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Shinji Tsukishima#102431#102431#102431#102431#102431#102431#102431
Sorcier Sang-pur - Spécialiste - Sentinelle
Race : Sorcier
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Date d'inscription : 22/11/2016
Nombre de messages : 335
Emploi/loisirs : Antiquaire
Yens : 129
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Mer 18 Déc 2019 - 20:51
L’église… Un monument que Shinji n’aurait jamais pensé approcher de si près un jour. La haine et le mépris de cette religion sont ancrés dans son coeur depuis bien longtemps, alimentés par l’éducation des sorciers, mais surtout par celle de ses parents. Ainsi, il n’a jamais pensé que son amie puisse s’y réfugier, car il ne peut pas raisonner comme un simple humain. Il ne conçoit pas qu'un lieu de culte puisse prôner l'asile quand l'Eglise se livrent à de véritables chasses contre les gens qui ne lui plaisent pas. Surtout dans le contexte actuel, avec le surnaturel à deux doigts d'éclater au grand jour. Les chrétiens en particulier ont toujours été particulièrement violents en terme de répression.
Shinji s'arrête devant le bâtiment adjacent au lieu de culte : le refuge Bonsecours, où son amie est hébergée secrètement. Il prend plusieurs minutes pour l'observer, particulièrement les ombres qui l'entourent. Le jeune sorcier enregistre le trajet de chacune d'entre elles ; ainsi, en cas de besoin, il pourra les traverser pour surmonter les obstacles qui pourraient se dresser en travers de sa route. Je te conseille de montrer patte blanche si tu vas la voir. L’avertissement d’Irina est encore frais dans sa mémoire. Et même s'il nourrit du ressentiment à son égard, il est bien obligé d'admettre qu'elle a raison. Si le prêtre est effectivement un assassin-ce dont il ne doute pas, de la part d'Irina- et qu'il la protège, il serait capable de lui trancher la gorge sans qu'il ait le temps d'incanter un sort défensif. Il va suivre le conseil de son supérieur, et si malgré toute sa bonne volonté, on lui refuse le droit de voir son amie, eh bien il passera par les ombres. C'est donc avec l'intention de jouer carte sur table qu’il franchit le seuil du refuge.
Le maître des ombres s'avance prudemment, sur ses gardes. Il est aux aguets sur un éventuel ennemi embusqué, mais surtout, il souhaite soigner l'image qu'il peut renvoyer. Il a déjà une apparence qui laisse peu de place à la confiance aveugle, avec ses cheveux sombres, son air peu avenant et son long manteau noir. Autant soigner son attitude et ne pas céder à l'empressement. Il prend une minute pour détailler l'intérieur du bâtiment. Un quelconque nécessiteux y trouverait sans doute une ambiance chaleureuse, mais pour Shinji, ce lieu est plus hostile qu'hospitalier. Une fois son inspection visuelle achevée, il s'approche du bureau d'accueil et guette une présence humaine. À cette heure tardive, il n'y a pas un chat ; à dire vrai il ne sait même pas qui travaille au refuge ni pour quel effectif. En tout cas, les résidents ne semblent pas désireux de prendre l'air.
Le sorcier aperçoit finalement un japonais qui le fixe d'un air suspicieux. Vu son attitude, il est sur ses gardes. Guère étonnant, aussi tard, par les temps qui courent. Ce n'est clairement pas la meilleure période pour visiter un résident. Pourtant, Shinji ne peut pas attendre, encore moins rebrousser chemin, si près du but après des années de tourments… Prenant son courage à deux mains, le maître des ombres s'avance vers le gardien et s'incline pour le saluer.
▬ Bonsoir Monsieur. Je suis désolé de vous déranger à une heure si tardive, cependant, une affaire importante m'amène.
Shinji se redresse et fixe son interlocuteur ; il le sent tendu comme une bête prête à bondir. Il s'humecte les lèvres pour se retenir de déglutir. Il ne lui en faut pas plus pour supposer que cet individu est déjà au courant de son identité potentielle ; ou tout du moins, qu'Alyssa est poursuivie par des inconnus.
▬ Je m'appelle Tsukishima Shinji. J'ai appris récemment que vous hébergez une amie de longue date, Alyssa O'Brien.
L'homme ne cille pas, mais l'étincelle dans son regard n'échappe pas au jeteur de sort. Il la connaît. Il est peut-être même là pour elle. Ou plutôt, à cause des sorciers -de lui. Shinji doit choisir soigneusement ses mots désormais. Il a conscience que le moindre faux pas peut faire pencher la balance du mauvais côté. Il doit se montrer sincère tout en restant prudent.
▬ Je sais qu'il est tard, mais je dois absolument la voir. Ça fait des années que je cherche à la retrouver. Je vous jure sur mon honneur que je ne lui veux aucun mal, bien au contraire. Pourriez-vous lui dire que je suis ici, onegaishimasu ?
Il s’incline à nouveau pour appuyer sa demande. Il ne peut pas faire plus ; pas mieux. Si on ne le laisse pas aller la voir, il acceptera et partira. Mais il n’en restera pas là ; il n'a pas l'intention de rentrer bredouille. Il montre patte blanche, pour reprendre l’expression d’Irina, mais si on reste indifférent à sa bonne volonté, il emploiera les grands moyens. C'est très certainement égoïste, mais il compte bien revoir Alyssa ce soir. Envers et contre tout.
Shinji s'arrête devant le bâtiment adjacent au lieu de culte : le refuge Bonsecours, où son amie est hébergée secrètement. Il prend plusieurs minutes pour l'observer, particulièrement les ombres qui l'entourent. Le jeune sorcier enregistre le trajet de chacune d'entre elles ; ainsi, en cas de besoin, il pourra les traverser pour surmonter les obstacles qui pourraient se dresser en travers de sa route. Je te conseille de montrer patte blanche si tu vas la voir. L’avertissement d’Irina est encore frais dans sa mémoire. Et même s'il nourrit du ressentiment à son égard, il est bien obligé d'admettre qu'elle a raison. Si le prêtre est effectivement un assassin-ce dont il ne doute pas, de la part d'Irina- et qu'il la protège, il serait capable de lui trancher la gorge sans qu'il ait le temps d'incanter un sort défensif. Il va suivre le conseil de son supérieur, et si malgré toute sa bonne volonté, on lui refuse le droit de voir son amie, eh bien il passera par les ombres. C'est donc avec l'intention de jouer carte sur table qu’il franchit le seuil du refuge.
Le maître des ombres s'avance prudemment, sur ses gardes. Il est aux aguets sur un éventuel ennemi embusqué, mais surtout, il souhaite soigner l'image qu'il peut renvoyer. Il a déjà une apparence qui laisse peu de place à la confiance aveugle, avec ses cheveux sombres, son air peu avenant et son long manteau noir. Autant soigner son attitude et ne pas céder à l'empressement. Il prend une minute pour détailler l'intérieur du bâtiment. Un quelconque nécessiteux y trouverait sans doute une ambiance chaleureuse, mais pour Shinji, ce lieu est plus hostile qu'hospitalier. Une fois son inspection visuelle achevée, il s'approche du bureau d'accueil et guette une présence humaine. À cette heure tardive, il n'y a pas un chat ; à dire vrai il ne sait même pas qui travaille au refuge ni pour quel effectif. En tout cas, les résidents ne semblent pas désireux de prendre l'air.
Le sorcier aperçoit finalement un japonais qui le fixe d'un air suspicieux. Vu son attitude, il est sur ses gardes. Guère étonnant, aussi tard, par les temps qui courent. Ce n'est clairement pas la meilleure période pour visiter un résident. Pourtant, Shinji ne peut pas attendre, encore moins rebrousser chemin, si près du but après des années de tourments… Prenant son courage à deux mains, le maître des ombres s'avance vers le gardien et s'incline pour le saluer.
▬ Bonsoir Monsieur. Je suis désolé de vous déranger à une heure si tardive, cependant, une affaire importante m'amène.
Shinji se redresse et fixe son interlocuteur ; il le sent tendu comme une bête prête à bondir. Il s'humecte les lèvres pour se retenir de déglutir. Il ne lui en faut pas plus pour supposer que cet individu est déjà au courant de son identité potentielle ; ou tout du moins, qu'Alyssa est poursuivie par des inconnus.
▬ Je m'appelle Tsukishima Shinji. J'ai appris récemment que vous hébergez une amie de longue date, Alyssa O'Brien.
L'homme ne cille pas, mais l'étincelle dans son regard n'échappe pas au jeteur de sort. Il la connaît. Il est peut-être même là pour elle. Ou plutôt, à cause des sorciers -de lui. Shinji doit choisir soigneusement ses mots désormais. Il a conscience que le moindre faux pas peut faire pencher la balance du mauvais côté. Il doit se montrer sincère tout en restant prudent.
