Mea Culpa (21/06/2019)
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Vilhelm A. Jarlsonfel#101680#101680#101680#101680#101680#101680#101680
Humain - Hunter de l'Ordre Renfield
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Emploi/loisirs : Forgeron/metallurgiste et Hunter
Yens : 15
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Lun 16 Sep 2019 - 14:29
Mea Culpa
Feat Mia Luna Ogawa ~
La solitude s’abat comme le silence revient, me voilà seul face à un feu qui se crève. Dehors le soleil se couche pour de bon, battant de ses dernier rayons la porte ouverte de mon atelier. Bradley est parti il n’y a que quelques instants, emportant avec lui les preuves de ma culpabilité et me laissant décanter les émotions que notre rencontre a suscité.
Plongeant mes lèvres dans le goulot de la bouteille que je tiens désormais à la main, j’avale avec un soupçon d’amertume cet alcool que je chérit tant. Le dos appuyé contre un pilier de bois, me voilà donc coupable, traitre et meurtrier, de mieux en mieux. Malgré le fait que le chef des Dwight Hodgkin m’ait prisé pour le tour de force et tenté de me remonter le moral vis à vis de mes actes, la culpabilité me pèse toujours. Il a raison sur bien des choses mais l’une d’elles ne me quitte plus l’esprit et monopolise toutes mes pensées : Je dois parler à Mia. C’est à moi et à moi seul de lui apprendre ce qu’il s’est vraiment passé, sans laisser personne déformer la seule vérité dont je suis l’unique détenteur. Je me demande ce que peuvent bien penser tous ceux qui ont foulé le pavé où gisait hier encore la bête, et si la louve y était déjà passée.
Je doute que ce soit le cas honnêtement, je ne serai déjà plus de ce monde. Elle m’aurait retrouvé à l’odeur en une fraction de seconde. Rien qu’à cette pensée, un frisson descend le long de ma nuque, se frayant un chemin entre mes épaules et faisant frémir jusqu’au bout de mes doigts. Cette peur est bien palpable, je la reconnais qui m’étreint et me serre les tripes, celle d’encore me prendre une branlée - bien méritée cette fois - , mais plus encore la peur omniprésente de perdre Mia. La crainte de la voir me repousser m’écrase plus encore que tout autre maux, je pourrais encaisser toutes les droites et toutes les claques du monde si j’avais la certitude qu’elle pouvait me pardonner, mais rien en ce monde ne peut me fixer sur le destin qui m’attend. Si le karma est bel et bien une salope, elle me laissera vivre pour expier mes fautes, et j’espère sincèrement que ce sera le cas.
Reste cependant la question qui me taraude : comment je vais bien pouvoir lui dire ? Rien que lui avouer qu’elle me plait avait manqué de faire s’arrêter mon coeur, alors qu’est-ce que ça va être de lui expliciter mon implication dans le premier meurtre d’origine humaine subit par sa race ? Si la honte ne m’a pas tué, il y a fort a parier qu’elle s’en chargera. Avec un peu de chance ce sera bref, la décapitation m’irait à ravir. Net, simple, efficace et indolore. Ouais, ça me semble pas mal.
« Putain… »
Je passe l’autre main sur mon front et tarde sur mon visage, couvrant partiellement mes yeux clos. J’ai pas envie de crever. J’ai pas envie de la perdre. Et par Odin je refuse de fuir la queue entre les jambes !
Je fourre la main dans la poche de mon tablier déchiqueté et en sors mon portable que je jette sur l’établi devant moi. Après avoir encore bu une bonne rasade pour me donner un peu de courage, je pose mes mains de chaque côté du bois et m’appuie de tout mon poids, le regard rivé sur l’écran noir du téléphone. Comme guettant l’arrivée d’un message ou d’un appel, ou d’un quelconque autre signe, je le considère longuement. L’hésitation m’habite, dois-je le faire de cette manière ? Comment formuler mon texte, ma pensée, ma phrase ?
A mesure que mon coeur s’emballe, ma pensée s’agite et l’incertitude s’insinue lentement dans mes veines. Si j’attend encore je vais finir par me dégonfler, et l’abandon n’est pas une option. Après un long soupir j’empoigne l’appareil et tente de recracher un texte le moins brouillon et le plus concis possible.
Valkyrie Mia, faut que je te parle de quelque chose, en face. On se retrouve dans la clairière du Tanuki dès que tu peux. Je t’y attendrai.
:copyright: 2981 12289 0
Un peu trop évasif mais ça fera l’affaire, c’est en face que je dois lui dire, pas par message comme un lâche. Je repose l’appareil sur le bois et franchit la porte en courant sans prendre le temps ni de la refermer, ni de me changer. L’adrénaline commence à monter en moi, il serait idiot de se priver de cette alliée fugace pour me donner la force d’affronter ma peur.
Dévalant les rues vides ou peu s’en faut du quartier commerçant à cette heure tardive, je courre aussi vite que mes grandes jambes me permettent de le faire. Le bruit de mes semelles armées résonne à intervalle rapide et régulier, donnant à l’écho de ma cavalcade un rythme effréné alors que j’arrive à la périphérie de la ville. Voilà déjà une bonne quinzaine de minutes que je sprinte, mon physique pourtant entrainé commence à s’essouffler et ma respiration saccadée peine à alimenter mon cerveau en oxygène. Je ne ralenti pas pour autant et m’enfonce dans les bois.
Les sentiers sinueux se pavent de caillasse et de divers obstacles que je ne vois pas toujours avec l’obscurité ambiante, manquant de m’entraver et de me foutre à terre au moindre moment d’inattention. Plus d’une fois je manque de m’étaler mais me reprend à temps pour continuer ma course. Les branches fouettent mon visage, griffent mes épaules et mon torse nu mais rien ne m’arrête jusqu’à ce que j’aperçoive au loin la lune transparaitre entre les feuilles des arbres.
Arrivé à la clairière, je freine d’un coup pour m’arrêter à l’orée de ce qui nous servit il y a peu encore d’arène à la louve et moi. Le silence pesant de cette chaude nuit d’été me plonge dans une nostalgie soudaine, je revois encore mon corps projeté contre le tronc à ma gauche, le bruit de mes côtes qui se brisent, le gout de mon sang dans ma bouche.
Je passe ma main dans mon dos pour sentir les 5 cicatrices encore douloureuses. Malgré la température encore douce à cette époque de l’année, je frissonne et mes poils s’hérissent. Une autre estafilade de cet acabit pourrait bien rejoindre sa cousine ce soir, dans des circonstances peut être moins épiques et se soldant de manière moins sympathique.
Je m’avance dans la clairière, baigné dans la lumière de l’astre céleste. Des quelques égratignures sur ma peau s’écoulent quelques larmes de sang, voilà qui ne fera qu’aider la louve à me trouver. Enfin, sans compter sur l’odeur âcre de la transpiration qui perle sur mon front et mes épaules, couplée aux odeur de feu, de fer et d’alcool que je dois laisser flotter dans l’air.
Je ne me rend compte que maintenant que je suis à moitié nu, mon buste totalement à découvert caressé en douceur par un léger vent chaud. Super… Voilà qui va m’aider à rester crédible devant la Louve, pour un peu ça va porter à confusion et ne me rendre la tâche que plus difficile. On verra bien, pour l’instant il est primordial que je calme les battements de mon coeur et que je reprenne mon souffle.
Posant ma main droite sur mes côtes droites, je sens mon palpitant qui s’emballe d’autant plus que ma respiration se stabilise. Le stress monte encore, tachycardie et hypersensibilité sensorielle en sont deux des symptômes, et bientôt les autres suivront. J’ai passé tellement de temps à les observer chez mes proies que j’en connais presque tous les secrets et les aspects, sans pour jamais avoir imaginé en être sujet un jour.
Je chasse toutes ces pensées lorsque j’entend derrière moi un craquement sec. Je fais volte-face sans trop me hâter, prenant le temps de déglutir un bon coup avant de me retourner. Mes yeux déjà habitués à l’obscurité discernent sans mal ma valkyrie sous sa forme lupine, qui écrase de sa patte une branche, comme pour me faire sursauter en annonçant sa présence.
Génial, elle a déjà pris la peine de se changer… Je reste immobile tandis qu’elle avance lentement vers moi, ses yeux plongés dans les miens, mobilisant tous mes efforts pour ne par détourner le regard. A mesure qu’elle s’approche elle commence à se redresser, et progressivement ce corps de bête taillé par la force et l’animalité se mue en un sublime corps de femme, voluptueuse et… complètement nue. Lève les yeux Vilhelm, maintenant ! ET QUE LES YEUX !
La voilà maintenant si proche que je sens son souffle au niveau de mon sternum, bientôt suivi de sa main, douce et fraiche, qui se pose sur mon pectoral gauche. Ma concentration est telle que je n’entend pas les mots qu’elle prononce, tant il est impératif que je ne perde pas de vue mon objectif initial. Je ne la connais pas par coeur mais juste assez pour savoir qu’elle va me taquiner et jouer de ses charmes jusqu’à ce que je craque, dans tous les sens du terme. Ça semble toujours l’amuser, et j’avoue volontiers m’être accoutumé à ce jeu qui ne me déplait nullement. Mais maintenant il faut que je rompe cet engrenage avant d’y succomber, même si l’idée seule m’arrache d’énormes remords par anticipation.
Prenant mon courage à deux mains, je pose aussi délicatement que faire se peut mes doigts rêches sur les épaules de Mia, et tout en la maintenant en place je prend un pas en arrière, mettant entre elle et moi la longueur de mes grands bras. Je baisse le regard vers elle en serrant les dents, prenant bien soin de ne pas descendre les yeux plus bas que ses belles prunelles couleur d’orage. Devant son air subitement interloqué, je décide de prendre la parole.
« Je suis désolé Mia. »
Après ce bredouillage stupide, seule chose à laquelle j’ai pu penser sur l’instant, sa mine s’assombrit encore un peu. Sûrement sent-elle le stress et un soupçon de peur transpirer par tous les pores de ma peau, et qu’elle commence à en chercher le sens qui à l’évidence n’est pas due à l’appréhension au regard de sa tenue actuelle. M’imitant, elle recule d’un pas elle aussi, me considérant sur toute ma hauteur. Je n’ai plus le choix maintenant, j’ai ruiné la tension sensuelle qui s’installait pour faire planer un sentiment lourd et pesant, auquel je dois donner un sens et mettre un terme.
« Je sais que tu es au courant de ce qu’il s’est passé hier soir, le… Le lycan mort… »
Le choc est lisible de manière fugace sur le visage de l’alpha, et dans ses yeux je peux lire l’espoir qui s’efface, comme un « non » muet face à ma culpabilité. Plus de retour possible désormais.
« Le hunter qui l’a tué… C’est moi. »
Pour de bon, quelque chose semble se briser en elle. Son visage se tord sous le coup de cette affreuse révélation, et la fureur semble prendre possession de son être. Il est évident que j’ai trahi sa confiance, et qu’elle va me le faire payer très, très cher. Je ne m’en tirerai pas avec des excuses, et là n’est pas mon but. Je suis désolé, sincèrement, mais un homme doit affronter ses fautes et en payer le prix.
Dans ma culture, il n’y a pas pire déshonneur que la trahison. Il est cependant un moyen de quitter ce monde la tête haute sans mourir héroïquement au combat et de s’octroyer un passage au Valhalla : mourir de la main vengeresse de ceux que l’on a trahi sans jamais laisser le moindre son ou le moindre mot s’échapper. Crever dans le déshonneur pour le retrouver. On dit que le rituel se passe sous l’oeil vigilant des Valkyries, seules juges de la valeur du condamné.
Sans la quitter des yeux malgré mes iris tremblant je me résigne donc à affronter mon purgatoire, déposant à terre mes genoux, portant mon visage au niveau du menton de l’espagnole, à deux mètres d'elle. La douleur est visiblement ancrée sur mes traits, tout comme les remords.
« Je sais que ce que j’ai fait est impardonnable… »
J’ose espérer que malgré sa rage elle puisse ressentir la sincérité dans mes excuses et la profondeur de la rédemption à laquelle j’aspire. En attendant, j’incline la tête vers l’avant et serre les dents, par réflexe pour protéger ma mâchoire contre le coup que je sens venir.
« Je suis désolé. »
Plongeant mes lèvres dans le goulot de la bouteille que je tiens désormais à la main, j’avale avec un soupçon d’amertume cet alcool que je chérit tant. Le dos appuyé contre un pilier de bois, me voilà donc coupable, traitre et meurtrier, de mieux en mieux. Malgré le fait que le chef des Dwight Hodgkin m’ait prisé pour le tour de force et tenté de me remonter le moral vis à vis de mes actes, la culpabilité me pèse toujours. Il a raison sur bien des choses mais l’une d’elles ne me quitte plus l’esprit et monopolise toutes mes pensées : Je dois parler à Mia. C’est à moi et à moi seul de lui apprendre ce qu’il s’est vraiment passé, sans laisser personne déformer la seule vérité dont je suis l’unique détenteur. Je me demande ce que peuvent bien penser tous ceux qui ont foulé le pavé où gisait hier encore la bête, et si la louve y était déjà passée.
Je doute que ce soit le cas honnêtement, je ne serai déjà plus de ce monde. Elle m’aurait retrouvé à l’odeur en une fraction de seconde. Rien qu’à cette pensée, un frisson descend le long de ma nuque, se frayant un chemin entre mes épaules et faisant frémir jusqu’au bout de mes doigts. Cette peur est bien palpable, je la reconnais qui m’étreint et me serre les tripes, celle d’encore me prendre une branlée - bien méritée cette fois - , mais plus encore la peur omniprésente de perdre Mia. La crainte de la voir me repousser m’écrase plus encore que tout autre maux, je pourrais encaisser toutes les droites et toutes les claques du monde si j’avais la certitude qu’elle pouvait me pardonner, mais rien en ce monde ne peut me fixer sur le destin qui m’attend. Si le karma est bel et bien une salope, elle me laissera vivre pour expier mes fautes, et j’espère sincèrement que ce sera le cas.
Reste cependant la question qui me taraude : comment je vais bien pouvoir lui dire ? Rien que lui avouer qu’elle me plait avait manqué de faire s’arrêter mon coeur, alors qu’est-ce que ça va être de lui expliciter mon implication dans le premier meurtre d’origine humaine subit par sa race ? Si la honte ne m’a pas tué, il y a fort a parier qu’elle s’en chargera. Avec un peu de chance ce sera bref, la décapitation m’irait à ravir. Net, simple, efficace et indolore. Ouais, ça me semble pas mal.
« Putain… »
Je passe l’autre main sur mon front et tarde sur mon visage, couvrant partiellement mes yeux clos. J’ai pas envie de crever. J’ai pas envie de la perdre. Et par Odin je refuse de fuir la queue entre les jambes !
Je fourre la main dans la poche de mon tablier déchiqueté et en sors mon portable que je jette sur l’établi devant moi. Après avoir encore bu une bonne rasade pour me donner un peu de courage, je pose mes mains de chaque côté du bois et m’appuie de tout mon poids, le regard rivé sur l’écran noir du téléphone. Comme guettant l’arrivée d’un message ou d’un appel, ou d’un quelconque autre signe, je le considère longuement. L’hésitation m’habite, dois-je le faire de cette manière ? Comment formuler mon texte, ma pensée, ma phrase ?
A mesure que mon coeur s’emballe, ma pensée s’agite et l’incertitude s’insinue lentement dans mes veines. Si j’attend encore je vais finir par me dégonfler, et l’abandon n’est pas une option. Après un long soupir j’empoigne l’appareil et tente de recracher un texte le moins brouillon et le plus concis possible.
Un peu trop évasif mais ça fera l’affaire, c’est en face que je dois lui dire, pas par message comme un lâche. Je repose l’appareil sur le bois et franchit la porte en courant sans prendre le temps ni de la refermer, ni de me changer. L’adrénaline commence à monter en moi, il serait idiot de se priver de cette alliée fugace pour me donner la force d’affronter ma peur.
Dévalant les rues vides ou peu s’en faut du quartier commerçant à cette heure tardive, je courre aussi vite que mes grandes jambes me permettent de le faire. Le bruit de mes semelles armées résonne à intervalle rapide et régulier, donnant à l’écho de ma cavalcade un rythme effréné alors que j’arrive à la périphérie de la ville. Voilà déjà une bonne quinzaine de minutes que je sprinte, mon physique pourtant entrainé commence à s’essouffler et ma respiration saccadée peine à alimenter mon cerveau en oxygène. Je ne ralenti pas pour autant et m’enfonce dans les bois.
Les sentiers sinueux se pavent de caillasse et de divers obstacles que je ne vois pas toujours avec l’obscurité ambiante, manquant de m’entraver et de me foutre à terre au moindre moment d’inattention. Plus d’une fois je manque de m’étaler mais me reprend à temps pour continuer ma course. Les branches fouettent mon visage, griffent mes épaules et mon torse nu mais rien ne m’arrête jusqu’à ce que j’aperçoive au loin la lune transparaitre entre les feuilles des arbres.
Arrivé à la clairière, je freine d’un coup pour m’arrêter à l’orée de ce qui nous servit il y a peu encore d’arène à la louve et moi. Le silence pesant de cette chaude nuit d’été me plonge dans une nostalgie soudaine, je revois encore mon corps projeté contre le tronc à ma gauche, le bruit de mes côtes qui se brisent, le gout de mon sang dans ma bouche.
Je passe ma main dans mon dos pour sentir les 5 cicatrices encore douloureuses. Malgré la température encore douce à cette époque de l’année, je frissonne et mes poils s’hérissent. Une autre estafilade de cet acabit pourrait bien rejoindre sa cousine ce soir, dans des circonstances peut être moins épiques et se soldant de manière moins sympathique.
Je m’avance dans la clairière, baigné dans la lumière de l’astre céleste. Des quelques égratignures sur ma peau s’écoulent quelques larmes de sang, voilà qui ne fera qu’aider la louve à me trouver. Enfin, sans compter sur l’odeur âcre de la transpiration qui perle sur mon front et mes épaules, couplée aux odeur de feu, de fer et d’alcool que je dois laisser flotter dans l’air.
Je ne me rend compte que maintenant que je suis à moitié nu, mon buste totalement à découvert caressé en douceur par un léger vent chaud. Super… Voilà qui va m’aider à rester crédible devant la Louve, pour un peu ça va porter à confusion et ne me rendre la tâche que plus difficile. On verra bien, pour l’instant il est primordial que je calme les battements de mon coeur et que je reprenne mon souffle.
Posant ma main droite sur mes côtes droites, je sens mon palpitant qui s’emballe d’autant plus que ma respiration se stabilise. Le stress monte encore, tachycardie et hypersensibilité sensorielle en sont deux des symptômes, et bientôt les autres suivront. J’ai passé tellement de temps à les observer chez mes proies que j’en connais presque tous les secrets et les aspects, sans pour jamais avoir imaginé en être sujet un jour.
Je chasse toutes ces pensées lorsque j’entend derrière moi un craquement sec. Je fais volte-face sans trop me hâter, prenant le temps de déglutir un bon coup avant de me retourner. Mes yeux déjà habitués à l’obscurité discernent sans mal ma valkyrie sous sa forme lupine, qui écrase de sa patte une branche, comme pour me faire sursauter en annonçant sa présence.
Génial, elle a déjà pris la peine de se changer… Je reste immobile tandis qu’elle avance lentement vers moi, ses yeux plongés dans les miens, mobilisant tous mes efforts pour ne par détourner le regard. A mesure qu’elle s’approche elle commence à se redresser, et progressivement ce corps de bête taillé par la force et l’animalité se mue en un sublime corps de femme, voluptueuse et… complètement nue. Lève les yeux Vilhelm, maintenant ! ET QUE LES YEUX !
La voilà maintenant si proche que je sens son souffle au niveau de mon sternum, bientôt suivi de sa main, douce et fraiche, qui se pose sur mon pectoral gauche. Ma concentration est telle que je n’entend pas les mots qu’elle prononce, tant il est impératif que je ne perde pas de vue mon objectif initial. Je ne la connais pas par coeur mais juste assez pour savoir qu’elle va me taquiner et jouer de ses charmes jusqu’à ce que je craque, dans tous les sens du terme. Ça semble toujours l’amuser, et j’avoue volontiers m’être accoutumé à ce jeu qui ne me déplait nullement. Mais maintenant il faut que je rompe cet engrenage avant d’y succomber, même si l’idée seule m’arrache d’énormes remords par anticipation.
Prenant mon courage à deux mains, je pose aussi délicatement que faire se peut mes doigts rêches sur les épaules de Mia, et tout en la maintenant en place je prend un pas en arrière, mettant entre elle et moi la longueur de mes grands bras. Je baisse le regard vers elle en serrant les dents, prenant bien soin de ne pas descendre les yeux plus bas que ses belles prunelles couleur d’orage. Devant son air subitement interloqué, je décide de prendre la parole.
« Je suis désolé Mia. »
Après ce bredouillage stupide, seule chose à laquelle j’ai pu penser sur l’instant, sa mine s’assombrit encore un peu. Sûrement sent-elle le stress et un soupçon de peur transpirer par tous les pores de ma peau, et qu’elle commence à en chercher le sens qui à l’évidence n’est pas due à l’appréhension au regard de sa tenue actuelle. M’imitant, elle recule d’un pas elle aussi, me considérant sur toute ma hauteur. Je n’ai plus le choix maintenant, j’ai ruiné la tension sensuelle qui s’installait pour faire planer un sentiment lourd et pesant, auquel je dois donner un sens et mettre un terme.
« Je sais que tu es au courant de ce qu’il s’est passé hier soir, le… Le lycan mort… »
Le choc est lisible de manière fugace sur le visage de l’alpha, et dans ses yeux je peux lire l’espoir qui s’efface, comme un « non » muet face à ma culpabilité. Plus de retour possible désormais.
« Le hunter qui l’a tué… C’est moi. »
Pour de bon, quelque chose semble se briser en elle. Son visage se tord sous le coup de cette affreuse révélation, et la fureur semble prendre possession de son être. Il est évident que j’ai trahi sa confiance, et qu’elle va me le faire payer très, très cher. Je ne m’en tirerai pas avec des excuses, et là n’est pas mon but. Je suis désolé, sincèrement, mais un homme doit affronter ses fautes et en payer le prix.
Dans ma culture, il n’y a pas pire déshonneur que la trahison. Il est cependant un moyen de quitter ce monde la tête haute sans mourir héroïquement au combat et de s’octroyer un passage au Valhalla : mourir de la main vengeresse de ceux que l’on a trahi sans jamais laisser le moindre son ou le moindre mot s’échapper. Crever dans le déshonneur pour le retrouver. On dit que le rituel se passe sous l’oeil vigilant des Valkyries, seules juges de la valeur du condamné.
Sans la quitter des yeux malgré mes iris tremblant je me résigne donc à affronter mon purgatoire, déposant à terre mes genoux, portant mon visage au niveau du menton de l’espagnole, à deux mètres d'elle. La douleur est visiblement ancrée sur mes traits, tout comme les remords.
« Je sais que ce que j’ai fait est impardonnable… »
J’ose espérer que malgré sa rage elle puisse ressentir la sincérité dans mes excuses et la profondeur de la rédemption à laquelle j’aspire. En attendant, j’incline la tête vers l’avant et serre les dents, par réflexe pour protéger ma mâchoire contre le coup que je sens venir.
« Je suis désolé. »
Pardon
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Mia Luna Ogawa#101782#101782#101782#101782#101782#101782#101782
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Ven 4 Oct 2019 - 11:54
Le verre émit un bruit sourd en rencontrant le bois massif du comptoir. Mia venait de vider cul sec le troisième verre en à peine dix minutes. Sa réputation n'était plus à faire ici. Elle s'était déjà livrée à des jeux à boire, et sans surprise avait fini vainqueur à chaque fois. Mais ce soir, elle n'était pas d'humeur à s'amuser. Son esprit en ébullition ressassait sans cesse les événements de la nuit précédentes. Déjà, elle avait croisé la route d'un sang-pur, chef de clan de surcroît, qui retenait captif l'un des leurs. Infectés, peut-être. Mais la sauvagerie dont il faisait preuve envers son congénère l'avait déjà mise hors d'elle. De plus, cet individu lui avait démontré un semblant de sympathie qui lui déplaisait. Parce que ça n'allait pas dans le sens dans ses opinions.
Puis son unique oméga, Akatsuki, avait décidé de se faire la malle. Comme ça. Soi disant qu'il n'avait pas trouvé sa place ici et ressentait le besoin de s'aérer. Autant dire qu'elle l'avait très mal pris. Oh, elle n'avait pas esquissé un geste pour le retenir. Mais, une fois sa maigre meute désertée, elle avait laissé libre cours à sa rage. Comment pouvait penser qu'il n'avait pas sa place ici ? Et elle alors ? Ne lui en avait-elle pas offert une dans sa meute ? Elle lui avait appris à contrôler ses transformations. À se contrôler même, lui qui n'avait aucune emprise sur sa bête intérieure au moment de leur rencontre. Et il la lâchait comme ça, du jour au lendemain, sans autre explication qu'un besoin de respirer! Elle en avait hurlé de frustration, blessée dans son ego d'alpha. Car cette défection pointait du doigt son incapacité à tenir la cohérence d'une meute, tandis que les rivales s'étoffaient de semaines en semaines. Et puis dans le fond, elle ne se l'avouerait jamais, mais elle avait fini par développer un certain attachement à l'argenté, malgré son mauvais caractère, et ses principes qui lui dictaient de ne pas s'attacher de nouveau. Parce qu'elle avait trop perdu. En fait, elle n'avait plus rien à perdre aujourd'hui, et préférait que ça restât ainsi.
Et pour couronner le tout, elle avait reçu un message d'Asuna en plein milieu de la nuit, pendant qu'elle s'alcoolisait pour faire passer le départ de son unique oméga. Un lycan mort. Ici, à Nakanoto. Elle avait aussitôt pensé à Akatsuki, et pendant un terrible instant, elle avait eu peur. Peur de découvrir son visage sur le corps sans vie de son congénère. Peur d'avoir définitivement perdu l'un des siens, le plus proche de son entourage. Hirano l'avait vite rassurée sur l'identité du cadavre, cependant… Cette peur était encore là, sous jacente. Le virus leur faisait perdre tout contrôle. Et maintenant, une arme développée spécialement pour les éliminer. Désormais, ils pouvaient être tués autrement que par eux-mêmes. Mia serra les dents. C'était de l'acharnement. Il fallait que ça cesse.
Une vibration la tira de ses sombres réflexions. Elle sortit son téléphone tout en vidant le contenu de son verre. Son regard s'éclaira quand elle découvrit le nom de l'expéditeur du message textuel. Vilhelm, ou Vil, comme elle préférait l'appeler, son prénom étant trop occidental pour son palais. Cet humain qu'elle avait légèrement amoché pour le punir d'avoir piqué sa proie. Qui avait gagné son respect en lui faisant face. Et qui lui avait confessé, à sa grande surprise, l'intérêt qu'il lui portait. Depuis elle lui avait rendu visite à sa forge, appréciant la finesse de son art. Elle se plaisait sans honte à le faire tourner en bourrique en jouant sur ses attraits dès qu'elle le voyait. Que pouvait donc bien lui vouloir ce grand nordique ? Elle ouvrit le texto pour découvrir son contenu en même temps qu'elle reposait son verre.
Mia haussa un sourcil. Tiens donc. De quoi devait il lui parler de si urgent pour solliciter une rencontre à l'endroit de leur premier affrontement ? Le ton était pressant, sans équivoque. Elle ne put s'empêcher de sourire en imaginant les différents scénarios. Elle lui renvoya un message pour le taquiner. Puis, une minute plus tard, un second.
Mais elle eut beau patienter quelques minutes, le norvégien s'obstina à garder le silence. Elle n'obtiendrait aucune réponse à distance. Soit. Son regard glissa sur l’heure de son téléphone. Dix-neuf heure trente passé. Il lui faudrait quoi… Quinze minutes pour s'y rendre. Elle pouvait prendre son temps. Jouer avec ses nerfs. Le faire patienter un peu, histoire qu'il fut bien à point. Elle se leva avec un sourire narquois et déposa quelques billets pour régler sa note avant de quitter l'établissement les mains dans les poches, prenant la direction de la forêt. Il ne lui fallut guère de temps pour rejoindre les premiers arbres au pas de course, grâce à sa vitesse hors norme. Elle marqua une pause à côté d'un tronc creux pour se déshabiller et y glisser ses affaires. Puis elle se transforma, dans l'optique de surprendre une fois de plus l'humain qui l'avait invitée.
