Invité
Invité
Dim 24 Mai 2020 - 22:46
Une douce langueur m’emplissait tandis que je me laissais aller à n’être rien de plus qu’un arbre. Je ne dormais jamais. Cela ne m’était pas nécessaire. Mais si je faisais le vide dans mon esprit et me laissais aller, il m’arrivait de n’être, l’espace de quelques instants, à peine plus qu’un arbre normal. Aujourd’hui, une fine bruine était tombée toute la journée, rafraîchissant agréablement mes feuilles après ces chaudes et longues dernières journées de printemps et humidifiant la terre autour de mes racines. Celles-ci étaient trop profondes et trop proches d’un point d’eau pour souffrir vraiment de ces quelques jours secs, mais cela n’en rendait pas la fin moins délectable. Mes derniers pétales s’étaient envolés, désormais, laissant place à des feuilles vert tendre, comme l’étaient devenus du même fait mes cheveux sous ma forme humaine. Ce qu’il en restait, flétri et détrempé par la pluie, tapissait encore le sol de la clairière et les recoins du petit étang.
J’avais attendu l’humain, enfin plutôt le lycan, hier, tandis que le soleil se couchait. C’était l’heure à laquelle il était passé lors de notre rencontre. Je lui avais dit qu’il pourrait venir et je m’attendais donc à ce qu’il le fît. Je n’osais m’approcher de son restaurant, craignant de croiser d’autres humains venus manger ce qu’il cuisinait. Mais il n’était pas venu. Il me l’avait dit : s’occuper de la nourriture des autres lui prenait beaucoup de temps. Il avait essayé de m’expliquer la notion de temps, mais j’avais eu du mal à la saisir. Pour moi, il n’y avait que le jour et la nuit qui rythmaient ma vie sans me contraindre, puisque je ne dormais pas. Je n’avais pas de raison de ne pas être patiente. Et pourtant, ne le voyant pas revenir, ce jour-là, j’avais ressenti une petite douleur en moi. Pas comme de la tristesse, ni comme de la peur. C’était moins fort que cela, beaucoup plus doux-amer. Je ne connaissais pas encore les mots pour la désigner. Aujourd’hui, je n’avais donc pas attendu. C’était plus facile, ainsi. Il reviendrait quand il le souhaiterait. Après tout, il avait tenu sa promesse. Des arbres se trouvant entre les chemins et cette clairière portaient désormais des traces de griffures semblables à celles d’un ours. Il m’avait affirmé que cela tiendrait éloigné les humains qui pourraient avoir de mauvaises intention.
J’entendis de loin un oiseau se poser sur mes larges branches, sans doute pour s’abriter de la pluie sous mon feuillage. Je n’y aurais probablement même pas fait attention, si un détail inhabituel n’avait pas attiré mon attention : je n’avais jamais vu de tel oiseau dans la forêt. Des rapaces, il y en avait, mais ils ne ressemblaient pas à ça. Intriguée, je me glissai hors de mon tronc sous la forme d’un nuage de fleurs de cerisiers et me laissai voleter jusqu’à la branche à quelques mètres de l’oiseau, où mes pétales prirent une forme vaguement humaine, assise, les jambes se balançant dans le vide. Les animaux sentaient généralement instinctivement que je n’étais pas humaine. Aussi avaient-ils rarement peur de moi, si je ne faisais pas geste brusque. J’observai avec curiosité le superbe volatile, la tête penchée sur le côté avec candeur.
Invité
Invité
Mer 27 Mai 2020 - 20:55
L'entretien avec John Smith avait été particulièrement enrichissant. Nous avions invoqué plusieurs points épineux comme cette méconnaissance étrange que n'avait pas des changelins sur leur nature propre, mais aussi notre position vis à vis des sorciers et également la prise au poste au Chef de notre conseil par un certain Abraham. Nous soupçonnions également que quelqu'un d'indésirable soit au courant de notre existence. Et ça, c'était très problématique aussi. Nous avions aussi débattu sur la notion de confiance, vis à vis de potentiels alliés et ça non plus, c'était pas une mince affaire. Nous ne savions pas non plus de quoi était réellement capables ces sorciers. Qui étaient-ils ? Quelles étaient leurs capacités ? Tellement de questions et si peu de réponses. Cette affaire du tigre restait aussi à éclaircir, ce qu'il s'était apprêter à faire hier dans la soirée avec cette Sentinelle. Toutefois, je n'avais pas encore eu le temps d'en discuter avec lui.
