon bien aimé Fujin. Il avait été tout pour moi : frère, ami, compagnon d’infortune, amant... le seul pour qui j'aurais remué ciel et terre. Ma seule attache en ce monde, désormais terne et fade. Désormais, Fujin n'était plus rien. Son essence s'était dissipée dans l'air, évanouie dans l'atmosphère. Il m'arrivait parfois d'imaginer, lorsqu'une brise inhabituelle se levait, que mon vieil ami tendait la main pour me caresser la joue. Je comprenais alors les tendances des humains à croire. C'était un moyen pour se rassurer et pour aller de l'avant. A force de les côtoyer, j'avais acquis cette capacité qui les définissait. Je n'étais finalement pas si différent du commun des mortels.
J'errai pendant des années sans but, déconnecté de la réalité, le cœur lourd. La vie sans lui n'avait plus aucune saveur. Ses piques provocatrices et son humour noir me manquaient terriblement. Quand je fermais les yeux, je revoyais son visage terrifié à l'idée de disparaître, crispé par la douleur, mais traversé pourtant d’un sourire mutin. Il n'avait pas mérité cette fin. Tout ce que nous avions accompli était soit pour la sauvegarde de ce pays, soit par contrainte. Ma haine envers l’Enclave japonaise prenait de l’ampleur à mesure que les années me séparaient de Fujin.
En 1498, je pris finalement une décision. Les sorciers étaient déterminés à m’éliminer. Il leur fallait être en grand nombre pour avoir une chance de faire le poids face à moi, et uniquement s’ils possédaient des sorts capables de me contrer. Alors, il me suffisait d’y opposer mes propres forces. Il restait encore dans différentes provinces des hommes et des femmes qui me soutenaient ; voire même, pour certains, qui me vénéraient. Nous étions à l’ère des seigneurs de guerre. Je me fis alors daimyo et fondis mon propre clan : le clan Kaminari. Il avait pour armes le symbole tomoe, jaune pâle sur fond ambré, qui par ses branches spiralées me rappelait les éclairs capricieux. Ce symbole devint très populaire sur les tambours taiko, d’ailleurs.
J’entrepris de nouer des liens avec d’autres clans, en particulier ceux dont la loyauté ne m’était pas forcément acquises. “Garde tes amis près de toi...”, comme disait le proverbe. En l’an 1510, j’acceptai même de prendre pour épouse la dernière fille d’un grand seigneur de guerre. Une toute jeune femme qui n’avait clairement pas choisi sa destinée ; et la contrainte qui la conduisit sur mes terres me rappela celle qui m’oppressait fût un temps. Sa délicatesse et sa dignité me faisait même penser à Suiko Tenno. Je veillai alors à ce qu’elle ne manquât de rien.
Les années passèrent, et les rumeurs allaient bon train. Car dans un milieu aussi attaché sur les traditions de succession, un clan sans descendant était un clan jugé fragile, faible. Ces médisances me concernant ne me faisaient ni chaud, ni froid ; en revanche, je n’appréciais guère les critiques qui portaient sur ma femme. C’était moi, le problème. Je l’avais toujours su ; et si je n’étais guère doué de compassion envers autrui, je connaissais très bien les principes de justice et de cruauté. Et, pour une femme tout juste sortie de l’adolescence, c’était une cruelle injustice. Car si sa position était contestée, elle n’aurait plus aucune valeur aux yeux de quiconque.
Jusqu’à un jour de l’année 1518, où un sinistre incident m’accorda pourtant une issue inattendue. Je recueillis un jour une paysanne, engrossée par un soldat peu scrupuleux, et la mit au service de mon épouse, lui accordant ainsi un toit et une protection. J’acquis ainsi sa loyauté sans faille, une denrée précieuse par les temps qui couraient. Elle nomma même son enfant Raitaro pour me rendre hommage. Un soir, elle sauva la vie de ma femme en prenant un mortel coup de poignard à sa place, laissant derrière elle un fils orphelin. Encore une victime d’un complot, visant à éliminer mon épouse pour la remplacer sans doute par une autre jeune femme bien portante. Afin de lui rendre hommage, je décidai de prendre le nourrisson sous mon aile et l’adoptai, pour le plus grand plaisir de ma femme, qui put enfin élever un enfant en prétendant l’avoir mis au monde.
Ma position ainsi raffermie, je menai mon clan d’une main de fer, sévère mais juste, étouffant les conflits dans l’oeuf. Je découvrai l’insolite situation de la paternité avec un certain scepticisme. Mon épouse tentait bien de faire naître dans mon coeur aigri un peu d’affection pour cet enfant, mais je n’étais probablement par fait pour ces choses là. Malheureusement, elle fut emportée un soir par la maladie. Raitaro, alors âgé de neuf ans, fut ainsi brutalement privé de sa mère. La peine qui l’accablait fit écho à la mienne, lorsque Fujin s’était éteint. J’imaginais alors très bien le sentiment de solitude qui le terrifiait. Ce fut probablement ce qui nous rapprocha tous les deux. Je développai progressivement une relation de complicité avec lui, ce qui était étrangement… apaisant. Peut-être avais-je enfin trouvé quelqu’un pour chasser cette immense solitude qui m’habitait depuis plusieurs décennies.
Un groupe de fidèles s’était formé au fil des ans ; ils se firent appeler les Rakurai. Sans même me concerter, ils se mirent en tête de me construire un temple, un genre de sanctuaire en somme. Loin de les en dissuader, j’étais même plutôt séduit par cette initiative. C’est ainsi que je supervisai de loin les travaux, appréciant la compétence des artisans et leur ferveur dans la tâche. Lorsqu’il fut terminé, je l’investis aussitôt pour y entreposer les souvenirs de mes voyages, éparpillés un peu partout sur l’archipel dans des caches connues de moi seul.