Elle se mut avec grâce et nonchalance entre les arbres, à une allure mesurée. Un petit trot tranquille qui indiquait la sérénité qui l'habitait. Elle était plutôt enthousiaste à l'idée de le charrier. C'était exactement le genre de… Distraction dont elle avait besoin. Grâce à son odorat sensible, elle devina qu'il était arrivé depuis peu, la devançant de quelques minutes. Un bel exploit, compte tenu des capacités de la lycane… il avait vraiment fait vite. Le sang de Vil emplissait l'atmosphère, suffisamment pour être pisté, mais pas assez pour s'inquiéter de son état de santé. Il avait dû se blesser superficiellement, laissant derrière lui des particules odorantes. Elle nota en plus de ça une nette touche de soufre, de cendre et de brûlé, signe qu'il sortait tout droit de sa forge. Elle ne se formalisa pas de la pointe d'alcool, puisqu'il avait une sacrée descente et buvait sans doute autant qu'elle au quotidien. En revanche, elle plissa le museau en distinguant une autre odeur, familière, qu'elle ne parvint pas à identifier, trop mélangée aux autres. Elle en saurait sans doute plus en l'approchant. Et justement, elle arrivait à la clairière du Tanuki.
La louve signala sa présence en écrasant volontairement une branche morte sous sa patte avant droite. Avant même qu'il ne se retourne, elle nota la semi-nudité du hunter. Il semblait littéralement sorti de sa forge, effectivement… Il était donc si pressé de la retrouver qu'il en avait omis de se changer ? Roh. Mais qu'est ce qui pouvait bien motiver une telle hâte ? Voilà qui aiguisait ses sens. Elle entrouvrit la gueule, la langue pendante, en l'équivalent d'un sourire moqueur. Elle s'approcha lentement, de sa démarche nonchalante et assurée, ses yeux bleus lupins rivés dans les siens. Lorsque la distance se réduisit à deux mètres, elle se redressa sur ses postérieurs et en quelques secondes, la terrifiante louve sombre fit place à une frêle humaine qui semblait d'humeur espiègle.
« Eh bien, ça devait être vraiment pressant pour sortir à moitié nu, et courir à s'arracher les poumons. »
Elle accompagna son commentaire d'un étirement des lèvres. Si elle se moquait de lui ? Parfaitement. Encore un peu et elle en ricanerait. Elle franchit la distance qui les séparait en deux pas, accentuant volontairement son déhanché. Toute occasion était bonne pour éprouver la libido de l'humain qui, elle le sentait, luttait pour ne pas baisser le regard. Une fois toute proche, elle leva sa main droite pour la poser sur le pectoral gauche de Vil, appréciant sous sa paume délicate la forte musculature.
« Je t'ai manqué à ce point, hum ? Ça tombe bien, j'avais justement besoin d'un peu de divertissement ce soir… si tu vois ce que je veux dire. »
Son regard glissa sur le torse du norvégien tandis qu'elle rapprochait un peu plus son corps du sien. Se mordant la lèvre inférieure, elle leva l'autre main pour atteindre le pectoral droit de son soupirant. Sa tête bouillonnait d'idée peu orthodoxes. Ainsi fut-elle très déçue lorsqu'il posa les mains sur ses épaules et s'écarta d'un pas vers l'arrière. Affichant une moue contrariée, elle croisa les bras. Quelle mouche le piquait ? Il se précipitant ici, le cœur battant, en nage, et il refusait ses avances, comme ça ? Du regard elle l'invita à s'expliquer. Elle n'obtint au début que des excuses. Désolé ? Ah vraiment ? Elle aussi était désolée. Teuh. Et pourquoi sentait il la peur à plein nez ? Elle fronça les sourcils, perdant progressivement sa bonne humeur. Elle amorça un pas en arrière, la mine sombre.
« Tu peux m'expliquer ? »
Et effectivement, il s'expliqua. A l'évocation du lycan mort, l'expression mitigée de la louve se mua en stupeur.
« Que... »
Quoi ? Comment savait il ? Qui l'avait mis au courant ? Pourquoi sa voix tremblait autant ? Une vive appréhension lui noua l'estomac. Puis vint l'aveu. Sous le choc, elle se contenta en premier lieu de le fixer, l'expression indéchiffrable, avec pour seul indice de son état ses yeux écarquillés. Puis, après quelques secondes, elle prit une inspiration douloureuse. Son cerveau achevait l’enregistrement de cette information, et tout ce qu’elle impliquait. Sa poitrine se serra alors qu’une douleur aussi vive qu’un coup de poignard lui perçait le coeur. Elle se sentait… trahie. Oui. Ce qui impliquait qu’elle lui faisait confiance, elle, Mia Ogawa, qui avait pendant longtemps oublié ce que ça voulait . Et finalement, elle aurait dû rester dans l’ignorance. ça faisait presque aussi mal que la trahison de son cousin.
« Tu t’fous d’moi… »
Non. Elle le savait. Il ne pouvait pas s’accuser à tord en sachant ce qui l’attendait. Car Mia était connue pour ses accès de colère. Il n’aurait pas affronté son courroux sachant qu’il risquait d’y laisser sa peau. Sachant qu’il perdrait pour rien le semblant de lien qui s’était tissé entre eux. Les traits de Mia se contractèrent en une grimace furieuse. Comment avait-il pu ce dernier mois faire comme si de rien n’était, alors qu’il avait connaissance d’un moyen de la tuer ? Il n’avait rien dit ! Rien fait ! Sinon tuer l’un des siens ! Ses lèvres tremblaient de rage, comme son corps entier. Mais, surtout, de douleur. Pourquoi ça faisait si mal ?
Et Mia n’avait qu’une seule façon de supporter la souffrance. Sourde à son ton sincère, aveugle à sa mine déconfite, elle devait évacuer toute cette colère, cette peine qui l’accablaient. D’un revers du bras gauche, elle projeta l’humain sur le côté, en poussant un hurlement de rage, inhumain, bestial, comme une bête blessée.
« T’es DESOLE ? » hurla-t-elle d’une voix rauque et gutturale.
Son regard fou teinté de bleu se posa sur le hunter. Son corps amorçait une transformation partielle ; sa pilosité augmenta d’un cran tandis que crocs et griffes poussaient. Ses oreilles mutèrent, sa queue perça l’épiderme de son coxis et battit furieusement l’air. Campée sur ses jambes, elle fixait l’objet de son courroux.
« J’te faisais confiance ! J’te respectais ! J’admirais ton esprit combatif et ta philosophie de guerrier ! J’pensais même que tu ferais un bon lycan… Et toi, tout c’temps, t’avais connaissance d’un moyen de m’tuer, et t’as rien dit ! Tu butes même l’un des miens ! ET T’ES DESOLE ?! »
Elle poussa un nouveau hurlement lupin tandis que son corps achevait sa transformation forme d’oméga. Un cri sinistre poussé à la lune, sonnant le glas de leur amitié. Submergée par la colère, incapable de raisonner, elle se rua sur lui, babines retroussées, crocs à découvert, grondant sauvagement. Elle sauta pour l’immobiliser sous sa masse corporelle, gueule en avant, alors qu’il tentait vainement de se protéger la gorge en levant son avant-bras. Comme si ça la retiendrait ! Ne pas mordre. Ne pas mordre. Ne pas mordre. Une petite voix sournoise répétait cette litanie dans son esprit. Qu’elle se taise ! Pourtant, ses mâchoires claquèrent dans le vide, à quelques millimètre de la peau de Vil. Elle grogna de frustration. Quelle était donc cette voix de la raison ? Pourquoi lui rappeler les conséquences d’une morsure ? Elle s’en fichait bien !
La gueule écumante, elle posa sa patte avant gauche sur le torse du norvégien, perçant sa chaire sans ménagement. De minces filets de sang commencèrent à s’écouler des légères plaies ainsi tracées. Indifférente, elle leva son autre membre antérieur, toutes griffes sorties, prête à le lacérer. Cependant, elle suspendit son geste, laissant son bras en l’air tel une épée de Damoclès. Les muscles de sa gueule se contractèrent tandis qu’elle faisait l’effort d’articuler.
« Pourquoi ?! » demanda-t-elle d’une voix grave et gutturale.
La vie de l’humain ne tenait plus qu’à un fil. S’il voulait survivre, et, peut-être, gagner son pardon, il devait s’expliquer. Tout lui raconter. Avoir une excellente raison pour avoir agi ainsi. Déjà qu’il avait de la chance de respirer encore. Quoique, la chance n’y était sans doute pour rien...
Puis son unique oméga, Akatsuki, avait décidé de se faire la malle. Comme ça. Soi disant qu'il n'avait pas trouvé sa place ici et ressentait le besoin de s'aérer. Autant dire qu'elle l'avait très mal pris. Oh, elle n'avait pas esquissé un geste pour le retenir. Mais, une fois sa maigre meute désertée, elle avait laissé libre cours à sa rage. Comment pouvait penser qu'il n'avait pas sa place ici ? Et elle alors ? Ne lui en avait-elle pas offert une dans sa meute ? Elle lui avait appris à contrôler ses transformations. À se contrôler même, lui qui n'avait aucune emprise sur sa bête intérieure au moment de leur rencontre. Et il la lâchait comme ça, du jour au lendemain, sans autre explication qu'un besoin de respirer! Elle en avait hurlé de frustration, blessée dans son ego d'alpha. Car cette défection pointait du doigt son incapacité à tenir la cohérence d'une meute, tandis que les rivales s'étoffaient de semaines en semaines. Et puis dans le fond, elle ne se l'avouerait jamais, mais elle avait fini par développer un certain attachement à l'argenté, malgré son mauvais caractère, et ses principes qui lui dictaient de ne pas s'attacher de nouveau. Parce qu'elle avait trop perdu. En fait, elle n'avait plus rien à perdre aujourd'hui, et préférait que ça restât ainsi.
Et pour couronner le tout, elle avait reçu un message d'Asuna en plein milieu de la nuit, pendant qu'elle s'alcoolisait pour faire passer le départ de son unique oméga. Un lycan mort. Ici, à Nakanoto. Elle avait aussitôt pensé à Akatsuki, et pendant un terrible instant, elle avait eu peur. Peur de découvrir son visage sur le corps sans vie de son congénère. Peur d'avoir définitivement perdu l'un des siens, le plus proche de son entourage. Hirano l'avait vite rassurée sur l'identité du cadavre, cependant… Cette peur était encore là, sous jacente. Le virus leur faisait perdre tout contrôle. Et maintenant, une arme développée spécialement pour les éliminer. Désormais, ils pouvaient être tués autrement que par eux-mêmes. Mia serra les dents. C'était de l'acharnement. Il fallait que ça cesse.
Une vibration la tira de ses sombres réflexions. Elle sortit son téléphone tout en vidant le contenu de son verre. Son regard s'éclaira quand elle découvrit le nom de l'expéditeur du message textuel. Vilhelm, ou Vil, comme elle préférait l'appeler, son prénom étant trop occidental pour son palais. Cet humain qu'elle avait légèrement amoché pour le punir d'avoir piqué sa proie. Qui avait gagné son respect en lui faisant face. Et qui lui avait confessé, à sa grande surprise, l'intérêt qu'il lui portait. Depuis elle lui avait rendu visite à sa forge, appréciant la finesse de son art. Elle se plaisait sans honte à le faire tourner en bourrique en jouant sur ses attraits dès qu'elle le voyait. Que pouvait donc bien lui vouloir ce grand nordique ? Elle ouvrit le texto pour découvrir son contenu en même temps qu'elle reposait son verre.
Vil
Aujourd'hui
Mia, faut que je te parle de quelque chose, en face. On se retrouve dans la clairière du Tanuki dès que tu peux. Je t’y attendrai.
19:31
Mia haussa un sourcil. Tiens donc. De quoi devait il lui parler de si urgent pour solliciter une rencontre à l'endroit de leur premier affrontement ? Le ton était pressant, sans équivoque. Elle ne put s'empêcher de sourire en imaginant les différents scénarios. Elle lui renvoya un message pour le taquiner. Puis, une minute plus tard, un second.
Vil
Aujourd'hui
Mia, faut que je te parle de quelque chose, en face. On se retrouve dans la clairière du Tanuki dès que tu peux. Je t’y attendrai.
19:31
Roh, je t’ai manqué à ce point ?
19:31 Lu
C’est pour quoi ? Un rdv galant ?
19:32 Lu
Mais elle eut beau patienter quelques minutes, le norvégien s'obstina à garder le silence. Elle n'obtiendrait aucune réponse à distance. Soit. Son regard glissa sur l’heure de son téléphone. Dix-neuf heure trente passé. Il lui faudrait quoi… Quinze minutes pour s'y rendre. Elle pouvait prendre son temps. Jouer avec ses nerfs. Le faire patienter un peu, histoire qu'il fut bien à point. Elle se leva avec un sourire narquois et déposa quelques billets pour régler sa note avant de quitter l'établissement les mains dans les poches, prenant la direction de la forêt. Il ne lui fallut guère de temps pour rejoindre les premiers arbres au pas de course, grâce à sa vitesse hors norme. Elle marqua une pause à côté d'un tronc creux pour se déshabiller et y glisser ses affaires. Puis elle se transforma, dans l'optique de surprendre une fois de plus l'humain qui l'avait invitée.
Elle se mut avec grâce et nonchalance entre les arbres, à une allure mesurée. Un petit trot tranquille qui indiquait la sérénité qui l'habitait. Elle était plutôt enthousiaste à l'idée de le charrier. C'était exactement le genre de… Distraction dont elle avait besoin. Grâce à son odorat sensible, elle devina qu'il était arrivé depuis peu, la devançant de quelques minutes. Un bel exploit, compte tenu des capacités de la lycane… il avait vraiment fait vite. Le sang de Vil emplissait l'atmosphère, suffisamment pour être pisté, mais pas assez pour s'inquiéter de son état de santé. Il avait dû se blesser superficiellement, laissant derrière lui des particules odorantes. Elle nota en plus de ça une nette touche de soufre, de cendre et de brûlé, signe qu'il sortait tout droit de sa forge. Elle ne se formalisa pas de la pointe d'alcool, puisqu'il avait une sacrée descente et buvait sans doute autant qu'elle au quotidien. En revanche, elle plissa le museau en distinguant une autre odeur, familière, qu'elle ne parvint pas à identifier, trop mélangée aux autres. Elle en saurait sans doute plus en l'approchant. Et justement, elle arrivait à la clairière du Tanuki.
La louve signala sa présence en écrasant volontairement une branche morte sous sa patte avant droite. Avant même qu'il ne se retourne, elle nota la semi-nudité du hunter. Il semblait littéralement sorti de sa forge, effectivement… Il était donc si pressé de la retrouver qu'il en avait omis de se changer ? Roh. Mais qu'est ce qui pouvait bien motiver une telle hâte ? Voilà qui aiguisait ses sens. Elle entrouvrit la gueule, la langue pendante, en l'équivalent d'un sourire moqueur. Elle s'approcha lentement, de sa démarche nonchalante et assurée, ses yeux bleus lupins rivés dans les siens. Lorsque la distance se réduisit à deux mètres, elle se redressa sur ses postérieurs et en quelques secondes, la terrifiante louve sombre fit place à une frêle humaine qui semblait d'humeur espiègle.
« Eh bien, ça devait être vraiment pressant pour sortir à moitié nu, et courir à s'arracher les poumons. »
Elle accompagna son commentaire d'un étirement des lèvres. Si elle se moquait de lui ? Parfaitement. Encore un peu et elle en ricanerait. Elle franchit la distance qui les séparait en deux pas, accentuant volontairement son déhanché. Toute occasion était bonne pour éprouver la libido de l'humain qui, elle le sentait, luttait pour ne pas baisser le regard. Une fois toute proche, elle leva sa main droite pour la poser sur le pectoral gauche de Vil, appréciant sous sa paume délicate la forte musculature.
« Je t'ai manqué à ce point, hum ? Ça tombe bien, j'avais justement besoin d'un peu de divertissement ce soir… si tu vois ce que je veux dire. »
Son regard glissa sur le torse du norvégien tandis qu'elle rapprochait un peu plus son corps du sien. Se mordant la lèvre inférieure, elle leva l'autre main pour atteindre le pectoral droit de son soupirant. Sa tête bouillonnait d'idée peu orthodoxes. Ainsi fut-elle très déçue lorsqu'il posa les mains sur ses épaules et s'écarta d'un pas vers l'arrière. Affichant une moue contrariée, elle croisa les bras. Quelle mouche le piquait ? Il se précipitant ici, le cœur battant, en nage, et il refusait ses avances, comme ça ? Du regard elle l'invita à s'expliquer. Elle n'obtint au début que des excuses. Désolé ? Ah vraiment ? Elle aussi était désolée. Teuh. Et pourquoi sentait il la peur à plein nez ? Elle fronça les sourcils, perdant progressivement sa bonne humeur. Elle amorça un pas en arrière, la mine sombre.
« Tu peux m'expliquer ? »
Et effectivement, il s'expliqua. A l'évocation du lycan mort, l'expression mitigée de la louve se mua en stupeur.
« Que... »
Quoi ? Comment savait il ? Qui l'avait mis au courant ? Pourquoi sa voix tremblait autant ? Une vive appréhension lui noua l'estomac. Puis vint l'aveu. Sous le choc, elle se contenta en premier lieu de le fixer, l'expression indéchiffrable, avec pour seul indice de son état ses yeux écarquillés. Puis, après quelques secondes, elle prit une inspiration douloureuse. Son cerveau achevait l’enregistrement de cette information, et tout ce qu’elle impliquait. Sa poitrine se serra alors qu’une douleur aussi vive qu’un coup de poignard lui perçait le coeur. Elle se sentait… trahie. Oui. Ce qui impliquait qu’elle lui faisait confiance, elle, Mia Ogawa, qui avait pendant longtemps oublié ce que ça voulait . Et finalement, elle aurait dû rester dans l’ignorance. ça faisait presque aussi mal que la trahison de son cousin.
« Tu t’fous d’moi… »
Non. Elle le savait. Il ne pouvait pas s’accuser à tord en sachant ce qui l’attendait. Car Mia était connue pour ses accès de colère. Il n’aurait pas affronté son courroux sachant qu’il risquait d’y laisser sa peau. Sachant qu’il perdrait pour rien le semblant de lien qui s’était tissé entre eux. Les traits de Mia se contractèrent en une grimace furieuse. Comment avait-il pu ce dernier mois faire comme si de rien n’était, alors qu’il avait connaissance d’un moyen de la tuer ? Il n’avait rien dit ! Rien fait ! Sinon tuer l’un des siens ! Ses lèvres tremblaient de rage, comme son corps entier. Mais, surtout, de douleur. Pourquoi ça faisait si mal ?
Et Mia n’avait qu’une seule façon de supporter la souffrance. Sourde à son ton sincère, aveugle à sa mine déconfite, elle devait évacuer toute cette colère, cette peine qui l’accablaient. D’un revers du bras gauche, elle projeta l’humain sur le côté, en poussant un hurlement de rage, inhumain, bestial, comme une bête blessée.
« T’es DESOLE ? » hurla-t-elle d’une voix rauque et gutturale.
Son regard fou teinté de bleu se posa sur le hunter. Son corps amorçait une transformation partielle ; sa pilosité augmenta d’un cran tandis que crocs et griffes poussaient. Ses oreilles mutèrent, sa queue perça l’épiderme de son coxis et battit furieusement l’air. Campée sur ses jambes, elle fixait l’objet de son courroux.
« J’te faisais confiance ! J’te respectais ! J’admirais ton esprit combatif et ta philosophie de guerrier ! J’pensais même que tu ferais un bon lycan… Et toi, tout c’temps, t’avais connaissance d’un moyen de m’tuer, et t’as rien dit ! Tu butes même l’un des miens ! ET T’ES DESOLE ?! »
Elle poussa un nouveau hurlement lupin tandis que son corps achevait sa transformation forme d’oméga. Un cri sinistre poussé à la lune, sonnant le glas de leur amitié. Submergée par la colère, incapable de raisonner, elle se rua sur lui, babines retroussées, crocs à découvert, grondant sauvagement. Elle sauta pour l’immobiliser sous sa masse corporelle, gueule en avant, alors qu’il tentait vainement de se protéger la gorge en levant son avant-bras. Comme si ça la retiendrait ! Ne pas mordre. Ne pas mordre. Ne pas mordre. Une petite voix sournoise répétait cette litanie dans son esprit. Qu’elle se taise ! Pourtant, ses mâchoires claquèrent dans le vide, à quelques millimètre de la peau de Vil. Elle grogna de frustration. Quelle était donc cette voix de la raison ? Pourquoi lui rappeler les conséquences d’une morsure ? Elle s’en fichait bien !
La gueule écumante, elle posa sa patte avant gauche sur le torse du norvégien, perçant sa chaire sans ménagement. De minces filets de sang commencèrent à s’écouler des légères plaies ainsi tracées. Indifférente, elle leva son autre membre antérieur, toutes griffes sorties, prête à le lacérer. Cependant, elle suspendit son geste, laissant son bras en l’air tel une épée de Damoclès. Les muscles de sa gueule se contractèrent tandis qu’elle faisait l’effort d’articuler.
« Pourquoi ?! » demanda-t-elle d’une voix grave et gutturale.
La vie de l’humain ne tenait plus qu’à un fil. S’il voulait survivre, et, peut-être, gagner son pardon, il devait s’expliquer. Tout lui raconter. Avoir une excellente raison pour avoir agi ainsi. Déjà qu’il avait de la chance de respirer encore. Quoique, la chance n’y était sans doute pour rien...
- Lycan, and proud:
What is your lie ?
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Vilhelm A. Jarlsonfel#101862#101862#101862#101862#101862#101862#101862
Humain - Hunter de l'Ordre Renfield
Race : Humain
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Nombre de messages : 95
Emploi/loisirs : Forgeron/metallurgiste et Hunter
Yens : 15
Feuille de personnage
Pouvoirs / sorts / dons:
Objets utilisables en rp:
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Mar 15 Oct 2019 - 11:28
Mea Culpa
Feat Mia Luna Ogawa ~
Le coup tant redouté ne tarda pas à arriver. D’une violence extrême, je sens son revers s’écraser contre ma joue gauche, manquant de me briser la mâchoire sous la puissance de l’impact et me projetant comme un fétu de paille. Malgré ma masse et ma carrure plus qu’imposante, ma carcasse survole le sol sur plus d’un mètre avant de s’écraser rudement sur l’herbe de la plaine dans un bruit sourd accompagné du hurlement déchirant de Mia. Bien que sonné, presque sûr que ma mandibule d’est détachée de mon crâne, j’entend la lycane vociférer d’une voix inhumaine et si gutturale qu’on aurait cru qu’elle résonnait du tréfonds des enfers.
« T’es DESOLE ? »
Mes yeux ont du mal a faire la mise au point, tout tremble devant moi, flou et imperceptible, mais à travers ce brouillard percent deux yeux bleus qui me fixent intensément. Empreints d’une folie meurtrière, cette couleur n’annonce que le malheur à venir : elle se retransforme, dans le but cette fois-ci d’évacuer sa haine en me passant à tabac. Son corps si gracieux se mue peu à peu en celui de la bête qu’elle cache sous ses traits, une fourrure noire comme la nuit et la mort perce son épiderme par endroit et des canines affutées comme des rasoirs remplacent le sourire charmant qui s’affichait il y à encore une minute.
Je me redresse avec difficulté sur un coude, amorçant d’instinct une traction pour m’éloigner d’elle. Ma mâchoire encore fébrile est agitée de spasmes douloureux, mais aucun mot ne franchit la barrière de mes lèvres. Si mon jugement a déjà commencé, je me dois de taire ma douleur et d’affronter mon ordalie comme un homme. C’est à grand peine que je me redresse sur mon postérieur, mon oeil gauche légèrement tuméfié par le coup ne m’empêche en rien de fixer en silence la louve droit dans les yeux. Que dire en cet instant, si ce n’est ce que j’ai déjà dit ?
« J’te faisais confiance ! J’te respectais ! J’admirais ton esprit combatif et ta philosophie de guerrier ! J’pensais même que tu ferais un bon lycan… Et toi, tout c’temps, t’avais connaissance d’un moyen de m’tuer, et t’as rien dit ! Tu butes même l’un des miens ! ET T’ES DESOLE ?! »
J’avale difficilement ma salive en baissant les yeux, honteux, sachant parfaitement qu’elle a raison. Je pourrais m’ensevelir sous les excuses, expliquer ce qui m’empêchait de lui dire la vérité, mais dans son état elle ne comprendrait pas. Je n’ai aucun droit de me défendre ni d’argumenter tant que son ire ne serait pas calmé, tant que sa haine ne sera pas tarie et ses nerfs soulagés de la trahison dont je suis coupable.
Alors que je relève les yeux vers la Valkyrie, la peur me saisit une fois de plus en avisant sa transformation complète. Moins impressionnante que lors de notre premier affrontement certes, mais bien assez pour me tuer en un claquement de mâchoire. Mon sang se fige en l’entendant déchirer le silence de la nuit par un hurlement long et lugubre, puis le doute me saisit alors qu’elle se jette à corps perdu sur moi, et l’envie de vivre prends le dessus sur ma résiliation. Dans un geste vain je lève mon bras pour protéger ma gorge d’une éventuelle entaille, mais c’est bien inutile face à la puissance de la louve qui me percute de tout son poids, m’envoyant une fois de plus au tapis. Sa gueule claque en face de mon visage, avec une hargne et une violence plus dévastatrice encore que lors de notre premier affrontement.
Comme protégé d’un voile invisible, le claquement de ses mâchoires n’atteint pas ma peau. J’étais pourtant certain que c’en était fini de moi, mais la louve s’est arrêtée seule à quelques millimètres, retenue par d’obscures raisons.
Son geste suivant en revanche n’est en rien retenu et m’écrase violemment contre le sol, faisant gémir mes côtes sous le poids conséquent de la Louve. Plus la pression augmente et plus ses griffes affutées comme des rasoirs percent ma peau, creusant cinq sillons d’où mon sang commence à s’échapper. Je serre les dents, réprimant tout gémissement de douleur, espérant ne pas faillir contre mon grès. Enfin faillir… La pâte qui se lève au-dessus de ma tête, prête à la faucher sans autre forme de procès, n’annonce que la glas de l’affrontement et ma mort imminente. Bien décidé à affronter mon jugement jusqu’à la fin, je ne dévie pas les yeux des griffes vengeresses et attend en silence le dénouement.
Les secondes passent, mon coeur s’accélère au rythme du halètement de la Lycane, mais rien ne bouge. Seule sa gueule amorce un mouvement, une contraction difficile mouvant ses lèvres dans le but de prononcer un mot unique :
« Pourquoi ?! »
Sa voix est si grave, si caverneuse qu’elle ne rappelle en rien la beauté de la femme qu’elle est vraiment, occultant toute sa grâce par ce masque de monstre furieux.
Si un jour on m’avait dit que je me retrouverai à terre avec l’envie de fondre en larme comme une pauvre merde, j’aurai exécuté sur l’instant l’impétueux qui m’aurait déblatéré ces conneries. Et pourtant m’y voilà, dos contre le sol, les yeux et les lèvres tremblantes. Mes poumons compressés fournissent l’effort extraordinaire de m’octroyer le souffle nécessaire pour répondre à grand peine.
« Pourquoi…? Pour te protéger, pour tous nous protéger… »
L’air expiré réduit la résistance de ma cage thoracique, et les premières côtes commencent à craquer désagréablement. Cependant la réponse semble avoir capté l’attention de Mia, qui lâche un peu de lest tout en me maintenant encore au sol. Je reprend ma respiration sans la quitter des yeux, et je vois dans le fond de son regard qu’il n’existe aucune échappatoire, si ce n’est tout lui dire sans rien omettre. Elle le sentirait de toute façon, et je n’ai pas couru jusqu’ici pour lui mentir une fois de plus ! Plus de mensonge, plus de cachoteries.
« Je suis un hunter de l’Ordre Renfield, l’une des organisations responsables de la création de ta race. J’en savais rien jusqu’à encore récemment, ils se méfient de moi depuis plus d’un an. J’ai… perdu foi en leurs motivations, et ils s’en doutaient, ils le savaient, alors ils m’ont donné pour mission de tuer un lycan pour eux, tester leur nouvelle arme, prouver ma loyauté… J’avais pas le choix, rien à gagner et tout à perdre ! Je pouvais rien dire, plus d’une fois j’ai voulu t’en parler mais c’était risquer de dévoiler notre proximité, et te mettre en danger ! Ma vie seule je m’en fout, mais pas la tienne. »
Je n’aurai sans doute pas du commencer par ça, puisque l’espagnole ne semble pas forcément apprécier mon appartenance à l’Ordre de ses anciens bourreaux. Ses griffes me lacèrent plus encore, et le craquement de mes os s’intensifie. Pour autant, je n’ai pas encore fini et elle le sait, puisqu’elle me laisser encore respirer.