▬ Je sais qu'il est tard, mais je dois absolument la voir. Ça fait des années que je cherche à la retrouver. Je vous jure sur mon honneur que je ne lui veux aucun mal, bien au contraire. Pourriez-vous lui dire que je suis ici, onegaishimasu ?
Il s’incline à nouveau pour appuyer sa demande. Il ne peut pas faire plus ; pas mieux. Si on ne le laisse pas aller la voir, il acceptera et partira. Mais il n’en restera pas là ; il n'a pas l'intention de rentrer bredouille. Il montre patte blanche, pour reprendre l’expression d’Irina, mais si on reste indifférent à sa bonne volonté, il emploiera les grands moyens. C'est très certainement égoïste, mais il compte bien revoir Alyssa ce soir. Envers et contre tout.
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Mer 18 Déc 2019 - 23:27
Musique d'ambiance
Il commençait à se faire tard. L’heure de ma garde approche à grand pas maintenant. Je n’étais plus qu’à une petite heure de minuit et et donc du moment où j’allais pouvoir retrouver ma future épouse qui elle était au quartier général des chevaliers des ombres. Par la même, Yukito n’allait pas tarder à venir pour me relever et prendre en charge la surveillance de Bonsecours et d’Alyssa. Dieu bénisse Hermansson-sama d’avoir pris autant de soin dans les roulements pour sa sécurité.
Il y avait une atmosphère étrange en ville depuis que le soleil avait disparu vers dix-neuf heure quinze. Une légère brume planait dans les rues, comme pour naturellement baigner les mortels que nous sommes dans l’inconnu. J’avais comme un mauvais présentiment. Ce genre d’intuition qui vous fait penser que tout est sur le point de basculer dans le chaos et la destruction alors que rien ne vous laisserait entrevoir cela comme une possibilité. Non. Décidément, cette soirée ne me revenait absolument pas. J’ai décroché le téléphone pour appeler Alyssa et lui dire que Yukito allait bientôt arriver pour me remplacer à mon poste car j’avais ma garde qui arrivait. Je ne sais pas vraiment si je peux me considérer comme un officier des chevaliers des ombres, mais en tout cas, mon rôle n’est pas à prendre à la légère. Ce soir, je suis le chef d’équipe de la garde. S’il y a une urgence, je serais le premier à devoir répartir les effectifs et coordonner les efforts.
C’est dans cette atmosphère pesante qu’une personne entra dans le hall d’accueil de Bonsecour tout en détaillant visiblement les lieux. Cela n’aurait pas été un problème si l’homme n’était pas aussi jeune et n’était aussi soigné et propre sur lui. Il n’est en rien un nécessiteux et ne semblait pas apeuré ou blessé. Quelque chose clochait.
Je m’avançai vers lui tout en le gardant bien à l’œil et sortant du petit bureau et allumant les néons du hall pour pouvoir mieux le distinguer que dans la pénombre. La vingtaine, élégamment vêtu, les cheveux noirs comme les ténèbres d’une nuit sans lune, un air impassible.
Je demeurai stoïque lorsqu’il s’excuse pour une arrivée aussi tardive en ce lieu. Je restai septique et ne le quitte pas des yeux.
Mais c’est bien lorsqu’il prononça le nom d’Alyssa-san que je percutai tout de suite ainsi que les mots qu’il emploie.
“Tu m’étonnes que tu doives absolument la voir mon ami” ai-je alors pensé. Tout de suite, j’ai compris qu’il n’y avait pas moyen que ce mec fût autre chose qu’un sorcier à la recherche de la jeune fille.
Je visualisai alors très bien la suite des événements dans mon esprit. En une fraction de secondes, cela se déroulait alors comme une évidence. “Je lui réponds non et il me vaporise pour passer quand même - Je tente de parlementer et de lui faire quitter les lieux et je connais le même sort”.
“Si je veux la protéger, je ne dois lui laisser aucune ouverture. Un coup puissant et fulgurant au niveau de l’os Xiphoïde suffira à lui briser et à le privé de souffle sous le coup de la surprise et de la douleur. Son corps se pliera naturellement en réaction et je n’aurai qu’à amener ma main gauche comme pour un uppercut au niveau de sa maxillaire inférieur et je déploie ma lame qui s’enfoncera à travers les tissus mous vers son cerveau lui offrira une mort instantanée.”
J’avais alors mon plan dans ma tête lorsqu’il s’inclina dans un profond respect pour que j’accède à sa demande. C’est alors que j’ai percuté ses mots. Le fait qu’il la cherche depuis des années et qu’elle était une amie de longue date. Se pourrait-il qu’il soit alors le sorcier qui la mise dans toute cette histoire ?
Je me rendis au poste d’appel de l’accueil qui me permet d’appeler les chambres et studios du refuge et joignis ma disciple.
La soirée était vraiment spéciale, mais étrangement, mon intuition singulière, bien que ne me semblant rien avoir avec cette situation incongrue, ne s’était pas dissipé. Pourvu que le Tout-Puissant ne nous réserve rien de terrible...
Il y avait une atmosphère étrange en ville depuis que le soleil avait disparu vers dix-neuf heure quinze. Une légère brume planait dans les rues, comme pour naturellement baigner les mortels que nous sommes dans l’inconnu. J’avais comme un mauvais présentiment. Ce genre d’intuition qui vous fait penser que tout est sur le point de basculer dans le chaos et la destruction alors que rien ne vous laisserait entrevoir cela comme une possibilité. Non. Décidément, cette soirée ne me revenait absolument pas. J’ai décroché le téléphone pour appeler Alyssa et lui dire que Yukito allait bientôt arriver pour me remplacer à mon poste car j’avais ma garde qui arrivait. Je ne sais pas vraiment si je peux me considérer comme un officier des chevaliers des ombres, mais en tout cas, mon rôle n’est pas à prendre à la légère. Ce soir, je suis le chef d’équipe de la garde. S’il y a une urgence, je serais le premier à devoir répartir les effectifs et coordonner les efforts.
C’est dans cette atmosphère pesante qu’une personne entra dans le hall d’accueil de Bonsecour tout en détaillant visiblement les lieux. Cela n’aurait pas été un problème si l’homme n’était pas aussi jeune et n’était aussi soigné et propre sur lui. Il n’est en rien un nécessiteux et ne semblait pas apeuré ou blessé. Quelque chose clochait.
Je m’avançai vers lui tout en le gardant bien à l’œil et sortant du petit bureau et allumant les néons du hall pour pouvoir mieux le distinguer que dans la pénombre. La vingtaine, élégamment vêtu, les cheveux noirs comme les ténèbres d’une nuit sans lune, un air impassible.
Je demeurai stoïque lorsqu’il s’excuse pour une arrivée aussi tardive en ce lieu. Je restai septique et ne le quitte pas des yeux.
Riku ▬ Que puis-je pour vous monsieur ? Lui répondis-je très sobrement.Tsukishima Shinji. J’ai déjà entendu ce nom quelque part. Non. Je l’ai vu quelque part. N’a-t-il pas une boutique en ville ? Oh oui, ça y est, j’ai mis le doigt dessus. Il y a une boutique d’antiquité en ville, assez discrète où j’ai vu ce nom sur l’enseigne.
Mais c’est bien lorsqu’il prononça le nom d’Alyssa-san que je percutai tout de suite ainsi que les mots qu’il emploie.
“Tu m’étonnes que tu doives absolument la voir mon ami” ai-je alors pensé. Tout de suite, j’ai compris qu’il n’y avait pas moyen que ce mec fût autre chose qu’un sorcier à la recherche de la jeune fille.
Je visualisai alors très bien la suite des événements dans mon esprit. En une fraction de secondes, cela se déroulait alors comme une évidence. “Je lui réponds non et il me vaporise pour passer quand même - Je tente de parlementer et de lui faire quitter les lieux et je connais le même sort”.
“Si je veux la protéger, je ne dois lui laisser aucune ouverture. Un coup puissant et fulgurant au niveau de l’os Xiphoïde suffira à lui briser et à le privé de souffle sous le coup de la surprise et de la douleur. Son corps se pliera naturellement en réaction et je n’aurai qu’à amener ma main gauche comme pour un uppercut au niveau de sa maxillaire inférieur et je déploie ma lame qui s’enfoncera à travers les tissus mous vers son cerveau lui offrira une mort instantanée.”
J’avais alors mon plan dans ma tête lorsqu’il s’inclina dans un profond respect pour que j’accède à sa demande. C’est alors que j’ai percuté ses mots. Le fait qu’il la cherche depuis des années et qu’elle était une amie de longue date. Se pourrait-il qu’il soit alors le sorcier qui la mise dans toute cette histoire ?
