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Raphaël de La Roche#104914#104914#104914#104914#104914#104914#104914
Vampire Level B - Clan B. Ryan
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Emploi/loisirs : Écrivain & professeur de violon
Yens : 1284
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Ven 16 Oct 2020 - 23:59
La pique d'humour noir d'Anzu eut le mérite de me faire sourire, bien qu'il s'agît plus d'amertume que de réelle enthousiasme. Elle, ou plutôt ses parents étaient le résultat de l'ennui de certains de mes contribuables, je le lui concédais volontiers. Si toutefois Shidara se fût lancé dans cette aventure pour passer le temps. Il était difficile de percer à jour ses motivations obscurs, même pour les plus anciens vampires.
La lycane me posa une question rétrospective sur ma propre condition, et le risque de dérive de ma personnalité avec les siècles passant. Je lui jetai un regard en biais par dessus mon verre que je vidais de plus en plus vite au fil de notre conversation. Je ne m'attendais pas à une telle réflexion, cependant… Elle était somme toute logique, et légitime. En réalité, je m'étais déjà attardé sur cette possibilité, une ou deux fois.
- ça m'arrive d'y penser. Et c'est vrai que je tiens profondément aux valeurs qui m'ont conduit jusqu'ici. Entre nous… quelque part j'ai déjà un peu changé. Plus jeune, j'étais plus arrogant et insouciant. Mais les expériences forgent le caractère.
Mes pensées dérivèrent un instant quelques décennies en arrière. D'abord lors de ma prime jeunesse avec Mickaël, les soirées que nous animions par nos esprits vifs, nos plaisanteries parfois farfelues et nos talents artistiques. Puis vers ma première femme, Sophie, et son sourire lumineux, que j'avais courtisé des années durant sans craindre les représailles de sa famille, rivale à la mienne. Sa mort, et celle de mon frère, qui avaient amorcé un changement irrémédiable dans mon être. Et jusqu'à aujourd'hui, où l'histoire se répétait, pour moi, et pour Jess.
- Je ne souhaite pour rien au monde perdre ce qui me définit. Après… Tant que j'aurais quelque chose à quoi me raccrocher, quelqu'un pour me rappeler l'homme que je suis et ce qui me tient le plus à coeur, je pense que je ne risque pas grand chose. Il ne me reste qu'à les défendre crocs et griffes.
J'esquissai un sourire en coin après cette allusion à l'expression "bec et ongles", dévoilant à dessin la pointe d'une canine. Je lui laissai ensuite la parole pour m'expliquer sa position dans l'ordre des chevaliers des ombres, tout en sirotant mon whisky. Mentorée par le père Kobayashi, hum ? Une bonne chose, pour elle et pour les vampires favorables à une cohabitation pacifique. Je lui souris, ravi de la tournure des événements.
- C'est pour le mieux, Taena-san. Autant pour vous, que pour les chevaliers, et pour nous également. Autrement, vous auriez pu faire une adversaire redoutable !
Je lui fis un clin d'oeil, me laissant volontiers bercer par les effluves de l'alcool qui chassaient progressivement mon humeur maussade. Pour peu de temps, j'en avais bien conscience. Mais je comptais profiter encore un peu de cette interlude salvateur.
- Malicieux, c'est bien trouvé. Oui, je connais Aaren Hermansson. Voyez-vous il s'entend très bien avec Junya Ryan -étonnant non ? plaisantai-je à demi-ton.
J'oubliais pourtant qu'Anzu ne connaissait pas mon chef de clan, et ne pouvait donc juger des similitudes entre les deux personnages. Je me hâtai donc d'éclairer sa lanterne.
- Disons que leur excentricité les rapproche. Et puis, comme vous dites, c'est un humain brillant, charismatique, qu'il est facile de sous-estimer sous cet air théâtral qu'il se donne à dessein. Un esprit non averti se fera facilement prendre au piège, car c'est un stratège qui, s'il est guidé par des valeurs justes, n'hésiterait pas à user de la manipulation pour parvenir à ses fins -ou plutôt celles de son ordre. Car il n'est pas homme à céder à ses pulsions. Il ne fait pas passer ses intérêts avant ceux du bien commun, et c'est une qualité bien rare de nos jours.
Je marquai une pause, me rendant compte que j'avais développé plus que de mesure la personnalité de son chef. Les bienfaits du whisky certainement. Je posai un oeil amusé sur le liquide ambré avant de poursuivre.
- Donc oui, pour vous répondre, je commence à bien le connaître. Nos chefs respectifs sont en relation depuis de nombreux mois, aussi j'ai eu plus d'une occasion pour échanger avec lui, et ce malgré son agenda de ministre.
Je reposai mon verre vide en riant.
- En clair, je le respecte et l'admire, pour ce qu'il est capable de faire malgré son statut de mortel. C'est l'humain le plus valeureux qu'il m'ait été donné de rencontrer.
Je poussai un soupir en m'appuyant contre le dossier de ma chaise. Bien sûr je dressais un portrait très élogieux, mais je n'en savais pas assez sur lui pour débusquer les défauts qui le qualifiaient. Cependant, personne n'était parfait, et lui ne faisait pas exception, j'en avais bien conscience. Il n'en restait pas moins un atout, surtout si ses talents, conjugués à ceux d'Anzu, pouvaient lever le mystère qui planait sur la mort de Sachio et la disparition de sa meurtrière.
- Je ne doute pas de vos qualités d'enquêtrice, Taena-san. Et j'espère sincèrement que vous pourrez apporter votre pierre à l'édifice pour mettre la lumière sur cette affaire. Néanmoins, ne vous mettez pas trop la pression non plus. Personne ne vous en voudrait si vous n'arriviez pas à vos fins. Vous avez déjà beaucoup à gérer, et il y a bien des forces en jeu qui gravitent dans la région.
Même nous autres, petits aristocrates, pouvions n'être que des pions sur les échiquiers des grands de notre univers. De quoi garder la tête froide. Je clignai des yeux avant de remplir de nouveau nos deux verres.
- Dites-moi, comment en êtes-vous venue à rejoindre les chevaliers, vous, une Alpha ?
Invité
Invité
Mar 20 Oct 2020 - 22:50
Il ne faisait qu'énoncer l'évidence finalement. Malgré ses valeurs, Anzu savait pertinemment que le temps rongeait les bords de sa personnalité comme l'eau venait frotter la roche à l'usure pour la rendre plus lisse de toutes émotions. Alors certes, les sentiments avaient pour eux-mêmes une note parfois douloureuse mais pour rien au monde, elle ne voudrait qu'ils disparaissent dans une meurtrissure exacerbée au point de ne devenir qu'une ombre avalant la souffrance et l'indifférence. Elle craignait finalement, de ne devenir qu'une machine qui ne ferait que respirer sans programme et sans but et qui pour se soulager de cette éternité, ne donnerait que des atrocités à l'existence des autres pour égayer son humeur éteinte et morose à cause du sable s'écoulant dans le sablier de la vie. Simplement y penser la remplissait de craintes mais n'était-ce pas là justement, une démonstration du bien qui vivait en elle ? Tant que la conscience était là, elle n'avait donc pas à s'en inquiéter. Pas pour l'instant.
Mais au delà des valeurs qu'elle pouvait incarner – et de la Roche-san ne manquait pas de le lui rappeler habilement – tant qu'il y avait quelque chose ou quelqu'un à défendre qui lui tenait accroché à l'âme, alors elle resterait à l'abri des ombres temporelles qui la nargueraient en tournant autour de ses failles. Sa pensée bifurqua ainsi naturellement vers son partenaire bien qu'il se montre bien plus tranché qu'elle sur certains points, son importance permettrait certainement à la jeune femme de tenir la bonne direction et de ne pas faillir à la personne qu'elle était aujourd'hui. Il y avait bien aussi les deux sœurs qui les avaient rejoints récemment mais elle n'éprouvait pas d'attachement profond envers elles, certainement le temps de s'apprivoiser mutuellement bien que son affection soit plutôt dirigée vers Kaiya, celle qu'elle avait transformée. Il s'agissait peut-être d'un instinct plus incliné parce que cette jeune omega incarnait vraiment la création d'Anzu. Oui, c'était sûrement cela.
La louve sourit en réponse à cette expression revisitée au goût d'un vampire qui l'arborait sacrément bien.
-Vous avez sûrement raison. J'espère sincèrement être capable de demeurer approximativement la même personne malgré le temps et les épreuves à traverser. Même si au fond, il est également normal de changer, le tout est de ne pas disparaître complètement de sa propre vision.
Mais inutile de se prendre davantage la tête. Anzu le faisait déjà bien assez comme cela avec toutes ces péripéties qui tendaient à lui faire mal au crâne tel un tambour venant taper sur le haut de son crâne. C'était alors qu'elle accueillit avec un éclat malicieux le compliment de son invité. Évidemment, elle ne pouvait nier que sa force et son rang au service des chevaliers des ombres restaient un atout majeur que personne ne serait en capacité d'ignorer. De plus, le vampire semblait en avoir à redire au sujet de son supérieur et ne paraissait guère tarir d'éloges à son égard ce qui l'amusait silencieusement. Attentive, son buste s'allongea alors comme un gros chat viendrait se prélasser et prendre ses aises tout en posant son menton sur ses bras croisés comme une enfant tout en l'écoutant. Junya Ryan, nom qui avait retentit deux à trois fois sur les derniers jours, demeurait le chef direct de celui qui continuait à noyer son esprit dans des effluves jonchées de degrés qui le faisaient causer plus que de mesure. Mais si cela pouvait le détendre et l'aider à soigner son moral alors elle ne pouvait qu'en être contente pour lui.