« Cette arme… elle fonctionne vraiment, il était hors de question que je la laisse entre les mains d’un autre chasseur. Aux yeux de Renfield je suis probablement déjà un traitre, et si j’avais refusé ils auraient creusé dans ma vie, trouvé tous les détails et les secrets que je cache, et je ne voulais pas courir le risque qu’ils puissent remonter jusqu’à toi ! J’aurai pas pu supporter qu’il t’arrive quoi que ce soit à cause de moi… J’ai déjà causé trop d’ennuis… »
Je repose ma tête sur l’herbe et couvre mes yeux avec ma main. Mes dents lacèrent la lèvre que je m’acharne à mordre, enragé par les remords et les regrets. J’aurai préféré crever en emportant le plus de ces enfoirés avec moi plutôt que d’être ici, couvert de honte devant celle que j’admire tant. Au final voilà un peu le résumé de ma vie, un fuyard qui enchaine les mauvais choix et encaisse les coups et les conséquences de ses dérivées catastrophiques, incapable de faire le moindre bien sans que ce ne soit au détriment des autres.
Mes mâchoires craquent sous la pression des muscles que je serre de rage. J’ai honte de moi, j’en peux plus de ne plus pouvoir me regarder dans la glace sans une once de fierté ! Mes lèvres s’agitent de spasmes, et sans découvrir mes yeux les mots sortent de ma bouche sans filtre, comme si je me parlais à moi-même.
« Je me suis promis il y a longtemps de ne jamais aller à l’encontre de mes principes, je l’ai pourtant fait, je faisais que m’voiler la face… J’en ai marre de vivre sous les ordres, de suivre aveuglément tous les connards de Renfield ! J’suis pas comme eux, je l’ai jamais été ! Qu’ils aillent tous se faire foutre ! »
D’un geste sec ma main agrippe la patte de la louve qui opprime mon torse et la serre, la poussant de toute ma puissance pour la faire reculer, du moins assez pour que mon buste puisse se soulever de terre et mener mon visage au même niveau que la gueule de la louve, portant mon regard au niveau du sien. Mes yeux plongent dans les siens, sondant l’azur de son iris avec fermeté et conviction.
« Je sais qu’un milliers d’excuses ne refermeront jamais la blessure que mes actes t’ont infligés, j’en ai parfaitement conscience. Mais que ça prenne un, dix, cent ou bien mille ans je trouverai le moyen de me racheter à tes yeux. »
J’allais lever ma main pour la poser sur le côté du visage de la lycane, mais la conscience qu’aucun droit ne m’autorisait à le faire après ce que je lui ai fait stoppe ma main en l’air. Je serre donc mon poing, si fort que mes veines gonflent et ressortent à travers ma peau. Lentement, je met mon avant bras entre elle et moi, animé d’une idée folle. Oui… une résolution à toute épreuve ne peut exister sans de grands sacrifices, moi qui toute ma vie n’ai fait que suivre les mauvaises personnes, je ne suis pas un leader et je ne le serai jamais. Mais elle, elle je la suivrai.
« Si tu penses encore au fond de toi que je ferai un bon lycan, si tu penses encore que j’en suis digne, mords moi. »
« T’es DESOLE ? »
Mes yeux ont du mal a faire la mise au point, tout tremble devant moi, flou et imperceptible, mais à travers ce brouillard percent deux yeux bleus qui me fixent intensément. Empreints d’une folie meurtrière, cette couleur n’annonce que le malheur à venir : elle se retransforme, dans le but cette fois-ci d’évacuer sa haine en me passant à tabac. Son corps si gracieux se mue peu à peu en celui de la bête qu’elle cache sous ses traits, une fourrure noire comme la nuit et la mort perce son épiderme par endroit et des canines affutées comme des rasoirs remplacent le sourire charmant qui s’affichait il y à encore une minute.
Je me redresse avec difficulté sur un coude, amorçant d’instinct une traction pour m’éloigner d’elle. Ma mâchoire encore fébrile est agitée de spasmes douloureux, mais aucun mot ne franchit la barrière de mes lèvres. Si mon jugement a déjà commencé, je me dois de taire ma douleur et d’affronter mon ordalie comme un homme. C’est à grand peine que je me redresse sur mon postérieur, mon oeil gauche légèrement tuméfié par le coup ne m’empêche en rien de fixer en silence la louve droit dans les yeux. Que dire en cet instant, si ce n’est ce que j’ai déjà dit ?
« J’te faisais confiance ! J’te respectais ! J’admirais ton esprit combatif et ta philosophie de guerrier ! J’pensais même que tu ferais un bon lycan… Et toi, tout c’temps, t’avais connaissance d’un moyen de m’tuer, et t’as rien dit ! Tu butes même l’un des miens ! ET T’ES DESOLE ?! »
J’avale difficilement ma salive en baissant les yeux, honteux, sachant parfaitement qu’elle a raison. Je pourrais m’ensevelir sous les excuses, expliquer ce qui m’empêchait de lui dire la vérité, mais dans son état elle ne comprendrait pas. Je n’ai aucun droit de me défendre ni d’argumenter tant que son ire ne serait pas calmé, tant que sa haine ne sera pas tarie et ses nerfs soulagés de la trahison dont je suis coupable.
Alors que je relève les yeux vers la Valkyrie, la peur me saisit une fois de plus en avisant sa transformation complète. Moins impressionnante que lors de notre premier affrontement certes, mais bien assez pour me tuer en un claquement de mâchoire. Mon sang se fige en l’entendant déchirer le silence de la nuit par un hurlement long et lugubre, puis le doute me saisit alors qu’elle se jette à corps perdu sur moi, et l’envie de vivre prends le dessus sur ma résiliation. Dans un geste vain je lève mon bras pour protéger ma gorge d’une éventuelle entaille, mais c’est bien inutile face à la puissance de la louve qui me percute de tout son poids, m’envoyant une fois de plus au tapis. Sa gueule claque en face de mon visage, avec une hargne et une violence plus dévastatrice encore que lors de notre premier affrontement.
Comme protégé d’un voile invisible, le claquement de ses mâchoires n’atteint pas ma peau. J’étais pourtant certain que c’en était fini de moi, mais la louve s’est arrêtée seule à quelques millimètres, retenue par d’obscures raisons.
Son geste suivant en revanche n’est en rien retenu et m’écrase violemment contre le sol, faisant gémir mes côtes sous le poids conséquent de la Louve. Plus la pression augmente et plus ses griffes affutées comme des rasoirs percent ma peau, creusant cinq sillons d’où mon sang commence à s’échapper. Je serre les dents, réprimant tout gémissement de douleur, espérant ne pas faillir contre mon grès. Enfin faillir… La pâte qui se lève au-dessus de ma tête, prête à la faucher sans autre forme de procès, n’annonce que la glas de l’affrontement et ma mort imminente. Bien décidé à affronter mon jugement jusqu’à la fin, je ne dévie pas les yeux des griffes vengeresses et attend en silence le dénouement.
Les secondes passent, mon coeur s’accélère au rythme du halètement de la Lycane, mais rien ne bouge. Seule sa gueule amorce un mouvement, une contraction difficile mouvant ses lèvres dans le but de prononcer un mot unique :
« Pourquoi ?! »
Sa voix est si grave, si caverneuse qu’elle ne rappelle en rien la beauté de la femme qu’elle est vraiment, occultant toute sa grâce par ce masque de monstre furieux.
Si un jour on m’avait dit que je me retrouverai à terre avec l’envie de fondre en larme comme une pauvre merde, j’aurai exécuté sur l’instant l’impétueux qui m’aurait déblatéré ces conneries. Et pourtant m’y voilà, dos contre le sol, les yeux et les lèvres tremblantes. Mes poumons compressés fournissent l’effort extraordinaire de m’octroyer le souffle nécessaire pour répondre à grand peine.
« Pourquoi…? Pour te protéger, pour tous nous protéger… »
L’air expiré réduit la résistance de ma cage thoracique, et les premières côtes commencent à craquer désagréablement. Cependant la réponse semble avoir capté l’attention de Mia, qui lâche un peu de lest tout en me maintenant encore au sol. Je reprend ma respiration sans la quitter des yeux, et je vois dans le fond de son regard qu’il n’existe aucune échappatoire, si ce n’est tout lui dire sans rien omettre. Elle le sentirait de toute façon, et je n’ai pas couru jusqu’ici pour lui mentir une fois de plus ! Plus de mensonge, plus de cachoteries.
« Je suis un hunter de l’Ordre Renfield, l’une des organisations responsables de la création de ta race. J’en savais rien jusqu’à encore récemment, ils se méfient de moi depuis plus d’un an. J’ai… perdu foi en leurs motivations, et ils s’en doutaient, ils le savaient, alors ils m’ont donné pour mission de tuer un lycan pour eux, tester leur nouvelle arme, prouver ma loyauté… J’avais pas le choix, rien à gagner et tout à perdre ! Je pouvais rien dire, plus d’une fois j’ai voulu t’en parler mais c’était risquer de dévoiler notre proximité, et te mettre en danger ! Ma vie seule je m’en fout, mais pas la tienne. »
Je n’aurai sans doute pas du commencer par ça, puisque l’espagnole ne semble pas forcément apprécier mon appartenance à l’Ordre de ses anciens bourreaux. Ses griffes me lacèrent plus encore, et le craquement de mes os s’intensifie. Pour autant, je n’ai pas encore fini et elle le sait, puisqu’elle me laisser encore respirer.
« Cette arme… elle fonctionne vraiment, il était hors de question que je la laisse entre les mains d’un autre chasseur. Aux yeux de Renfield je suis probablement déjà un traitre, et si j’avais refusé ils auraient creusé dans ma vie, trouvé tous les détails et les secrets que je cache, et je ne voulais pas courir le risque qu’ils puissent remonter jusqu’à toi ! J’aurai pas pu supporter qu’il t’arrive quoi que ce soit à cause de moi… J’ai déjà causé trop d’ennuis… »
Je repose ma tête sur l’herbe et couvre mes yeux avec ma main. Mes dents lacèrent la lèvre que je m’acharne à mordre, enragé par les remords et les regrets. J’aurai préféré crever en emportant le plus de ces enfoirés avec moi plutôt que d’être ici, couvert de honte devant celle que j’admire tant. Au final voilà un peu le résumé de ma vie, un fuyard qui enchaine les mauvais choix et encaisse les coups et les conséquences de ses dérivées catastrophiques, incapable de faire le moindre bien sans que ce ne soit au détriment des autres.
Mes mâchoires craquent sous la pression des muscles que je serre de rage. J’ai honte de moi, j’en peux plus de ne plus pouvoir me regarder dans la glace sans une once de fierté ! Mes lèvres s’agitent de spasmes, et sans découvrir mes yeux les mots sortent de ma bouche sans filtre, comme si je me parlais à moi-même.
« Je me suis promis il y a longtemps de ne jamais aller à l’encontre de mes principes, je l’ai pourtant fait, je faisais que m’voiler la face… J’en ai marre de vivre sous les ordres, de suivre aveuglément tous les connards de Renfield ! J’suis pas comme eux, je l’ai jamais été ! Qu’ils aillent tous se faire foutre ! »
D’un geste sec ma main agrippe la patte de la louve qui opprime mon torse et la serre, la poussant de toute ma puissance pour la faire reculer, du moins assez pour que mon buste puisse se soulever de terre et mener mon visage au même niveau que la gueule de la louve, portant mon regard au niveau du sien. Mes yeux plongent dans les siens, sondant l’azur de son iris avec fermeté et conviction.
« Je sais qu’un milliers d’excuses ne refermeront jamais la blessure que mes actes t’ont infligés, j’en ai parfaitement conscience. Mais que ça prenne un, dix, cent ou bien mille ans je trouverai le moyen de me racheter à tes yeux. »
J’allais lever ma main pour la poser sur le côté du visage de la lycane, mais la conscience qu’aucun droit ne m’autorisait à le faire après ce que je lui ai fait stoppe ma main en l’air. Je serre donc mon poing, si fort que mes veines gonflent et ressortent à travers ma peau. Lentement, je met mon avant bras entre elle et moi, animé d’une idée folle. Oui… une résolution à toute épreuve ne peut exister sans de grands sacrifices, moi qui toute ma vie n’ai fait que suivre les mauvaises personnes, je ne suis pas un leader et je ne le serai jamais. Mais elle, elle je la suivrai.
« Si tu penses encore au fond de toi que je ferai un bon lycan, si tu penses encore que j’en suis digne, mords moi. »
Mords moi
Etilya sur DK RPG
Mia Luna Ogawa#102063#102063#102063#102063#102063#102063#102063
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Ven 1 Nov 2019 - 9:53
Le pauvre humain amorça un mouvement de recul après rouste qu'il venait de prendre. Il avait beau l'apprécier, l'admirer, et peut être plus encore, l'instinct prenait toujours le dessus lorsqu'il s'agissait de se préserver. Il avait peur d'elle, et il avait raison. La rage suintait par tous les pores de sa peau. Et camouflée derrière, la peine. Elle qui commençait à le considérer comme un potentiel oméga de prenait une violente désillusion. Elle voulait déchirer, écorcher, égorger. Pourtant, quelque chose retint sa gueule, puis sa patte, suspendue en l'air tel l'épée de Damocles. Une chance pour lui de s'expliquer sur la raison d'une telle trahison, pour peu qu'elle fût justifiable. Une chance qu'elle n'aurait accordé à personne d'autre. Qui le plaçait sur la scène de l'exception. Qui l'agaçait autant qu'elle la troublait. Ses griffes menaçantes attendaient, patientes, de pouvoir s'abattre sur leur proie, dès lors qu'elle le lui aurait permis.
Pendant quelques secondes, seule sa respiration haletante perturba le silence nocturne. Les animaux autour s'étaient tuent, comme s'ils craignaient eux aussi de subir son courroux s'ils interrompaient la scène. Puis, le hunter saisit cette ultime chance, ce fil mince et fragile qui le rattachait encore à la vie et menaçait de rompre à tout instant. Les yeux larmoyants et les lèvres tremblantes, il contracta ses muscles intercostaux pour prendre une douloureuse inspiration et lui livrer l'objet de son salut. La louve dressa les oreilles, avant de les rabattre aussitôt, les yeux plissés cherchant à débusquer la moquerie ou la tromperie derrière ces mots qui sonnaient comme un acte désespéré. La protéger ? Elle ? De quoi ? Pourquoi ? Non… Le pourquoi, au fond, elle le connaissait déjà. Mais elle peinait à assimiler le concept de protection la concernant. Cela faisait bien longtemps que quelqu'un le lui avait dit. En fait… C'était la seule fois qu'elle l'entendait depuis sa nouvelle condition. Vilhelm Jarsonfel était le seul et l'unique à avoir exprimé l'intention de la protéger, elle, depuis soixante-dix ans. Elle ne savait donc pas comment prendre cette révélation qui s'avérait sincère. Ni comment réagir.
L'on prêtait nombre de qualificatifs à l'écorchée de Shidara. La plupart étant négatifs. On disait même qu'elle n'avait pas de cœur. Qu'elle se repaissait de la souffrance de ses proies. Qu'elle n'était plus capable d'éprouver ni affection, ni compassion. Pourtant, elle avait retenu ses coups. Elle avait fait claquer sa mâchoire dans le vide. Elle maintenait sa patte meurtrière en l'air. Pourquoi ? Murmurait une voix dans son crâne. Tu le sais très bien. Elle avait apprécié cet intérêt de braise qu'il lui portait. Elle avait joué avec. Elle s'était laissée prendre au jeu, jusqu'à s'y habituer. Jusqu'à y trouver son compte. Oui, c'était agréable de se sentir importante aux yeux d'un autre. De se sentir… aimée. Tu vois ? Elle grogna à l'encontre de cette conscience insidieuse. Non ! Elle ne voyait pas ! Elle ne voulait pas comprendre ! Plus jamais. Elle se l'était jurée. Pourtant, son attitude perdit en menace. Il avait réussi à capter son attention et, par la même occasion, à gagner quelques précieuses minutes.
Il poursuivit. Et la révélation suivante la glaça de l’intérieur. Sa patte qui le maintenait au sol s’enfonça un peu plus dans sa chaire. “Quoi ?!” voulut-elle demander d’une voix étranglée, mais elle n’obtint pour résultat qu’un grognement, sous cette forme peu propice au dialogue. Que racontait-il au juste ? Renfield, responsable de la souffrance des siens ? Non. Non… Ce n’était pas possible. Certes, pour s’être un peu renseignée sur eux, elle savait que c’étaient des humains, des hunters quelque peu extrêmes dans leur conflit à l’égard des vampires. Autant qu’elle. Mais des humains n’auraient jamais pu s’investir dans de telles horreurs ! C’étaient les vampires les responsables…
Le choc émotionnel la rendait à moitié sourde aux explications du hunter. Toutefois, son cerveau capta quelques mots clés, la fin en particulier. Elle reporta son regard céleste sur lui, indécise. La mettre en danger ? Plus importante que la sienne ? Jamais elle n’avait entendu de discours si... dévoué ? Le discours chassa temporairement les pensées en ébullition de la lycane, et elle focalisa son attention sur lui. Elle ne réagissait pas, comme si ces mots étaient faits de vent et qu’ils la traversaient sans l’ébranler.
Pourtant, intérieurement, un conflit d’un nouveau genre avait débuté. La petite voix dans sa tête se rebellait férocement contre la sauvagerie de sa bête, tirant toujours plus sur cette patte levée. Ecoute-le ! Elle ne voulait pas le voir mort, non. Cette petite voix n’était, elle, pas insensible aux tourments de l’humain. Elle voyait la culpabilité qui l’accablait, les remords qui le rongeaient, et plus que tout, le chagrin d’avoir trahi sa dulcinée. Il a fait ça pour toi ! Mais la bête, en proie à la rage, luttait comme un diable. Il m’a trahie ! Il n’aurait jamais dû garder ces secrets pour lui ! Extérieurement, il n’en résultait qu’un tremblement subtile. Mais regarde, il les rejette ! Il les a trahi, pour toi ! La patte en l’air tressaillit.
L’humain profita de l’ouverture pour se dégager, forçant sur le membre qui l’immobilisait pour le rejeter en arrière. Mia résista à peine, déjà assaillie par sa conscience. Elle recula d’un pas vers l’arrière, abaissant légèrement son antérieur droit, tandis que le gauche, chassé de son torse, se replaçait au sol. Vil positionna son visage face à sa gueule pour planter ses yeux dans les siens. Il amorça un geste dans sa direction ; elle gronda en guise d’avertissement, les oreilles couchées. Alors, il se contenta de présenter son avant bras, accompagnant sa folle entreprise d’un discours pas plus sain d’esprit.
Les oreilles de la louve se dressèrent vivement sur son crâne. Avait-il perdu l’esprit ? Pauvre fou, il ne réalisait pas ce qu’il lui demandait là ! Et pourquoi pas ? Il deviendrait comme toi. Vas-y, mords le ! A supposer qu’il pût survivre. Non… non. Il pourrait mourir, le risque est grand… Si même sa conscience hésitait, où allait le monde. Que dire ? Comment réagir face à une telle détermination ? Devenait-elle folle ? Non. Elle l’était déjà à moitié depuis les laboratoire… Peut-être que dix ans après, elle sortait tout juste de sa chrysalide.
« Non.» articula-t-elle avec sa gueule.
Mia plissa les yeux et se redressa. Elle s’écarta d’un pas et, souhaitant s’exprimer autrement qu’en mots triviaux, reprit forme humaine. Elle le toisa un instant, avant d’esquisser un rictus.
« Tu sais pas c’que tu dis. Tout le monde ne survit pas à la transformation. T’as une chance sur deux d’y rester, dans d’atroces souffrances.» Elle se pencha vers l’avant, le regard sombre. « Et j’en ai pas encore fini avec toi !»
Oui. Elle avait encore des points à éclaircir avec lui, avant d’envisager une punition. Il est vrai que la transformation avait un avantage ; elle choisissait pour vous. Si elle le mordait, seul le destin, et peut-être la dévotion de Vil, lui accorderait une seconde chance. Ainsi, s’il mourrait, le sort aurait tranché sur son illégitimité. S’il survivait, en revanche, il aurait prouvé que son âme méritait d’être épargnée. Elle commença à faire les cents pas devant lui.
« Renfield. T’as dit qu’ils sont responsables de notre création… Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Comment tu peux avancer ça ? Qui te l’a dit ? Où, quand ? Parle !»
Elle serra les poings alors que ses réflexions paradoxales revenaient à la charge. Sa respiration s’accéléra sensiblement.
« Ce sont les vampires qui nous ont créé. Les humains qui travaillaient dans les labos agissaient sous la contrainte !»
Elle refusait d’y croire. Pourtant, le discours de l’humain rejoignait celui d’un congénère, rencontré un mois auparavant. Les souvenirs de leur échange musclé lui revint brutalement. Je sens l’odeur d’humains sur toi. On devrait peut-être aller leur dévorer le coeur pour se venger d’eux tu ne crois pas ? Après tout, ils étaient là aussi dans les labos ! Mia s’immobilisa et porta une main sur sa tempe. Pourquoi ne hais-tu pas les humains comme tu hais les vampires ?! Elle inclina la tête, luttant contre sa mémoire. Je sais que tous les vampires ne sont pas malfaisants, car j’en ai rencontré des gentils… La ferme, la ferme, la ferme...
« La ferme ! »
Mais son esprit se fichait bien de ses ordres. Tu as raison sur le fait que beaucoup de vieux vampires sont malfaisants... mais n’est-ce pas comme n’importe quel humain ? Oui, il y en avait des humains mauvais de nature. Capables de monstruosités, comme par exemple, des expériences sur des êtres vivants. Comme Renfield. Les traits de la lycane se contractèrent en une grimace de révolte, alors qu’elle continuait son manège. Dix pas en avant. Demi-tour. Dix pas en avant. Demi-tour… Pourquoi ne pas laisser une chance d’admettre qu’il puisse y avoir des vampires avec le cœur sur la main ? Et admettre que certains pouvaient être mauvais, jusqu’à trahir ceux qu’ils étaient censés protéger ? Tu te trompes sur les level D... ... Et contrairement à ce que tu dis, elle n’a pas changé de quand je l’ai connu avant... JAMAIS !
Un flashback la paralysa. L’image de son cousin, les yeux carmins, le regard sombre, qui la fixait. Puis, la lutte entre Ichiro et son petit ami de l’époque. Qui, après un coup fatal porté au coeur, agonisait. Qui partait en cendres. Un souvenir refoulé par son esprit, pour la protéger de la sinistre réalité. Un souvenir remonté des abysses de sa conscience brisée pour résoudre ce conflit qui la hantait, pour chasser ces dénis qui l’empêchait d’accepter la vérité.
Elle se prit la tête entre les mains et poussa un hurlement inhumain, les yeux clos, comme si cela suffirait à la soustraire à cette vision. Mais elle ne pouvait y échapper, plus vulnérable que jamais, seule face à ses contradictions. Son appel à l’aide ne servait à rien. Personne ne pourrait la sauver de ses propres démons.
Pendant quelques secondes, seule sa respiration haletante perturba le silence nocturne. Les animaux autour s'étaient tuent, comme s'ils craignaient eux aussi de subir son courroux s'ils interrompaient la scène. Puis, le hunter saisit cette ultime chance, ce fil mince et fragile qui le rattachait encore à la vie et menaçait de rompre à tout instant. Les yeux larmoyants et les lèvres tremblantes, il contracta ses muscles intercostaux pour prendre une douloureuse inspiration et lui livrer l'objet de son salut. La louve dressa les oreilles, avant de les rabattre aussitôt, les yeux plissés cherchant à débusquer la moquerie ou la tromperie derrière ces mots qui sonnaient comme un acte désespéré. La protéger ? Elle ? De quoi ? Pourquoi ? Non… Le pourquoi, au fond, elle le connaissait déjà. Mais elle peinait à assimiler le concept de protection la concernant. Cela faisait bien longtemps que quelqu'un le lui avait dit. En fait… C'était la seule fois qu'elle l'entendait depuis sa nouvelle condition. Vilhelm Jarsonfel était le seul et l'unique à avoir exprimé l'intention de la protéger, elle, depuis soixante-dix ans. Elle ne savait donc pas comment prendre cette révélation qui s'avérait sincère. Ni comment réagir.
L'on prêtait nombre de qualificatifs à l'écorchée de Shidara. La plupart étant négatifs. On disait même qu'elle n'avait pas de cœur. Qu'elle se repaissait de la souffrance de ses proies. Qu'elle n'était plus capable d'éprouver ni affection, ni compassion. Pourtant, elle avait retenu ses coups. Elle avait fait claquer sa mâchoire dans le vide. Elle maintenait sa patte meurtrière en l'air. Pourquoi ? Murmurait une voix dans son crâne. Tu le sais très bien. Elle avait apprécié cet intérêt de braise qu'il lui portait. Elle avait joué avec. Elle s'était laissée prendre au jeu, jusqu'à s'y habituer. Jusqu'à y trouver son compte. Oui, c'était agréable de se sentir importante aux yeux d'un autre. De se sentir… aimée. Tu vois ? Elle grogna à l'encontre de cette conscience insidieuse. Non ! Elle ne voyait pas ! Elle ne voulait pas comprendre ! Plus jamais. Elle se l'était jurée. Pourtant, son attitude perdit en menace. Il avait réussi à capter son attention et, par la même occasion, à gagner quelques précieuses minutes.
Il poursuivit. Et la révélation suivante la glaça de l’intérieur. Sa patte qui le maintenait au sol s’enfonça un peu plus dans sa chaire. “Quoi ?!” voulut-elle demander d’une voix étranglée, mais elle n’obtint pour résultat qu’un grognement, sous cette forme peu propice au dialogue. Que racontait-il au juste ? Renfield, responsable de la souffrance des siens ? Non. Non… Ce n’était pas possible. Certes, pour s’être un peu renseignée sur eux, elle savait que c’étaient des humains, des hunters quelque peu extrêmes dans leur conflit à l’égard des vampires. Autant qu’elle. Mais des humains n’auraient jamais pu s’investir dans de telles horreurs ! C’étaient les vampires les responsables…
Le choc émotionnel la rendait à moitié sourde aux explications du hunter. Toutefois, son cerveau capta quelques mots clés, la fin en particulier. Elle reporta son regard céleste sur lui, indécise. La mettre en danger ? Plus importante que la sienne ? Jamais elle n’avait entendu de discours si... dévoué ? Le discours chassa temporairement les pensées en ébullition de la lycane, et elle focalisa son attention sur lui. Elle ne réagissait pas, comme si ces mots étaient faits de vent et qu’ils la traversaient sans l’ébranler.
Pourtant, intérieurement, un conflit d’un nouveau genre avait débuté. La petite voix dans sa tête se rebellait férocement contre la sauvagerie de sa bête, tirant toujours plus sur cette patte levée. Ecoute-le ! Elle ne voulait pas le voir mort, non. Cette petite voix n’était, elle, pas insensible aux tourments de l’humain. Elle voyait la culpabilité qui l’accablait, les remords qui le rongeaient, et plus que tout, le chagrin d’avoir trahi sa dulcinée. Il a fait ça pour toi ! Mais la bête, en proie à la rage, luttait comme un diable. Il m’a trahie ! Il n’aurait jamais dû garder ces secrets pour lui ! Extérieurement, il n’en résultait qu’un tremblement subtile. Mais regarde, il les rejette ! Il les a trahi, pour toi ! La patte en l’air tressaillit.
L’humain profita de l’ouverture pour se dégager, forçant sur le membre qui l’immobilisait pour le rejeter en arrière. Mia résista à peine, déjà assaillie par sa conscience. Elle recula d’un pas vers l’arrière, abaissant légèrement son antérieur droit, tandis que le gauche, chassé de son torse, se replaçait au sol. Vil positionna son visage face à sa gueule pour planter ses yeux dans les siens. Il amorça un geste dans sa direction ; elle gronda en guise d’avertissement, les oreilles couchées. Alors, il se contenta de présenter son avant bras, accompagnant sa folle entreprise d’un discours pas plus sain d’esprit.
Les oreilles de la louve se dressèrent vivement sur son crâne. Avait-il perdu l’esprit ? Pauvre fou, il ne réalisait pas ce qu’il lui demandait là ! Et pourquoi pas ? Il deviendrait comme toi. Vas-y, mords le ! A supposer qu’il pût survivre. Non… non. Il pourrait mourir, le risque est grand… Si même sa conscience hésitait, où allait le monde. Que dire ? Comment réagir face à une telle détermination ? Devenait-elle folle ? Non. Elle l’était déjà à moitié depuis les laboratoire… Peut-être que dix ans après, elle sortait tout juste de sa chrysalide.
« Non.» articula-t-elle avec sa gueule.
Mia plissa les yeux et se redressa. Elle s’écarta d’un pas et, souhaitant s’exprimer autrement qu’en mots triviaux, reprit forme humaine. Elle le toisa un instant, avant d’esquisser un rictus.
« Tu sais pas c’que tu dis. Tout le monde ne survit pas à la transformation. T’as une chance sur deux d’y rester, dans d’atroces souffrances.» Elle se pencha vers l’avant, le regard sombre. « Et j’en ai pas encore fini avec toi !»