Riku ▬ Détendez-vous sorcier et ne faites rien de stupide. Il y a moins mortel que moi qui veille sur la jeune O’Brien-san.Au moins, le ton était lancé. Je lui répondis avec beaucoup d’aplomb, sans pour autant que cela ne soit méchant, mais il fallait qu’il sache. Il sait que je sais maintenant.
Je me rendis au poste d’appel de l’accueil qui me permet d’appeler les chambres et studios du refuge et joignis ma disciple.
Riku ▬ Une personne souhaiterait vous voir instamment. Si vous voulez bien la recevoir malgré l’heure je la fais monter. C’est un certain Tsukishima Shinji... Hmm.... Hmm.... Entendus. Je le fais monter.Je m’en retournai alors vers le jeune sorcier qui vint à nous en cette nuit décidément surprenante.
Riku ▬ Ne faites pas de geste brusque avec elle lors de ces retrouvailles ou elle pourrait bien vous briser le bras aussi facilement que je le pourrais en réflexe. Lui dis-je en commençant à le faire monter dans les étages du bâtiment. Le fait est que O’Brien-san est très à cran depuis des mois et que je la forme à se défendre contre... J’eus un léger regard de bas en haut sur ce jeune Tsukishima tout en prenant une pause dans notre ascension des escaliers. Eh bien vous savez contre quoi.Nous nous arrêtâmes devant la porte du studio où vivait maintenant Alyssa depuis l’ouverture du refuge Bonsecours. Je frappais à trois reprises pour qu’elle vienne nous ouvrir avant de me tourner vers le sorcier.
Riku ▬ Je ne serai pas loin.Après quoi, une fois que la jeune femme au teint pâle et aux cheveux de feu nous ouvrit, je repartais en direction des escaliers, les empruntant pour être hors de vue, mais sans les descendre.
La soirée était vraiment spéciale, mais étrangement, mon intuition singulière, bien que ne me semblant rien avoir avec cette situation incongrue, ne s’était pas dissipé. Pourvu que le Tout-Puissant ne nous réserve rien de terrible...
Etilya sur DK RPG
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Jeu 16 Jan 2020 - 22:11
Après quelques courtes tâches de routine, je m’étais retirée dans le petit studio que j’avais à Bonsecours pour la nuit. Il était très simple et peu meublé : mon lit, un bureau, les éléments de cuisine et une petite table avec deux chaises en bois. Je n’utilisais jamais la seconde. Je ne recevais jamais personne, et dès que c’était possible, je mangeais avec le prêtre. C’était spartiate, mais je n’avais pas besoin de plus. Je m’y sentais bien, en sécurité. Kobayashi-san avait bien suggéré que je trouvasse un appartement en ville. Il s’inquiétait pour mon indépendance, pensant que cela me dérangerait de rester ici. Mais je n’aurais changé de lieu de vie pour rien au monde. C’était ma maison, désormais.
J’étais assise sur mon lit, un livre à la main. La journée avait été bien étrange, mais je ne pouvais m’empêcher de sourire en me rappelant mon échange avec Elessar. C’était une bien étrange rencontre, mais tellement réconfortante. Elle signifiait beaucoup pour moi. Tant que quelqu’un se souvenait de la personne que j’étais avant mon séjour en hôpital psychiatrique, cela voulait dire qu’elle n’avait pas tout à fait disparu. Je me sentais si différente d’à l’époque. L’insouciance et la gaieté avaient laissé place à la paranoïa et à l’angoisse de ne me plus arriver à me faire une place dans ce monde où je n’existait plus vraiment. Au moins, je m’étais sortie de mon accoutumance aux médicaments. Je n’avais pas trop eu le choix. Mon stock était terminé depuis longtemps déjà. Le sevrage avait été assez brutale et n’avait pas été un très bon moment à passer. Restaient mes problèmes de mémoire, mais je voyais mal comment ils pouvaient être réglés sans l’intervention directe d’un sorcier, ce qui paraissait improbable et dangereux.
Soudain, le téléphone sonna. Je le regardai un instant, surprise. Qui pouvait bien appeler à cette heure tardive ? Le père Kobayashi ne me dérangeait jamais si tard, et Yukito-san, l’autre Chevalier des Ombres chargé de ma sécurité, m’avait dit tout à l’heure qu’il se contenterai de monter la garde autour du bâtiment quand il prendrait la relève. Je décrochai.
« Une personne souhaiterait vous voir instamment. Si vous voulez bien la recevoir malgré l’heure je la fais monter. C’est un certain Tsukishima Shinji... »
Je me figeai soudain, sans voix. Shin-kun… Ce nom résonnait étrangement à mes oreilles, comme enfoui dans un nuage de coton, peut-être un effet des sortilèges répétés que j’avais subi, à moins que ce ne fût le choc de l’entendre après tant de temps. Je marquais un silence. Comment ? Comment était-ce possible ? Je ne pus cependant m’empêcher d’accepter. Si je refusai d’affronter cette personne en face, je me demanderais probablement toute ma vie s’il y avait une chance que ce fût bien celui qui s’était annoncé.
« Faites-le monter, mais… ne partez pas, s’il vous plaît. Ce nom, c’est celui du garçon sorcier que j’avais mentionné, celui qui... »
Je laissai la phrase en suspens, les mots que j’avais gardé pour moi résonnant dans mon esprit. « Celui qui est mort. » Le caractère définitif de cette sentence était pesant. Quand j’entendis frapper, je m’attendais presque à voir un fantôme derrière la porte. Je me sentais angoissée. Comment était-ce possible ? Comment Shinji-kun pourrait-il être encore en vie ? J’avais oublié bien des choses, mais sa peau de plus en plus froide dans la neige tandis que toute couleur le quittait, la chaleur poisseuse du sang sur mes genoux… Tout cela, je n’avais pas pu oublier. A l’inverse, je n’étais pas sûre de pouvoir le reconnaître. Je me souvenais vaguement de ses cheveux noirs, rien d’original pour un japonais me direz-vous. Son visage m’était si flou… Je ne savais trop si c’était le temps ou la magie qui l’avait effacé de ma mémoire, sans doute un peu des deux.
Quand j’ouvris la porte, je ne me sentais pas très bien. Mon teint se confondait avec ma chemise de nuit blanche, une robe de coton sobre et sans fioriture m’arrivant juste sous le genou. J’étais sans doute plus pâle que d’habitude, et pourtant mon teint d’Irlandaise sortant très peu depuis des années battait déjà des records en ce sens. J’observai sans mot dire, un peu comme un animal pris au piège, le jeune homme qui se trouvait-là. Des cheveux noirs, comme je m’y attendais, et deux magnifiques iris dorés, qui me rendaient vaguement nostalgique, à moins que ce ne fût parce que ceux d’Elessar, que j’avais retrouvé aujourd’hui, étaient aussi d’une couleur similaire ? Une douleur sourde commença à pulser dans mon crâne, pour l’instant encore discrète, comme à chaque fois que j’essayais de me souvenir un peu trop des parties touchées par les sortilèges. Il était grand et fin, sobrement vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise blanche. Malgré la saison, il portait par dessus un grand manteau noir bordé d’argent. C’était peut-être à cause de la situation, mais je lui trouvais quelque chose de sombre, un peu effrayant. Je n’arrivais pas trop à décider s’il correspondait à l’image mentale que je m’étais faite de mon ancien ami. Dans mes souvenirs à l’atmosphère ouatée par le flou et l’incertitude, c’était un petit garçon gai et souriant, bien que peu bavard.
Devant mon silence, Kobayashi-san prit l’initiative de nous laisser seuls, partant du côté des escaliers. Je faillis tendre le bras et le rappeler, mais il fallait que j’en eusse le cœur net : qui était la personne en moi ? Fantôme ou imposteur ? Je me tournai vers le probable inconnu avec une émotion certaine et une crainte palpable.
Shinji Tsukishima#102571#102571#102571#102571#102571#102571#102571
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Dim 19 Jan 2020 - 18:25
Sorcier. Shinji cille tout en se redressant. Alors il ne s'est pas trompé. Cet homme est bien là pour la protéger des siens… de lui. Et étant donné ses avertissements, il doit certainement s'agir du prêtre assassin dont lui a parlé Irina. S'il ne l'a pas tué séant, c'est donc que son plaidoyer a fait mouche. Bon point. En revanche, la menace sous jacente ne laisse place à aucun doute ; au moindre signe suspect, le chevalier des ombres met fin à sa triste vie. Inévitablement, son rythme cardiaque s'accélère. Il a déjà risqué sa vie deux fois pour Alyssa. Jamais deux sans trois, comme on dit. Shinji déglutit et hoche la tête en silence.
