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Dim 25 Jan 2015 - 16:42
Reclus dans le salon de mon manoir, assis dans mon canapé, je restai là, immobile, telle une statue. Ces derniers temps, je n'avais rien pu faire d'autre. Je n'avais même plus la tête à lire. Seul Edgar, mon majordome, avait osé me dérangé dans ma torpeur, inquiet de mon état, de cette aura menaçante, inhabituelle, qui émanait de moi. Je lui avais alors demandé de quitter la maison et devant son refus, l'avait forcé à partir en mission en Angleterre. Il avait toujours été là pour moi, mais cette fois-ci, il ne pouvait rien faire. Glaner quelques informations utiles en Angleterre, c'était tout ce dont j'avais besoin en ce moment. Mais j'avais échoué dans cette tâche et malgré son talent pour ce genre de travail, je doutais fort qu'il puisse faire mieux que moi. Cela faisait déjà plusieurs jours et je n'avais pas bougé d'un pouce. Des cernes s'étaient creusées sous mes yeux absents, rougis par une soif dévorante que je ne songeais nullement à satisfaire.
Joshua avait disparu. Josh, mon cousin, mon unique héritier, tout ce qu'il me restait d'Isaac, celui que j'étais venu à considérer comme un petit frère, la prunelle de mes yeux avait disparu. Il m'avait laissé un message très bref, disant qu'il craignait pour la sécurité de son amant et préférait arrêter nos leçons pour quelques temps afin de s'y consacrer pleinement. J'avais alors décidé de le laisser faire. Il était adulte, après tout. Il devait être capable de se débrouiller seul. Son petit ami était humain. S'il avait des problèmes, il s'agissait sûrement d'une menace humaine. Il m'aurait sûrement demandé de l'aide, s'il en avait besoin, avais-je pensé. Quelle grave erreur... Je n'avais plus jamais eu de nouvelles de lui. Moi qui avait toujours été un peu trop protecteur, juste cette fois, j'avais manqué à mon devoir. Je l'avais cherché partout, jusqu'au confins de l'Angleterre. J'avais cherché des renseignements pendant un long mois, où j'avais encore l'espoir de le retrouver en vie. Puis, après ces recherches totalement infructueuses, je m'étais résigné, et je m'étais enfermé dans mon manoir.
J'étais d'abord passé par une phase par une phase de regret profond. Je m'étais longuement accusé de cette mort – maintenant j'en étais certain – et ne savais quoi faire pour trouver le repos. Mais mon état d'esprit était passé depuis peu à la colère, une haine intense dirigée vers cet inconnu qui avait pris la vie de mon cousin. Je n'avais pas encore réussi à le trouver, mais où qu'il soit, je n'aurais de cesse de le traquer, jusqu'à ce qu'il eût disparu de ce monde à son tour, devrais-je y consacrer le reste de ma vie. A quoi bon continuer cette mascarade de chef de famille ? Je n'aurais de toute façon plus d'héritier level A à qui confier ce rôle à ma mort, désormais. Cette lignée s'éteindrait avec moi, et la branche d'Angleterre pourrait faire ce qu'elle veut du futur de la famille. De toute façon, quel intérêt avais-je pour ce qui restait des Backloy Ryan, si ce n'était quelques connaissances dans le monde qui avait su trouver grâce à mes yeux, mais qui restaient de lointains parents ? Je me sentais désespérément impuissant. Mais j'étais bien décidé à ce que cela ne dure pas. Ainsi immobile, je réfléchissais. J'élaborais des plans fous pour découvrir qui avait commis l'irréparable. J'avais deux cibles suspectes : les lycans et ma propre famille. Dès que j'aurais un plan, je mettrais à l'action.
Seulement, un bruit vint déranger ma retraite, celui de la porte d'entrée. Aussitôt, je me servais de mes sens, longtemps restés endormis par mon obsession. Je connaissais cette odeur. C'était celle de Ruby. Comment avais-je pu l'oublier ? Je n'étais pas seul. Il restait encore une personne importante à mes yeux. Je mourrais d'envie de la voir, de la serrer dans mes bras, d'aller courir dans la forêt en sa compagnie. Seulement... Je ne pouvais pas la voir. Je n'avais pas le droit d'être heureux, pas maintenant. J'avais autre chose à accomplir avant. Et je ne voulais pas qu'elle me vît dans cet état. Comment pourrais-je la regarder en face ? Isaac, son meilleur ami, était mort parce que je n'avais pas su suffisamment sceller ses souvenirs. Quant à Josh, je n'avais pas su le protéger. J'avais échoué en tant que chef de famille, en tant que cousin, en tant qu'homme. Elle devait partir. A peine s'était-elle engagée dans le couloir que j'établis un contact télépathique.