-Je ne le connais peut-être pas aussi bien que vous mais je n'oserais pas vous contredire tellement cela semble lui correspondre. Je n'ai eu qu'une furtive occasion de parler avec ce mortel au moment de mon entretien mais en sortant de son bureau, il m'a inspirée confiance.
Ce qui lui faisait penser au passage qu'une autre entrevue imminente se préparait mais comme le précisait fort bien de la Roche-san, son emploi du temps était très serré, plus que de raison et encore plus depuis la crise.
-D'ailleurs, comment est votre chef de clan ? Je sais seulement que ce restaurant existe grâce à lui et qu'il a permis à mon partenaire de nourrir son désir de construire un endroit où tous cohabitent avec respect. Mais je n'en sais pas davantage.
Elle était un peu curieuse d'autant plus si elle devait le solliciter pour créer des faux papiers administratifs concernant les filles. Mais le client du moment paraissait d'un seul coup bien las, comme assommé de nouveau par une réalité pesante plus que l'alcool, tout du moins. Sa bienveillance ambiante fit hausser les deux sourcils de la jeune femme, tant elle ne s'attendait pas à ce que quelqu'un souhaite la préserver. Il était vrai qu'avec Ôkamio, elle s'était déjà prise de tête avec lui parce qu'elle avait la désagréable sensation de jongler avec ses responsabilités et d'y mettre toute son énergie contrairement à lui. Elle lui avait reproché. Et il lui avait reproché d'être seulement une maniaque du contrôle. Mais Anzu se postait comme un pilier parce que si elle devait se laisser aller, songeait-elle souvent, rien n'avancerait convenablement. Elle espérait toujours qu'il ne revienne pas sur sa promesse avec les deux petites que de s'en occuper tout autant qu'elle sinon l'alpha ne s'en sortirait pas. Alors un peu de conciliation de la part du vampire blondinet lui faisait du bien alors elle hochait seulement la tête en guise de remerciement.
Puis étonnamment la discussion prit un autre virage, sûrement celui de l'esprit tournant au ralenti du « jeune » homme en face d'elle. Il s'intéressait donc à son entrée chez les chevaliers des ombres ? Anzu ne put s'empêcher de réprimer une moue malicieuse à ce souvenir.
-A vrai dire ce jour-là, je ne comptais pas du tout intégrer cette organisation. J'étais plutôt partie pour enquêter au sujet de l'attaque du lycan et lors de mon investigation en solitaire, j'ai trouvé Mia Ogawa, une alpha au caractère plus que trempé et Daisuke Kûdo, un omega qui ferait la fierté de n'importe quel chef de meute. C'est ce dernier qui m'a soufflé la motivation de m'inscrire pour - ne le dites pas à Hermansson-san – trouver des éléments d'enquête utiles au sujet de ce triste événement. En d'autres termes, j'y allais pour mettre mon museau dans leurs affaires.
Une mèche de cheveux vint s'enrouler ensuite autour de son index qu'elle fit tournicoter dans un regard plus vague et lointain.
-Mais au fond de moi, il y avait aussi une toute autre raison, plus personnelle, dont je me suis rendue compte lors de mon tout premier échange avec l'un de leur membre. Je me sentais constamment triste, en colère et en désattoi. Alors j'y ai vu l'occasion de m'exorciser en suivant un dessein plus noble malgré mes préjugés très ancrés, en l'honneur de ma mère. C'est ce qu'elle aurait voulu. Que je me batte. Que je grandisse. Que j'apprenne. Alors j'y ai vu cette opportunité que de troquer mes démons contre une cause plus grande comme le pacifisme et trouver mon chemin. J'avais tellement subi les vomissements de mon père au sujet des vampires et des humains que j'éprouvais le besoin de vaincre mes préjugés pour me défaire de cette prison angoissante dans laquelle je m'enfonçais et de participer à construire un avenir plus paisible pour que plus personne n'ait à subir. Attendrir les rancoeurs au profit d'une stabilité plus sereine entre les espèces. Pour apaiser mes propres tourments, aussi. Aaren Hermansson m'a donc ouvert sa confiance et je lui ai laissé la mienne comme d'un premier pas vers quelque chose de meilleur. Il a su me convaincre plutôt que l'inverse, finalement.
Anzu se rendait bien compte qu'à cet instant, elle parlait seulement d'espoir et de poésie qui ne verront peut-être jamais ses exploits aboutir tant la haine régnait dans le cœur des gens.
-Vous me trouverez peut-être ridicule et rêveuse ha ha ! C'est ce que Dwight Hodgkin m'a poliment fait comprendre. Mais je veux juste rendre le monde un peu moins boueux c'est tout, en faisant de mon mieux.
Ses joues se teintèrent d'un rose timide sur ses petites fossettes. Anzu était certes une Alpha mais elle était aussi, par moment, une femme avec ses séquelles et une attitude qui rappelait celle d'une enfant dont le passé avait été sectionné trop vite pour l'obliger à grandir et prendre ses marques avec ce qui était à sa disposition. Trop longtemps emmurée dans les reproches de son père, trop longtemps ensevelie par la méfiance, trop longtemps endiguée dans sa colère. Et pourtant petite, elle était déjà confrontée à des situations si grandes. Elle avait grandi en s'occupant de son paternel, écrasée sous le poids de sa souffrance et la sienne tant et si bien qu'elle en avait étouffé. Désormais, elle avait reprit son destin en main et ne comptait pas lâcher cette nouvelle liberté et cette existence dont la jeune louve bâtissait petit à petit les murs pour devenir quelqu'un de grand.
-Qu'est ce qui vous anime, vous, de la Roche-san ?
Mais au delà des valeurs qu'elle pouvait incarner – et de la Roche-san ne manquait pas de le lui rappeler habilement – tant qu'il y avait quelque chose ou quelqu'un à défendre qui lui tenait accroché à l'âme, alors elle resterait à l'abri des ombres temporelles qui la nargueraient en tournant autour de ses failles. Sa pensée bifurqua ainsi naturellement vers son partenaire bien qu'il se montre bien plus tranché qu'elle sur certains points, son importance permettrait certainement à la jeune femme de tenir la bonne direction et de ne pas faillir à la personne qu'elle était aujourd'hui. Il y avait bien aussi les deux sœurs qui les avaient rejoints récemment mais elle n'éprouvait pas d'attachement profond envers elles, certainement le temps de s'apprivoiser mutuellement bien que son affection soit plutôt dirigée vers Kaiya, celle qu'elle avait transformée. Il s'agissait peut-être d'un instinct plus incliné parce que cette jeune omega incarnait vraiment la création d'Anzu. Oui, c'était sûrement cela.
La louve sourit en réponse à cette expression revisitée au goût d'un vampire qui l'arborait sacrément bien.
-Vous avez sûrement raison. J'espère sincèrement être capable de demeurer approximativement la même personne malgré le temps et les épreuves à traverser. Même si au fond, il est également normal de changer, le tout est de ne pas disparaître complètement de sa propre vision.
Mais inutile de se prendre davantage la tête. Anzu le faisait déjà bien assez comme cela avec toutes ces péripéties qui tendaient à lui faire mal au crâne tel un tambour venant taper sur le haut de son crâne. C'était alors qu'elle accueillit avec un éclat malicieux le compliment de son invité. Évidemment, elle ne pouvait nier que sa force et son rang au service des chevaliers des ombres restaient un atout majeur que personne ne serait en capacité d'ignorer. De plus, le vampire semblait en avoir à redire au sujet de son supérieur et ne paraissait guère tarir d'éloges à son égard ce qui l'amusait silencieusement. Attentive, son buste s'allongea alors comme un gros chat viendrait se prélasser et prendre ses aises tout en posant son menton sur ses bras croisés comme une enfant tout en l'écoutant. Junya Ryan, nom qui avait retentit deux à trois fois sur les derniers jours, demeurait le chef direct de celui qui continuait à noyer son esprit dans des effluves jonchées de degrés qui le faisaient causer plus que de mesure. Mais si cela pouvait le détendre et l'aider à soigner son moral alors elle ne pouvait qu'en être contente pour lui.
-Je ne le connais peut-être pas aussi bien que vous mais je n'oserais pas vous contredire tellement cela semble lui correspondre. Je n'ai eu qu'une furtive occasion de parler avec ce mortel au moment de mon entretien mais en sortant de son bureau, il m'a inspirée confiance.
Ce qui lui faisait penser au passage qu'une autre entrevue imminente se préparait mais comme le précisait fort bien de la Roche-san, son emploi du temps était très serré, plus que de raison et encore plus depuis la crise.
-D'ailleurs, comment est votre chef de clan ? Je sais seulement que ce restaurant existe grâce à lui et qu'il a permis à mon partenaire de nourrir son désir de construire un endroit où tous cohabitent avec respect. Mais je n'en sais pas davantage.