Le prêtre s'éloigne pour rejoindre le combiné. Shinji en profite pour souffler un coup et l'observer de loin. Un japonais dans la trentaine, les cheveux longs coiffés en catogan, une silhouette fine, mais dont on devine la musculature avec son attitude de soldat. C'est grâce à lui qu'Alyssa est en sécurité aujourd'hui… loin de sa sœur. Malgré son appréhension, envers l'Eglise qu'il représente, il ne peut que lui être reconnaissant. Son amie ne pouvait pas tomber sur une meilleure personne pour sa sécurité. Après une courte conversation téléphonique, l'assassin revient vers lui. Le cœur battant, le jeune sorcier le fixe, suspendu à ses lèvres. Puis le verdict tombe : elle va le recevoir. Il ne peut retenir un sourire soulagé et enthousiaste. Enfin ! Le maître des ombres lui emboîte rapidement le pas à son guide improvisé.
▬ Arigato gosaimasu.
Il aurait bien prononcé quelques mots de remerciements, mais… ç’aurait été une futile entreprise. Le personnage lui est ouvertement hostile, et lui qui n’est déjà pas bavard ne va pas braver davantage son jugement. Il préfère se concentrer sur l’essentiel : il va pouvoir approcher Alyssa et… Apparemment éviter de la toucher en premier lieu, étant donné l'avertissement de son gardien. Shinji fronce les sourcils, avant de baisser le regard. Ainsi donc elle sait se battre désormais, du moins assez pour blesser un assaillant. Étrangement, cette perspective le dérange autant qu'elle le rassure. Sans doute parce qu'il garde l'image de sa douce Alyssa, une jeune fille de bonne famille, peu sportive et préférant les arts à l'activité physique. Mais peu importe ! Quoi qu'il se soit passé, elle reste son amie. Son Alyssa. Et… cela ne changera jamais ses sentiments.
Les deux hommes arrivent au bout de l'ascension. Shinji toujours sur les talons du prêtre, il peine à maîtriser ses émotions. Plus il s'approche d'elle, plus son cœur dérape, tant et si bien qu'il n'entend presque plus que son battement intempestif contre ses tempes. Et finalement, le chevalier s'arrête devant une porte. Le sorcier s'immobilise à son tour et fixe l'unique élément qui le sépare désormais de son objectif. Après trois coups portés, Kobayashi-San lui adresse quelques mots en guise d'avertissement. C'est bien inutile. Shinji ne tentera jamais rien contre elle, quoi qu'il arrive. Mais si ça peut lui faire plaisir… Il se contente de le remercier en s'inclinant, juste avant que la porte ne s'ouvre.
Et alors, Riku Kobayashi n'existe plus. Ni le bâtiment. Ni Irina, ni Eiko, ni personne. Il n'a plus d'yeux que pour elle. Cette apparition divine, avec sa chevelure enflammée, et ces deux saphirs qui le toisent. Elle est encore plus belle qu'au premier jour. Le cœur du spécialiste rate un battement. Ses traits muent progressivement pour afficher une expression béate, le sourire aux lèvres. Le premier véritable sourire depuis huit ans. Il lève une main, avant de suspendre son geste, gardant en mémoire le conseil de Kobayashi. Qui d’ailleurs n’est plas là. Il ne l’a même pas entendu s’éloigner. Le jeune sorcier avale péniblement sa salive.
▬ Alyssa… Articule-t-il avec difficulté, la voix étranglée par l'émotion.
Elle est là, à quelques centimètres de lui. Après tout ce temps. Après tant d'efforts. Tant de peine. Le voilà qui retrouve son souffle de vie. C'est tellement beau qu'il redoute presque que ce ne soit encore qu'un rêve. Qu’elle se délite sous ses doigts dès qu’il l’aura touchée. Pour taire ses doutes il aurait besoin de la prendre dans ses bras et la serrer contre lui. Mais il n'ose pas pour le moment. Alors il reste avec ses tourments et son souffle de vie retrouvé.
▬ Enfin ! Après tout ce temps… Je t'ai tellement cherchée…
Son cerveau est paralysé par l'émotion, si bien qu'il peine à s'exprimer. Il contrôle péniblement les tremblements qui agitent ses membres antérieurs. Il cligne des yeux pour chasser le début d’humidité qui les gagne. Il a certainement l’air pitoyable, ainsi, mais il n’en a cure. Au diable le regard des autres ! Elle est là, devant lui. C’est tout ce qui importe. Il s’humecte une nouvelle fois les lèvres.
▬ Je suis venu dès que j’ai su où tu étais…
La première vague d’émotion passée, il remarque seulement maintenant la triste mine de son amie. Elle est atrocement pâle, si bien qu’il s’interroge sur sa santé. Couve-t-elle quelque chose ? Est-ce sa mémoire mutilée qui l’affaiblit ? Et il remarque également ses joues creusées par les années et les épreuves. Mais ce n’est pas ça qui étreint le plus son coeur. Non. C’est son regard céleste confus, hésitant, dépourvu de toute lueur de reconnaissance. Soudain le doute le frappe ; elle ne l’aurait pas oublié ? Non. Sinon, elle ne l’aurait pas autorisé à monter. Mais alors… son visage ? Et les conséquences derrière le sonnent. Si elle a oublié à quoi il ressemblait… Comment lui prouver son identité ? Elle qui a tant subi doit certainement se méfier, peut-être croit-elle qu’il cherche à la duper, et qu’à cause de la magie, rien de ce qu’il dira ou lui montrera ne pourrait être vrai… Et...
Quel idiot. Pourquoi n’y a-t-il pas pensé avant ! Elle le croit mort…et elle doit donc le prendre pour un imposteur. Les doigts de sa main gauche se serrent. Mais il ne doit pas s’arrêter à cet obstacle. Il faut qu’il fasse preuve de bonne foi. Qu’il lui prouve, d’une façon ou d’une autre, qu’il est bien le Shin-kun qu’elle a connu. Il aimerait tant franchir la distance qui les sépare… Mais il préfère qu’elle l’y invite d’elle-même, sans quoi elle va se braquer. Il porte la main droite sur sa poitrine.
▬ Alyssa, c’est moi, Shinji, Shin-kun. Tu me reconnais ? Je ne suis pas mort… Je sais que c’est dur à croire, mais c’est la vérité, Lyssa-chan…
Son ton se fait presque suppliant. Il mise toutes ses chances sur le surnom qu’il utilisait quotidiennement les dernières années. Et il adresse une prière muette à Kazuhide-sama pour que ça fonctionne. Même s’il a une dernière carte en main ; mais il préfère ne pas avoir à la sortir, pas tout de suite, car Alyssa en serait éprouvée. Et il veut tout faire pour la préserver.
Le prêtre s'éloigne pour rejoindre le combiné. Shinji en profite pour souffler un coup et l'observer de loin. Un japonais dans la trentaine, les cheveux longs coiffés en catogan, une silhouette fine, mais dont on devine la musculature avec son attitude de soldat. C'est grâce à lui qu'Alyssa est en sécurité aujourd'hui… loin de sa sœur. Malgré son appréhension, envers l'Eglise qu'il représente, il ne peut que lui être reconnaissant. Son amie ne pouvait pas tomber sur une meilleure personne pour sa sécurité. Après une courte conversation téléphonique, l'assassin revient vers lui. Le cœur battant, le jeune sorcier le fixe, suspendu à ses lèvres. Puis le verdict tombe : elle va le recevoir. Il ne peut retenir un sourire soulagé et enthousiaste. Enfin ! Le maître des ombres lui emboîte rapidement le pas à son guide improvisé.
▬ Arigato gosaimasu.
Il aurait bien prononcé quelques mots de remerciements, mais… ç’aurait été une futile entreprise. Le personnage lui est ouvertement hostile, et lui qui n’est déjà pas bavard ne va pas braver davantage son jugement. Il préfère se concentrer sur l’essentiel : il va pouvoir approcher Alyssa et… Apparemment éviter de la toucher en premier lieu, étant donné l'avertissement de son gardien. Shinji fronce les sourcils, avant de baisser le regard. Ainsi donc elle sait se battre désormais, du moins assez pour blesser un assaillant. Étrangement, cette perspective le dérange autant qu'elle le rassure. Sans doute parce qu'il garde l'image de sa douce Alyssa, une jeune fille de bonne famille, peu sportive et préférant les arts à l'activité physique. Mais peu importe ! Quoi qu'il se soit passé, elle reste son amie. Son Alyssa. Et… cela ne changera jamais ses sentiments.
Les deux hommes arrivent au bout de l'ascension. Shinji toujours sur les talons du prêtre, il peine à maîtriser ses émotions. Plus il s'approche d'elle, plus son cœur dérape, tant et si bien qu'il n'entend presque plus que son battement intempestif contre ses tempes. Et finalement, le chevalier s'arrête devant une porte. Le sorcier s'immobilise à son tour et fixe l'unique élément qui le sépare désormais de son objectif. Après trois coups portés, Kobayashi-San lui adresse quelques mots en guise d'avertissement. C'est bien inutile. Shinji ne tentera jamais rien contre elle, quoi qu'il arrive. Mais si ça peut lui faire plaisir… Il se contente de le remercier en s'inclinant, juste avant que la porte ne s'ouvre.
