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Lun 11 Jan 2021 - 0:45
Riven est le genre de personne qui sait ce qu’elle désire, comment elle le désire et comment l’obtenir tout en ayant la force de l’obtenir. C’est de loin ce qui pourrait la définir au mieux. Son aspect rigide et sans âme n’est qu’une conséquence d’un style de vie et d’événements malheureux à mon sens ayant fait d’elle ce qu’elle est. Dans le fond, nous sommes sans doute toute les deux de femme que la vie n’a pas épargnée à bien des niveaux et qui se sont endurcies au point de bâtir des murs si haut et épais autour de nous que personnes ne sait vraiment avoir une vue d’ensemble. Notre identité est telle une ville reposant sur des piliers forts liés aux murs de protections et qui chancelle à chaque assaut ou faille dans ce mur maintenant.
Je suis heureusement qu’elle voit les choses du même point de vue que moi et qu’elle accepte ma vision du dialogue entre nous deux qui devrait être renforcé à partir de ce soir. Il est vrai qu’en tant que Secret, j’ai pris l’habitude de procéder à des sanctions immédiates qui sont de toute façon approuvé par nos tribunaux, une sorte d’accord tacite entre nous. De fait, nos services ont perdu l’habitude de dialoguer et nous avec tant la machinerie est bien huilée depuis qu’elle a intégré l’Enclave à son poste. Nous ne nous croisions que peu depuis quelques années en dehors des réunions mensuelles ou urgentes de l’Enclave, ainsi qu’aux interventions que faisions parfois à l’école de sorcellerie où lors de fêtes de notre peuple où les membres de l’Enclave se doivent d’apparaître un minimum.
J’avais levé mon verre presque vide alors que nous avions cet accord de confiance entre nous et la volonté indéfectible de plus nous concerter à l’avenir.
Je l’écoutai avec justesse me dire que trop penser à cette histoire ne serait que néfaste pour moi et ma santé. Me torturer pour avoir louper quelque chose d’aussi gros que les problèmes d’Altaïr n’était pas de bon aloi en effet, mais c’était au-dessus de mes forces encore. C’était beaucoup trop récent encore et bien trop indigne de mes qualifications. Mais on trouve à la base que sonder l’intégralité de la mémoire d’un Enclaviste potentiel est moralement inadapté pour établir une relation professionnelle de confiance. Baliverne à mon sens.
Je n’ai pas pu ignorer ce sourire qu’elle me lança et me surprit. C’était un sourire doux, mais surtout sincère à n’en pas douter. C’était la première fois que je voyais Riven avec ce genre d’expression. Et dire que je doutais du fait que son visage ne réussisse à survivre à l’exercice sans se craqueler. J’avais bien tort. Pire encore, cela lui allait à merveille. Elle avait un très beau sourire lorsqu’il était rempli de compassion., à moins que ce ne fût un réel signe d’affection envers ma personne ? Je ne pouvais que sourire moi-même en réponse après ces pensées à ce sujet.
Quant au cas de la Puissance qu’elle évoque ensuite, je n’étais que trop d’accord avec elle.
Je me laissai aller à une moue sincère puisque nous n’avions rien à nous cacher toute les deux. Pour le coup, ce n’était pas si facile de trouver Renfield.
Nous partagions le même point de vue au sujet de cette alliance de plusieurs Enclave pour venir nous faire un rappel à l’ordre. De quoi je me mêle franchement ? Le pire serait qu’une guerre n’éclate entre les Enclaves à cause d’un sujet aussi trivial qu’un virus de lycan et le fait que les gens se tournent vers nous. Depuis des mois je ne fais que redoubler d’efforts pour lutter contre le moindre risque qu’on n’apprenne notre existence.
Il est vrai que pendant la réunion, le cas de cette histoire de changelin était venu sur la table, mais j’ai pu entendre l’autre son de cloche à ce sujet. Ce n’était pas une histoire vraiment simple. J’hésitai un moment avant de me lancer pour lui dire le fond de ma pensé.
L’on pense souvent que le Secret est le roi des mensonges, mais il s’agit d’un travail sur la vérité avant tout et à la dissimuler. Il va de soi que cela est un mensonge pour le reste monde, bien que je n’apprécie guère la présence des humains dans celui-ci et ne les estime pas plus que cela. En revanche, les gens viennent souvent à croire que je suis une menteuse presque pathologique et que je ne fais que feindre les choses et passe mon temps à pasticher la vérité ou la travestir. En réalité, en dehors de mon ancienne activité d’espionne à travers le monde à une époque, je suis de ceux qui font preuve d’un sens de la vérité implacable. Je n’aime pas cacher le fond de ma pensée derrière un mensonge lorsqu’on me le demande.
Ce sens de la vérité est une qualité pour beaucoup de gens qui devient un défaut lorsqu’il fait souffrir. Tomoe a un sens aigu de l’honneur malgré son jeune âge et comme tous les enfants n’aime pas être trompée. La leurré avec une demi-vérité n’aurait pas été juste envers elle, envers moi et elle me l’aurait assurément reproché par la suite. En revanche, j’aurais dû savoir mettre les formes et lui parler plutôt que de simplement lui envoyer mes souvenirs sans contexte.
Heureusement que je me suis débarrassé de mon sort de maladie pour à la place renforcer mon mental et le mettre à l’épreuve des attaques. Bien qu’encore en apprentissage, je ne sais ce qui aurait pu se passer dans cette baignoire alors que mes émotions étaient à ce point à fleur de peau. C’était comme se faire arracher la chair que de me montrer aussi vulnérable, même à Riven, ou surtout à Riven ? Deux femmes devant sauver les apparences plus que tout dans leur rôle aux enjeux d’envergures. Mais il n’y avait pas de Justice ou de Secret dans ce bain, il n’y avait plus qu’Irina et Riven, deux femmes s’étant mises à nues.
J’ai traversé en un geste la baignoire pour gagner cette chère Riven. Sans même que je ne me contrôle. Elle qui avait été si digne en prenant pourtant au début une posture tout en retenue et appréhension. Était-elle celle dont j’avais besoin en ce moment pour accueillir à jamais ma peine d’un moment à l’abri de tous ? Quoi qu’il en fût à cet instant, je me suis retrouvée dans ses bras à chercher la chaleur de son affection filtrant à travers sa chair à elle qui m’avait si tendrement sourit.
Après un long instant de silence où je n’étais plus que sanglots et pleurs contre la chair de mon amie, prise par ses algues rouges lui servent de chevelure, je commençais à doucement me calmer. Je pris plusieurs longues inspirations, tout en ayant encore des trémolos dans ces dernières tant j’étais encore secouée par l’émotion. C’était ça de tout retenir et de pouvoir tout lâcher d’un coup. Je pouvais sentir et écouter les battements de son cœur avec mon oreille plaquée encore contre sa poitrine. C’était comme un métronome pour le mien qui commença à retrouver des pulsations normales, une cadence que je pouvais suivre sans qu’elle n'ait aucun mot à dire. Que pouvait-elle bien dire dans un moment pareil alors que j’étais simplement hors de toute possibilité de raisonnement ?
Une fois de nouveau calme et maîtresse de moi, je me suis libérée de l’étreinte que je lui ai obligé à assumer. Je partis en une légère plongée sous-marine dans cette baignoire fantasque pour émerger à nouveau, lavée de mes larmes et prête à recevoir la parole de mon amie. Saurait-elle s’ouvrir un jour comme ça à moi, je ne pouvais pas en être certaine, mais j’étais à cet instant, heureuse d’avoir trouvé en elle une si forte amie.
Je suis heureusement qu’elle voit les choses du même point de vue que moi et qu’elle accepte ma vision du dialogue entre nous deux qui devrait être renforcé à partir de ce soir. Il est vrai qu’en tant que Secret, j’ai pris l’habitude de procéder à des sanctions immédiates qui sont de toute façon approuvé par nos tribunaux, une sorte d’accord tacite entre nous. De fait, nos services ont perdu l’habitude de dialoguer et nous avec tant la machinerie est bien huilée depuis qu’elle a intégré l’Enclave à son poste. Nous ne nous croisions que peu depuis quelques années en dehors des réunions mensuelles ou urgentes de l’Enclave, ainsi qu’aux interventions que faisions parfois à l’école de sorcellerie où lors de fêtes de notre peuple où les membres de l’Enclave se doivent d’apparaître un minimum.
J’avais levé mon verre presque vide alors que nous avions cet accord de confiance entre nous et la volonté indéfectible de plus nous concerter à l’avenir.
Irina ▬ Que l’assemblée soit en crise ou non, puissions-nous toujours pouvoir nous parler et savoir quels sont nos objectifs.C’était là le pire que l’on pouvait nous souhaiter à l’une et l’autre pour l’avenir de l’Enclave.
Je l’écoutai avec justesse me dire que trop penser à cette histoire ne serait que néfaste pour moi et ma santé. Me torturer pour avoir louper quelque chose d’aussi gros que les problèmes d’Altaïr n’était pas de bon aloi en effet, mais c’était au-dessus de mes forces encore. C’était beaucoup trop récent encore et bien trop indigne de mes qualifications. Mais on trouve à la base que sonder l’intégralité de la mémoire d’un Enclaviste potentiel est moralement inadapté pour établir une relation professionnelle de confiance. Baliverne à mon sens.
Je n’ai pas pu ignorer ce sourire qu’elle me lança et me surprit. C’était un sourire doux, mais surtout sincère à n’en pas douter. C’était la première fois que je voyais Riven avec ce genre d’expression. Et dire que je doutais du fait que son visage ne réussisse à survivre à l’exercice sans se craqueler. J’avais bien tort. Pire encore, cela lui allait à merveille. Elle avait un très beau sourire lorsqu’il était rempli de compassion., à moins que ce ne fût un réel signe d’affection envers ma personne ? Je ne pouvais que sourire moi-même en réponse après ces pensées à ce sujet.
Quant au cas de la Puissance qu’elle évoque ensuite, je n’étais que trop d’accord avec elle.
Irina ▬ Greed est l’un des plus vieux membres de notre assemblée et est arrivée sous le joug d’une Enclave moins modérée que maintenant, mais en même temps bien plus permissive en générale je pense. Je n’expertise pas son esprit par respect professionnel, mais je t’avoue qu’en tant que psy... il m’inquiète. Je n’ai pas de preuve et je ne ferai pas d’enquête sur lui sur ce sujet car ce n’est pas le rôle des sentinelles, mais je me demande s’il a arrêté la pratique de la nécromancie.Greed me fait peur. Pas tant pour ce qu’il est mans pour le danger qu’il représente pour nous autres sorciers s’il venait à totalement déconnecter d’avec le monde réel. Il fait des barrages régulièrement, ce qui pourrait être symptomatique d’une schizophrénie bien établie. Si l’on rajoute à cela sa tendance paranoïaque qui n’est plus à démontrer, il pourrait être un sorcier extrêmement dangereux, d’autant plus avec son opinion négative sur les humains. S’il nous faisait une décompensation soudaine, il serait un tueur frénétique en pleine ville pouvant faire de très nombreuses victimes sur son chemin avant d’être maîtrisé. Cela ne passerait pas inaperçu et pourrait nous mettre ne pleine lumière.
Cela est normalement interdit par nos lois, mais il est là en qualité d’expert de la chose, mais dispose aussi d’une force de frappe hors du commun bien que je ne l’ai jamais vu en action. Il ne serait pas étonnant s’il a dépassé ses limites il y a longtemps qu’il soit contraint de continuer de pratiquer et ne dégrade encore et encore son esprit. D’un autre côté, je laisse couler mes soupçons. Je suis mal placée pour persécuter un nécromancien et n’est pas vraiment d’opinion négative sur la question outre le fait qu’ils deviennent souvent totalement fous à long terme.
Je me laissai aller à une moue sincère puisque nous n’avions rien à nous cacher toute les deux. Pour le coup, ce n’était pas si facile de trouver Renfield.
Irina ▬ Tsukishima Eiko ne m’a pas donné de nouvelle depuis que j’ai mis à pied son frère à cause de l’affaire O’Brien dont nous avons déjà parlé ensemble. Je me suis peut-être un peu avancé donc pour ce qui est de trouver Renfield en un tour de main.C’était assez problématique même de ne pas arriver à mettre la main dessus. Je ne connaissais pas de meilleure atout grâce à sa psychométrie pour pouvoir nous aider à trouver en un tour de main les Renfield et aller nettoyer cette tanière pleine de rats.
Nous partagions le même point de vue au sujet de cette alliance de plusieurs Enclave pour venir nous faire un rappel à l’ordre. De quoi je me mêle franchement ? Le pire serait qu’une guerre n’éclate entre les Enclaves à cause d’un sujet aussi trivial qu’un virus de lycan et le fait que les gens se tournent vers nous. Depuis des mois je ne fais que redoubler d’efforts pour lutter contre le moindre risque qu’on n’apprenne notre existence.
Irina ▬ Il est évident que nous avons assez de soucis comme ça pour ne pas avoir à gérer une crise diplomatique en plus. Heureusement, je ne doute pas des compétences de Tel-san pour tenir à l’écart ces hyènes pour le moment.J’éclatais de rire alors qu’elle poursuivit son plaidoyer contre nos dernières décisions, mais surtout celles de Tel-san. Il avait fait la rencontre d’une vampire, promis une alliance avec des lycans et tout en se fiant à son opinion sur le sujet. Au moins en cas de problèmes, il serait le seul à blâmer pour cela. Bien qu’il ait réussi à convaincre les membres de lui faire confiance pour tenter de rallier un chef de clan à l’exception de Riven qui n’était vraiment pas pour cela, nous en étions bien à ce point-là. Il devait le retrouver le lendemain si j’avais bien compris la note d’intention. Nous verrions bien ce que cette entrevue avec un chef de clan pouvait donner.
Irina ▬ Je suis d’accord avec toi, à l’exception de ce chef de chevalier tueurs de vampires. Cela ne dépendait pas de nous. Il était déjà un allié de l’Enclave Norvégienne, tu te souviens de son second qui est venu nous prévenir après tout. Il faut faire avec notre temps, peut-être que de plus en plus de sorciers sont pour des alliances avec humains et que ça nous gagnera aussi peut-être qui sait ?J’eu un moment de silence avant de simplement éclater de rire tant cette possibilité était risible au plus haut point.
Il est vrai que pendant la réunion, le cas de cette histoire de changelin était venu sur la table, mais j’ai pu entendre l’autre son de cloche à ce sujet. Ce n’était pas une histoire vraiment simple. J’hésitai un moment avant de me lancer pour lui dire le fond de ma pensé.
Irina ▬ Tu sais, j’y trouve personnellement un avantage certain à avoir nouer un pacte avec un changelin. Mais pour connaître l’envers de la pensée changeline, je peux te dire ce qu’il s’est passé à la réunion avec Tel-san et te livrer la structure réflexive ayant mené à cette requête si tu veux la connaître bien entendu.Je ne voulais vraiment pas imposer un long discours à Riven sur la situation et les pensées du chef du territoire changelin prenant toute la péninsule. Je n’entrerai dans le détail que si elle me faisait la demande explicite.
L’on pense souvent que le Secret est le roi des mensonges, mais il s’agit d’un travail sur la vérité avant tout et à la dissimuler. Il va de soi que cela est un mensonge pour le reste monde, bien que je n’apprécie guère la présence des humains dans celui-ci et ne les estime pas plus que cela. En revanche, les gens viennent souvent à croire que je suis une menteuse presque pathologique et que je ne fais que feindre les choses et passe mon temps à pasticher la vérité ou la travestir. En réalité, en dehors de mon ancienne activité d’espionne à travers le monde à une époque, je suis de ceux qui font preuve d’un sens de la vérité implacable. Je n’aime pas cacher le fond de ma pensée derrière un mensonge lorsqu’on me le demande.
Ce sens de la vérité est une qualité pour beaucoup de gens qui devient un défaut lorsqu’il fait souffrir. Tomoe a un sens aigu de l’honneur malgré son jeune âge et comme tous les enfants n’aime pas être trompée. La leurré avec une demi-vérité n’aurait pas été juste envers elle, envers moi et elle me l’aurait assurément reproché par la suite. En revanche, j’aurais dû savoir mettre les formes et lui parler plutôt que de simplement lui envoyer mes souvenirs sans contexte.
Irina ▬ J’ai voulu assurer une vie à mes deux filles. Sans avoir à endurer la douleur de perdre leurs deux parents si je ne revenais pas de ma traque... j’ai vécu toute ma vie en portant le deuil de mon grand amour de jeunesse et des jumeaux que j’ai mis au monde... je ne voulais pas qu’elles souffrent d’une mère les ayant abandonnés pour faire justice elle-même pour son pays si je venais à périr... Je sais que tu comprends ce choix à ta manière... mais le destin a ravi la sœur aînée de Tomo... Taichi-Tomoe ses “parents” et l’a conduit dans la demeure d’un vieil humain ayant fini de l’élever jusqu’à ce qu’il ne décès lui aussi, la laissant seule et hors du système...Je commençai à vider mon sac sans état d’âme aucun à ma collègue, à mon amie. J’ai eu une conversation similaire avec Eiko il y a quelques temps, bien que cela ne m’ait pas trop aidé tout en me faisant du bien. Mais entre temps, j’avais observé beaucoup d’autre choses et me suis posé beaucoup d’autres questions. Il n’y avait plus d’idées claires au sujet de ma fille. Je confiais à Riven les tréfonds de mon âme et de ma vie, lui avouant sans un seul regret que j’avais eu une autre fille décédée, mais surtout des jumeaux à une époque lointaine. Tant de choses qui sont restées secrète à beaucoup de monde qui ne m’ont tout simplement pas connu avec mon défunt mari duquel je porte encore officiellement le nom.
Heureusement que je me suis débarrassé de mon sort de maladie pour à la place renforcer mon mental et le mettre à l’épreuve des attaques. Bien qu’encore en apprentissage, je ne sais ce qui aurait pu se passer dans cette baignoire alors que mes émotions étaient à ce point à fleur de peau. C’était comme se faire arracher la chair que de me montrer aussi vulnérable, même à Riven, ou surtout à Riven ? Deux femmes devant sauver les apparences plus que tout dans leur rôle aux enjeux d’envergures. Mais il n’y avait pas de Justice ou de Secret dans ce bain, il n’y avait plus qu’Irina et Riven, deux femmes s’étant mises à nues.
Irina ▬ Je me déteste. Je me repasse sans cesse mon choix de traquer mon ancien mari. Mon premier refus de poste du Secret pour partir des années à la chasse au traitre. Je me déteste car je me reproche la mort de ma très chère Sakura, de ne pas avoir vu que mon autre fille, ma douce Tomoe avait survécue. De ne pas avoir vu ma propre fille sous mon nez, vivant dans la même ville ! D’avoir été pleurer chaque jour que les astres faisaient sur la tombe de ma fille ! D’avoir été tout le temps aveugle toute ma vie ! D’avoir accepté les bons mots de mon père et cru Mathex et les jumeaux morts alors qu’ils ne l’étaient pas ! Et pire encore je m’en veux d’être allée lui dire ! Je m’en veux d’avoir fait trois mauvais choix dans ma vie ! Trois ! Putain que TROIS ! Et qu’ils m’aient pourri ma vie à chaque fois !Je n’ai pas réussi à retenir ce que j’avais sur le cœur. Riven avait déverrouillé les vannes et j’arrivais juste plus à me contenir. L’eau chaude enveloppant mon corps était comme un prolongement de moi m’encouragement à glisser, à couler à me déverser. J’ai senti mes yeux devenir humides avant qu’ils ne s’écoulent de ces derniers des larmes se mêlant à l’eau.