Elle était un peu curieuse d'autant plus si elle devait le solliciter pour créer des faux papiers administratifs concernant les filles. Mais le client du moment paraissait d'un seul coup bien las, comme assommé de nouveau par une réalité pesante plus que l'alcool, tout du moins. Sa bienveillance ambiante fit hausser les deux sourcils de la jeune femme, tant elle ne s'attendait pas à ce que quelqu'un souhaite la préserver. Il était vrai qu'avec Ôkamio, elle s'était déjà prise de tête avec lui parce qu'elle avait la désagréable sensation de jongler avec ses responsabilités et d'y mettre toute son énergie contrairement à lui. Elle lui avait reproché. Et il lui avait reproché d'être seulement une maniaque du contrôle. Mais Anzu se postait comme un pilier parce que si elle devait se laisser aller, songeait-elle souvent, rien n'avancerait convenablement. Elle espérait toujours qu'il ne revienne pas sur sa promesse avec les deux petites que de s'en occuper tout autant qu'elle sinon l'alpha ne s'en sortirait pas. Alors un peu de conciliation de la part du vampire blondinet lui faisait du bien alors elle hochait seulement la tête en guise de remerciement.
Puis étonnamment la discussion prit un autre virage, sûrement celui de l'esprit tournant au ralenti du « jeune » homme en face d'elle. Il s'intéressait donc à son entrée chez les chevaliers des ombres ? Anzu ne put s'empêcher de réprimer une moue malicieuse à ce souvenir.
-A vrai dire ce jour-là, je ne comptais pas du tout intégrer cette organisation. J'étais plutôt partie pour enquêter au sujet de l'attaque du lycan et lors de mon investigation en solitaire, j'ai trouvé Mia Ogawa, une alpha au caractère plus que trempé et Daisuke Kûdo, un omega qui ferait la fierté de n'importe quel chef de meute. C'est ce dernier qui m'a soufflé la motivation de m'inscrire pour - ne le dites pas à Hermansson-san – trouver des éléments d'enquête utiles au sujet de ce triste événement. En d'autres termes, j'y allais pour mettre mon museau dans leurs affaires.
Une mèche de cheveux vint s'enrouler ensuite autour de son index qu'elle fit tournicoter dans un regard plus vague et lointain.
-Mais au fond de moi, il y avait aussi une toute autre raison, plus personnelle, dont je me suis rendue compte lors de mon tout premier échange avec l'un de leur membre. Je me sentais constamment triste, en colère et en désattoi. Alors j'y ai vu l'occasion de m'exorciser en suivant un dessein plus noble malgré mes préjugés très ancrés, en l'honneur de ma mère. C'est ce qu'elle aurait voulu. Que je me batte. Que je grandisse. Que j'apprenne. Alors j'y ai vu cette opportunité que de troquer mes démons contre une cause plus grande comme le pacifisme et trouver mon chemin. J'avais tellement subi les vomissements de mon père au sujet des vampires et des humains que j'éprouvais le besoin de vaincre mes préjugés pour me défaire de cette prison angoissante dans laquelle je m'enfonçais et de participer à construire un avenir plus paisible pour que plus personne n'ait à subir. Attendrir les rancoeurs au profit d'une stabilité plus sereine entre les espèces. Pour apaiser mes propres tourments, aussi. Aaren Hermansson m'a donc ouvert sa confiance et je lui ai laissé la mienne comme d'un premier pas vers quelque chose de meilleur. Il a su me convaincre plutôt que l'inverse, finalement.
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-Qu'est ce qui vous anime, vous, de la Roche-san ?
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Mer 11 Nov 2020 - 12:42
Je souris affectueusement à la lycane. Je comprenais ses craintes, et je les partageais. Néanmoins elle ne devait pas douter d'elle-même et de sa capacité de résilience. Je la sentais prompt à rebondir sur ses pattes dans une situation critique. Je ne doutais pas alors qu'entourée des bonnes personnes, elle saurait faire la part des choses, prendre le recul nécessaire, pour garder à l'esprit ce qui comptait le plus pour elle.
Je hochai la tête en écoutant sa première impression sur Aaren. J'avais eu sensiblement la même après ma première entrevue avec lui.
- En effet, c'est un humain qui sait inspirer confiance et rassembler.
Des qualités essentielles pour un leader. Il fallait composer avec les différences et les mentalités de chacun pour arriver à les diriger justement, en respectant leurs idées et leurs cultures, tout en invitant au dialogue pour résoudre les conflits éparses qui menaçaient parfois la cohésion du groupe. Bien peu de dirigeants humains en étaient capables à mon sens. Après, les vampires n'étaient pas nécessairement mieux. Nombre d'aristocrates, et de sang-purs encore plus, se considéraient supérieurs aux autres et estimaient que tout leur était dû. Je pris un moment de réflexion lors d'une inspiration pour lui répondre vis-à-vis de mon chef.
- Junya est un chef de clan qui considère l'ensemble de son peuple, et non seulement l'intérêt des nobles. En cette crise avec les lycans malades, il s'inquiète beaucoup pour nos semblables dépourvus de pouvoirs, qui ne savent pas tous se battre et ne feraient pas long feu face à l'un des vôtres. Il gouverne en prenant en compte la sécurité de tous. En cela, notre système de Sénat le dépite. C'est une assemblée de nobles uniquement, qui ne se préoccupent pas de la vie de ceux qu'ils considèrent comme de simples serviteurs. Il aimerait bien que des rangs C participent à la vie politique. Après tout, ils représentent la très grande majorité de notre population. Junya ne se présente d'ailleurs que rarement à des séances de notre assemblée. Elles l'ennuient profondément, et comme il a une certaine répulsion pour les responsabilités, il compte sur moi pour lui reporter ce qui se dit.
Contrairement à ce qu'on pouvait penser, Junya ne me laissait pas le "sale boulot". Il me savait plus disposé et plus patient pour ces assemblées, aussi il sollicitait mes capacités pour suivre l'actualité et, lorsque c'était possible, déjouer les coups en douce de nos semblables. Je pris une gorgée de whisky avant de poursuivre.
- En dehors de la vie politique, c'est un vampire excentrique, qui détonne sur le quotidien guindé de la plupart des sang-purs et autres nobles. Il apprécie la compagnie de certains humains et ne les considère pas seulement comme des proies potentielles. Comme Aaren, il aspire à une cohabitation pacifique entre les races. C'est par ailleurs un littéraire, comme moi, qui aime les discussions stimulant son intellect, mais aussi les arts dans leur ensemble. Il peut se montrer généreux en certaines occasions, et il répondra toujours présent pour ses proches.
Il m'avait beaucoup soutenu depuis la mort d'Emeraude. Il m'avait même accompagné sur la scène du drame pour m'aider à trouver le coupable, avec l'aide de sa compagne d'alors, Ruby Ookami. Malheureusement nous avions buté sur une pharmacie fermée depuis peu, et la piste s'était refroidie, jusqu'à la découverte du cadavre après le Sénat. Après avoir longuement parlé sur mon ami et dirigeant, je l'écoutai attentivement pour en savoir plus sur ses motivations au sein de l'ordre des chevaliers des ombres.
Je tiquai en entendant le nom de Mia Ogawa. Emeraude m'avait déjà parlé d'elle l'année précédente, me la décrivant comme une personnalité tourmentée qui ne dépassait pas les traumatismes vécus. Cette alpha considérait les vampires comme mauvais de nature et réfutait en bloc tout argument contraire. Elle avait traité ma fiancée d'idiote lorsqu'Emeraude avait tenté de la convaincre du contraire en mentionnant notre relation. Emy était peinée de ne pas réussir à lui ouvrir l'esprit, mais elle n'avait jamais perdu l'espoir d'y parvenir un jour.
Je souris, amusé, à l'annonce de sa première motivation. Je mimai le geste d'une fermeture éclair sur ma bouche, avec le pouce et l'index. Elle n'avait rien à craindre pour son secret, je n'en piperais mot à quiconque. Puis elle s'épencha sur sa raison personnelle et je lui adressai un regard compatissant. C'était tout à son honneur de vouloir dépasser ses préjugés, en mémoire de sa mère. Finalement la conclusion tomba, m'arrachant un nouveau sourire. Tel fut pris qui croyait prendre.
- Oh non, loin de moins cette pensée. Je trouve même votre but louable. Il faut bien quelques rêveurs pour adoucir ce monde de brutes, n'est-ce pas ? Et puis, Dwight Hodgkin est ce qu'il est. Ne laissez pas l'opinion d'une personne bouleverser votre volonté.
Il était réputé pour son franc parler et ne mâchait jamais ses mots pour exprimer sa pensée. Je l'avais bien compris cette fameuse soirée du Sénat. J'avais du mal à apprécier le personnage, mais je savais lui reconnaître cette qualité. Mais il n'avait pas la science infuse, et son avis ne devait pas entrer seul en considération. Finalement, Anzu me retourna la question, en tout bien tout honneur. Je plongeai mon regard sur le liquide ambré qui reposait dans mon verre.
- Moi ? … Je souhaite protéger mon entourage et veiller à son épanouissement. Ma famille et mes amis comptent beaucoup pour moi. Leur bonheur fait le mien. Mais à plus large échelle, mon clan, tout ceux que j'estime, et ces âmes innocentes qui parcourent le monde. J'instille la joie et l'espoir dans le coeur des autres, je les soutiens dans les moments difficiles pour les aider à vaincre leur chagrin, je leur offre mon concours pour leur obtenir justice lorsqu'un tort leur a été causé. Je n'aspire pas à rendre ce monde moins boueux, comme vous, mais plutôt à faire en sorte qu'on y vive sereinement, au lieu de juste y survivre. Inspirer la paix et l'harmonie, ne serait-ce qu'un temps, pour affronter l'avenir le coeur confiant.