« Va-t-en, grognais-je, un peu plus durement que ce que j'aurais voulu. Je ne peux pas te recevoir maintenant. »[/list]
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Sam 7 Fév 2015 - 22:20
Un léger crissement raisonne sous les branches sombres et nues, un doux frémissement qui s'entend à peine. Parfois on devine le pelage qui se détache à peine sur le fond d'un blanc léger, comme un mirage. Le temps qu'on essaie d'en apercevoir les contours il se dérobe à nouveau. Le cerf relève la tête, aux aguets, il a perçu sa présence. Ses yeux semblent à l’affût du moindre mouvement, de la moindre menace. Et là il la voit, elle vient d'apparaître entre deux troncs élancés. Fine silhouette animale qui se fond à la couleur de la neige, seuls deux prunelles d'un rouge étincelant brillent face à lui. Ils se toisent, s'observent un instant, dans cette seconde de flottement irréel. Puis le cervidé rebaisse le museau vers le sol, le prédateur n'est pas en chasse, il n'est pas dangereux. Pas aujourd'hui en tout cas... Mais dans le dos de l'animal les contours du loup semblent se troubler jusqu'à laisser apparaître les traits d'une jeune femme dont les pupilles luisent avec tout autant d'intensité.
C'est presque douloureux lorsque je retrouve mon corps de vampire. J'ai l'impression de ne pas réussir à le ressentir totalement, à le visualiser. D'ailleurs je n'arrive pas tout de suite à garder mon équilibre sur deux pattes... Jambes. Je me stabilise en posant une main au sol. Je frissonne en ressentant le froid mordant des flocons contre ma peau et fronce le nez, surprise. Peu à peu ma conscience me revient et avec elle les souvenirs et la douleur. Cela faisait longtemps que je ne m'étais abandonnée ainsi à ma nature de louve, laissant tout derrière moi, et maintenant que je reviens à moi j'ai du mal à lutter contre tous ces sentiments qui m'envahissent. Je voudrais me laisser aller, oublier encore, ne pas avoir à lutter. Je ferme le poing contre mon ventre où je sens une vague immense grandir qui menace de m'emporter. Je ne veux pas, je ne dois pas... Après quelques minutes de combat silencieux je réussis à reprendre sur moi et enfin je me redresse. L'herbivore a dû entendre mon mouvement et il se retourne, intrigué. Contrairement à ce qu'on pourrait s'attendre il ne fuit pas. Ici les animaux n'ont pas l'habitude d'être chassé par l'homme. L'échange de regards se renouvelle mais je ne ressens plus cette appartenance au même monde, plus tout à fait. Je ne suis plus louve... D'un certain côté je suis pire... Et cette sécheresse qui me brûle la gorge me le rappelle à chaque seconde.
… Je ne sais où mes pas me mènent, je me contente d'avancer, tant que je suis en mouvement mes pensées ne me rattrapent pas. Je me retrouve aux abords de la ville sans trop savoir comment, ni pourquoi. Je marche, marcher pour ne pas tomber, marcher pour ne pas réfléchir, et parce que j'ai le sentiment que si je m'arrête je ne pourrais plus jamais repartir. Je fixe le sol devant moi, l'esprit vide, même si je sens cette tempête qui gronde, là juste à la frontière... Quelque chose m'interpelle soudain et je relève les yeux. M'arrête. Je me retourne brusquement manquant de percuter de peu un passant. Il grommelle quelque chose mais je ne l'entends pas, ne le vois pas. Je connais ce portail que je viens de dépasser et je sais où il mène. Je reviens sur mes pas et n'hésite qu'une fraction de seconde avant de pousser le battant. Malgré cela je suis surprise de le voir s'ouvrir sans résister et marque de nouveau un temps d'arrêt. Qu'est-ce que je fais... Je remonte l'allée jusqu'à l'entrée sans me poser plus de questions. Je projette mes sens autour de moi mais peu d'informations me parviennent. L'hôte de cet endroit n'est pas sorti de chez lui depuis déjà un certain temps, mais ce qui m'étonne plus c'est le parfum ténu du majordome, d'habitude il est toujours présent, inébranlable, comme s'il appartenait à ces lieux. Je ne sais pas trop quoi en conclure. Au vu de cette absence je ne frappe pas et pousse la porte. Bizarrement maintenant je ne m'inquiète plus, je sens que je suis là où je devais me trouver. Je franchis le seuil et avance d'un pas décidé. Je vois où aller. Alors que je traverse le couloir je sens son esprit qui vient à la rencontre du mien. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, je ne me souviens même plus quand avait eu lieu notre dernier contact. Rapidement je déchante, son ton est glacial et ses paroles amères, tranchantes. Je me fige sur place, blessée et interloquée. Alors même que je tente de demander des explications il se retire, ses pensées se ferment. Il n'a jamais fait ça avant. Mes lèvres sont entrouvertes comme si j'allais dire quelque chose, et pendant un moment je me sens perdue... Et seule. J'ai alors une réaction totalement incontrôlée, je ferme les poings alors qu'une rage sourde m'envahit. Si tu crois t'en tirer comme ça ! Je franchis les derniers mètres qui me séparent du salon et ouvre la porte, d'un mouvement un peu plus brutal que ce que j'escomptais tout d'abord. J'entends le clenche qui cogne contre le mur mais je m'en fiche et n'y prête pas attention, en fait tout mon univers ne se résume qu'à une seule chose à partir du moment où j'entre dans cette salle, ou plutôt, une seule personne.Assis dans le canapé il est tourné vers moi, je peux voir à son visage qu'il n'a que peu dormi ces derniers temps, tout comme moi. Ce qui me surprend aussi c'est la pâleur encore plus prononcée que d'habitude de sa peau, il ne s'est pas nourri depuis longtemps. Depuis combien de temps ne l'ai-je pas vu ? Quelques semaines ? Des mois ? Je ne sais même pas quel jour on est. J'ai juste envie de me rapprocher encore, de me glisser entre ses bras et m'abandonner contre lui. Mais ma colère ne me quitte pas, sans réfléchir je franchis les quelques mètres qui nous séparent et me penche vers lui le deux paumes contre les accoudoirs et nos visages à quelques centimètres. Ma voix se fait aussi froide que la sienne quand je lui parle :
- « Junya... Ne refais plus jamais ça. Jamais tu m'entends ?! »
Ma voix enrouée résonne étrangement à mes oreilles, je n'ai plus ni l'habitude de l'entendre, ni celle de parler. D'ailleurs cela ravive la brûlure que je sens dans le fond de ma gorge et mes yeux virent vers un rouge plus incandescents, autant dû à ma soif qu'à mes sentiments de cet instant.