Plus le temps passait, plus j’étais méfiant envers les sorciers, et mes autres ennemis assez audacieux pour tenter de voler mon amulette. Je fis donc fabriquer dans le plus grand secret une réplique de mon amulette. J’y insufflai même une infime partie de mon essence pour mieux tromper la vigilance de mes adversaires magiques. Ainsi, leurs yeux seraient tourner sur la mauvaise cible. Par la suite, je portai l'artefact factice en permanence sur moi, étoffant davantage la divine comédie, qui perdura jusqu’en 1538.
ϟϟϟ
Le 13 janvier 1538, je fêtais l’anniversaire de mon fils adoptif, et j’accédai alors à une demande récurrente de sa part : la visite de mon sanctuaire. Son esprit curieux de jeune et fringuant guerrier cherchait depuis plusieurs mois déjà à s’approprier les savoirs renfermés dans ces murs sacrés. Puisqu’il m’avait largement fait honneur, par sa dignité et sa persévérance, autant que par son excellence dans de nombreux domaine, j’estimais qu’il l’avait amplement mérité.
Mais alors que je racontais à Raitaro mes pérégrinations en Europe, tout en lui montrant la magnifique réplique de mon amulette, je crus percevoir une conservation lointaine provenant de l’extérieure du bâtiment. D’un geste, j’intimais à mon fils de faire silence, les yeux plissés. J’avais pourtant demandé à ne pas être dérangé.
"Va te cacher dans ce renfoncement. Si jamais il arrive quoi que ce soit, sauve-toi et va chercher de l’aide.
"Père ?"
"Ce n’est sans doute rien, mais prudence est mère de sûreté.
Mes paroles ne l’avaient guère rassuré. Mais j’étais un piètre comédien ; la méfiance suintait par tous les pores de ma peau. J’avais été trop de fois dupé pour ne pas prendre un minimum de précaution. Il s’exécuta sans un mot, comme à son habitude. Brave petit. Je me dirigeai alors vers l’entrée pour accueillir les intrus d’un air courroucé. Je reconnus à leur tenue un groupe du Rakurai. Ils parurent surpris de me voir ici.
"Kaminari-sama ? Nous ne savions pas que vous étiez là… La fête bat son plein en l’honneur de Raitaro-sama votre fils, nous ne pensions pas vous déranger…"
"Que venez-vous faire ici ?
"Eh bien, nous venions rendre nos offices, comme chaque semaine."
"Oh vraiment ? Ce n’est pas plutôt demain ?
Je les fixai d’un air sombre. J’avais appris, avec le temps, à accorder de l’importance au moindre détail et connaître sur le bout des doigts les faits et gestes de mes gens, à leur insu. Aussi, je savais pertinemment que les offices du Rakurai étaient le lundi, et non le dimanche. Les hommes échangèrent un regard, nerveux. Ils n’avaient aucune raison valable de se trouver là. Je levai une main, paume vers le ciel, l’électricité crépitant furieusement au bout de mes doigts. Ils savaient le châtiment que je réservais à ceux qui enfreignaient les règles.
Soudain, l’un d’eux jura et réagit au quart de tour, braquant sur moi un étrange objet. Je sentis aussitôt une sensation familière et très désagréable. Elle me ramena cinquante ans auparavant, emprisonné dans une cage invisible alors que mon compagnon se faisait torturer. Je poussai immédiatement un cri de rage ; ils ne m’auraient pas une seconde fois ! Je dégainai mon sabre, et l’affrontement commença.
Les sorciers fatiguaient sous mes assauts intempestifs ; je sentais leur volonté fléchir, et l’efficacité de leur artefact diminuer. Je pouvais à nouveau lancer de petits éclairs, rien de très destructeur, mais assez pour les inquiéter. Cela faisait bien longtemps que je me préparais à un nouveau combat contre eux. Leurs petits tours ne m’impressionnaient pas ! Après un revers de ma lame, le sorcier responsable de la contention de mes pouvoirs vacilla ; il ne me restait qu’à l’achever proprement. Je levai mon sabre, prêt à l’occire. Mais une terrible douleur dans le dos me fit lâcher mon arme.
Poussant un cri, je chancelai avant de faire volte face. L’un de mes adversaires s’était faufilé dans mon dos à mon insu et m’avait planté un poignard… un poignard en or. Je connaissais les propriétés de ce matériau ; les mayas en possédait en nombre, et j’avais découvert à mes dépends ma sensibilité. Heureusement, c’était une ressource précieuse qui servait, tout au plus, à décorer les armes ; pas à les fabriquer. Du moins, jusqu’à présent.
Mon corps trembla brièvement ; puis mon amulette fusa quelques mètres derrière, non loin de l’endroit où Raitaro se cachait. Mon regard se porta sur l’artefact ; je devais à tout prix les empêcher de s’en saisir ! Mon esprit combatif redoubla en intensité. Alors que je me battais par rage et volonté de détruire, cette fois, l’instinct de survie guidait mon bras. Saisissant ma lame, je fonçai sur mes ennemis, poussant un hurlement tonitruant. Même blessé, je restais un dangereux guerrier. Je parvins à les repousser dans la salle du fond ; l’un d’eux tomba sous ma lame, semant la panique et le doute dans le coeur de mes adversaires. Plus que sept. Cette perte leur coûtait cher, car seul le nombre et les bons sorts pouvait rivaliser avec ma puissance.
