Le Narrateur#106565#106565#106565#106565#106565
Vieux sage
Race : PNJ
Date d'inscription : 14/01/2008
Nombre de messages : 2078
Emploi/loisirs : Fondateur
Yens : 2214
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Lun 1 Nov 2021 - 15:46
Edition spéciale 31.10.2021
Nakanoto Daily
Chers lecteurs et lectrices, ce texte vous a touché et c'est pourquoi nous avons décidé de le faire paraître dans une édition spéciale et le garder dans nos archives importantes. Bonne lecture.
Je n'ai jamais cru aux histoires d'horreur que me racontaient mes parents. Comme quoi, il existerait dans ce bas monde des forces occultes auxquelles il ne conviendrait pas de se frotter, sous peine d'en subir les conséquences.
J'aurais dû les écouter.
C'était mon idée d'aller explorer cette maison abandonnée. Vous savez, ce genre de défi qu'on se donne entre jeunes, "chiche". Pour braver les interdits. Pour se rebeller contre les paternels oppressants, qui ne savent plus quoi inventer pour se faire obéir.
J'aurais dû les croire.
J'aurais pu nous éviter une fin sordide. Mais comme d'habitude je n'en ai fait qu'à ma tête. J'ai foncé dans le tas, entraînant mes amis avec moi, riant allègrement de ces stupides histoires sur la malédiction qui affligerait cette demeure. Comme quoi, une mauvaise âme, un esprit frappeur, la hanterait et chercherait à retenir quiconque y pénètre, de grès, ou de force.
Oh, comme je regrette de ne pas les avoir écouté.
Au début tout se passait bien. Nous explorions le rez-de-chaussez, manquant de nous tordre les chevilles en butant contre des débris, ou de nous couper sur un clou qui dépassait de la poutre. Et puis nous sommes passés à l'étage, pour arriver dans ce qui ressemble à une chambre. Mon regard a été attiré par un beau médaillon qui traînait sur une coiffeuse. J'ai entraîné mes amis dans la pièce, trop excitée à l'idée d'avoir déniché un trésor, et je l'ai récupéré.
C'est là que tout a dérapé.
Elle a commencé par rire. Un son insidieux, qui vibre jusqu'à la moelle, qui vous tord les entrailles, qui vous crispe l'estomac. Je me souviens avoir frissonné comme si on m'avait plongé dans un bain glacé. Romain et Lucie ont commencé à flipper. Moi j'ai attrapé la main d'Arthur pour me rassurer. J'ai lancé une plaisanterie, pour détendre l'atmosphère. Je n'ai pas été très convaincante. Alors, quand Romain a suggéré de partir, cette fois, je n'ai pas opposé la moindre résistance.
Mais il était déjà trop tard.
***
J'entends ses pas qui crissent sur le parquet… Elle est toute proche. Voilà des heures qu'elle nous pourchasse, nous traquant et nous tuant les uns après les autres. Elle joue avec nous. Mon regard terrifié se porte sur Arthur, caché derrière le lit. Mes lèvres remuent pour lui dire de fuir, mais aucun son n'en sort, tellement je suis pétrifiée par la terreur. Je ne la vois pas, mais j'imagine son sourire mauvais, terrifiant, déformer ses traits.
Je ferme les yeux. Mon cœur tambourine. Je veux lever mes mains pour me boucher les oreilles, mais je suis figée par la terreur. J'entends un chuintement métallique. J'ouvre les yeux, et je perçois un éclat de lumière, qui se reflète sur le plat d'une lame. Je vois la main grimée qui la tient. Elle va nous tuer.
Arthur me regarde, terrifié. Il commence à bredouiller, il la supplie de nous épargner. Lui aussi est figé par la peur. Un dernier craquement sur le parquet et elle est sur nous. Je lui jette un regard suppliant, tout en sachant que ma fin est proche. Son regard se porte en premier sur Arthur. Encore une fois, son dévolu se porte sur mes amis, comme pour jouer avec moi jusqu'à la fin.
Je revois le visage de mes amis, inondés de larmes, alors qu'ils affrontaient la mort du regard. J'entends encore leur corps chaud s'effondrer sur le sol, la gorge traversée d'une traînée pourpre. J'imagine encore leurs lèvres remuer silencieusement, articulant un simple mot.
"Pourquoi ?..."
Oui, pourquoi les ai-je entraînés là-dedans ? Lucie et Romain sont morts, et Arthur va connaître le même sort. Tout ça parce que j'ai voulu me prouver que ces histoires étaient fausses. Pour leur donner tort. Je regrette tellement.
Le rire de cette maudite femme brise le silence et m'assourdit. Il me pénètre jusqu'au plus profond de mon âme. Je veux fuir, mais je ne peux plus bouger. Je veux la confronter, mais je suis pétrifiée. Je fais face à Arthur. J'aimerais lui dire à quel point je suis désolée, mais la peur scelle mes lèvres. Je la sens. La fin est proche.
La lame se dresse. Fend l'air. Transperce la chair. Tue.
Arthur tombe à genoux, sans me quitter des yeux. Des larmes coulent sur ses joues, alors que du sang perle au coin de sa bouche. Ses lèvres remuent, pour formuler un unique mot.
"Pourquoi ?..."
Puis ses yeux se voilent et il rend son dernier soupir. Je cligne des yeux. Je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas encore morte. Mes mains sont poisseuses. Elle aurait dû me faucher à mon tour juste après lui. Je l'entends rire à nouveau. J'amorce enfin un mouvement et je la confronte pour la première fois du regard. Cette vision me glace le sang.
Face à moi, dans un miroir, se dresse mon reflet. ■
Kami.A.
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