Je pris une gorgée d'alcool tandis que je me laissais aller à cette introspection. Il m'était rarement donné de m'exprimer sur ce à quoi j'aspirais dans la vie. La louve était bien la première depuis bien longtemps à s'y intéresser.
- Ce n'est pas pour rien que je me suis tourné vers les arts et la littérature. Jouer pour la beauté du son, écrire pour le plaisir des mots. Chacun s'y retrouve à sa manière. Si ça leur permet de vivre plus serein, alors mon objectif est atteint.
Je souris en imprimant mes derniers mots.
- Tiens, deuxième jeu de rimes en moins d'une minute. C'était mon instant de poésie.
Invité
Invité
Dim 15 Nov 2020 - 16:06
Toujours la tête posée dans ses bras croisés sur la table, la louve continuait d'écouter les éloges de son invité mais cette fois-ci dirigées vers son chef de clan. Là non plus, les compliments ne lui manquaient pas à la bouche bien qu'elle se doutait qu'ils se devaient sûrement fondés. Personne ne commentait ainsi l'envergure d'un autre sans raison. Ce vampire, Junya Ryan, suscitait également l'admiration dans les mots de son interlocuteur. Un roi de la nuit qui considérait son peuple entièrement quand certains se contentaient de n'en faire profiter que la classe supérieure. Tout comme Aaren finalement, c'était une créature soucieuse des siens et de leurs besoins. Elle pouvait amplement comprendre pourquoi le Sénat lui inspirait de la révulsion. Quand vous aviez un sens moral strict et profond, il devenait tout de suite plus compliqué d'ignorer les vices de la société vampirique qui ne se préoccupaient que des caprices des plus grands au détriment des moins puissants. De la Roche-san, de ce qu'elle en comprenait se faisait donc l'habile et dévoué bras droit de son maître, plus enclin à se montrer diplomatique et souple. Cela ne l'étonnait pas tellement. Il avait tout l'air de l'homme sage et attentif tout en sachant tout de même émettre son opinion avec adresse.
Anzu se sentit soudainement envieuse. La jeune alpha se demandait si un jour, quelqu'un pouvait parler d'elle sur ce même ton, avec respect, loyauté et admiration. Le chef des chevaliers des ombres et ce chef de clan, finalement, présentaient comme des idéaux qu'elle tentait de caresser du bout des doigts. Mais elle était encore jeune et la demoiselle devait faire ses preuves en tant que leadeuse. Toutefois, on ne pouvait lui ôter sa force tranquille qui contribuait déjà à apaiser des tensions notoires. Dans un sens, cela représentait déjà une qualité que de posséder cette influence douce sur les autres bien qu'elle pouvait se révéler aussi mordante pour remettre les choses à leur place.
Apparemment, ce level A semblait aussi avoir sa note originale. Enfin en soi, en comparaison avec Dwight Hodgkin, on pouvait également lui accorder cette touche même si le genre n'était pas le même. Excentrique, disait-il ? La louve releva ses sourcils, assez curieuse de savoir à quoi il pouvait bien ressembler dans son accoutrement en dehors de ses obligations. Mais au moins, il lui apparaissait comme un homme de confiance surtout s'il partageait une vision pacifiste. Il y a quelques temps, jamais Anzu n'aurait songé penser du bien d'un vampire même digne de ce nom. Mais Kobayashi avait eu une très bonne influence sur ses idées et, peut-être inconsciemment, était parvenu à l'éclairer sur elle-même.
-De votre description, la première impression qui me vient est : il m'a l'air d'être un homme très noble. Je me demande quand est-ce que j'aurais l'occasion de le rencontrer en personne.
Toutefois, l'intrigue la titilla alors que le blondinet abordait son côté littéraire. Sa tête se releva donc légèrement.
-Oh ? Vous travaillez dans le domaine du livre ? Je suis assez inculte à ce sujet mais ne prend pas vraiment le temps de me pencher dessus. Je le regrette un peu d'ailleurs, ça me manque parfois de seulement évader mon esprit ailleurs que dans ce quotidien parfois compliqué.
Ce fut donc au tour de la jeune femme de s'épancher sur ses motivations et son geste visant à conserver sa confidence l'amusa. Étrangement, elle ne put s'empêcher de penser que ce vampire était tout à fait charmant et cette pensée la remplissait d'une sensation chaude. Il lui apparaissait vraiment digne de confiance alors même qu'il ne se connaissait que depuis une heure ou deux. Elle ne savait pas, le temps coulait sur leur conversation comme un fleuve serein qui faisait son chemin.
La réaction du « jeune » homme -sûrement qu'il avait au moins le double de son âge- lui tira toutefois une légère moue. Bradley était un immortel ayant traversé les âges et les époques. Pour cette raison, elle prêtait une oreille attentive à ses conseils mais pleine d'espoir, elle en prenait et en laissait. Leur vision ne se correspondait pas, pas totalement tout du moins. Il avait cette logique de l'homme ayant vécu trop longtemps pour s'embarrasser de thématiques et allait directement à l'essentiel alors qu'Anzu s'y penchait davantage. Peut-être que cela la perdrait avec les années écoulées et qu'un jour, elle en serait au même point que ce vieux vampire direct et implacable. Un être dont les émotions s'étaient détachées sur des points qu'il ne jugeait plus utile d'extrapoler. Dans un sens, cela lui semblait bien triste mais peut-être le vivait-il mieux qu'elle. Anzu était prompt à écouter les conseils des aînés mais parfois, il lui arrivait de se perdre dans les discours qui variaient d'une bouche à une autre. Que faire ? Comment agir ? Comment penser ? Quelle décision à prendre ? Raphael avait trouvé le terme juste : cela bouleversait parfois son propre jugement. Elle voulait se montrer logique et raisonnée, capable de prendre des décisions objectives mais ne désirait pas tomber dans l'insensibilité pour autant. Un équilibre dont il était complexe de trouver le milieu. Elle souhaitait seulement être juste.
-Ce n'est pas évident. Je suis à l'écoute des conseils des autres mais je m'y perds parfois. Je devrais apprendre à me poser davantage sur mon intuition tout en glanant des avis à juste dose.
Un autre travail à ajouter sur le cahier des charges de sa propre évolution. Désormais à son tour, de la Roche-san lui fit part de ses propres motivations. Des intentions qui sans aucun doute, étaient tout à fait honorables et bien dignes du sentiment qu'il lui inspirait. Toutefois elle ne put s'empêcher de penser...
-Cela ne m'étonne pas de vous. Mais dites-moi, de la Roche-san, qui prend soin de vous dans vos périodes sombres ? Il vous faut bien également reprendre votre souffle quelques fois.
Son expression se fit plus grave, songeant que ce type de personnalité donnait bien souvent pour répandre la joie et le réconfort sûrement sans rien attendre en retour mais... A quel prix ? Cela pouvait être fatiguant, comme maintenant d'ailleurs. A vrai dire, cela l'inquiétait plus qu'elle ne l'aurait cru.
-Oh ? Vous jouez aussi de la musique ? Quelles sont vos préférences ?
Mais à cette question, elle se remémora un souvenir bien moins glorieux, ce qui assombrit son regard.
-J'ai rencontré par deux fois cette pianiste de renom. Anja Limonov. Mais son morceau était tellement inspirant qu'il a fini par appeler mon instinct primaire. Cela prouve à quel point elle était talentueuse mais je m'en veux encore pour la réaction qu'elle a engendrée. Comme si mes sens de prédatrice avaient repris le dessus, l'espace d'un court instant... Je n'en suis pas fière.
Dangereuse. Son côté bestial avait ressurgi, dans ce souffle rauque et lourd du prédateur tournant autour de sa proie. Cette entrevue s'était mal terminée. Anzu avait prodigieusement été remise dans le droit chemin par les paroles acérées de la jeune mortelle, coupantes comme une lame de rasoir. Anzu avait même lâché une larme, de rage et de honte, parce que la mortelle avait eu raison sur toute la ligne. Malgré la capacité des lycans à se fondre dans la civilisation, du moins pour certains, ils restaient au fond d'eux des bêtes dont l'odeur du sang les excitait, en proie à des pulsions de chasseurs. Sa musique enchantée, malgré elle, avait eu pour effet de sortir la bête de sa cage. Malsaine. Menaçante. Vicieuse. Depuis, elle craignait que cela se reproduise.
Mais sa remarque eu au moins la grâce de la faire rire.
-Vous avez la fibre inspirante et créatrice, ce n'est que votre naturel.
Anzu se sentit soudainement envieuse. La jeune alpha se demandait si un jour, quelqu'un pouvait parler d'elle sur ce même ton, avec respect, loyauté et admiration. Le chef des chevaliers des ombres et ce chef de clan, finalement, présentaient comme des idéaux qu'elle tentait de caresser du bout des doigts. Mais elle était encore jeune et la demoiselle devait faire ses preuves en tant que leadeuse. Toutefois, on ne pouvait lui ôter sa force tranquille qui contribuait déjà à apaiser des tensions notoires. Dans un sens, cela représentait déjà une qualité que de posséder cette influence douce sur les autres bien qu'elle pouvait se révéler aussi mordante pour remettre les choses à leur place.
