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Mer 16 Jan 2019 - 23:56
J’aurai aimé pouvoir dire qu’il s’agissait d’une journée tout à fait banale, une de ces journées que l’on peut aisément vivre sans s’en rendre compte. Toutefois, ce n’était pas une de ces journées. Non, c’était au contraire une journée assez pénible en soi, comme si rien n’était destiné à tourner rond. Deux médecins avaient été porté pâle, une grippe, en plein début de la saison estivale, le genre de chose qui arrive à force de travailler dans un hôpital. Ensuite, j’avais eu une infirmière blessée à cause d’un patient en pleine crise psychotique, dans mon service, une véritable catastrophe, mais qui a eu un dénouement rapide avec des calmants et des points de suture. J’avais hérité d’une opération de l’un des deux malade, une opération tout bonnement impossible à mener à bien à cause de la position extrêmement délicate de la position de la tumeur dans le lobe temporal. C’était du Takayashira tout craché. Toujours à prendre des cas impossibles que personne ne voulait traiter, dans le seul but de se faire mousser dans le cas d’une réussite et faire en sorte que l’hôpital se souvienne de pourquoi on le paye aussi bien. Oh bien entendu, il faisait surtout cela pour essayer de me faire concurrence. Je ne suis pas la chef de la neurochirurgie, mais je suis de loin la meilleure. Cinquante ans de carrière et des doigts agiles d’une jeune diplômée, alors comment lutter contre ce talent… Quoi qu’il en soit, je suis parvenue à sauver ce pauvre homme et cela n’a fait que confirmer à quel point je pouvais être sa supérieure.
Cependant, tout cela était d’une banalité comparé à ce qu’il me restait à faire au moment où j’eus finit en apparence ma journée. Arisugawa-san allait arriver d’un moment à l’autre et je ne savais trop comment lui présenter la situation. C’était notre rituel maintenant. Chaque année je lui faisait un exposé, un bilan de toute l’année passé bien que nous nous voyions très régulièrement et que nous faisions un bilan mensuel.
La mère d’Arisugawa-san était ma patiente depuis plusieurs années maintenant, mais je n’avais pas réellement progressé. Son cas était tout à fait particulier. Je lui avais recommandé mainte et mainte fois de faire en sorte de supprimer sa majorité de sa mémoire, devenue vraiment trop pesante pour son cerveau. Elle était bien jeune pour une sorcière et déjà dans un état à la limite du végétatif. L’honneur était une valeur des plus forte pour cette famille, pour ne pas dire une chose sacrée. C’était donc leur plus grande faiblesse par la même occasion. Ma collègue actuelle à l’Enclave était également une patiente à moi, de façon tout à fait officieuse évidemment. Ce n’avait pas été négociable. Lorsqu’elle m’a appelé en urgence, et relativement paniquée, pour que je sauve la vie de sa mère, celle-ci faisait une hémorragie cérébrale. J’ai retiré tout les souvenirs de sa mère et les ai implanté dans la tête d’un comateux au cerveau sain. C’est à cette époque que j’ai décidé de lui imposer également un suivi avec un scanner cérébral tous les six mois pour surveiller le développement de ce que j’ai dors et déjà appelé le “Syndrome Arisugawa”.
Arisugawa, mon amie, était installé sur une petite terrasse au soleil, donnant une vue sur le parc de Nakanoto, dépendante de mon bureau. J’attendai sa fille lorsque je l’ai apperçu par la fenêtre donnant un visu sur mon service. Je me suis levé pour aller lui ouvrir. Bien entendu, contrairement à l’Enclave, ici je travaillais à visage totalement découvert pour mon plus grand déplaisir. Mes cheveux étaient ajusté en un chignon très serré, aucune mèches ne dépassaient. Je portais sous ma blouse blanche de médecin un tailleur dans les tons vert sombre.
Irina ▬ Arisugawa-san, entrez je vous prie.Je la fit entrer sans plus de cérémonie dans mon bureau tout en lui indiquant subtilement d’un geste rapide la présence de sa mère sur la terrasse de mon bureau. Je suis allée m’installer derrière mon bureau sur lequel se trouvait l’intégralité du dossier de sa mère qui commençait à être très garni. Le seul qui était grand ouvert sur le bureau était celui de l’année qui venait de se terminer, signalant donc le moment de faire mon bilan annuel, devenus un rituel.
Je l’ai invité à s’installer tandis que je poussais du bout du doigt un bouton qui fit descendre les stores des fenêtre donnant sur le reste du service de psychiatrie. Ensuite je l’ai regardé droit dans les yeux pour lui adresser la parole, comme à mon habitude professionnelle, sans grande chaleur.
Irina ▬ Voulez-vous un peu de thé ou quelque chose de plus fort pour vous donner du courage ?Je ne cachai aucunement la difficulté de la conversation du point de vue de sa fille. Elle savait depuis le temps qu’il était de toute façon impossible pour elle de cacher, même avec son flegme. Malgré toute la dignité incroyable dont pouvait faire preuve ma collègue et la retenue traditionnelle d’une noble japonaise, elle n’en restait pas moins humaine et une fille s’inquiétant pour sa mère. Depuis le temps que je m’occupais d’elle, je n’avais que peu progressé. L’opération était vraiment périlleuse de démêler tous les souvenirs dans sa tête. Chacun ayant été “consultés” à de nombreuses reprises, par de nombreux ancêtres, cela a créé une sorte d’énorme noeud gordien de souvenirs intriqués. J’avais en réalité effleuré la tâche qui était la mienne et sans une ligne précise de souvenirs n’appartenant qu’à mon amie, c’était compliqué de n’extraire qu’elle de tout ces souvenirs.