Oui. Elle avait encore des points à éclaircir avec lui, avant d’envisager une punition. Il est vrai que la transformation avait un avantage ; elle choisissait pour vous. Si elle le mordait, seul le destin, et peut-être la dévotion de Vil, lui accorderait une seconde chance. Ainsi, s’il mourrait, le sort aurait tranché sur son illégitimité. S’il survivait, en revanche, il aurait prouvé que son âme méritait d’être épargnée. Elle commença à faire les cents pas devant lui.
« Renfield. T’as dit qu’ils sont responsables de notre création… Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Comment tu peux avancer ça ? Qui te l’a dit ? Où, quand ? Parle !»
Elle serra les poings alors que ses réflexions paradoxales revenaient à la charge. Sa respiration s’accéléra sensiblement.
« Ce sont les vampires qui nous ont créé. Les humains qui travaillaient dans les labos agissaient sous la contrainte !»
Elle refusait d’y croire. Pourtant, le discours de l’humain rejoignait celui d’un congénère, rencontré un mois auparavant. Les souvenirs de leur échange musclé lui revint brutalement. Je sens l’odeur d’humains sur toi. On devrait peut-être aller leur dévorer le coeur pour se venger d’eux tu ne crois pas ? Après tout, ils étaient là aussi dans les labos ! Mia s’immobilisa et porta une main sur sa tempe. Pourquoi ne hais-tu pas les humains comme tu hais les vampires ?! Elle inclina la tête, luttant contre sa mémoire. Je sais que tous les vampires ne sont pas malfaisants, car j’en ai rencontré des gentils… La ferme, la ferme, la ferme...
« La ferme ! »
Mais son esprit se fichait bien de ses ordres. Tu as raison sur le fait que beaucoup de vieux vampires sont malfaisants... mais n’est-ce pas comme n’importe quel humain ? Oui, il y en avait des humains mauvais de nature. Capables de monstruosités, comme par exemple, des expériences sur des êtres vivants. Comme Renfield. Les traits de la lycane se contractèrent en une grimace de révolte, alors qu’elle continuait son manège. Dix pas en avant. Demi-tour. Dix pas en avant. Demi-tour… Pourquoi ne pas laisser une chance d’admettre qu’il puisse y avoir des vampires avec le cœur sur la main ? Et admettre que certains pouvaient être mauvais, jusqu’à trahir ceux qu’ils étaient censés protéger ? Tu te trompes sur les level D... ... Et contrairement à ce que tu dis, elle n’a pas changé de quand je l’ai connu avant... JAMAIS !
Un flashback la paralysa. L’image de son cousin, les yeux carmins, le regard sombre, qui la fixait. Puis, la lutte entre Ichiro et son petit ami de l’époque. Qui, après un coup fatal porté au coeur, agonisait. Qui partait en cendres. Un souvenir refoulé par son esprit, pour la protéger de la sinistre réalité. Un souvenir remonté des abysses de sa conscience brisée pour résoudre ce conflit qui la hantait, pour chasser ces dénis qui l’empêchait d’accepter la vérité.
Elle se prit la tête entre les mains et poussa un hurlement inhumain, les yeux clos, comme si cela suffirait à la soustraire à cette vision. Mais elle ne pouvait y échapper, plus vulnérable que jamais, seule face à ses contradictions. Son appel à l’aide ne servait à rien. Personne ne pourrait la sauver de ses propres démons.
- Lycan, and proud:
What is your lie ?
♥ DC de Raph' ♥
Vilhelm A. Jarlsonfel#102336#102336#102336#102336#102336#102336#102336
Humain - Hunter de l'Ordre Renfield
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Mer 4 Déc 2019 - 9:07
Mea Culpa
Feat Mia Luna Ogawa ~
J’ai bien fait de retenir ma main, les oreilles baissées et le grondement de la louve n’avertissent qu’une seule fois d’une méfiance nécessaire. Méfiance qui s’envole face au délire insensé de cet avant bras que j’offre à sa mâchoire. Elle semble bien ne pas comprendre, puis sa moue s’ébranle sous le joug d’une ébauche de conflit interne. Plus de grondement sourd, les oreilles maintenant dressées dans le silence nos regards se baladent mutuellement d’un oeil à l’autre, jaugeant, jugeant, dans une réflexion difficile. J’attend, mon bras toujours levé, que la louve fasse son choix, espérant de tout coeur que cette folle entreprise se conclura sur la seule solution qui me semble envisageable : la morsure. Ainsi seulement lui prouverais-je ma résolution et ma foi, et obtiendrai l’intime conviction qu’il existe un moyen de me faire pardonner.
Quelques secondes s’écoulent avant que les babines de la Lycane ne s’animent, difficilement, laissant tomber la sentence. Non. Froid, lourd, tranchant comme un coup de poignard. Voilà sa conclusion. Evidemment, sur l’instant, tout semble fini pour moi. Me vient immédiatement à l’esprit la solitude de l’abandon et la déchirure de la faute, une crevasse se creuse comme du verre ébréché. Je reste figé, déçu, tandis que la louve se lève. Pour m’achever sans doute, ce qui me semble logique. J’ai échoué, la fin tant attendu se dessine à mesure que Mia m’écrase de sa stature érigée. Je lève le regard vers elle, attendant le dénouement, mais l’imposante bête perd en hauteur. Ses traits lupins se tendent et disparaissent doucement pour laisser apparaitre la douce carnation de l’humaine. Là où je devrais être soulagé, l’incertitude s’impose. Serais-ce de la clémence ? Tout ne serait-il donc pas perdu ?
Tant de questions pour un esprit bien trop malmené, fatigué, luttant pour faire rentrer une logique dans son crâne d’acier.
Le silence religieux persiste quelques instants durant lesquelles je me sens dévisagé, puis d’un sourire malaisé Mia le rompt.
« Tu sais pas c’que tu dis. Tout le monde ne survit pas à la transformation. T’as une chance sur deux d’y rester, dans d’atroces souffrances.»
Je déglutis difficilement. Non pas que la mort m’inspire une quelconque peur, c’est le ton avec lequel elle prononce cette sentence qui me déclenche un frisson désagréable. Une transformation horrible, une douleur insupportable, une mort quasi certaine, qu’est-ce qu’on attend ?!
« Et j’en ai pas encore fini avec toi !»
La voilà la réponse. Qu’attend-t-elle donc encore de moi ? Des informations ? Je lui dirai tout sans me faire prier ! Au diable Renfield et leurs laquais, mon coeur n’est plus à eux !
Je comprend donc pourquoi elle refuse de me mordre. Si je meurs dans le processus, elle perd sa source d’infos, restant dans le flou concernant un des aspects essentiels de son existence. Elle mérite quelques explications, toute l’histoire si je pouvais la lui dire mais j’ignore moi-même les parties les plus obscures de ce sombre récit.
« Renfield. T’as dit qu’ils sont responsables de notre création… Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Comment tu peux avancer ça ? Qui te l’a dit ? Où, quand ? Parle !»
J’allais ouvrir la bouche, dire tout le fond de ma pensé mais quelque chose cloche. Je reste muet, observant les foulées nerveuses de la lycane dont la respiration se fragmente peu à peu jusqu’à devenir anarchique. Si je devais donner mon avis, j’aurai presque peur qu’elle n’entre en crise de panique.
« Ce sont les vampires qui nous ont créé. Les humains qui travaillaient dans les labos agissaient sous la contrainte !»
Elle ne sait pas combien elle à tort. Les vampires ont apportés les fonds et les sujets certes, mais les humains bossaient avec eux et non pour eux, sur un pied de simili égalité. Mais puis-je seulement le lui dire, du moins maintenant ? Ses vas-et-viens incessants s’accélèrent, elle semble pour le moins dérangée, perdue. Lui parler maintenant serait inutile, plus je l’observe et plus je me vois au travers d’elle, lutant contre ses démons -ou dans son cas peut-être ses souvenirs-.
Son conflit s’envenime, jusqu’à la pousser à crier, portant les mains à ses tempes comme pour se boucher les oreilles. Troublant la quiétude de la nuit, la forêt est devenue silencieuse, comme apeurée. J’observe comme paralysé ce manège virer au cauchemar éveillé, regardant impuissant la louve se tendre et se crisper, puis sombrer dans une douleur si déchirante que sa voix s’élève, inhumaine et torturée, faisant vibrer jusqu’au coeur de chaque fibre de mon être.
Je reste figé un instant, témoin impuissant d’un spectacle douloureux. Seule, fébrile et tremblante, je regarde la plus puissante femme que je connais, d’habitude si forte et fière, frémir comme un nouveau-né. Que puis-je faire ? Dois-je seulement agir ? Est-ce que j’en ai le droit ? Ne vais-je pas juste empirer les choses ?
Toutes mes émotions se mettent en branle, provoquant une nouvelle décharge d’adrénaline qui me pousse à me redresser. Je suis responsable de ses souffrances, c’est à moi d’y mettre un terme. Faisant fi des risques et des peurs, j’avance un premier pas, puis un autre, comme bravant une tempête. Closant la distance qui nous sépare je reste dressé en face d’elle, figé par son visage déformé. Non seulement les cris, mais aussi sa position crampée et ses spasmes ajoutent à ce tableau un aspect de démence qui me déchire le coeur. Sans réfléchir plus longtemps, j’élance mes bras et enlace Mia, la serrant contre moi. Malgré ma force tout mon corps vibre au rythme de ses pulsions, son agitation ne se calme aucunement sous mon étreinte. Elle se débat, force pour se libérer comme s’il fallut qu’elle s’échappe par tous les moyens.
« Mia, écoutes moi, écoutes ma voix. »
Ses yeux s’entrouvrent, ses convulsions cessent un peu, puis elle lève un regard tremblant vers moi. J’affiche un sourire quelque peu tordu, essayant de me faire le plus doux possible.
« Tout va bien, tu ne crains rien. »
Elle me dévisage, comme ailleurs, comme si ses yeux ne m’atteignaient pas, puis un frémissement menaçant parcours son échine et chemine sous mes avant-bras. Son visage transpire d’un seul coup de haine et de rencoeur, ses dents se serrent et grincent, mutant peu à peu en crocs. Mes bras sont écartés par une pression intense, incommensurable. Elle me repousse avec une hargne féroce, une agressivité sans borne. Je ne sais plus comment réagir, ne pouvant lutter contre la lycane, toute tentative devenue inutile. Au fond de ses iris, plus de trace de la Mia que je connais, je ne vois plus que de la rage, une haine comme une façade de pierre infranchissable. Malgré l’acier affuté de mes yeux, je suis conscient qu’il m’est impossible de percer au travers de cette carapace.
J’allais prendre un pas de recul lorsqu’elle se rue sur moi avec une vivacité folle. Je n’ai nullement le temps de réagir qu’un violent coup du plat de la main s’écrase sur ma tempe. La violence du choc m’agenouille instantanément, dans mon crâne résonne le bruit du coup et le craquement de mes os. Perdant la capacité de réflexion un instant, j’en oubli de me protéger et reçoit un autre coup du côté opposé. Il m’est difficile de ne pas chuter complètement, figé par bien trop de choses, perdu entre le désir d’aider celle que j’aime ou me résigner à mourir de sa main. Si ça continue cependant le choix sera vite fait, il est surement déjà trop tard.
Ma vision embuée brouille mon entourage, mes oreilles bourdonnent, il m’est impossible de m’orienter ou même de me situer dans l’espace. Même le temps semble distordu, j’ai pris le premier coup il n’y à qu’une ou deux seconde, et le second dans la foulée. Mes sens en émoi peinent à distinguer la douleur physique et mentale, cherchant désespérément à me protéger.
Il faut que j’évite le prochain coup et que je calme Mia, c’est la seule solution ! La fuite n’est certainement pas une option !
Malgré la brume qui couvre ma vision, je bondit sur mes pieds et saisit la main brandie de la lycane. Serrant de toutes mes forces, je plonge mes yeux dans les siens dans une ultime tentative.
« Mia, c’est moi, Vil-… »
Son autre main s’abat sur mon torse sans me laisser finir, toutes griffes dehors, fendant ma peau de l’épaule à la hanche. Pas assez profond pour m’éviscérer, trop profond pour ne pas causer une hémorragie accessoirement fatale. Je pose les doigts sur les bords de la plaie, caressant une à une chaque crevasse. La lycane s’est arrêtée, haletante, paralysée, tandis que je pose mes genoux à terre. La douleur lancinante me fait frémir des pieds à la tête, je retient un haut-le-coeur réflexe. Mon sang coule abondamment, tachant de rouge carmin le cuir de mon tablier. La fatigue s’abat sur moi comme un coup sec sur la nuque et je m’écroule à terre aux pieds de la louve, le visage enfoncé dans l’herbe froide et moelleuse. L’air jusqu’ici si chaud me glace le dos, et la lune visible et claire disparait lentement.
De l’hémorragie ou de la commotion cérébrale, qui m’emportera en premier ? La douleur s’envole elle aussi lentement, me laissant glisser vers les ombres et un sommeil incertain. Quelques images faites de noir et de blanc apparaissent dans mon esprit, comme de vieilles photos brulant sous un feu noir. Hécatomb, Alessio, Sarah, Taichi, père, mère, frères… Mia…
" Mine kjære brødre, jeg drar først. Ikke bekymre deg, jeg skal snart feire med den store Odin, og vente på en dag til å se oss igjen i Valhalla."
Quelques secondes s’écoulent avant que les babines de la Lycane ne s’animent, difficilement, laissant tomber la sentence. Non. Froid, lourd, tranchant comme un coup de poignard. Voilà sa conclusion. Evidemment, sur l’instant, tout semble fini pour moi. Me vient immédiatement à l’esprit la solitude de l’abandon et la déchirure de la faute, une crevasse se creuse comme du verre ébréché. Je reste figé, déçu, tandis que la louve se lève. Pour m’achever sans doute, ce qui me semble logique. J’ai échoué, la fin tant attendu se dessine à mesure que Mia m’écrase de sa stature érigée. Je lève le regard vers elle, attendant le dénouement, mais l’imposante bête perd en hauteur. Ses traits lupins se tendent et disparaissent doucement pour laisser apparaitre la douce carnation de l’humaine. Là où je devrais être soulagé, l’incertitude s’impose. Serais-ce de la clémence ? Tout ne serait-il donc pas perdu ?
Tant de questions pour un esprit bien trop malmené, fatigué, luttant pour faire rentrer une logique dans son crâne d’acier.
Le silence religieux persiste quelques instants durant lesquelles je me sens dévisagé, puis d’un sourire malaisé Mia le rompt.
« Tu sais pas c’que tu dis. Tout le monde ne survit pas à la transformation. T’as une chance sur deux d’y rester, dans d’atroces souffrances.»
Je déglutis difficilement. Non pas que la mort m’inspire une quelconque peur, c’est le ton avec lequel elle prononce cette sentence qui me déclenche un frisson désagréable. Une transformation horrible, une douleur insupportable, une mort quasi certaine, qu’est-ce qu’on attend ?!
« Et j’en ai pas encore fini avec toi !»
La voilà la réponse. Qu’attend-t-elle donc encore de moi ? Des informations ? Je lui dirai tout sans me faire prier ! Au diable Renfield et leurs laquais, mon coeur n’est plus à eux !
Je comprend donc pourquoi elle refuse de me mordre. Si je meurs dans le processus, elle perd sa source d’infos, restant dans le flou concernant un des aspects essentiels de son existence. Elle mérite quelques explications, toute l’histoire si je pouvais la lui dire mais j’ignore moi-même les parties les plus obscures de ce sombre récit.
« Renfield. T’as dit qu’ils sont responsables de notre création… Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Comment tu peux avancer ça ? Qui te l’a dit ? Où, quand ? Parle !»
J’allais ouvrir la bouche, dire tout le fond de ma pensé mais quelque chose cloche. Je reste muet, observant les foulées nerveuses de la lycane dont la respiration se fragmente peu à peu jusqu’à devenir anarchique. Si je devais donner mon avis, j’aurai presque peur qu’elle n’entre en crise de panique.
« Ce sont les vampires qui nous ont créé. Les humains qui travaillaient dans les labos agissaient sous la contrainte !»
Elle ne sait pas combien elle à tort. Les vampires ont apportés les fonds et les sujets certes, mais les humains bossaient avec eux et non pour eux, sur un pied de simili égalité. Mais puis-je seulement le lui dire, du moins maintenant ? Ses vas-et-viens incessants s’accélèrent, elle semble pour le moins dérangée, perdue. Lui parler maintenant serait inutile, plus je l’observe et plus je me vois au travers d’elle, lutant contre ses démons -ou dans son cas peut-être ses souvenirs-.
Son conflit s’envenime, jusqu’à la pousser à crier, portant les mains à ses tempes comme pour se boucher les oreilles. Troublant la quiétude de la nuit, la forêt est devenue silencieuse, comme apeurée. J’observe comme paralysé ce manège virer au cauchemar éveillé, regardant impuissant la louve se tendre et se crisper, puis sombrer dans une douleur si déchirante que sa voix s’élève, inhumaine et torturée, faisant vibrer jusqu’au coeur de chaque fibre de mon être.
Je reste figé un instant, témoin impuissant d’un spectacle douloureux. Seule, fébrile et tremblante, je regarde la plus puissante femme que je connais, d’habitude si forte et fière, frémir comme un nouveau-né. Que puis-je faire ? Dois-je seulement agir ? Est-ce que j’en ai le droit ? Ne vais-je pas juste empirer les choses ?
Toutes mes émotions se mettent en branle, provoquant une nouvelle décharge d’adrénaline qui me pousse à me redresser. Je suis responsable de ses souffrances, c’est à moi d’y mettre un terme. Faisant fi des risques et des peurs, j’avance un premier pas, puis un autre, comme bravant une tempête. Closant la distance qui nous sépare je reste dressé en face d’elle, figé par son visage déformé. Non seulement les cris, mais aussi sa position crampée et ses spasmes ajoutent à ce tableau un aspect de démence qui me déchire le coeur. Sans réfléchir plus longtemps, j’élance mes bras et enlace Mia, la serrant contre moi. Malgré ma force tout mon corps vibre au rythme de ses pulsions, son agitation ne se calme aucunement sous mon étreinte. Elle se débat, force pour se libérer comme s’il fallut qu’elle s’échappe par tous les moyens.
« Mia, écoutes moi, écoutes ma voix. »
Ses yeux s’entrouvrent, ses convulsions cessent un peu, puis elle lève un regard tremblant vers moi. J’affiche un sourire quelque peu tordu, essayant de me faire le plus doux possible.
« Tout va bien, tu ne crains rien. »
Elle me dévisage, comme ailleurs, comme si ses yeux ne m’atteignaient pas, puis un frémissement menaçant parcours son échine et chemine sous mes avant-bras. Son visage transpire d’un seul coup de haine et de rencoeur, ses dents se serrent et grincent, mutant peu à peu en crocs. Mes bras sont écartés par une pression intense, incommensurable. Elle me repousse avec une hargne féroce, une agressivité sans borne. Je ne sais plus comment réagir, ne pouvant lutter contre la lycane, toute tentative devenue inutile. Au fond de ses iris, plus de trace de la Mia que je connais, je ne vois plus que de la rage, une haine comme une façade de pierre infranchissable. Malgré l’acier affuté de mes yeux, je suis conscient qu’il m’est impossible de percer au travers de cette carapace.
J’allais prendre un pas de recul lorsqu’elle se rue sur moi avec une vivacité folle. Je n’ai nullement le temps de réagir qu’un violent coup du plat de la main s’écrase sur ma tempe. La violence du choc m’agenouille instantanément, dans mon crâne résonne le bruit du coup et le craquement de mes os. Perdant la capacité de réflexion un instant, j’en oubli de me protéger et reçoit un autre coup du côté opposé. Il m’est difficile de ne pas chuter complètement, figé par bien trop de choses, perdu entre le désir d’aider celle que j’aime ou me résigner à mourir de sa main. Si ça continue cependant le choix sera vite fait, il est surement déjà trop tard.
Ma vision embuée brouille mon entourage, mes oreilles bourdonnent, il m’est impossible de m’orienter ou même de me situer dans l’espace. Même le temps semble distordu, j’ai pris le premier coup il n’y à qu’une ou deux seconde, et le second dans la foulée. Mes sens en émoi peinent à distinguer la douleur physique et mentale, cherchant désespérément à me protéger.
Il faut que j’évite le prochain coup et que je calme Mia, c’est la seule solution ! La fuite n’est certainement pas une option !
Malgré la brume qui couvre ma vision, je bondit sur mes pieds et saisit la main brandie de la lycane. Serrant de toutes mes forces, je plonge mes yeux dans les siens dans une ultime tentative.
« Mia, c’est moi, Vil-… »
Son autre main s’abat sur mon torse sans me laisser finir, toutes griffes dehors, fendant ma peau de l’épaule à la hanche. Pas assez profond pour m’éviscérer, trop profond pour ne pas causer une hémorragie accessoirement fatale. Je pose les doigts sur les bords de la plaie, caressant une à une chaque crevasse. La lycane s’est arrêtée, haletante, paralysée, tandis que je pose mes genoux à terre. La douleur lancinante me fait frémir des pieds à la tête, je retient un haut-le-coeur réflexe. Mon sang coule abondamment, tachant de rouge carmin le cuir de mon tablier. La fatigue s’abat sur moi comme un coup sec sur la nuque et je m’écroule à terre aux pieds de la louve, le visage enfoncé dans l’herbe froide et moelleuse. L’air jusqu’ici si chaud me glace le dos, et la lune visible et claire disparait lentement.
De l’hémorragie ou de la commotion cérébrale, qui m’emportera en premier ? La douleur s’envole elle aussi lentement, me laissant glisser vers les ombres et un sommeil incertain. Quelques images faites de noir et de blanc apparaissent dans mon esprit, comme de vieilles photos brulant sous un feu noir. Hécatomb, Alessio, Sarah, Taichi, père, mère, frères… Mia…
" Mine kjære brødre, jeg drar først. Ikke bekymre deg, jeg skal snart feire med den store Odin, og vente på en dag til å se oss igjen i Valhalla."
med forsiden ned
Etilya sur DK RPG
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Dim 8 Déc 2019 - 12:22
Dans un état second, Mia n’était plus capable de raisonner. Les sons lui parvenaient en différé, à moitié étouffé, alors qu’elle tentait de faire taire cette petite voix qui lui martelait son crâne. Celle de sa conscience, probablement, si tant est qu’il lui en restait une. Elle revivait en boucle les pires moments de sa vie, les souvenirs sensoriels décuplés par le choc émotionnel. La bombe nucléaire lâchée sur Hiroshima, qui renversa le cours de sa vie. La soudaine folie de son cousin, qui tenta d’abuser d’elle après un rejet spontané. Son petit ami, tué par son cousin, qui partit en cendre. Des cendres. Une image occultée par son esprit fragile toutes ces années. Car il ne pouvait accepter deux informations contradictoires ; des vampires sympathiques, et d’autres monstrueux. Supprimer la nature de Rin était plus simple.
Mia prit une inspiration douloureuse, tandis que des larmes perlaient aux coins de ses yeux. Les événements s’enchaînaient à un rythme effréné dans son esprit. Elle se revoyait, enfermée dans cette cage avec Sachi, vendues par Ichiro. Elle entendait encore les supplications de sa cousine lorsqu’on les sépara pour toujours. Et l’horreur qu’elle avait ressenti en découvrant son cadavre mutilé. Mais, plus que tout, de la peur, et de la haine viscéral qu’elle avait développé pour son monstrueux geôlier. Metuselah Shidara. Cet être pâle, aux cheveux immaculés et aux prunelles carmin. Elle avait subi tant de sévices entre ses mains qu’elle ne pouvait même plus les énumérer. Pourtant son corps, lui, s’en souvenait.
Vilhelm choisit ce moment précis pour la prendre dans ses bras. Un très mauvais timing qui lui coûterait cher. Se sentant oppressée, en plein épisode psychotique, la louve se débattit férocement, mais les muscles développés du hunter la maintenaient fermement. Une voix l’appela. Elle cessa un instant de se débattre et ouvrit les paupières, le regard vitreux. La vision troublée par les larmes et la folie, elle fixa l’humain sans vraiment le reconnaître. Son visage souriant se superposa à celui, maléfique, de son bourreau. Et la situation dérapa.
En proie à une haine dévastatrice, l’alpha se transforma, repoussant l’homme qui souhaitaient l’immobiliser. Plus jamais ! Plus jamais il ne la toucherait ! Un hurlement inhumain s’échappa du fond de sa gorge. A présent bête, force de la nature, elle pouvait l’écorcher vif pour se soustraire définitivement à son emprise. Elle se jeta sur lui pour lui infliger un terrible coup sur le crâne, puis un second de l’autre patte. Frapper son ennemi mortel, l’éliminer, lui faire payer ces années de tourments ! Lui faire payer pour Ichiro ! Pour Sachi ! Pour tout le malheur du monde ! Une main puissante lui attrapa le poignet, lui résistant veinement. Il prenait ses désirs pour une réalité. Plus jamais il ne lui ferait de mal ! Elle demeura sourde aux supplications, aveugle au regard bleu suppliant. De son membre libre, elle asséna un ultime coup, déchirant la chaire de son torse sans scrupule. Il pourrait difficilement s’en relever cette fois !
Noooon ! hurla une voix dans son esprit.
Puis l’odeur du sang la frappa de plein fouet. Pas de sang de vampire. Du sang humain. C’eut le mérite de chasser instantanément les souvenirs cauchemardesques de son esprit, jusqu’au sourire diabolique de Shidara, jusqu’à son rire sadique. Elle s’immobilisa, haletante, une patte en l’air, tandis qu’elle reprenait contact avec la réalité. Clignant des yeux, elle prit conscience de l’endroit où elle se trouvait. La forêt de Nakanoto. Et au sol, face contre terre, Vilhelm, baignant dans une flaque de sang qui s’élargissait. La louve tourna sa gueule vers son membre toujours levé, imprégné de sang. Du sang de Vil. Elle s’arrêta brièvement de respirer. Que s’était-il passé ? Pourquoi gisait-il au sol ? Pourquoi avait-elle son sang sur les mains ? Où était passé son ennemi ? Ses oreilles se couchèrent progressivement sur son crâne à mesure qu’elle prenait conscience des événements. Elle crut se voir le frapper, en pleine psychose.
Un terrible gémissement déchira le silence. Elle ne pouvait pas avoir fait ça. Ce n’était pas possible. Devenait-elle folle ? Non… Elle était folle, irrémédiablement folle. Ses naseaux se dilatèrent, ses mâchoires remuèrent alors qu’elle essayait de comprendre. Elle reposa lentement sa patte, le regard rivé sur le corps étendu à ses pieds.
« Vil ?» appela-t-elle d’une voix rauque et étranglée.
Elle le toucha du bout du museau, mais l’humain ne réagit pas. Elle le poussa avec sa gueule, mais il retomba sur la terre humide, inerte. Mia poussa un nouveau gémissement de détresse. Elle voulut le retourner, mais sa patte griffue risquait de faire davantage de dégât. Elle reprit alors forme humaine, ignorant le sang qui maculait son torse pour se concentrer sur le hunter. Elle agrippa l’épaule opposée de Vil et tira vers elle pour le faire passer sur le dos. Elle put alors constater les dégâts. Quatre grandes plaies parcouraient son torse de l’épaule jusqu’à la hanche, et du sang s’en échappait par à coups, au rythme de son coeur qui se fatiguait. La louve s’agenouilla près de la tête du norvégien et posa une main tremblante sur son visage.
« Vil ? Vil, réponds moi !»
Un étrange silence lui répondit, troublé seulement par une unique percussion. Son coeur menaçait de s’arrêter à tout moment. Elle ne percevait déjà plus qu’une faible perturbation. Mia porta une main à sa bouche, horrifiée, alors qu’un sanglot la secouait. Qu’avait-elle fait ? Tu l’as quasiment tué. Il va vraiment mourir cette fois. Des larmes coulèrent sur ses joues, certaines terminant leur course sur celles de Vil.
« Je suis désolée, je suis désolée !» Elle donna de petites tapes sur ses joues, sans grande conviction, craignant de lui faire mal encore une fois. « Reviens s’il te plait… Ne meurs pas…»
Elle sentait la panique la gagner. Son corps secoué de sanglots faisait trembler celui de l’humain, qui ne réagissait pourtant toujours pas. La respiration saccadée, Mia se frotta le nez en reniflant. Elle se sentait soudain comme une enfant après une bêtise ; penaude et impuissante. Sauf que là, un homme allait peut-être mourir par sa faute. Et elle ne voulait pas ça. Oui, il va mourir, si tu ne fais rien. Sa respiration s’accéléra et l’alpha s’essuya rageusement les joues, avant de pousser un grondement menaçant, comme pour intimider la panique qui s’insinuait sournoisement dans son coeur. Réfléchir, elle devait réfléchir. Elle détailla les plaies sur le torse de Vil. Inévitablement mortelles.
« Putain de merde !» pesta-t-elle dans un nouvel accès de colère.