Apparemment, ce level A semblait aussi avoir sa note originale. Enfin en soi, en comparaison avec Dwight Hodgkin, on pouvait également lui accorder cette touche même si le genre n'était pas le même. Excentrique, disait-il ? La louve releva ses sourcils, assez curieuse de savoir à quoi il pouvait bien ressembler dans son accoutrement en dehors de ses obligations. Mais au moins, il lui apparaissait comme un homme de confiance surtout s'il partageait une vision pacifiste. Il y a quelques temps, jamais Anzu n'aurait songé penser du bien d'un vampire même digne de ce nom. Mais Kobayashi avait eu une très bonne influence sur ses idées et, peut-être inconsciemment, était parvenu à l'éclairer sur elle-même.
-De votre description, la première impression qui me vient est : il m'a l'air d'être un homme très noble. Je me demande quand est-ce que j'aurais l'occasion de le rencontrer en personne.
Toutefois, l'intrigue la titilla alors que le blondinet abordait son côté littéraire. Sa tête se releva donc légèrement.
-Oh ? Vous travaillez dans le domaine du livre ? Je suis assez inculte à ce sujet mais ne prend pas vraiment le temps de me pencher dessus. Je le regrette un peu d'ailleurs, ça me manque parfois de seulement évader mon esprit ailleurs que dans ce quotidien parfois compliqué.
Ce fut donc au tour de la jeune femme de s'épancher sur ses motivations et son geste visant à conserver sa confidence l'amusa. Étrangement, elle ne put s'empêcher de penser que ce vampire était tout à fait charmant et cette pensée la remplissait d'une sensation chaude. Il lui apparaissait vraiment digne de confiance alors même qu'il ne se connaissait que depuis une heure ou deux. Elle ne savait pas, le temps coulait sur leur conversation comme un fleuve serein qui faisait son chemin.
La réaction du « jeune » homme -sûrement qu'il avait au moins le double de son âge- lui tira toutefois une légère moue. Bradley était un immortel ayant traversé les âges et les époques. Pour cette raison, elle prêtait une oreille attentive à ses conseils mais pleine d'espoir, elle en prenait et en laissait. Leur vision ne se correspondait pas, pas totalement tout du moins. Il avait cette logique de l'homme ayant vécu trop longtemps pour s'embarrasser de thématiques et allait directement à l'essentiel alors qu'Anzu s'y penchait davantage. Peut-être que cela la perdrait avec les années écoulées et qu'un jour, elle en serait au même point que ce vieux vampire direct et implacable. Un être dont les émotions s'étaient détachées sur des points qu'il ne jugeait plus utile d'extrapoler. Dans un sens, cela lui semblait bien triste mais peut-être le vivait-il mieux qu'elle. Anzu était prompt à écouter les conseils des aînés mais parfois, il lui arrivait de se perdre dans les discours qui variaient d'une bouche à une autre. Que faire ? Comment agir ? Comment penser ? Quelle décision à prendre ? Raphael avait trouvé le terme juste : cela bouleversait parfois son propre jugement. Elle voulait se montrer logique et raisonnée, capable de prendre des décisions objectives mais ne désirait pas tomber dans l'insensibilité pour autant. Un équilibre dont il était complexe de trouver le milieu. Elle souhaitait seulement être juste.
-Ce n'est pas évident. Je suis à l'écoute des conseils des autres mais je m'y perds parfois. Je devrais apprendre à me poser davantage sur mon intuition tout en glanant des avis à juste dose.
Un autre travail à ajouter sur le cahier des charges de sa propre évolution. Désormais à son tour, de la Roche-san lui fit part de ses propres motivations. Des intentions qui sans aucun doute, étaient tout à fait honorables et bien dignes du sentiment qu'il lui inspirait. Toutefois elle ne put s'empêcher de penser...
-Cela ne m'étonne pas de vous. Mais dites-moi, de la Roche-san, qui prend soin de vous dans vos périodes sombres ? Il vous faut bien également reprendre votre souffle quelques fois.
Son expression se fit plus grave, songeant que ce type de personnalité donnait bien souvent pour répandre la joie et le réconfort sûrement sans rien attendre en retour mais... A quel prix ? Cela pouvait être fatiguant, comme maintenant d'ailleurs. A vrai dire, cela l'inquiétait plus qu'elle ne l'aurait cru.
-Oh ? Vous jouez aussi de la musique ? Quelles sont vos préférences ?
Mais à cette question, elle se remémora un souvenir bien moins glorieux, ce qui assombrit son regard.
-J'ai rencontré par deux fois cette pianiste de renom. Anja Limonov. Mais son morceau était tellement inspirant qu'il a fini par appeler mon instinct primaire. Cela prouve à quel point elle était talentueuse mais je m'en veux encore pour la réaction qu'elle a engendrée. Comme si mes sens de prédatrice avaient repris le dessus, l'espace d'un court instant... Je n'en suis pas fière.
Dangereuse. Son côté bestial avait ressurgi, dans ce souffle rauque et lourd du prédateur tournant autour de sa proie. Cette entrevue s'était mal terminée. Anzu avait prodigieusement été remise dans le droit chemin par les paroles acérées de la jeune mortelle, coupantes comme une lame de rasoir. Anzu avait même lâché une larme, de rage et de honte, parce que la mortelle avait eu raison sur toute la ligne. Malgré la capacité des lycans à se fondre dans la civilisation, du moins pour certains, ils restaient au fond d'eux des bêtes dont l'odeur du sang les excitait, en proie à des pulsions de chasseurs. Sa musique enchantée, malgré elle, avait eu pour effet de sortir la bête de sa cage. Malsaine. Menaçante. Vicieuse. Depuis, elle craignait que cela se reproduise.
Mais sa remarque eu au moins la grâce de la faire rire.
-Vous avez la fibre inspirante et créatrice, ce n'est que votre naturel.
Raphaël de La Roche#105107#105107#105107#105107#105107#105107#105107
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Dim 29 Nov 2020 - 8:39
Suite à cette description fidèle de Junya, bien que peut-être trop élogieuse, Anzu exprima l'intérêt de le rencontrer un jour. Je ne doutais pas que cela arriverait, et probablement plus tôt qu'elle ne le pensait. Mon ami respectait les lycans, déplorant les horreurs qu'ils avaient vécu par la faute de certains vampires. Il souhaitait, à défaut de leur rendre leur passé, leur permettre de vivre un futur plus serein. Tant que cela n'était pas en conflit avec le bien-être de nos paires, car le clan passait toujours en premier.
- Oui, je suis écrivain.
Je n'allais pas critiquer son manque de culture littéraire. Nous avions tous nos hobbies et nos failles. C'était simplement dommage qu'elle rêvât de s'évader par les mots sans s'octroyer ce loisir. Nous en arrivâmes finalement à expliquer nos leitmotiv personnels. Après la fin de ma tirade, Anzu me posa une question, très juste, qui m'arracha un sourire.
- Oh, ne vous inquiétez pas. Je ne manque pas de soutien. Ma soeur Alice en premier lieu, puis mes parents. Mes meilleurs amis, Jess et Kevin, bien que le second soit plus disposé en ce moment, forcément. Ma pupille Chloris dernièrement. Vous voyez, je suis bien entouré.
C'était une chance, d'ailleurs, même si je travaillais inconsciemment pour développer des liens profonds avec une poignée d'individus. Nous avions tous besoin d'épaules sur lesquels nous appuyer, tôt ou tard, et en espèces sociales, nous recherchions constamment la compagnie d'autrui. C'était particulièrement vrai dans mon cas, surtout depuis la perte de mon frère.
Nous en arrivâmes finalement à parler musique. Elle m'interrogea sur mes goûts musicaux, mais avant que je ne pusse répondre, je vis une ombre passer sur son visage, absorbée par un souvenir semblait-il déplaisant. Elle me fit part d'un événement marquant. Je haussai un sourcil.
- Oh, vous connaissez Limonov-san.
Cette pianiste de renom qui m'avait aidé à retrouver ma Muse, et je lui en étais reconnaissant. L'histoire de la lycane m'intrigua. Je savais ma confrère douée, cependant je voyais mal comment elle pouvait arriver à éveiller des instincts primaires tels qu'Anzu les décrivait. Je sentais le sentiment de honte de mon interlocutrice. Je n'osai pas poser de question indiscrète sur ce qu'il s'était passé, mais je ne pouvais décemment pas la laisser seul face à sa culpabilité.
- Ne vous inquiétez pas. Nous avons tous notre sensibilité et nos moments de faiblesse. L'important, c'est d'en avoir conscience et de chercher le pardon. Moi aussi, je suis un prédateur à l'origine. Il m'arrive d'être submergé par mes sens. Tenez, il y a une dizaine de jours, j'ai dû prendre congé prématurément en pleine conversation pour éviter de perdre le contrôle.
Je me souvenais clairement de cette nuit, après le Sénat. Après la découverte du lycan mort, des hunters étaient arrivés sur les ordres d'Aaren pour sécuriser la zone. L'une d'entre eux possédait une odeur si alléchante que je m'en étais trouvé mal. Même en mettant la main sur mon nez, la soif se manifestait, forte et insidieuse. Je m'étais éclipsé bien vite pour ne pas céder à mes pulsions. Je n'osai toutefois pas évoquer les détails de ce souvenir avec mon interlocutrice, de peur qu'elle ne connaîssât son congénère décédé et ainsi déclencher une vague de chagrin involontaire. J'en revins plutôt à sa question sur mes préférences musicales.
