My old Friend [10/06/2020]

Le Fíor-nádúr, le nouveau sanctuaire changelin, venait d’être inauguré il y a à peine deux jours. C’était un immense projet d’envergure, que John Smith avait mené à bien, pensé pour être adapté à chaque changelin et caché sous le regard de tous. Aucun détail n’avait été négligé. Cela avait fortement piqué la curiosité de notre lieutenant si bien qu’il s’était promis de visiter dès que possible l’endroit. Oh, bien sûr, ce n’était pas que pour lui. Il faisait cela aussi pour John. Après tout, la présence répétée de quelques membres du conseil dans un lieu prévu et pensé pour que chaque changelin puisse être en sécurité et à l’aise était un plus bénéfique. A vrai dire, il était même triste de ne pas avoir pu assister à l’inauguration. Mais son travail impliquait devoirs, responsabilités et obligations. Et il n’avait pas pu se libérer pour le jour J.

C’est pourquoi, deux jours plus tard, alors que le policier profitait grâcement d’une journée de repos pour passer du temps avec son fils, il s’était dit que c’était largement l’occasion de visiter le pub, que ce soit la façade visible pour tromper les non-changelins, où la section qui leur était réservé. Sans attendre, de bonne humeur, il passa la porte et tomba un décor qui l’emmena très loin du japon. Il n’avait jamais eu l’occasion de se rendre en Irlande ou en Angleterre, même en travaillant à Interpol. Toutefois, il ne doutait pas quant à l’extrême fiabilité qu’offrait la décoration des lieux. Son regard balaya l’assemblée. Il y avait un peu de monde. Des étrangers qui semblaient bien habitués au fonctionnement d’un pub. Mais aussi quelques japonais moins à l’aise dans l’ambiance de l’endroit. Il reconnut aussi facilement quelques têtes qu’il connaissait bien, en temps que conseiller du conseil territorial, qu’il salua poliment d’un geste.

Son regard s’arrêta sur un jeune homme. Il n’était pas du coin mais il l’avait rencontré, par deux fois, lors d’une même soirée. La particularité de cette rencontre faisait qu’il ne l’avait pas oublié, et ce, quand bien même le nombre d’années qu’il s’était passé. Bien sûr, il avait changé. Ses traits avaient mûri alors que son âge avait avancé. Toutefois, il était certain de le reconnaitre, si bien qu’il s’avança sans hésitation jusqu’à sa table. Il s’installa en face de lui, sans même demander la permission et son fils, un peu déstabilisé par cet acte, vient s’installer sur ses genoux.

Nassim ▬ « Je ne pensais pas recroiser ta route un jour. Surtout au Japon, jeune caméraman. Te souviens-tu de moi ? »

Pour le début de la journée, notre ami s’est placé sous le signe de la paresse.

En effet, il est de repos concernant le zoo, et n’a rien de particulièrement urgent à gérer concernant sa société de caviste. La dernière urgence qu’il y avait eu était la livraison en spiritueux du Fior-Nadur une semaine plus tôt pour préparer l’ouverture. Ouverture que notre camarade n’avait pas pu faire parce qu’il s’occupait d’un des pensionnaires de son secteur sur le zoo qui avait nécessité d’être emmener en urgence à l’hôpital vétérinaire le plus proche. Ce qu’il avait donc fait, en compagnie du vétérinaire du zoo. Lorsque cette mésaventure avait été terminé, et le petit pensionnaire de retour dans son parc avec les siens, il était tard et Elessar ne se sentait pas d’aller faire la fête jusqu’à pas d’heure. Après tout, le pu ouvrait tout juste, il savait qu’il aurait l’occasion d’y aller. A la place, il avait passé une joyeuse soirée de célibataire avec pizza, thé et une bonne série, affalé sur la branche qu’il avait installé.
N’avoir rien de prévu en ce jour avait tout d’abord réjouis notre jeune changelin. Il avait donc trainé au lit, puis petit déjeuner avant de prendre sa forme de boule de poils rousse et de s’installer sur sa branche, sous la verrière au soleil. Cependant, vous commencez à bien le connaître vous aussi, l’ennuie l’a rapidement gagné. Et l’ennuie est quelque chose qu’il ne supporte pas, il a besoin de faire quelque chose. Ainsi, vous avez pu le voir s’activer à nouveau faisant le ménage, ses comptes, prenant sa douche et s’habillant enfin. Le déjeuner fût frugal, mais comme souvent, vous avez encore pu le constater, le petit déjeuner était très copieux.