Mais comme promis, j'étais décidé d'en savoir un peu plus sur leur compte, en tentant de glaner des informations discrètement. Toutefois avant cela, je me permettais un temps de repos pour traîner dans les cieux. Les oiseaux ici n'atteignaient pas ma carrure, aussi, par précaution, je me décidais à voler en hauteur afin de paraître plus petit. Heureusement, j'avais de mon côté la météo avec sa pluie et ses nuages pour contrarier les curieux. Normalement, la harpie féroce n'est pas faite pour voler dans des espaces aérées, mais plutôt réduits. En effet, la forêt amazonienne impose ses contraintes et ce rapace est taillé pour circuler dans la végétation dense avec une aisance acrobatique. Mais ça me manquait clairement de pouvoir voguer pleinement sans attirer l'oeil. En Amazonie, mon environnement naturel, je pouvais m'en donner à cœur joie mais depuis... Je devais rester prudent. J'estimais néanmoins que je méritais cet instant de répit, occupé à méditer sur ma conversation avec mon collègue. Je ne savais pas où ça nous mènerait mais j'espérais que toutes ces zones d'ombre se dispersent rapidement.
Ma trajectoire commença alors à faiblir, il était temps de se poser. A la force des ailes, je fis une pointe à 80 kms/heure pour rejoindre la forêt histoire de passer le plus inaperçu possible. Rapidement, je gagnais la verdure pour venir me jucher sur une branche qui se mit à plier sous mon poids. Ma stabilité naturelle retrouva son apogée et je restais ainsi, paisiblement, scrutant les animaux de la forêt de ma vision acérée. Les bêtes ne paraissaient pas plus effrayées que ça. De toute façon, je ne comptais pas me faire un goûter saveur gibier de fortune. Je restais donc ainsi, inerte mais attentif à mon environnement. L'odeur de la terre mouillée était satisfaisante, d'autant plus que les larges feuilles de cet arbre me protégeaient parfaitement. D'ailleurs, je n'y avais pas fait particulièrement attention mais, qu'est ce qu'il était grand ! C'était assez étonnant que je ne l'avais pas remarqué avant. Pourtant, j'avais plutôt bien pris mes marques pour dénicher des endroits tranquilles.
Mais plus fulgurant encore... Qu'est ce que c'était que... Ce... Cette... ? Cette... femme ? Mon cou cou se redressa, intrigué par cette manifestation tout à fait particulière. Est-ce que je rêvais ? Non, il n'y avait pas moyen, ma vue était tout à fait extraordinaire. En tout cas, je ne comprenais pas vraiment ce que je voyais. Des pétales volaient pour dessiner une silhouette tout à fait humaine, qui semblait me fixer à son tour. Je n'avais jamais rien vu de tel... Je me mis donc à pousser un cri d'intimidation dans sa direction tout soulevant mes ailes pour faire gonfler ma carrure. Les harpies féroces sont reconnues pour être particulièrement agressives lorsqu'il s'agit de défendre son territoire ou en cas de danger potentiel. Toutefois, pour le moment, je guettais simplement cette créature, méfiant mais également, captivé par une telle découverte.
Une longue confrontation visuelle -si j'ose dire- s'ensuivit, jusqu'à je me décide enfin à changer de branche pour atterrir sur la sienne. Finalement, que je sois sous cette forme me permettait de l'approcher assez pour l'observer. Qui était-elle ? Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Etait-ce une sorcière ? Un vampire ? Ca me paraissait difficile à croire. Je n'avais jamais rien vu de telle, même en passant en revue toutes les légendes que j'avais ingurgitées. Ma seule problématique était que je n'avais pas la parole, je ne pouvais donc pas véritablement communiquer avec elle ou en tout cas, pas pleinement. Mais je ne me voyais pas tellement redevenir humain dans ces circonstances. Et si elle fuyait ? Et si je me faisais pincer par le Conseil ? Je serais véritablement menacé. Pour le coup, j'étais donc frustré. Extrêmement frustré.
Mes grands serres firent un pas vers elle alors que je la toisais de mon seul œil valide, avec une fascination mêlée à l'interrogation. J'émis donc un autre cri, cette fois-ci, moins hostile.
Qu'est ce qu'elle était au juste ?