J’ai traversé en un geste la baignoire pour gagner cette chère Riven. Sans même que je ne me contrôle. Elle qui avait été si digne en prenant pourtant au début une posture tout en retenue et appréhension. Était-elle celle dont j’avais besoin en ce moment pour accueillir à jamais ma peine d’un moment à l’abri de tous ? Quoi qu’il en fût à cet instant, je me suis retrouvée dans ses bras à chercher la chaleur de son affection filtrant à travers sa chair à elle qui m’avait si tendrement sourit.
Irina ▬ Je sais que cette vie n’a aucun sens ! Je sais bien que c’est stupide mais pour..quoi ?! POur..quOI ?! Pourquoi j’ai payé si dur pour trois erreurs ! Pourquoi.. qu’est-ce que j’inflige ça à ma fille ?! J’ai détruit... j’ai détruit ma fille en voulant lui dire qui j’étais !Si je contemplais ce souvenir de l’extérieur, je suis persuadée que je me trouverai vraiment pathétique, mais à ce moment-là, rien ne comptait plus. J’étais seule avec Riven, nue, vulnérable et je lui lâchai au visage mes états d’âme comme elle me l’avait demandé. Il n’y avait plus de Secret, plus d’ancienne espionne, plus d’aînée face à son amie, il n’y avait plus de femme forte, juste l’Irina vulnérable qui avait besoin de tout lâcher un instant.
Après un long instant de silence où je n’étais plus que sanglots et pleurs contre la chair de mon amie, prise par ses algues rouges lui servent de chevelure, je commençais à doucement me calmer. Je pris plusieurs longues inspirations, tout en ayant encore des trémolos dans ces dernières tant j’étais encore secouée par l’émotion. C’était ça de tout retenir et de pouvoir tout lâcher d’un coup. Je pouvais sentir et écouter les battements de son cœur avec mon oreille plaquée encore contre sa poitrine. C’était comme un métronome pour le mien qui commença à retrouver des pulsations normales, une cadence que je pouvais suivre sans qu’elle n'ait aucun mot à dire. Que pouvait-elle bien dire dans un moment pareil alors que j’étais simplement hors de toute possibilité de raisonnement ?
Une fois de nouveau calme et maîtresse de moi, je me suis libérée de l’étreinte que je lui ai obligé à assumer. Je partis en une légère plongée sous-marine dans cette baignoire fantasque pour émerger à nouveau, lavée de mes larmes et prête à recevoir la parole de mon amie. Saurait-elle s’ouvrir un jour comme ça à moi, je ne pouvais pas en être certaine, mais j’étais à cet instant, heureuse d’avoir trouvé en elle une si forte amie.
Etilya sur DK RPG
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Mer 13 Jan 2021 - 21:15
Je hochai la tête en guise d'approbation tandis que nous levions nos deux verres pour acter cette affirmation. Je ne savais pas de quoi l'avenir de notre Enclave serait fait mais nous ferions en sorte que notre tandem soit intact. Les autres Enclavistes étaient de brillants et talentueux sorciers, toutefois la conjoncture actuelle dissolvait davantage nos rapports. Le respect ne suffisait pas, nous devions nous faire confiance et je sentais au fond de moi que je ne m'en sentais plus autant capable. J'avais réellement essayé ces deux derniers jours à trouver du potentiel et du positif dans nos décisions mais je n'y parvenais pas. Je n'arrivai pas à me décoller de cette frustration qui m'écrasait si fort cette fierté. Je ne faisais que tourner en boucle que si nous avions réagi plus tôt, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Le virus aurait été éradiqué avec Renfield. L'organisation qui nous gouvernait ne serait pas sur notre dos. Nous n'aurions même pas jugé sensé et correct de faire appel à un tueur aussi dangereux que Dwight Hodgkin.
Tout ces événements s'entassaient les uns sur les autres et ne trouvaient pas encore leur issu. Je me demandais alors ce que l'Enclave pourrait bien devenir sans mon amie. Évidemment, nous l'aurions remplacé en vue de la situation d'urgence mais cela n'aurait été qu'une pâle copie de son talent. Peut-être que si elle n'avait pas été là à cet instant, si elle n'avait pas toqué à ma porte ce soir, j'aurais rempli ma mission qui m'incombait comme promesse à Thomas pour déposer ma démission ensuite. Je serai partie. J'avais encore cette idée qui me trottait dans la tête mais elle se faisait moins oppressante. Je me disais que, je serai peut-être plus utile sans cette couronne sur la tête pour agir dans l'ombre sans devoir rendre des comptes sur mes décisions. Mais est-ce que cela valait vraiment la peine que je quitte mon trône pour protéger les miens ? Est-ce qu'ils méritaient d'être protégés ? Les sorciers, qu'importe leurs dirigeants et leurs mauvais choix, n'avaient pourtant pas à subir les conséquences en se noyant dans nos erreurs. Ce serait décidément terrible... Toutefois, j'hésitais encore selon l'avenir qu'il nous sera réservé.
En attendant, je pouvais comprendre que la pilule soit encore compliquée à passer pour l'erreur professionnelle d'Irina concernant l'état psychologique du Savoir. Il n'y avait pas assez de temps écoulé pour qu'elle sache faire preuve d'une prise de recul pragmatique mais je comptais sur son bon sens pour enterrer cette bavure dans le futur. Je fus néanmoins assez satisfaite de pouvoir lui décrocher un sourire tout en constatant que nous étions bien raccord concernant les sujets exposés.
Néanmoins, il fallait que je mette les pieds dans le plat par rapport à Greed.
-Hm, je serai honnête. Depuis mon arrivée ici, j'ai mis un point d'honneur à garder un œil sur lui. Je dispose d'un dossier scellé à son sujet concernant des disparitions dont il est à l'origine mais rien d'officiel. J'ai veillé à le conserver et l'alimenter pour ma propre gouverne. Mais la conséquence est que ces actes ne passent pas inaperçues dans le monde des mortels. Même si je dois t'avouer que l'épisode lycan malade est arrangeant sur ce point.
A mon entretien, je m'étais faite épinglée parce que je devais accepter qu'un membre de l'Enclave même se délecte de la nécromancie en guise de « support » à cette compétence. J'avais trouvé cela particulièrement inconscient d'autant plus qu'Irina me laissait supposer qu'il n'était même pas surveillé tout du moins sur ses combines. Enfin évidemment, je comprenais qu'il nous fallait partir d'un principe de confiance mais il était reconnu que cette forme magique agressait l'esprit de son détenteur.
-Tu connais mon avis sur le sujet de la nécromancie mais passons, ce n'est pas l'important. L'inconvénient est justement son instabilité qui tend à prendre le pas et la seule solution que je vois dans l'immédiat pour le contenir est de dégonfler sa frustration.
Je lui proposerai une partie de chasse en d'autres termes pour le rassasier et qu'il puisse sentir que sa place est véritablement parmi nous. Sa tendance paranoïaque et sa nature impulsive deviendront bien vite une tempête si nous ne prenions pas nos dispositions. Quelle tristesse. Nous devions même gérer un élément de notre propre tribune qui pourrait aussi nous porter un méchant préjudice. Mais la moue de ma comparse russe me fit arquer un sourcil d’incompréhension. Qu'est ce qui n'allait pas ?
-Oh non...
Je me pinçais l'arrête du nez, envahie par un sentiment d'ennui profond. Voilà encore autre chose. Rien n'allait.
-Éventuellement je pourrais tenter de la localiser pour préciser tes recherches concernant cette femme. De plus en parlant de l'affaire Tsukishima... Elle risque également de se compliquer. Un procureur est venu à moi à ce propos. Il s'appelle Yuko Kushiki et son engagement auprès de la communauté est total... Cet homme a une sacrée trempe. Il exige donc un procès en bonne et due forme ce qui ne peut être refusé... Évidemment, c'est moi qui mènera la danse étant donné que ce dossier n'a pu être réglé entre tes mains.
J'avais bien conscience que je venais une fois de plus apporter un brin d'ombre à cette clarté qui diminuait toujours. Personnellement, je m'en fichais. Mais Irina s'était engagée auprès de son subordonné pour faire de son mieux à son propos et celui de cette mortelle. J'estimai qu'elle avait donc le droit de savoir bien qu'à l'origine, ce genre de discussion est tenue confidentielle afin d'éviter des bavures. Néanmoins, elle savait pertinemment ce qu'il en coûtait lorsqu'une audience se profilait sous ma propre gouverne. Je ne ferai pas dans la dentelle, veillant à rester le plus juste possible selon ce qui sera à ma disposition.
Je hochai ensuite la tête alors qu'un autre orage beaucoup plus sombre se plaçait au dessus de nos têtes. Il était vrai que la Sagesse restait le plus doué et le plus habile d'entre nous en ce qui concernait d'assouplir les humeurs et de tendre vers des conditions plus confortables. Mais cela ne me plaisait pas de laisser Tel-san seul. Nous étions tous confrontés intensément à nos activités mais ces représentants étaient des requins. Nous n'étions pas sur la même longueur d'onde et l'accord validé récemment pour chercher ce vampire me rendait folle, mais dans ces circonstances un peu de soutien n'était pas de refus. Néanmoins, il s'agissait d'un expert en la matière. Pourquoi est-ce que je m'en préoccupais autant ? La situation me rendait incertaine au point de tout remettre en cause, c'était infernal. Mais au delà de ça, je m'inquiétais pour la suite.
Son rire eut tôt fait de me ramener dans ce bain.
-Je comprends la Sagesse et son désir d'étirer nos possibilités en cherchant à consolider nos appuis. Mais malgré nos moyens, nous sommes encore fragiles et peinons à sortir la tête hors de l'eau. Comment s'assurer que nous ne commettons pas d'erreur en accordant notre confiance ?
Cette interrogation ricochait étonnamment jusque dans mon âme. Depuis toute petite, j'avais pris l'habitude de tout gérer moi-même, je n'avais jamais réclamé l'aide de personne. J'avais évolué seule, dans le froid et la violence mordante de l'existence. Je ne faisais confiance en personne, m'évertuant de grandir et d'évoluer par mes propres moyens tout en sélectionnant ce qui pouvait m'être utile. Et la seule personne qui avait été là... Avait disparu. Mon dieu... J'avais presque oublié... C'était peut-être pour cette raison que j'avais excessivement du mal concernant cette notion de confiance. Cette fois-ci, c'était à mon tour de faire la moue.
-Hum, vas-y donc, tant que nous y sommes.
Après tout, Thomas n'était venu me voir que pour obtenir ce service de ma part sans pour autant m'expliquer le fond de l'histoire. J'avais eu vent effectivement de ce rituel et de nos origines communes mais... Cela n'avait pas été forcément pour me réjouir. Mais ce qui me faisait encore moins plaisir finalement, c'était de me trouver face à une Irina complètement morcelée. Je lui avais intimé que ses secrets étaient en sécurité dans mes oreilles et elle n'avait pas hésité une seule seconde à vomir ses regrets et ses blessures. Les mots déferlaient comme une marrée de sang suite à un coup de poignard. Ces maux se déversaient de sa bouche pour soulager ses entrailles d'un poison qu'elle abritait depuis des années et des années tant et si bien que je ne pouvais qu'entrouvrir légèrement les lèvres de stupéfaction face à ces déclarations. La peine l'emportait sur son contrôle optimal habituel. Sa respiration se révélait douloureuse et entrecoupée à mesure que le cri de son âme avait totalement brisé son masque.
Elle avait eu deux filles... Je supposais donc assez aisément que l'autre ne faisait plus partie de ce monde. Pourtant elle avait désiré leur assurer un avenir tout en leur épargnant sa condition de l'époque ainsi qu'une souffrance inutile suite à sa vengeance. Irina m'intimait même avoir eu un grand amour, chose que je n'aurais pas cru possible de sa part non plus telle que je la connaissais. Elle en avait souffert. Souffert finalement, d'avoir manqué finalement une vie tout à fait banale pour énormément de gens. Elle avait macéré sa souffrance, la perte de sa fille et de son amant en verrouillant sa propre misère dans sa boîte de Pandore tout en assurant son service sans ciller. Une activité qui au delà de son professionnalisme lui servait peut-être d'exutoire.
Irina vociférait sur son sort, sur elle. Un élan de rancœur l'emportait tandis que je restais bien inerte jusque là, une ride du lion au centre de mon front. Que pouvais-je bien répondre à cela dites-moi ? J'avais déjà entendu maintes et maintes plaidoiries dramatiques mais jamais je n'avais éprouvé quoique ce soit à l'égard de mes clients si ce n'était le désir de rééquilibrer la balance de la justice. Cela ne m'atteignait pas autrement parce que je n'étais que l'actrice de leur trame scénaristique catastrophique que j'allais modifier en leur faveur. Je n'éprouvai pas d'empathie. Mais je devais avouer que cette scène me déstabilisait. Je ne savais pas quoi dire pour la rassurer ou lui remonter le moral. Je n'avais aucune idée de comment faire. J'avais la sensation que même en portant une main sur son épaule, elle s'évanouirait en poussières dans l'eau de ce bain.
Ce spectacle était ahurissant jusqu'au bout des larmes qui cavalaient sur ses joues et puis... Dans un mouvement de recul surpris, j'écarquillai mes yeux en sentant sa peau glisser sur la mienne dans une étreinte absolument imprévisible. Je n'osais même pas la toucher, ni même respirer à ce geste. Je n'osais pas bouger non plus alors même que cette femme si solide s'appuyait sur ma silhouette tout en maudissant son être tout entier. Puis l'instant d'après, un silence s'étira dans le temps. C'était à ce moment que je choisissais de porter une main hésitante derrière son crâne tout en posant à peine mon menton sur son épaule pour la serrer un peu plus contre moi. Je n'aurai pas su faire mieux Irina. Je n'avais pas eu à rassurer quelqu'un de toute ma vie et je n'aurais jamais cru que la première pour qui je devrais le faire serait précisément toi. J'espère que tu ne m'en voudras pas trop pour mon manque de réconfort, je ne suis pas très douée avec ces choses-là.
Puis finalement, calmée par cette posture qui devait se révéler un minimum rassurante, elle finit par se détacher pour se retrouver face à moi. Je l'observais ainsi, toujours aussi muette, estimant qu'il n'y avait peut-être rien à redire finalement. Mais était-ce vraiment respectueux de se taire ? Je n'en savais rien... Finalement, je me décidais à ouvrir la parole d'une voix calme et prévenante.
-Pourtant, même si rien ne pourra te ramener ta Sakura et j'en suis réellement navrée, ne crois-tu pas qu'il s'agisse d'un signe que deux personnes en qui tu portes de l'affection refassent surface dans ta vie ? Peut-être est-ce justement l'occasion pour toi de renaître de ces cendres qui te parasitent ? Une opportunité que tu devrais saisir pour te permettre un peu de bonheur ?
Je marquai un temps d'arrêt.
-Sois franche et dis-moi, qu'est ce que tu désires au plus profond de toi ?
Je penchai la tête sur le côté, dans l'attente d'une réponse aussi expéditive que la précédente même s'il lui faudrait peut-être agencer cette réflexion plus longuement. J'en profitai donc pour me livrer à mon tour, dans la foulée. Cela ne sera pas aussi dramatique mais faisait parti intégrante de mes petits secrets bien gardés.
-Tu sais... Je ne t'ai jamais dit la véritable raison qui m'a poussée à m'insurger contre mes parents la première fois en brûlant leur maison. Ça paraîtrait logique que ce soit à cause de leur maltraitance physique et morale durant mon enfance pour faire de moi une parfaite arme de pouvoir ou même leurs complots pour s'engraisser et gagner en puissance à l'instar d'innocents. Mais la vérité...
Je me pinçai la lèvre inférieure. Je l'avais presque oublié pour ainsi dire. Ce sujet restait encore chaud sous ma main à tel point peut-être que je l'avais viré de ma mémoire. Mais ce soir, je la faisais sortir des tréfonds de mes vestiges.
-J'avais une gouvernante. C’était elle qui s'occupait de moi et qui lavait mes... mes blessures. Elle était gentille, douce et très attentive. Dona ne faisait jamais aucun commentaire mais elle voyait très bien ce qu'il se passait. Elle me récupérait à chaque fois que mes parents me laissaient dans ce puits sans fond qu'ils creusaient quotidiennement dans mon cœur. Pour moi, elle était comme ce petit carré de lumière dans un ciel noir. Elle me coiffait en chantonnant. Elle m'aidait à m'habiller. Elle me lisait des histoires. Elle me souriait toujours avec une douceur qui n'avait d'égal que sa bienveillance. J'étais très attachée à cette femme qui pour moi, se rapprochait davantage d'une mère que d'une servante.
Cela me faisait terriblement étrange de ressentir ce nœud dans ma gorge comme si le fait de citer ce passage de ma vie en faisait ressortir toute la complexité.
-Puis un jour, elle a été retrouvée morte, dis-je le regard en biais plongé dans le vague d'un souvenir déplaisant, jusqu'à ce que j'apprenne ce fameux soir qu'il ne s'agissait pas d'un accident. Comme ils avaient tué mon chien, ils ont assassiné aussi la seule personne en qui je tenais. Mon seul repère dans cette folie démesurée. Ils voulaient que je comprenne, que je m'endurcisse. Ils ont peut-être réussi plus que je ne l'imaginais.
Ce fut pour moi, un coup de grâce qui m'avait fait perdre le contrôle de moi-même dans des flammes dévorantes. Et s'ils s'étaient sortis de cet incendie, des années plus tard je m'étais arrangée pour les lâcher dans l'une des pires prisons de Russie en m'assurant qu'ils souffrent.
-Je n'imagine pas à quel point ces choses ont pu te faire du mal, Irina. Je serai hypocrite de t'avancer le contraire mais ta douleur je la comprends.
Je me resservis un verre pour faire passer cette sensation de vulnérabilité désagréable.
-Mais ce n'est pas tout. En ce moment, je fais des cauchemars d'une petite fille qui me ressemble trait pour trait. Elle m'est aussi apparue dans le miroir juste avant que tu n'arrives comme une sorte d'hallucination. Elle me renvoie mes doutes comme si elle était la représentation même de ma colère. Mon moi de l'époque. Mon moi d'aujourd'hui face à cette frustration.
Je lui montrai ma main pour lui désigner ma blessure en voulant fracasser mon miroir.
-Les événements actuels m'affectent et ouvrent des tréfonds que j'aurais juré avoir jeté dans le néant.