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Mer 14 Déc 2016 - 0:06
Surpris par mon ton désagréable, je me sortis aussitôt de son esprit. Cela confirmait cependant ce que je venais de me dire. Il n'était pas question d'abandonner Ruby. J'en étais de toute façon bien incapable. Mais ce n'était pas le bon moment. Pour l'instant, je ne pouvais qu'être toxique pour elle. Et dangereux. Depuis que son odeur m'était parvenu, ma gorge me paraissait de plus en plus sèche. Inutile de me regarder dans un miroir pour savoir que mes iris avaient viré au pourpre. En temps normal, son odeur m'attirait déjà particulièrement. Affamé et affaibli comme je l'étais, je doutais de pouvoir réprimer ma soif bien longtemps si elle s'approchait de moi.
Elle ne m'écouta pas. Peut-être aurais-je dû être plus diplomate dans ma manière de lui dire de partir, mais discuter avec calme était au-delà de mes forces. Soudain, la porte s'ouvrit avec fracas cognant contre le mur avec une certaine violence. La douce Ruby que je connais n'aurait pas fait ça. Au fond de moi, je me demandai ce qui pouvait la mettre dans une telle rage. Cette partie de moi avait envie de lui demander ce qui n'allait pas, de la prendre dans mes bras, de m'excuser si mon ton un peu trop froid en était la cause et de faire ce qu'il fallait pour qu'elle sourît à nouveau. Cependant, mon instinct de vampire prenait le dessus. Un grondement sourd qui n'avait plus grand-chose d'humain s'échappa de mes lèvres.
« N'approche pas... » grognai-je, en guise d'avertissement.
Peine perdue. Elle se dirigea vers moi d'un pas vif et planta son visage à quelques centimètres du mien. Ruby n'avait jamais été très docile. En temps normal, cela faisait partie de ce qui me plaisait chez elle. Elle était libre et sauvage. Personne n'avait d'ordre à lui donner. Cela nous mettait sur un pied d'égalité. Mais cette fois, j'aurais souhaité qu'elle en comprenne la raison. Elle devait pourtant comprendre. N'étions-nous pas de la même espèce ? Peu de monde aurait osé se placer devant un sang-pur assoiffé, surtout de mon âge et de ma stature. C'était pure folie, voire suicidaire. Ses yeux étaient rouges. Avait-elle soif aussi ? Ma surprise fut brève car mon regard tomba sur une veine de son cou. Son bleu contrastait particulièrement avec sa peau de porcelaine, ressortant plus que jamais. Sans doute à cause de sa colère, son cœur battait vite, faisant palpiter cette zone. J'avais du mal à en détacher mon regard.
« Junya… Ne refais plus jamais ça. Jamais tu m'entends ?! »
Les paroles de Ruby me parvinrent comme lointaines, résonnant dans mon esprit. Je peinais à en comprendre le sens, obnubilé par les battements sonores de son pouls. Je reconnus vaguement mon prénom. Ma gorge me brûlait douloureusement. Je grondai à nouveau, plus longuement, sans vraiment m'en rendre compte. Ma conscience humaine m'abandonnait. J'étais un prédateur. Elle était une proie de choix. La fragrance de son sang m'obsédait, comme si le plus délicat des nectars était à portée de main. Haletant, je me rapprochai encore, l'entourai de mes bras et l'attirai à moi. Pas elle... Pourquoi pas elle ? Je ne supporterais pas de perdre encore quelqu'un, surtout pas elle… Mais déjà, ma petite voix intérieure s'était tue. Incapable de résister plus longtemps, je repoussai d'une main les longs cheveux de l'imprudente, dégageant son cou, et y plongeai mes crocs. Si dans un sursaut de conscience, je parvins à me maîtriser suffisamment pour ne pas déchirer sa chair, le geste n'avait rien de doux. C'était l'expression de la monstruosité qui se tapit en chacun de nous, vampires. La Bête, comme certains aiment à l'appeler. Son sang coulait dans ma gorge, meilleur encore que ce que j'avais pu imaginer. Depuis quand n'avais-je pas bu de sang frais, si ce n'était celui des animaux ? Et depuis quand n'avais-je pas goûté à celui, plus savoureux encore, de quelqu'un d'une lignée noble ? D'un bras puissant, je plaquai son corps contre mon torse pour l'empêcher de se soustraire à moi.