Mais comme promis, j'étais décidé d'en savoir un peu plus sur leur compte, en tentant de glaner des informations discrètement. Toutefois avant cela, je me permettais un temps de repos pour traîner dans les cieux. Les oiseaux ici n'atteignaient pas ma carrure, aussi, par précaution, je me décidais à voler en hauteur afin de paraître plus petit. Heureusement, j'avais de mon côté la météo avec sa pluie et ses nuages pour contrarier les curieux. Normalement, la harpie féroce n'est pas faite pour voler dans des espaces aérées, mais plutôt réduits. En effet, la forêt amazonienne impose ses contraintes et ce rapace est taillé pour circuler dans la végétation dense avec une aisance acrobatique. Mais ça me manquait clairement de pouvoir voguer pleinement sans attirer l'oeil. En Amazonie, mon environnement naturel, je pouvais m'en donner à cœur joie mais depuis... Je devais rester prudent. J'estimais néanmoins que je méritais cet instant de répit, occupé à méditer sur ma conversation avec mon collègue. Je ne savais pas où ça nous mènerait mais j'espérais que toutes ces zones d'ombre se dispersent rapidement.
Ma trajectoire commença alors à faiblir, il était temps de se poser. A la force des ailes, je fis une pointe à 80 kms/heure pour rejoindre la forêt histoire de passer le plus inaperçu possible. Rapidement, je gagnais la verdure pour venir me jucher sur une branche qui se mit à plier sous mon poids. Ma stabilité naturelle retrouva son apogée et je restais ainsi, paisiblement, scrutant les animaux de la forêt de ma vision acérée. Les bêtes ne paraissaient pas plus effrayées que ça. De toute façon, je ne comptais pas me faire un goûter saveur gibier de fortune. Je restais donc ainsi, inerte mais attentif à mon environnement. L'odeur de la terre mouillée était satisfaisante, d'autant plus que les larges feuilles de cet arbre me protégeaient parfaitement. D'ailleurs, je n'y avais pas fait particulièrement attention mais, qu'est ce qu'il était grand ! C'était assez étonnant que je ne l'avais pas remarqué avant. Pourtant, j'avais plutôt bien pris mes marques pour dénicher des endroits tranquilles.
Mais plus fulgurant encore... Qu'est ce que c'était que... Ce... Cette... ? Cette... femme ? Mon cou cou se redressa, intrigué par cette manifestation tout à fait particulière. Est-ce que je rêvais ? Non, il n'y avait pas moyen, ma vue était tout à fait extraordinaire. En tout cas, je ne comprenais pas vraiment ce que je voyais. Des pétales volaient pour dessiner une silhouette tout à fait humaine, qui semblait me fixer à son tour. Je n'avais jamais rien vu de tel... Je me mis donc à pousser un cri d'intimidation dans sa direction tout soulevant mes ailes pour faire gonfler ma carrure. Les harpies féroces sont reconnues pour être particulièrement agressives lorsqu'il s'agit de défendre son territoire ou en cas de danger potentiel. Toutefois, pour le moment, je guettais simplement cette créature, méfiant mais également, captivé par une telle découverte.
Une longue confrontation visuelle -si j'ose dire- s'ensuivit, jusqu'à je me décide enfin à changer de branche pour atterrir sur la sienne. Finalement, que je sois sous cette forme me permettait de l'approcher assez pour l'observer. Qui était-elle ? Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Etait-ce une sorcière ? Un vampire ? Ca me paraissait difficile à croire. Je n'avais jamais rien vu de telle, même en passant en revue toutes les légendes que j'avais ingurgitées. Ma seule problématique était que je n'avais pas la parole, je ne pouvais donc pas véritablement communiquer avec elle ou en tout cas, pas pleinement. Mais je ne me voyais pas tellement redevenir humain dans ces circonstances. Et si elle fuyait ? Et si je me faisais pincer par le Conseil ? Je serais véritablement menacé. Pour le coup, j'étais donc frustré. Extrêmement frustré.
Mes grands serres firent un pas vers elle alors que je la toisais de mon seul œil valide, avec une fascination mêlée à l'interrogation. J'émis donc un autre cri, cette fois-ci, moins hostile.
Qu'est ce qu'elle était au juste ?
Invité
Invité
Sam 27 Juin 2020 - 12:39
Soudain, l’oiseau poussa un cri puissant. Sous l’effet de la surprise, mes pétales se dispersèrent dans tous les sens et disparurent en partie à travers mon écorce. J’avais pour réflexe de me réfugier au creux de son tronc dès que je me sentais menacée, car c’était ma forme la plus robuste et solide, la première de toutes. Le silence s’installa – aussi silencieuse que pût être une forêt débordante de vie. Je m’avérai rapidement plus intriguée qu’effrayée et décidai malgré tout de retourner m’installer sur la branche, non loin du beau volatile. Ce dernier me fixait. J’aurais été bien incapable de traduire ce qu’il voulait dire, mais il semblait avoir perdu en agressivité et n’avait pas l’air craintif. D’un petit saut, il atterrit même sur ma branche, ce que j’accueillis par une petite exclamation réjouie et candide. Je l’observai, souriante. Mon regard glissait le long de ses plumes brunes tirant sur le noir. Je remarquai alors son œil abîmé, qui ne devait plus lui permettre de voir de ce côté-là. Ce devait être un handicap embêtant pour un fier prédateur tel que lui.