Je ressentis alors au plus profond de moi un appel sourd et distant. Une sensation familière qui se produisait chaque fois qu’autrui se saisissait de mon amulette. Je jetai un oeil quelques mètres derrière moi ; l’amulette était pourtant bien en place. J’esquissai alors un sourire ; Raitaro venait de substituer la réplique avec la vrai. Je n’avais plus qu’à lui donner l’occasion de s’échapper pour qu’il pût la mettre à l’abri. Mes assauts redoublèrent d’intensité ; et du coin de l’oeil, de profil par rapport à la porte d’entrée dans la pièce adjacente, j’aperçus mon fils qui s’enfuyait à toutes jambes. Et de là où ils étaient mes adversaires ne pouvait l’avoir vu. J’avais pris soin jusqu’à présent de me contenir pour ne pas risquer de le blesser involontairement. Mais désormais, plus rien ne me retenait. J’affichai une expression mauvaise tandis que je relâchai ma toute puissance. J’aurais pu avoir ma chance, si seulement j’avais eu connaissance du piège.
L’un des sorciers, celui dont j’avais failli prendre la vie, réagit au quart de tour. Il prononça un mot, un seul ; et tout le bâtiment entra en résonance. L’impression d’isolement revint à la charge, plus forte que jamais. Fuir. Je devais m’extirper de là. Je me tournai vers la sortie. Mais un sorcier profita de cette distraction pour incanter et m’immobiliser. J’avais beau résister, une force invisible me contenait, alors même que je tentais de prendre ma forme originelle. Et l’un de ses camarades en profita pour me planter son poignard en or dans la poitrine, transperçant mon armure comme s’il s’agissait de beurre.
Mon cri de douleur secoua le bâtiment entier. Je mis un genou à terre, gravement blessé. Un troisième ennemi se précipita sur l’amulette pour la récupérer. Je tentai de me relever, mais celui qui croyait posséder l’artefact m’ordonna de m’arrêter. Je me stoppai net ; même si ça me coûtait, je devais jouer la comédie jusqu’au bout, si je voulais avoir une chance de m’en sortir. L’un d’eux en profiter pour m’enchaîner ; il ne savait pas à quel point il avait raison de prendre une telle précaution. Chaque mouvement que je tentais me déclenchait une vague de souffrance. Foutu métal ! Je jetai un regard haineux envers ces chiens de sorciers qui s’enfuyaient. Le dernier se retourna sur le palier et m’offrit un sourire suffisant.
"Désolé, Kaminari-sama. Il insista sarcastiquement sur le titre honorifique en levant les paumes vers le ciel. Je crispai les mâchoires. Nous ne comptions pas te neutraliser aujourd’hui, mais… ta présence ici n’était pas prévue. Tant pis. Le piège est bien assez efficace comme ça. Ce temple, comme tu aimes l’appeler dans ton ego surdimensionné, a été spécialement conçu pour toi, si tu vois ce que je veux dire. Ce n’était pas difficile de se faire passer pour des rakurai et de trafiquer la structure du temple. Je n’ai eu qu’à incanter pour achever le piège. A présent que nous avons ton amulette, ce n’est qu’une question de temps avant qu’on trouve le moyen de la détruire. Et ainsi, te détruire. Une bonne fois pour toute. Ce n’est pas un temple, Raiden, c’est une prison. Ta prison. Dans laquelle tu vas attendre la peine de mort."
Il referma alors les portes en riant. Et le potentiel du temple se révéla sous son vrai jour. Je sus alors que jamais je ne pourrais sortir d’ici par mes propres moyens.
ϟϟϟ
Voilà à quoi j’en suis rendu aujourd’hui. Apposer mon histoire sur des vieux parchemins, pour tromper l’ennuie, emprisonné ici, sans ressources. J’ai bien tenté de forcer ces murs, une fois les chaînes en or évanouies ; en vain. Mes forces m’abandonnent progressivement ; j’ai consumé une grande partie de mes réserves pour guérir de mes terribles blessures. Cet endroit est frappée régulièrement par la foudre ; j’entends son appel, mais je ne peux pas sortir. Je la sens parcourir la structure du temple pour rejoindre la terre. Quelle cruauté ! Si proche et pourtant si inaccessible…
Mais je ne perds pas espoir. Voilà plusieurs semaines que Raitaro s’est enfui. Je ne sais pas ce qui lui prend tant de temps. Il doit certainement œuvrer pour mettre l’amulette en lieu sûr et réunir des forces. Les sorciers surveillent sans doute le temple. Un jour, mon fils franchira ces portes et me libérera. Et alors, plus rien ne pourra protéger ces sorciers !
ϟϟϟ
Ce sale chien est revenu ! Après des mois à tourner en rond, m’affaiblissant un peu plus chaque jour, gagné par le doute, les portes se sont ouvertes. J’ai d’abord été réjoui, car enfin Raitaro venait pour me libérer. Mais non. C’était ce maudit sorcier qui m’a emprisonné ici ! Je l’aurais sans doute étranglé à main nues s’il ne s’était pas équipé au préalable du même artefact capable de dresser un mur invisible et infranchissable sur mon chemin. Et pourquoi est-il revenu ? Pour me narguer. Pour me provoquer. Je me souviendrai toute ma vie de ses paroles.
"L’Enclave a changé d’avis te concernant. Nous estimons que la mort est une punition trop douce pour un scélérat comme toi, coupable de torture et de multiples meurtres sur des sorciers. Aussi, on m’a envoyé t’annoncer ton châtiment. Nous te condamnons à l’oubli et à la famine. A l’heure où je te parle, les miens sont en train d’effacer toute trace de ton existence, et celle de Fujin ; souvenirs comme récits. Nous avons commencé par ton fils, bien évidemment. Nous l’avons retrouvé une semaine après ton affrontement ; il tentait de s’enfuir sur un navire. Nous lui avons aussitôt effacé tous ses souvenirs. Sans distinction. Une vraie page blanche. Il a été simple de lui implanter une autre vie dans l’esprit. Ton seul et unique soutien ne pourra plus jamais se souvenir de toi.