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Sam 17 Déc 2016 - 22:19
Le fracas de la porte contre le mur parait le surprendre autant que moi, ou peut-être est-ce le fait que je ne me sois pas pliée à sa demande. En le voyant enfin en face de moi, son beau visage marqué un mélange de lassitude, d’épuisement et de je n’aurais su définir quoi d’autre, j’eus une seconde d’hésitation. Je ne désirais pas être la source de ce que je percevais dans son regard, j’aurais plutôt souhaité apaiser sa douleur. Mais il m’avait donné un ordre, d’une manière bien trop brutale pour que je l’accepte et courbe l’échine. Il devait pourtant avoir l’habitude depuis le temps, je n’avais que faire de la pureté de son sang et il n’avait jamais été question qu’il me dicte ma conduite. Encore moins aujourd’hui qu’avant. J’avais besoin de certaines réponses, j’avais besoin de ne plus être seule, pas après tout ça, et plus que tout j’avais besoin… de lui. Comment osait-il me rejeter en cet instant, me renvoyer de la manière dont il venait de le faire sans même un peu de douceur ? Plus que quiconque il aurait dû se douter de mon état d’esprit. Ces pensées ne firent que raviver ma colère et les mots qu’il prononça ne me parvinrent qu’à peine, effleurant ma conscience. C’était bien trop tard, en quelques enjambées je me retrouvai proche de lui pour lui cracher des paroles qui se voulaient aussi glaciales que les siennes. J’avais presque envie de lui faire du mal, qu’il comprît ce que je ressentais en cette seconde et qu’il le regrette. Mon corps me semblait brûlant alors que j’étais penchée vers lui, ma colère paraissait avoir atteint son paroxysme et je resserrai d’avantage ma prise mes griffes s’enfonçant dans les accoudoirs.
Je remarque alors que le vampire ne me regarde absolument pas, du moins pas dans les yeux et je commence peu à peu à me rendre compte de la situation. Ses pupilles aussi incandescentes que les miennes sont fixées sur ma gorge, son grondement empli mes tympans et je le sens presque sur ma peau. Je peux percevoir sa soif nettement maintenant et son aura m’enlace… M’étouffe… Tellement que je suis incapable de bouger lorsqu’il se rapproche et m’attire vers lui. Je sais ce qui va se passer, je le lis dans son regard, je le devine dans ses gestes, pourtant là encore je ne parviens pas à esquisser le moindre mouvement. Sa main rejette mes cheveux en arrière et j’ai la sensation d’être plus vulnérable que jamais, prise au piège, une proie parfaite. Juste un mot m’échappe, ou une supplication plutôt :
- « Junya… »
Je n’ai pas les moyens d’en dire d’avantage, ses crocs plongent soudain sur mon cou et je les sens percer la chair. Je ne peux retenir un gémissement de surprise. Ses bras se resserrent alors avec encore plus de force et je me retrouve plaquée contre lui, je ne peux presque plus bouger. Le geste n’a rien de tendre, il est possessif, impérieux. Je serre les dents pour ne pas feuler, ça ne servirait à rien, ce n’est pas l’homme que je connais : celui-là ne me ferait pas de mal. Il n’y a plus que cette bête qui sommeille en chacun de nous, le vampire, le tueur. Peu à peu je sens que mes forces faiblissent alors que la douleur dans le creux de ma gorge elle ne fait que s’accroitre. C’est comme un feu ardent qui se propage dans le reste de mon corps et si je ne fais rien il me consumera. Je ne crois pas que Junya va s’arrêter, pas dans l’état de manque dans lequel il se trouve, mais s’il continue je vais mourir. Cette pensée me glace et j’ai l’impression de recouvrer un peu de lucidité.