Mue par une soudaine envie de le toucher, je tendis doucement la main vers l’oiseau. Les pétales effleurèrent les plumes, mais sous cette forme, je n’avais pas de substance. A l’époque, j’aurais été bien incapable de mettre un mot ou même de comprendre ce sentiment, mais c’était très frustrant. J’avais envie de sentir le contact de ces plumes majestueuse sous mes doigts. Je n’osais prendre une apparence humaine. Il y avait de bonnes chances que cela le fît fuir ou le rendît agressif. A mon instar, les animaux de la forêt craignaient les humains – pour de bonnes raisons, assurément. Il n’y avait bien que moi qui trouvait leur mode de vie fascinant. Seule la peur me retenait encore de me mêler à eux pour essayer de pratiquer les bases de langage que m’avait enseigné Ôkamiro. En toute logique, ils ne devaient pas aimer beaucoup les arbres, puisqu’ils venaient en abattre en ces lieux. Et puis l’idée de sortir du couvert de la forêt me paraissait encore terrifiant. Tout ce ciel vide au dessus de ma tête, et ces « voitures » – en métal, m’avait expliqué le lycan – qui fonçaient sur ces couches de roche sombre étranges qui traversaient par endroit mon domaine… Je n’étais prête à traverser l’orée. Mais à quoi bon parler l’humain si je ne pouvais communiquer avec eux ?
L’oiseau ressemblait à d’autres que j’avais pu déjà voir dans le coin. Ses puissantes serres qui agrippaient ma branche par exemple, bien que je n’étais pas certaine d’en avoir déjà vu d’aussi robustes. Mais un de son espèce, je n’en avais jamais croisé. J’en étais maintenant certaine. Ce ne devait pas être son territoire naturel. C’était ce qui me rendait aussi curieuse. Ôkamiro avait dit qu’il existait d’autres forêts qui n’étaient pas connectées à celle-ci. Tout ceci m’intriguait énormément. Etait-ce de là qu’il venait ? Si seulement nous pouvions communiquer, il pourrait m’en parler.
Invité
Invité
Dim 28 Juin 2020 - 19:35
Je ne savais pas tellement si cette... forme humanoïde était capable de ressentir des émotions. Mais de ce que je pouvais constater à travers mon regard d'harpie, c'était qu'elle possédait tout de même des réactions primitives. Suite à mon cri agressif, ses fleurs s'étaient éclatées d'un coup pour fuir certainement par crainte, en réponse à mon avertissement. Qu'est ce que mon rapace pouvait avoir un sale caractère ! Mais ça avait été plus fort que moi. Cet oiseau pouvait se révéler très hostile quand il s'agissait de sillonner son territoire ou bouleverser son environnement. Même si en soi, ce n'était pas réellement mon habitat naturel, je m'étais accaparé une vaste zone et évolué en fonction pour le maîtriser. Ca n'avait pas été simple, quand on connaissait les différences entre cet endroit et ma zone d'origine. Mais j'avais fait avec. Toutefois, la créature inconnue finit par vite se ressaisir et se laissa même approcher alors que mes serres agrippaient la branche pour me poster près d'elle. Ma tête recula de surprise tandis qu'elle poussa une exclamation presque émerveillée. J'avais l'impression de me trouver en face d'une enfant qui découvrait une fantaisie nouvelle avec une innocence brillante dans son regard.