- Pour en revenir à votre question, je suis porté majoritairement sur le classique, notamment Vivaldi et Tchaïkovsky. Mais outre le violon, je touche aussi, entre autres, au violoncelle, et également au piano, même si je fais pâle figure à côté de mon frère. Il m'arrive de jouer sur des notes de jazz sur cet instrument, qui s'y prête bien. De manière générale, je suis sensible à tout type de musique. Les plus récents comme le rap ou l'électro me font moins vibrer, mais je salue la technicité dont les artistes font preuve pour composer ou écrire leurs textes.
J'avais plutôt la fibre lyrique, aussi les textes parlés avec rythme m'inspiraient moins. Mais ils demandaient tout autant de travail pour leur création, notamment pour marquer les temps sur les syllabes, dans le cas du rap et du slam. L'électro était sans doute trop moderne pour ma sensibilité, mais en tant qu'artiste musicien, je ne dénigrais jamais le travail de mes confrères.
- Et vous ? Si ce n'est pas la littérature ou la musique, vous avez bien un hobby ?
Invité
Invité
Sam 12 Déc 2020 - 20:25
Écrivain... Elle n'avait jamais entendu vu son nom dans un livre bien que de toute évidence, la louve mettait rarement son nez dans les bouquins. Mais cela l'intéressait, au delà même de faire la conversation, elle souhaitait en apprendre davantage à ce sujet. Elle réagit alors à son titre en écarquillant légèrement ses rétines.
-Oh ? Et quel est votre domaine privilégié ? Je suppose que vous avez également un nom de plume...
Il ne devait pas être évident d'exercer cet art dans la durée. Etait-il vraiment utile de dire pourquoi ? La longévité de cet homme pouvait poser des suspicions s'il était amené à publier sous son vrai nom ou même un pseudonyme qui resterait marqué sur les pages sur une durée trop suspecte dans un monde où tout mourrait si vite. Peut-être y jetterait-elle un coup d'oeil s'il lui donnait quelques un de ses titres ? Non, c'était même certain qu'elle le ferait, déjà par curiosité et ensuite parce qu'à part des bouquins scientifiques, elle ne lisait rien d'autres.
Anzu eut soudainement l'impression d'avoir dit quelque chose de drôle alors que son interlocuteur se mit à lui sourire avec bienveillance. Il était forcément logique qu'un tel homme soit bien entouré finalement... Il respirait la gentillesse et devait aisément s'attirer la sympathie des autres. La louve enviait toujours quelque peu cette capacité qui vous enveloppait de cette aura bienveillante et bienfaitrice dans un naturel spontané. Il n'était en rien étonnant qu'il puisse s'attirer sa confiance aussi facilement quand d'autres la laissaient seulement sur ses gardes. Toutefois, il y avait bien un revers à cette gentillesse, elle vous rendait plus vulnérable, comme invoqué précédemment.
-Évidemment, il me semble logique que vous soyez bien entouré tout compte fait.
Elle lui rendit ainsi son sourire en se redressant bien droite au creux de son siège. Mais est-ce qu'être bien entouré suffisait parfois ? Si elle devait sombrer, est-ce qu'Ôkamiro serait capable de venir la récupérer dans son égarement ? Saurait-il s'y prendre correctement ? La lycane s'interdisait formellement de divaguer pour tenir ce rôle de pilier dans ce désordre envahissant. Mais personne n'était infaillible et chacun pouvait être susceptible de craquer à un moment ou un autre. De ce fait, elle préférait ne pas y songer.
En tout cas, de la Roche-san semblait connaître le nom de Limonov-san. Il devait sûrement l'avoir rencontré pour jouer dans la même cours musicale. Toutefois, Anzu ne put s'empêcher de lui sourire d'un air désolé en constatant, une nouvelle fois, son intention de vouloir la rassurer. N'était-il pas un peu trop prévenant ? Cela lui était étrange de pouvoir être comprise avec autant de sincérité, surtout venant de la part d'un inconnu -vampire.
-C'est vrai, vous avez raison. Mais ma conscience n'est pas encore bien tranquille.
Elle notait cependant cette anecdote comme un autre élément selon lequel personne n'était à l'abri d'une attitude décadente malgré ses principes. La nature qui les animait restait malgré tout purement bestiale, d'un instinct de traqueur pulsant dans leurs veines respectives.
-Hum, les classiques... Ce sont des musiques que je trouve très noble avec un certain cachet. Elle se mit à rire toutefois en l'imaginant danser sur du rap ou de l'électro. Cela ne sied guère à son genre, marquant un certain contraste. Mais au moins, il était ouvert aux goûts différents de ses habitudes. Disons que ces styles sont plutôt au goût... Des jeunes générations ?
Son sourcil se redressa dans une expression taquine et narquoise. Cela n'était qu'un cliché au fond, puisqu'elle n'était pas adepte non plus de ce genre musical. Cependant à sa question, elle se mit à hausser les épaules, ne trouvant pas immédiatement d'activités de ce type dans son quotidien.
-Est-ce que manger des pâtisseries à longueur de temps ou établir des statistiques et comparaisons selon des paramètres au sujet de la transformation des omegas comptent comme des hobbies selon vous ?
A vrai dire, elle constata avec une presque tristesse qu'elle n'avait pas réellement d'autres centres d'intérêt. Anzu ne s'en trouvait pas le temps et encore moins avec l'arrivée des jumelles. Mais au final, elle avait bien une activité qui méritait souvent toute son attention.
-Hm. La biologie. La diversité du vivant m'a toujours fascinée depuis gamine. Il s'agirait bien d'un hobby où je ne serais pas capable d'entendre même une météorite tomber en ayant le nez dans mes recherches ou mes documentaires.
Il serait d'ailleurs bon qu'elle étudie les facultés des vampires que ce soit pour sa gouverne mais aussi sûrement par fascination. Lors de son épreuve avec son mentor, le level A avait pour don la télékinésie. Un talent impressionnant qui ne l'avait pas laissé de marbre.
-Mais mis à part, je dois avouer ne pas avoir d'autres domaines de prédilection... Toutefois, je serais intéressée de vous écouter un jour. Je vous demanderai seulement de n'éveiller aucun instinct primaire s'il vous plaît.
Elle se mit à rire de bon cœur. Il serait sacrilège si elle se mettait à lui tourner autour dans un désir de le croquer. Mais cela n'arriverait pas, la dernière fois, elle s'était juste laissée bercer et emporter dans cette sonorité animale.
-Oh ? Et quel est votre domaine privilégié ? Je suppose que vous avez également un nom de plume...
Il ne devait pas être évident d'exercer cet art dans la durée. Etait-il vraiment utile de dire pourquoi ? La longévité de cet homme pouvait poser des suspicions s'il était amené à publier sous son vrai nom ou même un pseudonyme qui resterait marqué sur les pages sur une durée trop suspecte dans un monde où tout mourrait si vite. Peut-être y jetterait-elle un coup d'oeil s'il lui donnait quelques un de ses titres ? Non, c'était même certain qu'elle le ferait, déjà par curiosité et ensuite parce qu'à part des bouquins scientifiques, elle ne lisait rien d'autres.
Anzu eut soudainement l'impression d'avoir dit quelque chose de drôle alors que son interlocuteur se mit à lui sourire avec bienveillance. Il était forcément logique qu'un tel homme soit bien entouré finalement... Il respirait la gentillesse et devait aisément s'attirer la sympathie des autres. La louve enviait toujours quelque peu cette capacité qui vous enveloppait de cette aura bienveillante et bienfaitrice dans un naturel spontané. Il n'était en rien étonnant qu'il puisse s'attirer sa confiance aussi facilement quand d'autres la laissaient seulement sur ses gardes. Toutefois, il y avait bien un revers à cette gentillesse, elle vous rendait plus vulnérable, comme invoqué précédemment.
-Évidemment, il me semble logique que vous soyez bien entouré tout compte fait.
Elle lui rendit ainsi son sourire en se redressant bien droite au creux de son siège. Mais est-ce qu'être bien entouré suffisait parfois ? Si elle devait sombrer, est-ce qu'Ôkamiro serait capable de venir la récupérer dans son égarement ? Saurait-il s'y prendre correctement ? La lycane s'interdisait formellement de divaguer pour tenir ce rôle de pilier dans ce désordre envahissant. Mais personne n'était infaillible et chacun pouvait être susceptible de craquer à un moment ou un autre. De ce fait, elle préférait ne pas y songer.
En tout cas, de la Roche-san semblait connaître le nom de Limonov-san. Il devait sûrement l'avoir rencontré pour jouer dans la même cours musicale. Toutefois, Anzu ne put s'empêcher de lui sourire d'un air désolé en constatant, une nouvelle fois, son intention de vouloir la rassurer. N'était-il pas un peu trop prévenant ? Cela lui était étrange de pouvoir être comprise avec autant de sincérité, surtout venant de la part d'un inconnu -vampire.
-C'est vrai, vous avez raison. Mais ma conscience n'est pas encore bien tranquille.
Elle notait cependant cette anecdote comme un autre élément selon lequel personne n'était à l'abri d'une attitude décadente malgré ses principes. La nature qui les animait restait malgré tout purement bestiale, d'un instinct de traqueur pulsant dans leurs veines respectives.