L’après-midi commençait donc tout juste, et Elessar n’avait plus rien à faire chez lui, à part prendre un bon bouquin. Vous connaissez bien le sourire qu’il arbore. Il est taquin, parce qu’une idée vient de germer dans son esprit. Du regard, vous le voyez prendre un livre épais dont la couverture a subi les affres du temps. Vous levez les yeux aux ciels en découvrant son titre. La question, légitime qui traverse votre esprit, n’effleure même pas celui d’Elessar. Ce roman est son inconditionnel, sa madeleine de Proust, sa bouée et son moment d’évasion mensuel. A une différence près ce mois-ci, il n’a pas l’intention de le lire calé dans son canapé. Non, vous constatez qu’il quitte son appartement et prend le chemin du pub irlandais.
Votre soupire en dit long sur votre pensée, mais vous ne doutez pas que cela fera un cadre et une ambiance très appréciable pour cette lecture. Et puis qui sait, peut-être qu’il pourrait lui aussi faire une rencontre inattendu ?

Une fois arrivée, et après savoir salué John Smith, Elessar passe donc sa commande qui consiste en un boc de cidre de la marque Mac Ivors, très grand qualité et son degré d’alcool n’était pas trop élevée. Son boc en main, il s’installe à une table un peu plus loin dans la partie pub en libre accès à tous. Il ira plus tard à l’étage, voir ce que donne la partie exclusive aux changelins. Elessar ouvre son livre et repart avec plaisir arpenter Middle Earth en compagnie de Strider, Gandalf et Samsagace, buvant son cidre en même temps. Vous le devinez, dans ce pub il a la sensation d’être au Green Dragon avec l’ambiance chaleureuse.
Alors que sa lecture lui fait quitter Bree en direction d’Imladris, une voix familière qu’il n’a pourtant pas entendu depuis longtemps lui fait lever le nez. Un colosse au tient plus mât encore que lui s’est assis avec un petit garçon sur les genoux. Notre ami lui sourit largement en mettant son marque-page et fermant son livre.

« Je me souviens de vous oui. On s’était rencontré dans un bar, lors de mon Overseas Experience. Ca fait plus de 10 ans maintenant. Comment allez-vous ? Toujours à Interpol ?
Ce grand garçon est votre fils ? Enchanté, je m’appelle Elessar. Je vous offre quelque chose à boire avec moi ? »

Le nouveau venu à la table ignore encore ce que vous pressentez. Le hasard fait bien les choses et Elessar, à son sourire et la lueur taquine dans son regard, va tâcher de ne pas seulement discuter de banalité. Après tout, vous vous en souvenez, il sait qu’il fait parti du Conseil Territorial. Pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable ?

Le sourire que le policier obtint d’Elessar quand il ferma son livre valut toutes les réponses possibles. En effet, le jeune cameraman se souvenait de lui. Le lieutenant pouvait le voir dans ses yeux. Il prit tout de même les temps de confirmer ce fait à l’oral. Plus de 10 ans déjà ? Oui, cela devait être le cas. Nassim n’avait aucune raison de remettre sa parole en doute à ce sujet. Les banalités commencèrent, en demandant des nouvelles, s’il travaillait toujours à Interpol, il se présenta aussi au jeune garçon qui se tenait toujours sur les genoux de son père. Vu que c’était la première fois qu’il rencontra Elessar, il se montra un rien timide. Cela changerait surement au fur et à mesure que le temps passait.

Nassim ▬ « En effet. Elessar, je te présente Kurogane. Kurogane, dis bonjour à Elessar. C’est un allié. »

Allié était un mot de passe secret que le père et le fils avait convenu pour parler de Changelins en public. Le déclic se fit de la part du jeune homme. Il ouvrit la bouche, quoi qu’encore légèrement timide, pour saluer le jeune Néo-Zélandais.

Kurogane ▬ « Bonjour, Elechar-nii-chan »

Nassim passa la main dans les cheveux de son fils, dans un élan de fierté, avant de répondre aux restes des questions avec le sourire. Il y avait peu de chose à dire à ce sujet.