“Le calme avant la tempête”
© Etilya sur DK RPG
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Mer 30 Jan 2019 - 15:17
Il y avait des journées où il était plus difficile que d’autre de maintenir la discipline émotionnelle que je m’imposais afin de transmettre des souvenirs plus sains à mes héritiers. Et celle-ci en ferait nécessairement partie. Une fois par an, je me rendais à l’hôpital pour faire un bilan complet sur l’état de ma mère, mon prédécesseur dans le rôle du Temps qui avait rencontré un funeste destin et était désormais suivie de près par son amie spécialiste de la mémoire, Irina Fujibayashi, également Secret à l’Enclave du Japon. Comme tous les matins, j’avais longuement pratiqué les arts martiaux et la méditation, cherchant à préparer mon esprit, mais je savais bien que je ne pouvais pas arriver à un meilleur résultat que d’habitude. Après un repas sobre composé de riz et de poisson préparé par mon majordome, j’avais revêtu un yukata blanc orné de fleurs bleu pâle, des tabi et des geta, relevé mes cheveux avec une épingle à chignon en bois sculpté et un de mes serviteurs m’avait emmenée en ville en voiture, trajet que je faisais rarement.
J’entrai dans l’hôpital seule, marchant jusqu’au service de psychiatrie. Celui-ci se trouvait au rez-de-chaussée et avait l’avantage de donner sur le parc de la ville. Les pensionnaires avaient ainsi une vue agréable et se sentait un peu moins enfermés dans un milieu hospitalier. J’allais frapper à la porte de Fujibayashi-san lorsque celle-ci vint m’ouvrir.
« Arisugawa-san, entrez je vous prie. »
« Bonjour, Fujibayashi-san. »
J’inclinai poliment la tête et entrai dans la pièce, suivant du regard le geste de mon hôte. Par la porte-fenêtre entrouverte, ma mère prenait l’air sur la terrasse. Elle observait d’un air absent des enfants jouer dans le parc. Je me dirigeai vers elle, posai ma main sur son épaule et lui sourit.
« Bonjour, Mère. Comment vous portez-vous aujourd’hui ? »
Elle leva vers moi un regard étrangement vide avant de reprendre sa contemplation du parc. Mon cœur se serra. Je savais d’avance qu’elle n’allait pas réagir autrement, mais je ne pouvais m’empêcher de continuer à lui parler normalement. Elle avait toujours été la personne la plus proche de moi. Avant l’accident et depuis ma plus tendre enfance, nous nous entraînions ensemble dans le dojo familial tous les matins, sans faute. De plus, nous avions un lien bien inhabituel. Je partageais avec elle l’intégralité de ses souvenirs, si bien que j’avais parfois un peu de mal à faire la différence entre moi-même et la personne qu’elle avait été autrefois. Où s’arrêtait donc ses souvenirs et où commençait les miens ? La frontière était toujours plus floue. Nous nous ressemblions tellement, autant physiquement que mentalement, que beaucoup de sorciers nous confondaient encore.
J’allai m’asseoir devant le bureau de la psychologue, tandis qu’elle abaissait les stores donnant sur le reste du service. En tant que Secret, elle savait plus que quiconque à quel point cette conversation était confidentielle. Les raisons de l’état de ma mère ne pouvaient être comprises par les humains, et ils ne devaient surtout pas les apprendre.
« Voulez-vous un peu de thé ou quelque chose de plus fort pour vous donner du courage ? »
La russe avait parlé sans grande chaleur, mais je ne m’en formalisai pas. J’avais l’habitude, et j’affichai moi-même cette même distance professionnelle, que je gardais avec la plupart des gens. Il aurait été difficile de constater que nous étions amies. C’était du moins l’amie de ma mère, et donc la mienne car j’en conservais les mêmes souvenirs. Indépendamment de mon étrange mémoire, sa tentative désespérée de sauver l’esprit de Keiko nous avait beaucoup rapprochées. Nous n’étions juste toutes deux pas des personnes très expansives.
« Du thé ira. Merci. »
Je ne buvais que rarement de l’alcool, et que tard le soir en quantité modérée. Il était hors de question qu’une telle trivialité nuisît à ma concentration ou à mon travail. De plus, les souvenirs d’ivresse étaient particulièrement perturbants à se remémorer pour ceux qui héritaient de ces souvenirs. J’étais bien placée pour le savoir, mes ancêtres ayant mis du temps à comprendre les bienfaits de la discipline spirituelle chez les sujets du rituel mémoriel. Je jetai un œil au dossier ouvert sur la table, pas suffisamment insistant pour en être indiscret.
« Alors ? Qu’en est-il ? » demandai-je simplement.
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Mer 30 Jan 2019 - 17:16
Miyuki était toujours très digne encore une fois, entrant dans mon bureau avec un prestance qui était caractéristique de sa personne. Son Yukata blanc, orné de fleurs bleu pâle, était digne de la sobriété dont elle faisait tellement preuve dans son travail comme dans sa vie. Je ne doutais pas à son visage que cela avait dû être une journée particulièrement pénible comme chaque année, car le bilan n’était jamais bon. Je lui rendis son salut traditionnel lorsqu’elle est entrée avant de lui servir le thé que je lui avais proposé. C’était un thé assez corsé, comme je l’aime, mais je mis à sa disposition du sucre ou du miel pour l’adoucir.
Elle n’a pas mis longtemps après avoir saluer rapidement sa mère à me demander où nous en étions. Comme souvent, Miyuki appréciait de ne pas tourner autour du pot trop longtemps. En outre, sa mère venait de la gratifier d’une salutation bien vide de toute émotion, mais en même temps, elle commençait à y être habituée. Il n’y avait pas de conscience au sens stricte du terme dans son cerveau et elle ne fabriquait pas de nouveau souvenirs à cause de cela. J’avais beaucoup progressé grâce à l’Altruisme pour soigner les lésions de son cerveau, mais ce qui était compliqué était de la faire redevenir celle qu’elle était avant l’incident.
Irina ▬ Et bien d’un point de vue strictement médicale, votre mère est en parfaite santé. Tout ses bilans sanguins sont parfaits, comme ses derniers scanners.Je me suis levée pour me diriger vers mon tableau luminescent pour y accrocher le scanner de l’an dernier et celui qui datait du matin même. On pouvait parfaitement voir que le cerveau était parfaitement sain. En revanche sur les clichés issus d’IMR fonctionnelles, ce n’était la même chose. Les clichés montraient des zones entièrement mortes, totalement dépourvues d’activités.
