L'Enfant et la Bête 13/04/2018
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Taichi Tomoe Lizenko#100950#100950#100950#100950#100950#100950#100950
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Mar 9 Juil 2019 - 15:30
L'Enfant et la Bête
Feat Vilhelm A. Jarlsonfel & Taichi Tomoe Yukimura
La nouvelle arme bien en main son sensei se ramasse sur lui-même et bondit tel un chat, comblant la pauvre distance les séparant. Le coup qui suit dans la foulée est impossible à esquiver sans risquer d’être couper en deux, alors Taichi Tomoe se préparer à parer tant bien que mal. Son mental prépare son corps à subir l’assaut sans broncher, tout en réfléchissant en parallèle à une solution pour s’en extraire.
Sauf que voilà, la lame bifurque au dernier instant, rendant toute réaction futile et c’est finalement l’épaule de son sensei qui la heurte de plein fouet. L’impression d’être percutée par un rhinocéros s’impose dans son esprit. Cependant elle ne dure pas longtemps, et se trouve suppléé par la douleur du choc avec le tronc d’arbre ainsi que par l’expulsion de l’air que contenait ses poumons.
Le temps de relever la tête est le seul instant de répit. Rapidement elle l’écarte de quelques centimètres, suffisant pour éviter que l’arme ne s’empale dans son front. L’adrénaline et la peur se mêle, permettant à l’adolescente de percevoir un léger jeu entre la garde et la lame. La faiblesse tant recherchée peut-elle être si ... visible ? Elle n’ose y croire mais le bruit de la charge l’alerte à nouveau et c’est en glissant en catastrophe qu’elle esquive le coup.
Dans la même foulé, elle ne peut rien faire d’autre que de parer l’attaque brutal qui lui est asséné par son sensei. Taichi sent Tsukinoha vibrer dans ses mains si fort qu’un instant elle craint que sa lame ne cède. Mais un coup d’œil la renseigne sur le fait qu’il n’en est rien, la lame-lune tient envers et contre les coups dévastateurs qu’elle subit. Le sourire qu’arbore son sensei ne lui dit rien qui vaille, bien au contraire. Que lui cache-t-il encore ? Quelle mauvaise surprise va-t-il lui faire ?
D’instinct elle suit le regard de son aînée et une sueur froide désagréable coule dans son dos. Une ... seconde arme ? Mais comment va-t-elle bien pouvoir s’en sortir ! C’est juste une réaction, son système nerveux de reptile prend le relais et la fait reculer de deux pas. Deux armes ! La panique menace de prendre le contrôle, mais un sursaut de volonté la ramène sur terre. Deux lames qui ont toutes les deux une faiblesse qu’elle peut trouver ... qu’elle doit trouver. De plus elle doit se faire confiance.
Taichi Tomoe se remémore calmement cette épée avec ce léger jour entre la lame et la garde. Le calme qui règne dans son esprit est diamétralement opposé à la fureur qui se déchaine devant elle. Les coups pleuvent, sans temps mort, dans un rythme soutenu. Elle n’est que réaction et pare bravement chaque attaque qu’elle reçoit. Son esprit est comme dissocié de l’action et cherche activement la faille de la seconde arme, tout en élaborant une idée pour détruire l’autre. Rien n’est simple, le risque de se prendre un coup et donc une blessure à soigner est grand. Son plan comporte de grandes failles mais l’adolescente sait qu’elle n’a pas le temps de le peaufiner plus en avant. Il est temps de jouer le tout pour le tout. De toute façon, elle a le droit de toucher ces deux armes, puisqu’il les a dans les mains.
Brusquement, elle s’écarte légèrement sur la gauche. Juste assez pour que le coup n’heurte pas sa tête, mais pas suffisamment pour que la lame ne morde pas son bras droit. Cette morsure la fait grimacer mais rien de grave dans le fond, puisqu’elle a tout calculé.
La petite sorcière profite de l’instant de surprise de son adversaire pour contre attaquer à son tour. D’un geste sec et d’une grande violence, étonnante pour sa taille, elle coince sciemment Tsukinoha entre la garde et la lame de l’épée. L’instant de surprise est terminé et son sensei commence à reprendre ses assauts. Cependant il est bien difficile de déloger la petite maintenant qu’elle se trouve tout contre lui. D’un petit bond, elle prend appuies de ses deux pieds sur la cuisse du forgeron, celle opposée à l’arme visée, et s’aide, allègrement, de l’énergie qu’il met à la déloger pour augmenter la pression de torsion qu’elle impose sur l’instant à sa propre lame.
Afin d’éviter un coup, par instant elle bloque d’une jambe le bras de son adversaire. Bien entendu elle ne fait en réalité que de le gêner, mais cette gêne inopportune, réduisant considérablement ses possibilités d’attaques devient très rapidement un handicap. C’est pourtant avec précipitation qu’elle quitte son « abri » temporaire, emportant avec elle Tsukinoha. En agissant ainsi, elle évite un coup de tête, qui ne l’aurait que trop sonnée pour qu’elle réagisse par la suite. À son goût, c’est déjà un miracle que ce coup ne soit pas arrivé plus tôt.
Son attaque a pourtant fait mouche, et pour son plus grand plaisir, la lame de l’épée tombe au sol, ne laissant que la garde dans la main de son géant sensei. Un coup d’œil à sa lame-lune lui montre que tout va bien pour elle et qu’elle attend le prochain assaut. La première phase de son plan à fonctionner. Elle passe donc à la suivante.
En effet, l’adolescent a constaté que les coups provenant de le seconde arme, une sorte de poignard avec une lame un peu courbe, était nettement moins fort que ceux avec l’épée large. Si les coups donnés sont moins forts, c’est que la solidité de l’arme est potentiellement en cause et donc représente son point faible. Il va donc lui falloir aller sur le terrain de la force, terrain où elle sait ne pas dominer.
« Yatta ! »
D’un cri sorti de nulle part, elle se rue sur le colosse et l’oblige à parer ses coups. La force n’est pas suffisante pour le faire reculer, cependant ce n’est pas le but recherché. L’ouïe de la plus jeune guette avec la plus grande des attentions le son qui lui indiquera le moment de frapper un grand coup. Elle ne laisse pas l’occasion à son adversaire d’inverser les rôles, bougeant sans cesse autour de lui, le harcelant de coup allant du torse comme cible aux pieds. Le mouvement représente sa meilleure défense, puisqu’à chaque coup qu’elle donne, la riposte de son sensei touche le vide. Ce petit jeu ne dure néanmoins pas longtemps, son sensei finissant par briser le cercle qu’elle fait autour de lui en tentant de lui mettre un coup de poing. Pourtant le son qu’elle attendait avec ferveur s’est manifestée. Elle n’a plus qu’à porter le coup de grâce.
Elle a conscience que son idée va agacer encore un peu plus l’homme mais ... l’agacement, mène à la colère qui mène à l’agissement sans réflexion. Autant tenter le coup, après tout : tous les coups sont permis.
Alors Taichi Tomoe agrippe fermement le poing de son aînée, et s’en sert comme d’une catapulte pour passer par-dessus-lui. Du moins en apparence. Au dernier moment, elle lui percute la tempe de son genou, le sonnant légèrement avant de retomber sur ses pieds. Dans le même temps de respiration, elle frappe de toute ses forces le tranchant de la lame-poignard, qui fracturée en deux, va rejoindre son ex-alliée la lame de l’épée au sol.
L’adolescente réalise deux sauts arrière dans l’unique but de mettre un peu de distance entre eux. Bien sûr, elle sait que cela est dérisoire et ne suffira pas s’il la charge à nouveau. Mais cela lui permet de souffler un court instant. Sa respiration est légèrement plus saccadée, preuve en est que le rythme sera difficile à tenir sur la longueur. Elle réalise alors que son plan a fonctionné et qu’elle est maintenant dos au mur de la forge. Aucune arme à l’horizon pour orienter le choix de son sensei, elle ne choisira donc pas la prochaine à détruire.
En son for intérieur, elle décide de profiter de ses déplacements sur le terrain pour observer en amont les lames restantes. Peut-être qu’un indice sur la façon de les briser se montrera et l’aidera à avancer. La seule arme qu’elle redoute est la hache à double tranchant. Elle sait que c’est son arme de prédilection et par voie de conséquence, la plus dangereuse de toute.
Forçant son esprit à revenir à l’instant présent, elle regarde son sensei sélectionner sa nouvelle arme. Resserrant sa poigne sur Tsukinoha, elle patiente tel un chat prêt à bondir à la première occasion.
Le combat est loin d’être terminé.
Sauf que voilà, la lame bifurque au dernier instant, rendant toute réaction futile et c’est finalement l’épaule de son sensei qui la heurte de plein fouet. L’impression d’être percutée par un rhinocéros s’impose dans son esprit. Cependant elle ne dure pas longtemps, et se trouve suppléé par la douleur du choc avec le tronc d’arbre ainsi que par l’expulsion de l’air que contenait ses poumons.
Le temps de relever la tête est le seul instant de répit. Rapidement elle l’écarte de quelques centimètres, suffisant pour éviter que l’arme ne s’empale dans son front. L’adrénaline et la peur se mêle, permettant à l’adolescente de percevoir un léger jeu entre la garde et la lame. La faiblesse tant recherchée peut-elle être si ... visible ? Elle n’ose y croire mais le bruit de la charge l’alerte à nouveau et c’est en glissant en catastrophe qu’elle esquive le coup.
Dans la même foulé, elle ne peut rien faire d’autre que de parer l’attaque brutal qui lui est asséné par son sensei. Taichi sent Tsukinoha vibrer dans ses mains si fort qu’un instant elle craint que sa lame ne cède. Mais un coup d’œil la renseigne sur le fait qu’il n’en est rien, la lame-lune tient envers et contre les coups dévastateurs qu’elle subit. Le sourire qu’arbore son sensei ne lui dit rien qui vaille, bien au contraire. Que lui cache-t-il encore ? Quelle mauvaise surprise va-t-il lui faire ?
D’instinct elle suit le regard de son aînée et une sueur froide désagréable coule dans son dos. Une ... seconde arme ? Mais comment va-t-elle bien pouvoir s’en sortir ! C’est juste une réaction, son système nerveux de reptile prend le relais et la fait reculer de deux pas. Deux armes ! La panique menace de prendre le contrôle, mais un sursaut de volonté la ramène sur terre. Deux lames qui ont toutes les deux une faiblesse qu’elle peut trouver ... qu’elle doit trouver. De plus elle doit se faire confiance.
Taichi Tomoe se remémore calmement cette épée avec ce léger jour entre la lame et la garde. Le calme qui règne dans son esprit est diamétralement opposé à la fureur qui se déchaine devant elle. Les coups pleuvent, sans temps mort, dans un rythme soutenu. Elle n’est que réaction et pare bravement chaque attaque qu’elle reçoit. Son esprit est comme dissocié de l’action et cherche activement la faille de la seconde arme, tout en élaborant une idée pour détruire l’autre. Rien n’est simple, le risque de se prendre un coup et donc une blessure à soigner est grand. Son plan comporte de grandes failles mais l’adolescente sait qu’elle n’a pas le temps de le peaufiner plus en avant. Il est temps de jouer le tout pour le tout. De toute façon, elle a le droit de toucher ces deux armes, puisqu’il les a dans les mains.
Brusquement, elle s’écarte légèrement sur la gauche. Juste assez pour que le coup n’heurte pas sa tête, mais pas suffisamment pour que la lame ne morde pas son bras droit. Cette morsure la fait grimacer mais rien de grave dans le fond, puisqu’elle a tout calculé.
La petite sorcière profite de l’instant de surprise de son adversaire pour contre attaquer à son tour. D’un geste sec et d’une grande violence, étonnante pour sa taille, elle coince sciemment Tsukinoha entre la garde et la lame de l’épée. L’instant de surprise est terminé et son sensei commence à reprendre ses assauts. Cependant il est bien difficile de déloger la petite maintenant qu’elle se trouve tout contre lui. D’un petit bond, elle prend appuies de ses deux pieds sur la cuisse du forgeron, celle opposée à l’arme visée, et s’aide, allègrement, de l’énergie qu’il met à la déloger pour augmenter la pression de torsion qu’elle impose sur l’instant à sa propre lame.
Afin d’éviter un coup, par instant elle bloque d’une jambe le bras de son adversaire. Bien entendu elle ne fait en réalité que de le gêner, mais cette gêne inopportune, réduisant considérablement ses possibilités d’attaques devient très rapidement un handicap. C’est pourtant avec précipitation qu’elle quitte son « abri » temporaire, emportant avec elle Tsukinoha. En agissant ainsi, elle évite un coup de tête, qui ne l’aurait que trop sonnée pour qu’elle réagisse par la suite. À son goût, c’est déjà un miracle que ce coup ne soit pas arrivé plus tôt.
Son attaque a pourtant fait mouche, et pour son plus grand plaisir, la lame de l’épée tombe au sol, ne laissant que la garde dans la main de son géant sensei. Un coup d’œil à sa lame-lune lui montre que tout va bien pour elle et qu’elle attend le prochain assaut. La première phase de son plan à fonctionner. Elle passe donc à la suivante.
En effet, l’adolescent a constaté que les coups provenant de le seconde arme, une sorte de poignard avec une lame un peu courbe, était nettement moins fort que ceux avec l’épée large. Si les coups donnés sont moins forts, c’est que la solidité de l’arme est potentiellement en cause et donc représente son point faible. Il va donc lui falloir aller sur le terrain de la force, terrain où elle sait ne pas dominer.
« Yatta ! »
D’un cri sorti de nulle part, elle se rue sur le colosse et l’oblige à parer ses coups. La force n’est pas suffisante pour le faire reculer, cependant ce n’est pas le but recherché. L’ouïe de la plus jeune guette avec la plus grande des attentions le son qui lui indiquera le moment de frapper un grand coup. Elle ne laisse pas l’occasion à son adversaire d’inverser les rôles, bougeant sans cesse autour de lui, le harcelant de coup allant du torse comme cible aux pieds. Le mouvement représente sa meilleure défense, puisqu’à chaque coup qu’elle donne, la riposte de son sensei touche le vide. Ce petit jeu ne dure néanmoins pas longtemps, son sensei finissant par briser le cercle qu’elle fait autour de lui en tentant de lui mettre un coup de poing. Pourtant le son qu’elle attendait avec ferveur s’est manifestée. Elle n’a plus qu’à porter le coup de grâce.
Elle a conscience que son idée va agacer encore un peu plus l’homme mais ... l’agacement, mène à la colère qui mène à l’agissement sans réflexion. Autant tenter le coup, après tout : tous les coups sont permis.
Alors Taichi Tomoe agrippe fermement le poing de son aînée, et s’en sert comme d’une catapulte pour passer par-dessus-lui. Du moins en apparence. Au dernier moment, elle lui percute la tempe de son genou, le sonnant légèrement avant de retomber sur ses pieds. Dans le même temps de respiration, elle frappe de toute ses forces le tranchant de la lame-poignard, qui fracturée en deux, va rejoindre son ex-alliée la lame de l’épée au sol.
L’adolescente réalise deux sauts arrière dans l’unique but de mettre un peu de distance entre eux. Bien sûr, elle sait que cela est dérisoire et ne suffira pas s’il la charge à nouveau. Mais cela lui permet de souffler un court instant. Sa respiration est légèrement plus saccadée, preuve en est que le rythme sera difficile à tenir sur la longueur. Elle réalise alors que son plan a fonctionné et qu’elle est maintenant dos au mur de la forge. Aucune arme à l’horizon pour orienter le choix de son sensei, elle ne choisira donc pas la prochaine à détruire.
En son for intérieur, elle décide de profiter de ses déplacements sur le terrain pour observer en amont les lames restantes. Peut-être qu’un indice sur la façon de les briser se montrera et l’aidera à avancer. La seule arme qu’elle redoute est la hache à double tranchant. Elle sait que c’est son arme de prédilection et par voie de conséquence, la plus dangereuse de toute.
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Le combat est loin d’être terminé.
"Plus que neuf"
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Vilhelm A. Jarlsonfel#101592#101592#101592#101592#101592#101592#101592
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Jeu 5 Sep 2019 - 19:50
L'Enfant et la Bête
Feat ~ Taichi Tomoe
Plus mes coups pleuvent sur la gamine et plus elle semble se détacher du combat, son esprit parait s’en être allé loin de son corps et de notre affrontement. Ses petits yeux améthyste grand ouverts se baladent avec précision sur chacune de mes deux armes, cherchant sans l’ombre d’un doute comment me désarmer une fois de plus. Ses parades se veulent efficaces, bien qu’un peu faibles elles font leur effet et aucun de mes coups ne la touche. Je réfrène autant que faire se peut la puissance que je met dans mes attaques gauches pour ne pas exposer trop vite la friabilité de ma lame, lui permettant de se fait de ne pas s’épuiser en encaissant des coups trop rudes pour son petit gabarit.
Ce manège dure quelques secondes tout au plus, durant lesquelles je monopolise l’attaque, jusqu’à ce que sans crier garde elle s’écarte au dernier moment pour esquiver mon coup. Du moins en parti, car la lame affutée tranche dans la tenue de la fillette. Plus encore que du tissus c’est dans son bras droit que la lame pénètre superficiellement. L’acte m’extirpe de ma frénésie, me figeant l’espace d’une seconde. J’ai blessé mon élève, ce n’était pas le but bien entendu mais cette blessure m’arrache un remord immédiat. J’allais m’arrêter, lui demander si tout allait bien, prêt à courir chercher le kit de premier secours, mais c’était sans compter sur la réactivité de la petite. Sciemment, elle frappe avec une force insoupçonnée et fige son wakizashi dans l’entrebâillement de ma garde. Le geste me fait reculer d’un pas, tant de surprise que sous l’impact. Elle a volontairement calculé sa blessure pour m’atteindre dans un moment d’inattention, c’est plus que rudement bien joué ! La voilà maintenant collée tout contre moi, venant se frotter au contact où la force et l’endurance sont les maitres mots : mon terrain de jeu favori en outre.
La surprise désormais envolée, je lève mon bras gauche pour abattre mon Kukri sur la jeune femme qui évite sans peine mes gestes bien trop amples pour ne serais-ce que la frôler. En appui ferme sur ma cuisse, la voilà qui ne touche même plus terre, se servant de ma propre force contre moi. De la semelle de ses chausses elle contre mon avant bras et dévie mes coups par moment, comme protégée de mon allonge elle se blottit dans ce creux de misère comme à l’abris dans l’oeil du cyclone.
J’agite fortement ma main gauche pour retirer son arme de la mienne, mais rien n’y fait elle tient bon. De plus, chacun de mes gestes fait grincer et vibrer désagréablement la poignée de mon arme. Un rapide coup d’oeil ne trompe pas, le jour entre la lame et la garde s’élargie considérablement, mon épée souffre sous la tension qu’elle et moi lui font subir, et bientôt elle lâchera. Pour moi il n’existe pas trente-six milles solutions il faut faire dégager l’assaillante avant de rendre les armes !
Je prend un élan soudain en contractant mon rachis et assène un grand coup de tête dans le vent, manquant de finir à genoux emporté par mon geste. La shinobi s’est envolée d’un bond pour prendre du recul et atterrit non loin de moi. Au moment où j’allais reprendre mon assaut furieux, un bruit sourd porte mes yeux sur le sol à mes pieds. La lame de mon épée, brisée à la base, git enfoncée dans la terre. Ma main droite se desserre, laissant mollement tomber la garde seule aux côtés de ce qui faisait d’elle une épée. Deux sur douze, j’avoue rester pantois face à cette réalité après juste une dizaine de minutes de combat. Elle se débrouille bien mieux qu’espéré, à ce rythme l’entrainement finira avant que la nuit ne soit trop noire pour y voir.
« Yatta ! »
Ce cri venu des tréfonds des tripes de la plus petite me rappelle que le combat n’est pas fini, et j’élève ma lame pour parer un assaut abrupte et violent. Ma lame tremble sous l’impact, mais le suivant est bien trop précipité pour me laisser le loisir de donner la contre-attaque. Elle bouge telle une anguille insaisissable autour de moi, frappant avec la même précision qui déchiquetais plus tôt dans l’après midi mes pantins de jute. Sachant chaque coup mortel, je focalise toute mon attention sur la parade de ses coups. Tantôt l’épaule, tantôt le ventre, par moment le genou puis la cheville, à part ma tronche tout mon corps est victime privilégié de ma propre création. Manié avec dextérité, la voilà retournée contre moi pas une experte du wakizashi, rien d’impressionnant… Chaque coup nécessite tant d’attention que mes contre attaques trop lentes ne frappent que l’air et la terre, manquant chaque fois la cible fugace qui s’insinue avec célérité dans chaque angle mort qu’elle peut déceler. Il en est assez, marre de ce manège !
Je me retourne au moment où elle lance une nouvelle offensive, mais cette fois-ci je brandi mon poing en même temps que ma lame. Mon adversaire esquive de justesse l’assaut physique en se servant de la force du choc entre nos lames pour prendre l’élan nécessaire à son retrait. Néanmoins, quelque chose cloche et je ne tarde pas à me rendre compte que, bien qu’entière, mon arme est déjà morte. Et la petite le sait. Sans même me laisser le temps de retourner mon attention vers elle, elle agrippe mon poing et bondit tel un ressort au-dessus de moi, et lorsqu’elle atteint l’apogée de son ascension -au niveau de ma tête- je perçoit brièvement dans son regard l’ombre d’un sombre plan, calculé dans un seul but : prendre l’ascendant par tous les moyens. Un coup sec, impactant, vient s’écraser sur ma tempe. Un voile noir fugace embrume ma vue et un acouphène strident désoriente mon équilibre et mon ouïe en un instant, forçant ma carcasse incapacité à chanceler instantanément. Dans un réflexe de survie, je me ramasse sur moi-même derrière ma lame, mais bien vite un impact cinglant vient abréger les souffrances de mon arme, et par la même occasion me force à prendre un pas en arrière pour ne pas tomber.
Quelques secondes me sont nécessaire afin de calmer mon esprit et stabiliser ma vue. Le monde tremble devant mes yeux, mon crâne souffre d’un léger mais persistant mal et mon équilibre ne revient que très lentement. Je lève lentement des yeux confus vers la lame dans ma main, et… détruite est un adjectif bien dérisoire lorsque j’avise l’état de ce qu’il reste encore de mon arme.
De ce même regard je détaille difficilement les alentours, les lames encore présentes sur le champ de bataille, puis je commence à dévisager la gamine qui s’est éloigné pour reprendre sa respiration. Un sentiment de rage fait soudain irruption en moi, incontrôlable et dévastateur. Elle a osé la garce, elle a osé ! Tu veux du défi ?! Tu veux y aller a fond ?! JE vais y aller à fond !
Il serait notable pour n’importe qui que mon visage vient de tourner au rouge carmin, que depuis le choc au crâne je n’ai pas respiré et que la pression monte en moi. Dans le blanc de mes yeux les veines commencent à se fissurer, puis à se rompre, colorant de sang mon regard habituellement argenté. Mon corps commence à trembler contre mon grès, et sans crier gare j’empli mes poumons au maximum pour laisser exploser un cri rageur, violent.
Mes pieds labourent le sol tandis que d’un bond je clos la distance qui nous sépare, prenant la gamine au dépourvue qui se jette sur le côté pour esquiver le coup d’épaule qui résonne contre le mur de la forge. Dans un réflexe j’agrippe les barreaux de la fenêtre la plus proche et m’en sert pour me retourner violemment et écraser la gamine de tout mon poids avec mon pied gauche. Elle réagit par instinct et cale sa lame sous ma semelle, s’aidant de sa main opposée pour essayer de soutenir ma masse. La lame entame peu à peu le caoutchouc, finissant par mordre dans l’acier du renfort plantaire. La petite faiblit rapidement, bientôt mon pied arrivera sur son torse. C’est cependant dans une roulade désespérée qu’elle se tire une fois de plus du danger imminent.
Avant qu’elle ne réussisse à se redresser, je lance une nouvelle charge. Elle semble avoir repris ses esprits, et afin de se protéger assène un coup droit de bas en haut, que je bloque avec le cadavre de mon épée de tout à l’heure ramassée au sol dans un battement de cil. Le choc est si violent qu’il manque de désarmer la gamine, qui se retrouve projetée en arrière et termine d’achever ma lame. Tel un fauve observant l’agonie de sa proie, je ne quitte pas Taichi du regard, ne clignant pas une seule fois des yeux. Elle se relève doucement, sonnée à son tour, et m’offre un air presque désemparé. Rien de comparable cependant au visage qu’elle affiche lorsque d’un geste sec j’empoigne le manche de l’arme la plus proche de moi, que j’extirpe avec violence du tronc où elle était fichée. Dans mes mains trône à présent la hache à double tranchant tant redoutée. Je serre ma poigne autour du bois, sec et rugueux, prenant mes marques et invoquant tout le savoir-faire accumulé depuis des années, puis lance une attaque vive et brusque. La lame vole de gauche à droite parallèle au sol mais n’atteint pas sa cible, qui après un bond en arrière s’enfuit en courant vers l’une des portillons de la cour.
La course poursuite s’engage rapidement : là où elle ouvre en urgence la barrière je l’enfonce d’un coup d’épaule à mon tour, et me rue à sa poursuite. Elle n’a que quelques mètres d’avance mais n’est pas assez rapide pour me semer. Alors que je m’apprête à la rattraper, elle tourne précipitamment à droite, me laissant dans ma ruée presque me rétamer. Le temps de me relever et la poursuite reprend, toujours plus rageuse. J’entend sa respiration saccadée, son souffle se faire plus puissant, mais pour autant elle ne semble pas abandonner.
Elle disparait une nouvelle fois au coin de la ruelle, et lorsqu’à mon tour je dépasse l’angle je la vois, arrêtée devant le portail opposé à celui que nous empruntions un peu plus tôt. Immobile face à moi, elle me dévisage un instant avant de pénétrer de nouveau dans la cour.
Il ne me faut que quelques secondes pour faire de même, passant du goudron de la rue à l’herbe molle de mon domaine. De mes yeux plus qu’alertes, je balaye le terrain du regard sans pour autant voir mon adversaire. Ma hache bien en main, j’avance sans aucune hésitation, mais aussi sans prudence, permettant l’attaque surprise par derrière de mon élève. C’est sans réfléchir que j’attrape la lame à pleine main, qui se fige comme serrée par un étau. Ma poigne de forgeron ne lâche pas malgré les efforts visibles de la plus jeune, et ce en dépit du sang qui commence à enduire la lame.
Gonflant les muscles de mon torse et de mon bras, je commence à soulever la gamine de terre, puis en prenant un élan mesuré je me retourne sur moi-même et la projette à 5 mètres, conservant Tsukinoha entre mes doigts.
A terre, acculée et désarmée, visiblement atteinte d’une fatigue logique après tant d’efforts elle s’adosse une fois de plus à l’un des arbres. Alors que j’entamais un pas dans sa direction, la voir ainsi provoque en moi une sorte de conflit interne, puissant, me paralysant presque. Mon crâne me hurle que ce que je fais est mal, mais mon instinct cri de continuer. Entre ce besoin irrésistible de combat et la conscience qu’il ne devrait s’agir que d’un entrainement, ma conscience se déchire. Qui du berserk ou de l’homme a raison, si ce n’est celui qui me martèle de calmer mon ire. Me voilà, fou et furieux comme une foutue bestiole devant celle que j’ai accepté d’entrainer, la traitant comme le pire des ennemis, la malmenant comme si je me devais de l’éliminer. J’ai dépassé les bornes cette fois-ci, c’était pas au programme.
Cette sensation aussi étrange qu’intense ne m’est pas inconnue, ça m’est déjà arrivé mais jamais de cette façon.
J’avance lentement vers la jeune femme et la dévisage de haut, ne la lâchant pas du regard, puis lève ma hache et assène le coup final de cette bataille. La lame se fiche dans le bois, à une vingtaine de centimètres de la tête de la petite désemparée. Je fermes alors mes yeux, puis souffle doucement.
Lorsque je les rouvres, le calme est revenu. Plus de fureur, plus de haine, tout s’est apaisé. Je m’accroupis devant la petite avec un demi-sourire navré, puis avance ma main valide doucement vers sa tête pour la poser sur ses cheveux.
« Désolé petite, je me suis laissé emporter. »
Retirant mes doigts de sa crinière mauve, j’empoigne délicatement sa main et l’aide à se relever. Elle semble reprendre quelques forces avec cette pause imprévue, ce qui n’est pas plus mal si elle souhaite continuer l’entrainement, chose dont je doute légèrement. Elle est en droit de refuser de poursuivre, après tout comme je l’avais prévu elle m’a forcée à prendre la hache, je considère donc qu’elle à réussi l’exercice en pratique. Entre réussir et achever il y a cependant un fossé, et il lui faudra faire preuve d’endurance. Je comprendrait si elle souhaite remettre à plus tard notre session.
Parlant de ça, un picotement dans ma main droite rappelle à ma mémoire la lame du wakizashi qui entame mon cuir palmaire depuis déjà un moment. Empoignant le tsuka, j’extirpe le tranchant de ma pogne et tend l’arme encore tachée de mon sang à la petite. Le premier à toucher son arme, c’est une sorte de rituel, comme un baptême du feu.
« Tu te sens de continuer ? »
Sur ces mots je sors un mouchoir de soie de ma poche et le noue rapidement autour de ma main, comprimant la coupure. Si peu ne m’empêchera pas de poursuivre, même si poser mon cul un instant me ferait le plus grand bien après tant d’émotions je ne peux me permettre de chanceler de nouveau devant mon élève. Je la considère un instant, sondant dans son regard la flamme qui ne s’est pas encore éteinte, bien au contraire. Je soupire avant de désigner du menton l’arène qui nous entoure.
« Choisis donc pour moi ta prochaine adversaire. »
Ce manège dure quelques secondes tout au plus, durant lesquelles je monopolise l’attaque, jusqu’à ce que sans crier garde elle s’écarte au dernier moment pour esquiver mon coup. Du moins en parti, car la lame affutée tranche dans la tenue de la fillette. Plus encore que du tissus c’est dans son bras droit que la lame pénètre superficiellement. L’acte m’extirpe de ma frénésie, me figeant l’espace d’une seconde. J’ai blessé mon élève, ce n’était pas le but bien entendu mais cette blessure m’arrache un remord immédiat. J’allais m’arrêter, lui demander si tout allait bien, prêt à courir chercher le kit de premier secours, mais c’était sans compter sur la réactivité de la petite. Sciemment, elle frappe avec une force insoupçonnée et fige son wakizashi dans l’entrebâillement de ma garde. Le geste me fait reculer d’un pas, tant de surprise que sous l’impact. Elle a volontairement calculé sa blessure pour m’atteindre dans un moment d’inattention, c’est plus que rudement bien joué ! La voilà maintenant collée tout contre moi, venant se frotter au contact où la force et l’endurance sont les maitres mots : mon terrain de jeu favori en outre.
La surprise désormais envolée, je lève mon bras gauche pour abattre mon Kukri sur la jeune femme qui évite sans peine mes gestes bien trop amples pour ne serais-ce que la frôler. En appui ferme sur ma cuisse, la voilà qui ne touche même plus terre, se servant de ma propre force contre moi. De la semelle de ses chausses elle contre mon avant bras et dévie mes coups par moment, comme protégée de mon allonge elle se blottit dans ce creux de misère comme à l’abris dans l’oeil du cyclone.
J’agite fortement ma main gauche pour retirer son arme de la mienne, mais rien n’y fait elle tient bon. De plus, chacun de mes gestes fait grincer et vibrer désagréablement la poignée de mon arme. Un rapide coup d’oeil ne trompe pas, le jour entre la lame et la garde s’élargie considérablement, mon épée souffre sous la tension qu’elle et moi lui font subir, et bientôt elle lâchera. Pour moi il n’existe pas trente-six milles solutions il faut faire dégager l’assaillante avant de rendre les armes !
Je prend un élan soudain en contractant mon rachis et assène un grand coup de tête dans le vent, manquant de finir à genoux emporté par mon geste. La shinobi s’est envolée d’un bond pour prendre du recul et atterrit non loin de moi. Au moment où j’allais reprendre mon assaut furieux, un bruit sourd porte mes yeux sur le sol à mes pieds. La lame de mon épée, brisée à la base, git enfoncée dans la terre. Ma main droite se desserre, laissant mollement tomber la garde seule aux côtés de ce qui faisait d’elle une épée. Deux sur douze, j’avoue rester pantois face à cette réalité après juste une dizaine de minutes de combat. Elle se débrouille bien mieux qu’espéré, à ce rythme l’entrainement finira avant que la nuit ne soit trop noire pour y voir.
« Yatta ! »
Ce cri venu des tréfonds des tripes de la plus petite me rappelle que le combat n’est pas fini, et j’élève ma lame pour parer un assaut abrupte et violent. Ma lame tremble sous l’impact, mais le suivant est bien trop précipité pour me laisser le loisir de donner la contre-attaque. Elle bouge telle une anguille insaisissable autour de moi, frappant avec la même précision qui déchiquetais plus tôt dans l’après midi mes pantins de jute. Sachant chaque coup mortel, je focalise toute mon attention sur la parade de ses coups. Tantôt l’épaule, tantôt le ventre, par moment le genou puis la cheville, à part ma tronche tout mon corps est victime privilégié de ma propre création. Manié avec dextérité, la voilà retournée contre moi pas une experte du wakizashi, rien d’impressionnant… Chaque coup nécessite tant d’attention que mes contre attaques trop lentes ne frappent que l’air et la terre, manquant chaque fois la cible fugace qui s’insinue avec célérité dans chaque angle mort qu’elle peut déceler. Il en est assez, marre de ce manège !
Je me retourne au moment où elle lance une nouvelle offensive, mais cette fois-ci je brandi mon poing en même temps que ma lame. Mon adversaire esquive de justesse l’assaut physique en se servant de la force du choc entre nos lames pour prendre l’élan nécessaire à son retrait. Néanmoins, quelque chose cloche et je ne tarde pas à me rendre compte que, bien qu’entière, mon arme est déjà morte. Et la petite le sait. Sans même me laisser le temps de retourner mon attention vers elle, elle agrippe mon poing et bondit tel un ressort au-dessus de moi, et lorsqu’elle atteint l’apogée de son ascension -au niveau de ma tête- je perçoit brièvement dans son regard l’ombre d’un sombre plan, calculé dans un seul but : prendre l’ascendant par tous les moyens. Un coup sec, impactant, vient s’écraser sur ma tempe. Un voile noir fugace embrume ma vue et un acouphène strident désoriente mon équilibre et mon ouïe en un instant, forçant ma carcasse incapacité à chanceler instantanément. Dans un réflexe de survie, je me ramasse sur moi-même derrière ma lame, mais bien vite un impact cinglant vient abréger les souffrances de mon arme, et par la même occasion me force à prendre un pas en arrière pour ne pas tomber.