Tout ces événements s'entassaient les uns sur les autres et ne trouvaient pas encore leur issu. Je me demandais alors ce que l'Enclave pourrait bien devenir sans mon amie. Évidemment, nous l'aurions remplacé en vue de la situation d'urgence mais cela n'aurait été qu'une pâle copie de son talent. Peut-être que si elle n'avait pas été là à cet instant, si elle n'avait pas toqué à ma porte ce soir, j'aurais rempli ma mission qui m'incombait comme promesse à Thomas pour déposer ma démission ensuite. Je serai partie. J'avais encore cette idée qui me trottait dans la tête mais elle se faisait moins oppressante. Je me disais que, je serai peut-être plus utile sans cette couronne sur la tête pour agir dans l'ombre sans devoir rendre des comptes sur mes décisions. Mais est-ce que cela valait vraiment la peine que je quitte mon trône pour protéger les miens ? Est-ce qu'ils méritaient d'être protégés ? Les sorciers, qu'importe leurs dirigeants et leurs mauvais choix, n'avaient pourtant pas à subir les conséquences en se noyant dans nos erreurs. Ce serait décidément terrible... Toutefois, j'hésitais encore selon l'avenir qu'il nous sera réservé.
En attendant, je pouvais comprendre que la pilule soit encore compliquée à passer pour l'erreur professionnelle d'Irina concernant l'état psychologique du Savoir. Il n'y avait pas assez de temps écoulé pour qu'elle sache faire preuve d'une prise de recul pragmatique mais je comptais sur son bon sens pour enterrer cette bavure dans le futur. Je fus néanmoins assez satisfaite de pouvoir lui décrocher un sourire tout en constatant que nous étions bien raccord concernant les sujets exposés.
Néanmoins, il fallait que je mette les pieds dans le plat par rapport à Greed.
-Hm, je serai honnête. Depuis mon arrivée ici, j'ai mis un point d'honneur à garder un œil sur lui. Je dispose d'un dossier scellé à son sujet concernant des disparitions dont il est à l'origine mais rien d'officiel. J'ai veillé à le conserver et l'alimenter pour ma propre gouverne. Mais la conséquence est que ces actes ne passent pas inaperçues dans le monde des mortels. Même si je dois t'avouer que l'épisode lycan malade est arrangeant sur ce point.
A mon entretien, je m'étais faite épinglée parce que je devais accepter qu'un membre de l'Enclave même se délecte de la nécromancie en guise de « support » à cette compétence. J'avais trouvé cela particulièrement inconscient d'autant plus qu'Irina me laissait supposer qu'il n'était même pas surveillé tout du moins sur ses combines. Enfin évidemment, je comprenais qu'il nous fallait partir d'un principe de confiance mais il était reconnu que cette forme magique agressait l'esprit de son détenteur.
-Tu connais mon avis sur le sujet de la nécromancie mais passons, ce n'est pas l'important. L'inconvénient est justement son instabilité qui tend à prendre le pas et la seule solution que je vois dans l'immédiat pour le contenir est de dégonfler sa frustration.
Je lui proposerai une partie de chasse en d'autres termes pour le rassasier et qu'il puisse sentir que sa place est véritablement parmi nous. Sa tendance paranoïaque et sa nature impulsive deviendront bien vite une tempête si nous ne prenions pas nos dispositions. Quelle tristesse. Nous devions même gérer un élément de notre propre tribune qui pourrait aussi nous porter un méchant préjudice. Mais la moue de ma comparse russe me fit arquer un sourcil d’incompréhension. Qu'est ce qui n'allait pas ?
-Oh non...
Je me pinçais l'arrête du nez, envahie par un sentiment d'ennui profond. Voilà encore autre chose. Rien n'allait.
-Éventuellement je pourrais tenter de la localiser pour préciser tes recherches concernant cette femme. De plus en parlant de l'affaire Tsukishima... Elle risque également de se compliquer. Un procureur est venu à moi à ce propos. Il s'appelle Yuko Kushiki et son engagement auprès de la communauté est total... Cet homme a une sacrée trempe. Il exige donc un procès en bonne et due forme ce qui ne peut être refusé... Évidemment, c'est moi qui mènera la danse étant donné que ce dossier n'a pu être réglé entre tes mains.
J'avais bien conscience que je venais une fois de plus apporter un brin d'ombre à cette clarté qui diminuait toujours. Personnellement, je m'en fichais. Mais Irina s'était engagée auprès de son subordonné pour faire de son mieux à son propos et celui de cette mortelle. J'estimai qu'elle avait donc le droit de savoir bien qu'à l'origine, ce genre de discussion est tenue confidentielle afin d'éviter des bavures. Néanmoins, elle savait pertinemment ce qu'il en coûtait lorsqu'une audience se profilait sous ma propre gouverne. Je ne ferai pas dans la dentelle, veillant à rester le plus juste possible selon ce qui sera à ma disposition.
Je hochai ensuite la tête alors qu'un autre orage beaucoup plus sombre se plaçait au dessus de nos têtes. Il était vrai que la Sagesse restait le plus doué et le plus habile d'entre nous en ce qui concernait d'assouplir les humeurs et de tendre vers des conditions plus confortables. Mais cela ne me plaisait pas de laisser Tel-san seul. Nous étions tous confrontés intensément à nos activités mais ces représentants étaient des requins. Nous n'étions pas sur la même longueur d'onde et l'accord validé récemment pour chercher ce vampire me rendait folle, mais dans ces circonstances un peu de soutien n'était pas de refus. Néanmoins, il s'agissait d'un expert en la matière. Pourquoi est-ce que je m'en préoccupais autant ? La situation me rendait incertaine au point de tout remettre en cause, c'était infernal. Mais au delà de ça, je m'inquiétais pour la suite.
Son rire eut tôt fait de me ramener dans ce bain.
-Je comprends la Sagesse et son désir d'étirer nos possibilités en cherchant à consolider nos appuis. Mais malgré nos moyens, nous sommes encore fragiles et peinons à sortir la tête hors de l'eau. Comment s'assurer que nous ne commettons pas d'erreur en accordant notre confiance ?
Cette interrogation ricochait étonnamment jusque dans mon âme. Depuis toute petite, j'avais pris l'habitude de tout gérer moi-même, je n'avais jamais réclamé l'aide de personne. J'avais évolué seule, dans le froid et la violence mordante de l'existence. Je ne faisais confiance en personne, m'évertuant de grandir et d'évoluer par mes propres moyens tout en sélectionnant ce qui pouvait m'être utile. Et la seule personne qui avait été là... Avait disparu. Mon dieu... J'avais presque oublié... C'était peut-être pour cette raison que j'avais excessivement du mal concernant cette notion de confiance. Cette fois-ci, c'était à mon tour de faire la moue.
-Hum, vas-y donc, tant que nous y sommes.
Après tout, Thomas n'était venu me voir que pour obtenir ce service de ma part sans pour autant m'expliquer le fond de l'histoire. J'avais eu vent effectivement de ce rituel et de nos origines communes mais... Cela n'avait pas été forcément pour me réjouir. Mais ce qui me faisait encore moins plaisir finalement, c'était de me trouver face à une Irina complètement morcelée. Je lui avais intimé que ses secrets étaient en sécurité dans mes oreilles et elle n'avait pas hésité une seule seconde à vomir ses regrets et ses blessures. Les mots déferlaient comme une marrée de sang suite à un coup de poignard. Ces maux se déversaient de sa bouche pour soulager ses entrailles d'un poison qu'elle abritait depuis des années et des années tant et si bien que je ne pouvais qu'entrouvrir légèrement les lèvres de stupéfaction face à ces déclarations. La peine l'emportait sur son contrôle optimal habituel. Sa respiration se révélait douloureuse et entrecoupée à mesure que le cri de son âme avait totalement brisé son masque.
Elle avait eu deux filles... Je supposais donc assez aisément que l'autre ne faisait plus partie de ce monde. Pourtant elle avait désiré leur assurer un avenir tout en leur épargnant sa condition de l'époque ainsi qu'une souffrance inutile suite à sa vengeance. Irina m'intimait même avoir eu un grand amour, chose que je n'aurais pas cru possible de sa part non plus telle que je la connaissais. Elle en avait souffert. Souffert finalement, d'avoir manqué finalement une vie tout à fait banale pour énormément de gens. Elle avait macéré sa souffrance, la perte de sa fille et de son amant en verrouillant sa propre misère dans sa boîte de Pandore tout en assurant son service sans ciller. Une activité qui au delà de son professionnalisme lui servait peut-être d'exutoire.
Irina vociférait sur son sort, sur elle. Un élan de rancœur l'emportait tandis que je restais bien inerte jusque là, une ride du lion au centre de mon front. Que pouvais-je bien répondre à cela dites-moi ? J'avais déjà entendu maintes et maintes plaidoiries dramatiques mais jamais je n'avais éprouvé quoique ce soit à l'égard de mes clients si ce n'était le désir de rééquilibrer la balance de la justice. Cela ne m'atteignait pas autrement parce que je n'étais que l'actrice de leur trame scénaristique catastrophique que j'allais modifier en leur faveur. Je n'éprouvai pas d'empathie. Mais je devais avouer que cette scène me déstabilisait. Je ne savais pas quoi dire pour la rassurer ou lui remonter le moral. Je n'avais aucune idée de comment faire. J'avais la sensation que même en portant une main sur son épaule, elle s'évanouirait en poussières dans l'eau de ce bain.
Ce spectacle était ahurissant jusqu'au bout des larmes qui cavalaient sur ses joues et puis... Dans un mouvement de recul surpris, j'écarquillai mes yeux en sentant sa peau glisser sur la mienne dans une étreinte absolument imprévisible. Je n'osais même pas la toucher, ni même respirer à ce geste. Je n'osais pas bouger non plus alors même que cette femme si solide s'appuyait sur ma silhouette tout en maudissant son être tout entier. Puis l'instant d'après, un silence s'étira dans le temps. C'était à ce moment que je choisissais de porter une main hésitante derrière son crâne tout en posant à peine mon menton sur son épaule pour la serrer un peu plus contre moi. Je n'aurai pas su faire mieux Irina. Je n'avais pas eu à rassurer quelqu'un de toute ma vie et je n'aurais jamais cru que la première pour qui je devrais le faire serait précisément toi. J'espère que tu ne m'en voudras pas trop pour mon manque de réconfort, je ne suis pas très douée avec ces choses-là.
Puis finalement, calmée par cette posture qui devait se révéler un minimum rassurante, elle finit par se détacher pour se retrouver face à moi. Je l'observais ainsi, toujours aussi muette, estimant qu'il n'y avait peut-être rien à redire finalement. Mais était-ce vraiment respectueux de se taire ? Je n'en savais rien... Finalement, je me décidais à ouvrir la parole d'une voix calme et prévenante.
-Pourtant, même si rien ne pourra te ramener ta Sakura et j'en suis réellement navrée, ne crois-tu pas qu'il s'agisse d'un signe que deux personnes en qui tu portes de l'affection refassent surface dans ta vie ? Peut-être est-ce justement l'occasion pour toi de renaître de ces cendres qui te parasitent ? Une opportunité que tu devrais saisir pour te permettre un peu de bonheur ?
Je marquai un temps d'arrêt.
-Sois franche et dis-moi, qu'est ce que tu désires au plus profond de toi ?
Je penchai la tête sur le côté, dans l'attente d'une réponse aussi expéditive que la précédente même s'il lui faudrait peut-être agencer cette réflexion plus longuement. J'en profitai donc pour me livrer à mon tour, dans la foulée. Cela ne sera pas aussi dramatique mais faisait parti intégrante de mes petits secrets bien gardés.
-Tu sais... Je ne t'ai jamais dit la véritable raison qui m'a poussée à m'insurger contre mes parents la première fois en brûlant leur maison. Ça paraîtrait logique que ce soit à cause de leur maltraitance physique et morale durant mon enfance pour faire de moi une parfaite arme de pouvoir ou même leurs complots pour s'engraisser et gagner en puissance à l'instar d'innocents. Mais la vérité...
Je me pinçai la lèvre inférieure. Je l'avais presque oublié pour ainsi dire. Ce sujet restait encore chaud sous ma main à tel point peut-être que je l'avais viré de ma mémoire. Mais ce soir, je la faisais sortir des tréfonds de mes vestiges.
-J'avais une gouvernante. C’était elle qui s'occupait de moi et qui lavait mes... mes blessures. Elle était gentille, douce et très attentive. Dona ne faisait jamais aucun commentaire mais elle voyait très bien ce qu'il se passait. Elle me récupérait à chaque fois que mes parents me laissaient dans ce puits sans fond qu'ils creusaient quotidiennement dans mon cœur. Pour moi, elle était comme ce petit carré de lumière dans un ciel noir. Elle me coiffait en chantonnant. Elle m'aidait à m'habiller. Elle me lisait des histoires. Elle me souriait toujours avec une douceur qui n'avait d'égal que sa bienveillance. J'étais très attachée à cette femme qui pour moi, se rapprochait davantage d'une mère que d'une servante.
Cela me faisait terriblement étrange de ressentir ce nœud dans ma gorge comme si le fait de citer ce passage de ma vie en faisait ressortir toute la complexité.
-Puis un jour, elle a été retrouvée morte, dis-je le regard en biais plongé dans le vague d'un souvenir déplaisant, jusqu'à ce que j'apprenne ce fameux soir qu'il ne s'agissait pas d'un accident. Comme ils avaient tué mon chien, ils ont assassiné aussi la seule personne en qui je tenais. Mon seul repère dans cette folie démesurée. Ils voulaient que je comprenne, que je m'endurcisse. Ils ont peut-être réussi plus que je ne l'imaginais.
Ce fut pour moi, un coup de grâce qui m'avait fait perdre le contrôle de moi-même dans des flammes dévorantes. Et s'ils s'étaient sortis de cet incendie, des années plus tard je m'étais arrangée pour les lâcher dans l'une des pires prisons de Russie en m'assurant qu'ils souffrent.
-Je n'imagine pas à quel point ces choses ont pu te faire du mal, Irina. Je serai hypocrite de t'avancer le contraire mais ta douleur je la comprends.
Je me resservis un verre pour faire passer cette sensation de vulnérabilité désagréable.
-Mais ce n'est pas tout. En ce moment, je fais des cauchemars d'une petite fille qui me ressemble trait pour trait. Elle m'est aussi apparue dans le miroir juste avant que tu n'arrives comme une sorte d'hallucination. Elle me renvoie mes doutes comme si elle était la représentation même de ma colère. Mon moi de l'époque. Mon moi d'aujourd'hui face à cette frustration.
Je lui montrai ma main pour lui désigner ma blessure en voulant fracasser mon miroir.
-Les événements actuels m'affectent et ouvrent des tréfonds que j'aurais juré avoir jeté dans le néant.
Invité
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Jeu 14 Jan 2021 - 12:18
Le sujet de Greed est suffisamment complexe pour remplir un département entier d’analyse psychiatrique à n’en pas douter. Il suffit de voir à quel point il a fait des pieds et des mains pour ne se faire appeler qu’exclusivement par ce sobriquet et non par son véritable nom. Autant dire qu’arriver à le cerner est loin d’être une chose simple à mettre en pratique et la psychothérapie n’est pas vraiment au programme du bonhomme. Une chose pour lui qu’il eut acquis sa place dans l’Enclave avant moi, sans quoi il est fort probable qu’il n’aurait pas su passer outre mon jugement sans appel en matière de profil. Le Savoir m’avait certes berné, mais un cas comme celui de notre Puissance était sans équivoque. Je le voyais se consumer depuis beaucoup trop d’années maintenant, mais cela m’aurait sauté aux yeux dès notre première rencontre.
Il avait des accents qui ne trompaient pas parfois, caractéristique de l’Europe de l’EST et avait un bon âge pour avoir connu de plein fouet la guerre. Beaucoup de sorciers de ces régions étaient pris pour des juifs en raison du secret qui planait autour d’eux. Il m’est évident depuis un long moment qu’il est ressorti de cette période avec beaucoup de traumatismes, sans vraiment savoir ce qu’il avait dû endurer. Mais une chose était certaine, la nécromancie n’arrangeait vraiment rien à son histoire. Le fait est qu’il sait passer inaperçu et pour moi comme pour Riven, il était évident qu’il continuait de pratiquer pour une raison ou une autre sans nous en faire part et dans la plus grande illégalité. Toutefois, il ne faisait courir aucun risque à personne et jouissais d’un rôle important parmi nous. Il ne fallait juste pas que cela ne se sache. Sans compter que nous n’avions juste aucune preuve et ne pouvions diligenter une enquête sur un autre membre de l’Enclave comme ça.
Pour l’instant hormis des inquiétudes, nous n’avions rien de fonder pour véritablement rester sur son cas ou nous y pencher prochainement, mais seul l’avenir nous donnerait raison ou tort à ce sujet. Aussi gardais-je le silence n’ayant rien d’intéressant à répondre et étant totalement d’accord avec elle.
Les mots qui sortirent de sa bouche en revanche à la suite de notre conversation sur Greed n’étaient que peu engageant. Que pouvait-il y avoir de contraignant ? J’ai vite déchanté. Un procureur zélé avait appris pour Shinji. Cela n’allait vraiment pas. Moi qui pensais qu’en faisant en sorte que Riven règle ça en interne avec moi sans que cela ne se sache, nous allions aller devant le tribunal pour une affaire aussi stupide. Eiko sera dévastée d’avoir généré une telle histoire et de soumettre son petit frère à l’opprobre populaire devant les tribunaux de la Justice en personne. D’ordinaire cela aurait pu être sous-traiter par un juge plus modeste, mais si c’était la grande accusation en personne qui lançait la démarche ce n’était pas bon. Kushiki-san est un acharné qui veut sans l’ombre d’un doute faire de Shinji un exemple et va requérir une peine maximale contre lui auprès de la Justice.
Riven est un volcan inamovible à la fureur destructrice. On ne peut pas éviter le volcan. Il faut que je fasse en sorte de nous équiper pour contourner au maximum ce dernier et arranger le terrain sur lequel il va déverser son magma vengeur.
Je pouvais enfin voir le problème principal. Riven était incapable de faire confiance. Je ne peux pas vraiment la blâmer. Je n’avais qu’à la regarder pour comprendre que nous étions pareil, deux femmes avec des blessures profondes. Quand s’endurcit beaucoup trop, on n’arrive juste plus à faire confiance et à s’ouvrir aux autres. Ma différence singulière vient sans doute de ma profession d’espionne, qui m’imposait de m’ouvrir pour faire preuve d’empathie afin de mieux manipuler les autres. Bien entendu, je ne m’ouvrais pas totalement, mais juste assez pour pouvoir faire confiance à certaine personne et surtout obtenir la confiance des autres.