Irina ▬ D’un point de vue médicale, elle a tout d’une comateuse, ou d’un état végétatif persistant. En revanche elle est capable de bouger, de faire certaine action réflexes. En un sens, rien n’a véritablement changé vis à vis de son état, mais je ne saurais véritablement expliqué pourquoi elle ne fabrique aucun nouveau souvenir et que toutes les régions en lien avec sa mémoire ne semblent pas vouloir reprendre une activité normale. L’Altruisme n’a pas plus d’explication quant à son état et la magie n’a pour l’heure rien donné.Je préférai rester directe avec elle car cela n’aurait pas fait honneur à mon amie, en partie présente en elle, que de lui dire autrement. Il était impératif qu’elle comprenne que son état de santé était des plus stables, mais qu’il n’y avait eu aucun progrès depuis toutes ces années. Il fallait bien qu’elle comprenne également que je naviguais en plein inconnu pour le moment, le cas de sa mère étant aussi bien unique du point de vue médicale que du point de vue magique. J’avais en revanche quelques pistes que je poursuivais depuis un moment pour essayer de régler le problème de sa mère.
Irina ▬ Elle a des conduites instinctives en revanches qui fonctionnent encore. Elle apprécie particulièrement les grands espaces ouvert, un peu comme le Sekidozan, ce qui signifie qu’au niveau du ressenti, il y a quelque chose. Je ne saurais l’expliquer non plus, mais elle semble apprécier la présence à côté d’elle d’une autre patiente compliquée que j’ai à traiter. Mme Kobayashi, vous avez peut-être rencontré son fils qui vient tout les jours, il s’agit du prêtre catholique de l’église de Nakanoto.J’ai décroché ensuite les clichés pour les ranger dans le dossier avant de fermer celui-ci. Je me suis assise à nouveau dans mon siège pour lui faire face. Le cas de mon amie était devenu quelque chose de très personnel maintenant. C’était un échec professionnel que de ne pas être parvenue à aider mon amie et collègue en parant à son mal qui la rongeait. Il fallait que je parvienne à la guérir et la faire redevenir comme elle était avant, le tout sans séquelles bien entendu. L’Altruisme était toutefois très perplexe lui également à ce sujet car il semblait que les soins magique ne marchaient pas, tant que la magie n’avait pas quittée totalement les neurones cérébraux, ce qui était donc très ennuyeux pour le cas de Miyuki. Non content de devoir faire en sorte de guérir une amie, il fallait également que j’arrive à prévenir le mal qui se développait dans une autre.
Irina ▬ Je dois bien l’avouer, je suis quelque peu perplexe face au cas de votre mère. Néanmoins, je tiens à vous informer que je n’abandonnerai pas, bien que pour l’instant son cas ne semble pas progresser.Pour le moment, je n’avais pas abordé le cas de Miyuki, mais comme nous le faisions deux fois par an, elle devrait passer des tests aujourd’hui, auxquels je comparerais les résultats à ceux remontant à six mois. Ce n’était pas une chose aisé de son point de vue et je le sentais bien, car non seulement, elle avait perdu sa mère tout en en conservant les souvenirs, mais de surcroît, elle voyait son avenir à chaque fois qu’elle venait ici.
Irina ▬ A ce stade, avez vous des questions avant que nous passions à vos tests Arisugawa-san ?
“Un bilan non concluant”
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Jeu 28 Fév 2019 - 0:14
J’attendais le verdict sans grand espoir. Nous organisions ces rendez-vous de manière régulière, et pourtant, je savais bien que la réponse n’allait pas changer. Connaissant Irina, s’il y avait le moindre signe d’amélioration, elle n’attendrait tout de même pas un rendez-vous avant de m’en faire part, sans évoquer les détails. Elle savait bien l’importance que la guérison de ma mère avait pour moi.
« Eh bien d’un point de vue strictement médical, votre mère est en parfaite santé. Tous ses bilans sanguins sont parfaits, comme ses derniers scanners. D’un point de vue médical, elle a tout d’une comateuse, ou d’un état végétatif persistant. En revanche, elle est capable de bouger, de faire certaines actions réflexes. En un sens, rien n’a véritablement changé vis à vis de son état, mais je ne saurais véritablement expliquer pourquoi elle ne fabrique aucun nouveau souvenir et que toutes les régions en lien avec sa mémoire ne semblent pas vouloir reprendre une activité normale. L’Altruisme n’a pas plus d’explication quant à son état et la magie n’a pour l’heure rien donné. »
Stoïque, j’observai sans mot dire les clichés, auxquels j’étais désormais habituée, quasiment identiques. Ma mère ne changeait pas, si ce n’était qu’elle vieillissait lentement, comme tous les sorciers. Depuis que Fujibayashi-san avait été forcée de lui ôter l’intégralité de ses souvenirs pour lui sauver la vie, elle n’était rien de plus qu’une coquille vide. Mon hôte avait mis ces souvenirs de côté, mais n’avait pas pu les réimplanter, d’autant plus qu’il était complexe de faire le tri entre les souvenirs que Keiko avait elle-même créer et ceux qui lui avaient été transmis et mettaient en danger sa santé. Cependant, j’espérais toujours que la collaboration du Secret et de l’Altruisme finirait par aboutir à des résultats plus positifs. Ils étaient tout de même les deux plus grands spécialistes du Japon à ce sujet. Le Savoir aurait probablement pu se joindre à eux, mais je n’avais pas envie d’expliquer la situation à Satoru-san. Elle faisait bien son travail pour l’Enclave, mais je ne lui faisais pas suffisamment confiance pour lui confier la vie de ma mère, et je supposais que Fujibayashi-san était du même avis, car elle ne l’avait jamais suggéré. Au moins, l’état de Keiko était stable. J’étais prête à attendre le temps qu’il faudrait pour qu’elle retrouvât ses esprits. Elle était encore jeune, pour une sorcière. Elle avait encore bien un siècle devant elle.