-Hum, les classiques... Ce sont des musiques que je trouve très noble avec un certain cachet. Elle se mit à rire toutefois en l'imaginant danser sur du rap ou de l'électro. Cela ne sied guère à son genre, marquant un certain contraste. Mais au moins, il était ouvert aux goûts différents de ses habitudes. Disons que ces styles sont plutôt au goût... Des jeunes générations ?
Son sourcil se redressa dans une expression taquine et narquoise. Cela n'était qu'un cliché au fond, puisqu'elle n'était pas adepte non plus de ce genre musical. Cependant à sa question, elle se mit à hausser les épaules, ne trouvant pas immédiatement d'activités de ce type dans son quotidien.
-Est-ce que manger des pâtisseries à longueur de temps ou établir des statistiques et comparaisons selon des paramètres au sujet de la transformation des omegas comptent comme des hobbies selon vous ?
A vrai dire, elle constata avec une presque tristesse qu'elle n'avait pas réellement d'autres centres d'intérêt. Anzu ne s'en trouvait pas le temps et encore moins avec l'arrivée des jumelles. Mais au final, elle avait bien une activité qui méritait souvent toute son attention.
-Hm. La biologie. La diversité du vivant m'a toujours fascinée depuis gamine. Il s'agirait bien d'un hobby où je ne serais pas capable d'entendre même une météorite tomber en ayant le nez dans mes recherches ou mes documentaires.
Il serait d'ailleurs bon qu'elle étudie les facultés des vampires que ce soit pour sa gouverne mais aussi sûrement par fascination. Lors de son épreuve avec son mentor, le level A avait pour don la télékinésie. Un talent impressionnant qui ne l'avait pas laissé de marbre.
-Mais mis à part, je dois avouer ne pas avoir d'autres domaines de prédilection... Toutefois, je serais intéressée de vous écouter un jour. Je vous demanderai seulement de n'éveiller aucun instinct primaire s'il vous plaît.
Elle se mit à rire de bon cœur. Il serait sacrilège si elle se mettait à lui tourner autour dans un désir de le croquer. Mais cela n'arriverait pas, la dernière fois, elle s'était juste laissée bercer et emporter dans cette sonorité animale.
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Mer 30 Déc 2020 - 18:18
Je souris à sa question. Des noms de plume ? Si elle savait.
- Bien sûr, j'en ai même eu plusieurs au cours de ma carrière littéraire. Quant au style, je suis surtout tourné sur la fiction, la romance, et parfois avec une touche d'historique. Il m'arrive aussi d'y inviter d'autres domaines comme le policier. Il est bon de s'ancrer dans un genre, mais il faut aussi savoir se réinventer, sous peine de s'enfoncer dans l'ordinaire.
J'usais parfois de quelques subterfuges inhabituels pour capter l'attention des lecteurs et susciter leur intérêt croissant. Il serait dommage qu'ils se lassassent des narrations trop tournées sur la routine. Un peu de suspens ne faisait pas de mal, sans pour autant prétendre au titre de thriller.
La conversation glissa sereinement sur la musique. A l'instar de l'écriture, c'était un sujet sur lequel je pouvais m'étendre pendant des heures, pour commenter le génie sentimental de Bethoveen, ou la musicalité joyeuse de Mozart. Fort heureusement, la bienséance et le sens de l'écoute me forçaient à limiter mes ardeurs. La remarque d'Anzu me fit rire allègrement.
- Heureusement que je ne suis pas susceptible. Pour un peu, je jurerais que vous me traitez de vieux ! Enfin, en un sens, vous n'auriez pas tout à fait tort.
Je n'allais pas non plus lui donner mon âge exact, ni même d'indice sur la période de ma naissance. Il fallait conserver un peu de mystère. Rester vague sur ce dernier constat suffirait à le prolonger. De toute façon, j'avais plusieurs fois son âge. De ce que me disait Okamirô, sa partenaire était très jeune comparée aux autres lycans. Donc à côté d'elle, j'étais nécessairement vieux.
La jeune lycane répondit spontanément à ma question sur ses hobbies en évoquant la dégustation sempiternelle de sucreries et l'intérêt prononcé pour la transformation de ses pairs. Je haussai un sourcil, l'air goguenard, avant de hausser les épaules, une paume dressée vers elle.
- Je n'émettrai aucun avis sur la question.
Ce fut à mon tour de lui adresser un regard taquin. Je la laissai poursuivre plus sérieusement sur ses véritables centres d'intérêt en dehors de son activité professionnelle. Ceux-ci se portaient sur la biologie. D'un esprit curieux, j'avais déjà lu quelques articles sur les sciences du vivant, aussi je comprenais son attrait pour cette discipline extrêmement riche, à l'intersection de nombreuses autres. Sa remarque m'arracha un sourire ; je connaissais très bien cette bulle dans laquelle elle se retrouvait une fois plongée dans sa passion. Je ris de bon cœur à sa dernière plaisanterie.
- J'y veillerai ne vous inquiétez pas ! Des notes joyeuses sur un fond de douceur devraient amplement suffire à vos oreilles délicates.
J'appréciais son humour fin et subtile, sensiblement proche du mien. Avec son regard pétillant, elle possédait cette fraîcheur propre aux jeunes générations, et ce en dépit des épreuves difficiles qu'elle avait traversées. Moi-même je restais un enfant aux yeux de mes pairs, et j'avais longtemps porté cette attitude taquine. Cependant les pertes successives avaient érodé ce trait de ma personnalité, si bien qu'il ne se manifestait qu'à petites doses aujourd'hui, en général dans la plus stricte intimité. Je terminai mon verre de whisky avant de poursuivre.
- Quant à vos domaines de prédilection, vous n'avez pas à vous sentir en défaut. C'est déjà bien d'avoir une si grande passion. Le reste viendra avec son temps. Vous êtes encore jeune - enfin, je suppose.
On ne savait jamais vraiment à qui on s'adressait, dans ce monde surnaturel où les apparences, bien souvent trompeuses, régnaient en maîtresses absolues.
Invité
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Ven 8 Jan 2021 - 19:59
Il était évident que ce Raphaël de la Roche demeurait être un grand curieux et passionné qui ne se cantonnerait sûrement pas à un seul genre. En tout cas, cela n'était pas pour grandement étonner la demoiselle. Après tout, cet homme négociait aussi ses talents dans d'autres disciplines. Force était d'admettre que le temps d'un vampire s'étirait à perte de vue, peut-être était-il seulement assez vieux pour avoir pu toucher à de multiples domaines tout en excellant. Mais n'était-ce pas le propre des vampires que de se hisser sur la perfection, qu'importe le domaine consacré ?
Il n'était pas étonnant que les mortels se laissent séduire à travers les mythes par cet être parfait, impeccable et envoûtant. Dans un sens, cela faisait fantasmer les foules puisque, aucune des autres créatures de l'univers ne pouvait arriver à leur cheville en matière d'attirance mystique et de fascination. En effet, les loups garous ne remportaient pas le cœur de l'audience que ce soit dans la réalité ou même dans les bouquins. Personnellement, ce n'était pas pour chagriner la louve pour autant.
En tout cas, elle ne put s'empêcher de lui sourire d'un air amusé alors qu'il avait deviné juste dans sa taquinerie : elle prétendait bien qu'il était vieux ou en tout cas, plus vieux que la naissance de l'électro. Mais étonnamment, sa remarque eut pour effet de lui faire prendre conscience à quel point elle se montrait familière. Il était si facile d'être naturelle en sa présence... Mais pouvait-elle se permettre réellement ? Il n'avait pas l'air particulièrement offensé mais peut-être devrait-elle au moins mesurer ses propos. Anzu était une personnalité spontanée et plutôt joueuse lorsqu'elle tenait un individu en bonne estime. Ces plaisanteries n'étaient donc que le résultat de sa sympathie et du confort qu'il lui inspirait.
Mais lorsqu'il lui retournait son côté taquin en répondant sur le même ton et levant sa paume à l'énonciation des pâtisseries et des statistiques sur les omegas. Cela la réconforta et lui fit même plaisir. Ils étaient sur la même longueur d'onde sur le trait de l'humour, sûrement d'autres choses aussi mais c'était un point à notifier. Anzu fut d'ailleurs d'autant plus ravie alors qu'il acceptait même de jouer pour elle à l'occasion.
-Oh ? Ce serait si gentil de votre part.
Elle n'était pas contre un peu de gaieté et de douceur à l'heure de ces actualités catastrophiques.
Encore une fois, le prince de la nuit tendait à nouveau à la rassurer concernant ses prédilections. Évidemment, elle avait encore énormément de temps devant elle -si le destin le désirait à ce titre.
-Vous supposez bien. J'ai encore énormément de choses à apprendre et à comprendre. Un peu trop de choses parfois à mon sens mais ce sont les conditions de l'existence.
Elle-même se mettait presque à faire des rimes, à croire qu'il déteignait déjà sur la jeune femme.
Puis soudainement, coupant court à cette petite bulle qui s'était installée, elle entendit son partenaire appeler son nom. Si des vampires s'écrasaient dans leur demeure, d'autres décidaient de sortir pour se changer les idées autour d'un plat. La salle se remplissait légèrement mais nécessitait une seconde présence pour éviter le délai d'attente. Ses prunelles bleues se posèrent donc sur son invité d'un air désolé. Elle avait oublié qu'elle était sensée être là pour aider.