La vérité était que son enfance avait été aussi épanouissante que la mienne. Non en réalité elle avait été bien pire que la mienne. Bien que ses mauvais châtiments physiques et psychologiques me renvoyassent aux abus sexuels que j’avais subit en France de la part de mon oncle, elle... c’était un véritable enfer. Ses propres parents avaient été ses bourreaux. Ce n’était vraiment une nouveauté dans ce triste monde et en tant que psychiatre j’en avais entendu des choses sur des enfances du même genre que la sienne. Toutefois, cela me retournait toujours d’entendre ce genre d’histoire. Quand j’étais jeune, j’avais trouvé Mathew et j’étais tombé amoureuse de lui, de son charme étranger et nous nous sommes juste totalement trouvés l’un et l’autre si bien qu’une année après j’étais enceinte. Alors que j’ai cru l’avoir perdu lui et nos jumeaux, j’ai porté le deuil de ma vie de mère et ne pouvait dès lors plus supporter de voir des parents infliger tant de souffrance à leurs enfants, moi qui aurais tout donné dans ce monde pour faire revenir près de moi les miens.
Les parents de Riven eux étaient encore pire que ceux que j’avais pu croiser dans des procès pour maltraitance en représentant des enfants en qualité d’experte. Ils avaient été jusqu’à tuer chien et servante pour nuire à leur propre fille. Autant dire que j’avais à cet instant comme une envie de trouver deux lits supplémentaires à mettre à côté de mon époux et de les laisser dans le même état que lui, mais elle leur avait déjà réglé leur compte.
Une chose certaine, c’était que je ne pensais pas que Riven se confirait autant à moi, surtout pas au moins de m’avouer avoir été la victime d’une hallucination quelques instants avant mon arrivée. Elle avait également eu des rêves troublés sur la même thématique. Cela sentait clairement le “retour du refoulé” un mécanisme inconscient qui survient lorsque nos barrières inconscientes nous protégeant d’un événement traumatique refoulé s’effondrent. Je nourrissais alors une grande inquiétude pour mon amie et collègue, mais cela pouvait expliquer la morosité de cette dernière.
C’est alors que je me suis avancée un peu plus pour lui faire face et lui tendre mes mains dans le but de lui montrer ce souvenir que je me suis construit, ce fantasme qui me hante et m’anime depuis que tout s’est enchaîné. Je pouvais lui montrer en joignant nos mains, en détruisant et en construisant en temps réel sa mémoire de travail je pouvais la projeter dans un espace qui ne serait qu’une projection de mon souvenir dans sa mémoire.
Il avait des accents qui ne trompaient pas parfois, caractéristique de l’Europe de l’EST et avait un bon âge pour avoir connu de plein fouet la guerre. Beaucoup de sorciers de ces régions étaient pris pour des juifs en raison du secret qui planait autour d’eux. Il m’est évident depuis un long moment qu’il est ressorti de cette période avec beaucoup de traumatismes, sans vraiment savoir ce qu’il avait dû endurer. Mais une chose était certaine, la nécromancie n’arrangeait vraiment rien à son histoire. Le fait est qu’il sait passer inaperçu et pour moi comme pour Riven, il était évident qu’il continuait de pratiquer pour une raison ou une autre sans nous en faire part et dans la plus grande illégalité. Toutefois, il ne faisait courir aucun risque à personne et jouissais d’un rôle important parmi nous. Il ne fallait juste pas que cela ne se sache. Sans compter que nous n’avions juste aucune preuve et ne pouvions diligenter une enquête sur un autre membre de l’Enclave comme ça.
Pour l’instant hormis des inquiétudes, nous n’avions rien de fonder pour véritablement rester sur son cas ou nous y pencher prochainement, mais seul l’avenir nous donnerait raison ou tort à ce sujet. Aussi gardais-je le silence n’ayant rien d’intéressant à répondre et étant totalement d’accord avec elle.
Les mots qui sortirent de sa bouche en revanche à la suite de notre conversation sur Greed n’étaient que peu engageant. Que pouvait-il y avoir de contraignant ? J’ai vite déchanté. Un procureur zélé avait appris pour Shinji. Cela n’allait vraiment pas. Moi qui pensais qu’en faisant en sorte que Riven règle ça en interne avec moi sans que cela ne se sache, nous allions aller devant le tribunal pour une affaire aussi stupide. Eiko sera dévastée d’avoir généré une telle histoire et de soumettre son petit frère à l’opprobre populaire devant les tribunaux de la Justice en personne. D’ordinaire cela aurait pu être sous-traiter par un juge plus modeste, mais si c’était la grande accusation en personne qui lançait la démarche ce n’était pas bon. Kushiki-san est un acharné qui veut sans l’ombre d’un doute faire de Shinji un exemple et va requérir une peine maximale contre lui auprès de la Justice.
Irina ▬ Si cela doit en être ainsi. Répondis-je sobrement.Mon regard tranchait avec l’aspect vulnérable de ma nudité intégrale dans l’eau de ce bain. Si Kushiki Yuko voulait la guerre il l’aurait. Le grand défenseur représentera Shinji, mais je ne laisserai pas ce procès suivre le cours d’un long fleuve tranquille, c’est hors de question. Il était hors de question que mon subordonné ne soit condamné à un sort terrible et que sa carrière ne s’arrête, je m’y refusais. Riven est juste en toute circonstance, ce qui signifiait que je devais juste consolider la défense avec un grand nombre de circonstances atténuantes pour réduire la sévérité de la peine qui serait de toute façon inévitable. Quand on ne peut éviter une balle, autant la prendre dans un bras plutôt que dans le torse ou la tête.
Riven est un volcan inamovible à la fureur destructrice. On ne peut pas éviter le volcan. Il faut que je fasse en sorte de nous équiper pour contourner au maximum ce dernier et arranger le terrain sur lequel il va déverser son magma vengeur.
Je pouvais enfin voir le problème principal. Riven était incapable de faire confiance. Je ne peux pas vraiment la blâmer. Je n’avais qu’à la regarder pour comprendre que nous étions pareil, deux femmes avec des blessures profondes. Quand s’endurcit beaucoup trop, on n’arrive juste plus à faire confiance et à s’ouvrir aux autres. Ma différence singulière vient sans doute de ma profession d’espionne, qui m’imposait de m’ouvrir pour faire preuve d’empathie afin de mieux manipuler les autres. Bien entendu, je ne m’ouvrais pas totalement, mais juste assez pour pouvoir faire confiance à certaine personne et surtout obtenir la confiance des autres.
Irina ▬ Je peux comprendre ton point de vue. Toutefois, au-delà des avantages que cela présente et qui figurent dans de nombreux livres, cela représentera un avantage stratégique pour l’avenir. Mais je te laisserai en juger par toi-même.Après cela, c’était l’ouverture des grandes vannes de mon âme la déversant sur mon amie sans aucune retenue. Il n’y avait plus de filtres, plus de barrières pour m’arrêter dans ma démarche après son invitation à une totale honnêteté envers elle. Elle m’écouta en silence avant que je ne m’éloigne d’elle doucement et ne me reprenne pour ensuite commencer à m’inviter à lui confier ce que je pouvais bien vouloir pour l’avenir, mais enchaîna elle-même avec des confidences sur sa vie, sans doute pour ne pas trop me forcer à répondre sur le champ.
Pour ce qui est de la demande... enfin, l’exigence de leur chef de territoire. Mes informations vont dans le sens d’un homme au passé trouble. Un Africain de naissance dans une région remplie de conflit et de guerre civile et guérilla diverses depuis des décennies. Une culture traditionnelle forte remplie de shaman et sorciers, don peu semblent être d’authentiques sorciers, mais avec la connaissance des changelins et les chassant encore aujourd’hui pour leur peau. Autant dire que cet homme nourrit une méfiance plus qu’importante envers nous et qu’il désirait un geste pour pouvoir nous faire confiance également. Une peu comme le fait que c’est grâce à des changelins que nous avons découvert que des sorciers s’adonnaient au chimérisme en secret.
Peut-être devrais-tu discuter avec cet homme. Tu sembles avoir un caractère fait pour t’entendre avec lui ahah ah !Eclatais-je de rire.
La vérité était que son enfance avait été aussi épanouissante que la mienne. Non en réalité elle avait été bien pire que la mienne. Bien que ses mauvais châtiments physiques et psychologiques me renvoyassent aux abus sexuels que j’avais subit en France de la part de mon oncle, elle... c’était un véritable enfer. Ses propres parents avaient été ses bourreaux. Ce n’était vraiment une nouveauté dans ce triste monde et en tant que psychiatre j’en avais entendu des choses sur des enfances du même genre que la sienne. Toutefois, cela me retournait toujours d’entendre ce genre d’histoire. Quand j’étais jeune, j’avais trouvé Mathew et j’étais tombé amoureuse de lui, de son charme étranger et nous nous sommes juste totalement trouvés l’un et l’autre si bien qu’une année après j’étais enceinte. Alors que j’ai cru l’avoir perdu lui et nos jumeaux, j’ai porté le deuil de ma vie de mère et ne pouvait dès lors plus supporter de voir des parents infliger tant de souffrance à leurs enfants, moi qui aurais tout donné dans ce monde pour faire revenir près de moi les miens.
Les parents de Riven eux étaient encore pire que ceux que j’avais pu croiser dans des procès pour maltraitance en représentant des enfants en qualité d’experte. Ils avaient été jusqu’à tuer chien et servante pour nuire à leur propre fille. Autant dire que j’avais à cet instant comme une envie de trouver deux lits supplémentaires à mettre à côté de mon époux et de les laisser dans le même état que lui, mais elle leur avait déjà réglé leur compte.
Une chose certaine, c’était que je ne pensais pas que Riven se confirait autant à moi, surtout pas au moins de m’avouer avoir été la victime d’une hallucination quelques instants avant mon arrivée. Elle avait également eu des rêves troublés sur la même thématique. Cela sentait clairement le “retour du refoulé” un mécanisme inconscient qui survient lorsque nos barrières inconscientes nous protégeant d’un événement traumatique refoulé s’effondrent. Je nourrissais alors une grande inquiétude pour mon amie et collègue, mais cela pouvait expliquer la morosité de cette dernière.
Irina ▬ Je ne vais pas te mentir, en tant que professionnelle, je trouve ça inquiétant. Je sais que cela peut être gênant mais... je sais que tu n’iras auprès d’aucun confrère que je pourrais bien te conseiller, mais je pense que tu devrais essayer de parler pour cerner le problème, le profond trouble que tu as sans doute passé ta vie à ignorer, la toi qui ressent les choses. Le stade des hallucinations m’inquiète beaucoup pour tout te dire. Je pense que c’est justement cet effort hors du commun depuis des années, des décennies à nier tout ce que tu peux ressentir, à les envoyer au nant comme tu dis qui au bout d’un moment pèse juste trop lourd sur les épaules de ton inconscient et il te tire la sirène d’alarme.Parler à cœur ouvert de ses problèmes n’est vraiment pas une chose facile pour personne. Encore moins pour une femme comme Riven. Je m’avançai un peu pour pouvoir poser ma main sur la sienne afin qu’elle sache que j’étais là pour elle autant qu’elle semblait l’être pour moi, bien qu’il n’y eût rien à ajouter pour le moment à moins qu’elle ne décide de parler un peu plus.
Irina ▬ Je pense en revanche que tu as raison de dire que quelque part le sort me laisse une chance de me racheter. Non seulement ma Tomoe est en vie, mais mon Mathew aussi ainsi que les jumeaux...Est-ce que j’avais des mots à mettre sur ce que je voulais vraiment ? Pouvais-je seulement être fidèle à ce souhait en le décrivant ?
Il est trop tard pour que je sois la bonne mère qu’il aurait fallu pour mes deux jumeaux qui aujourd’hui sont grands et ont leur propre famille. Mais je peux peut-être essayer de tenir ce rôle pour ma dernière fille... bien que je ne sache pas vraiment si j’aurais cette chance.
Mais pour ce que je désire le plus... au plus profond de moi...
C’est alors que je me suis avancée un peu plus pour lui faire face et lui tendre mes mains dans le but de lui montrer ce souvenir que je me suis construit, ce fantasme qui me hante et m’anime depuis que tout s’est enchaîné. Je pouvais lui montrer en joignant nos mains, en détruisant et en construisant en temps réel sa mémoire de travail je pouvais la projeter dans un espace qui ne serait qu’une projection de mon souvenir dans sa mémoire.
Irina ▬ Donnes-moi tes mains, je vais te montrer.
Etilya sur DK RPG
Invité
Invité
Ven 22 Jan 2021 - 19:58
Elle ne réagissait pas particulièrement à propos de Greed mais je n'avais pas vraiment besoin de son avis pour savoir ce qu'elle en pensait en tant que professionnelle. Toutefois, je songeais que ma cours allait se transformer en une arène de gladiateurs donnant dans des assauts verbaux très musclés. Son regard suffisait à lui seul pour habiller de nouveau son humeur de celle qui se rapprochait de son quotidien : terrible. Je supposais qu'elle ferait tout ce qui est à sa portée pour consolider les rangs de la défense. Elle avait plusieurs cartes à sa disposition et je ne m'inquiétais pas réellement sur ses possibilités. Finalement ce qui lui poserait davantage problème restait bien que ce moi qui mène la danse. Si cette séance avait été jouée par un autre juge, il était certain que la partie serait gagnée d'avance. Malheureusement pour ce brave sorcier, l'accusation qui serait mise en travers de sa route était féroce. J'étais plutôt enchantée de travailler avec ce Kushiki-san mais son travail extraordinaire ne jouerait pas en faveur de ma collègue sur ce point et ma propre direction non plus bien que je resterai impartiale. Je ne ferai pas dans la dentelle mais je ne ferai pas dans l'excès pour autant.
-Dis-moi. Pourquoi tiens-tu tant à préserver cette sentinelle ?
Un autre détail qui m'échappait d'autant plus qu'elle s'était révélée exécrable en se pointant dans mon bureau avec une vulgarité détestable en plus. Pourquoi en faire tout un tas sérieusement ? J'avais du mal à saisir. Dans tous les cas, j'écoutais attentivement son opinion sur la question des changelins. Irina avait l'air très sûr d'elle sur la question du rituel et de ses avantages. Peut-être parce que l'homme qui incarnait le Sage de leur conseil était son amant perdu et retrouvé. Son jugement était influencé, je ne pouvais pas m'empêcher de le notifier mais me gardait bien d'en faire un commentaire. Comme elle le disait, je constaterai par moi-même sur la durée. Pourtant, j'avais la sensation que ses sentiments qui débordaient ces derniers temps avaient leur effet sur les réflexions de ma compatriote russe. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Enfin vous me direz, rien ne se passait correctement en ce moment et on ne pouvait pas vraiment juger de la situation en trouvant la Justice et le Secret nues toutes les deux dans un bain en train de tergiverser sur leurs états d'âme.
Mais son discours me fit dresser l'oreille avec attention. Je me passerai de sentiments concernant son passé parce que cela me dépassait d'assez loin mais le fait est que son berceau d'origine connaissait encore une chasse aux changelins ne me laissait pas totalement indifférente. Il ne nous faisait pas confiance et avait besoin d'une preuve. Je ne pouvais décemment que comprendre cette réaction et ce caprice finalement. J'affichais cependant une moue faussement vexée à l'égard de mon invitée alors qu'elle se moquait légèrement de moi selon nos caractères proches sur la question de confiance, certainement.
-Je saisis mieux. Il n'empêche que je laisse ce travail épineux à la Sagesse, il se débrouille bien mieux que moi pour ce qui est de... négocier la confiance des autres.
Enfin, ce rire fut de courte durée lorsque vous connaissiez la suite de cette conversation. Nous avions donc échangé nos tréfonds respectifs bien qu'Irina avait davantage pris soin de récurer ses blessures. Je fus étrangement soulagée malgré tout de m'être déchargée de cette confession. Je sentais que ma partenaire bouillait intérieurement à tel point que sa colère latente donnait Finalement au delà de mon passif, c'était davantage ma stabilité mentale qui venait creuser des inquiétudes dans mon esprit. A vrai dire, son verdict fut immédiat : cela restait bien une manifestation inquiétante de ce que je cherche à enterrer profondément depuis ma naissance. Des sentiments. Je pourrais presque en vomir rien qu'en prononçant ce mot, comme si mon corps même réfutait totalement cette possibilité. Il allait d'ailleurs de soi que je ne laisserai aucun confrère me triturer les méninges. Hors de question.
-Comment est-ce seulement possible ? Pourquoi maintenant ? Et puis, dis-moi comment suis-je sensée ressentir quelque chose au juste ? Je ne sais même pas ce que c'est ni même interpréter tout ce... Bazar. La seule chose dont je suis sûre, c'est de ressentir une colère monstre qui tend à vouloir s'exprimer à travers cette espèce de manifestation de moi enfant, qui me pousse à mépriser et fumer le monde entier. Je ne suis pas encore au stade de Greed évidemment mais je crains que cela ne vienne me parasiter sévèrement.
Ou pire. Exploser, commettre un acte irréparable ou déraisonné. J'avais des difficultés à me remettre dans le droit chemin, en témoignait cette entrevue plus que surprenante. Ma détresse était désormais sortie de son berceau et partagée. Je suivais ensuite du regard la main bienveillante d'Irina se poser sur la mienne. Est-ce qu'elle ne pouvait pas seulement extraire cette rage tourbillonnante et la supprimer pour de bon ? Mais pour cela, il faudrait effacer tout mon passé. En avais-je seulement envie ? Malgré tout, j'étais parvenue à me hisser au sommet grâce ou par disgrâce, à mes parents. Je n'en avais pas particulièrement souffert par la suite puisque mon objectif portait les flammes de ma volonté. Mais désormais, la volonté se faisait plus maigre et les nageoires de mes séquelles se mettaient à pousser pour venir me narguer.
Je reprenais malgré tout le fil de la conversation concernant l'histoire cachée du Secret. « Ma Tomoe », « Mon Mathew »... Evidemment qu'elle ne devait pas laisser passer cette opportunité, ce serait presque du gâchis si elle ne s'en saisissait pas sauf si elle décidait de maintenir le cap sur son devoir et rien que son devoir. Mais je sentais que ses envies avaient progressé dans une autre direction. En réponse, je lui saisissais donc avec un instant d'hésitation les mains qu'elle me tendait. Je n'avais jamais fait cette expérience, à vrai dire, je n'étais pas bien sereine. Cela pouvait aisément se deviner à mon froncement de sourcils dubitatif. Je devinais bien son intention de me montrer directement son souhait certes mais, ma réserve naturelle se faisait bien présente. Allez détends-toi Riven, il ne s'agit pas de toi là. Je pris donc une inspiration pour signer mon accord.
-Je suis prête.
-Dis-moi. Pourquoi tiens-tu tant à préserver cette sentinelle ?