Nassim ▬ « Non, je ne suis plus à Interpol. Disons simplement que pour se poser et avoir une famille, ce n’est pas des plus pratiques de parcourir le monde. Actuellement, je suis lieutenant au département de police de Nakanoto. Toujours le même domaine, mais le dépaysement et les voyages en moins. Sinon, je vais très bien. Le boulot est toutefois un peu éreintant ces derniers temps. Mais tu t’en doutes fortement, je présume… »

Une manière polie et détournée de parler du bordel qui se passait actuellement en ville. En plus, pour le coup, le lieutenant n’était pas tout à fait honnête avec le jeune homme. Il commençait tout doucement à être dépassé par la situation. Rien ne l’avait préparé, malgré le fait qu’il soit lui-même un être surnaturel, à l’existence des vampires et des lycans infectés.

Nassim ▬ « Et toi, comment tu vas ? Je ne pensais pas recroiser ta route un jour ou l’autre. Si ce n’est pas trop indiscret, puis-je te demander ce que tu fais au Japon ? »

Curiosité mal placée, mais justifiée. Peut-être même une simple déformation professionnelle. Enfin, le jeune Elessar n’était point un suspect. Et il n’avait aucune raison que ce dernier se sente ainsi. En vrai, Nassim était même ravie de cette retrouvaille imprévue.

Le petit garçon présent avec son vieil ami au teint mat se nomme Kurogane et est en effet bien son fils. Elessar lui offre un large sourire.

« Bonjour Kurogane, ravi de te rencontrer. »

Le geste tendre de l’aîné des changelin envers le plus jeune, rappelle des souvenirs lointain pour notre ami. Son père aussi lui passait parfois la main dans les cheveux, et cela malgré les années, lui manquait un peu. Vous le savez puisque vous le connaissez comme si vous étiez de sa famille.
Ainsi notre panda découvre que son ami ne fait plus parti d’Interpole, pour des raisons totalement compréhensibles. Il est évident que devoir aller traiter des affaires partout en Europe, voire dans le monde, n’est pas des plus compatible avec une vie de famille stable et harmonieuse. Cependant, il est resté dans les forces de l’ordre, en devant lieutenant ici même à Nakanoto. Et puisque le domaine ne change pas, notre jeune changelin en déduit qu’il s’occupe toujours des affaires criminelles. Ce qui s’avère être très certainement ultra prenant en tenant compte du climat actuel.

« En effet oui, j’imagine bien que tu dois avoir un maximum de travail. Le climat actuel ne fait que te rajouter du travail. Je suppose que c’est aussi le même genre de cas, peut-être en moins sanglant au sein de notre communauté. La tension est palpable. »

Tout cela, vous le savez, ce ne sont que des vérités et des déductions simples. Notre dragon est encore sage, peut-être même un peu trop à votre goût. Il faut toujours se méfier de l’eau qui dort. Les questions se portant sur lui, ne l’étonne en rien. Après tout, elles sont justifiés et légitimes à ses yeux aussi.

« Je vais bien. Ce n’est pas trop indiscret voyons ! C’est normal, la dernière fois que nous nous sommes vu j’étais encore un gamin d’à peine 18 ans, idéalisant encore bien trop le monde. On peut dire que j’ai pris du plomb dans la tête depuis cette époque.
Je suis actuellement soigneur animalier et je travaille au zoo de Nakanoto depuis un peu moins de trois mois maintenant. J’y ai été muté par le Wellington Zoo, pour suivre le transfert d’une jeune femelle panda roux ici. Je travaille sur le secteur des carnivores, c’est une façon de me rapprocher de la nature. Je travaillais dans un bureau avant, et même si j’ai adoré mon métier et que je le pratique toujours, j’ai besoin d’être au grand air.

Et cette mutation m’a aussi permis de me rapprocher d’une partie de ma famille, ma cousine Farah et mon aunt Nawel. Que tu connais d’après ce que j’ai appris, puisque vous travaillez ensemble d’une certaine façon. »

Moyen détourné de mentionner qu’Elessar sait qu’il fait parti du Conseil Territorial, tout comme sa tante. Peu importe l’origine de l’information d’ailleurs. Pourtant, vous voyez qu’il ne peut résister d’être un peu plus exhaustif. Si le changelin aîné se souvient de lui, il sait qu’il aime parler.

« Revenir au Japon, encore plus ici à Nakanoto n’a pas été … très simple à gérer. Mais c’est la vie et il faut faire avec. Sinon j’ai aussi récupéré l’entreprise de mon oncle qui était caviste. Je fournis le Fior Nadur en boisson justement. Que penses-tu de l’endroit que John a réussi à faire ? Même si c’est un pub, et donc loin des bars traditionnels qu’on trouve ici.