Quelques secondes me sont nécessaire afin de calmer mon esprit et stabiliser ma vue. Le monde tremble devant mes yeux, mon crâne souffre d’un léger mais persistant mal et mon équilibre ne revient que très lentement. Je lève lentement des yeux confus vers la lame dans ma main, et… détruite est un adjectif bien dérisoire lorsque j’avise l’état de ce qu’il reste encore de mon arme.
De ce même regard je détaille difficilement les alentours, les lames encore présentes sur le champ de bataille, puis je commence à dévisager la gamine qui s’est éloigné pour reprendre sa respiration. Un sentiment de rage fait soudain irruption en moi, incontrôlable et dévastateur. Elle a osé la garce, elle a osé ! Tu veux du défi ?! Tu veux y aller a fond ?! JE vais y aller à fond !
...
Il serait notable pour n’importe qui que mon visage vient de tourner au rouge carmin, que depuis le choc au crâne je n’ai pas respiré et que la pression monte en moi. Dans le blanc de mes yeux les veines commencent à se fissurer, puis à se rompre, colorant de sang mon regard habituellement argenté. Mon corps commence à trembler contre mon grès, et sans crier gare j’empli mes poumons au maximum pour laisser exploser un cri rageur, violent.
Mes pieds labourent le sol tandis que d’un bond je clos la distance qui nous sépare, prenant la gamine au dépourvue qui se jette sur le côté pour esquiver le coup d’épaule qui résonne contre le mur de la forge. Dans un réflexe j’agrippe les barreaux de la fenêtre la plus proche et m’en sert pour me retourner violemment et écraser la gamine de tout mon poids avec mon pied gauche. Elle réagit par instinct et cale sa lame sous ma semelle, s’aidant de sa main opposée pour essayer de soutenir ma masse. La lame entame peu à peu le caoutchouc, finissant par mordre dans l’acier du renfort plantaire. La petite faiblit rapidement, bientôt mon pied arrivera sur son torse. C’est cependant dans une roulade désespérée qu’elle se tire une fois de plus du danger imminent.
Avant qu’elle ne réussisse à se redresser, je lance une nouvelle charge. Elle semble avoir repris ses esprits, et afin de se protéger assène un coup droit de bas en haut, que je bloque avec le cadavre de mon épée de tout à l’heure ramassée au sol dans un battement de cil. Le choc est si violent qu’il manque de désarmer la gamine, qui se retrouve projetée en arrière et termine d’achever ma lame. Tel un fauve observant l’agonie de sa proie, je ne quitte pas Taichi du regard, ne clignant pas une seule fois des yeux. Elle se relève doucement, sonnée à son tour, et m’offre un air presque désemparé. Rien de comparable cependant au visage qu’elle affiche lorsque d’un geste sec j’empoigne le manche de l’arme la plus proche de moi, que j’extirpe avec violence du tronc où elle était fichée. Dans mes mains trône à présent la hache à double tranchant tant redoutée. Je serre ma poigne autour du bois, sec et rugueux, prenant mes marques et invoquant tout le savoir-faire accumulé depuis des années, puis lance une attaque vive et brusque. La lame vole de gauche à droite parallèle au sol mais n’atteint pas sa cible, qui après un bond en arrière s’enfuit en courant vers l’une des portillons de la cour.
La course poursuite s’engage rapidement : là où elle ouvre en urgence la barrière je l’enfonce d’un coup d’épaule à mon tour, et me rue à sa poursuite. Elle n’a que quelques mètres d’avance mais n’est pas assez rapide pour me semer. Alors que je m’apprête à la rattraper, elle tourne précipitamment à droite, me laissant dans ma ruée presque me rétamer. Le temps de me relever et la poursuite reprend, toujours plus rageuse. J’entend sa respiration saccadée, son souffle se faire plus puissant, mais pour autant elle ne semble pas abandonner.
Elle disparait une nouvelle fois au coin de la ruelle, et lorsqu’à mon tour je dépasse l’angle je la vois, arrêtée devant le portail opposé à celui que nous empruntions un peu plus tôt. Immobile face à moi, elle me dévisage un instant avant de pénétrer de nouveau dans la cour.
Il ne me faut que quelques secondes pour faire de même, passant du goudron de la rue à l’herbe molle de mon domaine. De mes yeux plus qu’alertes, je balaye le terrain du regard sans pour autant voir mon adversaire. Ma hache bien en main, j’avance sans aucune hésitation, mais aussi sans prudence, permettant l’attaque surprise par derrière de mon élève. C’est sans réfléchir que j’attrape la lame à pleine main, qui se fige comme serrée par un étau. Ma poigne de forgeron ne lâche pas malgré les efforts visibles de la plus jeune, et ce en dépit du sang qui commence à enduire la lame.
Gonflant les muscles de mon torse et de mon bras, je commence à soulever la gamine de terre, puis en prenant un élan mesuré je me retourne sur moi-même et la projette à 5 mètres, conservant Tsukinoha entre mes doigts.
A terre, acculée et désarmée, visiblement atteinte d’une fatigue logique après tant d’efforts elle s’adosse une fois de plus à l’un des arbres. Alors que j’entamais un pas dans sa direction, la voir ainsi provoque en moi une sorte de conflit interne, puissant, me paralysant presque. Mon crâne me hurle que ce que je fais est mal, mais mon instinct cri de continuer. Entre ce besoin irrésistible de combat et la conscience qu’il ne devrait s’agir que d’un entrainement, ma conscience se déchire. Qui du berserk ou de l’homme a raison, si ce n’est celui qui me martèle de calmer mon ire. Me voilà, fou et furieux comme une foutue bestiole devant celle que j’ai accepté d’entrainer, la traitant comme le pire des ennemis, la malmenant comme si je me devais de l’éliminer. J’ai dépassé les bornes cette fois-ci, c’était pas au programme.
Cette sensation aussi étrange qu’intense ne m’est pas inconnue, ça m’est déjà arrivé mais jamais de cette façon.
J’avance lentement vers la jeune femme et la dévisage de haut, ne la lâchant pas du regard, puis lève ma hache et assène le coup final de cette bataille. La lame se fiche dans le bois, à une vingtaine de centimètres de la tête de la petite désemparée. Je fermes alors mes yeux, puis souffle doucement.
Lorsque je les rouvres, le calme est revenu. Plus de fureur, plus de haine, tout s’est apaisé. Je m’accroupis devant la petite avec un demi-sourire navré, puis avance ma main valide doucement vers sa tête pour la poser sur ses cheveux.
« Désolé petite, je me suis laissé emporter. »
Retirant mes doigts de sa crinière mauve, j’empoigne délicatement sa main et l’aide à se relever. Elle semble reprendre quelques forces avec cette pause imprévue, ce qui n’est pas plus mal si elle souhaite continuer l’entrainement, chose dont je doute légèrement. Elle est en droit de refuser de poursuivre, après tout comme je l’avais prévu elle m’a forcée à prendre la hache, je considère donc qu’elle à réussi l’exercice en pratique. Entre réussir et achever il y a cependant un fossé, et il lui faudra faire preuve d’endurance. Je comprendrait si elle souhaite remettre à plus tard notre session.
Parlant de ça, un picotement dans ma main droite rappelle à ma mémoire la lame du wakizashi qui entame mon cuir palmaire depuis déjà un moment. Empoignant le tsuka, j’extirpe le tranchant de ma pogne et tend l’arme encore tachée de mon sang à la petite. Le premier à toucher son arme, c’est une sorte de rituel, comme un baptême du feu.
« Tu te sens de continuer ? »
Sur ces mots je sors un mouchoir de soie de ma poche et le noue rapidement autour de ma main, comprimant la coupure. Si peu ne m’empêchera pas de poursuivre, même si poser mon cul un instant me ferait le plus grand bien après tant d’émotions je ne peux me permettre de chanceler de nouveau devant mon élève. Je la considère un instant, sondant dans son regard la flamme qui ne s’est pas encore éteinte, bien au contraire. Je soupire avant de désigner du menton l’arène qui nous entoure.
« Choisis donc pour moi ta prochaine adversaire. »
"C'est pas encore fini"
Etilya sur DK RPG
Taichi Tomoe Lizenko#101796#101796#101796#101796#101796#101796#101796
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Mar 8 Oct 2019 - 0:06
L'Enfant et la Bête
Feat Vilhelm A. Jarlsonfel & Taichi Tomoe Yukimura
La sensation glacée d’avoir fait une erreur de calcul s’insinue rapidement dans ses veines. S’accentuant encore plus en voyant le teint de son sensei tourner au rouge, ses yeux s’injecter de sang et cette lueur presque mauvaise dans son regard. Les tremblements du corps du Maître forgeron ne sont que des prémisses au cri rageur qui explose sans crier gare.
La peur revient à grand pas, et devient un puissant moteur lorsqu’elle se jette sur le côté de manière précipité pour éviter un coup d’épaule qui aurait pu l’envoyer au tapis. Son regard d’améthyste regarde un instant le mur tremblant de la forge, et bien qu’à terre, son corps frissonne de la puissance de ce coup. La suite est tellement rapide, que seul son instinct lui permet de ne pas se faire écraser. Sa lame placer entre le pied et elle, mordant sans vergogne la semelle de caoutchouc. Taichi s’aide comme elle le peut de sa main au sol pour soutenir la masse de son sensei. Cependant rien n’y fait et malgré la morsure de plus en plus profonde de Tsukinoha, elle sait qu’elle va devoir fuir à nouveau. C’est une roulade désespérée qui lui évite de se retrouver écrasée.
Cette échappée lui offre l’instant nécessaire pour se reprendre et pour ne pas subir la charge qui arrive à nouveau, elle interpose son arme dans un coup descendant. Malheureusement, n’étant pas rompu aux situations de combat et trop focalisée sur son adversaire, elle n’a pas vu qu’il avait ramassé le cadavre de l’épée précédente. Le choc, brutale et inattendu, la projette au sol et la sonne légèrement. Alors qu’elle pense subir un nouvel assaut, il ne se passe rien. Jarlsonfel-sensei avance lentement, de côté, tel un fauve sans la quitter du regard, se délectant de son inquiétude grandissante. Inquiétude qui n’a rien envier à l’effroi qui parcours son être lorsque la poigne de fer du forgeron se pose sur le manche de la seule arme qu’elle désirait éviter avec ardeur : la hache à double tranchant.
Cette dernière est arrachée avec brutalité du tronc où elle reposait. Malgré sa foi, infaillible maintenant, en son wakisashi nouvellement forgé, elle ne pense pas pouvoir tenir face à cette arme et la maîtrise de son adversaire. Et les gestes qu’il initie, faisant tourner la hache meurtrière parallèlement au sol dans un mouvement de gauche à droite. Absolument pas prête à affronter cette arme, son cerveau reptilien prend le dessus et impose la seule tactique viable : la fuite. D’un bond la petite sorcière s’écarte de son adversaire. Cette réaction salvatrice lui permet d’éviter un coup de la hache, qui aurait pu faire de gros dégât. Sa trajectoire est claire pour elle, comme pour son adversaire sans l’ombre d’un doute, le portillon menant à l’extérieur de la cour.
L’adolescente cherche à fuir par tous les moyens et, dans cet optique, ouvre en urgence le portillon, le laissant battre contre son montant une fois passée. L’idée d’ouvrir un portail pour chez elle s’installe dans son esprit, mais s’arrêter est inenvisageable. De plus se retourner ne lui effleure même pas l’esprit, encore moins en entendant derrière elle le bruit du portillon heurtant le mur et se brisant certainement. Sa course effrénée s’accentue dans la rue, consciente qu’elle ne possède que quelque mètre d’avance tout au plus. Taichi Tomoe court et prend un brusque virage sur sa droite, sentant que son adversaire vient de la frôler pour continuer sa course en droite ligne. Chaque mètre gagné, est un mètre de plus entre eux. La sorcière ne ralentit pas pour autant, malgré la brûlure de ses poumons, ses muscles quémandant un arrête ou encore les perles de sueurs coulant sur ses yeux. Sous aucun prétexte elle ne doit s’arrêter ou ralentir, Jarlsonfel-sensei est derrière, à l’affût du moindre signe de faiblesse.
Un nouveau virage et la voilà devant un second portail permettant d’accéder à la cour arrière de la forge. Ses jambes refusent quelques instants de continuer, l’adolescente se retrouve donc piégée à l’entrée de la cour. Le bruit derrière elle, l’alerte et en tournant la tête elle découvre son adversaire. Quelques secondes s’écoulent sans mouvement, avant que la jeune fille ne se fasse à nouveau violence et passe le portail pour se cacher. D’un coup d’œil, Taichi avise une fissure entre la barrière et le mur, lui permettant de s’installer à l’abri temporairement. D’un geste, elle s’y engouffre et retient sa respiration. Elle ne doit plus subir cette phase d’attaque, elle doit se calmer et riposter. L’impression de froid au début, lui revient en mémoire et une question s’impose. Peut-elle seulement réussir à riposter ? Rien n’est moins certain.
Son adversaire passe le portail, et ne la remarque pas. Sans prudence, ni hésitation, il s’engage dans la cour avançant sa hache bien en main. Soudain, et d’un bond, la petite lance une attaque par derrière. Mais ce qu’elle n’avait en rien prévu, c’est que le Maître forgeron l’attraperait au vol et à pleine main. Désemparée, et sous le choc de cette action, Taichi Tomoe tente avec toute sa force de déloger son arme de la poigne de fer dans laquelle elle se trouve. Sa lame n’ayant auparavant pas connu le goût du sang, s’en couvre peu à peu comme si le fluide vital n’était rien de plus que de l’eau dont elle se gorgeait. Sans rien pouvoir y faire, et surtout refusant de lâcher son arme, la petite est soulevée du sol comme un fétu de paille. Elle écarquille les yeux, se doutant de sa légèreté mais pas à ce point. Jarlsonfel-sensei prend un élan, se retourne sur lui et projette l’adolescente bien plus loin, la forçant à lâcher son arme.
La petite sorcière se retrouve un instant face contre terre. Elle n’a plus son arme, c’est un échec, elle a perdu. Pourtant ce n’est pas l’amertume qui s’empare d’elle, mais la peur à nouveau. Proche d’un arbre, Taichi s’y adosse, cherchant le souffle qui lui manque et luttant sans trop de succès contre la fatigue dû à ce dernier affrontement. Ses yeux ne s’écarquillent même plus en voyant son adversaire s’approcher lentement.
Elle a perdu, elle le sait et elle l’accepte.
Sauf que voilà, la hache qui se lève au-dessus de sa tête ravive la peur qu’elle ressent, et d’instinct elle commence à créer un portail pour chez elle. Quand la hache s’abaisse rapidement en direction d’elle, la panique prend le relais lui fait faire un geste presque désespéré de protection avec ses bras. Même si elle le sait, cela ne servira absolument à rien contre cette hache de malheur. Le portail salvateur se ferme alors juste avant qu’il ne soit trop visible pour être ignoré, par son absence soudaine de concentration. Heureusement, l’arme s’ancre dans le tronc derrière elle, a à peine quelques dizaines de centimètres. Son sensei ferme les yeux et respire plus lentement.
Tout est enfin terminée, elle le comprend et relâche aussi la pression. Sa respiration se calme, des larmes montent à ses yeux, et ses muscles se relâchent. Étrangement, sans comprendre vraiment pourquoi, elle se sent en sécurité. Et pourtant après ce qu’elle vient de voir et de vivre, l’adolescente a conscience que celui qu’elle a choisi pour sensei est un homme plus que redoutable, contre lequel elle ne peut rien.
Sans s’en rendre compte, la sorcière a fermé les yeux, tellement elle se sent vidée de son énergie. Et elle sursaute légèrement lorsqu’elle sent la main de son sensei géant sur sa tête. Elle rouvre les yeux, et découvre un sourire navré sur son visage.
« - Désolé petite, je me suis laissé emporter. »
Emporter ? Ce n’est pas vraiment le mot qu’elle aurait choisi pour décrire ce qui venait de se passer. Mais qu’importe, c’est fini désormais. Le forgeron l’aide à se relever et comme s’il revenait à la réalité, enlève enfin Tsukinoha de sa main où elle est plantée. D’un geste simple, il la lui rend, sa lame tâchée de sang. Taichi Tomoe récupère sa lame, l’observe d’un regard à la fois curieux et doux, avant de prendre du sable pour frotter la lame et la débarbouiller.
De toute sa petite hauteur, elle fronce les sourcils et se tourne contre son sensei, courroucée. La voilà prête à lui faire la morale du haut de son mètre quarante. Elle ferait peur, si la différence de taille ne lui enlevait pas sa crédibilité.
« - Vous n’avez pas intérêt à recommencer ça ! Vous êtes un homme, pas un vulgaire animal de foire que je sache ! Alors contrôlez-vous un peu ! Parce que même si j’ai vu ce que vous pouviez donner dans cet état second, vous ignorez encore certains de mes atouts, et aucuns d’eux ne vous plairait en combat.
Sinon la prochaine fois, je vous enferme dans une cage d’où vous ne pourrez pas sortir sans que je le décide ! »
La menace qui termine sa tirade n’est pas en l’air, Taichi a décidé qu’elle n’hésiterait en aucun cas à utiliser sa prison de Ryujin pour le bloquer de manière temporaire. Sauf que bien sûr, Jarlsonfel-sensei lui n’a absolument aucune raison de prendre cette menace pour argent comptant ... lui qui ignore encore le principal atout de son élève : sa magie. Elle souffle un peu avant de s’incliner légèrement. La colère soudaine passée aussi rapidement qu’elle est venue, après tout c’est un trait typique des adolescents que de changer d’humeur comme de chemise.
« - L’incident est passé ... et je sais que vous ferez attention à l’avenir. »
D’une main, l’adolescente se masse la nuque, puis étire ses bras et ses jambes. Ces étirements font le plus grand bien à ses muscles endoloris par l’effort qu’elle vient de faire.
« - Tu te sens de continuer ? »
C’est une bonne question. La petite en a envie, aucun doute sur ce point, mais est-elle en état ... le doute est permis. Elle a fait une énorme débauche d’énergie et elle n’a même pas dégagé la moitié des armes disponibles. Elle a besoin d’une pause pour refaire ses forces, mais est-ce que ce ne serait pas un aveu de faiblesse de sa part ? Normalement il ne devait y avoir aucune pause. Elle se rend compte alors qu’elle n’aurait pas tenue la distance de toute façon. Rapidement elle prend la décision de travailler son endurance, cela ne pourra pas être néfaste à l’avenir. Surtout si les entraînements sont aussi denses que celui-ci.
Pourtant, au fond de son cœur sa décision est prise. Et son sensei l’a bien compris.
« - Choisis donc pour moi ta prochaine adversaire. »
Il a bandé de manière basique sa main blessée, mais au vu de sa puissance, Taichi est persuadée qu’il en a vu d’autres et bien plus grave que celle-là. Du revers de l’avant-bras, elle s’essuie le front et regarde le champ de bataille, cherchant l’arme la plus vulnérable à ses yeux.
Elle se ballade alors entre les armes, sans les toucher pour autant. Elle ne fait que les observer, ne s’éternisant jamais plus que de raison sur chacune des armes. Finalement elle porte son choix sur une épée courte dont la garde fait à peu près le tier de la longueur totale de l’arme. Plantée dans le sol meuble, elle ne semble pas aussi affutée qu’elle le devrait même si aucune faiblesse n’est visible d’un prime abord. Tant pis, elle la découvrira bien en temps voulu.
D’un geste enfantin du doigt elle la désigne.
« - Celle-là me plaît bien comme prochaine adversaire. Mais avant, je peux bander rapidement mon bras ? La blessure n’est pas méchante, mais j’aimerai autant éviter qu’elle n’empire. »
Un hochement de tête accueille sa demande et un geste lui indique de le suivre à l’intérieur. Certes elle gagne du temps de repos en demandant cela, mais visiblement pas dupe de la manœuvre son sensei accepte de le lui accorder. Beaucoup dirait qu’il lui doit bien ça, pour elle c’est une faveur appréciée à sa juste faveur.
Le géant sort une trousse de premier soin, et lui tend de quoi faire son bandage. Posant son wakisashi sur l’établit à côté d’elle, elle réalise rapidement son bandage. Elle a l’habitude et a appris avec celui qui fût son grand-père de cœur. Ce vieux médecin avait toujours insisté pour qu’elle ait les bases, au minimum, de par sa peur du monde extérieur et de la foule. Difficile dans ce genre de condition d’aller à l’hôpital sans risquer la crise d’angoisse.
Le bandage réalisé, l’adolescente range le reste de la bande dans la trousse de premier secours et observe son sensei la ranger. Suite à quoi, tous deux retournent sur le terrain d’entrainement improvisé. Prête à en découdre à nouveau, elle se place à distance respectable de l’arme qu’elle a désigné plutôt et patiente que son adversaire rejoigne sa nouvelle compagne de l’instant. Se remettant en position, la petite est prête à tenir les prochains assauts, à y riposter et à vaincre son adversaire.
Finalement rien n’est perdu, l’entrainement n’est pas terminé. Loin de là.
D’un bon, Taichi Tomoe lance l’assaut. Elle veut croire qu’elle peut y arriver ... et elle y croit dur comme sa lame Tsukinoha.
La peur revient à grand pas, et devient un puissant moteur lorsqu’elle se jette sur le côté de manière précipité pour éviter un coup d’épaule qui aurait pu l’envoyer au tapis. Son regard d’améthyste regarde un instant le mur tremblant de la forge, et bien qu’à terre, son corps frissonne de la puissance de ce coup. La suite est tellement rapide, que seul son instinct lui permet de ne pas se faire écraser. Sa lame placer entre le pied et elle, mordant sans vergogne la semelle de caoutchouc. Taichi s’aide comme elle le peut de sa main au sol pour soutenir la masse de son sensei. Cependant rien n’y fait et malgré la morsure de plus en plus profonde de Tsukinoha, elle sait qu’elle va devoir fuir à nouveau. C’est une roulade désespérée qui lui évite de se retrouver écrasée.
Cette échappée lui offre l’instant nécessaire pour se reprendre et pour ne pas subir la charge qui arrive à nouveau, elle interpose son arme dans un coup descendant. Malheureusement, n’étant pas rompu aux situations de combat et trop focalisée sur son adversaire, elle n’a pas vu qu’il avait ramassé le cadavre de l’épée précédente. Le choc, brutale et inattendu, la projette au sol et la sonne légèrement. Alors qu’elle pense subir un nouvel assaut, il ne se passe rien. Jarlsonfel-sensei avance lentement, de côté, tel un fauve sans la quitter du regard, se délectant de son inquiétude grandissante. Inquiétude qui n’a rien envier à l’effroi qui parcours son être lorsque la poigne de fer du forgeron se pose sur le manche de la seule arme qu’elle désirait éviter avec ardeur : la hache à double tranchant.
Cette dernière est arrachée avec brutalité du tronc où elle reposait. Malgré sa foi, infaillible maintenant, en son wakisashi nouvellement forgé, elle ne pense pas pouvoir tenir face à cette arme et la maîtrise de son adversaire. Et les gestes qu’il initie, faisant tourner la hache meurtrière parallèlement au sol dans un mouvement de gauche à droite. Absolument pas prête à affronter cette arme, son cerveau reptilien prend le dessus et impose la seule tactique viable : la fuite. D’un bond la petite sorcière s’écarte de son adversaire. Cette réaction salvatrice lui permet d’éviter un coup de la hache, qui aurait pu faire de gros dégât. Sa trajectoire est claire pour elle, comme pour son adversaire sans l’ombre d’un doute, le portillon menant à l’extérieur de la cour.
L’adolescente cherche à fuir par tous les moyens et, dans cet optique, ouvre en urgence le portillon, le laissant battre contre son montant une fois passée. L’idée d’ouvrir un portail pour chez elle s’installe dans son esprit, mais s’arrêter est inenvisageable. De plus se retourner ne lui effleure même pas l’esprit, encore moins en entendant derrière elle le bruit du portillon heurtant le mur et se brisant certainement. Sa course effrénée s’accentue dans la rue, consciente qu’elle ne possède que quelque mètre d’avance tout au plus. Taichi Tomoe court et prend un brusque virage sur sa droite, sentant que son adversaire vient de la frôler pour continuer sa course en droite ligne. Chaque mètre gagné, est un mètre de plus entre eux. La sorcière ne ralentit pas pour autant, malgré la brûlure de ses poumons, ses muscles quémandant un arrête ou encore les perles de sueurs coulant sur ses yeux. Sous aucun prétexte elle ne doit s’arrêter ou ralentir, Jarlsonfel-sensei est derrière, à l’affût du moindre signe de faiblesse.
Un nouveau virage et la voilà devant un second portail permettant d’accéder à la cour arrière de la forge. Ses jambes refusent quelques instants de continuer, l’adolescente se retrouve donc piégée à l’entrée de la cour. Le bruit derrière elle, l’alerte et en tournant la tête elle découvre son adversaire. Quelques secondes s’écoulent sans mouvement, avant que la jeune fille ne se fasse à nouveau violence et passe le portail pour se cacher. D’un coup d’œil, Taichi avise une fissure entre la barrière et le mur, lui permettant de s’installer à l’abri temporairement. D’un geste, elle s’y engouffre et retient sa respiration. Elle ne doit plus subir cette phase d’attaque, elle doit se calmer et riposter. L’impression de froid au début, lui revient en mémoire et une question s’impose. Peut-elle seulement réussir à riposter ? Rien n’est moins certain.
Son adversaire passe le portail, et ne la remarque pas. Sans prudence, ni hésitation, il s’engage dans la cour avançant sa hache bien en main. Soudain, et d’un bond, la petite lance une attaque par derrière. Mais ce qu’elle n’avait en rien prévu, c’est que le Maître forgeron l’attraperait au vol et à pleine main. Désemparée, et sous le choc de cette action, Taichi Tomoe tente avec toute sa force de déloger son arme de la poigne de fer dans laquelle elle se trouve. Sa lame n’ayant auparavant pas connu le goût du sang, s’en couvre peu à peu comme si le fluide vital n’était rien de plus que de l’eau dont elle se gorgeait. Sans rien pouvoir y faire, et surtout refusant de lâcher son arme, la petite est soulevée du sol comme un fétu de paille. Elle écarquille les yeux, se doutant de sa légèreté mais pas à ce point. Jarlsonfel-sensei prend un élan, se retourne sur lui et projette l’adolescente bien plus loin, la forçant à lâcher son arme.
La petite sorcière se retrouve un instant face contre terre. Elle n’a plus son arme, c’est un échec, elle a perdu. Pourtant ce n’est pas l’amertume qui s’empare d’elle, mais la peur à nouveau. Proche d’un arbre, Taichi s’y adosse, cherchant le souffle qui lui manque et luttant sans trop de succès contre la fatigue dû à ce dernier affrontement. Ses yeux ne s’écarquillent même plus en voyant son adversaire s’approcher lentement.
Elle a perdu, elle le sait et elle l’accepte.
Sauf que voilà, la hache qui se lève au-dessus de sa tête ravive la peur qu’elle ressent, et d’instinct elle commence à créer un portail pour chez elle. Quand la hache s’abaisse rapidement en direction d’elle, la panique prend le relais lui fait faire un geste presque désespéré de protection avec ses bras. Même si elle le sait, cela ne servira absolument à rien contre cette hache de malheur. Le portail salvateur se ferme alors juste avant qu’il ne soit trop visible pour être ignoré, par son absence soudaine de concentration. Heureusement, l’arme s’ancre dans le tronc derrière elle, a à peine quelques dizaines de centimètres. Son sensei ferme les yeux et respire plus lentement.
Tout est enfin terminée, elle le comprend et relâche aussi la pression. Sa respiration se calme, des larmes montent à ses yeux, et ses muscles se relâchent. Étrangement, sans comprendre vraiment pourquoi, elle se sent en sécurité. Et pourtant après ce qu’elle vient de voir et de vivre, l’adolescente a conscience que celui qu’elle a choisi pour sensei est un homme plus que redoutable, contre lequel elle ne peut rien.
Sans s’en rendre compte, la sorcière a fermé les yeux, tellement elle se sent vidée de son énergie. Et elle sursaute légèrement lorsqu’elle sent la main de son sensei géant sur sa tête. Elle rouvre les yeux, et découvre un sourire navré sur son visage.
« - Désolé petite, je me suis laissé emporter. »
Emporter ? Ce n’est pas vraiment le mot qu’elle aurait choisi pour décrire ce qui venait de se passer. Mais qu’importe, c’est fini désormais. Le forgeron l’aide à se relever et comme s’il revenait à la réalité, enlève enfin Tsukinoha de sa main où elle est plantée. D’un geste simple, il la lui rend, sa lame tâchée de sang. Taichi Tomoe récupère sa lame, l’observe d’un regard à la fois curieux et doux, avant de prendre du sable pour frotter la lame et la débarbouiller.
De toute sa petite hauteur, elle fronce les sourcils et se tourne contre son sensei, courroucée. La voilà prête à lui faire la morale du haut de son mètre quarante. Elle ferait peur, si la différence de taille ne lui enlevait pas sa crédibilité.
« - Vous n’avez pas intérêt à recommencer ça ! Vous êtes un homme, pas un vulgaire animal de foire que je sache ! Alors contrôlez-vous un peu ! Parce que même si j’ai vu ce que vous pouviez donner dans cet état second, vous ignorez encore certains de mes atouts, et aucuns d’eux ne vous plairait en combat.
Sinon la prochaine fois, je vous enferme dans une cage d’où vous ne pourrez pas sortir sans que je le décide ! »
La menace qui termine sa tirade n’est pas en l’air, Taichi a décidé qu’elle n’hésiterait en aucun cas à utiliser sa prison de Ryujin pour le bloquer de manière temporaire. Sauf que bien sûr, Jarlsonfel-sensei lui n’a absolument aucune raison de prendre cette menace pour argent comptant ... lui qui ignore encore le principal atout de son élève : sa magie. Elle souffle un peu avant de s’incliner légèrement. La colère soudaine passée aussi rapidement qu’elle est venue, après tout c’est un trait typique des adolescents que de changer d’humeur comme de chemise.
« - L’incident est passé ... et je sais que vous ferez attention à l’avenir. »
D’une main, l’adolescente se masse la nuque, puis étire ses bras et ses jambes. Ces étirements font le plus grand bien à ses muscles endoloris par l’effort qu’elle vient de faire.
« - Tu te sens de continuer ? »
C’est une bonne question. La petite en a envie, aucun doute sur ce point, mais est-elle en état ... le doute est permis. Elle a fait une énorme débauche d’énergie et elle n’a même pas dégagé la moitié des armes disponibles. Elle a besoin d’une pause pour refaire ses forces, mais est-ce que ce ne serait pas un aveu de faiblesse de sa part ? Normalement il ne devait y avoir aucune pause. Elle se rend compte alors qu’elle n’aurait pas tenue la distance de toute façon. Rapidement elle prend la décision de travailler son endurance, cela ne pourra pas être néfaste à l’avenir. Surtout si les entraînements sont aussi denses que celui-ci.
Pourtant, au fond de son cœur sa décision est prise. Et son sensei l’a bien compris.
« - Choisis donc pour moi ta prochaine adversaire. »
Il a bandé de manière basique sa main blessée, mais au vu de sa puissance, Taichi est persuadée qu’il en a vu d’autres et bien plus grave que celle-là. Du revers de l’avant-bras, elle s’essuie le front et regarde le champ de bataille, cherchant l’arme la plus vulnérable à ses yeux.
Elle se ballade alors entre les armes, sans les toucher pour autant. Elle ne fait que les observer, ne s’éternisant jamais plus que de raison sur chacune des armes. Finalement elle porte son choix sur une épée courte dont la garde fait à peu près le tier de la longueur totale de l’arme. Plantée dans le sol meuble, elle ne semble pas aussi affutée qu’elle le devrait même si aucune faiblesse n’est visible d’un prime abord. Tant pis, elle la découvrira bien en temps voulu.
D’un geste enfantin du doigt elle la désigne.
« - Celle-là me plaît bien comme prochaine adversaire. Mais avant, je peux bander rapidement mon bras ? La blessure n’est pas méchante, mais j’aimerai autant éviter qu’elle n’empire. »
Un hochement de tête accueille sa demande et un geste lui indique de le suivre à l’intérieur. Certes elle gagne du temps de repos en demandant cela, mais visiblement pas dupe de la manœuvre son sensei accepte de le lui accorder. Beaucoup dirait qu’il lui doit bien ça, pour elle c’est une faveur appréciée à sa juste faveur.
Le géant sort une trousse de premier soin, et lui tend de quoi faire son bandage. Posant son wakisashi sur l’établit à côté d’elle, elle réalise rapidement son bandage. Elle a l’habitude et a appris avec celui qui fût son grand-père de cœur. Ce vieux médecin avait toujours insisté pour qu’elle ait les bases, au minimum, de par sa peur du monde extérieur et de la foule. Difficile dans ce genre de condition d’aller à l’hôpital sans risquer la crise d’angoisse.
Le bandage réalisé, l’adolescente range le reste de la bande dans la trousse de premier secours et observe son sensei la ranger. Suite à quoi, tous deux retournent sur le terrain d’entrainement improvisé. Prête à en découdre à nouveau, elle se place à distance respectable de l’arme qu’elle a désigné plutôt et patiente que son adversaire rejoigne sa nouvelle compagne de l’instant. Se remettant en position, la petite est prête à tenir les prochains assauts, à y riposter et à vaincre son adversaire.
Finalement rien n’est perdu, l’entrainement n’est pas terminé. Loin de là.
D’un bon, Taichi Tomoe lance l’assaut. Elle veut croire qu’elle peut y arriver ... et elle y croit dur comme sa lame Tsukinoha.