Sa silhouette se redressa donc de sa chaise et s'esquiva au comptoir pour lui ramener discrètement une bouteille pour sceller cette rencontre.
-Ne dites rien à Ôkamiro, fit-elle sur un clin d'oeil, sur ce je suis navrée mais le grand chef me demande. J'espère vous revoir à l'occasion et ne vous en faites pas, je saurai me souvenir de vous si j'ai du nouveau. En attendant, je vous souhaite une bonne fin de soirée et merci pour cette conversation.
A la nippone, Anzu se courba pour saluer son aîné car il le restait malgré tout et la lycane s'éloigna pour des tâches plus grossières.
Toutefois, s'il y avait bien une chose cruciale à retenir, c'était que quelque chose se tramait de façon perfide. Sachio n'avait peut-être pas le statut d'un ami mais sa mort l'avait touché autant que l'acte de cette reine de la nuit la travaillait. En tout cas, il était certain que l'alpha ne resterait pas inerte et comme convenu, elle acceptait d'aider cet aristocrate qui l'avait mis tant à l'aise rien que sur quelques mots mais dont elle avait pourtant ressenti une détresse immense.
Le futur tendait à se compliquer davantage.
Il n'était pas étonnant que les mortels se laissent séduire à travers les mythes par cet être parfait, impeccable et envoûtant. Dans un sens, cela faisait fantasmer les foules puisque, aucune des autres créatures de l'univers ne pouvait arriver à leur cheville en matière d'attirance mystique et de fascination. En effet, les loups garous ne remportaient pas le cœur de l'audience que ce soit dans la réalité ou même dans les bouquins. Personnellement, ce n'était pas pour chagriner la louve pour autant.
En tout cas, elle ne put s'empêcher de lui sourire d'un air amusé alors qu'il avait deviné juste dans sa taquinerie : elle prétendait bien qu'il était vieux ou en tout cas, plus vieux que la naissance de l'électro. Mais étonnamment, sa remarque eut pour effet de lui faire prendre conscience à quel point elle se montrait familière. Il était si facile d'être naturelle en sa présence... Mais pouvait-elle se permettre réellement ? Il n'avait pas l'air particulièrement offensé mais peut-être devrait-elle au moins mesurer ses propos. Anzu était une personnalité spontanée et plutôt joueuse lorsqu'elle tenait un individu en bonne estime. Ces plaisanteries n'étaient donc que le résultat de sa sympathie et du confort qu'il lui inspirait.
Mais lorsqu'il lui retournait son côté taquin en répondant sur le même ton et levant sa paume à l'énonciation des pâtisseries et des statistiques sur les omegas. Cela la réconforta et lui fit même plaisir. Ils étaient sur la même longueur d'onde sur le trait de l'humour, sûrement d'autres choses aussi mais c'était un point à notifier. Anzu fut d'ailleurs d'autant plus ravie alors qu'il acceptait même de jouer pour elle à l'occasion.
-Oh ? Ce serait si gentil de votre part.
Elle n'était pas contre un peu de gaieté et de douceur à l'heure de ces actualités catastrophiques.
Encore une fois, le prince de la nuit tendait à nouveau à la rassurer concernant ses prédilections. Évidemment, elle avait encore énormément de temps devant elle -si le destin le désirait à ce titre.
-Vous supposez bien. J'ai encore énormément de choses à apprendre et à comprendre. Un peu trop de choses parfois à mon sens mais ce sont les conditions de l'existence.
Elle-même se mettait presque à faire des rimes, à croire qu'il déteignait déjà sur la jeune femme.
Puis soudainement, coupant court à cette petite bulle qui s'était installée, elle entendit son partenaire appeler son nom. Si des vampires s'écrasaient dans leur demeure, d'autres décidaient de sortir pour se changer les idées autour d'un plat. La salle se remplissait légèrement mais nécessitait une seconde présence pour éviter le délai d'attente. Ses prunelles bleues se posèrent donc sur son invité d'un air désolé. Elle avait oublié qu'elle était sensée être là pour aider.
Sa silhouette se redressa donc de sa chaise et s'esquiva au comptoir pour lui ramener discrètement une bouteille pour sceller cette rencontre.
-Ne dites rien à Ôkamiro, fit-elle sur un clin d'oeil, sur ce je suis navrée mais le grand chef me demande. J'espère vous revoir à l'occasion et ne vous en faites pas, je saurai me souvenir de vous si j'ai du nouveau. En attendant, je vous souhaite une bonne fin de soirée et merci pour cette conversation.
A la nippone, Anzu se courba pour saluer son aîné car il le restait malgré tout et la lycane s'éloigna pour des tâches plus grossières.
Toutefois, s'il y avait bien une chose cruciale à retenir, c'était que quelque chose se tramait de façon perfide. Sachio n'avait peut-être pas le statut d'un ami mais sa mort l'avait touché autant que l'acte de cette reine de la nuit la travaillait. En tout cas, il était certain que l'alpha ne resterait pas inerte et comme convenu, elle acceptait d'aider cet aristocrate qui l'avait mis tant à l'aise rien que sur quelques mots mais dont elle avait pourtant ressenti une détresse immense.
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Lun 1 Fév 2021 - 19:16
La supposée jeune femme confirma mes soupçons quant à sa présumée jeunesse. Il lui restait, selon elle, encore beaucoup à apprendre. Je n'eus pas l'indélicatesse de lui demander le nombre d'années caractérisant son existence, mais quelque chose dans son regard, empreint d'une innocence relative, me laissait penser qu'elle faisait exactement son âge. Je ne pus m'empêcher de sourire à son commentaire.
- Vous savez, je considère que nous apprenons tous les jours. Quelle triste existence aurions nous, sinon ?...
Je laissai ma phrase en suspens pour lui laisser matière à réflexion. Mais là où les vampires prenaient le temps d'apprendre et évoluaient à un rythme ténu, les humains, de part leur mortalité, se gorgeaient de connaissance à toute vitesse et s'adaptaient en conséquence à chaque situation. C'était un phénomène fascinant, de mon point de vue vampirique, qui menait au meilleur, ou au pire.
Okamirô interrompit notre discussion pour héler sa camarade. Ah, l'appel du devoir. Avec tout ça, j'en avais presque oublié l'endroit où je me trouvais et la mission de mon interlocutrice. Mais je n'étais pas le seul client du restaurant, et j'acceptai de bonne grâce qu'elle dût retourner à son office. Nous arrivions à la plus grande période d'activité de mes paires sur une journée classique de vampires, et ceux-ci commençaient à remplir la salle. Je constatai avec satisfaction qu'ils ne se laissaient pas terrifier par la situation, même si je sentais l'odeur de la méfiance et de la peur planer dans l'atmosphère. Finalement, chercher la compagnie auprès de lycans pacifiques représentait peut-être notre meilleure espérance. Eux seuls semblaient capables de se dresser contre leurs congénères… du moins, jusqu'il y avait peu.
Après cette brève observation de mon environnement, mon regard revint sur la jeune louve, qui me fixait d'un air navré. Je fis un signe de la main pour lui indiquer qu'elle n'avait pas à craindre de me froisser.
- Je ne peux point lutter contre l'appel du devoir. Je vous libère donc de ma compagnie.
Elle s'éclipsa pour rejoindre le bar. Je terminai mon verre, près à quitter les lieux, mais j'eus la surprise de la voir revenir, une bouteille de whisky dans les mains. Je haussai un sourcil, avant d'afficher une expression gênée en comprenant son intention.
- C'est très généreux de votre part, mais…
Je comptais protester ; je ne nécessitais pas de ce geste gratuit, et je m'en voudrais de vider la cave de mon ami sans contrepartie. Je compris toutefois que cette initiative faisait plaisir à Anzu et j'abandonnai la lutte.
- … Merci, dis-je simplement en saisissant son présent, avec un sourire reconnaissant.
Je me levai pour prendre congé à mon tour.
- C'est moi qui vous remercie. Ce fut un bref interlude, mais enrichissant et très agréable. Je ne manquerai pas de vous faire signe ces prochains jours. Je vous ai promis un air enjoué, après tout, et je tiens toujours mes engagements.
Je fouillai dans la poche de ma veste pour récupérer mon portefeuille. A cet instant, une pensée traversa mon esprit. Je dégainai un petit billet pour le tendre à la serveuse. Un maigre pourboire qui saurait, j'espère, récompenser la qualité de notre échange.
- Tenez, vous le méritez.
J'attrapai ensuite mon survêtement pour l'enfiler avec élégance.
- Sur ce, je vous rends à votre patron, que je m'en vais payer de ce pas. A très bientôt, Taena-san.
Je fis une révérence selon les coutumes de mon pays natal, avant de me détourner pour rejoindre la caisse. Je réglai rapidement ma consommation, en échangeant quelques mots chaleureux avec le maître des lieux. Je regagnai ensuite la fraîcheur de la forêt. Je pris une grande bouffée d'air frais, profitant un dernier instant de la quiétude qui régnait ici, le temps de me préparer mentalement à regagner le quotidien de tourments de ma meilleure amie. Puis, d'un pas décidé, j'entamai le chemin du retour, non sans adresser une prière au ciel, pour des jours meilleurs.
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