I serve you but do not break me...

Je levais brusquement les yeux quand Alessio-sama se contenta simplement d’être d’accord avec mes propos. L’espace d’une seconde, je remarquais la troublante ressemblance lui et son cadet. J’ai même risqué de lui répondre comme je l’aurais fait avec Daegan. Ce que je ne fis pas. Et l’entendre m’assurer que Shidara n’avait qu’une parole me rassura. Si mon propre chef acceptait cet accord, surtout Alessio, alors c’était sans doute moins terrible que je ne pouvais l’imaginer. Une chose était certaine, je n’étais pas seule dans ce merdier. Il était parfaitement clair que malgré tout, Sachio ne pourrait pas intervenir sans créer plus de problèmes alors que ce n’était pas le cas d’Alessio-sama. Pas entièrement en tout cas, car s’il devait en effet intervenir, je ne doute pas que je devrais en payer les conséquences ... officiellement.

Mon regard sur mon hôte avait bien malgré moi complètement changé. Je n’irais pas à dire que j’étais prête à lui faire une confiance aveugle, mais une petite voix dans ma tête arrivait presque à m’en convaincre. Il n’avait rien du level A que m’avait dépeint Sir Williams. Bien au courant, ce qui au fond de moi souleva bien des questions. Celles-ci resteraient pour l’instant sans réponse car je n’étais pas disposée à le revoir. Pas après le scandale aux enchères et encore moins après cette audience.  

Audience que le sang-pur clôtura. Même si nous avons convenu de laisser tomber le lourd fardeau de l’étiquette, je m’inclinais profondément devant lui, cette fois-ci avec un respect bien plus sincère qu’à mon arrivée. Je restais bien évidemment attentive à ses derniers mots. Il était donc vraiment disposé à nous laisser une chance à Sachio et à moi. Il est inutile de dire que je n’avais pas su retenir un léger sourire tant l’idée d’organiser cette rencontre était inouïe.  

« Je sais que cela n’engage aucune décision de votre part mais merci, Alessio-sama. Et je m’engage à faire de mon mieux pour éviter tout nouvel incident avec Maître Shidara. Ciao, Signore. »

Avec la galanterie qui était sienne, le chef de clan me reconduit à la porte même de sa demeure. Avant de le quitter une bonne fois pour toute, je lui adressais une dernière révérence et filait rapidement. Le jour mourait peu à peu tandis que naquit en moi un nouvel espoir, j’étais soulagée. Comment étais-je tombée dans une telle angoisse? Etais-je encore si naïve de croire que Sir Williams n’avait jamais voulu que mon bien? Son comportement de ces derniers temps n’étaient pas celui de l’homme qui m’avait consolée alors qu’il ne restait rien de ma famille. Je ralentis mes pas et fini par me retourner avec la demeure que je venais de quitter, comme si lui lancer un dernier regard pouvait m'apporter des réponses. Je me rendais compte au final, qu’en franchissant le seuil de cette maison, j’avais enfin endossé mon rôle. Face à cette évidence, je pris mon téléphone portable et composa le numéro de Sir Williams, déterminée. J’ai du patienter au point de vouloir interrompre l’appel.

« Hello? »
« C’est moi. » Il resta silencieux, sans doute surpris par mon appel.
« Je viens de rencontrer Maître Di Altiero » Il ne dit toujours rien.
« J’ai pris ma décision. Je n’ai plus besoin de votre tutelle. » Avant qu’il ne puisse répondre, je pris congés aussi vite qu’avait commencé cette conversation.

Après tout ce temps, j’avais tout simplement fuit mon devoir et  j’avais assez profité d’un confort qui finalement n’avait sans doute jamais existé. Tout se bousculait dans mes pensées mais une seule chose était claire. Je venais de pousser une porte qui m’était désormais impossible de refermer. Je devais prendre les choses en main quitte à devoir tout détruire pour mieux reconstruire. C’était mon héritage, l’histoire de ma famille et il était grand temps que je laisse ma signature quelque part, pour de bonnes ou de mauvaises raisons.