Et alors, Riku Kobayashi n'existe plus. Ni le bâtiment. Ni Irina, ni Eiko, ni personne. Il n'a plus d'yeux que pour elle. Cette apparition divine, avec sa chevelure enflammée, et ces deux saphirs qui le toisent. Elle est encore plus belle qu'au premier jour. Le cœur du spécialiste rate un battement. Ses traits muent progressivement pour afficher une expression béate, le sourire aux lèvres. Le premier véritable sourire depuis huit ans. Il lève une main, avant de suspendre son geste, gardant en mémoire le conseil de Kobayashi. Qui d’ailleurs n’est plas là. Il ne l’a même pas entendu s’éloigner. Le jeune sorcier avale péniblement sa salive.
▬ Alyssa… Articule-t-il avec difficulté, la voix étranglée par l'émotion.
Elle est là, à quelques centimètres de lui. Après tout ce temps. Après tant d'efforts. Tant de peine. Le voilà qui retrouve son souffle de vie. C'est tellement beau qu'il redoute presque que ce ne soit encore qu'un rêve. Qu’elle se délite sous ses doigts dès qu’il l’aura touchée. Pour taire ses doutes il aurait besoin de la prendre dans ses bras et la serrer contre lui. Mais il n'ose pas pour le moment. Alors il reste avec ses tourments et son souffle de vie retrouvé.
▬ Enfin ! Après tout ce temps… Je t'ai tellement cherchée…
Son cerveau est paralysé par l'émotion, si bien qu'il peine à s'exprimer. Il contrôle péniblement les tremblements qui agitent ses membres antérieurs. Il cligne des yeux pour chasser le début d’humidité qui les gagne. Il a certainement l’air pitoyable, ainsi, mais il n’en a cure. Au diable le regard des autres ! Elle est là, devant lui. C’est tout ce qui importe. Il s’humecte une nouvelle fois les lèvres.
▬ Je suis venu dès que j’ai su où tu étais…
La première vague d’émotion passée, il remarque seulement maintenant la triste mine de son amie. Elle est atrocement pâle, si bien qu’il s’interroge sur sa santé. Couve-t-elle quelque chose ? Est-ce sa mémoire mutilée qui l’affaiblit ? Et il remarque également ses joues creusées par les années et les épreuves. Mais ce n’est pas ça qui étreint le plus son coeur. Non. C’est son regard céleste confus, hésitant, dépourvu de toute lueur de reconnaissance. Soudain le doute le frappe ; elle ne l’aurait pas oublié ? Non. Sinon, elle ne l’aurait pas autorisé à monter. Mais alors… son visage ? Et les conséquences derrière le sonnent. Si elle a oublié à quoi il ressemblait… Comment lui prouver son identité ? Elle qui a tant subi doit certainement se méfier, peut-être croit-elle qu’il cherche à la duper, et qu’à cause de la magie, rien de ce qu’il dira ou lui montrera ne pourrait être vrai… Et...
Quel idiot. Pourquoi n’y a-t-il pas pensé avant ! Elle le croit mort…et elle doit donc le prendre pour un imposteur. Les doigts de sa main gauche se serrent. Mais il ne doit pas s’arrêter à cet obstacle. Il faut qu’il fasse preuve de bonne foi. Qu’il lui prouve, d’une façon ou d’une autre, qu’il est bien le Shin-kun qu’elle a connu. Il aimerait tant franchir la distance qui les sépare… Mais il préfère qu’elle l’y invite d’elle-même, sans quoi elle va se braquer. Il porte la main droite sur sa poitrine.
▬ Alyssa, c’est moi, Shinji, Shin-kun. Tu me reconnais ? Je ne suis pas mort… Je sais que c’est dur à croire, mais c’est la vérité, Lyssa-chan…
Son ton se fait presque suppliant. Il mise toutes ses chances sur le surnom qu’il utilisait quotidiennement les dernières années. Et il adresse une prière muette à Kazuhide-sama pour que ça fonctionne. Même s’il a une dernière carte en main ; mais il préfère ne pas avoir à la sortir, pas tout de suite, car Alyssa en serait éprouvée. Et il veut tout faire pour la préserver.
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Sam 22 Fév 2020 - 15:45
Incertaine, j’observai le jeune homme prononcer mon nom avec peine. Il avait l’air si ému, si bouleversé, que cela donnait envie d’y croire. J’avais vraiment envie d’y croire. J’avais le sentiment que si Shinji revenait dans ma vie, tous mes problèmes seraient réglés instantanément. Je retrouverais mon premier amour qu’on m’avait si brutalement arraché. En tant que sorcier, il pourrait m’aider à me reconstruire, à réparer ma mémoire défaillante, et peut-être même pourrait-il faire en sorte que ma famille se souvînt à nouveau de moi. Je n’aurais plus à craindre les sorciers, plus à me cacher constamment, plus à contraindre les Chevaliers à assigner des hommes parmi leurs meilleurs éléments à ma surveillance ininterrompue. Un instant, je fus tentée de me jeter dans ses bras, de le faire sourire, comme le petit garçon au visage flou dans mes souvenirs. Mais comment ? Comment pouvais-je croire cela ? Shinji était mort dans mes bras. C’était un fait, un des souvenirs les plus palpables de ceux qui me restaient. Et quand bien même ne serait-il pas mort, comment aurait-il pu ignorer ma présence à l’hôpital toutes ses années ?
Ce pouvait tout aussi bien être une stratégie. Si les sorciers m’avaient retrouvée, mais ne souhaitaient pas se frotter aux hunters, ou encore moins à un lycan, peut-être avaient-ils envoyé quelqu’un qui lui ressemblait, quelqu’un qu’ils savaient que je laisserais m’approcher parce qu’il n’y avait personne d’autre au monde que je ne souhaitais plus revoir. Peut-être espéraient-ils pouvoir me canaliser sans me tuer, ou leur envoyé attendait-il juste que je lui fisse suffisamment confiance pour m’éloigner de mes gardes du corps en sa compagnie et qu’il pût m’éliminer en toute discrétion sans craindre pour sa propre vie. Mon coeur se tordit douloureusement. C’était cruel, vraiment cruel.
“Je… Je suis désolée, Shi…”
Non, je ne me résolvais pas à l’appeler par le surnom que je lui donnais à l’époque. J’étais trop effrayée, trop hésitante pour m’autoriser à penser qu’il pourrait s’agir de lui. Accepter cela, c’était accepter que ces sorciers eussent réussi à modifier ne serait-ce qu’un peu ma mémoire, à implanter des souvenirs ou des éléments de souvenirs, en tout cas, qui ne m’appartenait pas, et je préférais ne pas penser à cette éventualité, car elle me glaçait le sang. Si je ne pouvais même plus faire confiance aux souvenirs qui me restaient, je croyais bien que j’en deviendrais folle. Toute ma vie de ma naissance à mon évasion de l’hôpital pourrait être doutée et remise en cause. Si les gens dans mes souvenirs ne se souvenaient pas de moi, cela pouvait tout aussi bien être qu’ils ne m’avaient jamais réellement vue et que ces souvenirs étaient des faux. Aussi ébranlées soit-elles, on a tous besoin de bases solides en quoi croire, sur lesquelles fixer son identité. Sans elles, je ne serais plus qu’une gamine paumée et sans but. C’était en m’accrochant très fort à l’idée que mon esprit était resté solide et inchangé que j’avais tenu le coup ces dernières années. Je repris d’une voix tremblante :
“Je suis désolée, mais as-tu une preuve de ce que tu avances ?”
Je ne savais plus ce que je voulais. Que ce soit lui, que ce ne soit pas lui. Que je sois moi ou que tout ce qu’il me restait ne fût qu’une vaste plaisanterie inventée par d’autres.
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Sam 29 Fév 2020 - 23:30
Malgré toute la sincérité qu’il a mis dans ses paroles, il sent que son amie reste campée sur ses positions. Elle n’a pas besoin de s’exprimer ; ses yeux parlent pour elle. Le coeur de Shinji se serre un peu plus. Ils étaient pourtant si proche, à l’époque. Ils ne se voyaient pas souvent, mais ils avaient profité de chaque moment passé ensemble. Et chaque minute à ses côtés était plus précieuse qu’un diamant. Cet âge d’or lui manque tellement, maintenant. Il commence à douter du succès de son opération.