« Elle a des conduites instinctives en revanches qui fonctionnent encore. Elle apprécie particulièrement les grands espaces ouverts, un peu comme le Sekidozan, ce qui signifie qu’au niveau du ressenti, il y a quelque chose. Je ne saurais l’expliquer non plus, mais elle semble apprécier la présence à côté d’elle d’une autre patiente compliquée que j’ai à traiter, Mme Kobayashi. Vous avez peut-être rencontré son fils qui vient tous les jours. Il s’agit du prêtre catholique de l’église de Nakanoto. »
Je pris un air pensif. C'était une idée plutôt encourageante, bien qu'elle n'apportât qu'un espoir ténu.
« Le Sekidozan est notre demeure familiale depuis de nombreuses générations de Temps. La plupart de nos souvenirs s’y situent. Voilà qui doit laisser des marques indélébiles… Cependant, il est intéressant qu’elle ressente quelque chose, même si c’est vague. De quoi Kobayashi-san est-elle atteinte ? »
Je n’avais pas spécialement fait attention. Je ne venais voir ma mère que l’après-midi durant le week-end, car mon emploi du temps était fortement chargé en semaine, et chaque matinée de la semaine était dédiée à mon entraînement physique et mental, toujours plus nécessaire si je voulais retarder l’échéance de ma propre santé. Je ne me souvenais pas l’avoir déjà vue en compagnie d’une autre patiente. Peut-être avais-je déjà croisé un prêtre. Cela me disait vaguement quelque chose. N’étant pas portée sur la religion catholique, je ne le connaissais pas. Cependant, je me demandais ce que ma mère pouvait trouver à une patiente humaine alors même qu’elle réagissait à peine à ma présence. Je supposais du moins que c’était une humaine. Il y avait d’autres espèces dans cette ville, mais concernant les sorciers, je voyais souvent passer les noms de ceux qui vivaient à Nakanoto dans les archives et je ne connaissais pas celui-ci.
« Je dois bien l’avouer, je suis quelque peu perplexe face au cas de votre mère. Néanmoins, je tiens à vous informer que je n’abandonnerai pas, bien que pour l’instant son cas ne semble pas progresser. »
J’hochai la tête avec sérieux pour montrer ma reconnaissance et mon approbation.
« Merci, Fujibayashi-san. Cette détermination représente beaucoup pour moi. »
« A ce stade, avez vous des questions avant que nous passions à vos tests Arisugawa-san ? »
Ah, les fameux tests, ceux qui montreraient un jour que je m’engagerais sur la même voie que ma mère, je n’en avais aucun doute… Toutefois, je ferais mon devoir aussi longtemps que possible. Il n’était même pas envisageable d’arrêter tant que je n’aurais pas d’héritier à qui transmettre mes souvenirs et mon rôle. Comme d’habitude, je n’aimais pas tourner autour du pot.
« Si tout a été dit à propos de ma mère, passons directement à la suite. »
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Jeu 28 Fév 2019 - 21:52
Evidemment la sorcière ne s’était en apparence pas laissé atteindre par la nouvelle. Certes, elle l’avait entendu mainte et mainte fois déjà depuis toutes les années où j’avais sa mère en suivi médical. De fait, l’évocation des singularités chez sa mère à disposer d’une forme de souvenir non perceptible, ou tout simplement physique de son environnement semblait la réconforter dans un début de quelque chose. Cependant ce n’était pas encore une victoire, même infime. Miyuki fut intrigué par le cas de mme Kobayashi que je suivais depuis maintenant un très long moment également.
Irina ▬ Cette femme était une assassin professionnelle, comme son fils, venant d’une confrérie très ancienne et oeuvrant partout dans le monde. Seulement sans le savoir elle, son mari et leur fils se sont attaqué à un vampire de sang pur. En plein jour certes, mais sans savoir ce qu’il était. C’est par chance que le fils disposait d’une arme tueuse de vampire et parce que celui-ci était exposé directement au plein soleil qu’il a été tué. Toutefois le mari est mort et mme Kobayashi a eu son esprit brisé par la magie du vampire et son état est assez proche de celui de votre mère aujourd’hui.Ma collègue était d’une détermination et dotée d’une détermination assez impressionnante, car peu de gens serait capable de faire face à ce à quoi elle était soumise depuis des années. Elle pouvait voir de ses yeux son futur en la personne de sa mère. La transmission d’une telle mémoire venait sans doute d’avoir atteint ses limites dans la viabilité de la chose et chaque années qu’elle prenait la faisait se rapprocher de l’état de sa mère. Le fait que mon obstination comptait pour elle avait tout d’un doux miel dans ce thé rendu amer par mes échecs répétés jusque là.
Irina ▬ En réalité il y a une chose qu’il faut que je vous dise pour conclure sur le cas de votre mère. J’ai fait le point dernièrement et il m’est apparu une chose évidente.J’ai sorti de mon bureau une pelote de laine composée de plusieurs fils de différentes teintes de bleue, parfois très proche en terme de couleur. Je l’ai ensuite posé sur le bureau entre moi et Miyuki pour qu’elle puisse voir de quoi je parle.
Irina ▬ J’ai longtemps pris le cas de votre mère pour celui-ci. Une sorte d’amas fibreux complexe. En fait, j’en suis venue à concevoir la chose différemment...J’ai pris la théière dans laquelle se trouvait le thé en vrac infusé que j’avais servi à Miyuki plus tôt dans la conversation et l’ai rapproché de nous en la posant sur le bureau. Puis j’ai pris une bouteille d’eau minéral que je conserve souvent dans un tiroir. J’ai pris un verre et y ai versé de l’eau.
Irina ▬ Admettons que ce verre d’eau représente la sommes de tout ce qui compose la personnalité propre à votre mère avant votre rituel de transmission.J’ai ensuite commencé à verser le thé dans l’eau qui s’est pratiquement instantanément dilué dedans, devenant rapidement homogène.