Et ce sera pareil pour tous ceux qui te connaissaient trop bien. Quant à la population, eh bien… Elle a toujours été douée pour transformer la réalité en mythe. D’ici peu, Raiden, ce sera comme si tu n’avais jamais existé. Tu vas pourrir ici, en sachant que tous t’ont oublié, et en mourant de faim comme un chien. You have lived as a god, you will end like a dog !"
Après quoi il est parti. J’ai longtemps hurlé ma rage et ma peine, en imaginant Raitaro, le seul être humain pour qui j’éprouvais encore de l’affection, réduit à l’état de légume, avant de lui attribuer une vie qui ne lui appartenait pas. Condamné à l’oubli… Mille ans de mon existence volatilisés. Je me retrouve privé de tout ce qui m’a permis d’exister aux yeux de ce monde. Et cette faim qui me ronge depuis des mois... Mon corps manque cruellement d’énergie. ça me tue à l’avouer, mais c’est exactement ce qu’a annoncé le sorcier…
ϟϟϟ
J’ai perdu toute notion du temps. Je n’ai aucune fenêtre sur laquelle poser mes yeux et suivre la course du soleil. Le sorcier avait raison. Personne ne me cherche. Je sombre petit à petit dans l’oubli, mille ans après ma création. Tout ce pour quoi j’ai oeuvré, mon rôle dans l’histoire, mon pouvoir, mes relations, tout est en train de disparaître. Je sais les sorciers capables de ça. Après tout, ils m’ont bien créé.
Dire que j’existe à l’origine pour mener des batailles, obéir aux ordres. Dire que j’ai longtemps accompli ma mission, avant de gagner ma liberté. Dire que j’ai sauvé le Japon de l’invasion mongole, avec Fujin. Mon pauvre Fujin… Tant d’épreuves traversées ensemble, pour finalement être assassiné par tes créateurs, et moi, emmuré vivant pour m’abîmer dans l’oubli... Et Raitaro… quel sort lui est réservé ? Il ne m’a pas dit ce qu’il est vraiment devenu… Je l’avais adopté pour lui offrir un avenir, mais je l’ai peut-être conduit à sa perte...
ϟϟϟ
A mesure que ma plume gratte le parchemin, je sens ma conscience diminuer. Mon heure est bientôt venue. Puis-je mourir d’inanition ? Vais-je simplement m’endormir ? Jusqu’à quand ? C’est étrange. Je ne compte plus les batailles auxquelles j’ai participé. J’ai joué avec la mort un nombre incalculable de fois, sans jamais la craindre. Impossible à tuer, à affamer, à assoiffer. Et pourtant aujourd’hui, seul, isolé de tout, je me surprends à avoir peur. Peur de retourner à ce Néant. Peur de m’éteindre pour toujours. Mais peut-être que ce ne sera que passager. Peut-être que je vais rester simplement inconscient, jusqu’à ce qu’on me trouve, jusqu’à ce qu’une énergie conséquente parvienne à m’éveiller. Je l’espère fortement. Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre ?
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Mer 23 Oct 2019 - 23:24
Partie 3 - Résurgence
L’archéologue tourne la page. Mais la suivante est vierge, tout comme ses consoeurs. Le récit s’achève là. Il referme alors l’ouvrage, l’expression médusée. Il ne sait pas quoi penser. Il est venu ici pour trouver des preuves de l’existence du temple de la foudre, une quête familiale dont les origines demeurent incertaines. Il n’a pas pensé un seul instant trouver les traces de l’existence d’un homme portant le nom du kami de la foudre. Homme, ou quoiqu’il soit réellement, d’ailleurs. Il doute de la véracité de l’histoire. Des sorciers, des kamis, de la magie… C’est trop énorme pour y accorder du crédit.
"Professeur !"
Il sursaute à l’appel de son assistant, posant une main sur son coeur. Par tous les kamis, ce gamin lui aura tout fait ! Il se relève pour le rejoindre, légèrement tremblotant. Yaku est debout face à une porte, excité comme une puce. Le professeur se rapproche, portant sous le bras le petit générateur qui lui fournit l’électricité nécessaire pour s’éclairer.
Regardez professeur ! La gravure est postérieure à la construction. On reconnaît le travail manuel d’un homme qui n’a pas étudié l’artisanat. C’est maladroit mais lisible. “Ci gît le seigneur Raiden, chef du clan Kaminari, kami de la foudre, guerrier protecteur du Japon, terreur des mongols” Serait-ce une tombe ? Le Kami Raiden ? Comme Raijin ? C’est fascinant !
Le professeur n’est pas aussi enthousiaste. Il s’humecte les lèvres, indécis. Que se trouve-t-il derrière cette porte ? S’il y avait vraiment une entité destructrice, elle aurait déjà réagi, n’est-ce pas ? De toute manière, son assistant n’attend pas son avis pour avancer. La porte n’est même pas verrouillée. Avec un peu d’effort, elle finit par pivoter en grinçant. Le jeune étudiant se précipite à l’intérieur, mu par la fougue de la jeunesse et la soif insatiable de découverte. Il braque sa lampe torche sur les murs, également peints. Il tourne sur ses talons et avance à reculons, les yeux plein d’étoiles, jusqu’à percuter un obstacle au fond de la pièce. Il fait volte-face, baisse les yeux et braque son éclairage par terre.
"Aaaaah !"
"Yaku-kun !"