Le jeune sorcier vacille un instant lorsqu’elle bute sur son prénom. Elle ne peut se résoudre à l’appeler ainsi. Sa méfiance est ancrée si profondément dans le coeur de l’humaine, qu’il doute d’être équipé, aujourd’hui, pour l’y arracher. Tel les racines d’une mauvaise herbe, elle s’est enfoncée dans son esprit, alimentée par son funeste destin et la traque des sorciers. Il détourne le regard, profondément blessé. Il sent les larmes lui monter au nez, mais il lutte férocement, par orgueil. La paranoïa de son amie représente un obstacle de taille qui lui paraît soudainement insurmontable. Sa détermination s’effrite à mesure que leur entrevue s’éternise.
Pourtant. Pourtant, il ne peut pas abandonner si près du but. Pas sans avoir livré bataille jusqu’au bout, pas sans avoir abattu sa dernière carte. Pour le souvenir de leur amitié, pour son futur probable qui ne dépend que de son acharnement et son inflexible fidélité. Pour Alyssa, qui lutte contre lui alors qu’il peut lui apporter les solutions. Tant qu’il n’aura pas tout tenté, il ne partira pas d’ici. La jeune femme ne semble pourtant pas totalement hermétique à son discours, car elle lui demande une preuve de ce qu’il avance. Il reporte son regard doré sur elle. Une preuve… Que peut-il lui apporter qui ait suffisamment de foi à ses yeux d’humaine ? Il pourrait évoquer un souvenir particulièrement fort, mais… Il a cru comprendre que sa mémoire est défaillante. Après tout, elle n’a pas reconnu son visage, sans pour autant l’avoir oublié. Il est donc possible que d’autres souvenirs soient altérés par le traitement magique qu’elle a subi. Le problème, c’est qu’il ne sait pas lesquels sont intacts, s’il en reste encore, et lesquels ont été troublés.
Une idée émerge doucement dans son esprit. La mémoire auditive est souvent dépassée par la visuelle. Et le cerveau humain fonctionne beaucoup par sensations. S’il peut oublier ce qui a été dit, il garde toujours quelque part les ressentis. Il pourrait donc lui montrer quelque chose, quelque chose qui lui évoquerait des sensations passées, assez fortes pour être certaines. Bien sûr, il y a sa cicatrice. Mais… ce sera son dernier recours. Il ne lui montrera que si toutes ses autres tentatives échouent.
Ses prunelles quittent celles de son ami pour se mettre en quête d’une parcelle d’ombre. Elles s’arrêtent sur le mur juste derrière la porte de son studio. Voilà qui devrait faire l’affaire. Il tend lentement la main.
▬ Via umbrae, murmure-t-il du bout des lèvres.
Le mur semble perdre consistance à l’endroit où aucun faisceau lumineux ne l’atteint directement. Les doigts de Shinji s’en rapprochent, jusqu’à passer au travers, pour rejoindre la voie des ombres. Alyssa l’a déjà vu utiliser ce sort, et pas seulement le le soir de leur séparation. Il espère que cela saura lui rappeler des souvenirs véritables. Sa main s’enfonce toujours plus loin, jusqu’à ce que son corps entier s’engouffre à l’intérieur. Le jeune sorcier parcourt quelques mètres dans ce monde de ténèbres, avant de reparaître à l’entrée, au coin du mur opposé. Il préfère rester près de la porte, se doutant que cet accès vers l’extérieur -et donc vers son gardien- la sécurise.
▬ Te souviens-tu de ce tour de passe-passe ? Il me permet de me déplacer à mon aise n’importe où, à travers les ombres. Si j’avais vraiment voulu te faire du mal, ou t’enlever, c’est ainsi que je m’y serais pris. Pourquoi risquer d’affronter un assassin, lorsqu’on peut se jouer des portes ?
Il ne sait pas si son coup fera mouche. Dans le doute, il préfère enchaîner sur un autre. Un qui représente beaucoup pour lui, car c’est grâce à ce sort, perfectionné depuis certes, qu’il a pu faire la connaissance d’Alyssa. Il lève sa main droite devant lui, paume vers le ciel, toujours avec précaution, pour éviter tout mouvement de panique chez son amie. A son commandement, les ténèbres s’agitent, se condensent, pour prendre matière et s’étirer, exactement comme le jour où il s’est fait surprendre.
▬ Et ce sort, c’est celui que tu m’as vu utiliser, ce soir-là. Tu te souviens ? Tu as marché sur cette brindille, c’est ainsi que je t’ai remarquée. J’ai eu peur, car pour un sorcier, se faire repérer par un humain engendre des conséquences fâcheuses. J’ai voulu te rattraper, mais tu t’es enfuie. Alors je t’ai observée, pendant longtemps, pour voir si tu représentais un danger. Jusqu’en juillet 2008, où un vampire s’en est pris à toi.
Il ne comptait pas évoquer ces souvenirs, au début, mais les mots surgissent tous seuls. Il n’est même pas certain qu’il lui a déjà raconté tous ces détails, à l’époque. Mais ce niveau de précision devrait jouer en sa faveur. Son regard descend sur l’amas d’ombres informes devant lui. Un doux sourire s’étire sur son visage alors qu’il se remémore des souvenirs heureux.
▬ Bien sûr, entre temps, je me suis perfectionné.
Du bout du doigt, il ordonne aux ténèbres de changer de forme. Elles se regroupent pour dessiner la silhouette précise d’un animal. Celui que son amie préfère. Cela devrait la convaincre qu’il la connaît bien et qu’il n’a par conséquent jamais eu l’intention de la duper, encore moins de lui faire du mal. Du moins, il l’espère.
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Mer 8 Avr 2020 - 20:43
Je le regardai tendre sa main dans le vide avec méfiance. J’ignorais si c’était bien celui qui illuminait les souvenirs de mon enfance, mais ce qui était certain, c’était que c’était un sorcier. Qui savait ce qu’il pourrait faire ? Je frémis tandis qu’il passait lentement la main à travers le mur comme si c’était une étendue d’eau ténébreuse. Mon instinct me disait qu’il pouvait en sortir n’importe quoi qui pourrait me nuire. Je ne le quittai pas des yeux. Je sursautai et me retournai soudainement quand j’entendis le bruit de ses pas de l’autre côté de la pièce. C’était un sort visiblement inoffensif, mais mon corps rejetait cette vision magique avec force, comme un chat échaudé devant de l’eau froide. Il y avait une certaine raison dans ce qu’il disait, mais je n’étais pas prête à l’écouter, à l’accepter.
Je me souvenais cependant que la magie de Shinji était tournée vers les ténèbres. Ces ténèbres qui s’étiraient dans la pièce, je m’en souvenais comme si c’était hier, bien que la silhouette de celui qui les maniait demeurât floue. Le jour où je l’avais aperçu pour la première fois était encore marqué dans ma mémoire. Sur le coup, j’avais pris peur, mais ces volutes d’ombre m’avaient fascinée, d’autant plus que l’enfant qui les maniait semblait avoir mon âge. Je l’avais observé jusqu’à ce que, les jambes douloureuses, j’avais cherché à changer de position. Un bruit sec avait retenti. Ce n’était qu’une fine brindille, mais dans le silence de ce soir d’été, il n’avait pu que l’entendre. Il s’était retourné avec surprise et sans plus attendre, j’étais partie en courant comme si ma vie en dépendait. J’avais couru, couru sans me retourner jusqu’à ce que j’atteignisse la sécurité de la demeure de vacances de ma famille. Je n’en avais pas parlé à mes parents, comme si je savais déjà que c’était un précieux secret. J’avais gardé pour moi l’histoire du garçon qui dansait avec les ombres. Je ne savais pas trop qui avait eu le plus peur de l’autre ce jour-ci. Mais il était mort.
Je frissonnai en me rappelant ce vampire qui avait voulu m’ôter la vie. Shinji m’avait sauvée et s’en était tiré avec une grave blessure. Je l’avais sauvé à mon tour et c’était ainsi que nous avions scellé notre amitié, là, cachés dans les fourrés du parc de la maison familiale. Ma tête commençait à me lancer sérieusement. J’avais trop creusé, trop ressortis ces souvenirs que l’on avait tenté de m’enlever. Je me sentais fiévreuse et fatiguée. Je n’avais plus envie de lutter. J’avais envie de le croire, de lui tomber dans les bras ou je ne savais quoi d’autre. Mais il était mort.
Je ne sais pas si c’est son sourire ou le petit renard qui se dessina dans les ombres de ma chambre qui me firent craquer, mais je n’avais plus la force. Mes jambes cédèrent sous mon poids et je me mis à sangloter, assise par terre, maudissant ma propre faiblesse. Je m’étais pourtant tant entraînée, et finalement, je ne restais qu’une gamine pleurnicharde. Tout me disait que c’était lui, que j’aurais dû me réjouir de le savoir en vie, mais il était mort. J’essayai de parler, mes mots entrecoupés de sanglots :
« Je ne sais plus où j’en suis. A chaque fois que je trouve un peu de logique dans tout cette histoire, on me l’arrache. Tout ça va me rendre folle, si je ne le suis pas déjà. »
Je levai vers lui mes yeux emplis de larmes, et malgré tout d’une certaine tendresse :
« Tu es mort dans la neige, ce jour-là. Tu ne peux pas être ici. »
Je ne pouvais renier les souvenirs qui me restaient, sans quoi c’était reconnaître que j’étais déjà folle. J’avais besoin de choses tangibles auxquelles m’accrocher dans ce monde sans queue ni tête.