"C'est reparti pour un tour"
Etilya sur DK RPG
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Ven 10 Jan 2020 - 1:13
L'Enfant et la Bête
Feat ~ Taichi Tomoe
Les quelques instant de répit que m’offre la recherche de la prochaine adversaire de la petite me laissent songeur, ou plutôt interrogatif quand au remontage de bretelle dont elle m’a sermonné. Certes j’ai perdu de ma contenance, ce qui aurait pu très mal se finir, mais qu’entendait-elle par des atouts qu’elle possède dont il ne me plairait pas de les affronter ? Curieux, je tente de ramener à ma mémoire tout le déroulé bien flou de cet épisode inopiné. Des bribes d’images floues reviennent, d’une cavalcade, d’un affrontement, de mon arme qui se lève et… de cette image fugace d’un miroir qui disparait. Ou étais-ce une fenêtre ? Impossible de me rappeler, aurais-je simplement pu l’halluciner ?
Ces épisodes de crises me laissent de plus en plus pantois, autre que la sensation intense de puissance et de haine rien ne reste, et impossible de scinder réalité et fabulation. Je sais cependant une chose pour sûre, ce n’était pas une menace en l’air. La gamine cache un atout, quelque chose qui pourrait lui donner l’ascendant sur moi, quelque chose qu’elle ne peut me montrer malgré son choix de me prendre pour maitre. Bizarre, mais au final pas tant que ça. J’ai aussi mes petits secrets il est normal qu’elle cache les siens. Comment réagirait-elle si je lui apprenait l’existence de vampires et de loup-garous ? Heh, cette pensée seule fait germer sur mon visage l’esquisse d’un sourire, laissons là les pensées vagabondes et les spéculations - même si j’avoue que ma curiosité fut piquée par cette histoire de cage dont je ne pourrait m’évader- .
J’observe d’un oeil tant alerte qu’intéressé mon élève choisir quelle arme je vais manier. Aucune préférence pour ma part, toutes doivent y passer bien que l’idée de poursuivre jusqu’au terme me laisse entrevoir la perspective d’encore quelques bonnes heures d’affrontement.
Lentement, elle balade son regard entre les diverses lames encore présentes, analysant sans doute les caractéristiques visibles qu’elles laissent entrevoir, cherchant laquelle présente la faille la plus exposée. Son choix se pose finalement sur un Tantō, qui mesure à peine un Shaku -une trentaine de centimètres- et encore. Tient, je l’avais oublié celui-là… le combat va être rapide pour une fois, un coup suffira à la petite pour faire voler en éclat cette fine lame faite d’aluminium. J’avais pas d’idée pour celle là, j’ai juste rajouté un tsuka sur cette lame d’entrainement pour faire illusion, sans grande conviction.
« - Celle-là me plaît bien comme prochaine adversaire. Mais avant, je peux bander rapidement mon bras ? La blessure n’est pas méchante, mais j’aimerai autant éviter qu’elle n’empire. »
Pensif, j’hoche simplement la tête en signe d’autorisation et ouvre la route vers l’intérieur de la forge. Au fond, à côté de la porte par laquelle Taichi est entrée lors de sa toute première visite, j’ouvre un placard et en sors une grosse boite de premiers secours. A l’intérieur se trouve tout le nécessaire pour la plupart des blessures, de quoi désinfecter et protéger bien entendu, mais aussi du matériel de suture et d’extraction, ainsi qu’une quantité conséquente d’analgésiques puissants. Je prends deux compresses, le désinfectant et une bande neuve sous blister et les tends à la petite pour qu’elle puisse se soigner de l’écorchure que je lui ai infligé. Je devrais sans doute en faire de même, l’expérience m’ayant appris qu’une blessure qui s’infecte fait plus de dégâts qu’un coup de couteau, mais un simple mouchoir ferait l’affaire le temps de finir. Et de toute façon faire un pansement propre maintenant serait bien inutile pour ma part, il faudrait que je le change à la fin de notre session. Pour la petite c’est différent, sa peau pâle ne laisse reluire aucune cicatrice visible, son corps n’est pas encore assez robuste pour endurer de telles blessures à un rythme trop soutenu sans prendre le temps de se régénérer. Il serait regrettable qu’elle se choppe une infection dès notre premier entrainement, et bien que ce soit rudement peu probable il vaut mieux prendre toutes les précautions.
Bandage fait, la petite remet les affaires dans la trousse et je replace le tout dans le placard avant de lui emboiter le pas vers l’arène. Elle se positionne à bonne distance de sa prochaine adversaire, dans un silence religieux. J’empoigne la toute petite lame qui, dans ma patte de géant, ne semble pas plus grosse qu’un couteau à beurre. Je réfléchis l’espace d’un instant à l’utilisation que je peux en faire sans me mettre en danger, les yeux rivés sur la lame qui n’est même pas affutée sur toute la longueur. Même avec beaucoup de force, elle serait bien incapable de trancher même une feuille de papier. Impossible donc de parer, et si elle décide de brandir sa lame pour se protéger il est tout à fait probable que ce soit moi qui la brise sur Tsukinoha. Situation épineuse, mais rien d’insurmontable, il me suffit de ne pas lâcher la petite des yeux et prévoir ses mouvements.
Je relève le regard seulement pour constater que la cours est vide, Taichi Tomoe ne se trouve plus là où elle se tenait une seconde auparavant. Sa petite taille la rendant difficile à repérer, elle a lancé l’assaut d’un bond sans crier gare et se rue avec célérité à mon contact. Pris de court, je n’ai d’autre choix que de parer la lame menaçante qui fonce sur mon flanc. Confiant en mon expérience, j’oriente le plat de ma lame pour frappe le plat de celle qui s’abat sur moi. Les cris de l’acier qui frotte avec force résonne, dénotant dans un premier temps un son bien différent entre la qualité d’acier de la Lame-Lune et mon petit Tantō, le mien sonnant plus grave et moins clair. Puis un simple coup d’oeil suffit à voir la longue éraflure qui zèbre ma lame, souvenir marqué par le tranchant du wakizashi. La petite l’a vue sans l’ombre d’un doute, et dans un mouvement souple et agile retourne son arme pour fendre de nouveau l’air. Contraint et forcé, je bondis en arrière, mouvement inhabituel et difficile au vue de mon gabarit, et retombe lourdement un mètre derrière pour me faire de nouveau charger sans temps de latence. Par la barbe d’Odin elle en veut la mioche ! J’ai pas le temps de prendre un autre élan pour esquiver, son attaque portera avant que j’ai fini de retrouver mon équilibre complet. Il est évident que le mouvement est calculé, des le début de mon bond elle ne cherchait plus à finir son coup pour concentrer tous ses efforts sur une charge vive dans le seul but de me cueillir avant que je ne puisse réagir. Futé, très futé !! Mais ça ne prends pas avec moi !
Au lieu de contracter mes muscles pour planter mes pieds au sol, je relâche tout et laisse la gravité faire son oeuvre. Mes jambes se dérobent et mon tronc chute vers l’arrière, parallèle au sol, juste à temps pour voir la lame argentée filer au-dessus de mon visage tourné vers le ciel. Comme au ralenti, je lève mon pied pour frapper la main de la fillette, qui lâche son arme sur le coup. Ladite lame s’envole en tournant sur elle-même, mais la gamine réagit au quart de tour et d’un bond prend appui sur mon torse pour s’élever dans les airs et rattraper l’arme retirée dans l’instant. Je m’écrase au sol et esquive de peu l’estoc qui s’enfonce dans la terre meuble.
Si ce coup là n’était pas pour me buter, j’ai peine à croire que l’intention n’y était pas. Comme par miracle elle a augmenté l’intensité d’un cran, comme si cette courte pause pansement lui avait rendu toutes ses forces et plus encore. Le sérieux et la détermination qu’elle affiche montre clairement une personne différente de la jeune femme qui passait ma porte le matin même. Soit, en temps que professeur je me dois de répondre de manière adéquate à l’engouement de mon élève !
Je bondis sur mes pieds et recule rapidement avec un pas chassé, gagnant quelques menues secondes en lançant le Tantō tel un kunaï pour attraper au hasard une arme qui me sera un tantinet plus utile.
Loin d’impressionner mon adversaire, elle dévie d’un mouvement sec l’arme qui fonçait sur elle, entamant profondément l’aluminium dont elle est faite. Inutile de m’encombrer d’elle désormais, je peux la considérer comme brisée, en revanche ma nouvelle compagne est… Oh
-ho excellent choix ! Dans ma main bien serrée se trouve la poignée d’une magnifique Schiavone, épée d’arme lourde utilisée par les corsaires d’autrefois comme lame de sabord, à la lame recourbée à double tranchant. Mais surtout, une garde lourde en acier qui enveloppe complètement la main, rendant impossible tout désarmement. J’attendais avec impatience de tomber sur elle, pour la seule raison qu’il s’agit de la seule arme qui n’a pas de malfaçon. Je n’attend qu’une seule chose, que mon élève me force à la lâcher par tous les moyens existants. Qu’elle se méfie cependant, le poids et la robustesse de cette épée la rendent plus que difficile à parer par une arme légère telle qu’un wakizashi. Elle a cependant un avantage, je ne suis pas accoutumé aux armes dont la prise de garde n’est pas libre, statique, sans possibilité d’en changer à ma convenance. Loin de la manier comme un robot, tout de même, à la longue il est possible que l’inconfort puisse se lire dans mes mouvements. Soit, je l’aurai vaincu d’ici là s’il le faut ! Voyons ce qu’elle va sortir de son chapeau, une fois poussée dans ses dernier retranchements…
Faisant de nouveau face à la kunoïchi, je la provoque d’un signe de main, pliant mes doigts vers ma paume signifiant que je l’attend de pied ferme. Dans mes yeux, on peut lire "amène-toi" avec une profonde excitation. Puis je me redresse et glisse mon bras libre dans mon dos, poing sur les lombaires, sabre et jambe en avant en demi-fente. Mobilisant tous les souvenirs qu’il me reste de ma jeunesse aristocrate et du fleuret, cela peut s’avérer marrant d’essayer un style bien différent du mien pour une fois. J’avance alors d’un pas, bien décidé à attendre que la gamine lance l’assaut.
Ces épisodes de crises me laissent de plus en plus pantois, autre que la sensation intense de puissance et de haine rien ne reste, et impossible de scinder réalité et fabulation. Je sais cependant une chose pour sûre, ce n’était pas une menace en l’air. La gamine cache un atout, quelque chose qui pourrait lui donner l’ascendant sur moi, quelque chose qu’elle ne peut me montrer malgré son choix de me prendre pour maitre. Bizarre, mais au final pas tant que ça. J’ai aussi mes petits secrets il est normal qu’elle cache les siens. Comment réagirait-elle si je lui apprenait l’existence de vampires et de loup-garous ? Heh, cette pensée seule fait germer sur mon visage l’esquisse d’un sourire, laissons là les pensées vagabondes et les spéculations - même si j’avoue que ma curiosité fut piquée par cette histoire de cage dont je ne pourrait m’évader- .
J’observe d’un oeil tant alerte qu’intéressé mon élève choisir quelle arme je vais manier. Aucune préférence pour ma part, toutes doivent y passer bien que l’idée de poursuivre jusqu’au terme me laisse entrevoir la perspective d’encore quelques bonnes heures d’affrontement.
Lentement, elle balade son regard entre les diverses lames encore présentes, analysant sans doute les caractéristiques visibles qu’elles laissent entrevoir, cherchant laquelle présente la faille la plus exposée. Son choix se pose finalement sur un Tantō, qui mesure à peine un Shaku -une trentaine de centimètres- et encore. Tient, je l’avais oublié celui-là… le combat va être rapide pour une fois, un coup suffira à la petite pour faire voler en éclat cette fine lame faite d’aluminium. J’avais pas d’idée pour celle là, j’ai juste rajouté un tsuka sur cette lame d’entrainement pour faire illusion, sans grande conviction.
« - Celle-là me plaît bien comme prochaine adversaire. Mais avant, je peux bander rapidement mon bras ? La blessure n’est pas méchante, mais j’aimerai autant éviter qu’elle n’empire. »
Pensif, j’hoche simplement la tête en signe d’autorisation et ouvre la route vers l’intérieur de la forge. Au fond, à côté de la porte par laquelle Taichi est entrée lors de sa toute première visite, j’ouvre un placard et en sors une grosse boite de premiers secours. A l’intérieur se trouve tout le nécessaire pour la plupart des blessures, de quoi désinfecter et protéger bien entendu, mais aussi du matériel de suture et d’extraction, ainsi qu’une quantité conséquente d’analgésiques puissants. Je prends deux compresses, le désinfectant et une bande neuve sous blister et les tends à la petite pour qu’elle puisse se soigner de l’écorchure que je lui ai infligé. Je devrais sans doute en faire de même, l’expérience m’ayant appris qu’une blessure qui s’infecte fait plus de dégâts qu’un coup de couteau, mais un simple mouchoir ferait l’affaire le temps de finir. Et de toute façon faire un pansement propre maintenant serait bien inutile pour ma part, il faudrait que je le change à la fin de notre session. Pour la petite c’est différent, sa peau pâle ne laisse reluire aucune cicatrice visible, son corps n’est pas encore assez robuste pour endurer de telles blessures à un rythme trop soutenu sans prendre le temps de se régénérer. Il serait regrettable qu’elle se choppe une infection dès notre premier entrainement, et bien que ce soit rudement peu probable il vaut mieux prendre toutes les précautions.
Bandage fait, la petite remet les affaires dans la trousse et je replace le tout dans le placard avant de lui emboiter le pas vers l’arène. Elle se positionne à bonne distance de sa prochaine adversaire, dans un silence religieux. J’empoigne la toute petite lame qui, dans ma patte de géant, ne semble pas plus grosse qu’un couteau à beurre. Je réfléchis l’espace d’un instant à l’utilisation que je peux en faire sans me mettre en danger, les yeux rivés sur la lame qui n’est même pas affutée sur toute la longueur. Même avec beaucoup de force, elle serait bien incapable de trancher même une feuille de papier. Impossible donc de parer, et si elle décide de brandir sa lame pour se protéger il est tout à fait probable que ce soit moi qui la brise sur Tsukinoha. Situation épineuse, mais rien d’insurmontable, il me suffit de ne pas lâcher la petite des yeux et prévoir ses mouvements.
Je relève le regard seulement pour constater que la cours est vide, Taichi Tomoe ne se trouve plus là où elle se tenait une seconde auparavant. Sa petite taille la rendant difficile à repérer, elle a lancé l’assaut d’un bond sans crier gare et se rue avec célérité à mon contact. Pris de court, je n’ai d’autre choix que de parer la lame menaçante qui fonce sur mon flanc. Confiant en mon expérience, j’oriente le plat de ma lame pour frappe le plat de celle qui s’abat sur moi. Les cris de l’acier qui frotte avec force résonne, dénotant dans un premier temps un son bien différent entre la qualité d’acier de la Lame-Lune et mon petit Tantō, le mien sonnant plus grave et moins clair. Puis un simple coup d’oeil suffit à voir la longue éraflure qui zèbre ma lame, souvenir marqué par le tranchant du wakizashi. La petite l’a vue sans l’ombre d’un doute, et dans un mouvement souple et agile retourne son arme pour fendre de nouveau l’air. Contraint et forcé, je bondis en arrière, mouvement inhabituel et difficile au vue de mon gabarit, et retombe lourdement un mètre derrière pour me faire de nouveau charger sans temps de latence. Par la barbe d’Odin elle en veut la mioche ! J’ai pas le temps de prendre un autre élan pour esquiver, son attaque portera avant que j’ai fini de retrouver mon équilibre complet. Il est évident que le mouvement est calculé, des le début de mon bond elle ne cherchait plus à finir son coup pour concentrer tous ses efforts sur une charge vive dans le seul but de me cueillir avant que je ne puisse réagir. Futé, très futé !! Mais ça ne prends pas avec moi !
Au lieu de contracter mes muscles pour planter mes pieds au sol, je relâche tout et laisse la gravité faire son oeuvre. Mes jambes se dérobent et mon tronc chute vers l’arrière, parallèle au sol, juste à temps pour voir la lame argentée filer au-dessus de mon visage tourné vers le ciel. Comme au ralenti, je lève mon pied pour frapper la main de la fillette, qui lâche son arme sur le coup. Ladite lame s’envole en tournant sur elle-même, mais la gamine réagit au quart de tour et d’un bond prend appui sur mon torse pour s’élever dans les airs et rattraper l’arme retirée dans l’instant. Je m’écrase au sol et esquive de peu l’estoc qui s’enfonce dans la terre meuble.
Si ce coup là n’était pas pour me buter, j’ai peine à croire que l’intention n’y était pas. Comme par miracle elle a augmenté l’intensité d’un cran, comme si cette courte pause pansement lui avait rendu toutes ses forces et plus encore. Le sérieux et la détermination qu’elle affiche montre clairement une personne différente de la jeune femme qui passait ma porte le matin même. Soit, en temps que professeur je me dois de répondre de manière adéquate à l’engouement de mon élève !
Je bondis sur mes pieds et recule rapidement avec un pas chassé, gagnant quelques menues secondes en lançant le Tantō tel un kunaï pour attraper au hasard une arme qui me sera un tantinet plus utile.
Loin d’impressionner mon adversaire, elle dévie d’un mouvement sec l’arme qui fonçait sur elle, entamant profondément l’aluminium dont elle est faite. Inutile de m’encombrer d’elle désormais, je peux la considérer comme brisée, en revanche ma nouvelle compagne est… Oh
-ho excellent choix ! Dans ma main bien serrée se trouve la poignée d’une magnifique Schiavone, épée d’arme lourde utilisée par les corsaires d’autrefois comme lame de sabord, à la lame recourbée à double tranchant. Mais surtout, une garde lourde en acier qui enveloppe complètement la main, rendant impossible tout désarmement. J’attendais avec impatience de tomber sur elle, pour la seule raison qu’il s’agit de la seule arme qui n’a pas de malfaçon. Je n’attend qu’une seule chose, que mon élève me force à la lâcher par tous les moyens existants. Qu’elle se méfie cependant, le poids et la robustesse de cette épée la rendent plus que difficile à parer par une arme légère telle qu’un wakizashi. Elle a cependant un avantage, je ne suis pas accoutumé aux armes dont la prise de garde n’est pas libre, statique, sans possibilité d’en changer à ma convenance. Loin de la manier comme un robot, tout de même, à la longue il est possible que l’inconfort puisse se lire dans mes mouvements. Soit, je l’aurai vaincu d’ici là s’il le faut ! Voyons ce qu’elle va sortir de son chapeau, une fois poussée dans ses dernier retranchements…
Faisant de nouveau face à la kunoïchi, je la provoque d’un signe de main, pliant mes doigts vers ma paume signifiant que je l’attend de pied ferme. Dans mes yeux, on peut lire "amène-toi" avec une profonde excitation. Puis je me redresse et glisse mon bras libre dans mon dos, poing sur les lombaires, sabre et jambe en avant en demi-fente. Mobilisant tous les souvenirs qu’il me reste de ma jeunesse aristocrate et du fleuret, cela peut s’avérer marrant d’essayer un style bien différent du mien pour une fois. J’avance alors d’un pas, bien décidé à attendre que la gamine lance l’assaut.
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Sam 15 Fév 2020 - 15:04
L'Enfant et la Bête
Feat Vilhelm A. Jarlsonfel & Taichi Tomoe Yukimura
Ah l’inattention de son sensei est bien la meilleure des failles que la petite peut exploiter. Sa taille, qui peut parfois dans son quotidien être un handicap, s’avère un atout magistral face au géant. Tentant d’atteindre le flan de ce dernier de sa lame, elle le contraint de parer. Pourtant ce n’est pas le tranchant de Tsukinoha qui rencontre celui de son adversaire. Ce sont les plats des lames qui s’entrechoquent dans un son discordant. Celui de la lame-lune est clair et aiguë contrairement à celui de son adversaire grave et sombre. De plus la lumière frappant le plat montre une zébrure qui coure sur la lame.
Voilà sa faille.
Sans prendre le temps de souffler, l’adolescente entame un mouvement souple avant de retourner son arme pour fendre l’air dans l’unique but de trancher définitivement le pauvre Tanto. Sa manœuvre force son sensei géant à bondir en arrière, mouvement clairement complexe au vu de son gabarit hors norme. Aucun souci, Taichi Tomoe réajuste son mouvement pour foncer une nouvelle fois sur lui. Normalement, son sensei devrait mobiliser tous ses muscles pour éviter la chute et de fait être incapable de parer son coup. Bien sûr c’est l’option la plus logique pour la petite génie qu’elle est, mais loin d’être la seule. Et en effet, le constat est fait rapidement que ce n’est pas celle choisi par son sensei géant. Se laissant tomber, il évite juste au bon moment Tsukinoha qui filait vers son visage sans le moindre remord. Certes ce n’est que la continuité de son mouvement, et l’adolescente comptait initialement sur une riposte, pas sur un laissé aller.
Dans ce même mouvement, le pied de Jarlsonfel-sama heurte sa main. Sur l’instant, elle lâche sa précieuse amie, qui s’envole en direction inconnue. Sans temps mort, la petite se sert à nouveau sans vergogne de son adversaire, plus précisément son torse, dans l’optique de rebondir et récupérer son arme. Après cette récupération, elle continue et tente une frappe d’estoc qui s’enfonce dans le sol de la courette. Bien sûr, sa lame est dans le sol parce que son sensei l’a esquivé au dernier moment. Taichi Tomoe mentirait si elle affirmait que son coup n’avait comme but de ne pas faire de mal ni de dégâts. Elle est encore sous le coup de l’évènement précédent, et c’est une façon de montrer qu’elle pourrait, hypothétiquement, être aussi dangereuse que lui, qu’elle n’a pas encore oublié ce qui vient de se passer. Dans l’esprit de la jeune sorcière, c’est de bonne guerre.
Le géant mobilise tous ses abdominaux pour bondir sur ses pieds et reculer d’un pas chassé rapide. Surprenant, mais en rien imparable, le tanto est envoyé sur l’adolescente comme un kunaï. Elle connait très bien ce type d’arme de lancer, et elle le dévie avec un mouvement sans équivoque et sec de sa nouvelle lame. La lame adverse est profondément entaillée, Taichi la considère donc comme morte, et par conséquence enlève encore une arme à affronter. Cependant il lui en reste bien trop pour qu’elle puisse se réjouir vraiment.
Son regard se porte sur la main, et par extension, sur la nouvelle compagne de son sensei. La jeune fille ne connait pas du tout l’arme, mais elle a bien compris que ce n’est pas un critère depuis le début de l’affrontement. Cette nouvelle adverse promet d’être peut-être plus coriace que les précédentes, exceptée cette satanée hache à double tranchant. Lame courbe, tranchante des deux côtés, garde enveloppant la main. L’analyse est sans appel, obliger son sensei à la lâcher sera ardue, sans compter que sa main sera protégée de ses assauts à venir. De plus la solidité de l’arme n’est peut-être pas prendre à la légère, même si l’apprécier à sa juste mesure juste à l’observation est loin d’être une mince à faire.
La fillette préfère, par acquis de conscience et prudence, rester légèrement en retrait. Sauf que voilà, son adversaire la provoque clairement, lui proposant de manière muette de s’amener. La surprise et l’incompréhension se dispute l’expression sur le visage de Taichi Tomoe. La position qu’adopte Jarlsonfel-sama est ... elle ne sait pas vraiment comment la décrire. Bizarre est le premier mot qui s’impose, suivit de près par spécial pour être finalement remplacé par folie. Malgré le pas en avant, il est clairement en attente de son assaut à elle. Mais ne serait-ce pas plus intelligent de patienter à son tour ? De forcer la main à son adversaire. Après tout, rien ne l’oblige à foncer tête baissée, elle peut prendre son temps. Un peu comme le chat qui s’amuse avec une souris, il ne fait que ce qu’il veut, sans prendre en compte le désir ardent de la pauvre souris.
De toute façon, l’adolescente essaie pour l’instant vainement de comprendre cette pose des plus inappropriée pour son esprit. Pourquoi mettre un bras dans son dos et se mettre en position de demi-fente ? Plus elle tente de comprendre, moins elle y arrive. Ce qui est une raison plus que suffisante pour la jeune fille d’être frustrée. La question tourne en boucle dans sa tête. Pourquoi se priver, sciemment, d’un bras ? Cela n’a aucun sens pour elle, c’est bien trop éloigné de son apprentissage de l’art des armes blanches. Elle laisse échapper un soupire et laisse pendre temporairement Tsukinoha à son côté. Son attention ne diminue pas pour autant, et son regard fixe intensément son adversaire encore immobile au sourire carnassier.
Sa réflexion l’amène à une idée improbable, risquée mais qui a le mérite de lui tirer un sourire. Ce dernier ressemble à s’y méprendre à celui d’une enfant, à Noël, venant d’avoir LE cadeau demandée au Père Noël et tant attendu. Ce n’est pas automatiquement un mauvais présage pour son ennemi temporaire, mais ce n’en est pas un bon pour autant. La petite possède plus d’un tour dans son sac, et sa nouvelle stratégie est innovante par rapport à ce qui a pu avoir lieu jusqu’à maintenant. Il est temps de rendre vie à son arme.
D’un geste sûr, elle déchire un morceau de sa tunique et entoure solidement sa main droite avec. Aucun mouvement de la part du géant ours, toujours solidement campé sur ses appuis. Sans précipitation, la jeune kunoichi glisse Tsukinoha dans sa main ainsi bandée et la garde contre sa hanche. Son wakisashi est en garde, mais il n’est plus « mort ». Sa posture est droite et digne d’un vieux samurai ayant survécu à des batailles aussi nombreuses que mortelles. C’est alors d’un pas tranquille qu’elle s’approche de son adversaire, main droite servant de fourreau à son amie et main gauche sagement libre. La lame-lune en quittera son fourreau de chair et de tissus qu’au moment propice pour détruire son adversaire. D’ici cet instant fatidique, Taichi est fermement décidé à ne se servir que de ses jambes, son bras libre et de sa tête.
L’expression de Jarlsonfel-sama en dit long sur ce qu’il pense de l’attitude de sa nouvelle élève, pourtant il ne s’attend pas à ce que le premier coup donné ne soit qu’une glissade en biais, visant à crocheter l’une de ses jambes d’appuis. L’adulte lève suffisamment sa jambe pour qu’elle ne puisse être crocher et tente une attaque visant à la faire dégainer. La ruse ne prend pas, comme prévu par la demoiselle, qui prend alors appuie sur sa main gauche propulsant alors ses jambes vers le haut qui heurte le plexus solaire de son adversaire. Le souffle momentanément coupé, dû au choc, le forgeron recule d’un pas. La petite en profite pour s’écarter, évitant alors de justesse la lame passant au-dessus de son visage.
A une seule main cela ne sera pas gérable pour elle. Elle doit changer de stratégie, et vite. Son esprit cogite à fond, n’omettant pas de suivre son adversaire. Ainsi elle exécute un saut sur la droite pour éviter une nouvelle attaque frontale. Ce ballet d’esquive continue, laissant le soin à son esprit affûté d’analyser ces mouvements particuliers, allant visiblement avec la pose. Chaque maniement d’arme possède ses spécificités, et il est évident que celui-ci limite le nombre de mouvement possible, même en ne prenant pas en compte la garde en elle-même. Le cerveau en ébullition, cherchant une option et surtout une faille de l’arme, la petite réalise en parallèle en déchirant à nouveau sa tunique une sorte d’attaque de fortune pour sa lame. Le tissu est fixé à la jonction entre le tsuka et le tsuba, puis attachée à la hâte à un passant de son pantalon. Maintenant elle a les mains libres.
Son observation ne lui a rien apporté sur la faiblesse interne de cette nouvelle arme. Elle doit pourtant la trouver rapidement, car il en reste encore un bataillon derrière à affronter, et son endurance finira par lui faire défaut. Multipliant les esquives, la sorcière va jusqu’à se cacher dans le dos de son adversaire quelques secondes, avant d’attraper ses chevilles dans l’optique de le faire chuter, ou du moins de le déséquilibrer. Ce qui est un échec cuisant, elle doit l’avouer. Le géant tente de l’attraper de sa main libre, ce qu’elle évite en se projetant en avant, son arme toujours battant son côté. Ce jeu d’esquive lui fait perdre bien trop de temps et d’énergie, pourtant il lui offre enfin sur un plateau d’argent la solution à son problème.
Le maniement d’arme demande une certaine aise, aise que son sensei ne possède pas dans le cas présent. Il vient de tenter, pensant qu’elle ne verrait pas, de changer de main. Hors la configuration de la lame ne permet pas ce type de changement. Il a donc une préférence pour les gardes libres ... D’un coup, les souvenirs des affrontements précédant remontent et confirment son analyse. Les coups étaient plus fort, plus précis, plus fluides avec les gardes libres et ce peu importe le type d’arme. La certitude qu’il ne reviendra pas sur cette arme s’il la lâche s’ancre en elle, comme un filon d’or pur au cœur d’une montagne. Taichi Tomoe doit seulement se concentrer à lui faire lâcher cette satané lame. Facile à penser, mais à faire une autre paire de manche. Elle le sait, son adversaire a une poigne de fer. Comment lui ôter de la main cette garde couvrante ? Pourquoi ne pas essayer de s’en emparer ? Après tout, la règle dit qu’elle n’a le droit de toucher qu’aux armes qu’il a en main. Elle peut donc la lui prendre ... juste avant de la lâcher.
Une lueur espiègle dans le regard, elle change donc d’attitude, sans pour autant utiliser son arme. Sa campagne reviendra naturellement dans sa main directrice le moment venu. Tout n’est plus qu’une question de timing et de stratégie.
Première tentative, elle prend son élan et fonce sur son adversaire de manière frontale. La lame monte, avant d’entamer sa descente inexorable vers le crâne de la petite. Anticipation, adaptation, modification. Voilà la fillette qui attrape la garde, tire dessus sans réussir à faire lâcher prise pour autant. De fait, elle se sert de cette garde pour se propulser de côté, évitant l’arme affutée. C’est donc un échec. Ce qui ne la décourage pas pour autant.
Seconde tentative. Cette fois, son élan a pour but de lui faire frapper la garde de son pied juste à l’endroit où les doigts ne sont plus protégés. Mais cette idée est bien trop grossière pour ne pas être comprise, en temps et en heure, par son adversaire. A son petit pied, il lui oppose le plat de la lame, la déséquilibrant de fait. A nouveau, il tente de changer de main, sans succès se rappelant qu’il ne le peut qu’au dernier moment. Cette gêne est vraiment importante et handicapante pour lui.
Troisième tentative, l’imagination sans borne de l’adolescente lui propose de faire levier. Tsukinoha retrouve alors toute son aura et quitte sa boucle de tissu dans un mouvement rapide, rejoignant la main gauche de sa propriétaire. Après s’être baissée pour esquiver un coup de taille, comme un fil passe par le chat d’une aiguille, Taichi incruste Tsukinoha entre le dos de la main et la garde. Coincée de cette façon, même le forgeron ne peut la retirer sans lâcher son arme. Ne lâchant pas sa propre garde, Taichi prend appuie sur les côtés du géant. Sauf que sa fatigue la fait glisser, lui permettant d’échapper à la poigne venue la prendre sans crier gare. Cette glissade a un autre effet, bien plus inattendu celui-ci : un léger rire passe les lèvres de Jarlsonfel-sama.
De surprise, elle lâche son arme et s’éloigne, regardant l’homme avec des billes à la place des yeux. Son ouïe devait lui jouer un tour. Il ne pouvait pas l’être à ce point ? Impossible. Pourtant, le voyant défaire légèrement sa prise de sa main gantée et attraper de l’autre son amie lame-lune pour l’enlever de son trou, l’adolescente n’hésite pas et ne réfléchis pas. Les mains occupées de son adversaire, lui offrent un champ libre et elle pousse sa chance. D’un bond, la petite arrive sur lui, passe sous ses bras et sans crier gare pose ses mains sur ses côtés, comme pour le câliner. Néanmoins ce n’est pas son objectif, et sans temps mort, la sorcière commence à ... le chatouiller.
La réaction de son sensei géant ne se fait pas attendre, et il éclate d’un rire tonitruant et joyeux.
N’y croyant qu’à peine, Taichi Tomoe redouble ses chatouilles, provoquant une crise de rire chez son adversaire. Mais au rire tonitruant, s’ajoute rapidement un plus léger et tout aussi joyeux. La tension s’en va un peu, laissant le sensei et son élève rire de bon cœur. Et ce qui devait arriver, l’objectif initial, arriva. Jarlsonfel-sama dans le but de la déloger pour qu’elle cesse ses chatouilles, lâcha non seulement Tsukinoha mais aussi son adversaire, la lame recourbée.
L’adolescente s’éloigne en riant encore. Jamais elle n’avait imaginé que ça fonctionnerai aussi bien. Essuyant une larme de joie du coin de son œil, elle ramassa son arme le sourire aux lèvres. S’éloignant d’un pas, le regard joyeux et brillant, sa voix mutine invite à la suite.
« - Alors qui est ma prochaine adversaire ? »
L’adolescent essuie son front afin d’éviter que sa sueur n’aille dans ses yeux. Tsukinoha pend presque mollement au bout de son bras gauche, tant la fatigue est devenue grande. Pourtant la petite touche au but, il n’en reste plus qu’une. La pire de toute, celle qu’elle a déjà affronté, et pour l’instant encore fichée dans le tronc d’arbre. Par expérience, elle n’a pas de faiblesse et surtout elle est l’arme avec laquelle le forgeron est le plus à l’aise. En parlant de ce dernier, il ne semble pas accuser la même fatigue qu’elle. Son endurance est nettement au-dessus de celle de la petite sorcière, et elle ne peut rien y faire pour le moment. Taichi Tomoe est parfaitement consciente qu’elle va devoir abréger cet ultime combat, sinon elle n’a aucune chance. Mais l’interrogation s’impose dans son esprit. Peut-elle vraiment y arriver ? Rien n’est moins sûr. Pourtant, elle se l’avoue, échouer maintenant serait la pire des frustrations.
Son adversaire, bien qu’en meilleure forme qu’elle, accuse néanmoins un peu toute cette dépense d’énergie. Lentement il se dirige vers l’arbre, écrin de sa hache. Chaque pas qu’il fait en direction de celle-ci, est immédiatement reproduit par la jeune fille en sens inverse pour mettre le plus d’écart possible entre eux. Son cerveau, commence à s’engourdir de fatigue, mais n’abandonne aucunement le combat. Il lui faut un plan, une stratégie sans faille pour vaincre son adversaire et prouver qu’elle peut tenir ses entrainements. Ce n’est pas seulement une preuve pour son sensei, mais aussi pour elle, pour se prouver qu’elle en est capable. De plus cette fois-ci, elle ne se pose aucune limite, ce qui implique qu’elle inclut l’éventualité d’user de sa magie pour gagner. Après tout, dans un réel combat jamais elle ne s’en priverait, quitte à faire appel à un effaceur par la suite.