De stupeur, le jeune étudiant lâche la lampe, qui chute lourdement au sol. L’ampoule claque. Il se retrouve dans le noir. D’une main tremblante, il ramasse l’objet et fait tourner la dynamo, mais la lampe semble cassée. Le professeur se rapproche pour lui prêter la sienne, alimentée par le petit générateur qu’il tient sous le bras. A son tour, il braque le projecteur sur la masse au sol. A son tour, il sursaute et lâche son précieux paquet. Le générateur atterrit lourdement sur la forme non identifiée.
Une étincelle se produit. Ils retiennent leur souffle. Mais il ne se passe rien. Le professeur ramasse le générateur avant de reculer précipitamment, instaurant une distance de sécurité. La surprise passée, il braque de nouveau sa lampe sur le corps inerte qui gît au sol. Il s’agit d’un homme solidement bâti, aux cheveux blonds. Il possède des mains fortes, celles d’un guerrier. Ses yeux sont clos. Son visage respire la sérénité. Il porte une armure de samouraï, percée au niveau du coeur, laissant entrevoir sa peau pâle aux reflets dorés. Il regarde ses pieds, lourdement chaussés, puis ses mains, dont les doigts ne tressaillent pas. D’ailleurs, sa poitrine ne se soulève pas. Son corps est parfaitement immobile.
S’il dormait vraiment… il ne devrait pas respirer ? Est-il mort ? Il le touche ; le corps est effectivement froid. Pourtant ils sont bien les premiers à avoir mis les pieds ici depuis des années. Un mort ne devrait pas être si bien conservé… Il revient alors au visage, saisi d’une étrange impression. Il peut alors admirer ses magnifiques yeux dorés, profonds, électriques. Deux iris aux nuances uniques qui le fixent.
ϟϟϟ
L’avidité. La soif. Le besoin impérieux d’assouvir ce féroce appétit. Des sons et des lumières. Tout est flou dans mon esprit. Je suis dans un état second, mu uniquement par un instinct primitif ; je dois absolument m’alimenter. Me gorger, encore et encore, de cette énergie inespérée. J’ai vaguement conscience de me redresser. L’électricité statique grésille ; il y a dans ce bâtiment une source d’électricité, je le sens. Je dois m’alimenter. Et sortir. Quitter cette cage maudite. Je me dirige vers la porte, mais le vieil homme bloque le passage, et il ne daigne pas s’écarter. Qui est-il pour s’interposer entre ma proie et moi ? Mes yeux jaunes s’illuminent. Je le chasse sans délicatesse d’un revers du bras et poursuit ma route.
Mes yeux repèrent la source d’énergie ; un objet rectangulaire assez massif qui trône sur le sol, et semble alimenter ces lumières qui éclaire le hall d’entrée. Je me précipite pour m’en saisir. Une sensation oubliée depuis trop longtemps m’électrise. Une décharge qui me parcourt de part en part. Une vigueur retrouvée. Ma bouche s’ouvre pour libérer un son ; ce qui aurait dû être un cri de douleur n’est qu’un soupir de soulagement. Je sens que mes forces reviennent progressivement. Mes sens s’aiguisent et mon esprit s’éclaircit. Quelle sensation agréable.
Combien de temps… Combien de temps depuis ce jour ? Depuis mon dernier repas ? Combien de temps ai-je dormi ? Je pose mon regard sur l’objet que je tiens entre mes mains. Je ne sais pas ce que c’est mais c’est absolument fabuleux. Voilà qui devrait me suffir pour le moment. Je suis encore faible, il va me falloir attendre le prochain orage pour recouvrer l’intégralité de mes forces, mais j’ai les idées claires désormais. Je pose mon regard sur les deux hommes sans leur attribuer un grand intérêt. Ils me fixent, l’air médusé. Eh bien quoi, ils n’ont jamais vu un dieu ?
Me voilà enfin à l’air libre. Je lève la tête vers le ciel et écarte les bras, avant de pousser un cri de victoire. Au dessus de mon crâne, les nuages rugissent ; je sens l’humidité, et surtout, l’ambiance électrique. C’est comme si le ciel lui-même m’accueillait après une trop longue léthargie. Je n’ai pas encore assez de puissance pour m’élever ; mais je sens l’électricité se concentrer autour de moi. Debout au milieu de la plaine, je fais office d’un parfait paratonnerre. Bientôt, la foudre tombera et je serai alors officiellement de retour.
Un flash lumineux. Puis, un plaisir intense, une vigueur inégalée. Je me nourris encore et encore de la foudre, jusqu’à m’élever, pour amplifier mon effet paratonnerre. De nouveaux éclairs déchirent le ciel, suivis peu de temps après par le fracas du tonnerre. Mon vieil ami ! Que tu m’as manqué ! Un sourire démoniaque vient déformer les traits de mon visage. Encore ! Il m’en faut davantage ! Je rejette la tête en arrière et ferme les yeux, attendant patiemment une nouvelle bouchée. Je continue de m’élever, toujours plus haut, jusqu’à me retrouver au coeur de l’orage. Là, c’est un véritable festin qui m’attend.
Je ne redescends qu’une fois rassasié. ça fait trop longtemps que je n’ai pas senti autant de puissance. Ayant perdu l’habitude de me maîtriser, je ne peux contenir la célérité qui m’investit et j'atterris brutalement au sol, propulsant tout autour de moi des arcs électriques. Je me redresse lentement et remarque alors les deux petits hommes du temple. Je devine à leurs expressions qu’ils ont assistés à toute la scène. Le plus âgé retrouve l’usage de la parole et s’adresse à moi.
“Qui êtes vous… qu’êtes vous ?”