Sinon je vous offre à boire. Qu’est-ce qui te ferait plaisir Kurogane ? Est-ce que tu aimes les diabolos ? Et toi Nassim prend ce qui te tente.
Et dis-moi Kurogane, tu m’a l’air d’être un grand garçon non ? Tu as quel âge ? Tu t’amuses bien à l’école ? »

Voilà une bonne introduction pour la suite de la discussion. Il faut toujours commencer quelque part après tout.

Après un petit aparté plein de tendresse de la part des deux plus jeunes, Elessar écouta avec attention ce que le Lieutenant lui racontait. Il comprenait aussi les virages qu’avait fait l’homme durant sa vie, ses choix étant parfaitement logiques. Il s’était posé, dans un pays qu’il appréciait, même si très différent du sien, avec une femme qu’il avait aimée, à en mourir et ils avaient eu, tous les deux, un magnifique garçon aux traits métissés. Hélas, la charmante maman n’était plus qu’un vague souvenir dans le portrait de leurs vies.

Il comprenait aussi que le métier du lieutenant lui prenait bien plus de temps qu’il ne l’aurait voulu. Il se sentait parfois coupable. Mais la situation en ville était ce qu’elle était. Comme le jeune panda roux le disait : la tension était palpable.

Nassim avait ensuite retourné la question. Sa curiosité était justifiée. Ce jeune homme, il l’avait rencontré loin de l’ile nippone, il y a bien longtemps. Il était à peine majeur. Enfin, cela dépendait dans quel pays on se trouvait bien sûr. Ce qui était certain, c’est qu’à cet âge, même s’il commençait à être réfléchi et de bonne compagnie, il était encore fougueux et immature sur bien des points. Nassim ne se doutait pas qu’il avait mûri. La sagesse venait avec l’expérience, après tout.

Nassim ▬ « Oh ? Cela veut dire que tu ne furettes plus sur les scènes de crime pour les filmer ? Voilà qui va me simplifier mon travail. »

Une petite boutade sur leur toute première rencontre. Celle qui avait tant marqué l’esprit du policier, comme du jeune homme, sans nul doute. Entre-temps, le panda lui expliqua qu’il était devenu soigneur animalier au zoo de Nakanoto, après avoir été muté. Voilà qui expliquait un peu sa présence dans cette ville et satisfaisait un peu la curiosité du colosse du désert. Il lui expliqua aussi qu’il avait renoué avec de la famille, mentionnant Farah et Nawel. L’expression du lieutenant afficha quelques instants de la surprise, en apprenant de la nouvelle, avant de laisser place à un sourire plein de malice. Ce jeune homme était devenu débrouillard, sans nul doute. Et le message implicite était bien passé.

Nassim ▬ « En effet ! Une grande femme, Nawel. Douce et sage. Je suis certain que ce sera aussi le cas de Farah. Elle est encore un peu timide pour le moment. »

Il expliqua aussi que la transition ne fut pas des plus simple. Nassim le comprenait très bien. Il était passé par là. Et bien plus encore qu’on ne pouvait l’imaginer. Il avait vu du pays. Et chaque déménagement, chaque séjour, long ou bref, lui avait demandé un léger temps d’adaptation. Il lui signala aussi qu’il avait repris l’entreprise de son oncle, un caviste. Ainsi, c’était donc lui le fournisseur de John.

Nassim ▬ « Et bien, je n’ai pas encore eu le temps de tout visiter. Mais cette ambiance me plait bien. Certes, on est très loin de ce qu’on trouve habituellement au Japon mais je ne vais personnellement pas me plaindre. Je pense que les changelins locaux vont s’habituer. Après, Nakanoto est assez cosmopolite, on trouve de toutes les nationalités, dans le coin. Et on s’en rend encore bien plus compte en travaillant dans mon domaine. »

Elessar leur proposa aussi une boisson, tentant de faire parler le petit garçon pour en apprendre plus sur lui. Mais ce dernier montrait encore quelques signes de timidité. Et il ne savait pas, non plus ce qu’était un diabolo, n’en ayant jamais bu. Du sirop, avec de l’eau, oui. De la limonade, aussi. Mais pas le mélange des deux.

Nassim ▬ « Volontiers. Puisque nous nous trouvons dans un pub, je vais prendre un stout. Il y a bien longtemps que je n’ai pas eu l’occasion d’en boire un. Et toi, Kurogane, tu veux gouter un diabolo-grenadine ? Je suis sûr que tu vas aimer ! »

Le petit bonhomme acquiesça d’un signe de tête, silencieux. Nassim s’amusa intérieurement de la réaction de son garçon. Il reprit alors d’une voix douce.