Irina ▬ Il est impossible de dissocier maintenant l’eau qui était dans ce verre, de ce thé que je vient de verser.Je me suis réajusté après ma petite expérience. Je savais qu’elle ne prendrait pas mal ce genre d’exposé. Ma collegue est une femme au combien intelligente, surtout avec tout le vécu qu’elle abrite en elle. Toutefois, une telle image valait des heures de jargon psychologique et médical à mon sens et allait droit au but. Avec son emploi du temps, c’était le mieux à faire. Je m’attendais maintenant à une certaine forme de désolation à l’annonce du recul que nous venions de faire dans cette histoire.
C’est là toute la complexité du cas de votre mère Arisugawa-san. Je viens de comprendre cela, ce qui en soit est un pas en avant, mais également un grand pas en arrière.
Irina ▬ Pour le moment, faute de comprendre, elle vit correctement, même si tout à fait entre nous, cela fait plusieurs humain dont j’use le cerveau à l’extrême pour conserver les souvenirs de votre mère. Je ne vois qu’une seule chose pour le moment qui me permettrait de l’aider, mais c’est impossible…
A moins d’un miracle… ce serait d’être capable de reprendre à zéro les souvenirs, mais pour cela il faudrait que je puisse isoler un début dans tout ces souvenirs. A moins que vos ancêtres n’aient eu la manie de noter toute leur vie dans une sorte de journal, cela me semble impossible....
“le temps d’un espoir”
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Mer 27 Mar 2019 - 17:45
« Cette femme était une assassin professionnelle, comme son fils, venant d’une confrérie très ancienne et œuvrant partout dans le monde. Seulement sans le savoir elle, son mari et leur fils se sont attaqué à un vampire de sang pur. En plein jour certes, mais sans savoir ce qu’il était. C’est par chance que le fils disposait d’une arme tueuse de vampire et parce que celui-ci était exposé directement au plein soleil qu’il a été tué. Toutefois le mari est mort et Mme Kobayashi a eu son esprit brisé par la magie du vampire et son état est assez proche de celui de votre mère aujourd’hui. »
Je levai un sourcil. J’avoue que je ne m’attendais pas à une telle réponse. Cette histoire ressemblait à un des romans fantasy que les humains affectionnaient. Ce concept d’assassin était quelque chose très humain, même s’il se retrouvait chez les vampires. Nous autre, sorciers, ne cherchions pas à nous entretuer. Il nous arrivait d’être en désaccord avec d’autres enclaves, mais nous trouvions toujours une manière différente de régler le problème. La seule exception à la règle était les exécutions judiciaires, mais nous n’avions pas besoin d’assassins pour cela. Si nous en arrivions là, c’était à la Justice que revenait ce devoir. En d’autres termes, cet homme était dangereux et à surveiller, mais j’avais confiance en ma collègue Secret pour avoir déjà pris ces dispositions. En dehors des hunters, je doutais qu’il y ait beaucoup d’autres assassins humains dans le coin.
Je ne pouvais nier que l’idée que ma mère réagisse plus à une humaine, anciennement une meurtrière qui plus est, qu’à moi me déplaisait fortement. Comme ses liens avec le Sekidozan, ceux qu’elle avait avec moi aurait dû l’interpeler, non ? Je mis cette jalousie naissante de côté, comme si elle se trouvait désormais derrière un mur dans mon esprit. J’y travaillerais plus longuement lors de ma prochaine séance de méditation. Ce n’était pas le genre de sentiment inutile que je devrais transmettre à mon héritier.
« En réalité il y a une chose qu’il faut que je vous dise pour conclure sur le cas de votre mère. J’ai fait le point dernièrement et il m’est apparu une chose évidente. »
J’observai Fujibayashi-san sortir une pelote de laine du tiroir de son bureau. Honnêtement, j’avais du mal à comprendre où elle voulait en venir.
« J’ai longtemps pris le cas de votre mère pour celui-ci. Une sorte d’amas fibreux complexe. En fait, j’en suis venue à concevoir la chose différemment... »
Avait-elle travaillé sur cette pelote pour comprendre comment elle pouvait agir sur l’esprit de ma mère ou s’en servait-elle juste comme exemple ?
« Admettons que ce verre d’eau représente la somme de tout ce qui compose la personnalité propre à votre mère avant votre rituel de transmission. Il est impossible de dissocier maintenant l’eau qui était dans ce verre, de ce thé que je viens de verser. C’est là toute la complexité du cas de votre mère Arisugawa-san. Je viens de comprendre cela, ce qui en soit est un pas en avant, mais également un grand pas en arrière. »
Je comprenais tout à fait cette idée, car chaque moment de notre vie appelait des souvenirs d’un ou plusieurs de nos ancêtres, et ce en permanence, si bien que chacun de nos propres souvenirs étaient emplis de ceux des autres. Il y avait des ramifications, sans aucun doute, mais tellement nombreuses qu’il devait être complexe de les détruire pour garder juste le souvenir pur.
« Pour le moment, faute de comprendre, elle vit correctement, même si tout à fait entre nous, cela fait plusieurs humains dont j’use le cerveau à l’extrême pour conserver les souvenirs de votre mère. Je ne vois qu’une seule chose pour le moment qui me permettrait de l’aider, mais c’est impossible… A moins d’un miracle… ce serait d’être capable de reprendre à zéro les souvenirs, mais pour cela il faudrait que je puisse isoler un début dans tous ces souvenirs. A moins que vos ancêtres n’aient eu la manie de noter toute leur vie dans une sorte de journal, cela me semble impossible... »
J’observai Fujibayashi-san, pensive et incrédule. Alors la solution pourrait être si simple que cela ?
« Le journal que vous cherchez, Fujibayashi-san, est dans ma tête. Je dispose de tous les souvenirs de ma mère, intacts et complets, à part ceux de la période entre le dernier rituel de transmission et son arrivée ici. Si vous étiez capable de copier ces souvenirs pour les remettre à leur place, je n’aurais aucun problème à vous les montrer. Cela prendrait juste du temps… »
En temps réel, c’était tout bonnement impossible… Mais j’étais capable de montrer juste le souvenir, sans être troublée par ceux de mes autres ancêtres. Le sortilège fonctionnait ainsi, sans quoi nous serions déjà tous devenu fou. S’il avait fonctionné en cascade, chaque souvenir aurait appelé d’autres souvenirs, qui auraient appelé d’autres souvenirs… C’aurait été impossible à gérer pour l’esprit d’un sorcier.