Je me dresse sur mes jambes désormais stable et lève les mains, paumes vers le ciel. La tentation de me donner en spectacle est bien trop forte. Je laisse libre cours à ma puissance et retrouve ma forme originelle ; un corps d’énergie pure, parcouru d’arcs électriques, oscillant entre le jaune éclatant et le bleu électrique.
“Raijin, Yakusa no ikazuchi no kami, Kaminari-sama, Naru Kami, Ryuijin, Bishamon, Tlaloc, Thor, Oiseau-tonnerre, Chac. Je porte bien des noms. Mais vous pouvez m’appeler Raiden !”
“Raiden… comme le dieu shinto ?”
“Celui là même, petit homme. Raiden Kaminari. Dieu guerrier de la foudre, du tonnerre et des éclairs, jadis vénéré, aujourd’hui probablement oublié. Mais cette période est révolue. Mon heure a sonné. Il est temps que l’Histoire soit corrigée ! Et vous… vous, braves hommes, êtes à l’origine de ma libération, si je ne m’abuse.”
Je les fixe intensément, soudain indécis. Le souvenir des sorciers me percute brutalement. J’ignore combien d’années se sont écoulées. Ils portent une tenue qui m’est totalement étrangère. Pas de kimono, ni d’armure ou d’habits de paysans. J’ai la désagréable impression d’être relégué au rang d’antiquité.
“Dites moi, sommes-nous toujours à l’ère de Muromachi ?”
“Muromachi ? Ah non… Nous sommes à l’ère d’Edo.”
“Et quand est-ce donc ?”
“Nous sommes au vingtième siècle, en 1938 exactement. Muromachi c’était il y a quatre cent ans …”
ϟϟϟ
La nouvelle me laisse sans voix. J’ai dormi pendant quatre siècles ? Presque un tiers de mon existence... Il me faut un temps pour encaisser la nouvelle. Puis je me questionne. Que faire d’eux ? Si le vent de mon évasion se répand, les sorciers risquent de se mettre en chasse. Et je n’ose imaginer leur nombre aujourd’hui… Quoique. Au moment de mon emprisonnement, on m’avait dit que leur race vivait une période désastreuse, pourchassée par les humains. Que sont-ils devenus ? Non pas que leur sort me préoccupe, mais j’aimerais bien savoir ce qu’il en est.
J’ai toujours été juste envers ceux qui m’ont soutenu, aidé d’une quelconque façon. Le risque qu’ils racontent cette histoire et attirent l’attention des sorciers est important, cependant… L’idée de les éliminer ne me plait guère. Ce serait contraire à mes principes. Non. Il me faut plutôt acheter leur silence. Je reprends forme humaine et me rapproche pour me placer entre eux, puis je pose un bras sur chaque paire d'épaules.
"Je récompense toujours généreusement ceux qui m’ont rendu service. Je vous propose donc un marché. Je vous rends un service qui va vous catapulter sous les feux des projecteurs. Et en échange, vous gardez pour vous ce que vous venez de voir. Vous oubliez le temple de la foudre et tous ses mystères. Je ne veux pas entendre une seule rumeur à mon sujet : mon identité doit rester secrète. Et bien sûr, une fois cet unique service rendu, ma dette sera payée. N’espérez pas en avoir plus. Alors, qu’en pensez-vous ?"
Je connais assez les hommes pour savoir comment ils fonctionnent. Pour les mettre dans votre botte, il suffit d’agiter une petite sucrerie. Débusquez leurs intérêts et leur loyauté vous sera acquise. Et au regard qu’ils me jettent, je sens que j’ai touché dans le mille. Un large sourire traverse mon visage. Je sens que nous allons bien nous entendre en affaire, tous les trois.
Je les aide à effacer toute trace de leur passage, puis nous gagnons la ville la plus proche. Je m’arrête et lève les yeux vers le ciel. Mon essence vibre. Je sens des fourmillements parcourir mes membres. Mon esprit s’agite. Je la sens. Elle est là, toute proche… l’électricité. Mais le ciel est de nouveau clair ce soir. Pas de nouvel orage à l’horizon. Non. Elle circule au-dessus de mon crâne pour alimenter des luminaires, qui éclairent la rue d’une lueur blafarde. Elle est partout autour de moi, transportée par des câbles en matière isolante. De l’énergie à portée de main… Fabuleux.
La requête de mes libérateurs est assez simple : retrouver une antiquité faisant office de légende parmi leurs confrères et qui leur permettrait d’être reconnus dans le milieu. De quoi propulser leurs carrières respectives à la vitesse de l’éclair -sans mauvais jeu de mot. En mille an de vie, j’ai eu l’occasion de sillonner maintes terres et océans, rencontrer de nombreuses populations, sur tous les continents. Aussi, il ne me faut guère plus d’un an pour retrouver la piste de leur convoitise. Une année qui m’a permis d’apprendre beaucoup de choses à leurs côtés, de quoi me remettre à niveau après un si long sommeil.
Nos chemins finissent donc par se séparer, et je me retrouve à nouveau seul. Seul, mais libre, et c’est un sentiment d’extase qui me gagne. Ma dette désormais payée, je peux alors m’adonner corps et âme à ma prochaine quête, d’une extrême importance : retrouver mon amulette.
L’air victorieux, je souris en serrant mon amulette entre mes doigts. Après de nombreux mois, j’ai enfin réussi à mettre la main dessus. Uniquement guidé par mon instinct et l’appel sourd de la source de mon pouvoir, j’ai fini par la retrouver dans la collection privée d’un riche noble de Russie. J’ignore comment elle a atterri là ; il semblerait qu’elle ait voyagé par monts et par vaux, passant de mains en mains au fil des âges, avant de finir dans une vitrine. Je n’ai eu qu’à me glisser chez lui après avoir effectué une visite de reconnaissance en trouvant n’importe quel prétexte crédible. Je n’ai fait que récupérer ce qui me revient de droit. Et pour autant que j’en sache, je ne reverrai jamais cet homme.