Nassim ▬ « Kurogane, Elessar-nii-chan t’a posé des questions. Tu ne veux pas y répondre ? »

Ledit Kurogane se blottit un peu plus contre son père mais accepta d’ouvrir la bouche pour donner quelques réponses.

Kurogane ▬ « J’ai huit ans. Et j’aime bien l’école. »

Elessar rit doucement. La boutade le fait sourire et vous aussi. En même temps, vous vous souvenez qu’elle est plus que justifié. A l’époque, il n’avait aucune barrière avec sa caméra portable. Heureusement il a appris de ses erreurs depuis.

« Non en effet je ne filme plus les scènes de crimes. Mais il m’arrive d’aller y fureté encore. Promis, je resterai cependant bien plus sage et respectueux. Enfin surtout je n’entraverai pas le déroulement des enquêtes. C’est un progrès n’est-ce pas ? »

Cela en sera un sans en douter si seulement notre ami l’était réellement. Il n’est pas forcément des plus sages à proximité de scène de crime, bien qu’il n’en ait pas côtoyé depuis un long moment. Il faut dire que malgré l’âge, vous savez que le jeune homme n’est pas tellement plus sage pour autant. Il est tout aussi espiègle et taquin que par le passé, voir peut-être même plus encore si possible.
Bien entendu la surprise de son compagnon de table ne le surprend pas réellement. Il faut dire qu’il est visiblement des informations qui semblent surprendre tous les changelins qu’il croise. Vous ne voyez pas réellement en quoi son lien de parenté avec la Conseillère Nawel Assaad peut être aussi surprenant. Quoi que … rien ne semble les lié d’un prime abord, ce qui peut être une explication direz-vous.
Le lieutenant répond à notre ami concernant le pub. Une ambiance qu’il connait somme toute bien puisqu’il a longtemps été en poste en Europe. Région du monde où ce type de bar pullule, vous en savez quelque chose pour avoir suivit notre jeune panda à travers nombres d’entre eux. Certains parfaitement respectables et d’autres … vous préférez ne pas vous en souvenir.
Concernant l’offre d’un verre, le plus âgé accepte volontiers, et acquiesce aussi pour son fils. Ce dernier n’est pas des plus bavard. Cependant vous savez qu’Elessar n’est pas du genre à bousculer les enfants. Etonnamment, vous le connaissez et vous vous en étonnez aussi, il est d’une rare délicatesse avec eux. Comme s’il cherchait à les protéger, à aller à leur rythme même s’il est très lent. Son côté grand frère peut-être l’influence, vous l’ignorez, mais vous ne doutez pas de sa bonté les concernant.

« Huit ans ? Tu es plus qu’un grand alors ! C’est super si tu aimes bien l’école. Je suis certain que tu as pleins de copains et de copines en plus. »

Son sourire simple n’a aucune arrière-pensée. Elessar n’a aucune intention particulière pour le petit Kurogane, vous savez que c’est pour son père qui est le centre d’intérêt réel. Néanmoins, il se refuse à négliger le petit. Alors il se lève et va commander les deux boissons, se reprenant au passage un bok de cidre. Les habitudes ont la vie dur, vous n’en doutez point, et celle-ci en fait clairement partie. Il ne vous en faut pas beaucoup pour connaitre la pensée du jeune kiwi. Son livre, il ne le lit qu’avec un bok de cidre ou une bonne bière.
Notre ami commun revient donc à table avec les boissons de tout le monde.

« Un stout et un diabolo-grenadine ! J’espère que ça va te plaire comme boisson Kurogane. Je crois qu’ici pour trinquer on dit kanpai non ? »

Les voilà qui trinquent ensemble. Un beau tableau mais vous sentez qu’il va y avoir un peu plus de sérieux maintenant. Enfin dans la mesure du possible, parce que notre dragon et le sérieux, ce n’est pas une grande histoire d’amour. Il sait l’être bien entendu, mais il ne l’est vraiment que lorsque cela est irrémédiablement nécessaire.

« Dis-moi Nassim, c’est pas trop difficile en ce moment ? Avec tout le remue-ménage qui se passe en ville, tu trouves quand même du temps pour te reposer ? Je me souviens qu’à l’époque le repos tu ne savais pas trop ce que c’était.  En tout cas ça fait vraiment plaisir de te revoir après toutes ces années.