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Lun 13 Avr 2020 - 12:06
La méfiance qui luit dans le regard de son amie, au moindre geste qu’il esquisse, lui fait l’effet de mille aiguilles transperçant son corps. Pourtant il reste stoïque, poursuivant sa tentative pour reconquérir la confiance perdue d’Alyssa. Il soigne chaque démonstration, veillant à ne faire aucun geste brusque qui pourrait la braquer. Une précaution nécessaire, car même ainsi, la peur suinte par tous les pores de sa peau, ce qui le peine d’autant plus. Mais il la comprend. Hormis lui, elle n’a rien connu de bon avec la magie. Et elle le croit mort. Il lui faut donc prouver par tous les moyens à sa portée qu’il est bien vivant, et qu’il n’est pas un imposteur.
A mesure qu’il progresse dans sa démonstration, il remarque une dégradation subtile de l’état de son amie. Au début, il met ça sur le compte de l’émotion. Cependant, il réalise bien vite qu’autre chose est responsable de son mal être. Il ne laisse pas l’inquiéter le détourner de son objectif, mais elle s’insinue dans son coeur comme un tentacule sournois, et s’enroule autour pour l'oppresser un peu plus.
C’est lorsqu’il laisse ce petit renard s’animer selon sa volonté que la situation dégénère. D’abord, il note les petites perles de sueur sur son visage pâle. Puis il la voit chanceler. Sa propre concentration s’effrite, et l’animal préféré de l’irlandaise s’estompe. Jusqu’à présent il a tout fait pour préserver le besoin d’espace de son amie. Il s’est contenté de demeurer à l’écart pour lui laisser cette distance de sécurité qui la rassure un minimum. Et aussi pour éviter de se retrouver avec une lame sous la gorge, menacé par son garde du corps. Mais il ne peut plus rester passif devant Alyssa en pleurs. Une scène qui lui broie le coeur.
Là où il aurait souhaité se précipiter pour l’empêcher de chuter, sa raison l’oblige à garder son calme. Il se dirige doucement vers Alyssa avant de s’accroupir à son niveau. Sa main s’approche avec autant de lenteur pour se poser délicatement sur son épaule, secouée par les sanglots de son amie. Les paroles de l’humaine sont saccadées, mais distinctes. Shinji prend sur lui pour ne pas se laisser submerger par le chagrin de l’américaine, ni par la colère qui grandit en lui. Mais sa gorge est serrée par l’émotion.
Toutefois, quand elle lève les yeux vers lui, parés de cette tendresse familière, son coeur se gonfle d’espoir. Elle énonce encore une fois une vérité simulée par Eiko. Le jeune sorcier saisit alors le fond du problème. Alyssa est terrifiée à l’idée que ce souvenir, celui où il gisait dans la neige, ne soit qu’un simulacre, intégré dans son esprit par la magie. Il est grand temps de tout lui expliquer dans le moindre détail.
▬ Tu n’es pas folle, Lyssa-chan.
Sa voix emprunte de douceur vise à la calmer, la rassurer, pour qu’elle puisse mettre un peu d’ordre dans son esprit embrouillé. C’est important pour qu’elle comprenne ce qui va venir. Car pour une humaine qui n’a eu qu’une vague démonstration de la magie, la suite s’annonce complexe.
▬ Il te manque juste des détails essentiels. Je vais tout t’expliquer, et j’espère qu’après, tout fera sens pour toi. ça risque d’être difficile à comprendre, alors il vaut mieux que tu sois confortable. Viens.
La main sur son épaule glisse pour la soutenir sous l’aisselle, tandis que l’autre lui saisit l’autre bras pour l’aider à se relever. Il la guide jusqu’à son lit pour l’y installer confortablement. Il s’y assoit à son tour, gardant une distance minimale de cinquante centimètres, soucieux de ne pas empiéter sur son espace vital. Il l’observe pendant quelques secondes en silence, cherchant la meilleure façon d’aborder le sujet.
▬ Ce soir-là, j’ai bien été grièvement blessé, par Natsuo.
Il porte une main sur son torse au souvenir douloureux de sa blessure, tout en posant son regard sur le sol à ses pieds. Cachée sous le tissu de sa chemise, sa cicatrice est pourtant bien là. Il compte la lui montrer pour soutenir son récit. Mais d’abord, il faut qu’il soulage sa conscience.
▬ Mais nous n’étions pas que tous les trois. Ma soeur, Eiko, se doutait depuis longtemps de quelque chose. Etre absent était contraire à mes habitudes à cette période de l'année. Aussi, suspicieuse, elle s'était lancée à ma recherche. Elle nous a trouvé au moment précis où le sort de Natsuo m'a foudroyé. Juste à temps pour me sauver.
Jusque là, tout est limpide. Mais il arrive à la partie difficile à expliquer. Car la magie entre en action, et il craint que l’esprit embrumé d’Alyssa ne cherche encore une fois à se convaincre qu’il hallucine. C’est pourquoi le sorcier prend tout son temps. Pour que son amie ait le temps d’imprimer chaque phrase, afin que ses pensées ne s’embrouillent pas -ou le moins possible.
▬ Elle a lancé un sort sur moi. Un sort qui arrête le temps et ses effets tant qu’il est actif. Les mouvements sont stoppés aussitôt. Un vase sur le point de se briser au sol, par exemple, resterait suspendu à quelques centimètres, de quoi laisser le temps de le rattraper pour éviter une catastrophe. Et sur un être vivant…
Shinji relève la tête pour fixer son amie dans les yeux.
▬ Il mime parfaitement la mort.
Il lui laisse un peu de temps pour assimiler l’information. Bien sûr il ne compte pas s’arrêter là. Simplement, il a conscience que pour un humain, cette histoire semble tirée par les cheveux.
▬ Mon sang a arrêté de couler, mon coeur a cessé de battre, mon souffle s’est stoppé. Un corps inerte est un corps froid, surtout dans la neige. Des détails qui, aux yeux d’un humain, sont synonymes de mort. Mais je n’ai pas cessé de vivre. C’est le temps qui s’est simplement arrêté dans mon corps.
Il prend une profonde inspiration, le regard de nouveau rivé sur ses pieds, la main crispée sur sa poitrine.
▬ Ma soeur a attendu que tu partes pour me récupérer et me conduire à la maison, avant de faire appel à nos meilleurs guérisseurs. Ils m’ont soigné et je me suis parfaitement rétabli après deux jours d’alitement. Seulement, une blessure magique est toujours plus compliquée à traiter...
Il en vient à sa dernière carte. Celle qu’il gardait pour la fin, après avoir préparé son amie. Car il se doute qu’elle ne sera pas aisée à assimiler. Qu’elle lui causera quelque peine. Néanmoins, il doit bien passer par là un jour ou l’autre, et le plus tôt sera le mieux. Il déboutonne alors le haut de son manteau, pour laisser apparaître sa chemise. De la main gauche, il écarte le tissu blanc, pour laisser place à sa peau clair. Et, plus précisément, le haut de la cicatrice qui lui traverse le buste, depuis l’épaule gauche jusqu’à la hanche droite.
▬ … j’en ai donc conservé une trace.
Il espère que cette ultime preuve saura la convaincre une bonne fois pour toute qu’il est bien Shinji, son ami, en chair et en os, sain et sauf.
Invité
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Mer 6 Mai 2020 - 18:19
Pas folle ? C’était relatif. Tantôt mes souvenirs me fuyaient, tantôt ils me revenaient en pleine figure comme si je venais de les vivre. Je ne serais pas surprise qu’il y ait d’autres et dégâts dans mon esprit. Et même ça, c’était juste en partant du principe que des souvenirs artificiels ne m’avaient pas été implantés. Sa voix résonnait douloureusement dans ma tête. Mon premier réflexe fut que je ne voulais pas qu’il me touchât. J’étais trop perdue pour pouvoir décider maintenant, et je n’aimais plus les contacts depuis longtemps maintenant. Mais je n’avais pas la force de le repousser de le repousser, de toute façon.