Sans plus tarder, je plaque l’artefact contre mon torse et me concentre. Elle s’enfonce lentement pour rejoindre l’épicentre de mon essence. Après toutes ces péripéties, elle regagne la seule place qui lui revienne. Au moins, les sorciers n’auront jamais pu mettre leurs sales pattes dessus. D’ailleurs, en parlant de sorciers… Je n’ai vu nulle trace d’eux. Ils semblent avoir disparu de la surface de la Terre. Mais, je me souviens des dernières paroles de celui qui m’a emprisonné. Ils envisageaient d’effacer leur existence, et la mienne avec. Et ils ont diablement réussi. J'ai questionné quelques passants à mon sujet. La plupart m'ont regardé de travers. Personne ne se souvient de moi, autrement que ce qui est resté dans les récits de mythologie.
Je suis persuadé que les sorciers sont toujours là. Ils doivent simplement se cacher. Etant donné ma dernière mésaventure avec eux, je préfère rester discret pour le moment. Ils nous ont traqué des décennies durant, Fujin et moi. Je compte bien profiter de ma nouvelle liberté sans qu’ils viennent m’emmerder. Je dois toutefois me montrer prudent ; car je ne peux pas m’empêcher de dévorer l’électricité. Partout où je passe, les villes connaissent des pannes de courant inexpliquées. Cependant, ces événements étranges risquent d’attirer l’attention sur moi. Aussi, je reste toujours peu de temps au même endroit. Et après la Sibérie des temps modernes, je connais déjà ma prochaine destination : les terres aztèques.
Je parcours exactement le même chemin qu’autrefois, néanmoins seul, cette fois. Mais c’est avec effarement que je redécouvre cette terre septentrionale. La masse végétale a quelque peu diminué avec les années. Et là encore, l’électricité est omniprésente dans les zones habitées. Je suis impressionné par l’ingéniosité des humains. Ils sont si fragiles, et pourtant, capables de prouesses qui dépassent l’entendement. Et je ne vais pas m’en plaindre : pour la première fois en plus de mille ans, je peux me nourrir n’importe quand. Fini les longs hivers à paresser au soleil en attendant de pouvoir consommer l’énergie des éclairs. Désormais, je n’ai qu’à tendre la main ! Ces humains sont formidables. Je les laisse en pleine ère féodale, et je me réveille au paradis.
Après quelques mois à explorer l’Amérique du Sud, comme ils l’appellent aujourd’hui, je m’envole en direction du Nord. Je me souviens des indigènes de l’époque ; j’avais beaucoup apprécié ces nombreuses années à leurs côtés. Mais une terrible désillusion m’attend : ici aussi, le changement a terrassé la culture locale. L’occident a totalement envahi ces terres vertes et riches. Les quelques hommes portant des habits similaires à ceux de mon souvenir vivent parqués comme des animaux dans des zones restreintes. C’est ainsi que j’apprends leur funeste destin. Massacrés par les occidentaux, des “cow-boys”, ils sont désormais obligés de vivre en petites communautés.
Pendant de nombreuses années, j’erre de ville en village, avide de savoir. Il me faut connaître ce monde moderne. Son fonctionnement, ses bons et ses mauvais côtés, ses forces et ses faiblesses. Je sème derrière mois de nombreuses pannes électriques, incapable de résister à mon féroce appétit. Plus le temps passe, et plus je me sens vigoureux. Je n’ai jamais ressenti une telle puissance circulant dans mes veines. Un jour, j’ai même découvert que je peux m’immiscer dans le réseau électrique sous ma forme de plasma, ce qui a malheureusement tendance à faire sauter les plombs.
Je me mêle de plus en plus à la population des villes. Je découvre en même temps quelles sont les dernières nouvelles, par les journaux, ou la radio. La seconde guerre mondiale a débuté peu de temps après mon éveil -il y en avait eu une première ? Dommage que le Japon fut du côté des perdants. Enfin, est-ce toujours mon pays ? Ils m’ont utilisé, contrôlé, puis m’ont trahi pour se dédouaner. Cependant, je n’arrive pas à détester ses nombreuses montagnes et ses forêts verdoyantes.
J’ai vu les photos des bombes nucléaires lancées sur Hiroshima et Nagasaki. C’est fou cette dualité qui habitent les humains ; ils mettent des années pour créer de si belles choses, avant de les détruire en un claquement de doigt. En revanche, leur façon de se faire la guerre me déplaît fortement. À mon époque, on appréciait de se frotter à un grand guerrier, un adversaire de taille, croiser le fer et se délecter d'un combat de titan. Aujourd'hui, on se contente de brandir une arme à feu pour viser et tirer sur sa cible. Plus de contact, plus de confrontation. On ne se bat plus, on abat.
ϟϟϟ
Ma longue période itinérante s’arrête un soir de pleine lune, lorsque je me pose au sommet d’un immeuble de Niagara Falls pour m’interroger sur la suite des événements. Jusqu’à présent, seul mon instinct me dictait ma conduite. Mais désormais rassasié, quel objectif poursuivre ? J’ai très souvent combattu pour les autres, rarement pour moi-même. Que pourrais-je donc réaliser qui ne servirait que mes intérêts ? Il me faut trouver ce but. Et je compte bien le chercher sans relâche, partout, tout le temps.