Impossible de reculer maintenant, son adversaire s’est emparé de sa hache et est prêt à en découdre. La sorcière inspire et remonte la sienne. Elle n’aura pas la force d’encaisser un grand nombre d’attaque, quelques-unes biens choisis ce n’est pas exclus, mais elle a conscience que sa fatigue la rend moins rapide et plus maladroite. Cette ultime partie s’avère tendue dès l’entrée de jeu.
Jarlsonfel-sama se rue sur elle, tel un taureau chargeant un rival. Sa réaction ne se fait pas attendre, elle n’ira pas à une rencontre frontale, elle n’en est plus capable. En voulant esquiver le train à pleine vitesse, elle s’emmêle les pieds et tombe tout simplement sur place. L’objectif est atteint, elle a évité de l’assaut, mais la voilà assise sur son derrière, comme se demandant ce qui venait de se passer. Heureusement ses neurones effectuent les connexions nécessaires et elle se lève d’un bond, évitant d’être fauchée par la hache. L’évidence s’impose pourtant, elle ne va pas s’en sortir avec des pirouettes. Son sensei géant en a encore sous le coude, elle pratiquement plus.
La lenteur, qu’elle a fait sienne, engendre qu’elle se retrouve obligée de parer la hache. Si la terre avait été plus meuble, elle se serait enfoncée dedans comme dans du beurre. Elle se dégage de l’affrontement en reculant précipitamment. Fronçant les yeux pour mieux voir, la luminosité ayant drastiquement baissée pour ne plus être que confidentielle en ce début de soirée, elle tente de voir comment disparaitre. Taichi a choisi sa stratégie, mais elle implique qu’elle puisse se dissimuler, du moins une poignée de seconde, pour se concentrer en paix. Comment faire ? La moindre lumière se reflète sur sa lame et peut signaler sa présence. Les cadavres des armes précédentes jonchent le sol de la courette et sont autant d’éclat de lumière pour la trahir. Il n’y a qu’un seul endroit qui pourrait correspondre à son besoin, le plus complexe va être d’y accéder.
Un sourire se dessine sur son petite visage mi-ange mi-démon. Elle a une échelle pouvant l’aider à monter. Une échelle qui ignore, encore pour l’instant, qu’elle en est une. Et pour cause ! L’étudiante a la ferme intention de se servir de son adversaire comme d’un tremplin, peut-être même profiter de la hache redoutée comme marche pied. Elle est petite, ce plan est faisable, même s’il comporte plusieurs risques. Le premier est bien sûr de se faire prendre avant d’avoir fini son mouvement, le second est de mal se réceptionner et de se blesser. Sans broncher, elle les accepte. De toute façon, la petite n’a pas d’autre option. Encore un assaut comme le précédent, et elle devra rendre les armes. À ce moment précis, elle joue son va-tout. Elle n’a pas le droit à l’erreur.
Elle prend alors son élan et fonce droit sur son sensei, Tsukinoha prête à frapper de front. Son adversaire abaisse sa hache et au dernier moment elle s’écarte d’un pas en arrière. Avant même qu’il ne puisse réagir, elle donne un coup de pied sur le plat de la hache à double tranchant tenue fermement à deux mains, l’orientant légèrement en direction de la parallèle au sol. Dans le même temps, elle prend appuie dessus, puis sur l’avant-bras droit de son adversaire, finissant sur les épaules du géant avant de prendre appuie sur sa tête et de sauter, disparaissant dans le noir avec sa lame-lune en direction du point le plus élevé choisi.
Elle se tapit sur le toit, allongée à plat ventre sur sa lame pour que l’éclat ne trahisse pas sa position. Elle n’a pas totalement réussi sa réception, sa cheville droite la chauffe, et l’adolescente doute d’être capable de courir. De son point d’observation, elle voit son sensei la chercher du regard sur le toit. Elle s’oblige à rester aussi immobile que possible, ralentissant au maximum sa respiration, jugulant mentalement la douleur pulsante de sa cheville. Maintenant, la sorcière se concentre, cherchant l’électricité statique présente autour d’eux. Planifiant avec soin son point d’atterrissage, elle quitte son abri en se laissant glisser dans l’arbre proche, pied gauche en réception. Malheureusement les feuilles trahissent sa position et son adversaire l’attend pour la cueillir comme une fleur. Sans s’arrêter un temps de plus dans l’arbre, comme un petit singe, elle lance une attaque en tombant de son perchoir, forçant la parade de la part de son adversaire.
Propulser un peu plus loin, comme un fétu de paille, par la puissance de son adversaire, elle se redresse en s’appuyant sur sa jambe gauche, tâchant de limiter l’utilisation de son appuie sur la droite. Il est temps qu’elle se mette en position pour la seconde phase de son plan. Tsukinoha dans la main gauche, la main droite paume vers le ciel, l’adolescente se place de profil, lame en avant. Elle doit encore gagner du temps, pas autant que son sensei le suppose et certainement pas dans le but qu’il imagine. Il ne lui faut que quelques secondes, pour avoir dans sa paume droite une petite boule lumineuse d’où parte comme des étincelles. Taichi compte sur la surprise de son sensei, et elle aurait bien raison si seulement ce dernier n’était pas autant rompu au combat. Son attaque l’oblige à reculer et à ne parer que d’une main. La faiblesse de sa cheville droite n’a pas dû passer inaperçu au regard de son mentor. Erreur de calcul. La petite faiblit très vite, trop vite peut-être même, cependant sa Foudre de Ryujin est prête. Pas plus grande qu’une balle de tennis, des étincelles tournant autour d’elle, la Foudre de Ryujin arbore une légère teinte jaune. La petite saisit alors sa seule chance de mettre fin au combat, et lance sa boule sur l’arme.
Tous les coups sont permis. La magie aussi donc.
La boule heurte la hache au niveau du manche en bois, comme prévu, et déclenche une réaction en chaine. La Foudre de Ryujin, boule d’électricité statique concentrée, est conduite instantanément par le métal renforçant le bois. Le métal chauffe le bois, le rendant moins résistant pour les coups à venir. Taichi fait la moue, sa stratégie n’a pas fonctionnée aussi bien qu’elle le souhaitait. Elle doit recommencer.
Son avantage ne lui échappe en rien, son forgeron sensei est sous le choc de ce qu’il vient de voir. Saisissant sa nouvelle chance, la petite recrée une Foudre de Ryujin, et la relance dans le même temps, ne laissant ainsi à son adversaire par de temps de réflexion. La boule atteint une nouvelle fois son objectif, mais cette fois le bois cède brusquement et le manche explose sous l’impact.
Taichi s’éloigne rapidement n’en revenant pas réellement. La hache était brisée ... sa double lame au sol, tête décapitée sans corps pour la soutenir. Son incrédulité enfantine, fait écho à celle du forgeron, assis sur le sol et donc les paumes sont couvertes de petites égratignures et d’échardes. Plus aucun mouvement, ni sons, ne perturbe l’instant. Dans la cour tout est enfin calme après plusieurs heures de combat intensif.
Malgré la fatigue qu’elle ressent, et la douleur de sa cheville, l’adolescente s’approche de son sensei et l’enlace dans un câlin improbable. Assise sur sa cuisse, ses bras autour du torse du géant, la petite sourit fièrement. Malgré la difficulté, elle a tenue bon et réussi à aller au bout d’elle-même. La sorcière en oublie même qu’elle vient de briser le secret, et qu’elle risque gros si cela s’apprend. Réprimant un bâillement, et sans bouger, elle ajoute d’une petite voix pleine de gratitude.
« - Merci de m’accepter comme élève, sensei. Je ferai tout pour ne pas vous décevoir Jarlsonfel-sama. »
Comme toujours avec Taichi Tomoe, les pensées ne sont pas toujours dans le bon ordre et d’un coup elle réalise l’état des mains de son mentor.
« - Oh non ! Sumimasen Jarlsonfel-sama. Je vous ai blessé ... ça ne vous fait pas trop mal ? Je vais aller chercher la boîte à pharmacie, pour nettoyer tout ça. »
Sauf que voilà, toutes ces dépenses d’énergie ont fini par avoir raison de sa résistance physique. La petite se lève, chancelle, son pied droit se dérobe sous elle. Taichi se retrouve à nouveau assise sur la cuisse du géant. Honteuse de son état de fatigue, elle rougit et baisse le regard. Des larmes lui montent aux yeux, et dévalent ses joues, tellement cette honte la prend au cœur. Même pas capable de se relever, comment pourrait-elle seulement rendre son sensei fier d’elle et ne pas le décevoir dans ces conditions ?
Voilà sa faille.
Sans prendre le temps de souffler, l’adolescente entame un mouvement souple avant de retourner son arme pour fendre l’air dans l’unique but de trancher définitivement le pauvre Tanto. Sa manœuvre force son sensei géant à bondir en arrière, mouvement clairement complexe au vu de son gabarit hors norme. Aucun souci, Taichi Tomoe réajuste son mouvement pour foncer une nouvelle fois sur lui. Normalement, son sensei devrait mobiliser tous ses muscles pour éviter la chute et de fait être incapable de parer son coup. Bien sûr c’est l’option la plus logique pour la petite génie qu’elle est, mais loin d’être la seule. Et en effet, le constat est fait rapidement que ce n’est pas celle choisi par son sensei géant. Se laissant tomber, il évite juste au bon moment Tsukinoha qui filait vers son visage sans le moindre remord. Certes ce n’est que la continuité de son mouvement, et l’adolescente comptait initialement sur une riposte, pas sur un laissé aller.
Dans ce même mouvement, le pied de Jarlsonfel-sama heurte sa main. Sur l’instant, elle lâche sa précieuse amie, qui s’envole en direction inconnue. Sans temps mort, la petite se sert à nouveau sans vergogne de son adversaire, plus précisément son torse, dans l’optique de rebondir et récupérer son arme. Après cette récupération, elle continue et tente une frappe d’estoc qui s’enfonce dans le sol de la courette. Bien sûr, sa lame est dans le sol parce que son sensei l’a esquivé au dernier moment. Taichi Tomoe mentirait si elle affirmait que son coup n’avait comme but de ne pas faire de mal ni de dégâts. Elle est encore sous le coup de l’évènement précédent, et c’est une façon de montrer qu’elle pourrait, hypothétiquement, être aussi dangereuse que lui, qu’elle n’a pas encore oublié ce qui vient de se passer. Dans l’esprit de la jeune sorcière, c’est de bonne guerre.
Le géant mobilise tous ses abdominaux pour bondir sur ses pieds et reculer d’un pas chassé rapide. Surprenant, mais en rien imparable, le tanto est envoyé sur l’adolescente comme un kunaï. Elle connait très bien ce type d’arme de lancer, et elle le dévie avec un mouvement sans équivoque et sec de sa nouvelle lame. La lame adverse est profondément entaillée, Taichi la considère donc comme morte, et par conséquence enlève encore une arme à affronter. Cependant il lui en reste bien trop pour qu’elle puisse se réjouir vraiment.
Son regard se porte sur la main, et par extension, sur la nouvelle compagne de son sensei. La jeune fille ne connait pas du tout l’arme, mais elle a bien compris que ce n’est pas un critère depuis le début de l’affrontement. Cette nouvelle adverse promet d’être peut-être plus coriace que les précédentes, exceptée cette satanée hache à double tranchant. Lame courbe, tranchante des deux côtés, garde enveloppant la main. L’analyse est sans appel, obliger son sensei à la lâcher sera ardue, sans compter que sa main sera protégée de ses assauts à venir. De plus la solidité de l’arme n’est peut-être pas prendre à la légère, même si l’apprécier à sa juste mesure juste à l’observation est loin d’être une mince à faire.
La fillette préfère, par acquis de conscience et prudence, rester légèrement en retrait. Sauf que voilà, son adversaire la provoque clairement, lui proposant de manière muette de s’amener. La surprise et l’incompréhension se dispute l’expression sur le visage de Taichi Tomoe. La position qu’adopte Jarlsonfel-sama est ... elle ne sait pas vraiment comment la décrire. Bizarre est le premier mot qui s’impose, suivit de près par spécial pour être finalement remplacé par folie. Malgré le pas en avant, il est clairement en attente de son assaut à elle. Mais ne serait-ce pas plus intelligent de patienter à son tour ? De forcer la main à son adversaire. Après tout, rien ne l’oblige à foncer tête baissée, elle peut prendre son temps. Un peu comme le chat qui s’amuse avec une souris, il ne fait que ce qu’il veut, sans prendre en compte le désir ardent de la pauvre souris.
De toute façon, l’adolescente essaie pour l’instant vainement de comprendre cette pose des plus inappropriée pour son esprit. Pourquoi mettre un bras dans son dos et se mettre en position de demi-fente ? Plus elle tente de comprendre, moins elle y arrive. Ce qui est une raison plus que suffisante pour la jeune fille d’être frustrée. La question tourne en boucle dans sa tête. Pourquoi se priver, sciemment, d’un bras ? Cela n’a aucun sens pour elle, c’est bien trop éloigné de son apprentissage de l’art des armes blanches. Elle laisse échapper un soupire et laisse pendre temporairement Tsukinoha à son côté. Son attention ne diminue pas pour autant, et son regard fixe intensément son adversaire encore immobile au sourire carnassier.
Sa réflexion l’amène à une idée improbable, risquée mais qui a le mérite de lui tirer un sourire. Ce dernier ressemble à s’y méprendre à celui d’une enfant, à Noël, venant d’avoir LE cadeau demandée au Père Noël et tant attendu. Ce n’est pas automatiquement un mauvais présage pour son ennemi temporaire, mais ce n’en est pas un bon pour autant. La petite possède plus d’un tour dans son sac, et sa nouvelle stratégie est innovante par rapport à ce qui a pu avoir lieu jusqu’à maintenant. Il est temps de rendre vie à son arme.
D’un geste sûr, elle déchire un morceau de sa tunique et entoure solidement sa main droite avec. Aucun mouvement de la part du géant ours, toujours solidement campé sur ses appuis. Sans précipitation, la jeune kunoichi glisse Tsukinoha dans sa main ainsi bandée et la garde contre sa hanche. Son wakisashi est en garde, mais il n’est plus « mort ». Sa posture est droite et digne d’un vieux samurai ayant survécu à des batailles aussi nombreuses que mortelles. C’est alors d’un pas tranquille qu’elle s’approche de son adversaire, main droite servant de fourreau à son amie et main gauche sagement libre. La lame-lune en quittera son fourreau de chair et de tissus qu’au moment propice pour détruire son adversaire. D’ici cet instant fatidique, Taichi est fermement décidé à ne se servir que de ses jambes, son bras libre et de sa tête.
L’expression de Jarlsonfel-sama en dit long sur ce qu’il pense de l’attitude de sa nouvelle élève, pourtant il ne s’attend pas à ce que le premier coup donné ne soit qu’une glissade en biais, visant à crocheter l’une de ses jambes d’appuis. L’adulte lève suffisamment sa jambe pour qu’elle ne puisse être crocher et tente une attaque visant à la faire dégainer. La ruse ne prend pas, comme prévu par la demoiselle, qui prend alors appuie sur sa main gauche propulsant alors ses jambes vers le haut qui heurte le plexus solaire de son adversaire. Le souffle momentanément coupé, dû au choc, le forgeron recule d’un pas. La petite en profite pour s’écarter, évitant alors de justesse la lame passant au-dessus de son visage.
A une seule main cela ne sera pas gérable pour elle. Elle doit changer de stratégie, et vite. Son esprit cogite à fond, n’omettant pas de suivre son adversaire. Ainsi elle exécute un saut sur la droite pour éviter une nouvelle attaque frontale. Ce ballet d’esquive continue, laissant le soin à son esprit affûté d’analyser ces mouvements particuliers, allant visiblement avec la pose. Chaque maniement d’arme possède ses spécificités, et il est évident que celui-ci limite le nombre de mouvement possible, même en ne prenant pas en compte la garde en elle-même. Le cerveau en ébullition, cherchant une option et surtout une faille de l’arme, la petite réalise en parallèle en déchirant à nouveau sa tunique une sorte d’attaque de fortune pour sa lame. Le tissu est fixé à la jonction entre le tsuka et le tsuba, puis attachée à la hâte à un passant de son pantalon. Maintenant elle a les mains libres.
Son observation ne lui a rien apporté sur la faiblesse interne de cette nouvelle arme. Elle doit pourtant la trouver rapidement, car il en reste encore un bataillon derrière à affronter, et son endurance finira par lui faire défaut. Multipliant les esquives, la sorcière va jusqu’à se cacher dans le dos de son adversaire quelques secondes, avant d’attraper ses chevilles dans l’optique de le faire chuter, ou du moins de le déséquilibrer. Ce qui est un échec cuisant, elle doit l’avouer. Le géant tente de l’attraper de sa main libre, ce qu’elle évite en se projetant en avant, son arme toujours battant son côté. Ce jeu d’esquive lui fait perdre bien trop de temps et d’énergie, pourtant il lui offre enfin sur un plateau d’argent la solution à son problème.
Le maniement d’arme demande une certaine aise, aise que son sensei ne possède pas dans le cas présent. Il vient de tenter, pensant qu’elle ne verrait pas, de changer de main. Hors la configuration de la lame ne permet pas ce type de changement. Il a donc une préférence pour les gardes libres ... D’un coup, les souvenirs des affrontements précédant remontent et confirment son analyse. Les coups étaient plus fort, plus précis, plus fluides avec les gardes libres et ce peu importe le type d’arme. La certitude qu’il ne reviendra pas sur cette arme s’il la lâche s’ancre en elle, comme un filon d’or pur au cœur d’une montagne. Taichi Tomoe doit seulement se concentrer à lui faire lâcher cette satané lame. Facile à penser, mais à faire une autre paire de manche. Elle le sait, son adversaire a une poigne de fer. Comment lui ôter de la main cette garde couvrante ? Pourquoi ne pas essayer de s’en emparer ? Après tout, la règle dit qu’elle n’a le droit de toucher qu’aux armes qu’il a en main. Elle peut donc la lui prendre ... juste avant de la lâcher.
Une lueur espiègle dans le regard, elle change donc d’attitude, sans pour autant utiliser son arme. Sa campagne reviendra naturellement dans sa main directrice le moment venu. Tout n’est plus qu’une question de timing et de stratégie.
Première tentative, elle prend son élan et fonce sur son adversaire de manière frontale. La lame monte, avant d’entamer sa descente inexorable vers le crâne de la petite. Anticipation, adaptation, modification. Voilà la fillette qui attrape la garde, tire dessus sans réussir à faire lâcher prise pour autant. De fait, elle se sert de cette garde pour se propulser de côté, évitant l’arme affutée. C’est donc un échec. Ce qui ne la décourage pas pour autant.
Seconde tentative. Cette fois, son élan a pour but de lui faire frapper la garde de son pied juste à l’endroit où les doigts ne sont plus protégés. Mais cette idée est bien trop grossière pour ne pas être comprise, en temps et en heure, par son adversaire. A son petit pied, il lui oppose le plat de la lame, la déséquilibrant de fait. A nouveau, il tente de changer de main, sans succès se rappelant qu’il ne le peut qu’au dernier moment. Cette gêne est vraiment importante et handicapante pour lui.
Troisième tentative, l’imagination sans borne de l’adolescente lui propose de faire levier. Tsukinoha retrouve alors toute son aura et quitte sa boucle de tissu dans un mouvement rapide, rejoignant la main gauche de sa propriétaire. Après s’être baissée pour esquiver un coup de taille, comme un fil passe par le chat d’une aiguille, Taichi incruste Tsukinoha entre le dos de la main et la garde. Coincée de cette façon, même le forgeron ne peut la retirer sans lâcher son arme. Ne lâchant pas sa propre garde, Taichi prend appuie sur les côtés du géant. Sauf que sa fatigue la fait glisser, lui permettant d’échapper à la poigne venue la prendre sans crier gare. Cette glissade a un autre effet, bien plus inattendu celui-ci : un léger rire passe les lèvres de Jarlsonfel-sama.
De surprise, elle lâche son arme et s’éloigne, regardant l’homme avec des billes à la place des yeux. Son ouïe devait lui jouer un tour. Il ne pouvait pas l’être à ce point ? Impossible. Pourtant, le voyant défaire légèrement sa prise de sa main gantée et attraper de l’autre son amie lame-lune pour l’enlever de son trou, l’adolescente n’hésite pas et ne réfléchis pas. Les mains occupées de son adversaire, lui offrent un champ libre et elle pousse sa chance. D’un bond, la petite arrive sur lui, passe sous ses bras et sans crier gare pose ses mains sur ses côtés, comme pour le câliner. Néanmoins ce n’est pas son objectif, et sans temps mort, la sorcière commence à ... le chatouiller.
La réaction de son sensei géant ne se fait pas attendre, et il éclate d’un rire tonitruant et joyeux.
N’y croyant qu’à peine, Taichi Tomoe redouble ses chatouilles, provoquant une crise de rire chez son adversaire. Mais au rire tonitruant, s’ajoute rapidement un plus léger et tout aussi joyeux. La tension s’en va un peu, laissant le sensei et son élève rire de bon cœur. Et ce qui devait arriver, l’objectif initial, arriva. Jarlsonfel-sama dans le but de la déloger pour qu’elle cesse ses chatouilles, lâcha non seulement Tsukinoha mais aussi son adversaire, la lame recourbée.
L’adolescente s’éloigne en riant encore. Jamais elle n’avait imaginé que ça fonctionnerai aussi bien. Essuyant une larme de joie du coin de son œil, elle ramassa son arme le sourire aux lèvres. S’éloignant d’un pas, le regard joyeux et brillant, sa voix mutine invite à la suite.
« - Alors qui est ma prochaine adversaire ? »
***
L’adolescent essuie son front afin d’éviter que sa sueur n’aille dans ses yeux. Tsukinoha pend presque mollement au bout de son bras gauche, tant la fatigue est devenue grande. Pourtant la petite touche au but, il n’en reste plus qu’une. La pire de toute, celle qu’elle a déjà affronté, et pour l’instant encore fichée dans le tronc d’arbre. Par expérience, elle n’a pas de faiblesse et surtout elle est l’arme avec laquelle le forgeron est le plus à l’aise. En parlant de ce dernier, il ne semble pas accuser la même fatigue qu’elle. Son endurance est nettement au-dessus de celle de la petite sorcière, et elle ne peut rien y faire pour le moment. Taichi Tomoe est parfaitement consciente qu’elle va devoir abréger cet ultime combat, sinon elle n’a aucune chance. Mais l’interrogation s’impose dans son esprit. Peut-elle vraiment y arriver ? Rien n’est moins sûr. Pourtant, elle se l’avoue, échouer maintenant serait la pire des frustrations.
Son adversaire, bien qu’en meilleure forme qu’elle, accuse néanmoins un peu toute cette dépense d’énergie. Lentement il se dirige vers l’arbre, écrin de sa hache. Chaque pas qu’il fait en direction de celle-ci, est immédiatement reproduit par la jeune fille en sens inverse pour mettre le plus d’écart possible entre eux. Son cerveau, commence à s’engourdir de fatigue, mais n’abandonne aucunement le combat. Il lui faut un plan, une stratégie sans faille pour vaincre son adversaire et prouver qu’elle peut tenir ses entrainements. Ce n’est pas seulement une preuve pour son sensei, mais aussi pour elle, pour se prouver qu’elle en est capable. De plus cette fois-ci, elle ne se pose aucune limite, ce qui implique qu’elle inclut l’éventualité d’user de sa magie pour gagner. Après tout, dans un réel combat jamais elle ne s’en priverait, quitte à faire appel à un effaceur par la suite.
Impossible de reculer maintenant, son adversaire s’est emparé de sa hache et est prêt à en découdre. La sorcière inspire et remonte la sienne. Elle n’aura pas la force d’encaisser un grand nombre d’attaque, quelques-unes biens choisis ce n’est pas exclus, mais elle a conscience que sa fatigue la rend moins rapide et plus maladroite. Cette ultime partie s’avère tendue dès l’entrée de jeu.
Jarlsonfel-sama se rue sur elle, tel un taureau chargeant un rival. Sa réaction ne se fait pas attendre, elle n’ira pas à une rencontre frontale, elle n’en est plus capable. En voulant esquiver le train à pleine vitesse, elle s’emmêle les pieds et tombe tout simplement sur place. L’objectif est atteint, elle a évité de l’assaut, mais la voilà assise sur son derrière, comme se demandant ce qui venait de se passer. Heureusement ses neurones effectuent les connexions nécessaires et elle se lève d’un bond, évitant d’être fauchée par la hache. L’évidence s’impose pourtant, elle ne va pas s’en sortir avec des pirouettes. Son sensei géant en a encore sous le coude, elle pratiquement plus.
La lenteur, qu’elle a fait sienne, engendre qu’elle se retrouve obligée de parer la hache. Si la terre avait été plus meuble, elle se serait enfoncée dedans comme dans du beurre. Elle se dégage de l’affrontement en reculant précipitamment. Fronçant les yeux pour mieux voir, la luminosité ayant drastiquement baissée pour ne plus être que confidentielle en ce début de soirée, elle tente de voir comment disparaitre. Taichi a choisi sa stratégie, mais elle implique qu’elle puisse se dissimuler, du moins une poignée de seconde, pour se concentrer en paix. Comment faire ? La moindre lumière se reflète sur sa lame et peut signaler sa présence. Les cadavres des armes précédentes jonchent le sol de la courette et sont autant d’éclat de lumière pour la trahir. Il n’y a qu’un seul endroit qui pourrait correspondre à son besoin, le plus complexe va être d’y accéder.
Un sourire se dessine sur son petite visage mi-ange mi-démon. Elle a une échelle pouvant l’aider à monter. Une échelle qui ignore, encore pour l’instant, qu’elle en est une. Et pour cause ! L’étudiante a la ferme intention de se servir de son adversaire comme d’un tremplin, peut-être même profiter de la hache redoutée comme marche pied. Elle est petite, ce plan est faisable, même s’il comporte plusieurs risques. Le premier est bien sûr de se faire prendre avant d’avoir fini son mouvement, le second est de mal se réceptionner et de se blesser. Sans broncher, elle les accepte. De toute façon, la petite n’a pas d’autre option. Encore un assaut comme le précédent, et elle devra rendre les armes. À ce moment précis, elle joue son va-tout. Elle n’a pas le droit à l’erreur.
Elle prend alors son élan et fonce droit sur son sensei, Tsukinoha prête à frapper de front. Son adversaire abaisse sa hache et au dernier moment elle s’écarte d’un pas en arrière. Avant même qu’il ne puisse réagir, elle donne un coup de pied sur le plat de la hache à double tranchant tenue fermement à deux mains, l’orientant légèrement en direction de la parallèle au sol. Dans le même temps, elle prend appuie dessus, puis sur l’avant-bras droit de son adversaire, finissant sur les épaules du géant avant de prendre appuie sur sa tête et de sauter, disparaissant dans le noir avec sa lame-lune en direction du point le plus élevé choisi.
Elle se tapit sur le toit, allongée à plat ventre sur sa lame pour que l’éclat ne trahisse pas sa position. Elle n’a pas totalement réussi sa réception, sa cheville droite la chauffe, et l’adolescente doute d’être capable de courir. De son point d’observation, elle voit son sensei la chercher du regard sur le toit. Elle s’oblige à rester aussi immobile que possible, ralentissant au maximum sa respiration, jugulant mentalement la douleur pulsante de sa cheville. Maintenant, la sorcière se concentre, cherchant l’électricité statique présente autour d’eux. Planifiant avec soin son point d’atterrissage, elle quitte son abri en se laissant glisser dans l’arbre proche, pied gauche en réception. Malheureusement les feuilles trahissent sa position et son adversaire l’attend pour la cueillir comme une fleur. Sans s’arrêter un temps de plus dans l’arbre, comme un petit singe, elle lance une attaque en tombant de son perchoir, forçant la parade de la part de son adversaire.
Propulser un peu plus loin, comme un fétu de paille, par la puissance de son adversaire, elle se redresse en s’appuyant sur sa jambe gauche, tâchant de limiter l’utilisation de son appuie sur la droite. Il est temps qu’elle se mette en position pour la seconde phase de son plan. Tsukinoha dans la main gauche, la main droite paume vers le ciel, l’adolescente se place de profil, lame en avant. Elle doit encore gagner du temps, pas autant que son sensei le suppose et certainement pas dans le but qu’il imagine. Il ne lui faut que quelques secondes, pour avoir dans sa paume droite une petite boule lumineuse d’où parte comme des étincelles. Taichi compte sur la surprise de son sensei, et elle aurait bien raison si seulement ce dernier n’était pas autant rompu au combat. Son attaque l’oblige à reculer et à ne parer que d’une main. La faiblesse de sa cheville droite n’a pas dû passer inaperçu au regard de son mentor. Erreur de calcul. La petite faiblit très vite, trop vite peut-être même, cependant sa Foudre de Ryujin est prête. Pas plus grande qu’une balle de tennis, des étincelles tournant autour d’elle, la Foudre de Ryujin arbore une légère teinte jaune. La petite saisit alors sa seule chance de mettre fin au combat, et lance sa boule sur l’arme.
Tous les coups sont permis. La magie aussi donc.
La boule heurte la hache au niveau du manche en bois, comme prévu, et déclenche une réaction en chaine. La Foudre de Ryujin, boule d’électricité statique concentrée, est conduite instantanément par le métal renforçant le bois. Le métal chauffe le bois, le rendant moins résistant pour les coups à venir. Taichi fait la moue, sa stratégie n’a pas fonctionnée aussi bien qu’elle le souhaitait. Elle doit recommencer.
Son avantage ne lui échappe en rien, son forgeron sensei est sous le choc de ce qu’il vient de voir. Saisissant sa nouvelle chance, la petite recrée une Foudre de Ryujin, et la relance dans le même temps, ne laissant ainsi à son adversaire par de temps de réflexion. La boule atteint une nouvelle fois son objectif, mais cette fois le bois cède brusquement et le manche explose sous l’impact.
Taichi s’éloigne rapidement n’en revenant pas réellement. La hache était brisée ... sa double lame au sol, tête décapitée sans corps pour la soutenir. Son incrédulité enfantine, fait écho à celle du forgeron, assis sur le sol et donc les paumes sont couvertes de petites égratignures et d’échardes. Plus aucun mouvement, ni sons, ne perturbe l’instant. Dans la cour tout est enfin calme après plusieurs heures de combat intensif.
Malgré la fatigue qu’elle ressent, et la douleur de sa cheville, l’adolescente s’approche de son sensei et l’enlace dans un câlin improbable. Assise sur sa cuisse, ses bras autour du torse du géant, la petite sourit fièrement. Malgré la difficulté, elle a tenue bon et réussi à aller au bout d’elle-même. La sorcière en oublie même qu’elle vient de briser le secret, et qu’elle risque gros si cela s’apprend. Réprimant un bâillement, et sans bouger, elle ajoute d’une petite voix pleine de gratitude.
« - Merci de m’accepter comme élève, sensei. Je ferai tout pour ne pas vous décevoir Jarlsonfel-sama. »
Comme toujours avec Taichi Tomoe, les pensées ne sont pas toujours dans le bon ordre et d’un coup elle réalise l’état des mains de son mentor.
« - Oh non ! Sumimasen Jarlsonfel-sama. Je vous ai blessé ... ça ne vous fait pas trop mal ? Je vais aller chercher la boîte à pharmacie, pour nettoyer tout ça. »
Sauf que voilà, toutes ces dépenses d’énergie ont fini par avoir raison de sa résistance physique. La petite se lève, chancelle, son pied droit se dérobe sous elle. Taichi se retrouve à nouveau assise sur la cuisse du géant. Honteuse de son état de fatigue, elle rougit et baisse le regard. Des larmes lui montent aux yeux, et dévalent ses joues, tellement cette honte la prend au cœur. Même pas capable de se relever, comment pourrait-elle seulement rendre son sensei fier d’elle et ne pas le décevoir dans ces conditions ?
"Victoire sur le fil du rasoir"
Etilya sur DK RPG
Vilhelm A. Jarlsonfel#103944#103944#103944#103944#103944#103944#103944
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Emploi/loisirs : Forgeron/metallurgiste et Hunter
Yens : 15
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Jeu 30 Avr 2020 - 20:51
L'Enfant et la Bête
Feat ~ Taichi Tomoe
Un léger rictus carnassier s’encre sur mes traits en voyant ceux de mon apprentie se rider d’incompréhension. Ma taille et ma carrure collent bien plus à mon style de combat habituel, brutal et agressif, alors me voir le dos droit, patient et mesuré doit la laisser perplexe. Tant perplexe qu’elle en reste figée, où bien peut-être est-elle en pleine réflexion ? Elle semble comprendre que j’attend son assaut, et bien entendu elle ne tombera pas dans ce petit piège mesquin que je lui tend. À l’affut du moindre geste, je reste solidement campé sur mes appuis, prêt à bondir.
La petite soupire, témoignage visible de son agacement, et baisse un instant sa garde sans pour autant me quitter des yeux. Elle m’analyse en silence, portant sur la lame dans ma main une attention toute particulière.
De longues secondes s’écoulent, durant lesquelles aucun de nous deux ne bouge, puis Taichi Tomoe prends l’initiative du premier mouvement. Cependant elle n’attaque pas, elle déchire contre toute attente un lambeau de vêtement dont elle entoure largement sa petite main. Dans cet écrin de tissus et de chair elle place le tranchant de sa lame, comme si celle-ci retrouvait la quiétude de son fourreau préalablement interdit. C’est ainsi que, lame battant doucement son flan, elle avance vers moi. Posture droite, regard ferme, sa prestance est presque incroyable. Elle ne ressemble pas à la petite fille chétive qui avait passé le matin la porte de ma forge, mais bien à une guerrière sage et aguerrie avançant vers un danger certain avec le calme d’un lac de montagne et la sérénité d’un plume portée par le doux vent d’été. A dire vrai, aurait-elle été plus âgé qu’elle m’aurait sans doute fait frissonner. Il y a dans son regard la fermeté d’une résolution sans faille digne des plus grands bretteurs de ce monde, mais sa conduite légère bien qu’audacieuse me donne l’impression d’être sous-estimé l’espace d’un instant. Ce sentiment puissant me regonfle à bloc et réveille tous mes instincts, juste à temps pour éviter une glissade sortie de nulle part. La cible de mon adversaire est ma jambe, sans nul doute pour la crocheter et me faire perdre mes appuis, mais je lève le membre lourd avant qu’elle ne puisse le toucher. A portée de lame, j’abat sur elle le tranchant affuté dans l’espoir de la voir de nouveau dégainer, mais c’est peine perdue car la petite prends appuie sur sa main libre pour bondir… et m’asséner un violent coup au creux du sternum. Mon souffle se coupe instantanément dans un craquement bruyant, ne me laissant que mon instinct pour riposter mais trop tard. Je chancelle et recule contre ma volonté tandis que la jeune s’éloigne d’un saut.