Elle ferma les yeux pour tenter de reprendre le contrôle d’elle-même. Elle devait faire quelque chose pour le sauver. Même si ses chances de survie étaient minces. En fait, il n’avait plus qu’un seul espoir. Et elle devait agir vite. Elle poussa un soupir pour chasser les émotions négatives puis se redressa lentement. Dans un frémissement, elle redevint la terrible louve alpha responsable de ce carnage. Elle posa une patte le long du bras de Vilhelm et le renifla, cherchant l’endroit propice. Puis elle retroussa les babines et ouvrit la gueule, les crocs à découvert, pour les planter doucement dans l’épaule gauche du hunter. Au plus près du cœur, en espérant qu’il tiendrait assez longtemps pour propager le vecteur dans son corps. Elle tint la position presque une minute entière, comme si ça pouvait garantir le succès de la transformation. Pourtant, elle savait au fond d’elle que ça ne servait à rien. Le plus bien portant des hommes avaient une chance sur deux d’y survivre. Alors, un individu à l’agonie, même aussi aguerri que Vil…
Non, elle ne devait pas y penser. Mais plutôt assurer ses chances de survie. Elle se dégagea et chercha quelque chose pour l’aider. Cependant, elle n’avait que sa salive, présentement. Elle débarrassa l’humain de son tablier à moitié déchiré, puis elle entreprit de nettoyer les plaies par quelques coups de langues précis, luttant contre la nausée que lui inspirait le goût du sang humain. Elle avisa ensuite un plan de shiso à proximité, une plante médicinale réputée pour ses nombreuses vertus. Mia l’arracha pour récupérer ses feuilles fraîches, qu’elle disposa en tapis sur les plaies, dans le but de les protéger. Puis, redevenue humaine, elle lui retira son pantalon et le recouvra avec. Une entreprise qu’elle jugea bien ridicule.
La louve s’immobilisa, ne sachant plus quoi ajouter pour favoriser sa survie. Son ouïe fine capta un battement de coeur, faible, lent, trop lent, mais qui avait le mérite d’exister. Son corps était glacé. Elle sentit la panique revenir à la charge. Elle avait envie de se rouler en boule dans un coin, plonger son visage entre ses bras et s’enfoncer dans ses réflexions moroses. Ignorer ce monde cruel qui s’évertuait à la blesser. Dormir jusqu’à ce que ses problèmes soient réglés. Une pensée si douce et si alléchante…
Elle secoua la tête. Non. Elle ne devait pas se laisser gagner par l’apathie. Ses yeux gris se posèrent sur le visage pâle de Vilhelm. Comment le réchauffer ? Elle n’avait pas de couverture sous la main, et hors de question de s’absenter. Mais… ne possédait-elle pas une fourrure ? Prise d’un éclair de génie, elle s’écarta pour se transformer. Puis elle s’installa près de lui et se colla au plus proche pour lui faire bénéficier de sa chaleur corporelle. Il aurait été plus efficace de s’allonger sur lui, mais elle risquerait de lui couper la respiration. Elle préféra passer une patte par-dessus lui avant de caler sa tête contre la sienne, babine droite contre joue gauche.
« T’as pas intérêt… à mourir.» articula-t-elle avec difficulté. « Je pourrai pas… te pardonner, sinon.»
Autrement dit, s’il rendait l’âme, elle n’aurait jamais l’occasion de lui accorder son pardon. Mais surtout, elle ne pourrait jamais se pardonner, elle.
Mia prit une inspiration douloureuse, tandis que des larmes perlaient aux coins de ses yeux. Les événements s’enchaînaient à un rythme effréné dans son esprit. Elle se revoyait, enfermée dans cette cage avec Sachi, vendues par Ichiro. Elle entendait encore les supplications de sa cousine lorsqu’on les sépara pour toujours. Et l’horreur qu’elle avait ressenti en découvrant son cadavre mutilé. Mais, plus que tout, de la peur, et de la haine viscéral qu’elle avait développé pour son monstrueux geôlier. Metuselah Shidara. Cet être pâle, aux cheveux immaculés et aux prunelles carmin. Elle avait subi tant de sévices entre ses mains qu’elle ne pouvait même plus les énumérer. Pourtant son corps, lui, s’en souvenait.
Vilhelm choisit ce moment précis pour la prendre dans ses bras. Un très mauvais timing qui lui coûterait cher. Se sentant oppressée, en plein épisode psychotique, la louve se débattit férocement, mais les muscles développés du hunter la maintenaient fermement. Une voix l’appela. Elle cessa un instant de se débattre et ouvrit les paupières, le regard vitreux. La vision troublée par les larmes et la folie, elle fixa l’humain sans vraiment le reconnaître. Son visage souriant se superposa à celui, maléfique, de son bourreau. Et la situation dérapa.
En proie à une haine dévastatrice, l’alpha se transforma, repoussant l’homme qui souhaitaient l’immobiliser. Plus jamais ! Plus jamais il ne la toucherait ! Un hurlement inhumain s’échappa du fond de sa gorge. A présent bête, force de la nature, elle pouvait l’écorcher vif pour se soustraire définitivement à son emprise. Elle se jeta sur lui pour lui infliger un terrible coup sur le crâne, puis un second de l’autre patte. Frapper son ennemi mortel, l’éliminer, lui faire payer ces années de tourments ! Lui faire payer pour Ichiro ! Pour Sachi ! Pour tout le malheur du monde ! Une main puissante lui attrapa le poignet, lui résistant veinement. Il prenait ses désirs pour une réalité. Plus jamais il ne lui ferait de mal ! Elle demeura sourde aux supplications, aveugle au regard bleu suppliant. De son membre libre, elle asséna un ultime coup, déchirant la chaire de son torse sans scrupule. Il pourrait difficilement s’en relever cette fois !
Noooon ! hurla une voix dans son esprit.
Puis l’odeur du sang la frappa de plein fouet. Pas de sang de vampire. Du sang humain. C’eut le mérite de chasser instantanément les souvenirs cauchemardesques de son esprit, jusqu’au sourire diabolique de Shidara, jusqu’à son rire sadique. Elle s’immobilisa, haletante, une patte en l’air, tandis qu’elle reprenait contact avec la réalité. Clignant des yeux, elle prit conscience de l’endroit où elle se trouvait. La forêt de Nakanoto. Et au sol, face contre terre, Vilhelm, baignant dans une flaque de sang qui s’élargissait. La louve tourna sa gueule vers son membre toujours levé, imprégné de sang. Du sang de Vil. Elle s’arrêta brièvement de respirer. Que s’était-il passé ? Pourquoi gisait-il au sol ? Pourquoi avait-elle son sang sur les mains ? Où était passé son ennemi ? Ses oreilles se couchèrent progressivement sur son crâne à mesure qu’elle prenait conscience des événements. Elle crut se voir le frapper, en pleine psychose.
Un terrible gémissement déchira le silence. Elle ne pouvait pas avoir fait ça. Ce n’était pas possible. Devenait-elle folle ? Non… Elle était folle, irrémédiablement folle. Ses naseaux se dilatèrent, ses mâchoires remuèrent alors qu’elle essayait de comprendre. Elle reposa lentement sa patte, le regard rivé sur le corps étendu à ses pieds.
« Vil ?» appela-t-elle d’une voix rauque et étranglée.
Elle le toucha du bout du museau, mais l’humain ne réagit pas. Elle le poussa avec sa gueule, mais il retomba sur la terre humide, inerte. Mia poussa un nouveau gémissement de détresse. Elle voulut le retourner, mais sa patte griffue risquait de faire davantage de dégât. Elle reprit alors forme humaine, ignorant le sang qui maculait son torse pour se concentrer sur le hunter. Elle agrippa l’épaule opposée de Vil et tira vers elle pour le faire passer sur le dos. Elle put alors constater les dégâts. Quatre grandes plaies parcouraient son torse de l’épaule jusqu’à la hanche, et du sang s’en échappait par à coups, au rythme de son coeur qui se fatiguait. La louve s’agenouilla près de la tête du norvégien et posa une main tremblante sur son visage.
« Vil ? Vil, réponds moi !»
Un étrange silence lui répondit, troublé seulement par une unique percussion. Son coeur menaçait de s’arrêter à tout moment. Elle ne percevait déjà plus qu’une faible perturbation. Mia porta une main à sa bouche, horrifiée, alors qu’un sanglot la secouait. Qu’avait-elle fait ? Tu l’as quasiment tué. Il va vraiment mourir cette fois. Des larmes coulèrent sur ses joues, certaines terminant leur course sur celles de Vil.
« Je suis désolée, je suis désolée !» Elle donna de petites tapes sur ses joues, sans grande conviction, craignant de lui faire mal encore une fois. « Reviens s’il te plait… Ne meurs pas…»
Elle sentait la panique la gagner. Son corps secoué de sanglots faisait trembler celui de l’humain, qui ne réagissait pourtant toujours pas. La respiration saccadée, Mia se frotta le nez en reniflant. Elle se sentait soudain comme une enfant après une bêtise ; penaude et impuissante. Sauf que là, un homme allait peut-être mourir par sa faute. Et elle ne voulait pas ça. Oui, il va mourir, si tu ne fais rien. Sa respiration s’accéléra et l’alpha s’essuya rageusement les joues, avant de pousser un grondement menaçant, comme pour intimider la panique qui s’insinuait sournoisement dans son coeur. Réfléchir, elle devait réfléchir. Elle détailla les plaies sur le torse de Vil. Inévitablement mortelles.
« Putain de merde !» pesta-t-elle dans un nouvel accès de colère.
Elle ferma les yeux pour tenter de reprendre le contrôle d’elle-même. Elle devait faire quelque chose pour le sauver. Même si ses chances de survie étaient minces. En fait, il n’avait plus qu’un seul espoir. Et elle devait agir vite. Elle poussa un soupir pour chasser les émotions négatives puis se redressa lentement. Dans un frémissement, elle redevint la terrible louve alpha responsable de ce carnage. Elle posa une patte le long du bras de Vilhelm et le renifla, cherchant l’endroit propice. Puis elle retroussa les babines et ouvrit la gueule, les crocs à découvert, pour les planter doucement dans l’épaule gauche du hunter. Au plus près du cœur, en espérant qu’il tiendrait assez longtemps pour propager le vecteur dans son corps. Elle tint la position presque une minute entière, comme si ça pouvait garantir le succès de la transformation. Pourtant, elle savait au fond d’elle que ça ne servait à rien. Le plus bien portant des hommes avaient une chance sur deux d’y survivre. Alors, un individu à l’agonie, même aussi aguerri que Vil…
Non, elle ne devait pas y penser. Mais plutôt assurer ses chances de survie. Elle se dégagea et chercha quelque chose pour l’aider. Cependant, elle n’avait que sa salive, présentement. Elle débarrassa l’humain de son tablier à moitié déchiré, puis elle entreprit de nettoyer les plaies par quelques coups de langues précis, luttant contre la nausée que lui inspirait le goût du sang humain. Elle avisa ensuite un plan de shiso à proximité, une plante médicinale réputée pour ses nombreuses vertus. Mia l’arracha pour récupérer ses feuilles fraîches, qu’elle disposa en tapis sur les plaies, dans le but de les protéger. Puis, redevenue humaine, elle lui retira son pantalon et le recouvra avec. Une entreprise qu’elle jugea bien ridicule.
La louve s’immobilisa, ne sachant plus quoi ajouter pour favoriser sa survie. Son ouïe fine capta un battement de coeur, faible, lent, trop lent, mais qui avait le mérite d’exister. Son corps était glacé. Elle sentit la panique revenir à la charge. Elle avait envie de se rouler en boule dans un coin, plonger son visage entre ses bras et s’enfoncer dans ses réflexions moroses. Ignorer ce monde cruel qui s’évertuait à la blesser. Dormir jusqu’à ce que ses problèmes soient réglés. Une pensée si douce et si alléchante…
Elle secoua la tête. Non. Elle ne devait pas se laisser gagner par l’apathie. Ses yeux gris se posèrent sur le visage pâle de Vilhelm. Comment le réchauffer ? Elle n’avait pas de couverture sous la main, et hors de question de s’absenter. Mais… ne possédait-elle pas une fourrure ? Prise d’un éclair de génie, elle s’écarta pour se transformer. Puis elle s’installa près de lui et se colla au plus proche pour lui faire bénéficier de sa chaleur corporelle. Il aurait été plus efficace de s’allonger sur lui, mais elle risquerait de lui couper la respiration. Elle préféra passer une patte par-dessus lui avant de caler sa tête contre la sienne, babine droite contre joue gauche.
« T’as pas intérêt… à mourir.» articula-t-elle avec difficulté. « Je pourrai pas… te pardonner, sinon.»
Autrement dit, s’il rendait l’âme, elle n’aurait jamais l’occasion de lui accorder son pardon. Mais surtout, elle ne pourrait jamais se pardonner, elle.
- Lycan, and proud:
What is your lie ?
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Vilhelm A. Jarlsonfel#102511#102511#102511#102511#102511#102511#102511
Humain - Hunter de l'Ordre Renfield
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Ven 10 Jan 2020 - 1:12
Mea Culpa
Feat Mia Luna Ogawa ~
Une lumière, vive et aveuglante, éclate comme une bombe autour de moi. Aveuglé après tant d’obscurité, mes yeux fatigués peinent à se faire à la soudaine ombre ambiante, seulement dérangée par un feu… de camp ? Mes paupières clignent une fois, puis deux. Je braque avec effroi mes prunelles à gauche puis à droite, et ne discerne rien d’autre que les ténèbres omniprésents. Tandis que ma respiration saccadée peine à ralentir, je scrute le noir intense de l’espace inconnu qui m’héberge. L’angoisse monte rapidement, me poussant à bondir de mon siège pour me défendre contre cet environnement hostile. Par instinct, ma main se porte au-dessus de mon côté droit, trône habituel de ma fidèle Hecatomb, mais ne rencontre que le vide. Horrifié, je tourne lentement mon regard par-dessus mon épaule pour y contempler l’absence de mon arme. Mon éternelle compagne me fait défaut en ce moment de crise, perdu dans l’ombre et l’inconnu, me laissant plus désarmé que jamais. Soit, l’absence de la seule en qui ma confiance absolue réside ne m’ébranle qu’un instant, animé par une détermination à toute épreuve étrange pour un homme dans ma situation.
Dans ma situation..? Mais… de quelle situation je parle ?!
Un instant de vide me fige face à la pénombre, comme un court-circuit dans un système primaire je reste figé devant l’absence ou la sur-abondance d’information. Je ne sais plus si j’en sais trop ou pas assez. Un instant de lucidité porte mes mains sur mon visage, caressant la barbe drue qui le couvre, puis un instant de doute porte ma main sur mon torse et mène au choc soudain. Mes doigts plongent un à un dans des sillons qui, successivement, conduisent de mon épaule à ma hanche. La où devrait se manifester une intense douleur physique, seule une douleur psychique m’assène un violent mal de crâne. Un flash abonde ma mémoire d’image floues, une patte levée, des griffes fendant ma chair, du sang encore et encore… Alors… serais-je mort ?
L’irrémédiable réalité me saute aux yeux violemment et me procure une sensation étrange de haine et de tristesse mêlées. Alors j’en suis là, après toutes ces épreuves, ces souffrances, ces combats, je meurs sans jamais avoir rien accompli ?! Mes doigts se crispent en serrant mes poings, mes dents grincent. En regardant autour de moi, nulle lumière ou structure autre que cet unique feu de bois qui crépite dans mon dos, rompant le silence ambiant. Non, non non non c’est impossible je ne peux pas finir ici !
J’embraye un pas, puis un autre, puis commence à courir en ligne droite aussi loin que possible de ce feu que je désir fuir de toute mon âme, sondant les ténèbres à la recherche d’une porte, d’un escalier, d’une sortie à cet enfer. Mon souffle s’accélère, malgré l’ombre je discerne parfaitement mes membres qui balancent en cadence à mes côtés. Je manque d’air, sûrement à cause de la panique qui m’oppresse un peu plus à chaque instant, mais mes jambes refusent de s’arrêter. Foulée après foulée, la sensation d’une solitude absolue m’étreint, mais je refuse de croire que c’est ainsi que les Dieux ont dessiné la fin de ma vie. Quelque part, oui quelque part il y a forcément un passage, un accès, une épreuve ou que sais-je encore, mais il doit y avoir un moyen d’arriver jusqu’au Valhalla !!
Soudain, au loin, une lumière brille. Enfin ! J’accélère la cadence au maximum, courant comme si ma vie en dépendait, oubliant mes poumons brulants et ma bouche sèche. Mais à mesure que je m’approche, la désillusion s’abat et la crainte revient. De course, je passe à trot, puis à marche avant de tomber à genoux face au même feu de bois que je fuyais avec ardeur. Il ne fait pas froid, pourtant la douce chaleur qu’il dégage me réchauffe le coeur. Il ne fait pas chaud pourtant je transpire à grosses gouttes. Je sens ma peine s’évanouir doucement, mes craintes s’envoler, ma peur s’envenimer, mon courage s’effacer. Tant de signes contraires et pourtant si succincts et singuliers, une complémentarité d’effroi et de sécurité, de mort et d’éternité. Un sentiment mortel d’invincibilité volatile persiste au creux de ma poitrine, posant sur ce cadre inconnu un sentiment de malaise réconfortant.
« Je ne t’attendais pas si tôt, Asgaroht. »
Je sursaute de surprise, cherchant l’origine de cette voix qui, aussi bizarre que ça puisse paraitre, ne m’est pas inconnue. Je fais volte face et avise, à à peine deux mètre de moi, un homme assis sur un rondin de bois. Les flammes dansent sur son visage ridé, ses mains visiblement fortes sont croisées sur ses genoux. Il me dévisage de ses deux yeux gris clairs, une mèche de cheveux argentés recouvrant en partie sa paupière gauche. Je retient mon souffle, sentant monter en moi une vague d’intenses émotions, puis me jette dans les bras de cet homme disparu depuis des années.
« Mon oncle ! »
Il me serra fort, quelques instants seulement, et j’étais sûr de ne pas halluciner. Puis il me prit par les épaules et m’inspecta de haut en bas de longues secondes, balayant de ses yeux mon visage, mes plaies, jusqu’à mes pieds, un large sourire illuminant son visage rodé par les années.
« Par Odin regardes-toi ! Vois comme tu as changé ! »
Je réfrénais une larme de joie, d’abord de revoir le vieil homme qui m’a élevé au rang de hunter comme un père pendant toutes mes jeunes années, mais aussi de ne plus être seul dans le noir. Nous nous prenons une nouvelle fois dans les bras puis il m’invita à m’asseoir à ses cotés. Lorsque nous sommes tous deux installé, son visage devient un peu plus grave. Certes la joie de la réunion est toujours présente, mais il y a une raison à notre présence en ces lieux, et j’entend bien savoir ce que je branle ici.
« Où sommes-nous Alfrid ? »
« Quoi, tu ne le sais pas encore ? »
Le vieil homme désigne l’ombre de sa main, et je suis ce mouvement des yeux. Le silence entrecoupé de crépitement ne dévoile rien d’autre que le vide, le néant que j’ai parcouru dans toute sa longueur sans en trouver l’entrée, ou même la sortie. Avide d’information, je scrute avec attention chaque mots et chaque gestes de ce vieillard adoré.
« Nous somme aux portes de Helheim, le royaume des morts. Ce feu que tu vois n’est autre que le gardien de son entrée. Il repousse le froid et la brume, il garde les morts et empêche leur sortie. Et toi, il va te juger. »
Si je n’étais pas déjà assis, mes jambes se seraient dérobées sous le choc. Hel, l’endroit où les morts miséreux sont amassés, où ceux qui n’ont pas prouvé leur valeur passent le reste de l’éternité à souffrir du givre et de la maladie. Non, je ne peux pas avoir été si mauvais ! Impossible, je ne peux pas être puni de la sorte !
Me revinrent en tête tous les actes de ma vie, comme un film que j’analyse à la recherche du moindre élément expliquant ce bannissement. Tous les vampires que j’ai tué, les gens que j’ai sauvé, le sang que j’ai versé, j’ai plus que largement prouvé ma force ! Je ne mérite pas telle sentence !
Mais viennent aussi d’autres images : la traitrise, le meurtre, le mensonge, le déshonneur… La peur… Toutes ces images qui fuguent devant mes yeux se projettent sur les flammes rouges, animant mes souvenirs de vagues dansantes. Dans le silence, comme dans la salle obscure du cinéma, nous regardons le film de ma mémoire bruler dans l’incandescence de ce juge impartial. Lorsque se finit cette intangible projection, je sens la main calleuse de mon oncle se poser sur mon épaule. Tournant vers lui un regard blessé, je constate qu’il porte le même sur ses traits. La chaleur de sa paume réchauffe ma peau à nue, sensation agréable d’un corps que je ne sentais presque plus, oubliant la douleur.
« Que te reproches-tu ? »
Je reste muet un instant. Bien des choses me viennent en tête, bien du poids m’écrase la poitrine. Pourtant une image fixe oblitère toutes les autres, accrochée à mon âme comme un bloc de béton aux pieds d’un condamné. Comme une masse lourde qui m’empêche d’évoluer, qui m’empêche de bouger. Cette image fixe, celle de sa peau mate, de ses yeux d’acier perçant de fins cheveux d’ébène. De son visage ampli de rage, de sa main vengeresse qui s’abat, de son regard… déformé par la haine.. Au final, je n’ai de regret que celui qui m’a tué.
« D’avoir trahi celle que j’aime. »
« Es-tu seulement coupable ? »
Sa question enchaine sans vide ma réponse, comme s’il savait ce que j’allais répondre. Je le dévisage surpris, intrigué. Mais sa question mérite d’être posée. Suis-je seulement coupable ? Inévitablement, absolument, irrémédiablement, je le suis. Pourquoi ? J’avais mille fois la possibilité de m’opposer aux ordres qui m’ont été donnés, d’éviter toute ces conneries. Comment ? En restant dans l’honneur, en affirmant mes choix, en refusant d’obéir. Alors pourquoi n’ai-je rien fait ? Avais-je peur ? C’est possible, mais de quoi ?
« … T’as toujours été un bon gamin, un peu idiot certes, mais débrouillard comme pas deux. »
Tiré de ma réflexion, j’écoute les propos de cet homme sage avec une attention toute particulière.
« T’étais pas le plus fort, ni le plus futé. T’as failli y passer plus d’une fois, t’aurai pu y rester. Téméraire, courageux, irréfléchi surtout. Foncer dans le tas, penser après, si impulsif qu’il était impossible de te rattraper. Mais je dois bien te le concéder, je ne t’ai jamais vu renoncer pour autant. Tellement borné que tu refusais chaque échecs, jusqu’à réussir envers et contre tous. »
Un sourire tendre et nostalgique se peint sur mes lèvres, ramenant des souvenirs d’une époque où par pure haine je fonçait tête baissée dans tous les traquenards, m’en sortant de justesse par la force du désespoir. Surtout parce que mon oncle me sauvait la peau, souvent, trop peut-être, et c’est ce qui l’a tué…
« J’ai jamais eu l’occasion de te dire que… que je regrettais… »
« C’est du passé mon garçon, ne sois pas désolé. Je ne suis plus, et les portes du Valhalla se sont ouvertes pour moi. Je suis parti avec le sentiment du devoir accompli, ne laissant derrière moi aucun regret. »
Un silence lourd pendant lequel sa poigne s’intensifie un peu sur mon épaule nous laisse à tous deux le temps de souffler.
« Tu n’as pas changé. Tu n’as jamais cessé de foncer sans réfléchir pour protéger tes valeurs, et ceux qui te sont chers. »
J’inspire douloureusement, un pincement au coeur.
« Et c’est ce que tu as fait. Ne regrette aucun de tes choix, car tous m’ont rendu fier de toi.»
Je retiens ma respiration, écoutant mon coeur battre. Contre toute attente, son rythme lent, serein, contraste fortement avec l’émoi de ma pensée. Chaque contractions, puissantes, éclaire mes doutes et ouvre mes yeux. Ce que j’ai fait ?
Là où j’ai menti, mon regard braqué sur les flammes voit l’intention de protéger. Dans le meurtre, la salvation ; dans la confession, l’absolution ; dans la peur, un courage sans faille. Dans la mort… le pardon.
Face à nous le feu s’ébranle, faisant grossir ses flammes. La lumière douce et rougeâtre mute en un éclat lumineux, intense, enchanteur. Lorsque l’éblouissement s’évanoui, là ou trônait un simple feu de camp se dessine un pont fait d’arc-en-ciel, menant au somment d’une montagne baignée de lumière couverte d’une cité faite de pierre et d’or, où les construction immenses côtoient un ciel d’un bleu éclatant baigné de fin nuages blancs, semblables à des traits de cotons scintillants.
Devant mon regard ébahit, mon oncle se relève en prenant appui sur moi et entame un pas vers la lumière. Avant de passer le portail, il se retourne vers moi et, sans parler, m’incite à le suivre d’un mouvement de tête. Figé, mes jambes refusent de bouger, tremblant comme une feuille. Son sourire chaleureux m’ouvre les portes du paradis tant recherché, alors pourquoi ne puis-je me relever ?
Une sensation de picotement dans mon épaule gauche rompt la magie de cet instant, rappelant à ma raison ma condition d’humain. Assis sur le sol, je porte une main sur le membre subitement douloureux, pour y sentir de multiples trous se creuser. Rangés, impeccablement alignés, ceux-ci dessinent un arc de cercle allongé. A mesure que je regarde la blessure nouvelle, mes yeux s’écarquille par la compréhension progressive de son origine. Je tourne mon regard vers mon oncle, dont le sourire mute quelque peu vers un rictus obscur et triste. Toujours silencieux, il me désigne d’un autre coup de tête le néant qui s’étend dans mon dos.
« Elle est venue te chercher, jusqu’ici… »
Je me retourne lentement, scrutant les ténèbres, attentif à chaque gestes. Mon corps se tend au fil des secondes qui passent, comme s’embrasant de l’intérieur par un incendie dévorant. Puis un mouvement dans le ténèbres attire mon regard. Un grondement sourd retentit, comme piégé dans un écho infini. Par réflexe ma main se porte à nouveau sur mon épaule, brûlante.
Avançant vers la lumière, l’ombre prends peu à peu forme, et un loup géant nimbé de ténèbres apparait.
« … Mia ? »
La bête émet un autre grondement, nullement agressif, et avance un pas vers moi. Je me retourne vers mon oncle, toujours debout dans l’embrasure lumineuse. Celui-ci ferme les yeux en expirant douloureusement, puis les rouvre avec un air décidé.
« Va, jeune homme. Le devoir t’attend encore. »
Résolu, je ne saurai prononcer un mot. A quoi bon, puisque nous nous reverrons. Je le salut d’une inclinaison de la tête, puis fais volte-face et m’approche de la louve, m’arrêtant devant son museau. Je l’observe un instant, son pelage fait de brume ne luit d’une sombre lueur qu’au niveau de ses deux yeux noirs d’onyx, rivés vers moi. Bien qu’intangible, je sens son souffle chaud sur ma peau nue. Comme guidé par une main invisible, je lève mon avant-bras et, lentement, approche mes doigts du museau de l’animal. La fourrure éthérée glisse sur mes phalanges, et la mâchoire de la créature se glisse au creux de ma main. Bien que déjà bouillant, sa chaleur m’envahit et je laisse l’ombre me recouvrir, ne faisant bientôt plus qu’un avec celle-ci. Je me sens perdre ma contenance, comme m’évanouissant dans un océan turbulent, d’abord agréable puis de plus en plus violent. Je sens mon corps qui se dissipe, mes muscles souffrir, mes os gémir. Alors que m’emporte ce tourbillon furieux, une étincelle traverse les nuages noirs, et avant de quitter -peut-être définitivement- les portes des enfers, celles du Valhalla apparaissent et j’entend ces mots résonner dans ma tête :
« Ces portes te seront toujours ouvertes, je t’attendrais. »
Ainsi s’éteint ce dernier trait de clarté avant que ma conscience vacillante ne me lâche, emportant cette conscience vague vers d’autres temps, d’autres lieux. Bientôt le froid se fait sentir sur ma peau quasi incandescente, et mes yeux clos contre mon gré résistent comme s’ils étaient gelés. Impossible de me mouvoir, comme paralysé, frêle sujet des éléments sans pitié. La douleur déchirante de mon corps entier oblitère celle de mon torse qui, en particulier, souffre de quatre larges traits. Bientôt la sensation de cette carnation qui est la mienne s’efface jusqu’à ne laisser qu’un semblant de pulsion de vie : un coeur qui bat toujours plus lentement, s’écrasant à grand peine sous le poids de la fatigue et du froid.
Ma peau s’étire comme si un démon voulait la déchirer de l’intérieur, déferlant sur le monde sa haine, sa chaleur, pauvre martyre d’une prison faite de chair il se débat pour exploser au grand air. Muscles, os, ligaments, tous crient sous son courroux, la raideur s’étend de mes pieds jusqu’à la base de mon cou, et ma tête n’en parlons pas car dans mon crâne ne règne qu’une envie de trépas. Je souffre à n’en plus finir, et bien que figé comme une poupée de cire sur mon visage je sent s’encrer les traits de la douleur et du rejet. Mon corps entier repousse le fléau qui s’est mêlé à mon âme par la chaleur, semblable au feu et aux flammes, jeté dans la forge des enfers où je me sens roué de coups comme l’acier et le fer.