Je commence ma quête sur des bases solides : je découvre un affrontement de boxeurs dans un établissement peu fréquentable. Se battre : ça, j’ai toujours su faire. Il me faut juste éviter d’être connu, car avec ma vie quasi éternelle, je ne veux pas attirer les regards surnaturels. Je décide donc de m’essayer à cette nouvelle activité. Après quelques jours de recherche dans les bas quartiers populaires, je me fais recruter et j’entame une carrière de boxeur.
Je reste invaincu pendant près de dix ans, et j’aurais pu continuer si les premières rumeurs concernant ma forme physique n’étaient pas apparues. Certains ont même pensé que je me dopais. Dénonciation, besoin de faire des analyses sanguines. ça tourne au vinaigre. Je préfère tirer ma révérence en emportant un bon pactole, laissant au passage la ville dans le noir. Nous sommes alors en 1965.
J’enchaîne alors différents métiers : garde du corps à New York, agent de sécurité à Las Vegas, puis croupier, livreur à Toronto… Et une multitude d’autres métiers qui n’exigent pas de qualifications particulières, revêtant chaque fois une nouvelle identité. Mais je me suis vite découvert une certaine aversion pour l’autorité, qui m’a valu plusieurs licenciements accompagnés, parfois, de quelques accidents. Certains employeurs me respectaient quand d’autres me prenaient de haut et me traitaient comme un esclave. Une attitude fatale, étant donné mon passif.
Il est bien beau de revêtir moultes peaux différentes. Mais ce n’est pas suffisant. ça ne remplit pas mon but. Il m’en faut plus. Progressivement, j’assimile les stratégies de succès qui font les grands hommes d’aujourd’hui. J’ouvre un compte bancaire à Wall Street et j’investis de petites sommes dans des affaires diverses, dont certaines qui aboutissent. Avec les années, ce capital s’agrandit, ce qui me permet d’accéder à de plus grandes ambitions. Et mes souvenirs de daimyo remontent. Et si c’était moi qui commandait ? Ou plutôt, si je ne recevais d’ordre de personne, quand les seigneurs des temps de jadis ? Au début des années 2000, je ferme mon compte en Angleterre et j’en ouvre un autre à Los Angeles pour monter ma propre affaire. Je deviens l’homme vers qui se tourner lorsque vous avez un problème et qu’aucune solution ne semble fonctionner.
Je suis amené à voyager très souvent ; et je laisse bien souvent une trace de mon passage dans les villes que je visite. Je profite même parfois d’une catastrophe naturelle pour me nourrir en toute discrétion. Quiconque se pencherait sur l’historique des coupures de courant célèbres pourrait se poser des questions, en regardant de plus près les dates de mes expéditions. 13 mars 1989 au Québec, janvier 1998 au Canada et aux Etats-unis, 28 septembre 2003 en Italie, 22 juin 2005 en Suisse, 4 novembre 2006 en Allemagne, 26 février 2008 près de Miami… Mais, personne ne peut se douter qu’une personne est à l’origine la plupart d’entre elle. Comment pourrait-on l’imaginer ne serait-ce qu’une seconde ?
ϟϟϟ
Depuis quelques temps, je ne cesse de tourner mon regard vers le Japon. Lors de mes escales dans le Nord de l’île principale, j'y ai entendu d’étranges rumeurs sur des bêtes issues de conte de fées. Certains parlent de loup-garous, d’autres de mutants, qui arpentent la province d’Ishikawa à la recherche de victimes. Peu s’en faut pour faire le rapprochement avec le surnaturel. Le problème, c’est la localisation même de cette fameuse ville, Nakanoto. Car de mémoire, le repère des sorciers japonais s’y trouvait, avant mon emprisonnement. Si c’est toujours le cas, je prendrais un risque considérable en m’y rendant. La région doit être infestée de sorciers…
D’un autre côté, si Nakanoto est bien le siège d’une population surnaturelle dense, elle doit être habituée aux phénomènes paranormaux. J’ai même entendu dire que des vampires hantent les rues la nuit. Ont-ils eux aussi établi leurs quartiers généraux dans cette ville ? Finalement, la curiosité est plus forte que la raison ; sans pour autant me décider à y déménager, je décide d’y faire une mission de reconnaissance. Et je ne suis pas déçu.
Une vidéo mettant en scène un combat entre lycan et vampire. Une attaque de lycan fou le soir d’Halloween, dans la salle de réception de la Mairie. Un ordre de “chevaliers” qui sauve in extremis les invités et s’extirpe au grand jour pour demander l’aide de la population dans son enquête… C’est… Fabuleux. Cette ville a un trop gros potentiel de divertissement pour l’ignorer. Alors, c’est décidé : fin avril 2018, je m’installe à Nakanoto.
Comme à mon habitude, je ne peux m’empêcher de visiter la centrale de la région pour refaire le plein d’énergie. Ah. Que j’ai hâte de me mettre à l’oeuvre ici ! Avec une telle pagaille, il ne fait aucun doute que les gens vont se presser vers moi dès que j’aurai installé mon QG. Quoi de mieux qu’une population débordée par des événements inquiétants pour mettre en place mon nouveau projet ? Une fois repus de cette énergie à profusion, je me redresse en souriant, le regard tourné vers les immeubles de la ville. Me voilà survolté.
“Denka Suru !”
Invité
Invité
Mer 13 Nov 2019 - 9:03
Nickel^^
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« By Jun »
Bienvenue officiellement parmi nous !
Heeeey Macarenaaaaa !
Te voilà validé(e), enfin ! Félicitations ! Maintenant que tu fais partie intégrante de la famille, tu vas pouvoir profiter pleinement du forum et de toutes les merveilles (ou dangers fufu) qui sillonnent Nakanoto.
Mais, ne t'inquiète pas ! Tu ne seras pas seul(e) dans cette aventure. Voici notre petit guide rien que pour toi
Enjoy !
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