« Disposez-vous d’un moyen de copier ces souvenirs directement depuis ma mémoire si je les mets en avant dans ma conscience ? Cela prendrait du temps de les isoler et de les morceler afin de le faire petit à petit, mais moins que si je les diffusais dans votre esprit. »
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Mer 3 Avr 2019 - 12:31
Je peinais à croire ce que j’entendais sortir de la bouche de ma collègue. Depuis toutes ces années où je prenais soin de sa mère sans comprendre comment l’aider. Alors que je pensais être tombée dans une impasse technique la solution avait l’air d’aller de soi pour Miyuki.
Je n’étais pas aussi emballée que cela pour autant. Il fallait raison garder. Elle me certifie être dans la mesure de me fournir un souvenir totalement neutre, mais j’avais quelques doutes sur cela.
Mais elle avait raison, il faudrait que je me procure de quoi stocker des souvenirs et de façon bien plus durable qu’un corps humain d’emprunt. Surtout que si j’arrive à renouer le contact avec ma propre fille, je doute qu’elle apprécie de tomber sur des corps humains me servant de réserve à souvenirs dans mon sous-sol.
Je n’étais pas aussi emballée que cela pour autant. Il fallait raison garder. Elle me certifie être dans la mesure de me fournir un souvenir totalement neutre, mais j’avais quelques doutes sur cela.
Irina ▬ Arisugawa-san, je sens bien que vous pensez avoir trouvé la solution parfaite. Toutefois il faudra juger de la pureté du souvenir de votre mère. Je sais que vous êtes une experte en souvenirs, mais il me faut également vous exposer ma vision du souvenir. Ainsi nous pourrons trouver une solution.Je sorti un feutre pour bon tableau blanc se trouvant à quelques mètres de moi. Je pouvais faire un schéma simple du mécanisme standard d’utilisation de la mémoire.
Irina ▬ Ainsi, on peut même altérer un souvenirs rien que par la façon dont on le sollicite, l’esprit comblant naturellement les blancs. Il faut donc que je sache comment votre sortilège fonctionne pour être certaine que nous tenons là une vraie piste.En fait dans mon esprit c’était très clair. Une mémoire est influencée par nature et j’étais bien placée pour le savoir. Les détails ne sont en général par facilement encodés et ceux-ci sont donc facilement sujet à des changements mineurs. Un peu comme quand on demande la couleur d’un véhicule en délit de fuite à une foule de témoins. Vous pouvez être certain de trouver des gens qui l’auront vu bleu, d’autres vertes etc. Dans cet ordre d’idées c’est comme ça qu’on peut convaincre quelqu’un qu’il a commis un crime alors qu’il est innocent, pour peu qu’il soit fragile psychologiquement bien entendu. Un souvenir est une donnée, mais comme l’esprit est flexible, ces données peuvent changer en remontant en surface et changer à nouveau en retournant à leur place et un même souvenir prendre plusieurs teintes. Le problème ici sont les souvenirs et les conscience qui s’en détachent de leurs ancêtres ayant laissé leur empreinte sur beaucoup de souvenirs pour ne pas dire la plus part.
Irina ▬ Ce qu’il faut ici ce serait soit pouvoir séparer chaque souvenir de chaque ancêtre en trouvant le plus ancien souvenir et en tablant sur le fait qu’il n’ait pas été altéré par d’autres pour isoler chaque conscience une par une. Soit trouver un souvenir dans votre esprit qui n’a appartenu qu’à votre mère, avant qu’elle n’acquière comme vous tous ces souvenirs. En vérité il faudrait même en trouver plusieurs de la sorte pour que j’arrive à me faire une idée de sa psychologie profonde et ainsi la retrouver dans toute cette mer de souvenirs.C’était un défi de taille, pour ne pas dire trop gros pour moi. Non. Rien n’est trop gros pour une Lissenko bordel ! Mon grand-père fut l’illustre Raspoutine, un sorcier tellement célèbre qu’il en fut condamné à mort par les humains. Je ne peux pas faire défaut à la lignée dont je suis issue, pas maintenant.
Mais elle avait raison, il faudrait que je me procure de quoi stocker des souvenirs et de façon bien plus durable qu’un corps humain d’emprunt. Surtout que si j’arrive à renouer le contact avec ma propre fille, je doute qu’elle apprécie de tomber sur des corps humains me servant de réserve à souvenirs dans mon sous-sol.
Irina ▬ Pour l’instant le seul moyen à ma disposition pour stocker les souvenirs et les étudier après sont des corps humains dont j’efface tout les souvenirs et que je maintient dans un coma artificiel chez moi.Hier soir cette Savoir était partie comme une petite enfant gâtée qui s’ennuyait d’être là à remplir son devoir. Comme j’avais tout dit moi-même j’avais sauté sur l’occasion pour partir, mais il y avait quelque chose d’autre que j’avais sentis chez elle. Une profonde lassitude qui pourrait coûter cher à l’Enclave. Comme je n’aime pas utiliser mes sort au sein de l’Enclave pour les réunions, j’en étais restée là sans me poser de questions, mais j’espérais que la chipie ne ferait pas trop sa bêcheuse et accepterait de lancer un tel objet en conception.
Lorsque je verrai Satoru-san, il faudra que je lui demande d’axer des recherches pour la confection d’un artefact pour stocker les souvenirs.