Néanmoins sache que je n’ai pas totalement réglé mon problème de caméra embarqué. En plus, j’ai bossé dans l’industrie du cinéma, ça n’a pas aidé à laisser tomber ma mauvaise manie. Alors il n’est pas exclus que tu me croises caméra à la main. »

Vous levez les yeux au ciel quand vous découvrez le sourire amusé de notre ami. Ne grandira-t-il donc jamais ? Probablement que si un jour. A moins qu’il n’ait grandir au contraire trop vite et qu’il cherche à compenser maintenant. Vous n’avez aucun moyen de trancher la question.

Nassim ne releva pas la boutade. Il se concentra surtout, sur le fait qu’il y ait eu un progrès. C’était le principal. Un peu de plomb lui était rentré dans la cervelle. Un rien de maturité en plus. Au pire, il restait à attendre encore un peu, le temps semblait faire son œuvre petit à petit. Le Policier espérait juste être encore en vie pour constater. Enfin… Actuellement, même en mourant de vieillesse, il n’était pas sûr de pouvoir y assister. Non, il fallait rester optimiste.

Pendant que le plus vieux des trois se désolait dans ses pensées, Elessar tenta encore de nouer la conversation avec Kurogane. Hélas, ce dernier était timide avec les inconnus. Il se souvient qu’il avait fallu du temps, pour qu’il se laisse aller avec sa baby-sitter. Le policier saluait toutefois l’initiative, la volonté et la persévérance. Ce fut malheureusement vain. L’enfant ne dit pas un mot de plus. Peut-être un autre jour. Seul Allah savait.

La commande fut passée par Elessar et il revint avec les boissons. Il déposa le tout sur la table avant de se réinstaller, repoussant un peu plus son livre sur le côté. Il leva son verre et Nassim fit de même, pour trinquer. Le lieutenant prit une gorgée de son verre et savoura le goût de la boisson. Voilà qui faisait tellement longtemps. Son esprit revint un instant à ces jeunes années, quand son travail à Interpol l’avait mené en Irlande. C’était à peu près à cette époque qu’il avait croisé le jeune homme. Si ses souvenirs étaient exacts.

Il fut doucement ramené à la réalité par la voix d’Elessar, qui, visiblement, semblait vouloir discuter de la situation en ville. Cette dernière commençait doucement à sentir le roussi, surtout avec ces histoires de lycans, de vampires et de hunters qui avait était mis sous la lumière des projecteurs. Quoi qu’il en soit, le policier leva les yeux au ciel, tandis que le jeune homme affichait un sourire fier. Il ne grandirait donc jamais ?

Nassim ▬ « Franchement ? Pour le moment, ça va. Mais je crains que la situation ne s’envenime. Si c’est le cas, je crains pour nous. Nous devons faire déjà attention ainsi… Il va falloir être plus vigilants encore. J’espère juste que je vais pas devoir te te coller aux basques et te surveiller. Je t’avoue que je serais une très mauvaise nurse, je pense. »

Nassim laissa apparaitre un sourire à cette petite boutade. Il savait pertinemment qu’il allait être suivi.

Nassim ▬ « Blague à part. Je pense qu’il faudra faire attention. Et clairement, il va falloir se serrer les coudes. Et plus on sera sur le coup, mieux se sera… Certains d’entre nous essaie d’en savoir plus sur ce qu’il se passe… »

La situation semblait visiblement plus préoccupante dans la réalité que ce que notre ami pensait d’un prime abord. Bien entendu, vous le savez, il n’est pas dupe et était parfaitement conscient qu’il fallait déjà redoublé d’attention. Maintenant il comprend, comme vous, qu’il faudrait bientôt marcher sur des œufs.
Son sourire toujours aux lèvres, ses yeux brillent d’amusement. Vous ne pouvez pas en vouloir à ce bon vieux Nassim de le taquiner à son tour, et Elessar le prend comme tel bien entendu.

« Promis tu n’en auras pas besoin. Mais je suis persuadé que tu serais parfait comme nurse ! »

Laissant les boutades de côtés, le plus âgés des deux hommes expriment sans crainte ses pensées. Faire attention et se serrer les coudes. Pour notre jeune ami, c’est la base même de la communauté, du moins de celle dans laquelle il a grandi. Cependant, vous aussi vous sentez, qu’ici ce n’est pas forcément les mêmes bases, du moins pas exactement tout en étant similaire. Delà, vous pouvez imaginer tous les scénarii, comme notre panda qui envisage déjà toutes les hypothèses, y compris les plus farfelus. Cela peut se voir sur son visage, qui n’est que rarement inexpressif.