Un autre détail qui m'échappait d'autant plus qu'elle s'était révélée exécrable en se pointant dans mon bureau avec une vulgarité détestable en plus. Pourquoi en faire tout un tas sérieusement ? J'avais du mal à saisir. Dans tous les cas, j'écoutais attentivement son opinion sur la question des changelins. Irina avait l'air très sûr d'elle sur la question du rituel et de ses avantages. Peut-être parce que l'homme qui incarnait le Sage de leur conseil était son amant perdu et retrouvé. Son jugement était influencé, je ne pouvais pas m'empêcher de le notifier mais me gardait bien d'en faire un commentaire. Comme elle le disait, je constaterai par moi-même sur la durée. Pourtant, j'avais la sensation que ses sentiments qui débordaient ces derniers temps avaient leur effet sur les réflexions de ma compatriote russe. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Enfin vous me direz, rien ne se passait correctement en ce moment et on ne pouvait pas vraiment juger de la situation en trouvant la Justice et le Secret nues toutes les deux dans un bain en train de tergiverser sur leurs états d'âme.
Mais son discours me fit dresser l'oreille avec attention. Je me passerai de sentiments concernant son passé parce que cela me dépassait d'assez loin mais le fait est que son berceau d'origine connaissait encore une chasse aux changelins ne me laissait pas totalement indifférente. Il ne nous faisait pas confiance et avait besoin d'une preuve. Je ne pouvais décemment que comprendre cette réaction et ce caprice finalement. J'affichais cependant une moue faussement vexée à l'égard de mon invitée alors qu'elle se moquait légèrement de moi selon nos caractères proches sur la question de confiance, certainement.
-Je saisis mieux. Il n'empêche que je laisse ce travail épineux à la Sagesse, il se débrouille bien mieux que moi pour ce qui est de... négocier la confiance des autres.
Enfin, ce rire fut de courte durée lorsque vous connaissiez la suite de cette conversation. Nous avions donc échangé nos tréfonds respectifs bien qu'Irina avait davantage pris soin de récurer ses blessures. Je fus étrangement soulagée malgré tout de m'être déchargée de cette confession. Je sentais que ma partenaire bouillait intérieurement à tel point que sa colère latente donnait Finalement au delà de mon passif, c'était davantage ma stabilité mentale qui venait creuser des inquiétudes dans mon esprit. A vrai dire, son verdict fut immédiat : cela restait bien une manifestation inquiétante de ce que je cherche à enterrer profondément depuis ma naissance. Des sentiments. Je pourrais presque en vomir rien qu'en prononçant ce mot, comme si mon corps même réfutait totalement cette possibilité. Il allait d'ailleurs de soi que je ne laisserai aucun confrère me triturer les méninges. Hors de question.
-Comment est-ce seulement possible ? Pourquoi maintenant ? Et puis, dis-moi comment suis-je sensée ressentir quelque chose au juste ? Je ne sais même pas ce que c'est ni même interpréter tout ce... Bazar. La seule chose dont je suis sûre, c'est de ressentir une colère monstre qui tend à vouloir s'exprimer à travers cette espèce de manifestation de moi enfant, qui me pousse à mépriser et fumer le monde entier. Je ne suis pas encore au stade de Greed évidemment mais je crains que cela ne vienne me parasiter sévèrement.
Ou pire. Exploser, commettre un acte irréparable ou déraisonné. J'avais des difficultés à me remettre dans le droit chemin, en témoignait cette entrevue plus que surprenante. Ma détresse était désormais sortie de son berceau et partagée. Je suivais ensuite du regard la main bienveillante d'Irina se poser sur la mienne. Est-ce qu'elle ne pouvait pas seulement extraire cette rage tourbillonnante et la supprimer pour de bon ? Mais pour cela, il faudrait effacer tout mon passé. En avais-je seulement envie ? Malgré tout, j'étais parvenue à me hisser au sommet grâce ou par disgrâce, à mes parents. Je n'en avais pas particulièrement souffert par la suite puisque mon objectif portait les flammes de ma volonté. Mais désormais, la volonté se faisait plus maigre et les nageoires de mes séquelles se mettaient à pousser pour venir me narguer.
Je reprenais malgré tout le fil de la conversation concernant l'histoire cachée du Secret. « Ma Tomoe », « Mon Mathew »... Evidemment qu'elle ne devait pas laisser passer cette opportunité, ce serait presque du gâchis si elle ne s'en saisissait pas sauf si elle décidait de maintenir le cap sur son devoir et rien que son devoir. Mais je sentais que ses envies avaient progressé dans une autre direction. En réponse, je lui saisissais donc avec un instant d'hésitation les mains qu'elle me tendait. Je n'avais jamais fait cette expérience, à vrai dire, je n'étais pas bien sereine. Cela pouvait aisément se deviner à mon froncement de sourcils dubitatif. Je devinais bien son intention de me montrer directement son souhait certes mais, ma réserve naturelle se faisait bien présente. Allez détends-toi Riven, il ne s'agit pas de toi là. Je pris donc une inspiration pour signer mon accord.
-Je suis prête.
Invité
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Sam 23 Jan 2021 - 13:33
Nous étions toutes les deux nues dans un bain, prises au piège de la chaleur enveloppante qui nous déliait le corps et la langue. Les secrets coulaient à l’extérieur de nous comme l’eau sur notre peau le faisait pour rejoindre la masse.
Pourquoi je préservais en particulier Tsukishima-kun ? La question était aussi soudaine que surprenante. Mais elle n’était pas injustifiée, loin de là. J’ai formé sa grande sœur et j’ai appris à le connaître encore très jeune au travers de ce qu’elle pouvait bien me raconter de lui. Quand il a suivi la même voie qu’elle, c’était alors un jeune homme taillé pour ce métier et doté d’un sens de l’analyse vraiment exceptionnel et digne de son héritage. Passionné d’antiquités, c’était de loin une passion qui faisait office d’un entrainement analytique plus qu’appréciable.
Je pouvais presque sentir la pensée véritable de Riven sans même lire en elle à ce moment-là où je lui expliquais mon point de vue sur l’alliance avec les changelins. Je lisais entre les lignes complexe de son visage que je connaissais bien pour retirer des informations. C’était là l’expérience qui s’exprimait à travers moi.
Je ne dirais pas que j’étais amusé par la façon dont avait réagi Riven, car ce n’était pas vraiment un sujet dont on pouvait rire. C’était au contraire bien sérieux son problème. Elle en était venue à se convaincre elle-même qu’elle ne ressentait absolument rien et n’avait aucun sentiment, mais elle était bien loin de ce profil pathologique. Il y avait quelque chose de réconfortant en réalité à la voir aussi humaine pour une fois. Mais elle ne voyait cela que comme une faiblesse doit-il fallait qu’elle se débarrasse. Je savais qu’elle ne verrait aucun professionnel de la santé de l’esprit, c’était évident qu’elle verrait cela comme un coup de grâce fait pour l’achever et qu’elle préférerait encore quitter son poste que d’admettre qu’elle a un problème mental. Il fallait que je la rassure pour qu’elle daigne au moins s’adresser à moi. Je pourrais alors être sa psy... son amie surtout, mais je ne pouvais pas la laisser se détruire.
Je l’attrapais par la main.
Elle était prête me répondit-elle doucement. Je posais alors mes mains dans les siennes afin de lui montrer le tourment de mes sentiments et ma volonté la plus forte depuis plusieurs semaines. D’une voix forme et ferme, j’incantais mon sortilège inscrivant dans mon regard une lueur verdâtre avant que tout ne se déconstruise autour de nous. C’était comme retirer la texture du monde perçu par nos yeux, mais ce n’était là que le traitement immédiat de l’information dans la mémoire de travail qui était attaqué par ma volonté.
Je me concentrais ensuite sur ma pensé, mon souvenir, mon fantasme le plus cher à mon cœur et qui l’enserrait dans un étau à chaque fois que je m’y aventurais. C’était là une maison de campagne isolée, chaleureuse, à la russe. Un souvenir qui s’est construit avec les rares étant doux de mon enfance. Cette maison, c’était celle de ma Babushka, celle qui était mariée à Rasputin le grand. Une petite maison de ferme bien tranquille à l’ancienne et loin de tout. Le cadre parfait pour vivre en toute tranquillité sans avoir à se soucier des problèmes du monde entier et de leur impact.
J’arrivais là, tenant la main de ma fille, ma chère Tomoe. Les larmes dans les yeux de chacune à l’idée de nous installer ensemble dans cette maison. Laissant nos affaires pour une douce étreinte mère fille dans un très grand lit semblant s’éterniser et dilater le temps lui-même pour que jamais plus rien ne puisse se glisser entre nous et nous séparer. Plus qu’un souhait c’était une sorte de promesse que je me faisais à moi-même dans ce fantasme.
Puis, dans ce rêve, arrivait Mathew, toujours avec le sourire et illuminant le visage de Tomoe qui l’appréciait beaucoup en tant que professeur, mais l’acceptait aussi totalement comme une partie de ma vie. Avec son allure de gentleman anglais, malgré son âge, il faisait parfaitement vaillant et avait tout d’un beau-père idéal et aimant envers elle. Je nous voyais et montrait à Riven quelle vie ordinaire et quotidienne nous pouvions avoir, bercée d’un amour familial comblant chacun de ses membres.
Nous nous réunissions pour accueillir Marcus, Alysson et leur famille à tous les deux. Je faisais la rencontre de mes enfants, de mes petits enfant et Tomoe de ses demi-frère et sœur ainsi que de ses neveux et nièces. Nous formions une grande famille unie dans notre amour partagé et nos retrouvailles inespérées. Rien ne pouvait venir entacher ce fantasme... ou presque...
Tout comme nous l’avions fait pour venir ici Riven et moi, le décor commença à s’effriter, les visages à disparaître, les corps à se fendre et à tomber en poussière et être emporter dans le néant avant que nous ne soyons elle et moi projeter à nouveau dans la réalité de l’instant présent. Ce n’était qu’une belle idée que je me suis construit moi-même pour l’instant, un souhait que je faisais pour l’avenir, un rêve qui me faisait me réveiller en sueur et hurler de tristesse.
Pourquoi je préservais en particulier Tsukishima-kun ? La question était aussi soudaine que surprenante. Mais elle n’était pas injustifiée, loin de là. J’ai formé sa grande sœur et j’ai appris à le connaître encore très jeune au travers de ce qu’elle pouvait bien me raconter de lui. Quand il a suivi la même voie qu’elle, c’était alors un jeune homme taillé pour ce métier et doté d’un sens de l’analyse vraiment exceptionnel et digne de son héritage. Passionné d’antiquités, c’était de loin une passion qui faisait office d’un entrainement analytique plus qu’appréciable.
Irina ▬ Il est jeune et a fait des erreurs de gamin. Mais c’est un sorcier talentueux et brillant. Une sentinelle dont je sens un rare potentiel d’être le meilleur de tous lors qu’il aura pris de l’expérience. Il pourrait être un jour amené à être un excellent Secret dans son genre. Ce serait plus que dommage de laisser tomber dans l’oubli un talent aussi prometteur.Je ne suis pas de ceux qui acceptent docilement un gâchis éhonté de ressources précieuses. Si je pouvais réparer un peu mon excès de zèle et mon échec à effacer la mémoire de miss O’Brien en lui évitant le pire alors ce serait une tâche à laquelle j’acceptai de m’employer avec plaisir.
Je pouvais presque sentir la pensée véritable de Riven sans même lire en elle à ce moment-là où je lui expliquais mon point de vue sur l’alliance avec les changelins. Je lisais entre les lignes complexe de son visage que je connaissais bien pour retirer des informations. C’était là l’expérience qui s’exprimait à travers moi.
Irina ▬ Disons en tout cas pour clore ce sujet que si de nombreux sorcier arrivent à faire un pacte avec un changelin, nous serons plus sereins. Je ne pense pas être affectée par mes sentiments pour Mathew à ce sujet... Je pense que stratégiquement ne pas pouvoir être mortellement touché par une attaque tant que l’autre est en vie est un avantage non négligeable. Toi qui te prépares au pire et veux plus d’action devrais en saisir l’avantage à mon sens.Je lui lançais un sourire un peu taquin tout en sachant qu’elle le prendrait bien. De toute façon, nous étions là l’une en face de l’autre pour se parler avec la plus grande des honnêtetés.
Je ne dirais pas que j’étais amusé par la façon dont avait réagi Riven, car ce n’était pas vraiment un sujet dont on pouvait rire. C’était au contraire bien sérieux son problème. Elle en était venue à se convaincre elle-même qu’elle ne ressentait absolument rien et n’avait aucun sentiment, mais elle était bien loin de ce profil pathologique. Il y avait quelque chose de réconfortant en réalité à la voir aussi humaine pour une fois. Mais elle ne voyait cela que comme une faiblesse doit-il fallait qu’elle se débarrasse. Je savais qu’elle ne verrait aucun professionnel de la santé de l’esprit, c’était évident qu’elle verrait cela comme un coup de grâce fait pour l’achever et qu’elle préférerait encore quitter son poste que d’admettre qu’elle a un problème mental. Il fallait que je la rassure pour qu’elle daigne au moins s’adresser à moi. Je pourrais alors être sa psy... son amie surtout, mais je ne pouvais pas la laisser se détruire.
Je l’attrapais par la main.
Irina ▬ Et tu ne seras jamais au stade de Greed je te le promets. Mais il faut que tu m’aides à t’aider alors. S’il te plaît. Tout le monde a des problèmes un jour ou l’autre. C’est notre faculté à accepter qui nous sommes, ce que nous sommes et à affronter nos démons qui nous définit.Assurément le cas de mon amie n’était des plus graves et cela était en réalité très courant. Les hallucinations étaient certes inquiétantes, mais avec un travail approprié sur elle-même, ce n’était peut-être que l’affaire de quelques mois d’une bonne thérapie pour s’accepter elle-même. J’avais le doigt sur l’événement traumatique qui l’a défini toute sa vie. En réalité il ne suffisait qu’à arriver à faire en sorte qu’elle évacue et accepte tout ça. Il ne resterait qu’à trouver comment, ce qui allait me prendre du temps.
Tu t’es forgé l’idée que tu ne ressentais rien du tout, mais c’est faux. Ce qui te poursuit c’est tout une partie de toi que tu as décidé de refouler de façon consciente. Pendant des années ton inconscient a décidé de suivre la danse jusqu’à ce que ce soit trop lourd à porter pour lui. Mais si tu me laisses t’aider Riv... je peux t’aider à accepter tout ça, cette partie de toi que tu refoules... il faut que tu m’aides à te faire avancer et à te soigner... mais il faut que tu acceptes l’idée que tu n’es peut-être pas la femme dénuée de sentiment que tu voudrais être. Il faut que tu sortes de ton déni de sentiment.
Elle était prête me répondit-elle doucement. Je posais alors mes mains dans les siennes afin de lui montrer le tourment de mes sentiments et ma volonté la plus forte depuis plusieurs semaines. D’une voix forme et ferme, j’incantais mon sortilège inscrivant dans mon regard une lueur verdâtre avant que tout ne se déconstruise autour de nous. C’était comme retirer la texture du monde perçu par nos yeux, mais ce n’était là que le traitement immédiat de l’information dans la mémoire de travail qui était attaqué par ma volonté.
Je me concentrais ensuite sur ma pensé, mon souvenir, mon fantasme le plus cher à mon cœur et qui l’enserrait dans un étau à chaque fois que je m’y aventurais. C’était là une maison de campagne isolée, chaleureuse, à la russe. Un souvenir qui s’est construit avec les rares étant doux de mon enfance. Cette maison, c’était celle de ma Babushka, celle qui était mariée à Rasputin le grand. Une petite maison de ferme bien tranquille à l’ancienne et loin de tout. Le cadre parfait pour vivre en toute tranquillité sans avoir à se soucier des problèmes du monde entier et de leur impact.
J’arrivais là, tenant la main de ma fille, ma chère Tomoe. Les larmes dans les yeux de chacune à l’idée de nous installer ensemble dans cette maison. Laissant nos affaires pour une douce étreinte mère fille dans un très grand lit semblant s’éterniser et dilater le temps lui-même pour que jamais plus rien ne puisse se glisser entre nous et nous séparer. Plus qu’un souhait c’était une sorte de promesse que je me faisais à moi-même dans ce fantasme.
Puis, dans ce rêve, arrivait Mathew, toujours avec le sourire et illuminant le visage de Tomoe qui l’appréciait beaucoup en tant que professeur, mais l’acceptait aussi totalement comme une partie de ma vie. Avec son allure de gentleman anglais, malgré son âge, il faisait parfaitement vaillant et avait tout d’un beau-père idéal et aimant envers elle. Je nous voyais et montrait à Riven quelle vie ordinaire et quotidienne nous pouvions avoir, bercée d’un amour familial comblant chacun de ses membres.
Nous nous réunissions pour accueillir Marcus, Alysson et leur famille à tous les deux. Je faisais la rencontre de mes enfants, de mes petits enfant et Tomoe de ses demi-frère et sœur ainsi que de ses neveux et nièces. Nous formions une grande famille unie dans notre amour partagé et nos retrouvailles inespérées. Rien ne pouvait venir entacher ce fantasme... ou presque...
Tout comme nous l’avions fait pour venir ici Riven et moi, le décor commença à s’effriter, les visages à disparaître, les corps à se fendre et à tomber en poussière et être emporter dans le néant avant que nous ne soyons elle et moi projeter à nouveau dans la réalité de l’instant présent. Ce n’était qu’une belle idée que je me suis construit moi-même pour l’instant, un souhait que je faisais pour l’avenir, un rêve qui me faisait me réveiller en sueur et hurler de tristesse.
Etilya sur DK RPG
Invité
Invité
Jeu 28 Jan 2021 - 15:33
Il était vrai qu'Irina tenait particulièrement à dorer le talent de ceux qu'elle estimait à la hauteur et promis à un avenir brillant. Pour autant, même si je savais reconnaître le potentiel d'un tiers, cela ne le préservait pas de mes foudres et des excuses de jeunesse encore moins. Il nous mettait en danger. Je demeurais donc toujours aussi tranchée sur mon opinion mais encore une fois, je me cantonnais aux faits et conséquences plutôt que le profil de mon futur « candidat ». Toutefois, j'en convenais : cela serait forcément du gâchis mais le talent ne protégeait en rien des lois dans mon œil.
Néanmoins il était certain que ma favorite qu'elle incarnait dans son genre, pouvait décemment lire dans mon esprit sans même y jeter un sort. Elle connaissait assez le cheminement de mes pensées pour les deviner en y ajoutant également son expertise de fine psychologue. Je n'avais pas tant besoin de parler pour me faire comprendre et ce fut donc sans grand étonnement qu'elle rebondit sur la problématique des changelins pour clore le thème. Je me contentais donc de hocher la tête très lentement et j'en arrivais à la conclusion que je verrais ce que cela pourrait donner à l'avenir. La notion de rituel bien que j'en comprenais l'utilité, nécessitait des conditions bien particulières qui m'irritaient. Confiance. Loyauté. Attache. Autant de choses qui me laissaient évidemment dubitative. Elle ponctuait ainsi mon besoin d'action et d'initiative dans un sourire amusé comme si cette expérience pouvait m'être bénéfique pour combler ce manque. Bah ! Même en soumettant cette hypothèse, il m'était hors de question que je me trimballe une larve. Mais est-ce que l'un d'entre eux serait susceptible de satisfaire mon ardeur en gagnant mon intérêt ? Cela ne se ferait sûrement pas de la veille au matin. J'avais déjà bien assez de mal avec mes propres congénères.