Brisé, recomposé, la symphonie macabre a commencé, et mon coeur ne cesse de ralentir ne me laissant d’autre choix que de dépérir, lentement. Je lute comme un beau diable, m’accrochant à tout ce qui me reste : mes amis, ma famille et la femme que j’aime, qui m’attende au-deçà de mon destin funeste. Mais seul et perdu dans l’obscurité mes forces s’amenuisent, l’esprit du loup prend mon énergie, puise dans mes réserves bien trop vite et celles-ci sont bien maigres, je sens monter l’odeur de mon sang, si aigre, omniprésent, dont je commence à manquer. Bientôt mon coeur va s’arrêter, les battements lents et irréguliers ralentissent, menaçant de me lâcher. Je crois tout espoir perdu lorsque sur mon torse je ressens une caresse particulière, sur mes blessures des à-coup bien particuliers. Quelque part, quelqu’un pense mes blessures. Mais cette sensation est si lointaine, entre ma peau et mon esprit les flammes prennent vie, brulant mes nerfs, carbonisant mes sensations. Qui donc peut s’occuper ainsi de moi ?
La sensation de mon corps échappe à la compréhension de mes sens, je ne sens bientôt plus rien, rien que la douleur et la chaleur. Forte, omniprésente, je ne sais plus depuis combien de temps je brule. Si une quantité suffisante de sang coulait encore dans mes veines, nul doute que mon coeur battrait à tout rompre, mais de mon corps je ne sens plus aucun réaction, qu’un coup sporadique, un battement qui me maintient en vie envers et contre tout, seul rempart comme une corde me maintenant au-dessus d’une abysse sans fond. Peut être qu’en lâchant il me permettrait d’atteindre la libération, revoir la lumière, le Valhalla, la gloire éternelle. Peut-être finalement est-ce ceci le vrai enfer ? Peut-être suis-je condamné à bruler sans tomber en cendres, prisonnier d’un esprit tourmenté, d’une carnation torturée, jusqu’à expier tous mes crimes. Peut-être… ne suis-je tout simplement pas digne de vivre une journée de plus..? Si je pouvais, juste une journée, une heure même, juste pour lui dire. Que je regrette, que je suis désolé… que je l’aime.
Alors, doucement sur mon flan droit, quelque chose perce l’incandescence, se frayant un chemin jusqu’à mon âme. Chaud, doux surtout, un îlot de bien-être après tant de souffrance caresse mon épiderme depuis longtemps oublié. Cette chaleur suave m’enveloppe, chassant un instant tout mal, me protégeant comme un voile de vertu de l’incendie qui fait rage en moi. Cette douceur m’enveloppe tendrement, avec tant de délicatesse que mon corps se relaxe, se détend enfin, comme remis de ses efforts et essoufflé. Il se fatigue, puis lentement, s’arrête.
Boum.
Un premier battement, puissant, bombe mon torse. Tous mes muscles se contractent d’un coup comme sous un électrochoc en envoyant une giclée de sang voler dans le ciel nocturne. Puis le spasme se relâche et, comme mort, mon corps retombe sur l’herbe.
Boum.
Un second battement, plus fort encore, déforme de nouveau mon être. Cette fois-ci mes yeux fous s’ouvrent, à la recherche de quelque chose, d’un point d’encrage dans cette réalité que je pensais avoir quitté à tout jamais. Mia est la première chose qui aspire mon regard, me fixant de ses deux yeux bleus. Je ne saurai dire ce que je ressent à l’instant présent tant la douleur est forte, ni quel sentiment se lit au fond de ses yeux. Impossible de réfléchir, seule demeure l’envie de m’arracher cette peau qui me fait souffrir le martyr. Tel un ressort trop tendu je bondi sur mes genoux, une main à terre, l’autre griffant de mes ongles mon torse nervuré. Griffant de manière si frénétique qu’un craquement sec retentit, et c’est en levant une main tremblante devant mes yeux écarquillés que j’avise l’ongle qui s’est décollé.
Boum.
Une douleur fulgurante telle un coup de poignard me déchire la poitrine, forçant ma tête à s’écraser sur le sol dans un cris de douleur perçant. Mon torse me brule tant que c'en est insoutenable.
« Ty mitt hjärta… är fyllt av eld… »
(Car mon coeur est empli de feu)
Je serre les dents, redressant mon front en tirant sur les muscles de mon cou. Je tremble comme une feuille, mes forces m’abandonne, mais impossible d’abandonner !
« En flamma som aldrig… får falna igen… »
(Des flammes qui ne s’éteindrons plus jamais)
J’abat mon poing dans l’herbe avec une force débridée, enfonçant la terre sous l’impact violent. Impossible de reprendre mon souffle, mes poumons refusent de s’ouvrir à l’air qui m’entoure.
Boum.
Un quatrième battement me transperce le coeur d’arrière en avant, enclenchant une contraction difficile de tout mes muscles abdominaux qui me redressent à genoux, le visage levé vers la lune dans un hurlement profond. L’astre pâle me parait si proche, énorme, si écrasant, et je respire pour la première fois depuis ce qui me semble être une éternité, déchirant mes bronches sèches par la plus profonde inspiration que j’ai prise de ma vie. Je bloque l’air incandescent un instant, puis souffle lentement, soulagé. Mon coeur bat une nouvelle fois et je grimace, la douleur est devenue à peine supportable mais ce n’est rien en comparaison de ce que je viens de vivre.
« Jag skall aldrig ge vika, här står jag fast, och i hjärtat brinner elden vilt. »
(Je ne céderai plus jamais, et me voici, car dans mon coeur brule un feu ardent.)
Je m’assois sur mes talons. Le frai de la nuit soulage la fièvre qui m’assailli, ne séchant pas pour autant les perles de transpiration qui suintent le long de mon front. Ma tête me fait mal, mais le soulagement d’être en vie l’emporte de peu sur la fatigue soudaine. Mon sang ne coule plus, mon coeur bat, je suis sauvé. Et ce, uniquement grâce à Mia. Je porte ma main droite sur mon épaule gauche, caressant la rangée de trous qui percent encore ma peau, puis lève les yeux. Elle est là, elle me dévisage, et pourtant je la vois floue. Malgré la fatigue et la douleur, j’esquisse un sourire qui résume à lui seul toute la gratitude que je peux exprimer.
« Merci… »
Dans ma situation..? Mais… de quelle situation je parle ?!
Un instant de vide me fige face à la pénombre, comme un court-circuit dans un système primaire je reste figé devant l’absence ou la sur-abondance d’information. Je ne sais plus si j’en sais trop ou pas assez. Un instant de lucidité porte mes mains sur mon visage, caressant la barbe drue qui le couvre, puis un instant de doute porte ma main sur mon torse et mène au choc soudain. Mes doigts plongent un à un dans des sillons qui, successivement, conduisent de mon épaule à ma hanche. La où devrait se manifester une intense douleur physique, seule une douleur psychique m’assène un violent mal de crâne. Un flash abonde ma mémoire d’image floues, une patte levée, des griffes fendant ma chair, du sang encore et encore… Alors… serais-je mort ?
L’irrémédiable réalité me saute aux yeux violemment et me procure une sensation étrange de haine et de tristesse mêlées. Alors j’en suis là, après toutes ces épreuves, ces souffrances, ces combats, je meurs sans jamais avoir rien accompli ?! Mes doigts se crispent en serrant mes poings, mes dents grincent. En regardant autour de moi, nulle lumière ou structure autre que cet unique feu de bois qui crépite dans mon dos, rompant le silence ambiant. Non, non non non c’est impossible je ne peux pas finir ici !
J’embraye un pas, puis un autre, puis commence à courir en ligne droite aussi loin que possible de ce feu que je désir fuir de toute mon âme, sondant les ténèbres à la recherche d’une porte, d’un escalier, d’une sortie à cet enfer. Mon souffle s’accélère, malgré l’ombre je discerne parfaitement mes membres qui balancent en cadence à mes côtés. Je manque d’air, sûrement à cause de la panique qui m’oppresse un peu plus à chaque instant, mais mes jambes refusent de s’arrêter. Foulée après foulée, la sensation d’une solitude absolue m’étreint, mais je refuse de croire que c’est ainsi que les Dieux ont dessiné la fin de ma vie. Quelque part, oui quelque part il y a forcément un passage, un accès, une épreuve ou que sais-je encore, mais il doit y avoir un moyen d’arriver jusqu’au Valhalla !!
Soudain, au loin, une lumière brille. Enfin ! J’accélère la cadence au maximum, courant comme si ma vie en dépendait, oubliant mes poumons brulants et ma bouche sèche. Mais à mesure que je m’approche, la désillusion s’abat et la crainte revient. De course, je passe à trot, puis à marche avant de tomber à genoux face au même feu de bois que je fuyais avec ardeur. Il ne fait pas froid, pourtant la douce chaleur qu’il dégage me réchauffe le coeur. Il ne fait pas chaud pourtant je transpire à grosses gouttes. Je sens ma peine s’évanouir doucement, mes craintes s’envoler, ma peur s’envenimer, mon courage s’effacer. Tant de signes contraires et pourtant si succincts et singuliers, une complémentarité d’effroi et de sécurité, de mort et d’éternité. Un sentiment mortel d’invincibilité volatile persiste au creux de ma poitrine, posant sur ce cadre inconnu un sentiment de malaise réconfortant.
« Je ne t’attendais pas si tôt, Asgaroht. »
Je sursaute de surprise, cherchant l’origine de cette voix qui, aussi bizarre que ça puisse paraitre, ne m’est pas inconnue. Je fais volte face et avise, à à peine deux mètre de moi, un homme assis sur un rondin de bois. Les flammes dansent sur son visage ridé, ses mains visiblement fortes sont croisées sur ses genoux. Il me dévisage de ses deux yeux gris clairs, une mèche de cheveux argentés recouvrant en partie sa paupière gauche. Je retient mon souffle, sentant monter en moi une vague d’intenses émotions, puis me jette dans les bras de cet homme disparu depuis des années.
« Mon oncle ! »
Il me serra fort, quelques instants seulement, et j’étais sûr de ne pas halluciner. Puis il me prit par les épaules et m’inspecta de haut en bas de longues secondes, balayant de ses yeux mon visage, mes plaies, jusqu’à mes pieds, un large sourire illuminant son visage rodé par les années.
« Par Odin regardes-toi ! Vois comme tu as changé ! »
Je réfrénais une larme de joie, d’abord de revoir le vieil homme qui m’a élevé au rang de hunter comme un père pendant toutes mes jeunes années, mais aussi de ne plus être seul dans le noir. Nous nous prenons une nouvelle fois dans les bras puis il m’invita à m’asseoir à ses cotés. Lorsque nous sommes tous deux installé, son visage devient un peu plus grave. Certes la joie de la réunion est toujours présente, mais il y a une raison à notre présence en ces lieux, et j’entend bien savoir ce que je branle ici.
« Où sommes-nous Alfrid ? »
« Quoi, tu ne le sais pas encore ? »
Le vieil homme désigne l’ombre de sa main, et je suis ce mouvement des yeux. Le silence entrecoupé de crépitement ne dévoile rien d’autre que le vide, le néant que j’ai parcouru dans toute sa longueur sans en trouver l’entrée, ou même la sortie. Avide d’information, je scrute avec attention chaque mots et chaque gestes de ce vieillard adoré.
« Nous somme aux portes de Helheim, le royaume des morts. Ce feu que tu vois n’est autre que le gardien de son entrée. Il repousse le froid et la brume, il garde les morts et empêche leur sortie. Et toi, il va te juger. »
Si je n’étais pas déjà assis, mes jambes se seraient dérobées sous le choc. Hel, l’endroit où les morts miséreux sont amassés, où ceux qui n’ont pas prouvé leur valeur passent le reste de l’éternité à souffrir du givre et de la maladie. Non, je ne peux pas avoir été si mauvais ! Impossible, je ne peux pas être puni de la sorte !
Me revinrent en tête tous les actes de ma vie, comme un film que j’analyse à la recherche du moindre élément expliquant ce bannissement. Tous les vampires que j’ai tué, les gens que j’ai sauvé, le sang que j’ai versé, j’ai plus que largement prouvé ma force ! Je ne mérite pas telle sentence !
Mais viennent aussi d’autres images : la traitrise, le meurtre, le mensonge, le déshonneur… La peur… Toutes ces images qui fuguent devant mes yeux se projettent sur les flammes rouges, animant mes souvenirs de vagues dansantes. Dans le silence, comme dans la salle obscure du cinéma, nous regardons le film de ma mémoire bruler dans l’incandescence de ce juge impartial. Lorsque se finit cette intangible projection, je sens la main calleuse de mon oncle se poser sur mon épaule. Tournant vers lui un regard blessé, je constate qu’il porte le même sur ses traits. La chaleur de sa paume réchauffe ma peau à nue, sensation agréable d’un corps que je ne sentais presque plus, oubliant la douleur.
« Que te reproches-tu ? »
Je reste muet un instant. Bien des choses me viennent en tête, bien du poids m’écrase la poitrine. Pourtant une image fixe oblitère toutes les autres, accrochée à mon âme comme un bloc de béton aux pieds d’un condamné. Comme une masse lourde qui m’empêche d’évoluer, qui m’empêche de bouger. Cette image fixe, celle de sa peau mate, de ses yeux d’acier perçant de fins cheveux d’ébène. De son visage ampli de rage, de sa main vengeresse qui s’abat, de son regard… déformé par la haine.. Au final, je n’ai de regret que celui qui m’a tué.
« D’avoir trahi celle que j’aime. »
« Es-tu seulement coupable ? »
Sa question enchaine sans vide ma réponse, comme s’il savait ce que j’allais répondre. Je le dévisage surpris, intrigué. Mais sa question mérite d’être posée. Suis-je seulement coupable ? Inévitablement, absolument, irrémédiablement, je le suis. Pourquoi ? J’avais mille fois la possibilité de m’opposer aux ordres qui m’ont été donnés, d’éviter toute ces conneries. Comment ? En restant dans l’honneur, en affirmant mes choix, en refusant d’obéir. Alors pourquoi n’ai-je rien fait ? Avais-je peur ? C’est possible, mais de quoi ?
« … T’as toujours été un bon gamin, un peu idiot certes, mais débrouillard comme pas deux. »
Tiré de ma réflexion, j’écoute les propos de cet homme sage avec une attention toute particulière.
« T’étais pas le plus fort, ni le plus futé. T’as failli y passer plus d’une fois, t’aurai pu y rester. Téméraire, courageux, irréfléchi surtout. Foncer dans le tas, penser après, si impulsif qu’il était impossible de te rattraper. Mais je dois bien te le concéder, je ne t’ai jamais vu renoncer pour autant. Tellement borné que tu refusais chaque échecs, jusqu’à réussir envers et contre tous. »
Un sourire tendre et nostalgique se peint sur mes lèvres, ramenant des souvenirs d’une époque où par pure haine je fonçait tête baissée dans tous les traquenards, m’en sortant de justesse par la force du désespoir. Surtout parce que mon oncle me sauvait la peau, souvent, trop peut-être, et c’est ce qui l’a tué…
« J’ai jamais eu l’occasion de te dire que… que je regrettais… »
« C’est du passé mon garçon, ne sois pas désolé. Je ne suis plus, et les portes du Valhalla se sont ouvertes pour moi. Je suis parti avec le sentiment du devoir accompli, ne laissant derrière moi aucun regret. »
Un silence lourd pendant lequel sa poigne s’intensifie un peu sur mon épaule nous laisse à tous deux le temps de souffler.
« Tu n’as pas changé. Tu n’as jamais cessé de foncer sans réfléchir pour protéger tes valeurs, et ceux qui te sont chers. »
J’inspire douloureusement, un pincement au coeur.
« Et c’est ce que tu as fait. Ne regrette aucun de tes choix, car tous m’ont rendu fier de toi.»
Je retiens ma respiration, écoutant mon coeur battre. Contre toute attente, son rythme lent, serein, contraste fortement avec l’émoi de ma pensée. Chaque contractions, puissantes, éclaire mes doutes et ouvre mes yeux. Ce que j’ai fait ?
Là où j’ai menti, mon regard braqué sur les flammes voit l’intention de protéger. Dans le meurtre, la salvation ; dans la confession, l’absolution ; dans la peur, un courage sans faille. Dans la mort… le pardon.
Face à nous le feu s’ébranle, faisant grossir ses flammes. La lumière douce et rougeâtre mute en un éclat lumineux, intense, enchanteur. Lorsque l’éblouissement s’évanoui, là ou trônait un simple feu de camp se dessine un pont fait d’arc-en-ciel, menant au somment d’une montagne baignée de lumière couverte d’une cité faite de pierre et d’or, où les construction immenses côtoient un ciel d’un bleu éclatant baigné de fin nuages blancs, semblables à des traits de cotons scintillants.
Devant mon regard ébahit, mon oncle se relève en prenant appui sur moi et entame un pas vers la lumière. Avant de passer le portail, il se retourne vers moi et, sans parler, m’incite à le suivre d’un mouvement de tête. Figé, mes jambes refusent de bouger, tremblant comme une feuille. Son sourire chaleureux m’ouvre les portes du paradis tant recherché, alors pourquoi ne puis-je me relever ?
Une sensation de picotement dans mon épaule gauche rompt la magie de cet instant, rappelant à ma raison ma condition d’humain. Assis sur le sol, je porte une main sur le membre subitement douloureux, pour y sentir de multiples trous se creuser. Rangés, impeccablement alignés, ceux-ci dessinent un arc de cercle allongé. A mesure que je regarde la blessure nouvelle, mes yeux s’écarquille par la compréhension progressive de son origine. Je tourne mon regard vers mon oncle, dont le sourire mute quelque peu vers un rictus obscur et triste. Toujours silencieux, il me désigne d’un autre coup de tête le néant qui s’étend dans mon dos.
« Elle est venue te chercher, jusqu’ici… »
Je me retourne lentement, scrutant les ténèbres, attentif à chaque gestes. Mon corps se tend au fil des secondes qui passent, comme s’embrasant de l’intérieur par un incendie dévorant. Puis un mouvement dans le ténèbres attire mon regard. Un grondement sourd retentit, comme piégé dans un écho infini. Par réflexe ma main se porte à nouveau sur mon épaule, brûlante.
Avançant vers la lumière, l’ombre prends peu à peu forme, et un loup géant nimbé de ténèbres apparait.
« … Mia ? »
La bête émet un autre grondement, nullement agressif, et avance un pas vers moi. Je me retourne vers mon oncle, toujours debout dans l’embrasure lumineuse. Celui-ci ferme les yeux en expirant douloureusement, puis les rouvre avec un air décidé.
« Va, jeune homme. Le devoir t’attend encore. »
Résolu, je ne saurai prononcer un mot. A quoi bon, puisque nous nous reverrons. Je le salut d’une inclinaison de la tête, puis fais volte-face et m’approche de la louve, m’arrêtant devant son museau. Je l’observe un instant, son pelage fait de brume ne luit d’une sombre lueur qu’au niveau de ses deux yeux noirs d’onyx, rivés vers moi. Bien qu’intangible, je sens son souffle chaud sur ma peau nue. Comme guidé par une main invisible, je lève mon avant-bras et, lentement, approche mes doigts du museau de l’animal. La fourrure éthérée glisse sur mes phalanges, et la mâchoire de la créature se glisse au creux de ma main. Bien que déjà bouillant, sa chaleur m’envahit et je laisse l’ombre me recouvrir, ne faisant bientôt plus qu’un avec celle-ci. Je me sens perdre ma contenance, comme m’évanouissant dans un océan turbulent, d’abord agréable puis de plus en plus violent. Je sens mon corps qui se dissipe, mes muscles souffrir, mes os gémir. Alors que m’emporte ce tourbillon furieux, une étincelle traverse les nuages noirs, et avant de quitter -peut-être définitivement- les portes des enfers, celles du Valhalla apparaissent et j’entend ces mots résonner dans ma tête :
« Ces portes te seront toujours ouvertes, je t’attendrais. »
Ainsi s’éteint ce dernier trait de clarté avant que ma conscience vacillante ne me lâche, emportant cette conscience vague vers d’autres temps, d’autres lieux. Bientôt le froid se fait sentir sur ma peau quasi incandescente, et mes yeux clos contre mon gré résistent comme s’ils étaient gelés. Impossible de me mouvoir, comme paralysé, frêle sujet des éléments sans pitié. La douleur déchirante de mon corps entier oblitère celle de mon torse qui, en particulier, souffre de quatre larges traits. Bientôt la sensation de cette carnation qui est la mienne s’efface jusqu’à ne laisser qu’un semblant de pulsion de vie : un coeur qui bat toujours plus lentement, s’écrasant à grand peine sous le poids de la fatigue et du froid.
Ma peau s’étire comme si un démon voulait la déchirer de l’intérieur, déferlant sur le monde sa haine, sa chaleur, pauvre martyre d’une prison faite de chair il se débat pour exploser au grand air. Muscles, os, ligaments, tous crient sous son courroux, la raideur s’étend de mes pieds jusqu’à la base de mon cou, et ma tête n’en parlons pas car dans mon crâne ne règne qu’une envie de trépas. Je souffre à n’en plus finir, et bien que figé comme une poupée de cire sur mon visage je sent s’encrer les traits de la douleur et du rejet. Mon corps entier repousse le fléau qui s’est mêlé à mon âme par la chaleur, semblable au feu et aux flammes, jeté dans la forge des enfers où je me sens roué de coups comme l’acier et le fer.
Brisé, recomposé, la symphonie macabre a commencé, et mon coeur ne cesse de ralentir ne me laissant d’autre choix que de dépérir, lentement. Je lute comme un beau diable, m’accrochant à tout ce qui me reste : mes amis, ma famille et la femme que j’aime, qui m’attende au-deçà de mon destin funeste. Mais seul et perdu dans l’obscurité mes forces s’amenuisent, l’esprit du loup prend mon énergie, puise dans mes réserves bien trop vite et celles-ci sont bien maigres, je sens monter l’odeur de mon sang, si aigre, omniprésent, dont je commence à manquer. Bientôt mon coeur va s’arrêter, les battements lents et irréguliers ralentissent, menaçant de me lâcher. Je crois tout espoir perdu lorsque sur mon torse je ressens une caresse particulière, sur mes blessures des à-coup bien particuliers. Quelque part, quelqu’un pense mes blessures. Mais cette sensation est si lointaine, entre ma peau et mon esprit les flammes prennent vie, brulant mes nerfs, carbonisant mes sensations. Qui donc peut s’occuper ainsi de moi ?
La sensation de mon corps échappe à la compréhension de mes sens, je ne sens bientôt plus rien, rien que la douleur et la chaleur. Forte, omniprésente, je ne sais plus depuis combien de temps je brule. Si une quantité suffisante de sang coulait encore dans mes veines, nul doute que mon coeur battrait à tout rompre, mais de mon corps je ne sens plus aucun réaction, qu’un coup sporadique, un battement qui me maintient en vie envers et contre tout, seul rempart comme une corde me maintenant au-dessus d’une abysse sans fond. Peut être qu’en lâchant il me permettrait d’atteindre la libération, revoir la lumière, le Valhalla, la gloire éternelle. Peut-être finalement est-ce ceci le vrai enfer ? Peut-être suis-je condamné à bruler sans tomber en cendres, prisonnier d’un esprit tourmenté, d’une carnation torturée, jusqu’à expier tous mes crimes. Peut-être… ne suis-je tout simplement pas digne de vivre une journée de plus..? Si je pouvais, juste une journée, une heure même, juste pour lui dire. Que je regrette, que je suis désolé… que je l’aime.
Alors, doucement sur mon flan droit, quelque chose perce l’incandescence, se frayant un chemin jusqu’à mon âme. Chaud, doux surtout, un îlot de bien-être après tant de souffrance caresse mon épiderme depuis longtemps oublié. Cette chaleur suave m’enveloppe, chassant un instant tout mal, me protégeant comme un voile de vertu de l’incendie qui fait rage en moi. Cette douceur m’enveloppe tendrement, avec tant de délicatesse que mon corps se relaxe, se détend enfin, comme remis de ses efforts et essoufflé. Il se fatigue, puis lentement, s’arrête.
Boum.
Un premier battement, puissant, bombe mon torse. Tous mes muscles se contractent d’un coup comme sous un électrochoc en envoyant une giclée de sang voler dans le ciel nocturne. Puis le spasme se relâche et, comme mort, mon corps retombe sur l’herbe.
Boum.
Un second battement, plus fort encore, déforme de nouveau mon être. Cette fois-ci mes yeux fous s’ouvrent, à la recherche de quelque chose, d’un point d’encrage dans cette réalité que je pensais avoir quitté à tout jamais. Mia est la première chose qui aspire mon regard, me fixant de ses deux yeux bleus. Je ne saurai dire ce que je ressent à l’instant présent tant la douleur est forte, ni quel sentiment se lit au fond de ses yeux. Impossible de réfléchir, seule demeure l’envie de m’arracher cette peau qui me fait souffrir le martyr. Tel un ressort trop tendu je bondi sur mes genoux, une main à terre, l’autre griffant de mes ongles mon torse nervuré. Griffant de manière si frénétique qu’un craquement sec retentit, et c’est en levant une main tremblante devant mes yeux écarquillés que j’avise l’ongle qui s’est décollé.
Boum.
Une douleur fulgurante telle un coup de poignard me déchire la poitrine, forçant ma tête à s’écraser sur le sol dans un cris de douleur perçant. Mon torse me brule tant que c'en est insoutenable.
« Ty mitt hjärta… är fyllt av eld… »
(Car mon coeur est empli de feu)
Je serre les dents, redressant mon front en tirant sur les muscles de mon cou. Je tremble comme une feuille, mes forces m’abandonne, mais impossible d’abandonner !
« En flamma som aldrig… får falna igen… »
(Des flammes qui ne s’éteindrons plus jamais)
J’abat mon poing dans l’herbe avec une force débridée, enfonçant la terre sous l’impact violent. Impossible de reprendre mon souffle, mes poumons refusent de s’ouvrir à l’air qui m’entoure.
Boum.
Un quatrième battement me transperce le coeur d’arrière en avant, enclenchant une contraction difficile de tout mes muscles abdominaux qui me redressent à genoux, le visage levé vers la lune dans un hurlement profond. L’astre pâle me parait si proche, énorme, si écrasant, et je respire pour la première fois depuis ce qui me semble être une éternité, déchirant mes bronches sèches par la plus profonde inspiration que j’ai prise de ma vie. Je bloque l’air incandescent un instant, puis souffle lentement, soulagé. Mon coeur bat une nouvelle fois et je grimace, la douleur est devenue à peine supportable mais ce n’est rien en comparaison de ce que je viens de vivre.
« Jag skall aldrig ge vika, här står jag fast, och i hjärtat brinner elden vilt. »
(Je ne céderai plus jamais, et me voici, car dans mon coeur brule un feu ardent.)
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« Merci… »
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Sam 18 Jan 2020 - 18:27
Combien de temps s’était écoulé ? Une minute ? Cinq ? Ou peut-être une heure ? Mia avait perdu le fil, concentré sur les faibles battements de coeur de l’humain qu’elle couvait désespérément. Elle guettait le suivant avec toujours plus d’appréhension, craignant d’avoir perçu le dernier. Peut-être était-il trop tard lorsqu’elle l’avait mordu. Ou bien ne résisterait-il pas à la transformation… Mais c’était un guerrier bien bâti, résistant et aguerri. Elle devait faire confiance à sa constitution sortant de l’ordinaire. Les yeux clos mais les autres sens en alerte, elle patientait, comme une âme au purgatoire.
Puis le silence. Pas une pulsation dans le corps agonisant qu’elle protégeait. Pas la moindre perturbation. Son propre coeur s’emballa, comme s’il cherchait à compenser. Ou, peut-être, à encourager son homologue. La louve releva la tête pour planter son regard azuré sur le visage de celui qu’elle avait mutilé. Ses traits étaient subtilement contractés, dessinant l’ébauche d’une expression douloureuse, telle le portrait figé d’un cadavre qui avait vécu ses derniers instants dans la plus grande souffrance. Les oreilles dressées, elle guetta un nouveau signe. Mais rien ne vint. Une angoisse insidieuse la saisit ; en réaction, elle poussa un grondement. Il ne pouvait pas mourir sans s’être battu. Il n’avait pas le droit.
Aller, Vil, t’es plus fort que ça…
Ses encouragements muets ne l’atteignaient peut-être pas encore -peut-être plus. Elle ne savait pas combien de temps il fallait à un transformé pour percevoir la voix télépathique des autres lycans. Elle attendait désespérément ; un détail, un mouvement, un tressaillement. Les minutes s’écoulaient depuis la dernière pulsation, réduisant exponentiellement ses chances de survie à chaque seconde de silence. Les griffes de Mia broyèrent la terre humide sous ses pattes, alors qu’une pensée funeste s’installait.