En savoir plus … c’est évident à ses yeux, l’information est la clef quelque soit la situation. Plus on a d’informations, mieux on peut se préparer et donc prévoir ce qui peut se passer. L’exactitude n’a pas sa place dans les prédictions, contrairement à la recherche d’informations. Elessar le sait fort bien, vous n’avez pas oublié ses longues, très longues heures à la recherche de la confirmation d’une donnée pour le précédent Conseil Territorial. Pourtant, parce que vous le connaissez plus que de raison, vous devinez dans son regard ce qu’il présent. La collection d’information ici est, et sera bien plus complexe et dangereuse que ce qu’il a pu connaitre.
Notre Dragon n’ignore en aucun cas la poudrière sur laquelle cette ville repose à l’heure actuelle. Poudrière qui ne demande qu’à être enflammée pour exploser. Est-ce dû uniquement à ces disparitions et attaques multiples commises par de soi-disant bêtes sauvages ? Il n’en est pas convaincu. Il y a aussi une certaine … méfiant voire même défiance en ville. Chacun suspecte tout le monde d’être une bête sauvage. Et cette situation ne peut qu’être délétère pour la communauté changeline, déjà si ancré dans « la loi du plus fort », vous le reconnaissez.

« Tu as raison. Cette situation tendue ne demande qu’à dégénérer, et je doute qu’il en faille beaucoup pour que ça parte en vrille. J’ai l’impression que la collecte d’information ici est loin d’être une mince à faire, non ? J’espère vraiment que le Conseil pourra disposé de toutes les informations possibles, pour réagir au mieux le moment venu.
Sache que si tu as besoin, tu peux compter sur moi. Je me suis installé ici pour être plus proche de ma tante et de ma cousine, mais je ne suis pas pour autant en dehors de la communauté. Je ferai ce que je peux pour aider. »

Vous le regardez boire une gorgée de sa boisson. Ce n’est pas la première fois qu’il affirme cela, et vous savez que ce ne sera en aucun cas la dernière. Peut-être qu’un jour, cette volonté d’aider tout le monde lui passera ou le mènera dans une impasse ou encore face à un choix complexe. Notre ami panda préfère ne pas y songer, parce qu’il vit toujours dans le moment présent, rarement dans le passé et encore moins dans le futur. C’est sa philosophie de vie, vous la connaissez et ne la remettez que peu en question. Chacun à le droit de vivre comme il le souhaite selon ses principes après tout, n’est-ce pas ?

« Dit-moi … que penses-tu de Kurobara Yumi ? »

Vous ne savez que trop bien pourquoi il finit par aborder cette question. John Smith est resté vague la concernant, l’informant seulement de ses réserves. Elessar a besoin d’un savoir un peu plus sur elle, mais rien ne l’arrêtera dans son objectif d’entrer au service du Conseil. Par les Valas, il fera parti des quelques espions officiels !

Après un petit aparté boutade qui ne fit de mal à personne, le sérieux était revenu. Le jeune Elessar ne put que donner raison au Lieutenant. La situation en ville était plus que préoccupante. Et cela n’allait pas s’arranger de jour en jour si rien n’était fait.

Nassim ▬ « Tu as tout à fait raison, le Conseil fait tout en œuvre pour récolter un maximum d’informations et de pistes. Je sais que des espions sont placés un peu partout à des endroits stratégiques mais je ne saurais t’en dire davantage à ce sujet.

Il est aussi appréciable de savoir que des nôtres sont dévoués à leur communauté. Je n’hésiterai pas à citer ton nom si quelqu’un vient à demander de l’aide tout comme je n’hésiterai pas à te solliciter si je le besoin s’en faisait sentir. Mais sache que tu en fais déjà beaucoup, en aidant John. Il est important que nos semblables aient un endroit où ils peuvent se réunir et être en sécurité. »

Elessar prit une gorgée de son cidre et Nassim en profita pour l’imiter. Décidément, il y avait bien trop longtemps qu’il avait goûté à un Stout ! La saveur de la boisson contre son palais lui faisait plaisir. Le jeune homme en profita pour poser une question qui était moins d’être anodine, surtout avec les propos sur les espions dit plus tôt.