Je fais alors la seule chose qui me passe par la tête : je me transforme. En une seconde l’animal prend la place de la femme. Pour profiter de l’effet de surprise je me change à nouveau, son étreinte est alors trop large pour mon corps de vampire et ne me retient plus, je me laisse tomber à terre pour lui échapper et me jette en arrière dans une roulade rapide pour m’écarter le plus vite possible. Ce peu d’efforts me parait immense et je me redresse difficilement, gardant mes deux mains tendues devant moi, autant pour lui montrer que je ne cherche pas à me battre que dans l’illusion vaine que je pourrais le retenir si jamais il se jette à nouveau sur moi. Le sang coule sur ma peau blanche, j’en ai d’autant plus conscience que je suis à moitié dénudée, comme à chacune de mes transformations il ne me reste que mes sous-vêtements. En cette seconde je suis bien trop concentrée pour en être gênée, de plus rougir ne semble définitivement pas être une bonne idée devant un vampire assoiffé. Je veux parler mais rien ne me vient à l’esprit, je n’ai pas encore vraiment compris tout ce qui vient de se produire. Mon corps tremble et soudain je sens mes jambes fléchirent, elles ne me portent plus, je tombe brutalement sur les genoux et je sens que la pièce tourne autour de moi. Je lève les yeux vers mon ami, plein d’attente, avant de sombrer lentement dans les ténèbres…
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Dim 15 Jan 2017 - 18:46
Mon esprit était vide de toutes pensées. N'y restait que ma soif et le plaisir que je ressentais à la satisfaire. Je n'avais pas l'intention d'y mettre fin. Pourquoi l'aurais fait ? Cela faisait des années que je n'avais pas bu de sang frais, si ce n'était celui d'animaux. La plupart du temps, je faisais venir des poches de sang de l'hôpital, question de respect pour les humains. Il avait été un temps où je séduisais des jeunes humaines, les entraînait dans un univers onirique créé par mes soins et me nourrissait avant de déposer mes proies inconscientes dans leur lit ou à l'hôpital, de manière à ce qu'elles croient avoir rêvé. Je ne faisais plus ça depuis un bon siècle. Ma vision des humains avait évolué, à force de discuter avec eux, et j'avais fini par me lasser, surtout que le progrès avait permis de conserver du sang en dehors d'un corps, ce qui n'était guère possible auparavant.
Soudain, l'objet de mon plaisir se déroba. Outré par cet imprévu, je commençai par réagir agressivement. Je me levai pour reprendre ce qui me paraissait dû. Cependant, ma soif ayant été en grande partie comblée, mon esprit refit légèrement surface. L'absurdité de la situation me fit l'effet d'un seau d'eau froide jeté à mon visage. Ruby, plus pâle que je ne l'avais jamais vue, à genou sur mon tapis, en sous-vêtement, le regard tourné vers moi… Un filet de sang coulait encore de la plaie qu'elle avait au cou. Je sentis le moment précis où sa conscience s'éteignit. Me mouvant à une vitesse surhumaine, je la retins par les épaules avant qu'elle ne s'effondre sur le sol. A deux doigt de la panique, je cherchai son pouls à son poignet. Bien entendu, je l'entendais encore, faible, mais toujours présent, mais j'avais besoin d'une confirmation plus tangible que je n'avais pas commis l'irréparable.
Je me haïssais plus à cet instant que je ne m'étais jamais haï en plus de quatre siècles de vie, et pourtant, j'aurais eu bien des raisons de le faire. Lâchant un juron sourd, je frappai du poing avec force sur le sol, ce qui eut pour effet de créer un beau trou dans le plancher, mais aussi de me ramener un peu au calme. Je ne me connaissais pas aussi violent. Ça faisait beaucoup de premières fois en peu de temps… Quoi qu'il en soit, il me fallait parer au plus urgent : le bien-être de Ruby. Elle était tout ce qu'il me restait. Je n'osais pas imaginer ce que je deviendrais si je la perdais, elle aussi. Et pourtant, c'était bien moi qui l'avait vidé de son sang.
La prenant dans mes bras, je l'emmenai dans la suite qui bordait la mienne, au premier étage et l'allongeai sur le lit. Edgar avait toujours insisté pour maintenir chacune des chambres d'ami en état de recevoir. Je n'y avais jamais rien trouvé à redire, vu que je me fichais royalement de ce genre de chose et laissais le majordome gérer le manoir à sa guise, mais je devais reconnaître que cela trouvait son utilité. La suite était décorée de blanc et de rouge sombre. Elle comprenait un salon, une chambre, une salle de bain et une garde-robe – vide, faute d'occupants réguliers. Comme dans la plupart des chambres du manoir une large porte-fenêtre donnait sur un petit balcon bordé de fer forgé noir.
Je remarquai que la plaie ne s'était pas encore refermée. L'anémie limitait sa capacité de régénération. Me saisissant d'un linge propre dans la salle de bain, je l'humectai, retournai m'asseoir sur le bord du lit et nettoyai le sang avec toute la douceur dont j'étais capable. La morsure, elle, tenait plus de la déchirure que des deux petits trous habituels. La force dont j'avais dû faire preuve me donnait envie de vomir. Certes, je n'étais pas moi-même, mais utiliser cette excuse ne réduisait en rien ma responsabilité. Je m'étais laissé aller, ces derniers jours. J'avais personnellement créé cette situation à risque.