Sans temps mort, je me ressaisit sans reprendre de respiration et fond droit sur elle, épée brandie en avant. Mes mouvements sont ralentis par la toux rauque que je retiens, il m’est difficile de chercher de l’air avec cette douleur écrasante et diffuse ancrée dans ma poitrine, ce qui permet une nouvelle esquive à la kunoïchi. Je n’en démords pas et lance de multiples assauts, en estoc ou en tranche, mais chacune se solde par un échec. À chaque attaque s’oppose une esquive fluide, la lame lourde ne rencontrant rien d’autre que l’air ou la terre. Comme je l’avais prévu, cette arme ne convient plus à mon style de combat, et les souvenirs de l’escrime sont loins derrière moi. Fut un temps j’aurai pu tirer quelque chose de ce combat, mais actuellement seul l’énervement commence à monter en moi. Profitant de cette danse particulière, la jeune femme défait un autre lambeau de sa tunique pour nouer son arme au niveau de ses hanches, libérant de ce fait ses deux mains. Retrouvant toute son agilité, libérée du fourreau fait de sa main, elle se glisse agilement dans mon dos et tente de me déstabiliser en agrippant mes jambes à leur base. C’est sans compter sur mes 120kg de barbaque solidement ancrés au sol. Voilà peut-être ma chance de riposter ! Je tente alors d’utiliser cette inutile main libre et de la mette à profit pour attraper mon adversaire, mais elle esquive encore en fuyant sur mon côté gauche, mais ce petit jeu ne prendra pas cette fois-ci !
Ayant à peu près retrouvé un souffle décent, j’inspire grandement et porte par réflexe ma seconde main vers le pommeau, la délogeant du creux de mes lombaires où je l’avais logé. Malheureusement elle se heurte à la cage d’acier qui entoure mon autre poigne, rendant la manœuvre autant ridicule qu’inutile. Et malgré mes efforts pour dissimuler cette erreur de débutant, la manoeuvre n’a clairement pas échappée à mon élève. Un rapide coup d’oeil de sa part sur le champ de bataille suffit à m’éclairer sur l’objet de sa pensée. Elle à compris, elle sait que cet arme que je tiens solidement en main est plus un handicap pour moi que pour elle, contrairement à ce que je pensait en la ramassant. Au final mon atout se retourne contre moi de la pire des façons. Et cet handicap donne à mon élève la motivation nécessaire pour lancer une charge frontale. Bien que désarmée pour le moment, son agilité est à redouter en tout point, et l’attaquer est ma seule solution. Je brandis donc la lourde lame vers le ciel avant de frapper, rencontrant une fois de plus le vide. Mais la petite, futée et affutée, se rue sur… ma main. Elle empoigne et tire aussi fort qu’elle le peut cette garde de fer que je tiens avec vigueur, sans réussir à me la faire lâcher, puis bondit hors de portée avant que je n’ai le temps de riposter.
Loin d’être découragée, elle fonce ensuite avec la ferme idée de me forcer à lâcher mon arme, exécutant un saut bien placé dans le but d’écraser la partie non protégée de mon poignet. La manoeuvre est simple, lisible pour un oeil aussi averti que le mien, mais loin d’être entreprise avec une très certaine précision au moment le plus opportun. Qu’il en soit ainsi, j’interposer le plat de ma lame, large, sous le pied qui vient frapper avec élan mon prétendu point faible. Seulement son assaut de gauche me pousse à tenter un nouveau changement de main en vain, l’arme étant positionnée dans un sens peu propice à la riposte. Toutes ces années passées à manier Hecatomb ont altérées ma capacité à manier correctement ce type d’épée, et le temps perdu en actes inutiles rend impossible toute contre-attaque. Cet instant d’erreur permet à mon adversaire de s’éloigner de nouveau, mais aussi de dégainer son arme. Ce manège met mes nerfs à dure épreuve, tentant de contrôler avec un esprit calme les pulsions d’assaut irréfléchis qui commencent à s’emparer de moi. Toutefois, avec une certaine réactivité, j’élance mon bras dans un coup de taille très ample.
Une fois de plus c’était sans compter sur l’agilité aussi agaçante que remarquable de mon élève, qui esquive rapidement pour enfoncer son arme dans ma garde englobante. La lame fine fait pression sur mes métacarpiens, faisant apparaitre sur mon visage une moue tordue par la frustration et la douleur. Non contente de l’embarras dans lequel elle me met, elle prend appui de ses deux jambes sur mon torse et se démène comme un beau diable. Dans un geste rapide et désespéré je tente une fois de plus de l’attraper, mais ne réussit encore qu’à saisir le vide. La petite glisse vers le sol, son pied ripant sur mes côtes, ce qui fait remonter jusqu’à la base de mon cou d’innombrables fourmillements. Mes côtes se contractent et je ne peux retenir un léger éclat de rire réflexe.
Cette hilarité passagère à pour effet d’écarter Taichi qui abandonne sa lame toujours logée dans son écrin de fer et de chair. Elle me dévisage un instant, juste assez pour que je réalise que je lui offre sur un plateau d’argent l’une des faiblesses dont je ne peux pas me défaire : je crains les chatouilles…
C’est l’indice de trop, et il faut que je réagisse en vitesse avant qu’elle ne puisse fomenter un plan tordu, ce qui semble déjà trop tard vu les berlons qu’elle pose sur moi. Alors, aussi vite que possible, j’empoigne Tsukinoha pour la dégager, mais il est trop tard. Aussi vive que le faucon fondant sur sa proie, elle esquive mon bras, passant dans le creux de ma garde imparfaite et commence à agiter ses doigts sur mes côtes. En un instant, les spasmes de mon thorax poussent sur mon diaphragme, m’obligeant à réfréner les deux premières poussées sonores, avant d’abandonner toute résistance pour laisser éclater un rire jovial et incontrôlable.
Plus la manoeuvre continue et plus les rires de la petite se joignent aux miens, et c’est sans même réfléchir que mes deux mains se desserrent pour protéger mes points sensibles, laissant tomber sur le sol les armes que je tenais fermement jusque là.
Puis elle s’éloigne, me laissant le temps de calmer mon hilarité en ramassant son arme. Je dois avouer que la manoeuvre a extrêmement bien marché, elle à su desceller - par inadvertance certes - un de mes points faibles et en tirer partie afin de me forcer à lâcher prise. C’était tiré par les cheveux mais ça a marché, et c’est tout ce qui compte !
Alors elle tourne vers moi un regard aussi malicieux qu’enjoué, même malgré la fatigue, et m’incite à continuer le combat.
Je me donne quelques seconde pour souffler, lorsque je laisse mollement tomber à terre le cadavre de la dernière arme qui jonche le champ de bataille. Ça fait plus d’une heure maintenant que notre session détente s’est terminée, et des cadavres fait d’acier jonchent maintenant le sol de notre arène. Il ne reste qu’une lame, une seule. La plus robuste, et le pire cauchemar de la jeune Ninja. J’ai moi-même quelque appréhensions à la reprendre ne main, vu le déroulement de notre affrontement lorsque je l’ai ramassée plus tôt dans notre entrainement.
Il est cependant nécessaire d’en reprendre l’usage, afin de terminer ce défi absurde de difficulté. Je salue néanmoins la résistance de mon élève qui a tenu bon et continue de tenir malgré mes mauvais traitements. Je salue aussi son raisonnement affuté, voyant chacun de ses pas reculant à mesure que je m’approche de l’arbre où ma hache est plantée. Sage décision en effet, car après tout le réel défi commence maintenant. Le fait que la force commence à lui manquer ne m’a bien entendu pas échappé, voyant comment elle tient maintenant la lame-lune avec beaucoup moins de fermeté qu’au début. La fatigue prends le pas sur la détermination de la petite, pourtant toujours visible malgré son souffle court. Elle semble résolu à vouloir aller jusqu’au bout, ce qui est tout à fait ce que j’attends d’elle. Elle prouvera qu’elle est digne de mon entrainement, mais se prouvera aussi beaucoup par la même occasion, ce qui est en réalité le deuxième but de ce manège martial.
Trêve de rêvasserie, j’arrive enfin au niveau du manche de l’arme mortelle. Faisant glisser sur le bois vernis mes doigts calleux, je l’agrippe et tire dessus d’un coup sec, délogeant dans un craquement sinistre le tranchant affuté. Puis je me retourne lentement vers mon adversaire tout en prenant mon arme bien en mains, faisant grincer le bois sous ma poigne, avant de lancer une charge puissante sans crier gare. Je compte cette fois sur la baisse de réactivité de la petite pour réussir à porter mon coup, mais il en faut encore un peu plus pour la surprendre. Elle esquive sans aucune grâce cette fois la menace de mon épaule tendue, et se retrouve à terre sans comprendre ce qu’elle y fait. Une aubaine que je m’empresse de saisir, profitant de mon élan pour manoeuvre un demi-tour express, hache tendue visant l’armure de cuir bouilli. Cette fois l’agilité ne lui fait pas défaut et elle parvient à esquiver, me laissant finir ma course dos contre terre, mais une simple roulade et me revoilà sur mes deux jambes, prêt à rebondir asséner un violent coup descendant paré par le plat du wakizashi.
En temps que forgeron, il m’arrive de devoir me saisir d’une masse à deux mains pour marteler certains aciers très rigides, et cet exercice a rendu mes frappes bien plus dévastatrices. La petite accuse le choc comme un piquet que l’on met en terre, ses jambes flagellent sous la force de l’impact mais lui permettent quand même de bondir hors d’atteinte. Sa capacité d’analyse prends le relais, ne lui laissant aucun repos. A peine eut-elle posé les pieds sur l’herbe qu’un sourire se dessine sur ses lèvres. Juste le temps de se ramasser sur elle-même qu’elle lance de son plein gré un assaut frontal, arme en avant, prête à en découdre. Du moins c’est ce que je pensais jusqu’a ce qu’elle esquive le même coup que je lui infligeant quelques secondes auparavant. Un instant lui suffit pour frapper ma lame de son pied et prendre appui dessus. Je ne comprends pas la manoeuvre et tente de relever mon arme pour riposter, ce qui lui donne l’impulsion nécessaire pour… m’escalader ?! Mon bras, mon épaule puis ma tête sont foulés au pied par la petite impétueuse qui disparait sur le toit. Je braque mon regard furieux vers les tuiles qui pavent la toiture de mon échoppe, balayant chaque recoin assombri par le soleil couchant. Elle est surement là quelque part, tapie dans l’ombre comme un serpent qui attend son heure. A la perfide petite anguille ! Me prendre pour un tremplin, moi !! Si je l’attrape je vais aller te lui apprendre les bonnes manières !
Je recule d’un pas tout en gardant les yeux sur le toit. L’arbre proche ombrage un peu plus cette zone couverte de ténèbres insondables, et il m’est inutile de tendre l’oreille à l’affut d’un quelconque frémissement tant ma respiration bruyante fausse mon ouïe. Je me campe un peu plus sur mes positions lorsqu’un bruissement de feuille n’ayant rien à voir avec le vent attire mon attention. Je tourne la tête pour m’apercevoir que quelque chose bouge entre les branches. Petite futée, c’est donc d’ici qu’elle compte lancer l’offensive !
Je rode tel un loup au pied de l’arbre, guettant l’instant où mon diner quittera son perchoir pour tomber dans ma gueule acérée. Ce qui ne tarde pas, la voilà qui plonge avec célérité à mon contact. Je brandit ma hache au-dessus de ma tête pour bloquer son coup tout en la repoussant d’un swing bien placé. Le bruit métallique du choc résonne assez pour étouffer le bruit de chute de mon adversaire un peu plus loin.
Je lui laisse une seconde pour se redresser difficilement, reprenant mon arme bien en main dans l’objectif clair et net de terminer l’affrontement. Elle force sur sa cheville gauche, l’autre semblant douloureuse. Dans sa manoeuvre précédente elle s’est surement blessée, ce qui démontre une faiblesse assez facile pour moi à exploiter. Mais avant même que je n’entame un pas, elle adopte une position pour le moins étrange. Une main brandie au ciel, l’autre tenant son sabre braqué dans ma direction, ça ressemblait à s’y méprendre à l’une de ces positions caricaturales que l’on retrouve dans les mangas, de ces techniques d’invocations mystiques qui font le charme de cet art japonais. Là cependant nous ne sommes pas dans une fresque couchée sur papier à l’encre de Chine, mais bien dans la réalité, et je commence à apercevoir quelques étincelles parcourir les frêles doigts de mon élève. Je peine à en croire mes yeux, mais une chose est certaine et j’ai un sale pressentiment : je dois l’arrêter avant que ce qu’elle prépare n’arrive à terme, quoi que ce soit.
Je fonce sur elle avec la puissance et la vitesse d’un boulet de canon, frappant de plein fouet le plat de son arme interposée. Elle est repoussée une fois de plus mais le choc n’a pas réussi à ébranler une seule seconde sa concentration, et elle porte maintenant au creux de sa main une orbe tourbillonnante de lumière. Je reste béat d’incompréhension une seconde, suffisamment longtemps pour lui permettre de me la jeter à la gueule sans aucune forme de procès.
Menacé par cet ennemi nouveau, mon expérience de guerrier me pousse à esquiver mais il est trop tard, ne me reste que le réflexe de parer. L’orbe frappe le manche de bois, et soudain les muscles de mes doigts se contractent comme si j’eu touché une clôture électrique. L’acier de renfort chauffe à m’en bruler les doigts et le flash puissant m’aveugle un instant. Cette contraction sporadique m’empêche de jeter l’arme loin de moi, chose que j’aurai aimé faire sur l’instant, mais le temps que ma vue revienne et que le choc passe une autre orbe de même acabit frappe mon arme sans que je ne puisse réagir. L’explosion est rude, si puissante que le manche vol en éclat entre mes doigts et laisse retomber à terre la lourde tête fumante. J’ai au moins réussi à fermer les yeux avant l’explosion, ce qui ne m’a pas empêché de tomber sur le cul par la force de l’impact. Lorsque je les ouvre de nouveaux, l’air hagard, la petit me tombe dans les bras en me serrant aussi fort qu’elle le peut encore. Je ne sais comment réagir dans un premier temps, assis à même le sol les paumes de mes mains ouvertes tournées vers le ciel, parsemées d’écorchures sanguinolentes. Je n’ose bouger tandis qu’elle s’assied sur ma cuisse, encore perturbé par la soudaine tournure des évènements. Pour elle cela semblait presque enfantin, comme si c’était normal, la voilà même qui baille avec insouciance. Je suis médusé, mais les questions viendront après, la petite me remercie de l’avoir prit pour élève. Jamais je ne me serait douté qu’elle cachait un atout aussi dangereux dans sa manche, je me serait sans doute mieux préparé, mais il est indéniable qu’elle est bien plus dangereuse qu’il n’y parait. Peut-être même plus encore que moi.
Elle attarde son regard fatigué sur mes mains, et semble ne percuter que maintenant le piteux état dans lequel elles se trouvent.
« Oh non ! Sumimasen Jarlsonfel-sama. Je vous ai blessé ... ça ne vous fait pas trop mal ? Je vais aller chercher la boîte à pharmacie, pour nettoyer tout ça. »
Et alors qu’elle tente de se lever ses jambes se dérobent sous son poids, de fatigue et de douleur. Elle est visiblement épuisée, et malgré ses grands talents de combattante elle reste une enfant. Elle est à bout, elle ne peut même plus marcher par ma faute, et malgré cette condition elle a tenu bon jusqu’à maintenant. Je ne peux qu’être fier d’elle pour avoir relevé mon défi et m’avoir vaincu en bonne et due forme.
Alors je pose ma main gauche sur son épaisse tignasse mauve et commence à caresser doucement ses cheveux, en la tirant doucement contre moi de ma main droite.
« Tu t’es bien battue, j’suis fier de toi, et… de pouvoir t’appeler « mon élève ». »
Je la relâche un peu pour la laisser respirer, et essuie l’un de ses larmes avec la partie intact de mon pouce.
« T’en fais pas pour moi j’ai le cuir épais, ça ira mieux dès demain ! »
Puis je passe mon avant bras droit sous ses cuisses tout en me relevant, la portant sans soucis contre mon torse. Je lui adresse un large sourire tout en me dirigeant vers la porte arrière de ma forge. Je ne m’arrête pas en passant devant les fourneaux encore tièdes, jusqu’à rallier l’escalier qui monte jusqu’à chez moi.
Après avoir passé la porte, je me dirige au centre du petit salon ou trône un large canapé et y dépose en douceur la petite.
« Reposes toi un instant. »
Je me dirige alors vers la chambre et ouvre mon placard à la recherche de quelques affaires à offrir à la petite pour qu’elle se change. A défaut de vêtements de gosse, je trouve un tee-shirt qui m’es un peu trop petit mais bien assez grand pour lui faire une robe.
Puis je reviens vers la petite qui, sage comme une image, n’avait pas bougé d’un iota. Je lui pose le vêtement sur les genoux avant de repartir vers la cuisine.
« La douche est au fond du couloir sur ta gauche, prends tout ton temps. Je nous prépare quelque chose en attendant. »
Je laisse Taichi se débrouiller à partir de là, elle a bien mérité un peu de confort et de quoi se soulager de la fatigue et de la crasse qui doit la recouvrir après tant de batailles. J’occupe désormais mon temps d’attente en faisant de nouveau du thé, et me met en cuisine. Je n’ai aucun talent pour cet art si noble, mais les rudiments de la cuisine Norvégienne ça je maitrise.
Je me lance dans la confection d’un Kalops de boeuf, assez long à cuire mais j’imagine qu’un ragout pareil serait le bienvenu afin de nous requinquer mon élève et moi.
Je taille donc la viande, les légumes et les herbes avant de faire revenir le tout. Au total une quinzaine de minutes me sont nécessaires pour préparer la base, et j’abandonne sur le feu mon creuset et laisse mijoter la préparation. J’allais ensuite me lancer dans la préparation de l’apéritif lorsqu’une brève mais intense douleur me perfore la paume de la main gauche. Avec toutes ces émotions et l’adrénaline encore présente j’en avais totalement oublié les innombrables échardes qui percent ma peau.
Remettant à plus tard mon projet culinaire je me saisit d’un couteau bien affuté et commence à faire sauter une à une tous les petits morceaux de bois qui jonchent mon épiderme. Je finis enfin lorsque la porte de la salle d’eau s’ouvre, délivrant un flot de vapeur épaisse. Dans l’embrasure de la porte apparait Taichi Tomoe, les cheveux encore humides, vêtu d’une robe d’infortune qui lui donne un air enfantin presque attendrissant. Je me verse un peu de désinfectant sur les mains avant d’empoigner deux verres et une bonne bouteille de whisky, ainsi qu’une poche de glace à usage médicinal et de la bande qui trainait sur la table. Le point positif à vivre une vie de chasseur, c’est qu’on a toujours de quoi se rafistoler à portée de main.
« Assied toi, met toi à l’aise ! »
J’attend que la jeune femme se soit installée avant de lui bander la cheville avec la poche de glace pour soulager la douleur et l’inflammation. Puis je m’assois à mon tour sur le fauteuil en face d’elle et je nous sers une bonne rasade d’alcool à chacun. Poussant le verre vers elle, je lève le mien avant de prononcer le fatidique « Skøll » qui lance le début de la soirée.
« Bois un coup, ça va te requinquer. Skøll ! »
Je bois juste une gorgée, puis considère la petite tandis qu’elle trempe ses lèvre dans le breuvage en grimaçant. Ça m’arrache un petit sourire amusé, attendri, puis je repose mon verre et rive mon regard au sien, très sérieusement. Juste par mon ton, on comprends que je suis en attente de réponses claires.
« Dis moi Taichi… Tout à l’heure, c’était quoi cette orbe de lumière ? »
La petite soupire, témoignage visible de son agacement, et baisse un instant sa garde sans pour autant me quitter des yeux. Elle m’analyse en silence, portant sur la lame dans ma main une attention toute particulière.
De longues secondes s’écoulent, durant lesquelles aucun de nous deux ne bouge, puis Taichi Tomoe prends l’initiative du premier mouvement. Cependant elle n’attaque pas, elle déchire contre toute attente un lambeau de vêtement dont elle entoure largement sa petite main. Dans cet écrin de tissus et de chair elle place le tranchant de sa lame, comme si celle-ci retrouvait la quiétude de son fourreau préalablement interdit. C’est ainsi que, lame battant doucement son flan, elle avance vers moi. Posture droite, regard ferme, sa prestance est presque incroyable. Elle ne ressemble pas à la petite fille chétive qui avait passé le matin la porte de ma forge, mais bien à une guerrière sage et aguerrie avançant vers un danger certain avec le calme d’un lac de montagne et la sérénité d’un plume portée par le doux vent d’été. A dire vrai, aurait-elle été plus âgé qu’elle m’aurait sans doute fait frissonner. Il y a dans son regard la fermeté d’une résolution sans faille digne des plus grands bretteurs de ce monde, mais sa conduite légère bien qu’audacieuse me donne l’impression d’être sous-estimé l’espace d’un instant. Ce sentiment puissant me regonfle à bloc et réveille tous mes instincts, juste à temps pour éviter une glissade sortie de nulle part. La cible de mon adversaire est ma jambe, sans nul doute pour la crocheter et me faire perdre mes appuis, mais je lève le membre lourd avant qu’elle ne puisse le toucher. A portée de lame, j’abat sur elle le tranchant affuté dans l’espoir de la voir de nouveau dégainer, mais c’est peine perdue car la petite prends appuie sur sa main libre pour bondir… et m’asséner un violent coup au creux du sternum. Mon souffle se coupe instantanément dans un craquement bruyant, ne me laissant que mon instinct pour riposter mais trop tard. Je chancelle et recule contre ma volonté tandis que la jeune s’éloigne d’un saut.
Sans temps mort, je me ressaisit sans reprendre de respiration et fond droit sur elle, épée brandie en avant. Mes mouvements sont ralentis par la toux rauque que je retiens, il m’est difficile de chercher de l’air avec cette douleur écrasante et diffuse ancrée dans ma poitrine, ce qui permet une nouvelle esquive à la kunoïchi. Je n’en démords pas et lance de multiples assauts, en estoc ou en tranche, mais chacune se solde par un échec. À chaque attaque s’oppose une esquive fluide, la lame lourde ne rencontrant rien d’autre que l’air ou la terre. Comme je l’avais prévu, cette arme ne convient plus à mon style de combat, et les souvenirs de l’escrime sont loins derrière moi. Fut un temps j’aurai pu tirer quelque chose de ce combat, mais actuellement seul l’énervement commence à monter en moi. Profitant de cette danse particulière, la jeune femme défait un autre lambeau de sa tunique pour nouer son arme au niveau de ses hanches, libérant de ce fait ses deux mains. Retrouvant toute son agilité, libérée du fourreau fait de sa main, elle se glisse agilement dans mon dos et tente de me déstabiliser en agrippant mes jambes à leur base. C’est sans compter sur mes 120kg de barbaque solidement ancrés au sol. Voilà peut-être ma chance de riposter ! Je tente alors d’utiliser cette inutile main libre et de la mette à profit pour attraper mon adversaire, mais elle esquive encore en fuyant sur mon côté gauche, mais ce petit jeu ne prendra pas cette fois-ci !
Ayant à peu près retrouvé un souffle décent, j’inspire grandement et porte par réflexe ma seconde main vers le pommeau, la délogeant du creux de mes lombaires où je l’avais logé. Malheureusement elle se heurte à la cage d’acier qui entoure mon autre poigne, rendant la manœuvre autant ridicule qu’inutile. Et malgré mes efforts pour dissimuler cette erreur de débutant, la manoeuvre n’a clairement pas échappée à mon élève. Un rapide coup d’oeil de sa part sur le champ de bataille suffit à m’éclairer sur l’objet de sa pensée. Elle à compris, elle sait que cet arme que je tiens solidement en main est plus un handicap pour moi que pour elle, contrairement à ce que je pensait en la ramassant. Au final mon atout se retourne contre moi de la pire des façons. Et cet handicap donne à mon élève la motivation nécessaire pour lancer une charge frontale. Bien que désarmée pour le moment, son agilité est à redouter en tout point, et l’attaquer est ma seule solution. Je brandis donc la lourde lame vers le ciel avant de frapper, rencontrant une fois de plus le vide. Mais la petite, futée et affutée, se rue sur… ma main. Elle empoigne et tire aussi fort qu’elle le peut cette garde de fer que je tiens avec vigueur, sans réussir à me la faire lâcher, puis bondit hors de portée avant que je n’ai le temps de riposter.
Loin d’être découragée, elle fonce ensuite avec la ferme idée de me forcer à lâcher mon arme, exécutant un saut bien placé dans le but d’écraser la partie non protégée de mon poignet. La manoeuvre est simple, lisible pour un oeil aussi averti que le mien, mais loin d’être entreprise avec une très certaine précision au moment le plus opportun. Qu’il en soit ainsi, j’interposer le plat de ma lame, large, sous le pied qui vient frapper avec élan mon prétendu point faible. Seulement son assaut de gauche me pousse à tenter un nouveau changement de main en vain, l’arme étant positionnée dans un sens peu propice à la riposte. Toutes ces années passées à manier Hecatomb ont altérées ma capacité à manier correctement ce type d’épée, et le temps perdu en actes inutiles rend impossible toute contre-attaque. Cet instant d’erreur permet à mon adversaire de s’éloigner de nouveau, mais aussi de dégainer son arme. Ce manège met mes nerfs à dure épreuve, tentant de contrôler avec un esprit calme les pulsions d’assaut irréfléchis qui commencent à s’emparer de moi. Toutefois, avec une certaine réactivité, j’élance mon bras dans un coup de taille très ample.
Une fois de plus c’était sans compter sur l’agilité aussi agaçante que remarquable de mon élève, qui esquive rapidement pour enfoncer son arme dans ma garde englobante. La lame fine fait pression sur mes métacarpiens, faisant apparaitre sur mon visage une moue tordue par la frustration et la douleur. Non contente de l’embarras dans lequel elle me met, elle prend appui de ses deux jambes sur mon torse et se démène comme un beau diable. Dans un geste rapide et désespéré je tente une fois de plus de l’attraper, mais ne réussit encore qu’à saisir le vide. La petite glisse vers le sol, son pied ripant sur mes côtes, ce qui fait remonter jusqu’à la base de mon cou d’innombrables fourmillements. Mes côtes se contractent et je ne peux retenir un léger éclat de rire réflexe.
Cette hilarité passagère à pour effet d’écarter Taichi qui abandonne sa lame toujours logée dans son écrin de fer et de chair. Elle me dévisage un instant, juste assez pour que je réalise que je lui offre sur un plateau d’argent l’une des faiblesses dont je ne peux pas me défaire : je crains les chatouilles…
C’est l’indice de trop, et il faut que je réagisse en vitesse avant qu’elle ne puisse fomenter un plan tordu, ce qui semble déjà trop tard vu les berlons qu’elle pose sur moi. Alors, aussi vite que possible, j’empoigne Tsukinoha pour la dégager, mais il est trop tard. Aussi vive que le faucon fondant sur sa proie, elle esquive mon bras, passant dans le creux de ma garde imparfaite et commence à agiter ses doigts sur mes côtes. En un instant, les spasmes de mon thorax poussent sur mon diaphragme, m’obligeant à réfréner les deux premières poussées sonores, avant d’abandonner toute résistance pour laisser éclater un rire jovial et incontrôlable.
Plus la manoeuvre continue et plus les rires de la petite se joignent aux miens, et c’est sans même réfléchir que mes deux mains se desserrent pour protéger mes points sensibles, laissant tomber sur le sol les armes que je tenais fermement jusque là.
Puis elle s’éloigne, me laissant le temps de calmer mon hilarité en ramassant son arme. Je dois avouer que la manoeuvre a extrêmement bien marché, elle à su desceller - par inadvertance certes - un de mes points faibles et en tirer partie afin de me forcer à lâcher prise. C’était tiré par les cheveux mais ça a marché, et c’est tout ce qui compte !
Alors elle tourne vers moi un regard aussi malicieux qu’enjoué, même malgré la fatigue, et m’incite à continuer le combat.
…
Je me donne quelques seconde pour souffler, lorsque je laisse mollement tomber à terre le cadavre de la dernière arme qui jonche le champ de bataille. Ça fait plus d’une heure maintenant que notre session détente s’est terminée, et des cadavres fait d’acier jonchent maintenant le sol de notre arène. Il ne reste qu’une lame, une seule. La plus robuste, et le pire cauchemar de la jeune Ninja. J’ai moi-même quelque appréhensions à la reprendre ne main, vu le déroulement de notre affrontement lorsque je l’ai ramassée plus tôt dans notre entrainement.
Il est cependant nécessaire d’en reprendre l’usage, afin de terminer ce défi absurde de difficulté. Je salue néanmoins la résistance de mon élève qui a tenu bon et continue de tenir malgré mes mauvais traitements. Je salue aussi son raisonnement affuté, voyant chacun de ses pas reculant à mesure que je m’approche de l’arbre où ma hache est plantée. Sage décision en effet, car après tout le réel défi commence maintenant. Le fait que la force commence à lui manquer ne m’a bien entendu pas échappé, voyant comment elle tient maintenant la lame-lune avec beaucoup moins de fermeté qu’au début. La fatigue prends le pas sur la détermination de la petite, pourtant toujours visible malgré son souffle court. Elle semble résolu à vouloir aller jusqu’au bout, ce qui est tout à fait ce que j’attends d’elle. Elle prouvera qu’elle est digne de mon entrainement, mais se prouvera aussi beaucoup par la même occasion, ce qui est en réalité le deuxième but de ce manège martial.
Trêve de rêvasserie, j’arrive enfin au niveau du manche de l’arme mortelle. Faisant glisser sur le bois vernis mes doigts calleux, je l’agrippe et tire dessus d’un coup sec, délogeant dans un craquement sinistre le tranchant affuté. Puis je me retourne lentement vers mon adversaire tout en prenant mon arme bien en mains, faisant grincer le bois sous ma poigne, avant de lancer une charge puissante sans crier gare. Je compte cette fois sur la baisse de réactivité de la petite pour réussir à porter mon coup, mais il en faut encore un peu plus pour la surprendre. Elle esquive sans aucune grâce cette fois la menace de mon épaule tendue, et se retrouve à terre sans comprendre ce qu’elle y fait. Une aubaine que je m’empresse de saisir, profitant de mon élan pour manoeuvre un demi-tour express, hache tendue visant l’armure de cuir bouilli. Cette fois l’agilité ne lui fait pas défaut et elle parvient à esquiver, me laissant finir ma course dos contre terre, mais une simple roulade et me revoilà sur mes deux jambes, prêt à rebondir asséner un violent coup descendant paré par le plat du wakizashi.
En temps que forgeron, il m’arrive de devoir me saisir d’une masse à deux mains pour marteler certains aciers très rigides, et cet exercice a rendu mes frappes bien plus dévastatrices. La petite accuse le choc comme un piquet que l’on met en terre, ses jambes flagellent sous la force de l’impact mais lui permettent quand même de bondir hors d’atteinte. Sa capacité d’analyse prends le relais, ne lui laissant aucun repos. A peine eut-elle posé les pieds sur l’herbe qu’un sourire se dessine sur ses lèvres. Juste le temps de se ramasser sur elle-même qu’elle lance de son plein gré un assaut frontal, arme en avant, prête à en découdre. Du moins c’est ce que je pensais jusqu’a ce qu’elle esquive le même coup que je lui infligeant quelques secondes auparavant. Un instant lui suffit pour frapper ma lame de son pied et prendre appui dessus. Je ne comprends pas la manoeuvre et tente de relever mon arme pour riposter, ce qui lui donne l’impulsion nécessaire pour… m’escalader ?! Mon bras, mon épaule puis ma tête sont foulés au pied par la petite impétueuse qui disparait sur le toit. Je braque mon regard furieux vers les tuiles qui pavent la toiture de mon échoppe, balayant chaque recoin assombri par le soleil couchant. Elle est surement là quelque part, tapie dans l’ombre comme un serpent qui attend son heure. A la perfide petite anguille ! Me prendre pour un tremplin, moi !! Si je l’attrape je vais aller te lui apprendre les bonnes manières !
Je recule d’un pas tout en gardant les yeux sur le toit. L’arbre proche ombrage un peu plus cette zone couverte de ténèbres insondables, et il m’est inutile de tendre l’oreille à l’affut d’un quelconque frémissement tant ma respiration bruyante fausse mon ouïe. Je me campe un peu plus sur mes positions lorsqu’un bruissement de feuille n’ayant rien à voir avec le vent attire mon attention. Je tourne la tête pour m’apercevoir que quelque chose bouge entre les branches. Petite futée, c’est donc d’ici qu’elle compte lancer l’offensive !
Je rode tel un loup au pied de l’arbre, guettant l’instant où mon diner quittera son perchoir pour tomber dans ma gueule acérée. Ce qui ne tarde pas, la voilà qui plonge avec célérité à mon contact. Je brandit ma hache au-dessus de ma tête pour bloquer son coup tout en la repoussant d’un swing bien placé. Le bruit métallique du choc résonne assez pour étouffer le bruit de chute de mon adversaire un peu plus loin.
Je lui laisse une seconde pour se redresser difficilement, reprenant mon arme bien en main dans l’objectif clair et net de terminer l’affrontement. Elle force sur sa cheville gauche, l’autre semblant douloureuse. Dans sa manoeuvre précédente elle s’est surement blessée, ce qui démontre une faiblesse assez facile pour moi à exploiter. Mais avant même que je n’entame un pas, elle adopte une position pour le moins étrange. Une main brandie au ciel, l’autre tenant son sabre braqué dans ma direction, ça ressemblait à s’y méprendre à l’une de ces positions caricaturales que l’on retrouve dans les mangas, de ces techniques d’invocations mystiques qui font le charme de cet art japonais. Là cependant nous ne sommes pas dans une fresque couchée sur papier à l’encre de Chine, mais bien dans la réalité, et je commence à apercevoir quelques étincelles parcourir les frêles doigts de mon élève. Je peine à en croire mes yeux, mais une chose est certaine et j’ai un sale pressentiment : je dois l’arrêter avant que ce qu’elle prépare n’arrive à terme, quoi que ce soit.