J'étais tellement curieux. Son sourire si spontané me convainquait qu'elle ne représentait pas une menace. Une attitude si candide ne pouvait pas représenter un danger. Tant et si bien, que je la laissais couvrir le peu de distance qui nous séparait, tout en restant inerte. Un autre cri, moins puissant, franchissait donc mon bec telle une autorisation donnée. Ses pétales qui formaient une main, venaient se déposer délicatement sur mes plumes, comme une caresse légère tel une brise. J'allongeais ensuite mon cou vers son visage, ancrant mon œil au cercle d'argent sur ses traits encore indistincts dans cet amas de fleurs. Pourtant, il était si humain. Et malgré son regard qui avait l'air absent, j'en ressentais toute la vie et l'éclat. Comment était-ce seulement possible ? J'avais beau fouiller mes souvenirs, aucun ne pouvait s'assembler au spectacle qui se tenait devant moi. Silencieusement, un duel de taille s'immisça dans mon esprit. J'étais partagé entre descendre de cet arbre et reprendre forme humaine plus loin pour revenir auprès de ce tronc. La tentation pulsait entièrement dans tout mon être, tant la curiosité était grande. Mais je ne devais pas oublier que j'étais aussi un changelin et que je portais des responsabilités. C'était bien la seule barrière qui m'incitait à rester raisonnable. Je ne savais pas qui était cette femme, encore moins ce qu'elle était et ce dont elle était capable. Pourtant... Je ne pouvais m'empêcher de penser que ses intentions étaient loin du commun des hommes. Il suffisait de la regarder. Peut-être même que je prendrais le risque de lui faire peur si j'adoptais ma forme humaine. Elle semblait si... Différente. Si absente et si présente à la fois, comme un nouveau né dont l'esprit ne serait pas encore rempli par l'existence brute.
Je me décidais alors à prendre du recul, déployant mes énormes ailes pour mieux prendre mon envol. Je serais bien resté à la contempler durant des heures, pour la comprendre, la cerner et l'entrevoir. En savoir davantage, satisfaire ma curiosité, combler mon envie d'en apprendre plus à son sujet. Mais sous cette forme, j'étais bloqué dans ma frustration. Un échange muet ne pourrait me faire avancer dans ma réflexion. Il était donc temps que je quitte cette branche, avec la ferme intention de revenir plus tard, en espérant que je puisse l'approcher de cette même façon sans qu'elle ne me fuit.
Je repartais donc aussi vite que j'étais venu à tire d'ailes, avec la conviction de la retrouver mais cette fois-ci, en tant que Sebastian Rhodes.
J'étais tellement curieux. Son sourire si spontané me convainquait qu'elle ne représentait pas une menace. Une attitude si candide ne pouvait pas représenter un danger. Tant et si bien, que je la laissais couvrir le peu de distance qui nous séparait, tout en restant inerte. Un autre cri, moins puissant, franchissait donc mon bec telle une autorisation donnée. Ses pétales qui formaient une main, venaient se déposer délicatement sur mes plumes, comme une caresse légère tel une brise. J'allongeais ensuite mon cou vers son visage, ancrant mon œil au cercle d'argent sur ses traits encore indistincts dans cet amas de fleurs. Pourtant, il était si humain. Et malgré son regard qui avait l'air absent, j'en ressentais toute la vie et l'éclat. Comment était-ce seulement possible ? J'avais beau fouiller mes souvenirs, aucun ne pouvait s'assembler au spectacle qui se tenait devant moi. Silencieusement, un duel de taille s'immisça dans mon esprit. J'étais partagé entre descendre de cet arbre et reprendre forme humaine plus loin pour revenir auprès de ce tronc. La tentation pulsait entièrement dans tout mon être, tant la curiosité était grande. Mais je ne devais pas oublier que j'étais aussi un changelin et que je portais des responsabilités. C'était bien la seule barrière qui m'incitait à rester raisonnable. Je ne savais pas qui était cette femme, encore moins ce qu'elle était et ce dont elle était capable. Pourtant... Je ne pouvais m'empêcher de penser que ses intentions étaient loin du commun des hommes. Il suffisait de la regarder. Peut-être même que je prendrais le risque de lui faire peur si j'adoptais ma forme humaine. Elle semblait si... Différente. Si absente et si présente à la fois, comme un nouveau né dont l'esprit ne serait pas encore rempli par l'existence brute.
Je me décidais alors à prendre du recul, déployant mes énormes ailes pour mieux prendre mon envol. Je serais bien resté à la contempler durant des heures, pour la comprendre, la cerner et l'entrevoir. En savoir davantage, satisfaire ma curiosité, combler mon envie d'en apprendre plus à son sujet. Mais sous cette forme, j'étais bloqué dans ma frustration. Un échange muet ne pourrait me faire avancer dans ma réflexion. Il était donc temps que je quitte cette branche, avec la ferme intention de revenir plus tard, en espérant que je puisse l'approcher de cette même façon sans qu'elle ne me fuit.
Je repartais donc aussi vite que j'étais venu à tire d'ailes, avec la conviction de la retrouver mais cette fois-ci, en tant que Sebastian Rhodes.
Contenu sponsorisé
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|