Je me laissai entraîner jusqu’au lit, lentement. Je m’efforçai d’écouter ses explications calmement. Il parlait lentement, presque comme à une enfant. En temps normal, cela m’aurait sans doute agacée, mais à cet instant, je lui en étais plus reconnaissante qu’autre chose. Ma tête me lançait terriblement. Plus il en disait, plus ma mémoire cherchait instinctivement à vérifier chacun de ses dires, à essayer de capter des détails qui auraient pu m’échapper ce jour-là, mais mon cerveau n’appréciait pas trop quand j’essayais d’accéder à ces souvenir. Cela n’arrangeait vraiment pas les choses. La neige, le sang, les larmes… Cette douleur lancinante qui continuait de me marteler le crâne tandis que j’essayais de détourner mes pensées. C’était peine perdue
Quant au sens de ces paroles… L’idée semblait braiment tirée par les cheveux, mais finalement, tout ce qui touchait à la magie ne l’était-il pas en quelque sorte ? Vu sous ce jour, les évènements de ce soir d’hiver prenaient une tout autre tournure. Cependant, une chose me turlupinait tandis que je contemplais la cicatrice qui dépassait de sa chemise. Je tendis une main vers elle, mue par le besoin de vérifier sa véracité, mais me rendis compte avant tout contact qu’il s’agissait de la poitrine d’un inconnu. Shinji ou pas, cela faisait si longtemps… Je me détournai brièvement, rougissante.
« Je… veux bien t’accorder le bénéfice du doute. »
Après tout, à l’époque, il me semblait qu’il avait mentionné que sa sœur ne devait pas apprendre notre relation car cela ne lui plairait pas qu’il passât du temps avec une humaine. Les morceaux collaient. Cependant, c’était un peu trop à avaler d’un coup. J’aurais besoin de temps pour me faire à l’idée que la réalité de mes souvenirs avaient été faussés par la magie que cette Eiko avait utilisé ce jour-là, et pour faire le point sur mes sentiments et la façon dont je devais me comporter envers ce Shinji revenu d’entre les morts. Pour l’instant, j’en étais totalement incapable. Ma tête me lançait trop. Je ne pourrais sans doute pas l’approcher sans provoquer chez moi ces vives douleurs à la tête. Je n’étais même pas sûre que cela cesserait un jour. Et si c’était bien Shinji, je ne le connaissais plus vraiment pour autant. Nous avions été proches, très proches. Mais ici et maintenant, nous étions quasiment deux étrangers. J’hésitais à demander à mon maître s’il était possible de vérifier son identité par un moyen ou un autre. Ce n’était pas forcément très sympathique pour lui, certes. Toutefois, j’avais appris avec le temps à être extrêmement prudente.
« Désolée, mais tu comprends que la situation est… compliquée. »
Shinji Tsukishima#104358#104358#104358#104358#104358#104358#104358
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Dim 21 Juin 2020 - 19:13
A l'expression de son amie, Shinji devine que cette vérité est difficile à comprendre, et encore plus à accepter. Et comment pourrait-il lui en vouloir ? Elle le croit mort depuis des années. Selon Thomas, elle a reçu nombre de sortilèges, jusqu'à affecter sa santé et sa mémoire défaillante. Internée dans cet… institut, elle se pense folle. Peut-être même qu'elle croit que cette discussion n'existe pas. Que ce n'est qu'une construction de son esprit. Cette possibilité le glace d'effroi. Depuis des années, il remue ciel et terre pour la retrouver, par la force du désespoir. Et à présent qu'elle est là, devant lui, il a l'impression de n'être qu'un vestige de son passé. Comme s'il n'avait jamais été réel.
Il perçoit un mouvement du coin de l'oeil et tourna légèrement la tête. Juste à temps pour voir sa main se figer, puis se rétracter. Ce geste lui redonne un peu d'espoir. Elle visait sa poitrine, certainement pour vérifier par le toucher qu'elle est bien réelle. Bien sûr, sa pudeur, et la situation l'ont empêché d'aller jusqu'au bout de son entreprise. Pourtant, elle a déjà vu plus. Ses joues se colorent à cette pensée et, détournant le regard, il lâche sa chemise, qui vient recouvrir le vestige de sa blessure.
Le bénéfice du doute. Il devrait se réjouir qu'elle accepte de le croire, pourtant… Ces mots sonnent comme un requiem. Celui de leur amitié et confiance mutuelle. Mais qu'aurait-il fait, à sa place ? Il ne sait pas. Il ne s'est jamais mis à la place de quelqu'un, encore moins d'un humain. Alyssa s'exprime de nouveau. Il déglutit péniblement. Sa bouche est sèche. Il garde les poings serrés pour contenir les tremblements de ses mains.
▬ Je comprends.
Sa voix, pourtant, est rauque, fébrile. Il fixe le sol à ses pieds, n'osant pas croiser le regard d'Alyssa. Il a peur de ce qu'il pourrait y lire. La méfiance. Le ressentiment. La crainte. Il a l'impression que toutes ces années n'ont jamais existé. Qu'elles se sont volatilisées. Et pire encore. Que leur relation est bien en deçà de leur première rencontre, où elle avait pourtant déjà peur de lui. Il ne se sent pas très bien, subitement. Mais il ne doit pas faire preuve de faiblesse. Il prend donc sur lui, encore une fois, et lutte contre le malaise qui le gagne.
Il fronce soudainement les sourcils. Malaise. Santé. Les paroles de Thomas lui reviennent. "la demoiselle en question a subi une quantité énorme de magie et cela semble affecter sa santé." C'est pour cela qu'il est venu. La santé d'Alyssa. Son bien-être passe avant tout. Au diable ses craintes. Il peut tout affronter, tant que son amie retrouve une santé solide. Il tourne la tête vers l'irlandaise et scrute son visage. Celui-ci est pâle, et ses muscles contractés trahissent la douleur.
▬ Qu'est-ce qui ne va pas, Alyssa ? demande-t-il, profondément inquiet. Tu as mal quelque part ?
L'esprit de Shinji s'active. Elle a reçu nombre de sortilèges pour modifier sa mémoire. Normalement, un aurait suffit. Mais elle fait preuve d'une résistance hors norme à la magie mentale. Ce qui explique pourquoi le Secret s'est acharnée sur elle. Il crispe les mâchoires à cette pensée.
▬ Ce sont les sortilèges… Un seul aurait dû suffire pour effacer tout souvenir de moi dans ton esprit. Mais ça n'a pas fonctionné. Ton esprit a résisté, inexplicablement. Alors il y en a eu d'autres. Normalement, un seul ne laisse aucune séquelle. Mais autant…
Il ferme un instant les yeux. Il ne cesse d'imaginer ce qu'elle a subi pendant toutes ces années. Mais il doit dépasser ça. Pour elle. Il rouvre les yeux pour la fixer, son expression retrouvant un semblant de contenance.
▬ Tu as des migraines, en particulier lorsque tu essaies de te souvenir, n'est-ce pas ? ça t'affaiblit au quotidien. C'est… normal, si j'ose dire. Ce sont les effets secondaires.
Son regard glisse de nouveau sur ses pieds. Un sentiment insidieux s'engouffre dans son esprit et lui étreint le coeur. Ne me juge pas trop vite quand c'est toi qui est l'unique responsable de tout ce merdier. Il serre les dents. Eiko avait raison, en fin de compte. Il est responsable du malheur d'Alyssa. Surtout que sa propre soeur a envoyé son amie à l'asile.
▬ Je suis désolé… Tout ça, c'est de ma faute… Si seulement j'avais eu le courage de demander une dérogation pour toi, à l'époque… Si j'avais su affronter le regard de ma famille…
Il ne termine pas sa phrase. Mais il sait que tout aurait été différent. Peut-être que sa demande aurait été rejetée, fortement discrédité par ses parents. Mais peut-être qu'elle aurait été acceptée, et qu'Alyssa aurait bénéficié du Droit au Secret. Ils n'auraient pas été séparés. A la place, il aurait été déshonoré. Mais quel prix insignifiant à payer pour avoir le droit de la fréquenter… Au lieu de ça, son silence l'a conduite à l'asile. Toi qui ne lui veut que du bien, que lui as-tu apporté sinon la plonger dans un monde qui n'est pas le sien, où le simple fait qu'elle respire est un crime pour une majorité des sorciers ! Il se prend la tête entre les mains. Non, il refuse de penser qu'il n'a jamais rien apporté de bon à son amie. Sa soeur ne peut pas avoir toujours raison.
Il s'écoule de nombreuses secondes, peut-être même une minute -il a perdu le fil du temps. Puis il se reprend, se souvenant de sa discussion avec Thomas, et de la raison de sa présence ici. Il doit agir pour qu'elle aille mieux. Il fera tout pour qu'elle aille mieux. Ce sera sa façon de se racheter. Une fois certain que sa voix a retrouvé son habituelle contenance, il baisse les bras et se tourne vers son amie.
▬ Je peux t'aider... Je veux t'aider. Je connais quelqu'un qui pourrait sans doute te soigner.
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