En tout cas, je ne devais pas avoir très fière allure par rapport à la possibilité que ce que j'avais pris soin d'asphyxier au fond de moi-même tendait à me déstabiliser autant que cela pouvait me mettre en colère. Je n'avais qu'une envie : glisser ma main dans mes entrailles pour arracher cette boule noire qui représentait cette vulnérabilité et l'arracher à main nue. Si ce problème était seulement physique, je me serai déjà exécutée sans l'ombre d'une hésitation. L'inconvénient avec cette séquelle, était qu'elle ne se traitait pas de cette manière.
D'un geste doux, la sorcière en face de moi, méconnaissable dans ses actions de ce soir, attrapait ma main gentiment pour me rassurer et surtout, je le devinais assez pour la connaître aussi, m'inciter à m'exprimer plutôt que de me débattre comme une furie au point de craquer. A ces propos pourtant, je baissais les yeux sur cette main. Il m'était difficile, cruellement difficile, d'accorder de l'envergure à son discours tant il me renvoyait une image dont je ne voulais pas, que j'aurais voulu déchirer à coup de griffes, que j'aurai désiré brûler intensément. La première étape était d'admettre pour alléger le poids de ce tort qui me mangeait le ventre. Cela me faisait l'effet de milliers de vers qui me dévoraient les intestins tant l'aveu me paraissait insurmontable à formuler de ma bouche.
-Comment... Lutter... Non, accepter ? Je ne sais pas. Qu'est ce qu'il va m'arriver si j'accepte ? Comment suis-je sensée soigner ce... Cette faiblesse ?
Je fus pris d'un léger tremblement des mains bien que je ne saurai décrire si cette manifestation était de la rage... Ou de la crainte. Une crainte viscérale. Une crainte qui me scindait en deux opinions respectives : accepter ou partir avec mes démons. Quitter cette Enclave. Ce tribunal. Cette ville. Tout. Partir plus loin et m'enfoncer davantage dans ce déni rassurant. Mais combien de temps je tiendrai encore avant la tempête ? Avant de céder à des tensions nerveuses au point de dépasser les limites ?
-J'ai déjà songé à partir mais... Je suis divisée. Je ne me sens plus de poursuivre dans ces conditions avec ces décisions désastreuses, ma frustration intense et toutes ces choses qui m'envahissent le jour et la nuit. Je ne vois plus mon utilité mais je ne me vois pas pour autant abandonner. Si je pars en pleine crise, ce serait un échec. Il en va de mon honneur, mon devoir et de ma communauté. Aussi imparfait cela paraît-il, il s'agit d'un semblant de famille, pour ainsi dire.
Je disais tout cela en chuchotant vraiment tout bas comme si une épée risquait de me trancher la gorge pour tenir de tels propos. Mais je le pensais, au fond de moi, même si je n'en disais rien. Je n'avais pas eu de proches. La communauté des sorciers dessinait donc en quelque sorte les rebords de mon appartenance à un groupe que je devais protéger, un peu comme le ferait un membre d'une même famille. Et comme dans tous groupes, il y avait des discordes et des opinions différentes qui amenaient à des confrontations mais toujours dans l'optique de préserver nos rangs.
Ce fut sur cette note surprenante qu'Irina décidait d'initier son sortilège dans un éclat verdâtre au fond de ses yeux. L'environnement semblait s'étirer comme si une main venait attraper la toile lisse qui composait le décor avant de le lever tel un rideau sur une autre scène bien différente. Quelle sensation étrange. Je m'adonnais pour la première fois à ce type d'expériences, la laissant m'emmener loin dans son illusion parfaite. Toutefois, je notais que cette force magique était admirablement terrible de réalisme et si dangereuse lorsqu'elle devait l'utiliser à d'autres fins. Évidemment, la magie qui touchait au psychisme demeurait toujours d'une violence inouïe pour ceux qui la maniaient à la perfection selon les objectifs. Cela me faisait bizarre de permettre ainsi à ma collègue de totalement modifier mes perceptions mais sincèrement, l'aventure en valait bien la peine tant sur le plan de la curiosité, professionnelle et personnelle.
Je fis donc pivoter ma nuque vers cette histoire illusoire qu'elle avait confectionné par ses soins. Son souhait. Son désir le plus profond. Son envie la plus destructrice. Son rêve autant que sa hantise.
Une scène qui s'habillait d'une maison de campagne à la russe, sans aucune prétention. Un décor paisible et serein au milieu des herbes fraîches, isolé du reste du monde et de ses tourments. Puis la silhouette d'Irina apparaissait dans ce cadre idyllique en compagnie d'une jeune fille qui lui tenait la main. Elles avaient l'air heureux et enjoué en se dirigeant vers leur maison. Au même rythme, un peu comme le déroule d'un film, je pouvais les suivre dans leur marche jusqu'à ce qu'elles atteignent une chambre pour se déposer toutes les deux dans un grand lit pendant un temps. Dans cette vision, je sentais le souhait qui transpirait de mon amie, celui d'une attache paisible et éternelle sans autre importance que cette illusion qui défilait devant mes prunelles ternes. Par la suite, le fameux John Smith fit son entrée dans une attitude bienveillante et douce sur son costume digne d'un cliché britannique mais rassurant tout à la fois.
Puis ils s'esquivaient par la suite dans la pièce principale pour accueillir ce que je devinais être un autre morceau de son existence. Ils parlaient tous, riaient, se bousculaient, s'enlaçaient dans une insouciance baignée de lumière et d'affection. Tout à coup, je sentais comme une main appuyée sur ma gorge, si fort, que je ne comprenais pas immédiatement d'où me venait cette sensation qui me semblait si étrangère et pourtant si méchamment proche à la fois. Je revis dans un coin de ma tête, la silhouette paisible et calme de mon ancienne gouvernante me souriant doucement comme elle en avait toujours l'habitude. Un souvenir que je chassais excessivement vite afin qu'il ne m'envahisse pas pour me recentrer sur la blessure ouverte d'Irina. Je ne l'avais pas réalisé tout de suite mais je devinais que cette tristesse infinie et bien palpable était sûrement l'effet de ce sort qui glissait sur mon propre conscient comme une ombre insidieuse. Je recevais seulement une petite partie éprouvée par son être tout entier avant que cette chimère ne tombe en lambeaux et se faire avaler par la faïence de ma salle de bain.
Le silence reprenait sa place si ce n'était les légers clapotis qui murmuraient dans ce bain. La brume épaisse commençait à s'effacer, me laissant davantage entrevoir la mine livide et fracturée de cette femme. Mes paupières se plissèrent alors puis sans un mot, je me redressais pour poser mes fesses sur mes talons dans l'optique de nous resservir silencieusement. Tout en déversant la boisson, je me prononçais enfin, calmement.
-Ce n'est pas impossible Irina.
Son devoir l'avait sectionné de cette possibilité quand bien même elle avait choisi cet itinéraire et que personne n'avait effectué cette décision pour elle, elle en souffrait. Cependant, elle n'avait pas besoin qu'on le lui rappelle. Elle le savait amplement. Mais ses aspirations avaient fini par se modifier à cause de ce choc. Cet impact qui portait le nom de sa fille, de John Smith et de ses jumeaux. Irina s'était trouvée terrassée, rattrapée, aspirée dans cette tourmente que d'avoir loupé ce train de vie. Ce rêve était d'un basique, d'une banalité sans nom, d'un ordinaire affligeant. Mais il lui avait été retiré parce que les moments ordinaires ne nous étaient pas véritablement permis dans la dimension de nos ambitions. Alors je comprenais. Je la comprenais. Je voyais où elle souhaitait en venir désespérément dans ses songes.
-Tu as le droit. Tu peux modifier la direction de cette ligne que tu t'es évertuée à tracer jusque-là. Cela prendra sûrement du temps, de la patience et de l'énergie oui.
Il faudrait recoller les morceaux, qu'ils apprennent à se reconnaître, s'accepter, se contourner pour apprendre à s'identifier, se connaître et partager leur existence. Si cela paraissait insurmontable d'emblée, il fallait au moins...
-Saisis ta chance. Tu as cette opportunité alors, ne la néglige pas.
Un léger éclat vint naître dans mes pupilles azures.
-Je serai derrière toi.
Je n'avais pas grand chose à offrir dans la vie, si ce n'était mon soutien quand je l'avais décidé ainsi.
Néanmoins il était certain que ma favorite qu'elle incarnait dans son genre, pouvait décemment lire dans mon esprit sans même y jeter un sort. Elle connaissait assez le cheminement de mes pensées pour les deviner en y ajoutant également son expertise de fine psychologue. Je n'avais pas tant besoin de parler pour me faire comprendre et ce fut donc sans grand étonnement qu'elle rebondit sur la problématique des changelins pour clore le thème. Je me contentais donc de hocher la tête très lentement et j'en arrivais à la conclusion que je verrais ce que cela pourrait donner à l'avenir. La notion de rituel bien que j'en comprenais l'utilité, nécessitait des conditions bien particulières qui m'irritaient. Confiance. Loyauté. Attache. Autant de choses qui me laissaient évidemment dubitative. Elle ponctuait ainsi mon besoin d'action et d'initiative dans un sourire amusé comme si cette expérience pouvait m'être bénéfique pour combler ce manque. Bah ! Même en soumettant cette hypothèse, il m'était hors de question que je me trimballe une larve. Mais est-ce que l'un d'entre eux serait susceptible de satisfaire mon ardeur en gagnant mon intérêt ? Cela ne se ferait sûrement pas de la veille au matin. J'avais déjà bien assez de mal avec mes propres congénères.
En tout cas, je ne devais pas avoir très fière allure par rapport à la possibilité que ce que j'avais pris soin d'asphyxier au fond de moi-même tendait à me déstabiliser autant que cela pouvait me mettre en colère. Je n'avais qu'une envie : glisser ma main dans mes entrailles pour arracher cette boule noire qui représentait cette vulnérabilité et l'arracher à main nue. Si ce problème était seulement physique, je me serai déjà exécutée sans l'ombre d'une hésitation. L'inconvénient avec cette séquelle, était qu'elle ne se traitait pas de cette manière.
D'un geste doux, la sorcière en face de moi, méconnaissable dans ses actions de ce soir, attrapait ma main gentiment pour me rassurer et surtout, je le devinais assez pour la connaître aussi, m'inciter à m'exprimer plutôt que de me débattre comme une furie au point de craquer. A ces propos pourtant, je baissais les yeux sur cette main. Il m'était difficile, cruellement difficile, d'accorder de l'envergure à son discours tant il me renvoyait une image dont je ne voulais pas, que j'aurais voulu déchirer à coup de griffes, que j'aurai désiré brûler intensément. La première étape était d'admettre pour alléger le poids de ce tort qui me mangeait le ventre. Cela me faisait l'effet de milliers de vers qui me dévoraient les intestins tant l'aveu me paraissait insurmontable à formuler de ma bouche.
-Comment... Lutter... Non, accepter ? Je ne sais pas. Qu'est ce qu'il va m'arriver si j'accepte ? Comment suis-je sensée soigner ce... Cette faiblesse ?
Je fus pris d'un léger tremblement des mains bien que je ne saurai décrire si cette manifestation était de la rage... Ou de la crainte. Une crainte viscérale. Une crainte qui me scindait en deux opinions respectives : accepter ou partir avec mes démons. Quitter cette Enclave. Ce tribunal. Cette ville. Tout. Partir plus loin et m'enfoncer davantage dans ce déni rassurant. Mais combien de temps je tiendrai encore avant la tempête ? Avant de céder à des tensions nerveuses au point de dépasser les limites ?
-J'ai déjà songé à partir mais... Je suis divisée. Je ne me sens plus de poursuivre dans ces conditions avec ces décisions désastreuses, ma frustration intense et toutes ces choses qui m'envahissent le jour et la nuit. Je ne vois plus mon utilité mais je ne me vois pas pour autant abandonner. Si je pars en pleine crise, ce serait un échec. Il en va de mon honneur, mon devoir et de ma communauté. Aussi imparfait cela paraît-il, il s'agit d'un semblant de famille, pour ainsi dire.
Je disais tout cela en chuchotant vraiment tout bas comme si une épée risquait de me trancher la gorge pour tenir de tels propos. Mais je le pensais, au fond de moi, même si je n'en disais rien. Je n'avais pas eu de proches. La communauté des sorciers dessinait donc en quelque sorte les rebords de mon appartenance à un groupe que je devais protéger, un peu comme le ferait un membre d'une même famille. Et comme dans tous groupes, il y avait des discordes et des opinions différentes qui amenaient à des confrontations mais toujours dans l'optique de préserver nos rangs.
Ce fut sur cette note surprenante qu'Irina décidait d'initier son sortilège dans un éclat verdâtre au fond de ses yeux. L'environnement semblait s'étirer comme si une main venait attraper la toile lisse qui composait le décor avant de le lever tel un rideau sur une autre scène bien différente. Quelle sensation étrange. Je m'adonnais pour la première fois à ce type d'expériences, la laissant m'emmener loin dans son illusion parfaite. Toutefois, je notais que cette force magique était admirablement terrible de réalisme et si dangereuse lorsqu'elle devait l'utiliser à d'autres fins. Évidemment, la magie qui touchait au psychisme demeurait toujours d'une violence inouïe pour ceux qui la maniaient à la perfection selon les objectifs. Cela me faisait bizarre de permettre ainsi à ma collègue de totalement modifier mes perceptions mais sincèrement, l'aventure en valait bien la peine tant sur le plan de la curiosité, professionnelle et personnelle.
Je fis donc pivoter ma nuque vers cette histoire illusoire qu'elle avait confectionné par ses soins. Son souhait. Son désir le plus profond. Son envie la plus destructrice. Son rêve autant que sa hantise.
Une scène qui s'habillait d'une maison de campagne à la russe, sans aucune prétention. Un décor paisible et serein au milieu des herbes fraîches, isolé du reste du monde et de ses tourments. Puis la silhouette d'Irina apparaissait dans ce cadre idyllique en compagnie d'une jeune fille qui lui tenait la main. Elles avaient l'air heureux et enjoué en se dirigeant vers leur maison. Au même rythme, un peu comme le déroule d'un film, je pouvais les suivre dans leur marche jusqu'à ce qu'elles atteignent une chambre pour se déposer toutes les deux dans un grand lit pendant un temps. Dans cette vision, je sentais le souhait qui transpirait de mon amie, celui d'une attache paisible et éternelle sans autre importance que cette illusion qui défilait devant mes prunelles ternes. Par la suite, le fameux John Smith fit son entrée dans une attitude bienveillante et douce sur son costume digne d'un cliché britannique mais rassurant tout à la fois.
Puis ils s'esquivaient par la suite dans la pièce principale pour accueillir ce que je devinais être un autre morceau de son existence. Ils parlaient tous, riaient, se bousculaient, s'enlaçaient dans une insouciance baignée de lumière et d'affection. Tout à coup, je sentais comme une main appuyée sur ma gorge, si fort, que je ne comprenais pas immédiatement d'où me venait cette sensation qui me semblait si étrangère et pourtant si méchamment proche à la fois. Je revis dans un coin de ma tête, la silhouette paisible et calme de mon ancienne gouvernante me souriant doucement comme elle en avait toujours l'habitude. Un souvenir que je chassais excessivement vite afin qu'il ne m'envahisse pas pour me recentrer sur la blessure ouverte d'Irina. Je ne l'avais pas réalisé tout de suite mais je devinais que cette tristesse infinie et bien palpable était sûrement l'effet de ce sort qui glissait sur mon propre conscient comme une ombre insidieuse. Je recevais seulement une petite partie éprouvée par son être tout entier avant que cette chimère ne tombe en lambeaux et se faire avaler par la faïence de ma salle de bain.
Le silence reprenait sa place si ce n'était les légers clapotis qui murmuraient dans ce bain. La brume épaisse commençait à s'effacer, me laissant davantage entrevoir la mine livide et fracturée de cette femme. Mes paupières se plissèrent alors puis sans un mot, je me redressais pour poser mes fesses sur mes talons dans l'optique de nous resservir silencieusement. Tout en déversant la boisson, je me prononçais enfin, calmement.
-Ce n'est pas impossible Irina.
Son devoir l'avait sectionné de cette possibilité quand bien même elle avait choisi cet itinéraire et que personne n'avait effectué cette décision pour elle, elle en souffrait. Cependant, elle n'avait pas besoin qu'on le lui rappelle. Elle le savait amplement. Mais ses aspirations avaient fini par se modifier à cause de ce choc. Cet impact qui portait le nom de sa fille, de John Smith et de ses jumeaux. Irina s'était trouvée terrassée, rattrapée, aspirée dans cette tourmente que d'avoir loupé ce train de vie. Ce rêve était d'un basique, d'une banalité sans nom, d'un ordinaire affligeant. Mais il lui avait été retiré parce que les moments ordinaires ne nous étaient pas véritablement permis dans la dimension de nos ambitions. Alors je comprenais. Je la comprenais. Je voyais où elle souhaitait en venir désespérément dans ses songes.
-Tu as le droit. Tu peux modifier la direction de cette ligne que tu t'es évertuée à tracer jusque-là. Cela prendra sûrement du temps, de la patience et de l'énergie oui.
Il faudrait recoller les morceaux, qu'ils apprennent à se reconnaître, s'accepter, se contourner pour apprendre à s'identifier, se connaître et partager leur existence. Si cela paraissait insurmontable d'emblée, il fallait au moins...
-Saisis ta chance. Tu as cette opportunité alors, ne la néglige pas.
Un léger éclat vint naître dans mes pupilles azures.
-Je serai derrière toi.
Je n'avais pas grand chose à offrir dans la vie, si ce n'était mon soutien quand je l'avais décidé ainsi.
Invité
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Jeu 28 Jan 2021 - 22:07
Nous sommes toutes les deux au plus bas, au plus vulnérable, à nue l’une envers l’autre et sans moyen d’esquiver la vérité des choses. Nous ne voulons pas en cet instant leurrer l’autre, pasticher ou travestir la vérité, nous n’en n’avons pas besoin. Tout ce que nous souhaitons, c’est déverser ce qui nous empoisonne la vie et que le tout s’écoule dans cette eau au sens plus métaphorique.
Mon amie est au fond du trou tout comme moi. Son cas est préoccupant, pour ne pas dire grave, mais il est loin d’être unique ou compliqué à traiter pour une professionnelle comme moi. Le seul problème est la personnalité de Riven. Cette force qui la caractérise, cette conviction qui l’anime, ce sont des moteurs extrêmement puissants pour sa problématique psychologique. Son honneur et son devoir sont des carcans, des œillères qui l’entravent dans sa façon d’appréhender les choses. Je ne dis pas que je ne suis pas comme elle. Loin de là. Mon devoir passe avant tout et mon honneur est la seule chose qui me restait jusqu’à maintenant. Toutefois, contrairement à elle, je suis resté à l’écoute de mes sentiments, m’autorisant à comprendre ma peine, la laisser sortir en allant sur la tombe de ma fille plutôt que de la garder en moi. Riven a fait un choix différent à un moment de sa vie.