Je fonce sur elle avec la puissance et la vitesse d’un boulet de canon, frappant de plein fouet le plat de son arme interposée. Elle est repoussée une fois de plus mais le choc n’a pas réussi à ébranler une seule seconde sa concentration, et elle porte maintenant au creux de sa main une orbe tourbillonnante de lumière. Je reste béat d’incompréhension une seconde, suffisamment longtemps pour lui permettre de me la jeter à la gueule sans aucune forme de procès.
Menacé par cet ennemi nouveau, mon expérience de guerrier me pousse à esquiver mais il est trop tard, ne me reste que le réflexe de parer. L’orbe frappe le manche de bois, et soudain les muscles de mes doigts se contractent comme si j’eu touché une clôture électrique. L’acier de renfort chauffe à m’en bruler les doigts et le flash puissant m’aveugle un instant. Cette contraction sporadique m’empêche de jeter l’arme loin de moi, chose que j’aurai aimé faire sur l’instant, mais le temps que ma vue revienne et que le choc passe une autre orbe de même acabit frappe mon arme sans que je ne puisse réagir. L’explosion est rude, si puissante que le manche vol en éclat entre mes doigts et laisse retomber à terre la lourde tête fumante. J’ai au moins réussi à fermer les yeux avant l’explosion, ce qui ne m’a pas empêché de tomber sur le cul par la force de l’impact. Lorsque je les ouvre de nouveaux, l’air hagard, la petit me tombe dans les bras en me serrant aussi fort qu’elle le peut encore. Je ne sais comment réagir dans un premier temps, assis à même le sol les paumes de mes mains ouvertes tournées vers le ciel, parsemées d’écorchures sanguinolentes. Je n’ose bouger tandis qu’elle s’assied sur ma cuisse, encore perturbé par la soudaine tournure des évènements. Pour elle cela semblait presque enfantin, comme si c’était normal, la voilà même qui baille avec insouciance. Je suis médusé, mais les questions viendront après, la petite me remercie de l’avoir prit pour élève. Jamais je ne me serait douté qu’elle cachait un atout aussi dangereux dans sa manche, je me serait sans doute mieux préparé, mais il est indéniable qu’elle est bien plus dangereuse qu’il n’y parait. Peut-être même plus encore que moi.
Elle attarde son regard fatigué sur mes mains, et semble ne percuter que maintenant le piteux état dans lequel elles se trouvent.
« Oh non ! Sumimasen Jarlsonfel-sama. Je vous ai blessé ... ça ne vous fait pas trop mal ? Je vais aller chercher la boîte à pharmacie, pour nettoyer tout ça. »
Et alors qu’elle tente de se lever ses jambes se dérobent sous son poids, de fatigue et de douleur. Elle est visiblement épuisée, et malgré ses grands talents de combattante elle reste une enfant. Elle est à bout, elle ne peut même plus marcher par ma faute, et malgré cette condition elle a tenu bon jusqu’à maintenant. Je ne peux qu’être fier d’elle pour avoir relevé mon défi et m’avoir vaincu en bonne et due forme.
Alors je pose ma main gauche sur son épaisse tignasse mauve et commence à caresser doucement ses cheveux, en la tirant doucement contre moi de ma main droite.
« Tu t’es bien battue, j’suis fier de toi, et… de pouvoir t’appeler « mon élève ». »
Je la relâche un peu pour la laisser respirer, et essuie l’un de ses larmes avec la partie intact de mon pouce.
« T’en fais pas pour moi j’ai le cuir épais, ça ira mieux dès demain ! »
Puis je passe mon avant bras droit sous ses cuisses tout en me relevant, la portant sans soucis contre mon torse. Je lui adresse un large sourire tout en me dirigeant vers la porte arrière de ma forge. Je ne m’arrête pas en passant devant les fourneaux encore tièdes, jusqu’à rallier l’escalier qui monte jusqu’à chez moi.
Après avoir passé la porte, je me dirige au centre du petit salon ou trône un large canapé et y dépose en douceur la petite.
« Reposes toi un instant. »
Je me dirige alors vers la chambre et ouvre mon placard à la recherche de quelques affaires à offrir à la petite pour qu’elle se change. A défaut de vêtements de gosse, je trouve un tee-shirt qui m’es un peu trop petit mais bien assez grand pour lui faire une robe.
Puis je reviens vers la petite qui, sage comme une image, n’avait pas bougé d’un iota. Je lui pose le vêtement sur les genoux avant de repartir vers la cuisine.
« La douche est au fond du couloir sur ta gauche, prends tout ton temps. Je nous prépare quelque chose en attendant. »
Je laisse Taichi se débrouiller à partir de là, elle a bien mérité un peu de confort et de quoi se soulager de la fatigue et de la crasse qui doit la recouvrir après tant de batailles. J’occupe désormais mon temps d’attente en faisant de nouveau du thé, et me met en cuisine. Je n’ai aucun talent pour cet art si noble, mais les rudiments de la cuisine Norvégienne ça je maitrise.
Je me lance dans la confection d’un Kalops de boeuf, assez long à cuire mais j’imagine qu’un ragout pareil serait le bienvenu afin de nous requinquer mon élève et moi.
Je taille donc la viande, les légumes et les herbes avant de faire revenir le tout. Au total une quinzaine de minutes me sont nécessaires pour préparer la base, et j’abandonne sur le feu mon creuset et laisse mijoter la préparation. J’allais ensuite me lancer dans la préparation de l’apéritif lorsqu’une brève mais intense douleur me perfore la paume de la main gauche. Avec toutes ces émotions et l’adrénaline encore présente j’en avais totalement oublié les innombrables échardes qui percent ma peau.
Remettant à plus tard mon projet culinaire je me saisit d’un couteau bien affuté et commence à faire sauter une à une tous les petits morceaux de bois qui jonchent mon épiderme. Je finis enfin lorsque la porte de la salle d’eau s’ouvre, délivrant un flot de vapeur épaisse. Dans l’embrasure de la porte apparait Taichi Tomoe, les cheveux encore humides, vêtu d’une robe d’infortune qui lui donne un air enfantin presque attendrissant. Je me verse un peu de désinfectant sur les mains avant d’empoigner deux verres et une bonne bouteille de whisky, ainsi qu’une poche de glace à usage médicinal et de la bande qui trainait sur la table. Le point positif à vivre une vie de chasseur, c’est qu’on a toujours de quoi se rafistoler à portée de main.
« Assied toi, met toi à l’aise ! »
J’attend que la jeune femme se soit installée avant de lui bander la cheville avec la poche de glace pour soulager la douleur et l’inflammation. Puis je m’assois à mon tour sur le fauteuil en face d’elle et je nous sers une bonne rasade d’alcool à chacun. Poussant le verre vers elle, je lève le mien avant de prononcer le fatidique « Skøll » qui lance le début de la soirée.
« Bois un coup, ça va te requinquer. Skøll ! »
Je bois juste une gorgée, puis considère la petite tandis qu’elle trempe ses lèvre dans le breuvage en grimaçant. Ça m’arrache un petit sourire amusé, attendri, puis je repose mon verre et rive mon regard au sien, très sérieusement. Juste par mon ton, on comprends que je suis en attente de réponses claires.
« Dis moi Taichi… Tout à l’heure, c’était quoi cette orbe de lumière ? »
Kalops et questionnement
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Dim 31 Mai 2020 - 1:46
L'Enfant et la Bête
Feat Vilhelm A. Jarlsonfel & Taichi Tomoe Yukimura
Taichi Tomoe est surprise en sentant la grande main de son sensei sur sa tête. Elle relève doucement ses yeux, emplis de larmes, pour le regarder. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui caresse les cheveux pour l’apaiser, encore moins qu’il l’enlace à son tour en lui exprimant sa fierté. Sa fierté qu’elle se soit bien battu mais aussi de pouvoir l’appeler son élève. Délicatement, il essuie une larme sur son visage à l’aide de la zone intact de son pouce.
La petite grimace un peu lorsqu’il affirme avoir le cuir épais. Pour elle, ce n’est pas une raison pour minimiser les blessures qu’il a, même si oui probablement qu’on n’y verra plus rien dès le lendemain. Malgré elle, une rougeur s’installe sur ces pommettes lorsqu’il la porte, telle une princesse, jusqu’à l’étage de la forge. Posée avec douceur sur le canapé de la pièce centrale, Taichi en profite pour détailler le nouvel environnement qui s’offre à son regard.
La pièce n’est pas très grande, mais suffisamment pour une personne maximum deux. Elle se trouve assise sur un large canapé en cuir de couleur grise, assorti avec un fauteuil. Les deux assises entourent une table basse de même coloris rayée comme si elle avait vécu des actes de torture. Tout ce mobilier est posé sur un tapis noir, protégeant le sol en bois massif foncé. Face à elle, un écran plat qui pourrait être traitée de relique tant la poussière la recouvre alors qu’il n’en est rien, supporté par un meuble sans artifices. L’adolescente tourne la tête légèrement sur la gauche et y découvre un beau buffet, mais ce qui retient le plus son attention sont les sabres trônant dessus. Si seulement ils étaient plus mis en valeur, voilà la pensée qui domine son esprit. Chaque mur abrite plusieurs armes de tous les horizons, noyant l’information et la beauté de ces dernières à ses yeux. Son regard finit par accrocher la cuisine, et le bar très bien fournis. Elle n’est pas tellement plus petite que la sienne, mais l’équipement est différent, ne serait-ce que par le frigo américain digne de contenir le repas d’un régiment au grand complet.
Sagement, la sorcière n’a pas bougé. Son sensei dépose sur ces genoux un vêtement, et lui indique une porte comme étant la salle de douche, tout en précisant qu’elle peut prendre tout son temps dedans. Prenant délicatement le morceau de tissus, elle avance clopin-clopant jusqu’à la fameuse porte et entre dans la pièce, prenant soin de refermer derrière elle. La salle d’eau est plus que sommaire, une vasque, un miroir et une cabine de douche.
Elle pose le vêtement prêté sur le meuble supportant la vasque, et se déshabille en faisant bien attention à ses blessures. Elle entre dans la cabine de douche, allume l’eau et la règle pour qu’elle devienne froide. L’adolescente s’assoit alors sous le jet d’eau sur le sol et observe attentivement sa cheville. Cette dernière est rouge et enflée, ce qui n’est pas bon signe. Le cerveau de la petite s’active à émettre un diagnostique sur son état. Puisqu’elle peut poser le pied sur le sol sans hurler de douleur, c’est que l’os n’est pas cassé. Cependant une foulure sérieuse, ou une entorse prononcée, peuvent être tout aussi dangereuses. Un soupire passe ses lèvres, puisque le verdict est sans appel : elle devra aller voir un médecin. Ce qui implique croiser des gens, être coincée au milieu d’eux dans la salle d’attente.
Bien sûr, son esprit relativise de suite la situation. Cela ne sera pas pire que d’aller assister à un cours magistral, au milieu d’un amphithéâtre bondé d’étudiants. Pourtant Taichi ne peut s’empêcher de redouter encore plus le cabinet médical et sa salle d’attente. La logique lui fait mettre le doigt sur la principale différence : l’amphithéâtre est grand, la salle d’attente petite. La sensation d’être prise au piège est donc plus forte, même si le nombre de personne autour d’elle est moindre.
Un nouveau soupire est expiré, la petite s’aide du mur pour se redresser. Elle est déjà trempée de la tête aux pieds et, par conséquence, coupe l’eau momentanément. Son esprit vagabonde durant l’instant où elle se lave, l’obligeant à réaliser l’ampleur de son choix. Taichi Tomoe avait usé, pour la première fois de sa vie, de sa magie sur un être vivant. Certes il n’était pas la cible de l’attaque, mais il en avait subi le choc malgré tout. Comment va-t-elle pouvoir justifier cela ? Est-ce qu’elle ne risque rien par rapport aux sorciers ? Après tout, elle a brisé la Loi du Secret. Peut-être que pour gagner, par fierté, l’adolescente était allée trop loin ? Pourrait-elle se sortir de ce mauvais pas ?
L’eau, glacée, qu’elle rouvre et lui tombe sur le visage l’oblige à se concentrer sur le moment présent. Elle rince son petit corps, puis referme l’eau pour s’attaquer au shampoing de sa chevelure. Pestant entre ses lèvres contre ses cheveux trop long, qu’elle n’envisage pourtant pas de couper un seul instant. Toute sa concentration est tourné sur l’unique objectif de n’oublier aucune mèche lors du lavage, tâche ardue. Le rinçage de sa chevelure n’est pas moins compliqué que son lavage, au contraire puisqu’elle est contrainte de le faire par étape.
Une fois propre, elle reste un peu sous l’eau froide, les yeux fermées sans pensée à rien en particulier. Taichi a déconnecté son cerveau en quelque sorte et apprécie à sa juste valeur ce moment de pause.
Coupant une nouvelle fois l’eau, ayant utilisé de l’eau brulante pour terminer sa douche, la sorcière se permet de prendre une serviette dans le meuble sous la vasque pour se sécher le corps, puis les cheveux. Ce dernier point lui prend le plus de temps d’ailleurs. Pour terminer sa toilette, elle peigne sa chevelure. Elle enfile l’habit prêté par son sensei et se regarde dans le miroir. Ce n’est qu’un t-shirt, mais compte-tenu de la différence de taille entre le colosse et elle, cela lui fait une robe beaucoup trop large et longue pour elle. Qu’importe pour le moment, cela ira parfaitement bien. Avant de quitter la salle d’eau, la petite plie ses vêtements sale et sort avec de la pièce.
De la vapeur s’échappe derrière elle, et son sensei cherche à la mettre à l’aise en lui disant de s’assoir et de faire comme chez elle. A cette heure-ci, chez elle, Tachi Tomoe se serait fait un plateau repas, affalée devant son rétroprojecteur avec un bon film pour se détendre. Ici, elle n’ose pas prendre autant ses aises. Sagement, elle s’assoit donc à nouveau sur le canapé et se laisse faire lorsque Jarlsonfel-sama lui bande sa cheville avec une poche de glace médicinale. Le froid de la poche, s’heurte à la chaleur de la douleur lancinante. La sensation n’est pas agréable, mais ce n’est pas douloureux non plus.
Il lui sert alors un verre d’un whiskey dont elle ignore le nom et lui propose de trinquer. Taichi a une nette préférence pour le sake et n’est que très peu amateure de cette boisson occidentale.
« Kanpaï. »
Après avoir dit le mot d’usage, elle trempe ses lèvres dedans et grimace. Le goût ne lui plait pas trop, même s’il n’est pas aussi désagréable que dans son souvenir. Le sourire de son sensei et son regard attendri lui tire à elle aussi un sourire. La petite sorcière se sent rassurée et en sécurité.
« Dis moi Taichi ... Tout à l’heure, c’était quoi cet orbe de lumière ? »
La voilà qui déchante brutalement. Il veut une réponse et surtout qu’elle soit claire. Sans se poser plus de question, elle avale cul sec son verre grimaçant une nouvelle fois, avant de le lui tendre pour qu’il la resserve. Comment lui expliquer sans qu’il ne la prenne pour une folle bonne à enfermer ? Elle n’ose pas soutenir son regard et baisse donc les yeux sur son verre et le liquide ambré qu’il contient. Par où commencer ?
« Je ... je ... c’était une ... une illusion ? Enfin non pas ... pas vraiment mais ... enfin ... C’était un sort ... à moi. Mais je ne vous voulais pas de mal ! J’vous le jure Sensei ! »
L’adolescente s’est tue un instant et avale son second verre d’une traite. Le regard que porte sur elle son sensei ne l’aide pas à se calmer. Taichi Tomoe sait qu’elle va devoir en dire plus. Il doit croire qu’elle le prend pour un imbécile à tenter ce genre d’explication foireuse. Elle a peur. Terriblement peur qu’il ne la prenne pour une folle et qu’il revienne sur sa décision de la prendre comme élève. Rassemblant le peu de courage dont elle dispose, majoritairement offert par les deux verres qu’elle a bus.
« Tout ce que je vous dis là Jarlsonfel-sama, c’est un secret. Ça ne doit jamais être répété ... surtout pas. Je ne devrais même pas en parler en fait ... je viole LA règle. C’est impossible ... je suis impossible ! J’arrive à garder le secret sur ma vie en général, je vous le promets Sensei ! Personne ne sait ce que je fais comme boulot, ni même comment je peux vivre toute seule. J’suis autonome !
Toute l’université sait que je suis une surdouée. Maudite jusqu’à la moelle en prime ! J’peux pas aller en cours sans faire une crise de panique et j’peux pas me déplacer dans les couloirs sans être jugée par mes camarades. Mais le soir .. le soir je suis moi ... juste moi et terriblement efficace. En plus je gagne super bien ma vie, sans trop me fouler.
Mais ce secret ... CE secret ! J’suis même pas capable de ... de le garder ! C’est un comble quand même puisque c’est un peu mon job de garder des secrets ! Vous êtes le second humain qui me prend la main dans le sac. Si jamais le Secret l’apprend ... ou la Puissance ... ou pire ! La Justice ! J’suis morte ! »
La panique a pris le dessus. Le cerveau de Taichi Tomoe s’emballe, la fatigue prêtant main forte avec plaisir à sa vieille amie. Plus rien n’a de sens, elle s’inquiète pour des évènements qui peuvent ne pas avoir lieu. Elle devient incohérente parlant de sujet n’ayant pas de lien entre eux, hormis elle-même. L’alcool fait son effet aussi, la poussant à prendre un autre verre, contre sa raison qui vacille. C’est son sensei qui l’en empêche en posant calmement sa main sur le verre plein. Sans qu’il n’en ait conscience, son geste est apaisant pour la jeune fille et à le regarde sans broncher.
Elle inspire profondément. Refoulant temporairement sa panique et sa peur au fond de son être, accompagné par les larmes.
« Ne me prenez pas pour une folle ... je vous en prie Jarlsonfel-sama. Je ... je suis une .... une sorcière. »
La petite grimace un peu lorsqu’il affirme avoir le cuir épais. Pour elle, ce n’est pas une raison pour minimiser les blessures qu’il a, même si oui probablement qu’on n’y verra plus rien dès le lendemain. Malgré elle, une rougeur s’installe sur ces pommettes lorsqu’il la porte, telle une princesse, jusqu’à l’étage de la forge. Posée avec douceur sur le canapé de la pièce centrale, Taichi en profite pour détailler le nouvel environnement qui s’offre à son regard.
La pièce n’est pas très grande, mais suffisamment pour une personne maximum deux. Elle se trouve assise sur un large canapé en cuir de couleur grise, assorti avec un fauteuil. Les deux assises entourent une table basse de même coloris rayée comme si elle avait vécu des actes de torture. Tout ce mobilier est posé sur un tapis noir, protégeant le sol en bois massif foncé. Face à elle, un écran plat qui pourrait être traitée de relique tant la poussière la recouvre alors qu’il n’en est rien, supporté par un meuble sans artifices. L’adolescente tourne la tête légèrement sur la gauche et y découvre un beau buffet, mais ce qui retient le plus son attention sont les sabres trônant dessus. Si seulement ils étaient plus mis en valeur, voilà la pensée qui domine son esprit. Chaque mur abrite plusieurs armes de tous les horizons, noyant l’information et la beauté de ces dernières à ses yeux. Son regard finit par accrocher la cuisine, et le bar très bien fournis. Elle n’est pas tellement plus petite que la sienne, mais l’équipement est différent, ne serait-ce que par le frigo américain digne de contenir le repas d’un régiment au grand complet.
Sagement, la sorcière n’a pas bougé. Son sensei dépose sur ces genoux un vêtement, et lui indique une porte comme étant la salle de douche, tout en précisant qu’elle peut prendre tout son temps dedans. Prenant délicatement le morceau de tissus, elle avance clopin-clopant jusqu’à la fameuse porte et entre dans la pièce, prenant soin de refermer derrière elle. La salle d’eau est plus que sommaire, une vasque, un miroir et une cabine de douche.
Elle pose le vêtement prêté sur le meuble supportant la vasque, et se déshabille en faisant bien attention à ses blessures. Elle entre dans la cabine de douche, allume l’eau et la règle pour qu’elle devienne froide. L’adolescente s’assoit alors sous le jet d’eau sur le sol et observe attentivement sa cheville. Cette dernière est rouge et enflée, ce qui n’est pas bon signe. Le cerveau de la petite s’active à émettre un diagnostique sur son état. Puisqu’elle peut poser le pied sur le sol sans hurler de douleur, c’est que l’os n’est pas cassé. Cependant une foulure sérieuse, ou une entorse prononcée, peuvent être tout aussi dangereuses. Un soupire passe ses lèvres, puisque le verdict est sans appel : elle devra aller voir un médecin. Ce qui implique croiser des gens, être coincée au milieu d’eux dans la salle d’attente.
Bien sûr, son esprit relativise de suite la situation. Cela ne sera pas pire que d’aller assister à un cours magistral, au milieu d’un amphithéâtre bondé d’étudiants. Pourtant Taichi ne peut s’empêcher de redouter encore plus le cabinet médical et sa salle d’attente. La logique lui fait mettre le doigt sur la principale différence : l’amphithéâtre est grand, la salle d’attente petite. La sensation d’être prise au piège est donc plus forte, même si le nombre de personne autour d’elle est moindre.
Un nouveau soupire est expiré, la petite s’aide du mur pour se redresser. Elle est déjà trempée de la tête aux pieds et, par conséquence, coupe l’eau momentanément. Son esprit vagabonde durant l’instant où elle se lave, l’obligeant à réaliser l’ampleur de son choix. Taichi Tomoe avait usé, pour la première fois de sa vie, de sa magie sur un être vivant. Certes il n’était pas la cible de l’attaque, mais il en avait subi le choc malgré tout. Comment va-t-elle pouvoir justifier cela ? Est-ce qu’elle ne risque rien par rapport aux sorciers ? Après tout, elle a brisé la Loi du Secret. Peut-être que pour gagner, par fierté, l’adolescente était allée trop loin ? Pourrait-elle se sortir de ce mauvais pas ?
L’eau, glacée, qu’elle rouvre et lui tombe sur le visage l’oblige à se concentrer sur le moment présent. Elle rince son petit corps, puis referme l’eau pour s’attaquer au shampoing de sa chevelure. Pestant entre ses lèvres contre ses cheveux trop long, qu’elle n’envisage pourtant pas de couper un seul instant. Toute sa concentration est tourné sur l’unique objectif de n’oublier aucune mèche lors du lavage, tâche ardue. Le rinçage de sa chevelure n’est pas moins compliqué que son lavage, au contraire puisqu’elle est contrainte de le faire par étape.
Une fois propre, elle reste un peu sous l’eau froide, les yeux fermées sans pensée à rien en particulier. Taichi a déconnecté son cerveau en quelque sorte et apprécie à sa juste valeur ce moment de pause.
Coupant une nouvelle fois l’eau, ayant utilisé de l’eau brulante pour terminer sa douche, la sorcière se permet de prendre une serviette dans le meuble sous la vasque pour se sécher le corps, puis les cheveux. Ce dernier point lui prend le plus de temps d’ailleurs. Pour terminer sa toilette, elle peigne sa chevelure. Elle enfile l’habit prêté par son sensei et se regarde dans le miroir. Ce n’est qu’un t-shirt, mais compte-tenu de la différence de taille entre le colosse et elle, cela lui fait une robe beaucoup trop large et longue pour elle. Qu’importe pour le moment, cela ira parfaitement bien. Avant de quitter la salle d’eau, la petite plie ses vêtements sale et sort avec de la pièce.
De la vapeur s’échappe derrière elle, et son sensei cherche à la mettre à l’aise en lui disant de s’assoir et de faire comme chez elle. A cette heure-ci, chez elle, Tachi Tomoe se serait fait un plateau repas, affalée devant son rétroprojecteur avec un bon film pour se détendre. Ici, elle n’ose pas prendre autant ses aises. Sagement, elle s’assoit donc à nouveau sur le canapé et se laisse faire lorsque Jarlsonfel-sama lui bande sa cheville avec une poche de glace médicinale. Le froid de la poche, s’heurte à la chaleur de la douleur lancinante. La sensation n’est pas agréable, mais ce n’est pas douloureux non plus.
Il lui sert alors un verre d’un whiskey dont elle ignore le nom et lui propose de trinquer. Taichi a une nette préférence pour le sake et n’est que très peu amateure de cette boisson occidentale.
« Kanpaï. »
Après avoir dit le mot d’usage, elle trempe ses lèvres dedans et grimace. Le goût ne lui plait pas trop, même s’il n’est pas aussi désagréable que dans son souvenir. Le sourire de son sensei et son regard attendri lui tire à elle aussi un sourire. La petite sorcière se sent rassurée et en sécurité.
« Dis moi Taichi ... Tout à l’heure, c’était quoi cet orbe de lumière ? »
La voilà qui déchante brutalement. Il veut une réponse et surtout qu’elle soit claire. Sans se poser plus de question, elle avale cul sec son verre grimaçant une nouvelle fois, avant de le lui tendre pour qu’il la resserve. Comment lui expliquer sans qu’il ne la prenne pour une folle bonne à enfermer ? Elle n’ose pas soutenir son regard et baisse donc les yeux sur son verre et le liquide ambré qu’il contient. Par où commencer ?
« Je ... je ... c’était une ... une illusion ? Enfin non pas ... pas vraiment mais ... enfin ... C’était un sort ... à moi. Mais je ne vous voulais pas de mal ! J’vous le jure Sensei ! »
L’adolescente s’est tue un instant et avale son second verre d’une traite. Le regard que porte sur elle son sensei ne l’aide pas à se calmer. Taichi Tomoe sait qu’elle va devoir en dire plus. Il doit croire qu’elle le prend pour un imbécile à tenter ce genre d’explication foireuse. Elle a peur. Terriblement peur qu’il ne la prenne pour une folle et qu’il revienne sur sa décision de la prendre comme élève. Rassemblant le peu de courage dont elle dispose, majoritairement offert par les deux verres qu’elle a bus.
« Tout ce que je vous dis là Jarlsonfel-sama, c’est un secret. Ça ne doit jamais être répété ... surtout pas. Je ne devrais même pas en parler en fait ... je viole LA règle. C’est impossible ... je suis impossible ! J’arrive à garder le secret sur ma vie en général, je vous le promets Sensei ! Personne ne sait ce que je fais comme boulot, ni même comment je peux vivre toute seule. J’suis autonome !
Toute l’université sait que je suis une surdouée. Maudite jusqu’à la moelle en prime ! J’peux pas aller en cours sans faire une crise de panique et j’peux pas me déplacer dans les couloirs sans être jugée par mes camarades. Mais le soir .. le soir je suis moi ... juste moi et terriblement efficace. En plus je gagne super bien ma vie, sans trop me fouler.
Mais ce secret ... CE secret ! J’suis même pas capable de ... de le garder ! C’est un comble quand même puisque c’est un peu mon job de garder des secrets ! Vous êtes le second humain qui me prend la main dans le sac. Si jamais le Secret l’apprend ... ou la Puissance ... ou pire ! La Justice ! J’suis morte ! »
La panique a pris le dessus. Le cerveau de Taichi Tomoe s’emballe, la fatigue prêtant main forte avec plaisir à sa vieille amie. Plus rien n’a de sens, elle s’inquiète pour des évènements qui peuvent ne pas avoir lieu. Elle devient incohérente parlant de sujet n’ayant pas de lien entre eux, hormis elle-même. L’alcool fait son effet aussi, la poussant à prendre un autre verre, contre sa raison qui vacille. C’est son sensei qui l’en empêche en posant calmement sa main sur le verre plein. Sans qu’il n’en ait conscience, son geste est apaisant pour la jeune fille et à le regarde sans broncher.
Elle inspire profondément. Refoulant temporairement sa panique et sa peur au fond de son être, accompagné par les larmes.
« Ne me prenez pas pour une folle ... je vous en prie Jarlsonfel-sama. Je ... je suis une .... une sorcière. »
"Révélation"
Etilya sur DK RPG
Vilhelm A. Jarlsonfel#104764#104764#104764#104764#104764#104764#104764
Humain - Hunter de l'Ordre Renfield
Race : Humain
Couleur : #ff6600
Avatar : Wolf Daddy - Blood Lad
Date d'inscription : 25/09/2017
Nombre de messages : 95
Emploi/loisirs : Forgeron/metallurgiste et Hunter
Yens : 15
Feuille de personnage
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Objets utilisables en rp:
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Lun 21 Sep 2020 - 14:47
L'Enfant et la Bête
Feat ~ Taichi Tomoe
J’imagine sans peine que poser une telle question n’est pas anodin, et sa réaction troublée indique somme toute qu’elle ne sait pas encore comment me répondre. Toujours est-il que je sais ce que j’ai vu, et j’aimerai pouvoir mettre des mots dessus. Cette orbe de lumière crépitante que j’ai reçu non pas une mais deux fois à complètement faite voler en éclat le manche de ma hache. Si j’avais manié Hecatomb à ce moment ce ne serait pas arrivé, mais qui sait ce qu’il se serait passé ?
Je l’observe pensif mais néanmoins sérieux, lui laissant le temps de la réflexion afin qu’elle puisse organiser ses idées. Je n’apprécierai pas vraiment qu’elle me mente, je le saurais aussitôt, bien qu’une telle chose puisse faire l’objet de cachotteries ou de secret. Peut-être possède-t-elle des aptitudes ? Les vampires en possèdent bien, même si je suis sur qu’elle n’en est pas un, Hecatomb n’ayant pas réagi à sa présence lorsque nous nous sommes affrontés dans mon atelier. Elle cache donc quelque chose, et en temps que mon élève j’attend de savoir jusqu’où ses compétences s’étendent pour les exploiter au maximum lors de ses futurs entrainement. Mais quelque chose d’aussi puissant que cette orbe explosive, c’est du jamais vu même pour moi. Les possibilités seraient énormes …
Je la vois donc terminer cul sec ce verre pourtant bien rempli, tirant au passage une grimace tordue par l’amertume du breuvage, avant de me tendre le verre pour que je lui serve une nouvelle rasade. Je ne commente pas son geste, retrouvant en elle le même réflexe qui m’habite depuis toujours. Trouver du courage lorsque celui-ci fait défaut n’est pas donné à tous, et rien de mieux qu’un peu d’alcool pour libérer les esprits et délier les langues. Je m’emploi donc à déboucher la bouteille pour remettre à mon élève une dose respectable. A mesure que son verre s’emplie, ses yeux dévient comme pour fuir mon regard. Sa mâchoire tremble un peu, et elle entame sa réponse par un bégaiement.
« Je ... je ... c’était une ... une illusion ? Enfin non pas ... pas vraiment mais ... enfin ... C’était un sort ... à moi. Mais je ne vous voulais pas de mal ! J’vous le jure Sensei ! »
Et sans un mot de plus, elle avale d’une traite son second verre. A ce rythme elle sera ivre-morte avant qu’une réponse claire ne franchisse la barrière de ses lèvres. Ceci dit, une illusion ? Un sort ? De quoi parle-t-elle ?! Un sort… comme un sortilège ? Comme ceux que les druides des légendes utilisent ? Non, c’est différent… nulle incantation ou sacrifice, pas de palabres en langue oubliée. Serais-ce donc de la sorcellerie ?! Je ne comprends pas un traitre mot de ce baragouinage, et pourtant je reste là, impassible, attentif, buvant chaque paroles avec une attention parfaite en ne la quittant pas des yeux, le menton posé sur mes mains croisées. S’il eut été possible de lire dans ses pensées j’avoue sans détour que j’y aurai eu recours. La pauvre petite semble tourmentée, paniquée même, mais elle semble rassembler son courage pour poursuivre ses explications.
« Tout ce que je vous dis là Jarlsonfel-sama, c’est un secret. Ça ne doit jamais être répété ... surtout pas. Je ne devrais même pas en parler en fait ... je viole LA règle. C’est impossible ... je suis impossible ! J’arrive à garder le secret sur ma vie en général, je vous le promets Sensei ! Personne ne sait ce que je fais comme boulot, ni même comment je peux vivre toute seule. J’suis autonome ! »
Je fronce un sourcil, non par dépit mais par interrogation. De quoi parle-t-elle ? Elle s’emmêle les pinceaux et part dans tous les sens, comme pour se rassurer. Indépendante, je n’en doute pas un instant, mais à quoi bon le rappeler ? Cela ne semble pas avoir de rapport avec cette orbe de lumière qui m’intrigue tant, cependant cette histoire de règle suscite mon intérêt. J’attends donc patiemment la suite de son histoire.
« Toute l’université sait que je suis une surdouée. Maudite jusqu’à la moelle en prime ! J’peux pas aller en cours sans faire une crise de panique et j’peux pas me déplacer dans les couloirs sans être jugée par mes camarades. Mais le soir .. le soir je suis moi ... juste moi et terriblement efficace. En plus je gagne super bien ma vie, sans trop me fouler. »
Encore une fois, aucun rapport avec ce prétendu sors ou cette histoire de règle qui semble l’effrayer outre-mesure. Ce secret qu’elle a mentionné me parait peu à peu plus complexe qu’anticipé.
« Mais ce secret ... CE secret ! J’suis même pas capable de ... de le garder ! C’est un comble quand même puisque c’est un peu mon job de garder des secrets ! Vous êtes le second humain qui me prend la main dans le sac. Si jamais le Secret l’apprend ... ou la Puissance ... ou pire ! La Justice ! J’suis morte ! »
Attends quoi, comment ça le deuxième « humain » ?! Sous-entendrait-elle qu’elle ne l’est pas ?! Alors qu’est-ce qu’elle est ? Pas un vampire en tous cas, il ne reste pas beaucoup de possibilités, et si ce qu’elle sous-entend s’annonce vrai alors le monde de l’ombre m’apparaitra bien plus vaste et profond que je ne l’imaginais. Quand à cette histoire de « mourir » pour avoir trahi le secret, j’ai du mal à comprendre… C’est quoi le Secret, la Puissance ou la Justice ? Des noms et des adjectifs, qui semblent la tétaniser rien qu’à les prononcer.
