An Immortality of excuses - Part 1 [Violence][PV Rosalie](01/07/2018)

Tandis que je conversais par textos avec Rider sur mon téléphone satellite, je vis Bradley s’éloigner. Je devinai à son regard que la faim le guidait. Il y avait peut-être un innocent dans les fourrés qui allait compenser l’énergie magique que Bradley avait utilisé durant l’attaque. Je n’aimais pas trop cette idée, mais qui étais-je pour me mettre entre le sang-pur qui venait de m’épargner une rémission bien plus pénible et sa proie ? D’autant que cette personne était probablement un danger pour notre secret. J’irais prier pour que son âme trouvât sa place au paradis, avec celles des militaires qui se faisaient qu’exécuter des ordres. Nous ne pouvions faire autrement que de les tuer. Ils étaient déjà condamnés dès lors qu’ils avaient refusé de se laisser convaincre par mes arguments. Mais au fond, ils n’y étaient pour rien. Pauvres petites choses.

L’odeur d’hémoglobine qui se dégagea peu après confirma mon intuition. Bradley revint plus tard, le coin de la bouche encore tâché de sang, comme le rouge à lèvres d’un macabre baiser. De toute façon, il n’était plus à ça près, vu l’état de sa tenue. Je ne doutais pas qu’ils seraient bientôt là. Rider avait dû sauter avec l’équipe dans les véhicules dès qu’il avait reçu le premier message. Quand on faisait son boulot, on ne pouvait pas se permettre de baisser son attention une minute. Un lycan au service d’un vampire, le rêve d’une partie de leurs créateurs. Il était plutôt cocasse que ce fut Bradley, cela dit, vu son rôle dans l’affaire de la création des lycans.

Je le laissais m’attraper pour me poser sur le toit de la voiture. Je connaissais ces attentions. Il était comme ça dès que j’étais mise en danger. Après ça, il me traitait toujours avec beaucoup de tendresse et de douceur. Je m’y étais laissée prendre au début, charmée. Cela ne l’avait pas empêché de me repousser chaque fois que j’avais tenté de lui faire des avances. Avouez tout de même que cela pouvait prêter à confusion, non ? Maintenant, je me contentais d’accepter son affection pour ce qu’elle était, sans rien attendre de plus. Oh, bien sûr, je l’aimais encore. J’aimais aussi Ôkamiro, bien différemment de lui, mais ça ne me faisait pas oublier Bradley. Seulement, je n’étais pas une adepte des causes impossibles. Ma relation avec mon lycan favori – devrais-je dire mes ? – me convenait parfaitement.

« Izbranova, disparue ? Comment est-ce possible ? »

J’observai Bradley, interloquée, attendant d’autres éventuelles informations. Quoiqu’il n’en avait sans doute pas. Sa conversation avec Vincent avait tourné court. En tout cas, la disparation de la princesse était pour le moins inquiétante. Il aurait pu s’agir d’une vengeance pour le meurtre du jeune Aoki, mais je n’y croyais pas trop. La chef de clan russe était un des plus puissants sang-purs actuellement dans le monde. Les sentiments favorables qu’elle inspirait passivement chez ceux qui l’entouraient n’aidaient pas les autres à lui faire du mal et son contrôle de l’eau avait une grande puissance. Qui d’autre ? L’Ordre Renfield ? Risible. Des humains n’avaient aucune chance contre elle, même avec toutes les armes anti-vampires du monde. Il leur aurait suffi de s’approcher pour ressentir une brusque envie de la protéger. C’était probablement cette influence – et sa beauté légendaire – qui m’avait conduit à coucher avec elle une ou deux fois. Je n’en avais pas moins un certain attachement pour elle, qui avait pu prendre réellement ses aises une fois que Bradley m’avait expliqué qu’elle n’était pas vraiment la garce qu’il m’avait tant de fois décrit.

« Je suppose que nous allons mener l’enquête ? »

Après tout, c’était notre alliée, même si personne n’était au courant. Je doutais que sa cour fît quelque chose. Ils étaient plusieurs à reluquer le trône des Izbranov. C’était plutôt arrangeant pour eux qu’il fût soudain vide.