Elle a décidé il y a longtemps qu’elle ne devrait plus rien éprouver. Cette nourrisse et son assassinat de la main de ses parents étaient clairement l’élément déclencheur de son mal d’aujourd'hui. Elle s’était ouverte à moi brièvement, mais j’avais pu me glisser un instant dans une fraction de sa psyché. Je me garderai bien évidement de proférer un jugement absolu à son encontre, mais l’expérience qui était la mienne dans le domaine me laissait entrevoir un scénario bien courant. Une jeunesse sous l’égide du devoir et de l’honneur. Une éducation basée sur la force et le stoïcisme. Des parents voulant vivre à travers leur fille une meilleure vie que la leur et bénéficier de son ascension. Son seul point d’ancrage avec ce qu’elle voulait vraiment dans la vie, les seuls moments de joie étaient liés à la personne de cette nourrisse. Lorsqu’elle est morte, son esprit s’est replié sur lui-même, ne s'autorisant qu’à éprouver et exulter sa rage et sa colère dans une crise psychotique avant de totalement devenir imperméable à tout.
Depuis combien de temps tout cela était en elle ? Des lustres. Les sorciers vieillissent certes plus lentement que les humains, mais cela ne fait qu’accentuer les difficultés et les traumatismes de l’esprit. Des décennies et des décennies à ruminer mentalement les incidents. Si elle avait été humaine, elle serait déjà peut-être mère, voir grand-mère, son esprit se serait libéré plus tôt avec d’autres facteurs plus agréables ou aurait tout simplement saturé avant, mais ici ce n’est pas le cas. Elle est puissante, au sommet de sa gloire et de son rôle et ne peut se permettre de fléchir. Plus le temps passait et plus elle montait en grade, en pouvoir et en responsabilité, repoussant toujours plus loin tout ce mal qui la ronge. Autant dire que ce retour du refoulé n’était vraiment pas bon et il valait mieux pour elle qu’elle ne l’ignore plus du tout.
Riven n’accepterait jamais de voir un psychologue, humain ou sorcier. Mais je ne pouvais pas la laisser s’autodétruire, c’était hors de question. J’avais pris ma décision dans l’eau de ce bain.
Avant d’aider mon amie, il fallait encore que je me remette d’aplomb après ce petit partage des tréfonds de mon âme. Bien qu’il me fût nécessaire d’admettre que je faisais ce rêve presque chaque nuit, ce qui suffisait à me faire me réveiller en sueur avait d’hurler ma tristesse au monde, je n’étais pas habituée à le voir. Le partager ainsi à mon amie avait été une source supplémentaire de tourment, mais aussi d’espoir. Si j’en oubliais le vague passage dans son esprit où vint se présenter à moi le souvenir de sa nourrisse, je devais bien admettre qu’analyser avec recul et en la présence de mon amie ce rêve était intéressant.
Les lèvres de Riven se desserrèrent pour me livre sa pensée. Selon elle il n’était pas impossible que cela soit possible. Je n’étais pas totalement convaincue encore, mais je devais bien admettre que son avis était juste. Dans la théorie, c’était en effet possible de rendre ce souhait réel, mais il fallait encore que ma fille me pardonne et vienne me parler à nouveau. Alors seulement au prix de gros efforts et de beaucoup de douleur, nous arriverions sans doute à mettre en branle une vie ayant un semblant de correspondance avec ce rêve.
Je bus une lampée de vodka que Riven nous a servis tout en lui saisissant la main non sans une certaine force après lui avoir dit tout ça. Je me cramponnais à elle, mais plus encore, le lui signifiait que j’étais là pour elle bien au-delà de tout ce qu’elle pouvait imaginer. Était-ce parce que nous étions toutes les deux des femmes russes, ayant connu la rigueur de ce pays régit par la force et la discipline ? Était-ce à cause de nos idéaux incroyablement similaires ? Était-ce parce que nous avions connus des drames vraiment durs dans notre vie ? Peut-être simplement parce qu’il y avait une sorte d’alchimie équilibrée entre les trois et que nous avions besoin finalement l’une de l’autre car nous étions les seules à vraiment pouvoir à ce point nous comprendre.
Je ne comptais pas vraiment arriver à débloquer Riven dès ce soir bien entendu, mais le message était passé. Toutefois, j’éprouvais le besoin de revenir sur ce qu’elle m’a confié.
Mon amie est au fond du trou tout comme moi. Son cas est préoccupant, pour ne pas dire grave, mais il est loin d’être unique ou compliqué à traiter pour une professionnelle comme moi. Le seul problème est la personnalité de Riven. Cette force qui la caractérise, cette conviction qui l’anime, ce sont des moteurs extrêmement puissants pour sa problématique psychologique. Son honneur et son devoir sont des carcans, des œillères qui l’entravent dans sa façon d’appréhender les choses. Je ne dis pas que je ne suis pas comme elle. Loin de là. Mon devoir passe avant tout et mon honneur est la seule chose qui me restait jusqu’à maintenant. Toutefois, contrairement à elle, je suis resté à l’écoute de mes sentiments, m’autorisant à comprendre ma peine, la laisser sortir en allant sur la tombe de ma fille plutôt que de la garder en moi. Riven a fait un choix différent à un moment de sa vie.
Elle a décidé il y a longtemps qu’elle ne devrait plus rien éprouver. Cette nourrisse et son assassinat de la main de ses parents étaient clairement l’élément déclencheur de son mal d’aujourd'hui. Elle s’était ouverte à moi brièvement, mais j’avais pu me glisser un instant dans une fraction de sa psyché. Je me garderai bien évidement de proférer un jugement absolu à son encontre, mais l’expérience qui était la mienne dans le domaine me laissait entrevoir un scénario bien courant. Une jeunesse sous l’égide du devoir et de l’honneur. Une éducation basée sur la force et le stoïcisme. Des parents voulant vivre à travers leur fille une meilleure vie que la leur et bénéficier de son ascension. Son seul point d’ancrage avec ce qu’elle voulait vraiment dans la vie, les seuls moments de joie étaient liés à la personne de cette nourrisse. Lorsqu’elle est morte, son esprit s’est replié sur lui-même, ne s'autorisant qu’à éprouver et exulter sa rage et sa colère dans une crise psychotique avant de totalement devenir imperméable à tout.
Depuis combien de temps tout cela était en elle ? Des lustres. Les sorciers vieillissent certes plus lentement que les humains, mais cela ne fait qu’accentuer les difficultés et les traumatismes de l’esprit. Des décennies et des décennies à ruminer mentalement les incidents. Si elle avait été humaine, elle serait déjà peut-être mère, voir grand-mère, son esprit se serait libéré plus tôt avec d’autres facteurs plus agréables ou aurait tout simplement saturé avant, mais ici ce n’est pas le cas. Elle est puissante, au sommet de sa gloire et de son rôle et ne peut se permettre de fléchir. Plus le temps passait et plus elle montait en grade, en pouvoir et en responsabilité, repoussant toujours plus loin tout ce mal qui la ronge. Autant dire que ce retour du refoulé n’était vraiment pas bon et il valait mieux pour elle qu’elle ne l’ignore plus du tout.
Riven n’accepterait jamais de voir un psychologue, humain ou sorcier. Mais je ne pouvais pas la laisser s’autodétruire, c’était hors de question. J’avais pris ma décision dans l’eau de ce bain.
Avant d’aider mon amie, il fallait encore que je me remette d’aplomb après ce petit partage des tréfonds de mon âme. Bien qu’il me fût nécessaire d’admettre que je faisais ce rêve presque chaque nuit, ce qui suffisait à me faire me réveiller en sueur avait d’hurler ma tristesse au monde, je n’étais pas habituée à le voir. Le partager ainsi à mon amie avait été une source supplémentaire de tourment, mais aussi d’espoir. Si j’en oubliais le vague passage dans son esprit où vint se présenter à moi le souvenir de sa nourrisse, je devais bien admettre qu’analyser avec recul et en la présence de mon amie ce rêve était intéressant.
Les lèvres de Riven se desserrèrent pour me livre sa pensée. Selon elle il n’était pas impossible que cela soit possible. Je n’étais pas totalement convaincue encore, mais je devais bien admettre que son avis était juste. Dans la théorie, c’était en effet possible de rendre ce souhait réel, mais il fallait encore que ma fille me pardonne et vienne me parler à nouveau. Alors seulement au prix de gros efforts et de beaucoup de douleur, nous arriverions sans doute à mettre en branle une vie ayant un semblant de correspondance avec ce rêve.
Irina ▬ D’aussi loin que je me souvienne on m’a enseigné que la famille était la plus grande chose en ce monde et qu’il fallait toujours en prendre soin. En dépit des pommes pourries dans la mienne et de ce que tu as subit de la part de tes parents, je reste convaincue que c’est la chose la plus importante. Alors si j’ai une chance de recoller les morceaux de ma vie avec ma fille, de connaître mes enfants perdus grâce à leur père que j’ai retrouvé, je ne la laisserai pas filer entre mes doigts.Nan je planterai mes serres dans ma vie pour lui faire prendre un nouvel envol et la mener là où je l’aurai décidé c’est certain. Après tout, j’étais comme ça moi. Je sais ce que je veux et j’obtiens ce que je veux. Je suis Irina Lissenko, fille de Sorin Lissenko et petite-fille du grand Rasputin !
Je bus une lampée de vodka que Riven nous a servis tout en lui saisissant la main non sans une certaine force après lui avoir dit tout ça. Je me cramponnais à elle, mais plus encore, le lui signifiait que j’étais là pour elle bien au-delà de tout ce qu’elle pouvait imaginer. Était-ce parce que nous étions toutes les deux des femmes russes, ayant connu la rigueur de ce pays régit par la force et la discipline ? Était-ce à cause de nos idéaux incroyablement similaires ? Était-ce parce que nous avions connus des drames vraiment durs dans notre vie ? Peut-être simplement parce qu’il y avait une sorte d’alchimie équilibrée entre les trois et que nous avions besoin finalement l’une de l’autre car nous étions les seules à vraiment pouvoir à ce point nous comprendre.
Je ne comptais pas vraiment arriver à débloquer Riven dès ce soir bien entendu, mais le message était passé. Toutefois, j’éprouvais le besoin de revenir sur ce qu’elle m’a confié.
Irina ▬ De toi à moi, il ne faut pas ignorer ce qu’on ressent ou se mentir à soi-même. Tous ces doutes que tu ressens, ces hallucinations que tu vois... même origine. Il faut que tu arrêtes de lutter contre toi-même et que tu apprennes à redécouvrir tes sentiments, à les laisser revenir en surface et arrêter de s'accumuler en dedans. Tu ne peux pas laisser ça macérer et bouillonner comme magma, sinon tu vas exploser et ça ne sera pas beau à voir. Dis-je non sans arborer un accent très prononcer comme le dernier des clichés russe.Il était évident que cette vodka de très bonne qualité commençait à avoir un peu d’effet au bout du quatrième verre de la soirée déjà. J’avais une forte tenue de l’alcool, mais avec mes sentiments à fleur de peau et surtout à tremper dans l’eau chaude depuis tout à l’heure, l’effet était décuplé. Je ne voulais pas l’accabler plus que cela sur son histoire personnelle et sans doute sous le coup de l’alcool je me suis fendu d’un geste d’une très grande proximité en l’embrassant sur la joue, comme la dernière des écolières.
Etilya sur DK RPG
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Ven 5 Fév 2021 - 21:05
Même si je pouvais saisir son besoin impérieux de retrouver ses racines autour d’un cocon solide et protecteur, ses mots trouvaient difficilement son sillage dans l’importance même. Cet aspect familial, aussi beau et inspirant que ce nid pouvait être de sa bouche, me laissait malgré moi de marbre. Je n’étais pas convaincue pour la simple et bonne raison que cette notion ne dessinait aucun sens dans mon esprit, si ce n’était celui que la famille n’impliquait certainement pas l’amour. Je n’étais même pas certaine de savoir donner la définition même de l’attachement si ce n’était en la cherchant dans un dictionnaire. Toutes ces choses restaient bien trop éloignées, beaucoup trop vagues. Je ne parvenais même pas à en effleurer la profondeur même. Même en essayant, je ne faisais qu’essuyer la bave des monstres qui m’avaient injectée leur poison bien fort.
Je me trouvais quasiment démunie face à la volonté de mon amie qui elle, semblait pourtant si résolue à s’emparer de son bonheur qui reflétait vulgairement un repas autour d’une table dans la plénitude et la bonne humeur. Dans mon cas, cela me paraissait surréaliste d’une certaine façon. Et puis… Un sentiment bien lointain refit doucement surface comme un voile fantomatique et glacial sur ma peau. Ce frisson désagréable d’une émotion bancale et terrible : la tristesse. Bien malgré elle, Irina me rendait soudainement si triste. Mon expérience affective ne se composait que de piques d’une ferraille rouillée et coupante. Cette démonstration d’amour n’avait été capable que de me mordre les mollets et les poignets jusqu’à s’enfoncer dans ma chair tendre et fragile d’enfant en proie à l’ambition de ses parents. Je ne connaissais que ce gout amer et puis, ce silence infâme qui s’écoulait au nombre de flocons qui tombaient sur mes joues endolories.
Peut-être avais-je été encline à maîtriser les flammes pour ne plus avoir à ressentir le froid, à moins qu’il n’y ait aucun rapport. Je n’en savais rien, je n’étais pas la plus psychologue des deux.
Je m’abstenais ainsi de rebondir sur ce sujet devant lequel je n’étais manifestement pas à l’aise. Si ce thème avait été abordé avec une autre personne, je me serais sûrement moquée, voir même montrée désagréable et méprisante. Mais la situation actuelle modifiait étonnamment mon attitude d’habitude encline à l’acidité. Rien ne paraissait normal ce soir.
J’imitais ma collègue en m’acharnant sur ma victime du moment, soit mon verre rempli d’alcool jusqu’au rebord et je me trouvais saisie par l’élan ardent de ma collègue. Elle me tenait dans l’étau de sa main en me fixant d’un air incroyablement sérieux. Ce geste avait la portée d’une signification franche pour me faire comprendre qu’elle était présente. Même en le comprenant, je ne pouvais m’empêcher d’être légèrement troublée par cet entrain. Le simple contact de ses doigts sur mon épaule me réconfortait autant qu’il pouvait m’être insupportable. La compassion. Ce crachat sur ma fierté. Il m’était difficile de passer outre.
Néanmoins je pris une grande inspiration, ayant bien conscience que son discours ne visait pas à persécuter ma dignité mais seulement de m’aider dans l’intention la plus bienveillante.
-J’ai besoin de faire un point pour moi-même, mais j’ai surtout besoin d’extérioriser. Je me contiens depuis trop longtemps. J’ai envie de laisser sortir ma rage, ma colère et d’expulser ma frustration. Je ne sais juste pas comment. Cela m’embêterait de mettre le feu à l’Enclave ou à tout Nakanoto.
Il me fallait un exutoire efficace pour reprendre mes esprits et faire taire cette petite sotte d’illusion. Si j’étais amenée à l’écouter, je n’imaginais pas le drame se profiler. Mais alors que je lui répondais, son buste se pencha sur moi pour venir pointer un baiser sur ma joue. Une action pourvue d’une si grande tendresse et d’un naturel que je pouvais mettre aisément sur le compte de la fragilité ambiante et des effluves de l’alcool. Je fus incapable de même esquisser un mouvement sur le coup. Mes connexions se perdaient momentanément comme une coupure dans mon esprit épris d’un flottement.
C’était chaud, doux et sensitif. Autant de sensations que je touchais seulement lors d’un plaisir furtif d’une soirée, dans la parenthèse de mon travail acharné. Mon corps réagit dans un frisson aussi exécrable qu’agréable. Cette dualité me fit perdre de ma contenance, ne sachant comment me positionner sur cette démonstration déstabilisante. J’en retenais presque mon souffle. Mon cerveau connaissait des difficultés à interpréter cette proximité. Devais-je la repousser ? La garder près de moi ? La laisser seulement s’éloigner ? La raison voulait que j’attende simplement qu’elle s’en aille. Mais l’éveil d’une autre composition se dévoilait, fugace mais présente. L’emprise même d’une pulsion plus effarouchée.
Sous l’élan, sans même trop y réfléchir, ma joue glissa sur la sienne pour me retrouver nez à nez avec cette sorcière si féroce et si singulière. Ma chevelure ardente flottait toujours à la surface, nous encerclant comme d’un marécage enflammé désireux d’étirer ses tentacules sur nos deux silhouettes. Cette cascade de feu qui symbolisait en soi mon élogieux charisme nous contournait pour former un cercle protecteur où nous n’étions que toutes les deux. Ma bouche s’entrouvrit alors pour trouver cette fois-ci le chemin de la sienne, se logeant sur la pointe de ses lèvres fines, fenêtre des maléfices qu’elle pouvait bien vous murmurer au gré de ses envies.
J’en saisissais les courbes lentement, n’exerçant qu’une pression légère mais qui n’en restait pas moins vibrante. A la lueur de cette brume timide, mes rétines s’éclairaient d’un rouge vif qui déchirait ce brouillard alors que je scellais ce baiser symbolique.
Je me trouvais quasiment démunie face à la volonté de mon amie qui elle, semblait pourtant si résolue à s’emparer de son bonheur qui reflétait vulgairement un repas autour d’une table dans la plénitude et la bonne humeur. Dans mon cas, cela me paraissait surréaliste d’une certaine façon. Et puis… Un sentiment bien lointain refit doucement surface comme un voile fantomatique et glacial sur ma peau. Ce frisson désagréable d’une émotion bancale et terrible : la tristesse. Bien malgré elle, Irina me rendait soudainement si triste. Mon expérience affective ne se composait que de piques d’une ferraille rouillée et coupante. Cette démonstration d’amour n’avait été capable que de me mordre les mollets et les poignets jusqu’à s’enfoncer dans ma chair tendre et fragile d’enfant en proie à l’ambition de ses parents. Je ne connaissais que ce gout amer et puis, ce silence infâme qui s’écoulait au nombre de flocons qui tombaient sur mes joues endolories.
Peut-être avais-je été encline à maîtriser les flammes pour ne plus avoir à ressentir le froid, à moins qu’il n’y ait aucun rapport. Je n’en savais rien, je n’étais pas la plus psychologue des deux.
Je m’abstenais ainsi de rebondir sur ce sujet devant lequel je n’étais manifestement pas à l’aise. Si ce thème avait été abordé avec une autre personne, je me serais sûrement moquée, voir même montrée désagréable et méprisante. Mais la situation actuelle modifiait étonnamment mon attitude d’habitude encline à l’acidité. Rien ne paraissait normal ce soir.