Finalement elle semble perdre sa contenance, ses yeux tremblent et vacillent. Certes l’alcool fait son effet, mais il n’y a pas que ça. Ses pensées fusent et se mêlent, bien trop pour qu’elle soit encore cohérente. Cette agitation soudaine semble la faire paniquer, et dans un geste vain pour se calmer elle attrape la bouteille qui trône entre nous deux pour se resservir.
J’attends qu’elle ait terminé, et avant même qu’elle ne puisse empoigner le contenant je m’avance en douceur pour couvrir le verre du plat de ma main. Pour son jeune âge, un verre de plus ne serait ni salvateur, ni bénéfique, autant s’arrêter là.
Doucement, j’appuie sur le gobelet jusqu’à ce que celui-ci retrouve le plat de la table. Le but reste maintenant de calmer ma jeune élève, la prévenance et la douceur sont de mise. Ceci dit, elle semble reprendre de la contenance seule, jugulant le tremblement qui l’animait depuis un certain moment au profil de quelques larmes qui viennent mouiller la commissure de ses yeux améthystes. Ce n’est qu’au prix d’une inspiration difficile qu’elle réussit à prononcer quelques mots, quelques mots que je n’étais pas vraiment prêt à entendre.
« Ne me prenez pas pour une folle ... je vous en prie Jarlsonfel-sama. Je ... je suis une .... une sorcière. »
J’écarquille quelque peu les yeux, le regard toujours fixé sur la petite… sorcière ? Et bien, si je m’attendais… J’appuis lentement mon dos contre le dossier avant de croiser les bras, juste le temps de la réflexion. Que faire de cette information ?
Dans un premier temps, effectivement je suis surpris, mais pas autant que l’aurait été n’importe qui d’autre. La raison principale étant que je suis un chasseur de vampire, alors le surnaturel c’est mon rayon. Je n’ai donc pas vraiment de problème à accepter ce fait tel quel sans me poser plus de questions sur sa véracité.
Dans un second temps, ça change beaucoup de choses. J’ai donc en face de moi une sorcière, détentrice de magie, et qui plus est de magie offensive. Plein d’idées me vienne en quelques secondes, les possibilités sont infinies. J’ai envie de savoir ce qu’elle peut faire, quelles sont ses capacités, et peut être même en tirer parti pour l’entrainer.
La réflexion s’étant assez étendue, je prends appuis sur mes cuisses pour me relever en silence et me diriger vers Taichi avec un sourire tendre, pour ne pas l’effrayer plus qu’elle ne l’est déjà. En arrivant à son niveau, je m’accroupi en face d’elle et lui pose ma main droite sur la tête pour la caresser tendrement. J’observe la surprise dans son regard embué, puis l’interrogation. Elle se demande sans doute pourquoi je ne réagis pas plus que ça -ou du moins en apparence- à cette nouvelle sans nul doute choquante.
« Ne t’en fais pas, je te crois, et je sais que tu n’es pas folle. J’ai quelque chose à te montrer. »
Puis je me relève et me dirige vers l’escalier, au sommet duquel trône appuyée contre un mur ma précieuse hache noire. Je l’empoigne et la soulève, puis pose sur le bout des doigts de mon autre main le plat de la lame affutée. Revenant dans le salon, j’observe un mouvement de recul chez la petite, qui doit s’imaginer que je ne reviens pas en paix. Quel con, j’ai été idiot de ne pas la prévenir.
« N’aie pas peur, elle ne te fera aucun mal. »
Je pose un genou à terre pour porter mon buste à la hauteur de ses yeux, et tend lentement les bras, présentant devant elle Hecatomb comme une offrande. Je sais déjà qu’elle ne pourra pas la soulever, mais ce n’est pas ce que je recherche. Je veux juste qu’elle la touche, qu’elle ressente ce que je ressent. Qu’elle sente vivre cette arme mystique.
Elle semble presque méfiante au début, mais rapidement se lève et boitille jusqu’à se retrouver toute proche de la lame maudite. Elle hésite un instant, admirative et interloquée.
« Touche la, tu verras par toi même. »
Lentement, elle avance sa petite main vers le manche robuste, et lorsqu’elle rentre en contact avec elle je vois brièvement quelque chose traverser son regard. Quelque chose d’indescriptible. Je suis sur qu’elle à vu, qu’elle à senti. Toutes ces vies ôtées, tout ce sang dont elle s’est baignée, les âmes qu’elle a fauchée.
Je dépose la hache contre le mur à ma droite et retourne m’asseoir, ramenant jusqu’au canapé la jeune femme en l’accompagnant de ma main sur son épaule. Elle se rassoit, troublée, et je pense qu’il est temps pour moi de prendre enfin la parole.
« Tu n’es pas la seule à avoir un secret Taichi, moi aussi j’ai le mien. Je ne suis pas qu’un simple forgeron, je suis un chasseur de vampire. Je tue les plus dangereuses de ces sangsues pour protéger ceux qui ignorent même jusqu’à leur existence.»
A son tour d’être surprise, du moins à un certain niveau. Peut-être connait-elle déjà l’existence des suceurs de sang, entre créature du monde des ombres, mais le fait qu’un simple humain soit au courant et les chassent ne doit pas être quelque chose de courant de son point de vue.
Un secret contre un secret, nous voilà à égalité, nous allons pouvoir avancer plus sereinement.
« Comme je te disais, je te crois parfaitement, et je trouve ça pour le moins extraordinaire ! Bien entendu, ça va demander un certain temps d’adaptation, mais tu peux me faire confiance je sais tenir ma langue. Quelque soit ce « secret » que tu à rompu, tu n’as pas à craindre quoi que ce soit venant de moi. Après tout, tu es mon élève. »
Je me penche au dessus de la table et ébouriffe affectivement les cheveux mauves de la jeune femme, avant de me rassoir. J’aimerai vraiment lui poser tout un tas de questions, mais la fatigue ne fait de quartiers à personne. Je vois bien à son visage que la petite est exténuée, et j’avoue moi même commencer à subir le contrecoup de cet entraînement intensif.
Je saisis donc le verre plein que la petite avait laissé sur la table et le vide d’une traite avant de me lève une dernière fois pour ranger la bouteille sur le comptoir du bar avant d’aller chercher sur le feu mon ragout qui mijote depuis un bon moment, puis me retourne vers la petite qui n’ose toujours pas bouger. De toute façon, vu l’état de sa cheville et sa tenue actuelle, je la vois mal aller où que ce soit, et encore moins rentrer seule chez elle. J’ai donc une petite idée, et m’en vais la proposer à la demoiselle.
« Dis moi, que dirais-tu de dormir ici ? Si l’idée te plait je te laisse mon lit, je dormirais sur le canapé. A défaut, je peux toujours te ramener chez toi si tu y tient vraiment. Mais avant ça, faut reprendre des forces ! Tu m’en diras des nouvelles. »
Je lui adresse un tendre sourire, me rendant compte au final que tous les gosses ne sont pas insupportable. Je me surprend à l’apprécier à sa juste valeur, et quelque part un sursaut de fierté s’empare de moi lorsqu’elle m’appelle « Sensei ».
Il est bien des points d’ombres qui persistent cependant, mais rien que le temps ne révèlera pas. Après tout, aujourd’hui n’était que le premier jour de notre longue aventure, laissons lui le temps de digérer tout ce qui se passe, et de poser elle aussi les questions qui doivent la tarauder. J’empoigne donc deux assiettes, des couverts et met en place la table au salon que nous occupions depuis un moment déjà. Après nous avoir servi une bonne quantité de Kalops, je reprends ma place et invite la petite à commencer.
« Vas-y, goûte donc tant que c’est chaud. Nous parlerons après.»
Je l’observe pensif mais néanmoins sérieux, lui laissant le temps de la réflexion afin qu’elle puisse organiser ses idées. Je n’apprécierai pas vraiment qu’elle me mente, je le saurais aussitôt, bien qu’une telle chose puisse faire l’objet de cachotteries ou de secret. Peut-être possède-t-elle des aptitudes ? Les vampires en possèdent bien, même si je suis sur qu’elle n’en est pas un, Hecatomb n’ayant pas réagi à sa présence lorsque nous nous sommes affrontés dans mon atelier. Elle cache donc quelque chose, et en temps que mon élève j’attend de savoir jusqu’où ses compétences s’étendent pour les exploiter au maximum lors de ses futurs entrainement. Mais quelque chose d’aussi puissant que cette orbe explosive, c’est du jamais vu même pour moi. Les possibilités seraient énormes …
Je la vois donc terminer cul sec ce verre pourtant bien rempli, tirant au passage une grimace tordue par l’amertume du breuvage, avant de me tendre le verre pour que je lui serve une nouvelle rasade. Je ne commente pas son geste, retrouvant en elle le même réflexe qui m’habite depuis toujours. Trouver du courage lorsque celui-ci fait défaut n’est pas donné à tous, et rien de mieux qu’un peu d’alcool pour libérer les esprits et délier les langues. Je m’emploi donc à déboucher la bouteille pour remettre à mon élève une dose respectable. A mesure que son verre s’emplie, ses yeux dévient comme pour fuir mon regard. Sa mâchoire tremble un peu, et elle entame sa réponse par un bégaiement.
« Je ... je ... c’était une ... une illusion ? Enfin non pas ... pas vraiment mais ... enfin ... C’était un sort ... à moi. Mais je ne vous voulais pas de mal ! J’vous le jure Sensei ! »
Et sans un mot de plus, elle avale d’une traite son second verre. A ce rythme elle sera ivre-morte avant qu’une réponse claire ne franchisse la barrière de ses lèvres. Ceci dit, une illusion ? Un sort ? De quoi parle-t-elle ?! Un sort… comme un sortilège ? Comme ceux que les druides des légendes utilisent ? Non, c’est différent… nulle incantation ou sacrifice, pas de palabres en langue oubliée. Serais-ce donc de la sorcellerie ?! Je ne comprends pas un traitre mot de ce baragouinage, et pourtant je reste là, impassible, attentif, buvant chaque paroles avec une attention parfaite en ne la quittant pas des yeux, le menton posé sur mes mains croisées. S’il eut été possible de lire dans ses pensées j’avoue sans détour que j’y aurai eu recours. La pauvre petite semble tourmentée, paniquée même, mais elle semble rassembler son courage pour poursuivre ses explications.
« Tout ce que je vous dis là Jarlsonfel-sama, c’est un secret. Ça ne doit jamais être répété ... surtout pas. Je ne devrais même pas en parler en fait ... je viole LA règle. C’est impossible ... je suis impossible ! J’arrive à garder le secret sur ma vie en général, je vous le promets Sensei ! Personne ne sait ce que je fais comme boulot, ni même comment je peux vivre toute seule. J’suis autonome ! »
Je fronce un sourcil, non par dépit mais par interrogation. De quoi parle-t-elle ? Elle s’emmêle les pinceaux et part dans tous les sens, comme pour se rassurer. Indépendante, je n’en doute pas un instant, mais à quoi bon le rappeler ? Cela ne semble pas avoir de rapport avec cette orbe de lumière qui m’intrigue tant, cependant cette histoire de règle suscite mon intérêt. J’attends donc patiemment la suite de son histoire.
« Toute l’université sait que je suis une surdouée. Maudite jusqu’à la moelle en prime ! J’peux pas aller en cours sans faire une crise de panique et j’peux pas me déplacer dans les couloirs sans être jugée par mes camarades. Mais le soir .. le soir je suis moi ... juste moi et terriblement efficace. En plus je gagne super bien ma vie, sans trop me fouler. »
Encore une fois, aucun rapport avec ce prétendu sors ou cette histoire de règle qui semble l’effrayer outre-mesure. Ce secret qu’elle a mentionné me parait peu à peu plus complexe qu’anticipé.
« Mais ce secret ... CE secret ! J’suis même pas capable de ... de le garder ! C’est un comble quand même puisque c’est un peu mon job de garder des secrets ! Vous êtes le second humain qui me prend la main dans le sac. Si jamais le Secret l’apprend ... ou la Puissance ... ou pire ! La Justice ! J’suis morte ! »
Attends quoi, comment ça le deuxième « humain » ?! Sous-entendrait-elle qu’elle ne l’est pas ?! Alors qu’est-ce qu’elle est ? Pas un vampire en tous cas, il ne reste pas beaucoup de possibilités, et si ce qu’elle sous-entend s’annonce vrai alors le monde de l’ombre m’apparaitra bien plus vaste et profond que je ne l’imaginais. Quand à cette histoire de « mourir » pour avoir trahi le secret, j’ai du mal à comprendre… C’est quoi le Secret, la Puissance ou la Justice ? Des noms et des adjectifs, qui semblent la tétaniser rien qu’à les prononcer.
Finalement elle semble perdre sa contenance, ses yeux tremblent et vacillent. Certes l’alcool fait son effet, mais il n’y a pas que ça. Ses pensées fusent et se mêlent, bien trop pour qu’elle soit encore cohérente. Cette agitation soudaine semble la faire paniquer, et dans un geste vain pour se calmer elle attrape la bouteille qui trône entre nous deux pour se resservir.
J’attends qu’elle ait terminé, et avant même qu’elle ne puisse empoigner le contenant je m’avance en douceur pour couvrir le verre du plat de ma main. Pour son jeune âge, un verre de plus ne serait ni salvateur, ni bénéfique, autant s’arrêter là.
Doucement, j’appuie sur le gobelet jusqu’à ce que celui-ci retrouve le plat de la table. Le but reste maintenant de calmer ma jeune élève, la prévenance et la douceur sont de mise. Ceci dit, elle semble reprendre de la contenance seule, jugulant le tremblement qui l’animait depuis un certain moment au profil de quelques larmes qui viennent mouiller la commissure de ses yeux améthystes. Ce n’est qu’au prix d’une inspiration difficile qu’elle réussit à prononcer quelques mots, quelques mots que je n’étais pas vraiment prêt à entendre.
« Ne me prenez pas pour une folle ... je vous en prie Jarlsonfel-sama. Je ... je suis une .... une sorcière. »
J’écarquille quelque peu les yeux, le regard toujours fixé sur la petite… sorcière ? Et bien, si je m’attendais… J’appuis lentement mon dos contre le dossier avant de croiser les bras, juste le temps de la réflexion. Que faire de cette information ?
Dans un premier temps, effectivement je suis surpris, mais pas autant que l’aurait été n’importe qui d’autre. La raison principale étant que je suis un chasseur de vampire, alors le surnaturel c’est mon rayon. Je n’ai donc pas vraiment de problème à accepter ce fait tel quel sans me poser plus de questions sur sa véracité.
Dans un second temps, ça change beaucoup de choses. J’ai donc en face de moi une sorcière, détentrice de magie, et qui plus est de magie offensive. Plein d’idées me vienne en quelques secondes, les possibilités sont infinies. J’ai envie de savoir ce qu’elle peut faire, quelles sont ses capacités, et peut être même en tirer parti pour l’entrainer.
La réflexion s’étant assez étendue, je prends appuis sur mes cuisses pour me relever en silence et me diriger vers Taichi avec un sourire tendre, pour ne pas l’effrayer plus qu’elle ne l’est déjà. En arrivant à son niveau, je m’accroupi en face d’elle et lui pose ma main droite sur la tête pour la caresser tendrement. J’observe la surprise dans son regard embué, puis l’interrogation. Elle se demande sans doute pourquoi je ne réagis pas plus que ça -ou du moins en apparence- à cette nouvelle sans nul doute choquante.
« Ne t’en fais pas, je te crois, et je sais que tu n’es pas folle. J’ai quelque chose à te montrer. »
Puis je me relève et me dirige vers l’escalier, au sommet duquel trône appuyée contre un mur ma précieuse hache noire. Je l’empoigne et la soulève, puis pose sur le bout des doigts de mon autre main le plat de la lame affutée. Revenant dans le salon, j’observe un mouvement de recul chez la petite, qui doit s’imaginer que je ne reviens pas en paix. Quel con, j’ai été idiot de ne pas la prévenir.
« N’aie pas peur, elle ne te fera aucun mal. »
Je pose un genou à terre pour porter mon buste à la hauteur de ses yeux, et tend lentement les bras, présentant devant elle Hecatomb comme une offrande. Je sais déjà qu’elle ne pourra pas la soulever, mais ce n’est pas ce que je recherche. Je veux juste qu’elle la touche, qu’elle ressente ce que je ressent. Qu’elle sente vivre cette arme mystique.
Elle semble presque méfiante au début, mais rapidement se lève et boitille jusqu’à se retrouver toute proche de la lame maudite. Elle hésite un instant, admirative et interloquée.
« Touche la, tu verras par toi même. »
Lentement, elle avance sa petite main vers le manche robuste, et lorsqu’elle rentre en contact avec elle je vois brièvement quelque chose traverser son regard. Quelque chose d’indescriptible. Je suis sur qu’elle à vu, qu’elle à senti. Toutes ces vies ôtées, tout ce sang dont elle s’est baignée, les âmes qu’elle a fauchée.
Je dépose la hache contre le mur à ma droite et retourne m’asseoir, ramenant jusqu’au canapé la jeune femme en l’accompagnant de ma main sur son épaule. Elle se rassoit, troublée, et je pense qu’il est temps pour moi de prendre enfin la parole.
« Tu n’es pas la seule à avoir un secret Taichi, moi aussi j’ai le mien. Je ne suis pas qu’un simple forgeron, je suis un chasseur de vampire. Je tue les plus dangereuses de ces sangsues pour protéger ceux qui ignorent même jusqu’à leur existence.»
A son tour d’être surprise, du moins à un certain niveau. Peut-être connait-elle déjà l’existence des suceurs de sang, entre créature du monde des ombres, mais le fait qu’un simple humain soit au courant et les chassent ne doit pas être quelque chose de courant de son point de vue.
Un secret contre un secret, nous voilà à égalité, nous allons pouvoir avancer plus sereinement.
« Comme je te disais, je te crois parfaitement, et je trouve ça pour le moins extraordinaire ! Bien entendu, ça va demander un certain temps d’adaptation, mais tu peux me faire confiance je sais tenir ma langue. Quelque soit ce « secret » que tu à rompu, tu n’as pas à craindre quoi que ce soit venant de moi. Après tout, tu es mon élève. »
Je me penche au dessus de la table et ébouriffe affectivement les cheveux mauves de la jeune femme, avant de me rassoir. J’aimerai vraiment lui poser tout un tas de questions, mais la fatigue ne fait de quartiers à personne. Je vois bien à son visage que la petite est exténuée, et j’avoue moi même commencer à subir le contrecoup de cet entraînement intensif.
Je saisis donc le verre plein que la petite avait laissé sur la table et le vide d’une traite avant de me lève une dernière fois pour ranger la bouteille sur le comptoir du bar avant d’aller chercher sur le feu mon ragout qui mijote depuis un bon moment, puis me retourne vers la petite qui n’ose toujours pas bouger. De toute façon, vu l’état de sa cheville et sa tenue actuelle, je la vois mal aller où que ce soit, et encore moins rentrer seule chez elle. J’ai donc une petite idée, et m’en vais la proposer à la demoiselle.
« Dis moi, que dirais-tu de dormir ici ? Si l’idée te plait je te laisse mon lit, je dormirais sur le canapé. A défaut, je peux toujours te ramener chez toi si tu y tient vraiment. Mais avant ça, faut reprendre des forces ! Tu m’en diras des nouvelles. »
Je lui adresse un tendre sourire, me rendant compte au final que tous les gosses ne sont pas insupportable. Je me surprend à l’apprécier à sa juste valeur, et quelque part un sursaut de fierté s’empare de moi lorsqu’elle m’appelle « Sensei ».
Il est bien des points d’ombres qui persistent cependant, mais rien que le temps ne révèlera pas. Après tout, aujourd’hui n’était que le premier jour de notre longue aventure, laissons lui le temps de digérer tout ce qui se passe, et de poser elle aussi les questions qui doivent la tarauder. J’empoigne donc deux assiettes, des couverts et met en place la table au salon que nous occupions depuis un moment déjà. Après nous avoir servi une bonne quantité de Kalops, je reprends ma place et invite la petite à commencer.
« Vas-y, goûte donc tant que c’est chaud. Nous parlerons après.»
Un secret contre un autre
Etilya sur DK RPG
Taichi Tomoe Lizenko#105032#105032#105032#105032#105032#105032#105032
Sorcier Sang-Pur - Initié - Apprenti
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Avatar : Akatsuki de Log Horizon
Date d'inscription : 09/02/2018
Nombre de messages : 293
Emploi/loisirs : Hackeuse
Yens : 269
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Mer 4 Nov 2020 - 9:16
L'Enfant et la Bête
Feat Vilhelm A. Jarlsonfel & Taichi Tomoe Yukimura
L’écarquillement des yeux de son sensei n’apaise en rien la panique grandissante dans son esprit. Incapable de soutenir son regard fixe plus longtemps, les joues écarlates et mouillées par ses larmes, la petite patiente dans le silence le plus total. Cet absence de bruit l’oppresse plus qu’elle ne le voudrait, et Taichi Tomoe craint plus que tout d’être rejetée à cause de son secret. Elle n’ose imaginer ce qu’elle pourrait faire si jamais il la reniait comme élève. Elle a si peur de cette éventualité, qu’elle en tremble.
C’est avec surprise qu’elle redresse son visage enfantin vers le géant au tendre sourire accroupie devant elle, lui caressant le haut de la tête. Son cerveau ne comprend pas. Ce n’est pas logique comme réaction. Il vient d’affronter l’un de ses pouvoirs, et il cherche à la rassurer ? Taichi ne comprend pas, et sait parfaitement que cela transparait dans son regard. Mais elle s’en contre-fiche sur l’instant. La logique est quelque chose qu’elle place au-dessus de beaucoup d’autre, elle en a besoin. Et cette situation là … échappe à toute logique qu’elle veut y appliquer. Il est nécessaire pour son esprit de comprendre.
Les paroles qui suivent ne ramènent pas tellement plus de sérénité ni d’ordre dans le chaos qui l’habite. Pire ils ajoutent encore plus de confusion et d’incompréhension. Son esprit tâche d’analyser ce qui se passe. Son sensei la croit. Donc cela ne lui pose pas de problème qu’elle soit une sorcière, mieux encore il ne semble même pas surpris qu’elle en soit une. Comment est-ce possible ? Son grand-père à l’origine, l’avait été lui ! Comment ? Pourquoi ? Une pièce du puzzle lui échappe, l’adolescente le sait. Mais qu’est-ce qu’elle ne comprend pas ? Qu’est-ce qu’elle ne sait pas ?
Toujours silencieuse, elle a un mouvement de recul en le voyant prendre cette hache maudite. Que lui veut-il ? Il ne va pas lui faire de mal ? Non c’est improbable. Presque exclus au vu de son attitude précédente. Alors pourquoi amener cette arme de malheur près d’elle ? Ne pas avoir peur ? L’esprit de Taichi Tomoe l’affirme, elle est bien au-delà de cela. Elle est paniquée, à la limite de faire une crise même. Une nouvelle fois, son cerveau ne comprend pas l’action de son sensei. Pourquoi s’agenouille-t-il ainsi en lui présentant la hache à double tranchant comme une offrande ? Qu’attend-t-il d’elle ? La jeune sorcière doit bien avouer que cette arme, bien que terriblement dangereuse, n’en est pas moins belle. Presque attirante en un sens.
« Touche la, tu verras par toi-même. »
Taichi est surprise, elle ne sait pas vraiment si elle en a envie ou si elle le peut vraiment. Hésitante, avec une lenteur extrême, elle approche sa main du manche. Lors du contact Taichi Tomoe ne sait plus quoi en penser. Elle ressent une grande puissance, partiellement endormis, qui émane de la hache. C’est une puissance terriblement sombre, la sorcière a l’impression d’entendre les cris d’agonie des victimes, de voir leur sang couler sur le sol, les cendres volant autour, et de sentir les âmes des défunts s’envoler pour leur dernière destination. Rapidement elle retire sa main du manche et la serre contre elle.
Son cerveau enregistre pourtant qu’elle n’a toucher l’arme maudite qu’une poignée de secondes. Toutes ces sensations qui lui restent sur la main, comme un picotement dérangeant, la petite ignore comment les gérer. Son esprit rationalise autant qu’il le peut. Ce n’est pas s on sang qui a coulé, ce ne sont pas ses cris, ce ne sont pas ses cendres non plus et son âme n’est pas partie non plus. Pourtant durant quelques instants … tout lui avait paru si réel, si proche qu’elle aurait juré avoir vécu tout ce qu’elle venait de ressentir. Tout en sachant que cela était strictement impossible.
Dans cet état d’introspection, la jeune fille ne se rend pas vraiment compte que son sensei la dirige doucement vers le canapé, ni même qu’elle s’y assoit en même temps que lui. Néanmoins son ouïe, plus attentive qu’elle, capte tout à fait les nouvelles informations que le géant lui offre. Son cerveau analyse et intègre cette nouvelle rapidement. Les hunters existaient réellement ? Elle avait toujours cru qu’ils n’étaient qu’une invention pour lui faire peur dans la nuit. Elle n’ignorait pas l’existence des vampires, donc il n’était pas illogique d’admettre l’existence de leurs chasseurs. L’adolescente comprend qu’ainsi, son géant sensei cherche à remettre les comptes à zéro. Et ce geste la touche beaucoup plus qu’elle n’ose l’admettre, bien qu’une nouvelle fois ses yeux parlent pour elle en laissant échapper quelques larmes.
La petite sorcière sourit légèrement à Jarlsonfel-sama, fière d’être son élève et d’avoir la chance d’avoir un sensei aussi tolérant et compréhensif que lui. Un vrai nounours en guimauve quelque part, bien qu’il puisse, elle le sait d’expérience, être un ours des cavernes mal léché. Elle ose même rire un peu lorsqu’il lui ébouriffe à nouveau les cheveux. Elle réprime par le suite un bâillement dans le dos de son géant favori. Il avait fini le verre qu’elle souhaitait boire initialement et s’occupait à présent du truc qu’il avait mis à cuire. L’odeur n’était pas désagréable, mais bien qu’étant épicurienne, Taichi Tomoe avait un doute sur ce que cela pouvait être.
La proposition qu’il lui fait la surprend bien plus que son secret. Sa bouche forme un ‘oh’ expressif mais muet. Elle ne s’attendait pas ce qu’il lui propose ça. Techniquement, maintenant qu’il savait qu’elle était une sorcière, elle pouvait utiliser ses pouvoirs. L’adolescente se sentait libre de le faire. Taichi pourrait donc utiliser son Arcade mais … se mordillant la lèvre inférieure, elle sait qu’elle n’en a pas l’énergie. Tout au mieux elle pourrait y passer un bras … dans le cas improbable où elle réussirait à l’ouvrir. Alors pourquoi ne pas accepter la proposition ?
Le sourire que le géant lui adresse est tendre et lui rappelle son grand-père. Elle se sent alors pleinement en sécurité et presque chez elle. Taichi s’installe mieux sur le canapé pendant qu’il apporte deux assiette de sa préparation.
« Itadakimasu Sensei. »
Elle s’attache les cheveux à nouveau, pour ne pas en mettre dans son assiette, puis commence à manger de bon cœur. Son estomac commençait à se rappeler à son esprit, en grondant. Le plat est simple, et au goût elle reconnait les différents ingrédients du moins presque tous. Les étranges herbes qui flottent dans le bouillon lui sont inconnues. Elle n’est d’ailleurs pas certaine d’aimer leur goût.
« Sensei … c’est quoi cette feuille dans le plat ? Je ne la connais pas. J’ai reconnu le bœuf, les oignons, les carottes et le piment. J’aurai d’ailleurs peut-être mis un peu plus de piment … j’aime quand c’est épicé. Mais c’est très bon comme ça … et puis ça réchauffe. »
Sans se faire prier, la petite termine son assiette. Elle ne pensait pas avoir aussi faim, mais son esprit savait qu’elle avait fait une débauche d’énergie colossale pendant l’entrainement. Maintenant que son estomac était plein, et que la tension qui l’habitait tombait, la fatigue se faisait à nouveau sentir. Cependant elle se devait de répondre à la proposition de son sensei et d’être un peu plus clair sur ces propos qu’elle n’avait pu l’être.
« J’accepte votre proposition sensei. Je n’ai pas la force physique de rentrer chez moi et je ne veux pas vous déranger pour qui vous m’y raccompagniez. En plus, je n’ai plus l’énergie pour m’ouvrir une arcade entre chez vous et chez moi. Quand je serai reposée, je pourrai vous montrer si vous le souhaitez.
En revanche, je refuse de prendre votre lit. C’est chez vous ici, et le canapé m’ira très bien. Vous aussi vous avez besoin de repos. C’est ma seule condition.
Arigato de … de garder mon secret. Je garderai le vôtre précieusement aussi. »
La petite sorcière n’envisage même pas de trahir son sensei en parlant de son métier de hunter. Il lui accorde sa confiance et elle veut s’en montrer digne. Néanmoins, insidieusement, son esprit lui rappelle qu’il souhaitait parler une fois le repas terminé. Normalement elle se serait mise en position seika mais avec sa cheville qui la lançait, ce n’était pas envisageable. De fait, elle s’installe en tailleur à l’instar de Bouddha, les cheville sur les genoux. Les joues à nouveau rougis, elle regarde son sensei en prenant une grande inspiration.
« Que souhaitez-vous savoir Sensei ? Je répondrai à toutes vos questions aussi clairement que possible. Est-ce que je peux vous demander une chose ? »
Elle hésite un peu, la question n’est pas complexe en soit mais elle craint d’être un peu trop curieuse voire intrusive. Pourtant, Taichi Tomoe décide de se lancer. Il a été compréhensif jusqu’à maintenant, cherchant à la rassurer avant tout, alors pourquoi là il le prendrait mal ? De toute façon, la sorcière a besoin de savoir pour comprendre. Le hochement de tête simple qu’il lui offre la conforte dans sa décision.
« Sensei … pourquoi être devenu un hunter ? »
C’est avec surprise qu’elle redresse son visage enfantin vers le géant au tendre sourire accroupie devant elle, lui caressant le haut de la tête. Son cerveau ne comprend pas. Ce n’est pas logique comme réaction. Il vient d’affronter l’un de ses pouvoirs, et il cherche à la rassurer ? Taichi ne comprend pas, et sait parfaitement que cela transparait dans son regard. Mais elle s’en contre-fiche sur l’instant. La logique est quelque chose qu’elle place au-dessus de beaucoup d’autre, elle en a besoin. Et cette situation là … échappe à toute logique qu’elle veut y appliquer. Il est nécessaire pour son esprit de comprendre.
Les paroles qui suivent ne ramènent pas tellement plus de sérénité ni d’ordre dans le chaos qui l’habite. Pire ils ajoutent encore plus de confusion et d’incompréhension. Son esprit tâche d’analyser ce qui se passe. Son sensei la croit. Donc cela ne lui pose pas de problème qu’elle soit une sorcière, mieux encore il ne semble même pas surpris qu’elle en soit une. Comment est-ce possible ? Son grand-père à l’origine, l’avait été lui ! Comment ? Pourquoi ? Une pièce du puzzle lui échappe, l’adolescente le sait. Mais qu’est-ce qu’elle ne comprend pas ? Qu’est-ce qu’elle ne sait pas ?
Toujours silencieuse, elle a un mouvement de recul en le voyant prendre cette hache maudite. Que lui veut-il ? Il ne va pas lui faire de mal ? Non c’est improbable. Presque exclus au vu de son attitude précédente. Alors pourquoi amener cette arme de malheur près d’elle ? Ne pas avoir peur ? L’esprit de Taichi Tomoe l’affirme, elle est bien au-delà de cela. Elle est paniquée, à la limite de faire une crise même. Une nouvelle fois, son cerveau ne comprend pas l’action de son sensei. Pourquoi s’agenouille-t-il ainsi en lui présentant la hache à double tranchant comme une offrande ? Qu’attend-t-il d’elle ? La jeune sorcière doit bien avouer que cette arme, bien que terriblement dangereuse, n’en est pas moins belle. Presque attirante en un sens.
« Touche la, tu verras par toi-même. »
Taichi est surprise, elle ne sait pas vraiment si elle en a envie ou si elle le peut vraiment. Hésitante, avec une lenteur extrême, elle approche sa main du manche. Lors du contact Taichi Tomoe ne sait plus quoi en penser. Elle ressent une grande puissance, partiellement endormis, qui émane de la hache. C’est une puissance terriblement sombre, la sorcière a l’impression d’entendre les cris d’agonie des victimes, de voir leur sang couler sur le sol, les cendres volant autour, et de sentir les âmes des défunts s’envoler pour leur dernière destination. Rapidement elle retire sa main du manche et la serre contre elle.
Son cerveau enregistre pourtant qu’elle n’a toucher l’arme maudite qu’une poignée de secondes. Toutes ces sensations qui lui restent sur la main, comme un picotement dérangeant, la petite ignore comment les gérer. Son esprit rationalise autant qu’il le peut. Ce n’est pas s on sang qui a coulé, ce ne sont pas ses cris, ce ne sont pas ses cendres non plus et son âme n’est pas partie non plus. Pourtant durant quelques instants … tout lui avait paru si réel, si proche qu’elle aurait juré avoir vécu tout ce qu’elle venait de ressentir. Tout en sachant que cela était strictement impossible.
Dans cet état d’introspection, la jeune fille ne se rend pas vraiment compte que son sensei la dirige doucement vers le canapé, ni même qu’elle s’y assoit en même temps que lui. Néanmoins son ouïe, plus attentive qu’elle, capte tout à fait les nouvelles informations que le géant lui offre. Son cerveau analyse et intègre cette nouvelle rapidement. Les hunters existaient réellement ? Elle avait toujours cru qu’ils n’étaient qu’une invention pour lui faire peur dans la nuit. Elle n’ignorait pas l’existence des vampires, donc il n’était pas illogique d’admettre l’existence de leurs chasseurs. L’adolescente comprend qu’ainsi, son géant sensei cherche à remettre les comptes à zéro. Et ce geste la touche beaucoup plus qu’elle n’ose l’admettre, bien qu’une nouvelle fois ses yeux parlent pour elle en laissant échapper quelques larmes.