“Nouveau plan”
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Jeu 2 Mai 2019 - 22:48
Je réfléchis. J’ignorais les précisions des effets du rituel sur les souvenirs, car il n’avait pas été conçu directement par celui qui l’avait utilisé. Extrêmement complexe, il avait été l’œuvre de la vie de plusieurs sorciers de la famille, sur deux générations. Mais je pouvais sans doute retrouver leurs notes de recherches dans les archives familiales, en espérant que leur état permît de les lire. Il n’était pas impossible que le sort altère profondément la nature-même du souvenir. Chaque fois que j’appelais un souvenir qui ne m’appartenait pas, il m’apparaissait identique, et les détails étaient extrêmement réalistes, que ce soit au niveau des sens ou des émotions ressenties. J’avais du mal à croire que ce pût être un effet de mon esprit complétant des blancs. Le rituel archivait littéralement les souvenirs dans l’esprit, permettant de les appeler en pensant à quelque chose qui y était lié, comme un mot-clé dans une encyclopédie. Peut-être capturait-il avec précision chaque instant que la personne vivait après qu’il ait eu lieu. De fait, en y réfléchissant bien, les souvenirs de mon enfance et ceux de mon adolescence, après m’être liée à mes ancêtres, n’avaient pas du tout la même netteté. Par contre, fait étrangement perturbant, ceux que ma mère avaient de nos moment passés ensemble quand j’étais petite m’étaient beaucoup plus clairs, renforçant mon impression régulière, fausse, mais tout de même prenante, que nous n’étions qu’une seule et même personne dans des corps différents. Je l’observai de dos, sur le balcon, avec le sentiment de me voir presque comme dans un miroir.
Le discours d’Irina me rappela à la discussion.
« Ce qu’il faut ici ce serait soit pouvoir séparer chaque souvenir de chaque ancêtre en trouvant le plus ancien souvenir et en tablant sur le fait qu’il n’ait pas été altéré par d’autres pour isoler chaque conscience une par une. Soit trouver un souvenir dans votre esprit qui n’a appartenu qu’à votre mère, avant qu’elle n’acquière comme vous tous ces souvenirs. En vérité il faudrait même en trouver plusieurs de la sorte pour que j’arrive à me faire une idée de sa psychologie profonde et ainsi la retrouver dans toute cette mer de souvenirs. »
Je portai la main à mon menton, pensive, me tenant toujours aussi droite.
« J’ai ces souvenirs. Tous, en vérité. Cependant, ils me sont beaucoup moins précis que ceux qu’elle a créé après le rituel. Mon hypothèse est que le premier rituel change la manière de fonctionner de l’esprit afin qu’il capture les souvenirs suivants de manière beaucoup plus nette, mais cela n’influe pas sur ceux d’avant de la même manière. Ils peuvent donc être affectés, comme vous le disiez. J’ignore toutefois si c’est mon esprit qui les affecte ou si je les perçois tels que les percevaient ma mère au moment de son premier rituel. »
« Pour l’instant le seul moyen à ma disposition pour stocker les souvenirs et les étudier après sont des corps humains dont j’efface tout les souvenirs et que je maintient dans un coma artificiel chez moi. Lorsque je verrais Satoru-san, il faudra que je lui demande d’axer des recherches pour la confection d’un artefact pour stocker les souvenirs. »
J’esquissai un rictus discret. Le Savoir était bien sûr bien placé pour travailler sur le cas de ma mère, mais j’avais toujours préféré la tenir éloignée de cette histoire. Je n’avais pas vraiment confiance en Satoru-san. Je ne doutais pas de son intégrité, ni de ses compétences, mais de son efficacité au travail. Elle semblait si prompte à se déconcentrer. En observant son comportement en réunion et lorsque l’on devait travailler ensemble, elle se lassait vite et donnait toujours l’impression d’attendre la prochaine pause. Les raisons pour lesquelles elle avait souhaité prendre ces responsabilités me restaient un mystère. Le Savoir travaillait pour l’Enclave et je répugnais à la faire travailler sur un sujet personnel alors qu’elle avait déjà beaucoup à faire pour notre peuple. Sans compter que je n’avais pas envie qu’elle en sût plus sur cet aspect de ma vie. Cependant, si c’était absolument nécessaire… Pas que son utilisation des humains me dérangeait, mais des disparitions trop fréquentes finiraient par se remarquer… Je répondis sur un ton quelque peu réticent :
« Il est vrai qu’un tel artefact serait utile, de manière générale. Il faudrait en proposer la conception à l’équipe du Savoir... »
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Dim 5 Mai 2019 - 20:48
Il y avait du potentiel chez cette Arisugawa-ci en tout cas. Malgré l’âge qui nous séparait dans notre façon de voir et comprendre les choses, son talent et sa mémoire étaient deux choses qui nous permettaient de nous exprimer d’égal à égal, pour ne pas dire qu’elle en devenait ma supérieure. Elle résolue le problème de sa mère à elle seul s’il suffit de prendre dans sa mémoire à elle les échantillons dont j’avais besoin pour ensuite démêler les souvenirs stocker dans le corps d’un anonyme en vue d’une réimplantation mémorielle dans sa mère. Si tout se passait correctement, ce ne serait que quelques jours ou semaines de travail pour pouvoir commencer les premiers tests en implanter de vieux souvenirs petit à petit pour récupérer une mémoire fiable. Si on veut que le cerveau tienne, il faudra beaucoup de temps pour avoir une personnalité totalement stable.
Irina ▬ Je ne vais pas vous mentir, mais si cela se déroule aussi simplement, je suis quelque peu déçue de ne pas avoir vu la solution sous mon nez depuis le début Arisugawa-san. Si vous pouvez bel et bien me fournir un tel artefact de mémoire de votre mère comme point de départ dans mon travail je pourrais faire quelque chose.
En revanche il y avait quelque chose qui me laissait vraiment perplexe dans ma façon de voir le problème. S’il y avait eu un ordre si précis dans leur tête à toutes les deux, pourquoi la mémoire de sa mère avait-elle l’air si, normale ?
Irina ▬ Je crois pourtant que ce n’est pas gagné d’avance. Votre mère avait une mémoire très proche d’un humain normal au final, comme si le cerveau avait fini par vouloir traiter tous les souvenirs normalement. Ce qui explique les lésions. J’ai donc une mémoire qui est dépourvue de votre sort pour y mettre de l’ordre à gérer et je ne peux pas travailler sur vous malheureusement. Je prendrais le souvenir clair que vous m’offrerez, mais ne nous voilons pas la face, même ainsi, il y en a sûrement pour des mois de travail pour rendre à votre mère ne serait-ce qu’un semblant d’humanité.