Je ne craignais pas pour sa vie, cela dit. Je savais précisément comment régler la situation. Elle n'allait pas en mourir. Je me penchai vers elle et rabattis mes cheveux laissés libres derrière mes épaules. Je mordis le creux de mon poignet gauche, ouvris la bouche de la jeune femme de la main droite et plaquai la blessure contre ses lèvres, laissant ainsi tomber un peu de mon sang au fond de sa gorge. C'était la moindre des choses. Si le sang d'un level A est le seul à pouvoir changer un humain en vampire, il a aussi un fort effet sur les vampires. Pour eux, c'est le plus doux des nectars. Plus le level A est proche génétiquement des vampires originaux, plus son sang est nutritif et chargé de magie. Et seuls ceux qui en descendent le plus directement possible peuvent prétendre à la position de chef de famille. Autrement dit, j'étais un descendant direct et mon sang était un des meilleurs médicaments au monde pour ceux de mon espèce. Après lui avoir pris autant de son sang, je lui devais au moins ça. Non, dans n'importe quel cas, j'aurais versé autant de mon sang que nécessaire pour que Ruby vive.
Je n'avais que trop sombré dans la passivité. J'avais nombre de choses à faire. La première était de rendre le sourire à Ruby, si elle acceptait encore de me voir après les événements d'aujourd'hui. Je la glissai doucement sous les draps blancs. J'allais attendre là jusqu'à ce qu'elle se réveille, plusieurs jours s'il le fallait.
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Lun 27 Fév 2017 - 16:54
- Je ne sentais plus vraiment mon corps, tout n’était qu’obscurité autour de moi et j’avais le sentiment de sombrer avec un calme étonnant dans cette noirceur accueillante. Je ne sentais ni douleur, ni peur et je ne savais pas si j’avais réellement les yeux ouverts puisqu’il n’y avait rien à voir. Je ne pouvais pas bouger, comme si mes membres étaient trop lourds pour que je les soulevasse, mais cela ne m’inquiétait pas. Est-ce que c’était cela la mort ? Une sorte d’absence de perception ? Pourtant je percevais à la lisière de ma conscience la présence de mon ami, sa chaleur, et cela me suffisait. Un moment un parfum puissant et envoûtant s’accapara de mes sens, si puissamment que je fus sur le point de me réveiller, mais je ne parvins à soulever mes paupières. Je sentis le liquide chaud couler dans ma gorge, réchauffant mon être de l’intérieur. La louve en moi se lova sur elle-même de contentement, apaisée et je me laissai aller, perdant totalement le lien avec le monde extérieur alors que mon corps se réchauffait peu à peu dans ce feu qui couvait au creux de mon ventre.
Un éclat brille dans le noir, deux flammes d’un rouge brûlant, incandescent qui me fixent. Je suis incapable de bouger, j’ai l’impression d’être au ralenti en comparaison du monde qui m’entoure. Je ne peux pas réagir. Je sens une angoisse terrible qui me saisit à la gorge et qui se transforme en douleur. J’étouffe et je souffre en même temps. Une ombre se jette sur moi et me cache le reste de mon environnement. Je panique. Rien de ce qui se passe n’est cohérent, je n’ai pas de force, je ne peux rien faire, je suis impuissante comme un nouveau-né. Je me débats vainement mais je ne fais qu’épuiser mes forces pour rien. Je hurle terrifiée et…
… Mes yeux s’ouvrent. Je reste figée dans un premier instant, le temps de comprendre où je suis, ce que je fais là. Alors que je comprends peu à peu mon souffle ralentit et les battements de mon cœur se calment. Mon regard balaie lentement la pièce toute de blanc et de pourpre, le balcon extérieur sur lequel s’accumule une épaisse couche de neige, je reconnais vaguement cette pièce pour l’avoir vu rapidement en découvrant la demeure de Junya. Toujours aussi tranquillement mes yeux viennent s’arrêter sur la personne qui se trouve à mes côtés et dont je sens la présence depuis le début. Il est là, assis sur le lit, tourné vers moi. Je n’arrive pas à déterminer si c’est parce qu’il a senti que je m’étais réveillée ou s’il est juste resté là immobile à attendre patiemment. Ses prunelles sont d’un vert sombre dû à l’éclairage déclinant, ou alors c’est sa mine qui les obscurcit. Je bats des paupières, incapable de détacher mon attention de son visage. Il est tout proche, pourtant j’ai l’impression que je ne peux pas l’atteindre, qu’il y a comme une barrière entre nous. J’essaie de me redresser doucement, en prenant appui d’abord sur mes coudes puis sur mes mains. Le drap glisse sur ma peau à moitié nue jusqu’à mes hanches mais je n’y prête pas attention. Une seconde j’ai le sentiment que la pièce n’est pas stable autour de moi mais en attendant un peu j’arrive à rester dans cette position. Je me sens très faible et la sécheresse dans ma forge me le rappelle, pourtant j’ai besoin de me rapprocher de lui, c’est plus fort que moi. Ma main se tend vers lui lentement, sans geste brusque et mes doigts caressent sa joue, repoussant en arrière une de ses mèches qui lui tombe sur le visage. Sa peau est douce et chaude en comparaison de la mienne et j’y laisse quelques instant ma paume.