Boum.
La louve dressa l’oreille et retint sa respiration. Sous son corps, celui du hunter se cabra. Elle releva la tête et dégagea aussitôt la patte qui le recouvrait pour lui laisser plus d’espace. Un mince filet de sang gicla depuis ses plaies béantes, maculant son museau et une portion de sa fourrure d’ébène. Le spasme cessa aussi vite qu’il avait pris et la forêt retrouva le calme. Le regard alerte, Mia guetta une autre réaction encourageante.
Boum.
Cette fois, elle bondit en arrière. Consciente que chaque transformé pouvait réagir différemment, et de façon incontrôlée, elle préférait mettre de la distance pour éviter tout incident regrettable. Vilhelm ouvrit les yeux, le regard fou, comme s’il cherchait quelque chose. Dressée sur ses quatre membres, Mia resta immobile, mais elle plongea ses iris azurés dans leurs deux jumeaux. Son coeur battait la chamade ; cet instant était décisif. Une lueur d’espoir s’alluma dans son regard lupin. Soudain, il se redressa sur ses genoux et se griffa frénétiquement le torse, jusqu’à s’arracher un ongle.
Boum.
Au troisième battement, Vil se plia en deux en hurlant, le front frappant le sol comme s’il souhaitait assommer la douleur. De sa bouche assechée s’échappèrent quelques mots qu’elle ne comprit pas. Sans doute du norvégien. Mia ne bougeait plus, ni ne bronchait. De l’extérieur, son attitude passive pourrait passer pour de l’indifférence face au sort du hunter. Peut-être qu’il y en avait ; elle avait été habituée à ce spectacle macabre, si bien qu’aujourd’hui, il ne lui faisait plus grand chose. Le géant redressa lentement la tête ; tous ses muscles tremblaient sous l’effort et la douleur. Mais son regard était déterminé. Mia souffla par les narines, satisfaite. Il marmonna encore quelque phrase inintelligible, puis frappa la terre de son poing, dessinant un cratère de quelques centimètres. Mia fixa l’irrégularité ; c’était le premier signe extérieur du changement qui s’opérait en lui. Puis elle posa ses yeux sur le torse du nordique. Un mouvement subtile s’opérait ; le filet de sang se tarit. Les bords des plaies commençaient à se rapprocher, lentement mais sûrement.
Boum.
Vil se redressa et hurla, le regard tourné vers la voûte étoilée. Les oreilles de la louve se couchèrent brièvement sur son crâne, signe qu’elle n’était pas totalement indifférente à ce qu’il traversait. Et il prit sa première inspiration depuis sa perte de connaissance, comme un nouveau né dont les poumons fonctionnaient pour la première fois. Puis un cinquième battement suivit, plus rapproché que les précédents. Ses lèvres s’animèrent une nouvelle fois pour psalmodier quelque litanie mystique. Peut-être était-ce la fièvre qui commençait à lui tourner la tête. Il s’installa sur ses talons, profitant de l’accalmie pour respirer plus sereinement. Son rythme cardiaque se régularisa et ses blessures se refermaient progressivement. Les marques de crocs sur son épaule quant à elles persistaient encore, mais si tout se passait comme prévu, elles s’effaceraient prochainement.
A son merci, l’espagnole darda sur lui ses yeux bleus, une lueur indéchiffrable dansant dans ses prunelles. Il ne réalisait certainement pas ce qu’il disait, ni ce qui l’attendait. Ne sachant pas s’il était déjà réceptif à la télépathie, elle opta pour la transformation. En quelques secondes, le terrible prédateur fit place à la frêle jeune femme.
« Me remercie pas trop vite.»
Mia s’accroupit pour se mettre à son niveau. Même à genoux, la carrure de Vilhelm était impressionnante. Qu’en serait-il alors en tant que lycan ? S’il survivait aux prochaines heures, évidemment. Même si elle redoutait l’échec cuisant, elle se trouvait étrangement pressée de voir le résultat. Elle posa sur lui un regard navré, comme si elle s’adressait à un enfant qui avait encore tout à apprendre.
« Ton calvaire est loin d’être terminé. ça, c’était juste un avant goût de c’qui t’attend vraiment.»
Ses yeux glissèrent sur la silhouette du hunter, luisante de sueur. Ses muscles tremblaient toujours, sa respiration était saccadée, et ses mâchoires crispées témoignaient du tourment qui l’affligeait. Elle leva une main vers son visage pour poser le dos de ses phalanges sur son front. Il était brûlant de fièvre, comme elle à l’époque. L’espace d’un instant, elle fut assaillie de souvenirs macabres, vestiges d’un passé jeté aux oubliettes. Elle ramena sa main vers elle et l’appuya sur sa cuisse. Elle fixait Vilhelm d’un regard étrange ; s’il ne s’agissait pas de Mia Ogawa, on aurait cru à de la tendresse.
« ça durera quelques heures… au mieux. Plusieurs jours dans le pire des cas.»
Inutile de lui dépeindre le sort qui l’attendait. Rien de ce qu’elle dirait ne pourrait l’y préparer. C’était une épreuve qu’il devrait traverser par lui-même. Elle serait là ; elle le soutiendrait par sa simple présence. Mais, tel le nouveau né, il serait seul. Car finalement, c’était ça dont il s’agissait ; une seconde naissance. Une renaissance. Mia poussa un soupire avant de se redresser et se détourna, le regard terne porté sur la forêt silencieuse. Quelques secondes s’écoulèrent ainsi, comme si elle cherchait quelque chose.
« Je suis désolée… J’aurais voulu que les choses se passent autrement...»
Ce n’était pas comme ça qu’elle avait imaginé la transformation potentielle de Vilhelm. Pas en étant forcée de le mordre pour qu’il pût survivre à ses blessures. Elle baissa le regard sur sa main droite, paume ouverte vers le ciel. Que s’était-il passé, au juste ? Elle avait totalement perdu le contrôle pendant un instant. Non, c’était pire encore… elle avait fait une crise psychotique. Elle croisa les bras, les paumes caressant la peau nue juste en dessous des épaules, comme un geste vain pour se protéger de l’inéluctable vérité. Après plusieurs décennies de sévices, son esprit brisé succombait.
Puis le silence. Pas une pulsation dans le corps agonisant qu’elle protégeait. Pas la moindre perturbation. Son propre coeur s’emballa, comme s’il cherchait à compenser. Ou, peut-être, à encourager son homologue. La louve releva la tête pour planter son regard azuré sur le visage de celui qu’elle avait mutilé. Ses traits étaient subtilement contractés, dessinant l’ébauche d’une expression douloureuse, telle le portrait figé d’un cadavre qui avait vécu ses derniers instants dans la plus grande souffrance. Les oreilles dressées, elle guetta un nouveau signe. Mais rien ne vint. Une angoisse insidieuse la saisit ; en réaction, elle poussa un grondement. Il ne pouvait pas mourir sans s’être battu. Il n’avait pas le droit.
Aller, Vil, t’es plus fort que ça…
Ses encouragements muets ne l’atteignaient peut-être pas encore -peut-être plus. Elle ne savait pas combien de temps il fallait à un transformé pour percevoir la voix télépathique des autres lycans. Elle attendait désespérément ; un détail, un mouvement, un tressaillement. Les minutes s’écoulaient depuis la dernière pulsation, réduisant exponentiellement ses chances de survie à chaque seconde de silence. Les griffes de Mia broyèrent la terre humide sous ses pattes, alors qu’une pensée funeste s’installait.
Boum.
La louve dressa l’oreille et retint sa respiration. Sous son corps, celui du hunter se cabra. Elle releva la tête et dégagea aussitôt la patte qui le recouvrait pour lui laisser plus d’espace. Un mince filet de sang gicla depuis ses plaies béantes, maculant son museau et une portion de sa fourrure d’ébène. Le spasme cessa aussi vite qu’il avait pris et la forêt retrouva le calme. Le regard alerte, Mia guetta une autre réaction encourageante.
Boum.
Cette fois, elle bondit en arrière. Consciente que chaque transformé pouvait réagir différemment, et de façon incontrôlée, elle préférait mettre de la distance pour éviter tout incident regrettable. Vilhelm ouvrit les yeux, le regard fou, comme s’il cherchait quelque chose. Dressée sur ses quatre membres, Mia resta immobile, mais elle plongea ses iris azurés dans leurs deux jumeaux. Son coeur battait la chamade ; cet instant était décisif. Une lueur d’espoir s’alluma dans son regard lupin. Soudain, il se redressa sur ses genoux et se griffa frénétiquement le torse, jusqu’à s’arracher un ongle.
Boum.
Au troisième battement, Vil se plia en deux en hurlant, le front frappant le sol comme s’il souhaitait assommer la douleur. De sa bouche assechée s’échappèrent quelques mots qu’elle ne comprit pas. Sans doute du norvégien. Mia ne bougeait plus, ni ne bronchait. De l’extérieur, son attitude passive pourrait passer pour de l’indifférence face au sort du hunter. Peut-être qu’il y en avait ; elle avait été habituée à ce spectacle macabre, si bien qu’aujourd’hui, il ne lui faisait plus grand chose. Le géant redressa lentement la tête ; tous ses muscles tremblaient sous l’effort et la douleur. Mais son regard était déterminé. Mia souffla par les narines, satisfaite. Il marmonna encore quelque phrase inintelligible, puis frappa la terre de son poing, dessinant un cratère de quelques centimètres. Mia fixa l’irrégularité ; c’était le premier signe extérieur du changement qui s’opérait en lui. Puis elle posa ses yeux sur le torse du nordique. Un mouvement subtile s’opérait ; le filet de sang se tarit. Les bords des plaies commençaient à se rapprocher, lentement mais sûrement.
Boum.
Vil se redressa et hurla, le regard tourné vers la voûte étoilée. Les oreilles de la louve se couchèrent brièvement sur son crâne, signe qu’elle n’était pas totalement indifférente à ce qu’il traversait. Et il prit sa première inspiration depuis sa perte de connaissance, comme un nouveau né dont les poumons fonctionnaient pour la première fois. Puis un cinquième battement suivit, plus rapproché que les précédents. Ses lèvres s’animèrent une nouvelle fois pour psalmodier quelque litanie mystique. Peut-être était-ce la fièvre qui commençait à lui tourner la tête. Il s’installa sur ses talons, profitant de l’accalmie pour respirer plus sereinement. Son rythme cardiaque se régularisa et ses blessures se refermaient progressivement. Les marques de crocs sur son épaule quant à elles persistaient encore, mais si tout se passait comme prévu, elles s’effaceraient prochainement.
A son merci, l’espagnole darda sur lui ses yeux bleus, une lueur indéchiffrable dansant dans ses prunelles. Il ne réalisait certainement pas ce qu’il disait, ni ce qui l’attendait. Ne sachant pas s’il était déjà réceptif à la télépathie, elle opta pour la transformation. En quelques secondes, le terrible prédateur fit place à la frêle jeune femme.
« Me remercie pas trop vite.»
Mia s’accroupit pour se mettre à son niveau. Même à genoux, la carrure de Vilhelm était impressionnante. Qu’en serait-il alors en tant que lycan ? S’il survivait aux prochaines heures, évidemment. Même si elle redoutait l’échec cuisant, elle se trouvait étrangement pressée de voir le résultat. Elle posa sur lui un regard navré, comme si elle s’adressait à un enfant qui avait encore tout à apprendre.
« Ton calvaire est loin d’être terminé. ça, c’était juste un avant goût de c’qui t’attend vraiment.»
Ses yeux glissèrent sur la silhouette du hunter, luisante de sueur. Ses muscles tremblaient toujours, sa respiration était saccadée, et ses mâchoires crispées témoignaient du tourment qui l’affligeait. Elle leva une main vers son visage pour poser le dos de ses phalanges sur son front. Il était brûlant de fièvre, comme elle à l’époque. L’espace d’un instant, elle fut assaillie de souvenirs macabres, vestiges d’un passé jeté aux oubliettes. Elle ramena sa main vers elle et l’appuya sur sa cuisse. Elle fixait Vilhelm d’un regard étrange ; s’il ne s’agissait pas de Mia Ogawa, on aurait cru à de la tendresse.
« ça durera quelques heures… au mieux. Plusieurs jours dans le pire des cas.»
Inutile de lui dépeindre le sort qui l’attendait. Rien de ce qu’elle dirait ne pourrait l’y préparer. C’était une épreuve qu’il devrait traverser par lui-même. Elle serait là ; elle le soutiendrait par sa simple présence. Mais, tel le nouveau né, il serait seul. Car finalement, c’était ça dont il s’agissait ; une seconde naissance. Une renaissance. Mia poussa un soupire avant de se redresser et se détourna, le regard terne porté sur la forêt silencieuse. Quelques secondes s’écoulèrent ainsi, comme si elle cherchait quelque chose.
« Je suis désolée… J’aurais voulu que les choses se passent autrement...»
Ce n’était pas comme ça qu’elle avait imaginé la transformation potentielle de Vilhelm. Pas en étant forcée de le mordre pour qu’il pût survivre à ses blessures. Elle baissa le regard sur sa main droite, paume ouverte vers le ciel. Que s’était-il passé, au juste ? Elle avait totalement perdu le contrôle pendant un instant. Non, c’était pire encore… elle avait fait une crise psychotique. Elle croisa les bras, les paumes caressant la peau nue juste en dessous des épaules, comme un geste vain pour se protéger de l’inéluctable vérité. Après plusieurs décennies de sévices, son esprit brisé succombait.
- Lycan, and proud:
What is your lie ?
♥ DC de Raph' ♥
Vilhelm A. Jarlsonfel#103420#103420#103420#103420#103420#103420#103420
Humain - Hunter de l'Ordre Renfield
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Lun 9 Mar 2020 - 18:20
Mea Culpa
Feat Mia Luna Ogawa ~
Je sens se poser sur moi le regard tranchant de la louve, inquisiteur comme à l’accoutumée malgré une lueur désolée qui animait son regard d’un léger tremblement. Rapidement, elle reprit forme humaine, révélant sous le clair de lune ses formes voluptueuses. Si la fièvre ne me faisait pas divaguer, j’aurai pu croire en l’apparition d’un ange, malheureusement les nouvelles qu’elle m’apporte ne sont pas vraiment de bon augure. Elle s’approche de moi avec une tendresse que je ne lui connais pas et rive ses yeux dans les miens. Étrangement, au travers de ce regard qui traduit l’appréhension et le doute, je peux lire quelque chose de plus profond. La crainte est visible sur ses traits, mais l’espoir sommeille quelque part en elle.
« Ton calvaire est loin d’être terminé. Ça, c’était juste un avant goût de c’qui t’attend vraiment.»
Il me faut un effort intense pour laisser transparaitre l’esquisse d’un sourire au travers de la douleur. Si ce n’était qu’un avant goût, alors qu’Odin me garde, car je ne me laisserai pas battre si facilement. La lutte promet d’être terrible, épique si j’osais le dire, car le loup qui s’immisce en moi commence à causer nombre de ravages. Ses griffes cheminent sous ma peau, lacérant le cuir épais de mes membres. Son souffle enflamme mes poumons à chaque bouffée d’air frai que je prend. Son hurlement embrume mon esprit et fait défaillir mon ouïe. J’ai toutes les peines du monde à ne pas chanceler en regardant Mia dans le plus profond de ses iris d’orage. Je cherche une certitude, un espoir, une étincelle même la plus petite qu’elle puisse avoir, car cela suffirait à embraser la forge de ma résistance.
Elle lève lentement sa main, et comme si le temps fut au ralenti je la suivait du regard avec une fascination extraordinaire. Ses phalanges fraiches se posent sur mon front bouillant, me procurant l’espace d’une seconde un bien-être douloureux que cette tendresse inattendue transforme en un instant partagé de souffrance et de plaisir.
« Ça durera quelques heures… au mieux. Plusieurs jours dans le pire des cas.»
Le retrait soudain de sa main me replonge dans la dure réalité, et mes dents se resserrent sèchement. Quelques heures … Juste quelques heures à tenir, c’est pas la mer à boire…
Inconsciemment je chasse de mon esprit la possibilité que ça ne se passe pas pour le mieux et que je reste bloqué dans cet état pour des jours entier. Finalement, me reviennent des images que j’aurai préféré oublier. Un souvenir incertain de la mort de l’être le plus cher à mon coeur il y a de ça plus de trente ans, lorsque mon oncle s’était interposé pour me sauver la vie et avait fini par perdre la sienne. Le jour où j’ai hérité des deux cicatrices qui barrent mes yeux, et où j’ai perdu la vue. La douleur a duré six mois, l’obscurité totale en a duré quasiment huit. Alors en comparaison « quelques jours » à souffrir le martyr ne valent rien de mieux qu’un cailloux dans la botte ! C’est du moins ce que je pensais, alors que Mia se tourna vers la foret, offrant à ma vue son dos si délicatement musclé et… d’autres atouts que ma condition m’empêche d’apprécier à leur juste valeur.
« Je suis désolée… J’aurais voulu que les choses se passent autrement…»
Désolée…? Quelque part, la partie rationnelle en moi qui fonctionne encore à peu près comprends, mais l’autre part me hurle de faire quelque chose, de retirer ces pensées de sa tête et ces mots de sa bouche. Elle ne devrait pas avoir à s’excuser, elle m’a sauvé la vie, elle a fait de moi quelqu’un ! Alors un nouveau souffle m’embrase, les flammes en moi dévorent mes cuisses et me poussent à me redresser. Le regard fixé sur la chevelure d’ébène de la louve, je force sur mes appuis pour enfin me remettre sur pieds et entamer un pas. Trainant les pieds sur l’herbe moite, à deux doigts de m’écrouler à chaque instant, j’avance vers Mia. Elle s’enlace tristement, croisant les bras comme un barrière entre elle et le monde pour se protéger. De quoi ? Aucune idée, mais la voir ainsi me blesse au-delà de toute compréhension. Encore un mètre et j’arrive à son niveau, surplombant la jeune femme de ma stature imposante bien que courbée par la douleur. Je reste figé un instant, indécis, ne sachant quoi faire. Je n’ai jamais été doué en interactions sociales, et encore moins en démonstration affectives.
Je prends alors le peu de courage qui agite ma main pour lever celle-ci, et doucement la poser sur le dos de la louve, entre ses deux omoplates. La largeur de ma paume couvre toute la partie supérieure de ce dos féminin si fin, et je sens sous chacun de mes doigts les muscles développés que je n’avais de cesse d’admirer. Sa peau si froide contraste avec la chaleur qui émane de moi, me brulant encore une fois de ce froid réconfortant.
Elle tourne vers moi deux yeux désolés, un rictus triste tremblant assombrit son visage d’habitude si jovial et sûr. Je reste là, béat, perdu dans le fil de mes pensées. J’aurai aimé trouver des mots pour la rassurer, lui dire qu’elle n’a rien à se reprocher, que tout va bien, mais rien ne vient. Alors je fais la seule chose que je sais faire : sourire. D’un sourire qui se veut réconfortant, apaisant, rassurant. Ma main tremblante sur son dos monte doucement vers l’arrière de sa tête, caressant la douceur de ses cheveux de soie. Je pose lentement un genou à terre, portant mon regard au niveau du sien, et malgré la goutte de sueur qui perle le long de mon front je conserve ce sourire jovial qui barre mon visage.
« Ça va aller, faut plus que ça pour me tuer. »
J’ai comme l’impression qu’aucun de mes mots ne pourra la faire changer, son visage exprime un traumatisme plus profond encore que le simple fait de me voir souffrir. Elle serre son bras de la main droite, tremblante comme une feuille, ses ongles s’enfonçant presque dans sa peau légèrement mate. Je laisse glisser mon regard sur ce membre frémissant, puis le saisit de ma main. Un léger mouvement de recul anime la louve à ce moment précis, mais je tient bon. Rivant de nouveau mon regard au sien, je tire sa paume vers mon torse en silence. Elle résiste sans vraiment résister, mue par l’appréhension surement, mais je continue jusqu’à sentir la fraicheur de ses doigts sur mon pectoral droit, juste en dessous de la blessure qui n'est pas encore cicatrisée. Là, mon coeur bat certes fort, puissamment, son rythme est saccadé et irrégulier, mais il bat. Alors je lève mon autre bras et caresse doucement la joue de la lycane. Je ne pense pas lui avoir déjà mentionné ma malformation, que tous mes organes sont à l’envers, mais ce détail viendra plus tard. Pour l’heure, chaque secousse de mon torse anime sa main d’un soubresaut. Je lâche doucement son bras, gardant le pouce de mon autre main sur sa joue.
« Tout va bien, ça va bien se passer. Tu es là, ça ira. »
Alors je la vois avaler difficilement sa salive, comme si elle se reprenait quelque peu. Je me relève difficilement et prends un pas de recul avant de lui adresser un signe de tête entendu, qu’elle me rend. Je recule en titubant, puis fermes les yeux. Comme lorsque la maladie prends et que l’on tente de résister à l’envie de tomber, je retenais en moi par tous les moyens le loup qui me dévore. Je cherche à me détendre, à l’accepter, et laisse libre court à ce que je retenais.
La nausée monte lentement, et il faut de longues secondes pour que mon corps subisse le premier choc. Comme un coup de poignard au cerveau, une vive douleur me paralyse, forçant mes genoux à se poser à terre. J’ouvre mes yeux avec grande difficulté, la forêt tourne autour de moi. Puis je porte mes deux mains aux côtés de mon crâne et commence à appuyer pour juguler la douleur. Cette pression calme quelque peu les pulsations de mon encéphale, mais je sens bien que la pression augmente exponentiellement.
Par à-coup, mon corps s’agite de spasmes, gonflant de sang mes muscles et ma peau. La chaleur est insoutenable, mon épiderme vire au rouge carmin. Tout mon corps est sous tension comme s’il gonflait de l’intérieur, prêt à exploser. Je pose la main droite sur le sol et porte la main gauche à ma bouche pour retenir un haut le coeur, que je ravale à grand peine. Essayer de souffler est une vrai torture, l’air ne veut plus ni entrer ni sortir, bloqué dans ma gorge telle une boule de flammes occlusive empêchant tout son de sortir. Et c’est à cet instant que le premier changement survient.
Ma main fermement encrée au sol craque bruyamment. Impossible de lever les yeux vers elle mais je sens chacun de mes ongles se décoller puis se détacher, poussés par quelque chose de plus dur encore, et de bien plus tranchant, qui lacère chacun de mes doigts comme une lame de rasoir. Je ressens en chacune de ces griffes une puissance exaltante lorsqu’elle labourent le sol, la fraicheur de la terre meuble calmant l’embrasement de l’extrémité de ce qui faisait il n’y a qu’un instant mes ongles.
Quasi instantanément, la chaleur remonte sur le dos de ma main, puis de mon avant bras. Comme si j’étais criblé de balles, ou plutôt d’une multitude de minuscules aiguilles, ma peau se met à saigner. Le picotement initiale se transforme en frissonnement grouillant, induisant une douleur lancinante et constante sur la totalité de mon épiderme. J’ai la sensation que l’on m’écorche vif, et comme par réflexe je saisis mes bras dans mes paumes. La stupeur me prends lorsqu’un lambeau de peau me reste entre les doigts. Peut-être l’ai-je arraché à cause de mes griffes ? Ou peut-être… S’est-il détaché seul ?
Je passe encore ma main sur mon avant bras, frottant frénétiquement jusqu’à voir tomber de plus en plus de tissus, mais surtout de voir ce qui se cache sous chaque morceau. Une masse ensanglantée de pelage pousse, épaisse et drue, recouvrant toute la surface sous-cutanée à mesure que les secondes passent. Comme un serpent faisant sa mue, la vieille peau se décolle pour laisser entrevoir la nouvelle. Mais cette vision ne m’alerte qu’un instant, car bien pire commençait à se manifester…
Un bruissement sonore et répétitif fait gémir mon corps entier, de tout membre et toute partie. Mes os finissent enfin par céder à la pression extrême qu’ils subissent depuis un moment déjà, se transformant et se remodelant au gré du nouvel ADN qui pénètre dans mes cellules. Mes mains grincent, gonflent et mes doigts se raccourcissent lentement, au rythme de mes articulations mises à mal. Il en va de même pour mes jambes, où mes chevilles s’allongent dans une douleur indescriptible. Mes jambes forment maintenant une sorte de Z allongé, dont la peau à son tour commence à se décoller.
Étrangement, c’est de mon dos que se diffuse la douleur la plus intense -pour l’instant-
Déjà très large et musclé de nature, chaque fibre se gonfle de plusieurs fois son volume. Toutes mes vertèbres grincent, crissent, se réarrangent en faisant apparaitre une crête saillante osseuse descendant de ma nuque à mon bassin, et ne s’arrête pas là pour autant. Mon bassin s’élargit, s’allonge, et les vertèbres sacro-coccygiennes d’ordinaire à peine plus grosses qu’une phalange grossissent en formant une excroissance. Cette queue naissante est glabre dans un premier temps, puis poussent par dessus le même pelage que celui qui recouvre de plus en plus tout mon corps.
Inconsciemment, je hurle à la mort depuis si longtemps qu’il m’est impossible d’avoir la moindre notion de temps. La violence du changement est telle que mourir aurait été préférable, et si quiconque d’autre que moi se retrouvait à ma place cesser la lutte et se laisser partir pourrait être un choix de luxe. Mais il est hors de question de baisser les bras. Je lève un oeil tremblant, cherchant la louve du regard. Elle est là, son pelage noir se fondant dans la nuit, mais je peux la sentir. Je ressens sa présence, ni trop proche ni trop loin de moi, je sens son regard. Une brève pensée me traverse l’esprit, celle de l’image horrible que je lui donne en spectacle, celle d’un mélange bâtard et difforme entre un homme et un loup, un monstre nue à moitié recouvert de poils qui se débat à même le sol contre lui-même.
Je ne sens plus mon corps, seule la douleur et la chaleur omniprésente m’aident à garder cette sensation de vie à laquelle je m’accroche comme un condamné à sa corde, m’étouffant de chaque bouffée d’air qui empli mes bronches. Je souffre, mais rien en comparaison avec le début de la transformation de mon visage.
Ma mâchoire est la première à subir la métamorphose. Une douleur lancinante irradie toutes mes dents, comme de la dynamite aurait fait sauter chaque alvéole et chaque racine. Ma mandibule pèse une tonne et ne répond plus à ma volonté. Elle pends mollement, ouverte, et bientôt sa longueur dépasse celle de ma mandibule supérieur. Mes muscles s’agitent, se meuvent par spasmes violents, et la pression montant en moi menace de faire sauter mes yeux hors de leurs orbites à chaque battement tonitruant de mon coeur surmené.
Mon nez commence à se retrousser, comme rentrant dans mon visage, et à l’inverse la mâchoire s’allongea à son tour, par à coup comme si on la bourrinait de l’intérieur à grand coups de marteau. Chaque à coup faisait claquer mes dents les unes contre les autres, et à chaque choc plusieurs d’entre elles sortaient de leurs scellées pour finir leur course dans l’herbe humide. A leur place, des crocs plus pointus et affutée encore que les précédentes jaillissent et s’alignent, semblables à une foultitude de petits poignards affutés.
L’ensemble de la peau de mon corps se tire et se décolle, pauvre chrysalide poisseuse devenue trop petite pour la bête qu’elle habite, et c’est dans un hurlement guttural méconnaissable que je bondis hors de cette prison déchirée. La force me fait immédiatement défaut et je m’écrase lourdement sur le sol. Ma respiration haletante agite les naseaux qui pointent au bout d’un long museau lupin qui est désormais le mien. Ce corps démesuré et lourd ne réponds pas instantanément à mon contrôle, perdu dans son ressenti. Je n’ai plus vraiment l’impression de le posséder, maintenant que s’enfuit lentement la douleur. Trop de nouveaux stimulus m’assaillent, comme des odeurs intenses d’herbe et d’humus, donc le gout tapisse doucement ma langue qui sors sous un côté de babines que je ne saurai retrousser. Toutes ces odeurs me font tourner la tête, ou bien est-ce toute ces épreuves passées qui jouent encore des tours à mon pauvre cerveau ? Toujours est-il qu’à cela se mêle la symphonie de sons tonitruants qui résonnent autour de moi. La faune et la flore, les bruits de la nature comme je ne les ai jamais entendu.
J’hasarde l’ouverture d’un oeil faible, dont la pupille d’ordinaire tranchante de son gris d’acier se voile d’une couleur blanche pure mangeant presque intégralement la pupille en son sein. Le jour se lève déjà, le soleil montre son visage au-dessus des arbres. J’ai lutté toute la nuit pour voir de nouveau le jour se lever, et jamais je n’aurai cru être si heureux en assistant à cette toute nouvelle aube.