J’imitais ma collègue en m’acharnant sur ma victime du moment, soit mon verre rempli d’alcool jusqu’au rebord et je me trouvais saisie par l’élan ardent de ma collègue. Elle me tenait dans l’étau de sa main en me fixant d’un air incroyablement sérieux. Ce geste avait la portée d’une signification franche pour me faire comprendre qu’elle était présente. Même en le comprenant, je ne pouvais m’empêcher d’être légèrement troublée par cet entrain. Le simple contact de ses doigts sur mon épaule me réconfortait autant qu’il pouvait m’être insupportable. La compassion. Ce crachat sur ma fierté. Il m’était difficile de passer outre.
Néanmoins je pris une grande inspiration, ayant bien conscience que son discours ne visait pas à persécuter ma dignité mais seulement de m’aider dans l’intention la plus bienveillante.
-J’ai besoin de faire un point pour moi-même, mais j’ai surtout besoin d’extérioriser. Je me contiens depuis trop longtemps. J’ai envie de laisser sortir ma rage, ma colère et d’expulser ma frustration. Je ne sais juste pas comment. Cela m’embêterait de mettre le feu à l’Enclave ou à tout Nakanoto.
Il me fallait un exutoire efficace pour reprendre mes esprits et faire taire cette petite sotte d’illusion. Si j’étais amenée à l’écouter, je n’imaginais pas le drame se profiler. Mais alors que je lui répondais, son buste se pencha sur moi pour venir pointer un baiser sur ma joue. Une action pourvue d’une si grande tendresse et d’un naturel que je pouvais mettre aisément sur le compte de la fragilité ambiante et des effluves de l’alcool. Je fus incapable de même esquisser un mouvement sur le coup. Mes connexions se perdaient momentanément comme une coupure dans mon esprit épris d’un flottement.
C’était chaud, doux et sensitif. Autant de sensations que je touchais seulement lors d’un plaisir furtif d’une soirée, dans la parenthèse de mon travail acharné. Mon corps réagit dans un frisson aussi exécrable qu’agréable. Cette dualité me fit perdre de ma contenance, ne sachant comment me positionner sur cette démonstration déstabilisante. J’en retenais presque mon souffle. Mon cerveau connaissait des difficultés à interpréter cette proximité. Devais-je la repousser ? La garder près de moi ? La laisser seulement s’éloigner ? La raison voulait que j’attende simplement qu’elle s’en aille. Mais l’éveil d’une autre composition se dévoilait, fugace mais présente. L’emprise même d’une pulsion plus effarouchée.
Sous l’élan, sans même trop y réfléchir, ma joue glissa sur la sienne pour me retrouver nez à nez avec cette sorcière si féroce et si singulière. Ma chevelure ardente flottait toujours à la surface, nous encerclant comme d’un marécage enflammé désireux d’étirer ses tentacules sur nos deux silhouettes. Cette cascade de feu qui symbolisait en soi mon élogieux charisme nous contournait pour former un cercle protecteur où nous n’étions que toutes les deux. Ma bouche s’entrouvrit alors pour trouver cette fois-ci le chemin de la sienne, se logeant sur la pointe de ses lèvres fines, fenêtre des maléfices qu’elle pouvait bien vous murmurer au gré de ses envies.
J’en saisissais les courbes lentement, n’exerçant qu’une pression légère mais qui n’en restait pas moins vibrante. A la lueur de cette brume timide, mes rétines s’éclairaient d’un rouge vif qui déchirait ce brouillard alors que je scellais ce baiser symbolique.
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Mer 10 Fév 2021 - 16:48
Riven était un cas très sérieux. C’était la Justice de l’Enclave Japonaise, un rôle taillé sur mesure pour elle qui a un sens aussi aiguisé de ce qui se doit d’être juste et la mesure du devoir lui-même. Elle se doit de rester égale en toute circonstance et de ne pas s’emporter dans les excès de ses sentiments, de ne pas faire jouer ce qu’elle est et de tendre ainsi toujours à l’objectivité, la neutralité la plus stricte. C’est un exercice qui n’est pas évident, d’autant plus lorsqu’on est aussi passionnée et éprise de justice qu’elle. Son enfance vraiment triste était surement le moteur de son envie primaire de rendre la justice. Elle avait déjà commencé ses études avant de droit, mais elle aurait été un procureur, une avocate d’accusation enflammée et de talent dans une autre vie où on l’aurait laissé faire. Elle aurait même pu être une enquêtrice, une instructrice militaire ou que sais-je encore au service de la Puissance avant de prendre une digne place. Mais voilà, ses parents la battaient et la torturaient psychologiquement. Était-ce pire que du viol pédophile de la part d’un oncle comme j’en ai été la victime ? Bien sûr que oui. On aura beau dire, mais les sorciers vivent parmi les hommes et en Russie, il y a cette amour de la patrie et de la famille. Quand on grandi dans ce genre de société, l’inconscient se façonne toujours dans un sens commun, avec la famille presque au sommet, n’étant surclassé que par la nation. Riven a été trahi par ses deux parents. Une trahison si innommable que son esprit a cru sans remettre sans jamais y parvenir.
La fracture mentale de mon amie est ici des plus grande. Elle a des hallucinations de son passé qu’elle pensait révolu depuis longtemps. On n’échappe pas à son passé et je suis bien placée pour en parler et la comprendre. En réalité, il ne faut rien renier de soi, de son histoire. Il faut embrasser ce que l’on est et s’y ressourcer pour avancer. Elle a besoin dans son travail de se fermer et c’est évidemment ce qu’elle fait avec brio. Néanmoins, elle en a fait une doctrine de vie qui va tellement à l’encontre de Moi véritable que cela aujourd’hui finit par la ronger intérieurement. C’est un danger qu’elle ne semble pas mesurer, mais qui en mon âme et conscience aussi bien en tant qu’amie que comme professionnelle je ne saurais tolérer. Il faut que je parvienne à l’aider à s’ouvrir à elle-même de quelque manière que ce soit.
C’était bien Riven que de ne voir en elle colère et frustration. Elle est prompte à se dire sans sentiments tout en voulant évacuer parmi les plus forts qu’elle garde en elle en désavouant la réalité d’en avoir d’autres d’enfouis. Mais c’était bien ma RIven que de vouloir tout brûler pour se sentir un peu mieux, bien que je fusse dubitative quant au résultat la connaissant.
Irina ▬ Cela te soulagerait-il tant que ça ?C’était une petite pique bien innocente vers mon amie, mais je ne pouvais m’empêcher d’avoir une pointe de penser sérieuse à ce propos. Tant qu’elle ne fera pas vraiment le point sur elle-même, en toute honnêteté et transparence elle ne pourrait pas avancer.
Alors que je m’étais laissé aller à un geste tendre envers mon amie, j’éprouvais une certaine gêne soudaine, comme si la brume de l’alcool dans mon esprit laissait entrer la lumière d’un éclair de lucidité. Je me reculai doucement alors que son visage, sa joue à la douceur de la soie glissa jusqu’à ce qu’on se retrouve nez à nez. Là, droit dans les yeux de Riven, je pouvais me perdre dans l’instant, totalement prise au piège par cette chevelure démesurée qui m’enlaçait comme une végétation marine incontrôlée. Elle entrouvrit ses lèvres pour se saisir des miennes dans une tendre et délicate démonstration de tendresse.
J’étais pensive alors que je me laissais porter par ce baiser, ce court instant où tout pouvait changer entre elle et moi. Nous étions seules l’une comme l’autre et avions besoin d’éprouver la sensation de ne pas l’être. Devais-je répondre à ce baiser pour aller plus loin avec elle ? Ce n’est pas comme si je savais tout d’elle et de ses penchants. Était-ce là un égarement de sa part ? Un geste tendre et symbolique qui servait à figurer sa profonde amitié envers moi comme cela se fait parfois au pays ? Ou était-ce plutôt une invitation chaude à profiter d’un moment à deux, seules au monde dans une bulle isolée du temps et de l’espace où nous pouvions ne plus l’être ?
Je répondis à ce baiser tendre et affectueux, décidée à savoir jusqu’où elle voulait aller et se laisser aller. Je posais une main mouillée sur la joue, la caressant doucement du pouce tandis que mon autre main se posait sur sa cuisse pour faire de même. C’était encore assez innocent, mais assez peu pour aviser de sa décision ensuite.
Etilya sur DK RPG
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Lun 15 Fév 2021 - 21:20
Je me mis à froncer du nez face à la plaisanterie d’Irina. Evidemment que cela me soulagerait, du moins je pensais sur le moment. Est-ce que cela règlerait le problème ? Je n’en étais pas certaine. Je serais réellement satisfaite de la situation dès lors que je me sentirais de nouveau en osmose avec la hauteur de mes ambitions. Toute cette frustration ne faisait que m’aspirer dans une spirale trouble et opaque qui m’éloignait plus loin de ce que je désirais. Mais qu’est ce que je voulais au fond ? Le pouvoir total et absolu. J’avais songé à aller plus haut encore, jusqu’au Conseil Suprême qui régissait les Enclaves du monde. Mais avec une telle tâche sur nos responsabilités comme la gestion de la crise des lycans, cela ne faisait qu’attiser ma colère. Deux choix s’offraient donc à moi en perspective, soit je faisais boire la tasse à mes collègues par ambition et fierté en les faisant payer auprès de ceux qui invoquaient une réunion soit ma dignité l’emportait pour purement et simplement me dresser devant ces sorciers qui veillaient au fonctionnement des Enclaves à leurs côtés. Pour le moment ma décision se faisait désirer. Au fond, je voulais punir mes collègues et je voulais aussi faire payer le sommet pour nous avoir humiliés.
En fait ma problématique se posait juste sous mon nez : Je voulais faire mordre la poussière à tout le monde. Je n’étais qu’un sac de colère. Toutefois, j’étais et je demeurais la Justice à cet instant. Je devais faire les choses dans les règles de l’art en toute conscience des choses mais mon état sentimental me perdait dans mes réflexions au point que mon pragmatisme ne trouvait plus vraiment sa route.
Tant et si bien que j’avais fini par me laisser aller à une embrassade avec ma collègue avec laquelle nous entretenions pourtant une façade professionnelle dure et froide. Nous n’avions jamais été aussi proches. Nous n’avions jamais parlé avec tant de sincérité, à cœur ouvert, habillées seulement de notre simple peau. Même l’eau autour de nous n’osait pas briser ce moment d’exception, se contentant d’émettre de légers clapotis pour nous accompagner dans cette parenthèse voluptueuse. Qu’est ce que j’étais en train de faire, au juste ? Quelles conséquences à ce baiser si instinctif ? Nous nous hissions sur l’image de la grandeur, de l’inaccessible et de la crainte. Nous travaillions ensemble et notre tandem restait fort mais une muraille nous avait toujours entourées, par habitude, en nous laissant chaque fois sur notre propre réserve l’une face à l’autre. Elle m’avait agacée plus d’une fois. Elle s’était montrée glaçante et arrogante sur bien des manières. Et je lui avais toujours bien rendu en conséquence, en la confrontant. Nous étions deux titans finalement qui remplissaient sagement leur devoir mais toujours avec cette fierté trop forte qui nous incitait parfois à nous jauger. Mais malgré tout, je savais pouvoir compter sur elle. Elle m’avait témoignée son soutien plus d’une fois. Elle m’avait remise à ma place sèchement mais justement lorsque mes ardeurs devenaient trop grisantes. Était-ce seulement les effluves du respect que j’avais pour elle qui transpirait dans cette envie du moment ? Ou une intention plus vicieuse de vouloir la dépasser ? Sûrement un mélange des deux. Dans ce jeu de puissance, il y avait également ce trouble exquis de l’excitation. Une sensation folle de vouloir déverser ma présence comme un poison pour écraser, casser et briser. Mais aussi de me heurter à la provocation, de sentir que je n’étais pas pleine dans mon contrôle total au point que cela me fasse enrager mais désirer également. Tant de contradictions rebondissaient dans ma tête, exacerbées seulement par ce simple contact qu’elle me rendait doucement.
Devais-je seulement briser cette limite rouge ? Devais-je seulement me reculer pour afficher cet air mauvais et espiègle pour la narguer ? Ou seulement ne rien dire du tout et voguer sur d’autres sujets ?
Je sentais sa main sur ma joue mais je ne saurais l’interpréter davantage. Je ne savais pas. Je ne savais même pas ce que je faisais. J’aurais pu mettre cela sur le compte de l’alcool mais il n’en fut rien, j’étais de bonne consistance. Mais alors qu’est-ce que je faisais là maintenant ? Continuer ? Arrêter ? Un murmure se profila dans mon oreille, à peine audible.
…ède la.
Je poursuivais sur ma lancée cette fois-ci en appuyant plus fort comme pour trouver ma réponse logée sur le bout de ses lèvres. J’entendais mal. Je m’entendais mal. Je me sentais enveloppée dans un brouillard épais que ma raison ne parvenait pas à chasser vraiment.
…ssède la.
La chanson devenait plus distincte, plus vive, traçant un sillon jusqu’au chemin qui menait à mon désordre pour y faire de la lumière.
Possède-la.
Est-ce que nous pouvions vraiment parler de possession pour une femme aussi indépendante et autonome bien qu’elle ait révélé des fêlures ? Irina restait Irina dans toute son atrocité et toute sa splendeur tout à la fois. Mais c’était ce que j’aimais. Un morceau de glace qui résistait fatalement à mon brasier. Il ne fondait jamais, en tout cas, jusqu’à ce soir. Je quittais ma position pour me redresser, mon buste jaillissant hors de l’eau pour me mettre sur les genoux en me penchant davantage sur elle. Mes prunelles ne firent qu’étinceler davantage dans une lueur rouge sanguine en continuant d’entrelacer sa bouche. Ma main gauche se glissa derrière sa cuisse, sans insistance cependant alors que l’autre vint se poser sur sa hanche. Puis mes lèvres négocièrent un tendre virage en effleurant sa joue pour trouver sa destination sur la naissance de sa nuque gracile avant de lui chuchoter :
-Je crois que cela me soulagerait, en effet.
Sur ce susurrement, ma caresse sur sa cuisse se fit plus aventureuse pour se poster sur le bas de son ventre seulement alors que mes rétines scintillaient d’une effervescence brûlante en la scrutant de biais. Mon humeur massacrante se noyait ainsi dans une chaleur tout aussi embrasée que la colère : le désir.
En fait ma problématique se posait juste sous mon nez : Je voulais faire mordre la poussière à tout le monde. Je n’étais qu’un sac de colère. Toutefois, j’étais et je demeurais la Justice à cet instant. Je devais faire les choses dans les règles de l’art en toute conscience des choses mais mon état sentimental me perdait dans mes réflexions au point que mon pragmatisme ne trouvait plus vraiment sa route.
Tant et si bien que j’avais fini par me laisser aller à une embrassade avec ma collègue avec laquelle nous entretenions pourtant une façade professionnelle dure et froide. Nous n’avions jamais été aussi proches. Nous n’avions jamais parlé avec tant de sincérité, à cœur ouvert, habillées seulement de notre simple peau. Même l’eau autour de nous n’osait pas briser ce moment d’exception, se contentant d’émettre de légers clapotis pour nous accompagner dans cette parenthèse voluptueuse. Qu’est ce que j’étais en train de faire, au juste ? Quelles conséquences à ce baiser si instinctif ? Nous nous hissions sur l’image de la grandeur, de l’inaccessible et de la crainte. Nous travaillions ensemble et notre tandem restait fort mais une muraille nous avait toujours entourées, par habitude, en nous laissant chaque fois sur notre propre réserve l’une face à l’autre. Elle m’avait agacée plus d’une fois. Elle s’était montrée glaçante et arrogante sur bien des manières. Et je lui avais toujours bien rendu en conséquence, en la confrontant. Nous étions deux titans finalement qui remplissaient sagement leur devoir mais toujours avec cette fierté trop forte qui nous incitait parfois à nous jauger. Mais malgré tout, je savais pouvoir compter sur elle. Elle m’avait témoignée son soutien plus d’une fois. Elle m’avait remise à ma place sèchement mais justement lorsque mes ardeurs devenaient trop grisantes. Était-ce seulement les effluves du respect que j’avais pour elle qui transpirait dans cette envie du moment ? Ou une intention plus vicieuse de vouloir la dépasser ? Sûrement un mélange des deux. Dans ce jeu de puissance, il y avait également ce trouble exquis de l’excitation. Une sensation folle de vouloir déverser ma présence comme un poison pour écraser, casser et briser. Mais aussi de me heurter à la provocation, de sentir que je n’étais pas pleine dans mon contrôle total au point que cela me fasse enrager mais désirer également. Tant de contradictions rebondissaient dans ma tête, exacerbées seulement par ce simple contact qu’elle me rendait doucement.
Devais-je seulement briser cette limite rouge ? Devais-je seulement me reculer pour afficher cet air mauvais et espiègle pour la narguer ? Ou seulement ne rien dire du tout et voguer sur d’autres sujets ?
Je sentais sa main sur ma joue mais je ne saurais l’interpréter davantage. Je ne savais pas. Je ne savais même pas ce que je faisais. J’aurais pu mettre cela sur le compte de l’alcool mais il n’en fut rien, j’étais de bonne consistance. Mais alors qu’est-ce que je faisais là maintenant ? Continuer ? Arrêter ? Un murmure se profila dans mon oreille, à peine audible.
…ède la.
Je poursuivais sur ma lancée cette fois-ci en appuyant plus fort comme pour trouver ma réponse logée sur le bout de ses lèvres. J’entendais mal. Je m’entendais mal. Je me sentais enveloppée dans un brouillard épais que ma raison ne parvenait pas à chasser vraiment.
…ssède la.
La chanson devenait plus distincte, plus vive, traçant un sillon jusqu’au chemin qui menait à mon désordre pour y faire de la lumière.
Possède-la.
Est-ce que nous pouvions vraiment parler de possession pour une femme aussi indépendante et autonome bien qu’elle ait révélé des fêlures ? Irina restait Irina dans toute son atrocité et toute sa splendeur tout à la fois. Mais c’était ce que j’aimais. Un morceau de glace qui résistait fatalement à mon brasier. Il ne fondait jamais, en tout cas, jusqu’à ce soir. Je quittais ma position pour me redresser, mon buste jaillissant hors de l’eau pour me mettre sur les genoux en me penchant davantage sur elle. Mes prunelles ne firent qu’étinceler davantage dans une lueur rouge sanguine en continuant d’entrelacer sa bouche. Ma main gauche se glissa derrière sa cuisse, sans insistance cependant alors que l’autre vint se poser sur sa hanche. Puis mes lèvres négocièrent un tendre virage en effleurant sa joue pour trouver sa destination sur la naissance de sa nuque gracile avant de lui chuchoter :
-Je crois que cela me soulagerait, en effet.
Sur ce susurrement, ma caresse sur sa cuisse se fit plus aventureuse pour se poster sur le bas de son ventre seulement alors que mes rétines scintillaient d’une effervescence brûlante en la scrutant de biais. Mon humeur massacrante se noyait ainsi dans une chaleur tout aussi embrasée que la colère : le désir.
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