- « Tu es là. »
Une simple constatation, dit d’une voix que j’aurais voulu plus ferme, mais qui fait ressurgir de nombreux sentiments en moi. Je ne sais pas trop si j’ai envie de rire ou de pleurer. Je suis soulagée qu’il ne se soit pas enfui après tout cela. Plus que jamais j’ai envie d’être avec lui, là en cette seconde c’est une nécessité. Son aura m’attire irrésistiblement et je me penche d’avantage ma main se glissant naturellement contre sa nuque. Sans que je ne comprenne vraiment comment mon visage se retrouve à quelques millimètres de sa gorge. La pointe de ma langue vient goûter son parfum qui m’envahit encore plus. Je connais son odeur, elle est inscrite en moi, m’obsède presque. Je rouvre les yeux, alors que je n’avais pas eu conscience de les fermer et hésite une seconde. Mes lèvres se posent avec douceur dans son cou puis au prix d’un immense effort je parvins à me détacher assez pour planter mes prunelles d’un rouge incandescent dans les siennes.
- « Tu m’as offert ton sang. »
Ce n’est pas une question, maintenant je peux percevoir avec plus de netteté cette saveur dans ma bouche, une rémanence de ce qui a dû se passer. C’est inattendu, pas le fait que mon ami soit venu à mon secours, j’ai toujours eu confiance en lui, mais ce qu’il avait fait pour cela… Ce liquide qui coule dans ses veines est l’un des plus pur de notre race, beaucoup sont morts pour moins que ça. La pièce semble tourner de nouveau autour de moi et je frémis me retenant à moitié à lui. Après un instant je me laisse retomber légèrement contre les oreillers, encore fatiguée par ce simple effort. Cependant je pose ma main sur la sienne et la serre comme je peux, comme s’il devait advenir qu’il disparaisse si jamais je le lâchais.
- « Junya… Je n’ai pas encore décidé de si je devais te remercier ou te tuer. Rappelle-toi ça s’il te prend la mauvaise idée de partir. »
Je tente de lui offrir un sourire mais je pense que ma tentative se solde par un échec. Je referme les paupières quelques secondes, avant de le fixer à nouveau, attendant et craignant à la fois sa réaction.
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Lun 3 Avr 2017 - 22:56
Je somnolai un moment appuyé contre le dossier de la chaise. Mon ressentiment m'avait tenu éveillé. Puis l'urgence m'avait tenu éveillé. Mais maintenant, la fatigue retombait sur mes épaules avec une certaine violence. Je dormais à moitié quand j'entendis un changement dans la respiration de Ruby, m'indiquant qu'elle était en train de se réveiller. Je me redressai et l'observai. Son souffle et ses battements de cœur se firent rapides. Elle avait encore peur. Je serrai le poing. C'était entièrement ma faute. J'hésitai à caresser ses cheveux, à essayer de lui communiquer mon calme, mais je laissai tomber. Je n'étais pas certain qu'elle veuille encore que je la touche. C'était sans doute moi, l'objet de son cauchemar. J'avais rarement autant haï ma nature vampirique. Ou peut-être était-ce moi que je haïssais, tout simplement. Peut-être que je me cherchais juste des excuses.
Ses yeux s'ouvrirent et elle se calma peu à peu. Elle m'observa. Je restai immobile, attendant de voir sa réaction. J'étais prêt à partir si elle le demandait. Je pouvais toujours me appeler Edgar et le faire revenir rapidement pour qu'il s'occupe d'elle. Je préférais le faire moi-même, mais si elle avait peur de moi… Ou pire, elle me haïrait peut-être. Ce serait un juste retour des choses. Ruby se redressa doucement. Sa main se leva, effleura ma joue, repoussa la mèche de cheveux qui cachait une partie de mon visage. Sa peau n'était plus glacée, mais elle était encore froide. Elle n'était pas totalement remise.
« Tu es là. »
J'acquiesçai, attendant encore qu'elle me repousse ou qu'elle m'insulte. Étrangement, ça n'avait pas l'air d'être son intention. Elle se rapprocha lentement jusqu'à poser ses lèvres sur la base de mon cou. La sensation de sa langue sur ma peau me fit frissonner, non de peur, mais de désir frustré. Ce n'était pas du pardon. Elle avait encore soif. Elle leva vers moi des yeux aux iris écarlates.
« Tu m'as offert ton sang. »
Je lui souris doucement.
« Tu allais mourir, » répondis-je simplement, comme si ma réaction avait été une évidence.
Oui, ça m'avait paru la chose la plus évidente à faire, la moindre des choses. Du sang pour du sang. Si elle en voulait encore pour se rétablir, j'étais prêt à faire encore don de mon liquide vital. En la vidant presque de son sang, j'avais contracté une dette que j'avais plus que hâte de rembourser.
« Sens-toi libre de te servir si tu en ressens le besoin, » dis-je en haussant les épaules avec une nonchalance feinte, tandis que je gagnais à nouveau en assurance.
Elle se laissa retomber sur les oreillers, glissant sa main sur la mienne.