La tâche était complexe mais loin d’être impossible en réalité. Toutefois j’allais avoir fort à faire en plus de mes autres prérogatives, mais il n’y avait pas de sorcier plus expert que moi en la matière de l’esprit et de ces méandres. J’envisageais déjà de procéder à des rituels pour augmenter la puissance de mon sortilège pour modeler la mémoire dans le de but de pouvoir faire plus vite mais cela allait également demander beaucoup de préparation.
Irina ▬ Quoi qu’il en soit Arisugawa-san, nous avons des examens à mener. Je vous laisse aller jusqu’à l’étage de l’imagerie médicale où vous pourrez passer une blouse et je vous y retrouve pour passer votre IRM.
L’examen était long, très loin car c’était une IRM fonctionnelle et je lui faisais faire donc des exercices de mémoires ainsi que de réflexion pour stimuler les zones de son cerveau afin d’avoir des clichés d’une très grande fiabilité du point de vue fonctionnel. Puis il y avait l’IRM classique dans le but d’avoir tout un tas de coupes cérébrale pour une analyse tissulaire. J’ai bien pris le temps d’analyser les clichés avant de venir la retrouver dans mon bureau où je l’avais fait patienter le temps d’obtenir les résultats.
Irina ▬ Bien, c’est très bien ma fois. Pour ce qui est des analyses de sang, je vous recontacterai discrètement bien entendu pour parler des résultats s’il y a quelque chose, dans le cas contraire je ferai le point plus tard. Pour ce qui est de l’imagerie, je dois dire que votre cerveau est pour l’instant dans une bonne forme. Vos mots de têtes s’expliquent à cause de la même activité qui est très important au niveau de votre hippocampe, sans doute à cause de votre sort. Tout votre cerveau est plus actif que la normal bien entendu, mais cela est visible chez bon nombre de personnes comme nous.
Je pris un cliché de mon propre cerveau pour le comparer à celui d’Arisugawa-san dans le but de la rassurer un peu sur son état. Nos clichés étaient relativement similaires l’un et l’autre à l’exception de la zone corticale de l’hippocampe justement.
Irina ▬ De mon point de vue, vous pouvez encore vous en tenir aux remèdes habituels contre le mal de crâne lorsque c’est trop important, mais il n’y a pas d’atteintes. Toutefois, réfléchissez bien à ce que je vous conseille depuis un moment et n’hésitez pas à repenser à augmenter nos bilans à un part trimestre dans le doute. Mis à part ça, je ne vois rien à rajouter car pour le reste il nous faudra nous voir en d’autres lieux.
“Tout est dit”
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Mar 7 Mai 2019 - 19:25
Une mémoire très proche d’un humain normale ? Les effets du premier rituel s’effaçaient-t-il avec le temps ? C’était la première fois que cette idée était suggérée… Peut-être que cela marquait l’arrivée des véritables problèmes de santé du réceptacle, en effet. Un esprit non renforcé par le sort ne pouvait pas supporter une telle masse de souvenir. Cependant, le sort continuait à fonctionner au moins en partie, sans quoi les souvenirs seraient peu à peu oubliés. Peut-être suffisait-il d’utiliser à nouveau le premier rituel, me direz-vous, mais cela était dangereux. Le premier rituel avait été créé pour transformer un esprit normal en réceptacle. Les effets sur un esprit déjà affecté étaient totalement inconnus et ne pourraient être découverts qu’en l’expérimentant. Or, je ne pouvais pas risquer une expérience aussi dangereuse tant que j’avais des responsabilités et pas d’héritier suffisamment âgé pour les reprendre après moi au cas-où, ce qui nous projetait dans plus d’un demi-siècle. Mère n’avait pas tenu jusqu’à cet âge. C’était une découverte fâcheuse, qui me rappelait d’ailleurs à quel point il devenait urgent que je trouvasse un époux et fondasse une famille, sans quoi le siège du Temps risquait d’être bien vide.
« Qu’elle puisse retrouver un peu d’elle-même n’était pas encore envisageable il y a une heure. Peu importe à quel point vous parvenez à lui faire revenir à son état normal, ce serait déjà en soi une avancée incroyable. »
Je restais stoïque, mais beaucoup d’espoir était né en moi. Je n’avais pas l’habitude d’être désemparée comme je l’avais été lorsque ma mère avait cessé d’être, car tout problème s’était déjà posé par le passé, en sept siècles de générations Arisugawa. Mes souvenirs me permettait de savoir comment les régler, ou, dans le pire des cas, ce qu’il ne fallait surtout pas faire au risque de les aggraver. Je n’aimais ce qui était inédit que lorsque cela relevait des sciences ou du savoir. Le reste avait le don de me mettre mal à l’aise, car cela rimait généralement avec des ennuis. Lorsque Mère avait commencé à tomber malade, je n’étais encore jamais tombée sur un problème dont je n’avais pas la solution. Depuis, tout était devenu plus étrange et insécurisant, des sentiments que je préférais exclure au mieux des souvenirs que je laisserais à mon héritier, mais qui devaient légèrement les infuser malgré ma maîtrise de soi.
Je me rendis ensuite au service d’imagerie médicale, comme d’habitude. Je subis ces tests par devoir, comme d’habitude. Ils empiétait toujours de manière désagréable dans mon emploi du temps si bien réglé, mais je me devais de rester en bonne santé et de préserver ces souvenirs pour l’Enclave. Aussi faisais-je des concessions. Comme accepter de rapprocher ces rendez-vous à un par trimestre, par exemple. J’acquiesçai avec professionnalisme.
« Si vous pensez que c’est nécessaire, faisons-le. N’hésitez pas à me contacter si vous avez besoin de faire des tests de nature plus secrète. »
Je me levai et me dirigeai vers la porte.
« Merci, Fujibayashi-san. Passez une bonne journée. »
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