Nassim ▬ « Tu aimerais te faire engager auprès d’elle, n’est-ce pas ? »

Le lieutenant avait posé la question. Mais il n’attendait pas vraiment de réponse. Il l’avait déjà trouvé par réflexion à l’aide de l’enchainement logique de la conversation. Si le jeune homme souhaitait devenir un des espions de la veuve noire, ce n’était pas Nassim qui allait s’y opposer. Il connaissait bien Kurobara. Ou du moins, dans le domaine professionnel. Sur ce point, il pouvait répondre.

Nassim ▬ « Professionnellement parlant, Kurobara-san est une femme tout à fait honorable et respectable. On peut dire que j’ai souvent affaire à elle, que ce soit en tant que membres des forces de l’Ordre ou en tant que Conseiller. Elle est médecin de formation et elle me gratifie parfois d’un avis éclairé quand je viens lui demander conseil. Côté Conseil, elle est très impliquée et appliquée. Elle règne sur ses espions avec sureté et autorité. Personne ne serait mieux placé qu’elle, selon mon avis, pour s’occuper de son réseau.

D’un point de vue personnel, je ne peux pas vraiment en dire plus. Elle est plutôt froide et distante et nos rapports ne s’étendent pas plus loin que le cadre professionnel. »

En faire beaucoup en aidant John ? Notre ami ne l’entend pas réellement de cette oreille. Après tout, vous savez qu’il ne fait que fournir le bar en spiritueux en tout genre, rien de plus. Et ces derniers étaient aussi pour les clients non-changelin venant profiter de l’ambiance chaleureuse de l’endroit.

« Je ne fais pas grand-chose tu sais. Je ne fais que fournir les boissons à John, grâce à mon entreprise de caviste, rien d’autre. J’aimerai faire plus encore. »

Bien entendu, Nassim perce à jour notre ami changelin. Vous savez qu’il a raison, tout comme que la question ne demande pas de réponse. Elessar sourit doucement en buvant une nouvelle gorgée. Il se doutait qu’il ne pourrait pas dissimuler son intention à ce policier hors pair. Ce n’était de toute façon pas son avis. Sagement, sérieusement, il écoute donc son aîné lui livrer son point de vue sur la fameuse Kurobara.
Les informations obtenues sont précieuses, bien que peu d’entre elles, vous semble cruciales. Pourtant tout est bon à prendre concernant cette jeune femme. Vous voyez à l’attitude générale de notre panda, qu’il a l’intention d’offrir des explications à son vieil ami policier. Dans l’objectif d’éclairer ses intentions envers le Conseil.

« En effet oui, je souhaite travailler pour le Conseil, à travers elle puisqu’il semble qu’elle soit plus ou moins responsable des espions officiels. »

Notre ami pose son verre sur la table, ce dernier n’est pas fini. Son regard s’ancre dans celui du méditerranéen.

« J’ai travaillé durant une dizaine d’année pour le Conseil en Nouvelle-Zélande. A différent poste, et pour différentes utilités. J’ai fait de l’éducation pour les plus jeunes, j’ai aidé à l’acquisition de formes secondaires aussi. Cependant j’étais principalement en lien avec les conseillers pour les vérifications d’informations, la surveillance d’éléments suspects … parfois allant jusqu’à l’aide à la disparition.
Enfin je n’ai pas forcément besoin de te faire un dessin. Même si ce n’est pas agréable, ni appréciable … parfois il est nécessaire d’agir de façon radicale pour la protection de la communauté. Je préfère autant que possible agir via la diplomatie, les compromis que d’en arriver à ce type d’extrémité. »

L’honnêteté fait parti de ces qualités à double tranchant qu’il possède. Parfois c’est la plus précieuse à posséder, dans d’autres cas … elle devient votre pire ennemi. Etonnamment, Elessar arrive à bien gérer cet équilibre précaire entre les deux situations. Enfin vous savez très bien qu’il est arrivé plus d’une fois que cela lui joue des tours. Un souvenir s’impose d’office, qui illustre parfaitement cet état de fait. C’était sa première rencontre avec le Conseil, et il avait commis plusieurs impairs en étant seulement fondamentalement honnête. Avec le temps, heureusement, vous avez pu voir qu’il a apprit à rester honnête, sans pour autant se mettre en porte-à-faux … du moins la plus grande parti du temps.

« Je pense pouvoir aider, du moins j’espère aider au maximum. Il ne me reste qu’à trouver une dernière forme disons … plus adapté à l’anonymat dans cette contrée. »

Son sourire se refait mutin. Votre soupire est profond. Définitivement, Elessar ne grandira que plus tard … peut-être.