La petite sorcière sourit légèrement à Jarlsonfel-sama, fière d’être son élève et d’avoir la chance d’avoir un sensei aussi tolérant et compréhensif que lui. Un vrai nounours en guimauve quelque part, bien qu’il puisse, elle le sait d’expérience, être un ours des cavernes mal léché. Elle ose même rire un peu lorsqu’il lui ébouriffe à nouveau les cheveux. Elle réprime par le suite un bâillement dans le dos de son géant favori. Il avait fini le verre qu’elle souhaitait boire initialement et s’occupait à présent du truc qu’il avait mis à cuire. L’odeur n’était pas désagréable, mais bien qu’étant épicurienne, Taichi Tomoe avait un doute sur ce que cela pouvait être.
La proposition qu’il lui fait la surprend bien plus que son secret. Sa bouche forme un ‘oh’ expressif mais muet. Elle ne s’attendait pas ce qu’il lui propose ça. Techniquement, maintenant qu’il savait qu’elle était une sorcière, elle pouvait utiliser ses pouvoirs. L’adolescente se sentait libre de le faire. Taichi pourrait donc utiliser son Arcade mais … se mordillant la lèvre inférieure, elle sait qu’elle n’en a pas l’énergie. Tout au mieux elle pourrait y passer un bras … dans le cas improbable où elle réussirait à l’ouvrir. Alors pourquoi ne pas accepter la proposition ?
Le sourire que le géant lui adresse est tendre et lui rappelle son grand-père. Elle se sent alors pleinement en sécurité et presque chez elle. Taichi s’installe mieux sur le canapé pendant qu’il apporte deux assiette de sa préparation.
« Itadakimasu Sensei. »
Elle s’attache les cheveux à nouveau, pour ne pas en mettre dans son assiette, puis commence à manger de bon cœur. Son estomac commençait à se rappeler à son esprit, en grondant. Le plat est simple, et au goût elle reconnait les différents ingrédients du moins presque tous. Les étranges herbes qui flottent dans le bouillon lui sont inconnues. Elle n’est d’ailleurs pas certaine d’aimer leur goût.
« Sensei … c’est quoi cette feuille dans le plat ? Je ne la connais pas. J’ai reconnu le bœuf, les oignons, les carottes et le piment. J’aurai d’ailleurs peut-être mis un peu plus de piment … j’aime quand c’est épicé. Mais c’est très bon comme ça … et puis ça réchauffe. »
Sans se faire prier, la petite termine son assiette. Elle ne pensait pas avoir aussi faim, mais son esprit savait qu’elle avait fait une débauche d’énergie colossale pendant l’entrainement. Maintenant que son estomac était plein, et que la tension qui l’habitait tombait, la fatigue se faisait à nouveau sentir. Cependant elle se devait de répondre à la proposition de son sensei et d’être un peu plus clair sur ces propos qu’elle n’avait pu l’être.
« J’accepte votre proposition sensei. Je n’ai pas la force physique de rentrer chez moi et je ne veux pas vous déranger pour qui vous m’y raccompagniez. En plus, je n’ai plus l’énergie pour m’ouvrir une arcade entre chez vous et chez moi. Quand je serai reposée, je pourrai vous montrer si vous le souhaitez.
En revanche, je refuse de prendre votre lit. C’est chez vous ici, et le canapé m’ira très bien. Vous aussi vous avez besoin de repos. C’est ma seule condition.
Arigato de … de garder mon secret. Je garderai le vôtre précieusement aussi. »
La petite sorcière n’envisage même pas de trahir son sensei en parlant de son métier de hunter. Il lui accorde sa confiance et elle veut s’en montrer digne. Néanmoins, insidieusement, son esprit lui rappelle qu’il souhaitait parler une fois le repas terminé. Normalement elle se serait mise en position seika mais avec sa cheville qui la lançait, ce n’était pas envisageable. De fait, elle s’installe en tailleur à l’instar de Bouddha, les cheville sur les genoux. Les joues à nouveau rougis, elle regarde son sensei en prenant une grande inspiration.
« Que souhaitez-vous savoir Sensei ? Je répondrai à toutes vos questions aussi clairement que possible. Est-ce que je peux vous demander une chose ? »
Elle hésite un peu, la question n’est pas complexe en soit mais elle craint d’être un peu trop curieuse voire intrusive. Pourtant, Taichi Tomoe décide de se lancer. Il a été compréhensif jusqu’à maintenant, cherchant à la rassurer avant tout, alors pourquoi là il le prendrait mal ? De toute façon, la sorcière a besoin de savoir pour comprendre. Le hochement de tête simple qu’il lui offre la conforte dans sa décision.
« Sensei … pourquoi être devenu un hunter ? »
"Moment de partage"
Etilya sur DK RPG
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Yens : 15
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Lun 22 Nov 2021 - 2:11
L'Enfant et la Bête
Feat ~ Taichi Tomoe
Ma jeune apprentie ne se fait pas prier, et après un jovial « itadakimasu » nous entamons notre plat. Ça faisait un moment que je n’avais pas pris le temps de cuisiner un plat de chez moi, ou de cuisiner tout court. Bien que possédant un coup de couteau averti, mes qualités de chefs se limitent au peu de plats que mon oncle m’a enseigné à préparer, essentiellement dans le cadre de la survie. Nous ne mangions ce genre de cuisine qu’à mes anniversaires, ce qui a sans doute conditionné l’engouement que je ressent actuellement en humant les douces odeurs herbacées de ma préparation.
Mon estomac cri soudain famine, sans doute parce que je n’ai rien mangé de la journée et que nous nous sommes pas mal dépensés avec la jeune sorcière. J’imagine qu’elle doit elle aussi avoir le ventre vide, et à la voir s’attacher les cheveux pour éviter de les laisser trainer dans son assiette, je comprends que sa portion va bien vite disparaitre. Avec un sourire, je l’observe donc gouter à ma cuisine, qui doit lui sembler bien différente de tout ce qu’elle connait habituellement. Elle qui est visiblement japonaise -si je ne me trompe pas- ne doit pas être habituée à une cuisine plus européenne. Pour preuve, après quelques coups de fourchette, elle s’interroge sur les condiments aromatiques présents dans le ragout. Je laisse échapper un léger rire nullement moqueur, mais plutôt amusé.
« Cette « feuille » comme tu dis, c’est du laurier, une herbe aromatique que l’on trouve en Europe. Son goût est légèrement amer et se rapproche un peu de la muscade si on la laisse mijoter longtemps. Il y a aussi du persil qui a un gout très frais, ainsi que de l’aneth qui elle a un goût plutôt anisé. Ce sont des plantes peu utilisées en cuisine nippone, mais par chez moi c’est très courant ! »
Tout ces noms étrangers à ses oreilles la font réfléchir, et je dois avouer que donner un cours de botanique à la jeune demoiselle m’amuse quelque peu. Il est rare de pouvoir avoir des conversations normales par les temps qui courent, sans avoir à aborder des sujets comme les vampires, les combats, les meurtres, la mort encore et toujours. C’en est même rafraichissant. Je me note juste dans un coin de l’esprit de revisiter ma recette en revoyant à la hausse le dosage du piment pour la prochaine fois, afin de satisfaire les gouts de mon élève. Toutefois, je vois bien que ça ne la dérange pas outre mesure vu la vitesse à laquelle elle termine son assiette. Elle a bon appétit, ce qui veut dire qu’elle s’est quelque peu remis de ses émotions. Voilà qui est rassurant.
Je finis donc ma part à mon tour, m’étant servi une portion à la hauteur de mon appétit, et souffle une fois repu. La sensation de faim apaisée, il ne reste plus qu’une sensation de sérénité quelque peu accentuée par la fatigue. Si ce matin encore on m’avais dit que je passerais la journée à m’entrainer avec une jeune sorcière ninja, je ne l’aurais pas cru ! Et pourtant nous y voilà, face à face, rassasiés et accusant de coup de la fatigue accumulée. Je me lève en suivant pour débarrasser la table tandis que la jeune demoiselle accuse discrètement un nouveau bâillement. Il semblerait qu’il soit l’heure d’éteindre les feux. Il faut croire que l’heure des réponses attendra le lendemain matin. C’est donc tout naturellement que je m’en allais préparer la chambre pour Taichi lorsqu’elle s’adresse à moi avec une voix à mi-chemin entre la fatigue et le plus grand des sérieux.
« J’accepte votre proposition sensei. Je n’ai pas la force physique de rentrer chez moi et je ne veux pas vous déranger pour que vous m’y raccompagniez. En plus, je n’ai plus l’énergie pour m’ouvrir une arcade entre chez vous et chez moi. Quand je serai reposée, je pourrai vous montrer si vous le souhaitez. En revanche, je refuse de prendre votre lit. C’est chez vous ici, et le canapé m’ira très bien. Vous aussi vous avez besoin de repos. C’est ma seule condition. »
Je reste un instant debout à côté du canapé, à l’observer en silence, un léger sourire au coin des lèvres. Elle est si jeune, et pourtant si déterminée, comment refuser ? Elle accepte déjà ma proposition, vu son état actuel je n’ai rien à demander de plus, disons que cet arrangement là convient à tout le monde.
J’aurais pu tiquer à la mention de cette « arcade », mais j’imagine qu’il s’agit d’une autre de ses capacités. Il me faudra donc attendre le lendemain pour voir la petite sorcière à l’oeuvre, j’acquiesce donc à sa proposition de me faire une démonstration lorsqu’elle aura récupéré ses forces. En attendant, même si elle reste sur le canapé, il lui faudra une couverture chaude et un oreiller. Tournant les talons, j’allais partir chercher lesdites affaires lorsqu’elle reprit la parole d’une voix tremblante.
« Arigato de … de garder mon secret. Je garderai le vôtre précieusement aussi. »
Je m’arrête et tourne le regard vers elle. Son visage enfantin, aussi radieux que souriant, m’emplit d’une douce chaleur réconfortante, auquel je répond par un sourire tout aussi doux et sincère. Puis je fis aller-retour vite fait jusque dans le placard de ma chambre et reviens avec le matériel de couchage nécessaire au confort de mon élève. Je suis quelque peu surpris de la voir m’attendre assise en tailleur, tel Bouddha, avec une mine tout d’un coup bien sérieuse. C’est après une profonde inspiration qu’elle trouva le courage d’aborder un sujet qui, j’en suis persuadé, est source d’appréhension.
« Que souhaitez-vous savoir Sensei ? Je répondrai à toutes vos questions aussi clairement que possible. »
Je commence d’abord par déposer sur le divan grisâtre ce que je porte, puis me réinstalle sur mon fauteuil, face à Taichi Tomoe. Des questions j’en ai des centaines, plus si affinité, mais les poser ce soir risquerait de nous prendre la nuit en réponse, et au vue de l’état de fatigue de mon étudiante j’imagine qu’elle doit déjà être en train de lutter contre un sommeil insidieux. La recherche de réponses devra donc attendre le lendemain.
« C’est gentil Taichi, j’apprécie ta franchise. Mes questions peuvent attendre. Nous avons passé une rude journée, tu as mérité de te reposer. Nous pourrons parler plus tard, rien ne presse. »
En effet rien ne presse, du moins pour moi car je vois bien qu’une question brule les lèvres de la jeune femme, qui semble trépigner d’impatience et d’hésitation.
« Est-ce que je peux vous demander une chose ? »
Voilà qui est particulier. Sans me surprendre pour autant, je suppose que cette hésitation repose sur le contenu d’une question qu’elle craint de poser. Si j’ai fait le choix de ne pas poser les miennes, c’est en partie pour la préserver et lui permettre de prendre du recul. La journée fut vive en émotions et en rebondissement, c’est plus que ce que la majorité des personnes de ce monde ne peut ordinairement supporter. Et pourtant je sent qu’elle ne trouvera pas le sommeil si je ne réponds pas à ses interrogations. Je lui offre donc un hochement de tête position et silencieux pour toute réponse, attentif à ce qu’elle s’apprête à dire.
« Sensei … pourquoi être devenu un hunter ? »
Le silence tombe dans mon petite appartement tandis que j’accuse le coup de cette question. Bien qu’attendu, je ne sais quoi lui répondre immédiatement. Peut-être parce que je ne me suis jamais vraiment posé la question, peut-être parce que j’en ai oublié la raison, ou bien peut-être que cela fait appel à un passé lointain qui m’a hanté pendant des décennies.
La jeune femme me scrute en silence pendant que je rumine des souvenirs ébréchés par le temps. Aucune réponse simple ne vient, alors autant tout lui raconter.
« Installes toi, je vais te raconter une histoire. »
Tandis que la jeune sorcière s’étends sur le canapé en plaçant sous sa tête le large coussin, s’enroulant dans la couverture douce en polaire, je tends la main vers Hecatomb et la pose sur mes cuisses. Son tranchant noir luit d’une lugubre aura sous la lumière chaude de l’ampoule qui pend au plafond. Mes doigts caressent lentement le fil à mesure que le conte prends forme dans mon esprit, et sans quitter des yeux ma compagne de bataille je commence mon récit.
« Il était une fois, dans un pays lointain recouvert par les neiges blanches, un jeune aristocrate aux cheveux d’argent. Premier né de sa famille, la richesse et la gloire de son nom devait lui revenir lorsqu’il serait adulte. C’est dans ce but qu’il fut élevé par les meilleurs professeurs, pour vivre à la hauteur des attentes qui lui incombaient de par son grade. Mais le jeune garçon était bien différent de tous les autres enfants de son rang. Il répugnait à la fourberie et à la manipulation, il exécrait les mièvreries et les paroles doucereuses de bienséances. Il rêvait d’aventure et de liberté, mais n’eut jamais l’occasion de s’en saisir. Il grandit alors, contrait à une vie d’études et de perfection, tandis que ses jeunes frères se complaisaient dans une vie d’innocence et d’oisiveté. Bien que lourde pour des épaules aussi jeunes, la vie s’écoulait néanmoins paisiblement, mais bientôt une tempête approchait, une force obscure qui allait tout bouleverser sur son passage. »
Je n’ai jamais été versé dans le contage des histoires, et ce n’est pas mon fort de m’embarquer dans ce genre de palabres. Pour une fois cependant les mots viennent sans complexe, à mesure qu’il sortent de ma bouche. Les prochains cependant font appel à une mémoire plus sombre, plus douloureuse encore, et les sentiments qui m’habitent raisonnent avec ma hache, d’où des étincelles noires fugaces gerbent.
« Un soir, un homme s’est présenté à la porte de la noble famille. Il était aussi âgé que le père du garçon, son visage était parsemé de cicatrices, mais ses cheveux et sa barbe étaient argentés, d’un argent pur tel le fer affuté. L’homme fut mal accueilli, mais resta tout de même au sein de la demeure dès cette nuit. A l’heure où tous dormaient, le jeune garçon entrepris une balade nocturne, une fugue pour ainsi dire, bravant l’interdit de son père. Il tomba en route sur un homme, au visage pale et aux dents longues, mais avant qu’il ne put être saisi par la créature les gardes du domaines accoururent à sa portée, et l’ombre malveillante disparut. Nul ne voulut croire le jeune garçon, et on le priva de ses dernières libertés. Mais il était malin, et une nuit il sortit de sa chambre discrètement, et c’est en se dirigeant vers la sortie qu’il tomba sur ce qui devait être une discussion qu’il n’aurait jamais du entendre. L’invité et le père se sont retrouvés dans le salon, et le jeune garçon les épiait depuis les ombres. Il surprit une conversation, et par mégarde, apprit que l’homme n’était autre que son oncle. Toute une partie de sa famille s’était effacée de l’histoire, mais les raisons -sombres à n’en pas douter- demeuraient inconnues au jeune homme. »
Je revois parfaitement la seine, comme si c’était hier. Mon oncle bondir de son fauteuil et placer un poignard sous la gorge de mon père. Si cet imbécile avait accepté la vérité, peut-être… peut-être que mon frère serait encore en vie aujourd’hui…
« Le temps passa et l’homme résidait toujours chez la noble famille, disparaissant le soir et revenant le matin. Nul ne savait où il allait, ou ce qu’il faisait, mais plus il restait et plus le père de famille sombrait dans l’anxiété, jusque’à cette fameuse nuit. Il faisait froid, le ciel était couvert et un épais rideau de pluie martelait le sol. Nul rayon de lumière ne transperçait l’épaisse couche nuageuse, la lune s’était cachée, comme apeurée. Les deux frères du jeune garçon ont disparu sans laisser de trace, seul un individu vêtu de ténèbres a été vu s’enfuyant de la propriété. Le père et l’oncle s’élancèrent dans la nuit à sa poursuite, et le jeune garçon se lança à leur trousse. La tempête battait son plein et le l’ainé se retrouvait seul, désorienté, lorsqu’une lumière dans l’obscurité attira son regard. Une chaumine, à la porte défoncée, au milieu de nulle part. A l’intérieur, son père, gisant sur le sol dans une marre de sang, le bras arraché au-dessus du coude. Le jeune homme ne put retenir ses haut le coeur, mais des cris émanant de la cave le poussèrent à continuer d’avancer. Il descendit, et c’est là qu’il le vit : un vampire. Les canines longues, le teint blafard, des ongles comme des griffes, et lui faisant face : l’oncle, armé d’une hache noire, immense et impressionnante. Le combat dura, et le jeune homme ne put faire autrement que de se cacher pour sauver sa vie. Dans la petite remise où il trouva refuge, il rencontra ce qui fut le spectacle le plus macabre qu’il ait vu de sa vie. Des corps, par dizaine, suspendus par les pieds à des crochets au plafond, le cou entaillé au dessus de bassines pleines de leur sang. Et parmi eux, ses deux jeunes frères. L’un n’avait pas encore eu la gorge tranché, pour l’autre… il était trop tard… »
Enkel… je revois son visage creusé, sa bouche ouverte d’où sortaient les mouches, et ses yeux… exorbités, rouges, secs… cette simple pensée me fait monter quelques larmes, que je réprime au profit d’un sentiment profond de colère. Hecatomb réagit instantanément à mes émotions et une gerbe d’étincelles noires fuse de son tranchant entre mes doigts.
« Alors la rage prit le dessus, j’empoignais une bassine de sang et la trainait derrière moi, et dans un geste de rage la jetais au visage du monstre. Aveuglé, il ne pu voir le coup venir et sa tête vola à l’autre bout de la cave. C’en était fini, la créature n’était plus que cendre. Elle laissa néanmoins dans son sillage de nombreux morts que mon oncle ramena à leur famille un par un, et part ceux-ci, mon frère Enkel. Mon père vivait encore malgré le bras qu’il avait perdu, quand à Øswald… il fut amputé des deux pieds. Ma mère ne s’est jamais remise de ce qu’il nous est arrivé, et c’est mon frère qui reprit les rennes de la famille à la retraite anticipée de mon père. Quand à moi, aveuglé par la haine, je suivis mon oncle pour devenir le Hunter que mon sang me destinait à devenir. Chez les Jarlsonfel, seuls les ainés aux cheveux argentés peuvent hériter d’Hecatomb, au prix d’années de formation et de batailles. Je… je n’ai jamais pu pardonner aux vampires ce qu’ils ont fait à ma famille. Ce qu’ils m’ont fait. »
Ma main s’arrête, tremblante, sur le fil de mon arme. Bizarrement, raconter cette histoire pour la première fois me fait un bien inespéré, comme si j’avais enfin pu exorcisé le démon qui hante mon coeur depuis toutes ces années. Un profond sentiment de nostalgie s’immisce en moi, et un léger sourire mêlé de tristesse se pointe à la commissure de mes lèvres. Je relève alors les yeux vers mon élève, dont les yeux sont embués et la mine tant triste que perplexe. Je pense en avoir assez dit pour ce soir, je n’ai plus le coeur à en parler. Il est grand temps de trouver un peu de repos, pour elle comme pour moi, et je pense qu’elle l’a compris aussi. Elle n’ose dire quelque mot que ce soit, par pudeur ou je ne sais quoi, mais je ne lui en tient aucunement rigueur. Elle méritait de savoir. Je me lève alors, m’approche d’elle et, délicatement, dépose un baiser sur son front.
« Désolé, je pense que je t’en ai trop dit d’un coup. Ne te hante pas avec les fantômes de mon passé, regarde vers l’avenir. Nous discuterons un autre jour. Dors bien Taichi. »
Et sur ses mots, je tire quelque peu le couverture pour recouvrir l’épaule de mon élève, puis tourne les talons en éteignant la lumière. Cette nuit-là, je dors paisiblement, une nuit sans aucun rêve.
« Cette « feuille » comme tu dis, c’est du laurier, une herbe aromatique que l’on trouve en Europe. Son goût est légèrement amer et se rapproche un peu de la muscade si on la laisse mijoter longtemps. Il y a aussi du persil qui a un gout très frais, ainsi que de l’aneth qui elle a un goût plutôt anisé. Ce sont des plantes peu utilisées en cuisine nippone, mais par chez moi c’est très courant ! »
Tout ces noms étrangers à ses oreilles la font réfléchir, et je dois avouer que donner un cours de botanique à la jeune demoiselle m’amuse quelque peu. Il est rare de pouvoir avoir des conversations normales par les temps qui courent, sans avoir à aborder des sujets comme les vampires, les combats, les meurtres, la mort encore et toujours. C’en est même rafraichissant. Je me note juste dans un coin de l’esprit de revisiter ma recette en revoyant à la hausse le dosage du piment pour la prochaine fois, afin de satisfaire les gouts de mon élève. Toutefois, je vois bien que ça ne la dérange pas outre mesure vu la vitesse à laquelle elle termine son assiette. Elle a bon appétit, ce qui veut dire qu’elle s’est quelque peu remis de ses émotions. Voilà qui est rassurant.
Je finis donc ma part à mon tour, m’étant servi une portion à la hauteur de mon appétit, et souffle une fois repu. La sensation de faim apaisée, il ne reste plus qu’une sensation de sérénité quelque peu accentuée par la fatigue. Si ce matin encore on m’avais dit que je passerais la journée à m’entrainer avec une jeune sorcière ninja, je ne l’aurais pas cru ! Et pourtant nous y voilà, face à face, rassasiés et accusant de coup de la fatigue accumulée. Je me lève en suivant pour débarrasser la table tandis que la jeune demoiselle accuse discrètement un nouveau bâillement. Il semblerait qu’il soit l’heure d’éteindre les feux. Il faut croire que l’heure des réponses attendra le lendemain matin. C’est donc tout naturellement que je m’en allais préparer la chambre pour Taichi lorsqu’elle s’adresse à moi avec une voix à mi-chemin entre la fatigue et le plus grand des sérieux.
« J’accepte votre proposition sensei. Je n’ai pas la force physique de rentrer chez moi et je ne veux pas vous déranger pour que vous m’y raccompagniez. En plus, je n’ai plus l’énergie pour m’ouvrir une arcade entre chez vous et chez moi. Quand je serai reposée, je pourrai vous montrer si vous le souhaitez. En revanche, je refuse de prendre votre lit. C’est chez vous ici, et le canapé m’ira très bien. Vous aussi vous avez besoin de repos. C’est ma seule condition. »
Je reste un instant debout à côté du canapé, à l’observer en silence, un léger sourire au coin des lèvres. Elle est si jeune, et pourtant si déterminée, comment refuser ? Elle accepte déjà ma proposition, vu son état actuel je n’ai rien à demander de plus, disons que cet arrangement là convient à tout le monde.
J’aurais pu tiquer à la mention de cette « arcade », mais j’imagine qu’il s’agit d’une autre de ses capacités. Il me faudra donc attendre le lendemain pour voir la petite sorcière à l’oeuvre, j’acquiesce donc à sa proposition de me faire une démonstration lorsqu’elle aura récupéré ses forces. En attendant, même si elle reste sur le canapé, il lui faudra une couverture chaude et un oreiller. Tournant les talons, j’allais partir chercher lesdites affaires lorsqu’elle reprit la parole d’une voix tremblante.
« Arigato de … de garder mon secret. Je garderai le vôtre précieusement aussi. »
Je m’arrête et tourne le regard vers elle. Son visage enfantin, aussi radieux que souriant, m’emplit d’une douce chaleur réconfortante, auquel je répond par un sourire tout aussi doux et sincère. Puis je fis aller-retour vite fait jusque dans le placard de ma chambre et reviens avec le matériel de couchage nécessaire au confort de mon élève. Je suis quelque peu surpris de la voir m’attendre assise en tailleur, tel Bouddha, avec une mine tout d’un coup bien sérieuse. C’est après une profonde inspiration qu’elle trouva le courage d’aborder un sujet qui, j’en suis persuadé, est source d’appréhension.
« Que souhaitez-vous savoir Sensei ? Je répondrai à toutes vos questions aussi clairement que possible. »
Je commence d’abord par déposer sur le divan grisâtre ce que je porte, puis me réinstalle sur mon fauteuil, face à Taichi Tomoe. Des questions j’en ai des centaines, plus si affinité, mais les poser ce soir risquerait de nous prendre la nuit en réponse, et au vue de l’état de fatigue de mon étudiante j’imagine qu’elle doit déjà être en train de lutter contre un sommeil insidieux. La recherche de réponses devra donc attendre le lendemain.
« C’est gentil Taichi, j’apprécie ta franchise. Mes questions peuvent attendre. Nous avons passé une rude journée, tu as mérité de te reposer. Nous pourrons parler plus tard, rien ne presse. »
En effet rien ne presse, du moins pour moi car je vois bien qu’une question brule les lèvres de la jeune femme, qui semble trépigner d’impatience et d’hésitation.
« Est-ce que je peux vous demander une chose ? »
Voilà qui est particulier. Sans me surprendre pour autant, je suppose que cette hésitation repose sur le contenu d’une question qu’elle craint de poser. Si j’ai fait le choix de ne pas poser les miennes, c’est en partie pour la préserver et lui permettre de prendre du recul. La journée fut vive en émotions et en rebondissement, c’est plus que ce que la majorité des personnes de ce monde ne peut ordinairement supporter. Et pourtant je sent qu’elle ne trouvera pas le sommeil si je ne réponds pas à ses interrogations. Je lui offre donc un hochement de tête position et silencieux pour toute réponse, attentif à ce qu’elle s’apprête à dire.
« Sensei … pourquoi être devenu un hunter ? »
Le silence tombe dans mon petite appartement tandis que j’accuse le coup de cette question. Bien qu’attendu, je ne sais quoi lui répondre immédiatement. Peut-être parce que je ne me suis jamais vraiment posé la question, peut-être parce que j’en ai oublié la raison, ou bien peut-être que cela fait appel à un passé lointain qui m’a hanté pendant des décennies.
La jeune femme me scrute en silence pendant que je rumine des souvenirs ébréchés par le temps. Aucune réponse simple ne vient, alors autant tout lui raconter.
« Installes toi, je vais te raconter une histoire. »
Tandis que la jeune sorcière s’étends sur le canapé en plaçant sous sa tête le large coussin, s’enroulant dans la couverture douce en polaire, je tends la main vers Hecatomb et la pose sur mes cuisses. Son tranchant noir luit d’une lugubre aura sous la lumière chaude de l’ampoule qui pend au plafond. Mes doigts caressent lentement le fil à mesure que le conte prends forme dans mon esprit, et sans quitter des yeux ma compagne de bataille je commence mon récit.
« Il était une fois, dans un pays lointain recouvert par les neiges blanches, un jeune aristocrate aux cheveux d’argent. Premier né de sa famille, la richesse et la gloire de son nom devait lui revenir lorsqu’il serait adulte. C’est dans ce but qu’il fut élevé par les meilleurs professeurs, pour vivre à la hauteur des attentes qui lui incombaient de par son grade. Mais le jeune garçon était bien différent de tous les autres enfants de son rang. Il répugnait à la fourberie et à la manipulation, il exécrait les mièvreries et les paroles doucereuses de bienséances. Il rêvait d’aventure et de liberté, mais n’eut jamais l’occasion de s’en saisir. Il grandit alors, contrait à une vie d’études et de perfection, tandis que ses jeunes frères se complaisaient dans une vie d’innocence et d’oisiveté. Bien que lourde pour des épaules aussi jeunes, la vie s’écoulait néanmoins paisiblement, mais bientôt une tempête approchait, une force obscure qui allait tout bouleverser sur son passage. »
Je n’ai jamais été versé dans le contage des histoires, et ce n’est pas mon fort de m’embarquer dans ce genre de palabres. Pour une fois cependant les mots viennent sans complexe, à mesure qu’il sortent de ma bouche. Les prochains cependant font appel à une mémoire plus sombre, plus douloureuse encore, et les sentiments qui m’habitent raisonnent avec ma hache, d’où des étincelles noires fugaces gerbent.
« Un soir, un homme s’est présenté à la porte de la noble famille. Il était aussi âgé que le père du garçon, son visage était parsemé de cicatrices, mais ses cheveux et sa barbe étaient argentés, d’un argent pur tel le fer affuté. L’homme fut mal accueilli, mais resta tout de même au sein de la demeure dès cette nuit. A l’heure où tous dormaient, le jeune garçon entrepris une balade nocturne, une fugue pour ainsi dire, bravant l’interdit de son père. Il tomba en route sur un homme, au visage pale et aux dents longues, mais avant qu’il ne put être saisi par la créature les gardes du domaines accoururent à sa portée, et l’ombre malveillante disparut. Nul ne voulut croire le jeune garçon, et on le priva de ses dernières libertés. Mais il était malin, et une nuit il sortit de sa chambre discrètement, et c’est en se dirigeant vers la sortie qu’il tomba sur ce qui devait être une discussion qu’il n’aurait jamais du entendre. L’invité et le père se sont retrouvés dans le salon, et le jeune garçon les épiait depuis les ombres. Il surprit une conversation, et par mégarde, apprit que l’homme n’était autre que son oncle. Toute une partie de sa famille s’était effacée de l’histoire, mais les raisons -sombres à n’en pas douter- demeuraient inconnues au jeune homme. »
Je revois parfaitement la seine, comme si c’était hier. Mon oncle bondir de son fauteuil et placer un poignard sous la gorge de mon père. Si cet imbécile avait accepté la vérité, peut-être… peut-être que mon frère serait encore en vie aujourd’hui…
« Le temps passa et l’homme résidait toujours chez la noble famille, disparaissant le soir et revenant le matin. Nul ne savait où il allait, ou ce qu’il faisait, mais plus il restait et plus le père de famille sombrait dans l’anxiété, jusque’à cette fameuse nuit. Il faisait froid, le ciel était couvert et un épais rideau de pluie martelait le sol. Nul rayon de lumière ne transperçait l’épaisse couche nuageuse, la lune s’était cachée, comme apeurée. Les deux frères du jeune garçon ont disparu sans laisser de trace, seul un individu vêtu de ténèbres a été vu s’enfuyant de la propriété. Le père et l’oncle s’élancèrent dans la nuit à sa poursuite, et le jeune garçon se lança à leur trousse. La tempête battait son plein et le l’ainé se retrouvait seul, désorienté, lorsqu’une lumière dans l’obscurité attira son regard. Une chaumine, à la porte défoncée, au milieu de nulle part. A l’intérieur, son père, gisant sur le sol dans une marre de sang, le bras arraché au-dessus du coude. Le jeune homme ne put retenir ses haut le coeur, mais des cris émanant de la cave le poussèrent à continuer d’avancer. Il descendit, et c’est là qu’il le vit : un vampire. Les canines longues, le teint blafard, des ongles comme des griffes, et lui faisant face : l’oncle, armé d’une hache noire, immense et impressionnante. Le combat dura, et le jeune homme ne put faire autrement que de se cacher pour sauver sa vie. Dans la petite remise où il trouva refuge, il rencontra ce qui fut le spectacle le plus macabre qu’il ait vu de sa vie. Des corps, par dizaine, suspendus par les pieds à des crochets au plafond, le cou entaillé au dessus de bassines pleines de leur sang. Et parmi eux, ses deux jeunes frères. L’un n’avait pas encore eu la gorge tranché, pour l’autre… il était trop tard… »
Enkel… je revois son visage creusé, sa bouche ouverte d’où sortaient les mouches, et ses yeux… exorbités, rouges, secs… cette simple pensée me fait monter quelques larmes, que je réprime au profit d’un sentiment profond de colère. Hecatomb réagit instantanément à mes émotions et une gerbe d’étincelles noires fuse de son tranchant entre mes doigts.
« Alors la rage prit le dessus, j’empoignais une bassine de sang et la trainait derrière moi, et dans un geste de rage la jetais au visage du monstre. Aveuglé, il ne pu voir le coup venir et sa tête vola à l’autre bout de la cave. C’en était fini, la créature n’était plus que cendre. Elle laissa néanmoins dans son sillage de nombreux morts que mon oncle ramena à leur famille un par un, et part ceux-ci, mon frère Enkel. Mon père vivait encore malgré le bras qu’il avait perdu, quand à Øswald… il fut amputé des deux pieds. Ma mère ne s’est jamais remise de ce qu’il nous est arrivé, et c’est mon frère qui reprit les rennes de la famille à la retraite anticipée de mon père. Quand à moi, aveuglé par la haine, je suivis mon oncle pour devenir le Hunter que mon sang me destinait à devenir. Chez les Jarlsonfel, seuls les ainés aux cheveux argentés peuvent hériter d’Hecatomb, au prix d’années de formation et de batailles. Je… je n’ai jamais pu pardonner aux vampires ce qu’ils ont fait à ma famille. Ce qu’ils m’ont fait. »
Ma main s’arrête, tremblante, sur le fil de mon arme. Bizarrement, raconter cette histoire pour la première fois me fait un bien inespéré, comme si j’avais enfin pu exorcisé le démon qui hante mon coeur depuis toutes ces années. Un profond sentiment de nostalgie s’immisce en moi, et un léger sourire mêlé de tristesse se pointe à la commissure de mes lèvres. Je relève alors les yeux vers mon élève, dont les yeux sont embués et la mine tant triste que perplexe. Je pense en avoir assez dit pour ce soir, je n’ai plus le coeur à en parler. Il est grand temps de trouver un peu de repos, pour elle comme pour moi, et je pense qu’elle l’a compris aussi. Elle n’ose dire quelque mot que ce soit, par pudeur ou je ne sais quoi, mais je ne lui en tient aucunement rigueur. Elle méritait de savoir. Je me lève alors, m’approche d’elle et, délicatement, dépose un baiser sur son front.
« Désolé, je pense que je t’en ai trop dit d’un coup. Ne te hante pas avec les fantômes de mon passé, regarde vers l’avenir. Nous discuterons un autre jour. Dors bien Taichi. »
Et sur ses mots, je tire quelque peu le couverture pour recouvrir l’épaule de mon élève, puis tourne les talons en éteignant la lumière. Cette nuit-là, je dors paisiblement, une nuit sans aucun rêve.
"Il était une fois..."
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