« Junya… Je n'ai pas encore décidé de si je devais te remercier ou te tuer. Rappelle-toi ça, s'il te prend la mauvaise idée de partir. »
Aie. Ruby m'en voulait, pas de doute là-dessus… Elle avait ses raisons, de toute façon. Je retournai ma main et serrai la sienne avec une certaine tendresse, en caressant le dos avec mon pouce. Je ne savais pas trop comment réagir. Je décidai donc de continuer à dissimuler mon trouble derrière la plaisanterie, comme je le faisais souvent, ces derniers temps.
« Attends un peu que je prenne soin de toi. Puisque tu n'as pas à me remercier de t'avoir sauvé la vie après avoir failli te la prendre, tu pourras toujours me tuer après, quand tu seras à nouveau en pleine forme, d'accord ? »
Je lui adressai un clin d’œil malicieux. Mais Ruby me connaissait presque plus que je ne me connaissais moi-même. Malgré cette façade, je ne doutais pas qu'elle percevait la douleur sourde qui transparaissait dans mes yeux.
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Jeu 7 Déc 2017 - 10:12
- Son sourire… Je ne m’étais pas rendu compte qu’il m’avait manqué, avant de le voir étirer les lèvres du vampire. Certes il était bien pâle aujourd’hui mais cela me suffisait, après tous ces évènements. D’ailleurs je n’arrivais plus vraiment à savoir où tout cela avait commencé.
- « Sens-toi libre de te servir si tu en ressens le besoin »
Je le fixai, surprise, et une seconde je sentis un désir brûlant me traverser. J’avais toujours eu envie de son sang, non pas parce qu’il était d’une lignée pure, même si cela devait jouer quand même un peu, mais juste un besoin presque douloureux parfois. En cet instant plus que jamais il était dur de résister, cependant s’il devait advenir que je gouttasse de nouveau à son fluide vital je ne souhaitais pas que ce soit dans de telles conditions alors qu’il y paraissait presque contraint. D’ailleurs la manière dont il avait formulé cette proposition ne lui ressemblait pas. Il semblait détaché, comme s’il essayait de me cacher ses pensées. Bien sûr il était dans l’expectative de ma réaction, pouvait-il comprendre que je ne lui en voulais pas ? J’avais si peur qu’il s’en aille, en décidant que c’était ce qu’il y avait de mieux pour nous deux, pour me protéger de lui. Il enserra ma paume dans la sienne, laissant ses doigts caresser le dos de ma main ce qui provoqua un frisson le long de ma colonne.
- « Attends un peu que je prenne soin de toi. Puisque tu n'as pas à me remercier de t'avoir sauvé la vie après avoir failli te la prendre, tu pourras toujours me tuer après, quand tu seras à nouveau en pleine forme, d'accord ? »
Dans une situation différente, avec une autre personne j’aurais peut-être ri de cette remarque, là je ne voyais que son trouble, une détresse sourde cachée dans la profondeur de ses prunelles. J’aurais voulu de nouveau me redresser pour le prendre dans mes bras, effacer ce voile sur ses yeux. A la place je gardai sa main dans la mienne et vins en poser le dos contre ma joue mes doigts s’entrelaçant entre les siens. Je fermai les yeux en sentant sa chaleur corporelle contre la peau froide de mon visage et son odeur que j’aurais pu reconnaitre en mille qui m’envahissait.
- « Junya… Mon doux Junya. »
Ces mots m’échappèrent dans un souffle, en fait je n’étais pas tout à fait certaine de les avoir prononcés. J’aurais voulu l’attirer vers moi pour me blottir contre lui, me réchauffer contre lui, mais je n’étais pas sûre de sa réaction immédiate. Je profitai encore quelques secondes sans rien dire puis ouvris de nouveau les yeux.
- « Je t’en prie ne te hais pas, pas pour ça. Parce que moi je ne te hais point. »
J’essayai de faire passer toute la sincérité, tout ce que je croyais dans mes paroles et dans mon regard. Je serrai sa main avec plus de force et y posai mes lèvres alors que son odeur m’envahissait de nouveau. Je murmurai contre sa peau, plus pour moi-même que pour lui :
- « Ce parfum m’avait manqué… »
Non en fait bien plus que cela, sa voix, son regard, les émotions que j’y lisais, son visage qui pouvait être si expressif mais qui en cet instant était fermé… Non, ça il n’avait pas le droit, cette attitude ne m’était habituellement pas destinée, je ne voulais pas qu’il érige un mur entre nous. Il ne pouvait pas me cacher ses sentiments. A cette pensée je sentis un poids dans le creux de mon ventre et lorsque j’ouvris les yeux je me rendis compte que je m’étais mise à pleurer. La fatigue, la peur exacerbaient mes sensations. Je restai à fixer nos mains, encore étonnée par cette vague d’émotion. Je ressentis la nécessité de m’exprimer de nouveau :
- « Ne fais plus ça… Plus jamais… N’utilise pas de masque avec moi. Ne te cache pas de moi. »
Une demande, un ordre ? Même moi je n’aurais su dire. C’était plus un besoin. Il était tout ce qui me restais, je ne voulais pas le voir s’éloigner de moi. Il n’y avait pas de mots pour décrire la profondeur de mon sentiment en cet instant.
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