De chaleureux rayons déchirent la pénombre du sous-bois, et apparait devant mon regard fatigué les formes envoûtantes de ma louve. Elle est toujours là, le regard azur rivé sur moi. J’entreprend alors d’essayer de me lever, mais aucun de mes muscles ne répond. La souffrance de la nuit ne m’aura pas laissé indemne, alors je ne peux qu’essayer d’adresser un sourire à celle qui m’a sauvé. Déformant à grand peine d’un léger rictus ce museau étranger, je semble exprimer la joie d’un je t’avais dit que ça irait.
Ma force revient peu à peu, laissant agir la régénération dont je viens d’hériter. Puis je ferme les yeux, laissant briller ma fourrure argentée sous ce nouveau soleil, savourant pour la première fois la joie d’être en vie.
« Ton calvaire est loin d’être terminé. Ça, c’était juste un avant goût de c’qui t’attend vraiment.»
Il me faut un effort intense pour laisser transparaitre l’esquisse d’un sourire au travers de la douleur. Si ce n’était qu’un avant goût, alors qu’Odin me garde, car je ne me laisserai pas battre si facilement. La lutte promet d’être terrible, épique si j’osais le dire, car le loup qui s’immisce en moi commence à causer nombre de ravages. Ses griffes cheminent sous ma peau, lacérant le cuir épais de mes membres. Son souffle enflamme mes poumons à chaque bouffée d’air frai que je prend. Son hurlement embrume mon esprit et fait défaillir mon ouïe. J’ai toutes les peines du monde à ne pas chanceler en regardant Mia dans le plus profond de ses iris d’orage. Je cherche une certitude, un espoir, une étincelle même la plus petite qu’elle puisse avoir, car cela suffirait à embraser la forge de ma résistance.
Elle lève lentement sa main, et comme si le temps fut au ralenti je la suivait du regard avec une fascination extraordinaire. Ses phalanges fraiches se posent sur mon front bouillant, me procurant l’espace d’une seconde un bien-être douloureux que cette tendresse inattendue transforme en un instant partagé de souffrance et de plaisir.
« Ça durera quelques heures… au mieux. Plusieurs jours dans le pire des cas.»
Le retrait soudain de sa main me replonge dans la dure réalité, et mes dents se resserrent sèchement. Quelques heures … Juste quelques heures à tenir, c’est pas la mer à boire…
Inconsciemment je chasse de mon esprit la possibilité que ça ne se passe pas pour le mieux et que je reste bloqué dans cet état pour des jours entier. Finalement, me reviennent des images que j’aurai préféré oublier. Un souvenir incertain de la mort de l’être le plus cher à mon coeur il y a de ça plus de trente ans, lorsque mon oncle s’était interposé pour me sauver la vie et avait fini par perdre la sienne. Le jour où j’ai hérité des deux cicatrices qui barrent mes yeux, et où j’ai perdu la vue. La douleur a duré six mois, l’obscurité totale en a duré quasiment huit. Alors en comparaison « quelques jours » à souffrir le martyr ne valent rien de mieux qu’un cailloux dans la botte ! C’est du moins ce que je pensais, alors que Mia se tourna vers la foret, offrant à ma vue son dos si délicatement musclé et… d’autres atouts que ma condition m’empêche d’apprécier à leur juste valeur.
« Je suis désolée… J’aurais voulu que les choses se passent autrement…»
Désolée…? Quelque part, la partie rationnelle en moi qui fonctionne encore à peu près comprends, mais l’autre part me hurle de faire quelque chose, de retirer ces pensées de sa tête et ces mots de sa bouche. Elle ne devrait pas avoir à s’excuser, elle m’a sauvé la vie, elle a fait de moi quelqu’un ! Alors un nouveau souffle m’embrase, les flammes en moi dévorent mes cuisses et me poussent à me redresser. Le regard fixé sur la chevelure d’ébène de la louve, je force sur mes appuis pour enfin me remettre sur pieds et entamer un pas. Trainant les pieds sur l’herbe moite, à deux doigts de m’écrouler à chaque instant, j’avance vers Mia. Elle s’enlace tristement, croisant les bras comme un barrière entre elle et le monde pour se protéger. De quoi ? Aucune idée, mais la voir ainsi me blesse au-delà de toute compréhension. Encore un mètre et j’arrive à son niveau, surplombant la jeune femme de ma stature imposante bien que courbée par la douleur. Je reste figé un instant, indécis, ne sachant quoi faire. Je n’ai jamais été doué en interactions sociales, et encore moins en démonstration affectives.
Je prends alors le peu de courage qui agite ma main pour lever celle-ci, et doucement la poser sur le dos de la louve, entre ses deux omoplates. La largeur de ma paume couvre toute la partie supérieure de ce dos féminin si fin, et je sens sous chacun de mes doigts les muscles développés que je n’avais de cesse d’admirer. Sa peau si froide contraste avec la chaleur qui émane de moi, me brulant encore une fois de ce froid réconfortant.
Elle tourne vers moi deux yeux désolés, un rictus triste tremblant assombrit son visage d’habitude si jovial et sûr. Je reste là, béat, perdu dans le fil de mes pensées. J’aurai aimé trouver des mots pour la rassurer, lui dire qu’elle n’a rien à se reprocher, que tout va bien, mais rien ne vient. Alors je fais la seule chose que je sais faire : sourire. D’un sourire qui se veut réconfortant, apaisant, rassurant. Ma main tremblante sur son dos monte doucement vers l’arrière de sa tête, caressant la douceur de ses cheveux de soie. Je pose lentement un genou à terre, portant mon regard au niveau du sien, et malgré la goutte de sueur qui perle le long de mon front je conserve ce sourire jovial qui barre mon visage.
« Ça va aller, faut plus que ça pour me tuer. »
J’ai comme l’impression qu’aucun de mes mots ne pourra la faire changer, son visage exprime un traumatisme plus profond encore que le simple fait de me voir souffrir. Elle serre son bras de la main droite, tremblante comme une feuille, ses ongles s’enfonçant presque dans sa peau légèrement mate. Je laisse glisser mon regard sur ce membre frémissant, puis le saisit de ma main. Un léger mouvement de recul anime la louve à ce moment précis, mais je tient bon. Rivant de nouveau mon regard au sien, je tire sa paume vers mon torse en silence. Elle résiste sans vraiment résister, mue par l’appréhension surement, mais je continue jusqu’à sentir la fraicheur de ses doigts sur mon pectoral droit, juste en dessous de la blessure qui n'est pas encore cicatrisée. Là, mon coeur bat certes fort, puissamment, son rythme est saccadé et irrégulier, mais il bat. Alors je lève mon autre bras et caresse doucement la joue de la lycane. Je ne pense pas lui avoir déjà mentionné ma malformation, que tous mes organes sont à l’envers, mais ce détail viendra plus tard. Pour l’heure, chaque secousse de mon torse anime sa main d’un soubresaut. Je lâche doucement son bras, gardant le pouce de mon autre main sur sa joue.
« Tout va bien, ça va bien se passer. Tu es là, ça ira. »
Alors je la vois avaler difficilement sa salive, comme si elle se reprenait quelque peu. Je me relève difficilement et prends un pas de recul avant de lui adresser un signe de tête entendu, qu’elle me rend. Je recule en titubant, puis fermes les yeux. Comme lorsque la maladie prends et que l’on tente de résister à l’envie de tomber, je retenais en moi par tous les moyens le loup qui me dévore. Je cherche à me détendre, à l’accepter, et laisse libre court à ce que je retenais.
La nausée monte lentement, et il faut de longues secondes pour que mon corps subisse le premier choc. Comme un coup de poignard au cerveau, une vive douleur me paralyse, forçant mes genoux à se poser à terre. J’ouvre mes yeux avec grande difficulté, la forêt tourne autour de moi. Puis je porte mes deux mains aux côtés de mon crâne et commence à appuyer pour juguler la douleur. Cette pression calme quelque peu les pulsations de mon encéphale, mais je sens bien que la pression augmente exponentiellement.
Par à-coup, mon corps s’agite de spasmes, gonflant de sang mes muscles et ma peau. La chaleur est insoutenable, mon épiderme vire au rouge carmin. Tout mon corps est sous tension comme s’il gonflait de l’intérieur, prêt à exploser. Je pose la main droite sur le sol et porte la main gauche à ma bouche pour retenir un haut le coeur, que je ravale à grand peine. Essayer de souffler est une vrai torture, l’air ne veut plus ni entrer ni sortir, bloqué dans ma gorge telle une boule de flammes occlusive empêchant tout son de sortir. Et c’est à cet instant que le premier changement survient.
Ma main fermement encrée au sol craque bruyamment. Impossible de lever les yeux vers elle mais je sens chacun de mes ongles se décoller puis se détacher, poussés par quelque chose de plus dur encore, et de bien plus tranchant, qui lacère chacun de mes doigts comme une lame de rasoir. Je ressens en chacune de ces griffes une puissance exaltante lorsqu’elle labourent le sol, la fraicheur de la terre meuble calmant l’embrasement de l’extrémité de ce qui faisait il n’y a qu’un instant mes ongles.
Quasi instantanément, la chaleur remonte sur le dos de ma main, puis de mon avant bras. Comme si j’étais criblé de balles, ou plutôt d’une multitude de minuscules aiguilles, ma peau se met à saigner. Le picotement initiale se transforme en frissonnement grouillant, induisant une douleur lancinante et constante sur la totalité de mon épiderme. J’ai la sensation que l’on m’écorche vif, et comme par réflexe je saisis mes bras dans mes paumes. La stupeur me prends lorsqu’un lambeau de peau me reste entre les doigts. Peut-être l’ai-je arraché à cause de mes griffes ? Ou peut-être… S’est-il détaché seul ?
Je passe encore ma main sur mon avant bras, frottant frénétiquement jusqu’à voir tomber de plus en plus de tissus, mais surtout de voir ce qui se cache sous chaque morceau. Une masse ensanglantée de pelage pousse, épaisse et drue, recouvrant toute la surface sous-cutanée à mesure que les secondes passent. Comme un serpent faisant sa mue, la vieille peau se décolle pour laisser entrevoir la nouvelle. Mais cette vision ne m’alerte qu’un instant, car bien pire commençait à se manifester…
Un bruissement sonore et répétitif fait gémir mon corps entier, de tout membre et toute partie. Mes os finissent enfin par céder à la pression extrême qu’ils subissent depuis un moment déjà, se transformant et se remodelant au gré du nouvel ADN qui pénètre dans mes cellules. Mes mains grincent, gonflent et mes doigts se raccourcissent lentement, au rythme de mes articulations mises à mal. Il en va de même pour mes jambes, où mes chevilles s’allongent dans une douleur indescriptible. Mes jambes forment maintenant une sorte de Z allongé, dont la peau à son tour commence à se décoller.
Étrangement, c’est de mon dos que se diffuse la douleur la plus intense -pour l’instant-
Déjà très large et musclé de nature, chaque fibre se gonfle de plusieurs fois son volume. Toutes mes vertèbres grincent, crissent, se réarrangent en faisant apparaitre une crête saillante osseuse descendant de ma nuque à mon bassin, et ne s’arrête pas là pour autant. Mon bassin s’élargit, s’allonge, et les vertèbres sacro-coccygiennes d’ordinaire à peine plus grosses qu’une phalange grossissent en formant une excroissance. Cette queue naissante est glabre dans un premier temps, puis poussent par dessus le même pelage que celui qui recouvre de plus en plus tout mon corps.
Inconsciemment, je hurle à la mort depuis si longtemps qu’il m’est impossible d’avoir la moindre notion de temps. La violence du changement est telle que mourir aurait été préférable, et si quiconque d’autre que moi se retrouvait à ma place cesser la lutte et se laisser partir pourrait être un choix de luxe. Mais il est hors de question de baisser les bras. Je lève un oeil tremblant, cherchant la louve du regard. Elle est là, son pelage noir se fondant dans la nuit, mais je peux la sentir. Je ressens sa présence, ni trop proche ni trop loin de moi, je sens son regard. Une brève pensée me traverse l’esprit, celle de l’image horrible que je lui donne en spectacle, celle d’un mélange bâtard et difforme entre un homme et un loup, un monstre nue à moitié recouvert de poils qui se débat à même le sol contre lui-même.
Je ne sens plus mon corps, seule la douleur et la chaleur omniprésente m’aident à garder cette sensation de vie à laquelle je m’accroche comme un condamné à sa corde, m’étouffant de chaque bouffée d’air qui empli mes bronches. Je souffre, mais rien en comparaison avec le début de la transformation de mon visage.
Ma mâchoire est la première à subir la métamorphose. Une douleur lancinante irradie toutes mes dents, comme de la dynamite aurait fait sauter chaque alvéole et chaque racine. Ma mandibule pèse une tonne et ne répond plus à ma volonté. Elle pends mollement, ouverte, et bientôt sa longueur dépasse celle de ma mandibule supérieur. Mes muscles s’agitent, se meuvent par spasmes violents, et la pression montant en moi menace de faire sauter mes yeux hors de leurs orbites à chaque battement tonitruant de mon coeur surmené.
Mon nez commence à se retrousser, comme rentrant dans mon visage, et à l’inverse la mâchoire s’allongea à son tour, par à coup comme si on la bourrinait de l’intérieur à grand coups de marteau. Chaque à coup faisait claquer mes dents les unes contre les autres, et à chaque choc plusieurs d’entre elles sortaient de leurs scellées pour finir leur course dans l’herbe humide. A leur place, des crocs plus pointus et affutée encore que les précédentes jaillissent et s’alignent, semblables à une foultitude de petits poignards affutés.
L’ensemble de la peau de mon corps se tire et se décolle, pauvre chrysalide poisseuse devenue trop petite pour la bête qu’elle habite, et c’est dans un hurlement guttural méconnaissable que je bondis hors de cette prison déchirée. La force me fait immédiatement défaut et je m’écrase lourdement sur le sol. Ma respiration haletante agite les naseaux qui pointent au bout d’un long museau lupin qui est désormais le mien. Ce corps démesuré et lourd ne réponds pas instantanément à mon contrôle, perdu dans son ressenti. Je n’ai plus vraiment l’impression de le posséder, maintenant que s’enfuit lentement la douleur. Trop de nouveaux stimulus m’assaillent, comme des odeurs intenses d’herbe et d’humus, donc le gout tapisse doucement ma langue qui sors sous un côté de babines que je ne saurai retrousser. Toutes ces odeurs me font tourner la tête, ou bien est-ce toute ces épreuves passées qui jouent encore des tours à mon pauvre cerveau ? Toujours est-il qu’à cela se mêle la symphonie de sons tonitruants qui résonnent autour de moi. La faune et la flore, les bruits de la nature comme je ne les ai jamais entendu.
J’hasarde l’ouverture d’un oeil faible, dont la pupille d’ordinaire tranchante de son gris d’acier se voile d’une couleur blanche pure mangeant presque intégralement la pupille en son sein. Le jour se lève déjà, le soleil montre son visage au-dessus des arbres. J’ai lutté toute la nuit pour voir de nouveau le jour se lever, et jamais je n’aurai cru être si heureux en assistant à cette toute nouvelle aube.
De chaleureux rayons déchirent la pénombre du sous-bois, et apparait devant mon regard fatigué les formes envoûtantes de ma louve. Elle est toujours là, le regard azur rivé sur moi. J’entreprend alors d’essayer de me lever, mais aucun de mes muscles ne répond. La souffrance de la nuit ne m’aura pas laissé indemne, alors je ne peux qu’essayer d’adresser un sourire à celle qui m’a sauvé. Déformant à grand peine d’un léger rictus ce museau étranger, je semble exprimer la joie d’un je t’avais dit que ça irait.
Ma force revient peu à peu, laissant agir la régénération dont je viens d’hériter. Puis je ferme les yeux, laissant briller ma fourrure argentée sous ce nouveau soleil, savourant pour la première fois la joie d’être en vie.
Lycan
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Mar 17 Mar 2020 - 23:58
La bravoure de Vilhelm était admirable. Malgré la souffrance qui tétanisait ses muscles, qu’elle imaginait très bien pour l’avoir subi, il la fixait, le menton relevé, esquissant même un semblant de sourire. Il luttait contre ces milliers d’aiguilles qui lui lacéraient la peau sans merci. Il ne pipait mot alors qu’il aurait déjà dû gémir de douleur. Il possédait une résistance impressionnante - celle-là même qui avait plus à la lycane dès leur première rencontre. Un souvenir douloureux pour l’humain, qui avait fini à l’hôpital. A croire que son destin était de subir les coups désastreux de sa belle.
Car elle le savait. Elle le voyait dans ses prunelles de glace, chaque fois qu’il posait les yeux sur lui. Elle le sentait, lorsqu’il toisait d’un oeil mauvais le premier venu qui l’approchait de trop près. Elle s’en amusait, même ; lui qui la connaissait si peu, lui qui n’avait connu aucune autre femme, lui vouait une passion sans borne, telle qu’elle ignorait que ce fût réellement possible. Elle s’en trouvait autant flattée que… terrifiée. Être aimée. C’était une si douce sensation qu’elle n’avait pas connu depuis des décennies. Tant qu’elle avait oublié à quel point c’était agréable. Tant agréable, qu’elle avait peur de s’y faire. De s’y habituer. De ne plus pouvoir s’en passer. Et un jour, tout disparaîtrait. Et elle en souffrirait. Terriblement. Et de ça, elle n’en voulait plus.
Elle frissonna lorsqu’un contact brûlant lui réchauffa le dos entre les homoplates. Elle ne sut pas si c’était à cause de la différence de température, ou… autre chose. Ce contact ne lui déplaisait pas, au contraire. Des images tentatrices lui envahissaient l’esprit. Se laisser prendre dans ces bras robustes et protecteur, pour oublier tous les malheurs du monde… Mais justement, elle n’aimait pas ça. Paradoxe. Pourquoi tant de pensées, d’émotions contradictoires ? Sa vie ne pourrait-elle donc jamais être simple ? Malgré le conflit intérieur qui l’accablait, elle ne montra rien de son trouble. Elle leva simplement la tête vers le hunter, pour fixer ses prunelles douloureuses.
Ils restèrent un instant à se fixer, silencieux. Puis il lui offrit un sourire chaleureux, qui contrastait tant sur le visage bourru du guerrier. Une inspiration soudaine lui gonfla la poitrine, alors qu’une sensation étrange s’insinuait profondément en elle. Elle rompit le contact visuel, alors qu’il remonta sa main jusqu’à sa tignasse sombre. Il finit par poser un genou à terre, tremblant toujours plus à chaque minute qui s’écoulait. Elle n’eut d’autre choix que de tourner son buste vers lui, lui permettant de suivre cette goutte de sueur qui glissait sur son front.
Aux paroles du norvégien, l’extrémité de ses lèvres se réhaussa légèrement en un sourire cynique, sans aucune joie ni soulagement. Il ne comprenait pas. La raison pour laquelle elle n’avait jamais mordu quiconque… Elle ne voulait pas infliger ce funeste destin à un humain qui avait toute la vie devant lui. Elle ne voulait pas revivre ce triste épisode. Elle ne voulait pas être confrontée à un cadavre sanguinolent, mutilé de l’intérieur. Elle ne voulait pas revivre son dernier moment aux côtés de Sachi. Ses ongles s’enfoncèrent un peu plus dans sa peau mate, dessinant des demi-cercles rouges sur son épiderme. La gorge serrée, elle détourna le regard pour le porter sur un arbre agonisant non loin.
Elle sentit une main ferme lui saisir le bras. Elle riva son regard d’orage sur lui tout en amorçant un mouvement de recul. Pourtant, elle ne chercha pas à se dégager. Elle le laissa faire, bien qu’une lueur d’appréhension brillait dans son regard. A quoi jouait-il ? Elle avait failli le tuer pour ça ! Voulait-il vraiment annihiler ses chances de survie ? Il ne se passa rien. Elle resta immobile, elle n’eut pas de mouvement brusque à son encontre. Vilhelm guida sa paume jusqu’à son torse blessé. Elle sentait chaque pulsation sous ses doigts, dont la vibration se répandait dans son bras jusqu’à son propre torse, comme si leur deux coeurs battaient à l’unisson. L’humain posa son autre main sur sa joue. Elle se crispa à ce contact, non pas parce qu’elle ne l’aimait pas, mais au contraire parce qu’elle redoutait de l’apprécier.
Elle déglutit péniblement. Elle n’était pas persuadée d’être la clé de son salut. Mais, après tout, pourquoi pas… Sachi était morte seule dans sa cage, privée de sa cousine. Aurait-elle survécu, si Mia avait été transformée en première, si elle avait soutenu chaque minute de sa transformation ? Elle ferma brièvement les yeux. Elle devait cesser de penser à sa défunte soeur adoptive. Ce n’était pas ce qui aiderait Vilhelm ce soir à surpasser cette épreuve. Elle expira profondément avant de rouvrir ses prunelles argentées. Vil en profita pour s’éloigner de quelques pas, tandis qu’ils s’échangeaient un signe entendu de la tête. Le futur lycan sentait le pire à venir, et elle se devait d’être présente, forte et assurée, pour le soutenir. Et alors seulement, comme si son corps attendait qu’ils eussent terminé leur échange silencieux, les premiers signes de changement corporel firent leur apparition.
Mia ne cilla pas lorsqu’il tomba à genoux. Elle ne cilla pas lorsqu’il s’arracha la peau à coups d’ongles frénétiques. Elle ne cilla pas lorsque ses molaires tombèrent une à une. Elle assista à ce spectacle, les traits figés, sans jamais détourner le regard. Comme si s’infliger l’horreur visuelle de cet épisode pouvait apaiser son coeur coupable. Comme pour l’encourager, elle prit sa forme d’alpha et s’écarta d’un mètre pour lui laisser suffisamment d’espace. Tapie dans l’ombre, sa fourrure sombre se fondant parfaitement dans l’obscurité de la nuit, elle le veilla en silence, immobile, mais présente.
Pendant des heures, son corps craqua, gémit, convulsa. Pendant des heures, il hurla à la mort. Mais pas une fois elle ne broncha. Pas une fois elle ne détourna son regard lupin du corps en pleine métamorphose. Elle affronta les conséquences de ses actes, le coeur serré, mais l’âme dressée. De toute les transformations qui lui avaient été données d’assister, il était l’un de ceux qui tenaient le mieux. Lui qui était mourant à l’heure du souper luttait férocement. Une étrange bouffée de fierté lui gonfla le poitrail.
Et finalement, lorsque le ciel commença tout juste à s’éclaircir, ses derniers hurlements de souffrance s’éteignirent. Et il lui offrit son premier rictus lupin ; un sourire défiant, qui se riait de la vie, qui se moquait de la douleur, et qui saluait sa victoire. Les dernières lésions de son corps se refermèrent, comme si elles n’avaient jamais existé. Alors seulement, Mia quitta sa position. Elle s’approcha d’un pas, le museau au ras du sol, comme pour vérifier s’il était bien conscient. Puis elle se dressa sur ses membres postérieurs, et rejetant la tête en arrière, elle poussa un long hurlement. Le chant de l’avènement. Un nouvel oméga était né.
« Lève-toi. »lui ordonna-t-elle par télépathie.
Ce pouvait être cruel de lui imposer ça alors qu’il venait de traverser les pires heures de son existence. Cependant, il leur restait moins d’une heure avant que les premiers rayons du soleil ne réchauffassent le sol. Et dès lors qu’il apparaîtrait dans le ciel, ils regagneraient leur forme humaine, contraints d’attendre la nuit suivante. Mais il devait s’habituer dès à présent à sa nouvelle condition. Pour cela, elle devait le guider pour ses premiers pas dans son monde.
Elle l’observa se dresser sur ses pattes puissamment musclées, le regard brillant. Il était si grand, presqu’autant à peine une vingtaine de centimètre de moins qu’elle, alors qu’elle était alpha. Et son pelage argenté tranchait dans l’aube naissante, contrastant fortement avec la noirceur de sa propre fourrure. Et ses membres étaient si bien dessinés. De tous les lycans qu’elle avait connu, il était de loin le plus magnifique.
« Bienvenue dans la meute Ogawa, oméga Vilhelm.» Elle laissa s’écoula une seconde solennelle de silence avant de reprendre.
« Suis-moi.»
Mia ouvrit la marche et le guida dans la forêt, d’abord au pas, pour lui laisser le temps de s’habituer à ses nouveaux sens sur-développés. Chaque son, chaque odeur lui parvenait de façon disproportionnée. Elle le savait, elle s’en souvenait. C’était perturbant au début, mais on s’y habituait assez vite en fin de compte. Lorsqu’elle le sentit suffisamment en phase avec son environnement, elle accéléra la cadence d’un bond. Il était grand temps de mettre ses compétences physiques à l’épreuve.
Elle lui offrit dix minutes de course effrénée, bondissant, grimpant, escaladant, dégringolant, glissant, au gré du relief, parcourant tout son territoire avec aisance et assurance. S’il lui arriva de jeter un oeil par dessus son épaule pour vérifier s’il la suivait, elle ne fut jamais déçue ; pas une fois il ne se fit distancer, et pas une fois il ne montra un signe de fatigue. Elle les mena jusqu’aux frontières de son territoire, sur les rives du lac. Elle ralentit l’allure jusqu’à s’arrêter à quelques mètres de l’eau, la langue pendante. D’un regard en arrière, elle lui fit comprendre son intention. Il allait enfin pouvoir soulager son corps. Après l’effort, le réconfort.
La louve s’enfonça jusqu’au poitrail. L’eau fraîche mordit sa mordit sa peau en dépit de son épaisse fourrure. Mais elle n’était pas frileuse, et ce contact glacé lui faisait du bien. Elle leva le museau, les oreilles couchées sur le crâne et les yeux à moitié fermés, profitant de cet instant de répit. Elle tourna ensuite sa gueule vers son nouvel oméga, son premier mordu et l’observa s’enfoncer à son tour. Il n’y avait rien de mieux qu’un bon bain frais après tant d’épreuve. L’eau tâcherait de le laver des derniers restes de sa transformation et de sa première sueur de lycan.
Quelques minutes après, les premiers rayons du soleil se reflétèrent sur la surface sereine du lac. Forcés par cet éclat, leurs corps diminuèrent de volume pour retrouver leur état de naissance. Se retrouvant avec le niveau d’eau à la poitrine, Mia ferma les yeux et tourna son visage vers l’astre, appréciant le contact chaleureux de ses rayons sur sa peau rafraîchie. Alors seulement, elle se décida à commenter cette nuit douloureuse pour l’ancien humain.
« Quelques heures au final. T’as eu de la chance… »
Elle se tourna vers lui et lui offrit son premier sourire sincère depuis ce qui lui semblait une éternité. Dans ses prunelles de nouveau tranchantes comme l’acier, on pouvait y lire le soulagement, et somme toute, une certaine forme de joie.
« Belle performance. Très belle même.»
C’était valable tant pour l’achèvement rapide de sa transformation que pour sa première course en tant que lycan. Il l’avait bien mérité quelques compliments, après ce calvaire. Et ce, même si une petite voix lui disait, en son for intérieur, qu’elle se montrait bien trop tolérante. Car, il avait tout de même tué un lycan. Un infecté, fou, incontrôlable et dangereux. Mais l’un ses siens tout de même. Sentant le conflit intérieur revenir à la charge, elle se tourna vers le centre du lac. Et maintenant ? Elle avait accueilli dans sa meute un tueur de lycan. Un membre -ex-membre- de l’Ordre Renfield. Ceux qui étaient en partie responsable de son malheur. Elle se mordit la lèvre inférieure en penchant la tête sur le côté jusqu’à frôler son épaule.
« Va falloir apprendre à te transformer maintenant, et te contrôler. Le plus tôt sera le mieux. ça je m’en charge. Et pour le reste…»
Elle laissa sa phrase en suspend. L’avenir lui était rarement apparu si incertain. Sa colère était toujours là, tapie dans son coeur. Pourtant… Pourtant elle comprenait. Elle ne savait pas pourquoi elle se montrait si clémente -ou plutôt elle ne voulait pas savoir. Et les autres lycans finiraient par apprendre pour Vil. Ce n’était pas comme si elle avait des comptes à leur rendre, mais son oméga, en revanche… Et puis, il y avait son ancienne allégeance. Il deviendrait certainement un ennemi à abattre. Un traître à punir. Non, le futur proche n’était pas joyeux, et sa vie venait de se compliquer davantage. Et pourtant, elle y trouvait aussi son compte.
« Tu comptes faire quoi maint’nant ?»
Il fallait bien lui poser la question un moment ou un autre. Il devait toujours lui rendre des comptes, et… Et se préparer au pire. Elle se sentait prête à faire des efforts pour l’aider. Faire jouer son alliance auprès des sorciers, peut-être. Accepter de revoir sa position sur les chevaliers des ombres, plus sérieux qu’à sa première impression. Rechercher le dialogue avec une ou plusieurs autres meutes, pour le protéger. Après tout, il détenait des informations importantes qui pourraient jouer en sa faveur. Finalement, l’avenir n’était pas si dépourvu de solutions.
- Lycan, and proud:
What is your lie ?
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