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Mar 12 Fév 2019 - 22:31
Maria croisa les bras sur sa poitrine, un sourire satisfait aux lèvres. Bien. Elle n'avait peut-être pas retenu toutes les leçons de sa gouvernante pour devenir une parfaite petite lady, mais la vie l'avait formée : la santé, c'était sacré, et puisqu'elle aimait bien Raphaël, du moins sa compagnie était agréable, eh bien ... Elle était un petit peu inquiète, quand même. On dirait bien qu'elle ne s'était pas trompée. Il n'avait mis que cinq minutes avant de fermer les paupières ! Il lui fallait maintenant trouver comment occuper son temps pour le reste du vol. À son tour, elle jeta un regard par la fenêtre. Toutes ces lumières seraient bientôt bien trop loin pour être admirées, aussi bien profiter du spectacle. Bien vite, ses responsabilités la rattraperaient.
« Yoshida-san, j’aimerais passer un appel. Prévenez-moi lorsque nous aurons atteint la bonne altitude, je vous prie. »
Elle parla à voix basse pour éviter de troubler le sommeil de l’écrivain, recevant un hochement de tête comme seule réponse pour le moment. Hm. Elle se demandait quel genre de rêves il pouvait bien faire … Était-ce ainsi qu’il trouvait l’inspiration ? Ou bien s’inspirait-il plutôt de ce qu’il vivait ? Certaines personnes avaient juste une très grande imagination. Elle en aurait eu, finalement, bien des questions à lui poser. Peut-être parce qu’elle ne se souvenait pas tout à fait le type de romans dont il était l’auteur. Mais ils auraient l’occasion d’en discuter un peu plus longuement une autre fois, sans doute. Ce repos était bien mérité, après lui avoir fait visiter la ville et avoir déployé tant d’efforts pour lui redonner le sourire.
Lorsque l’avion entama la descente et qu’il ouvrit les paupières, Maria s’efforça de sourire et de ne pas paraître contrariée même si son appel ne s’était finalement pas déroulé tout à fait comme prévu. Les mots de sa meilleure amie lui restaient en tête : « Sois prudente. » Que s’était-elle imaginé, franchement ? Bien sûr que son absence n’était pas passée inaperçue. Quelqu’un l’avait reconnue à la gare. Sans doute aurait-elle dû mettre un meilleur déguisement, en fin de compte, mais ce n’est pas comme si elle était très connue en dehors de leur petite ville ... Bof, ce n’était jamais que des rumeurs facilement démenties. Elle préférait se concentrer à nouveau sur la conversation, pour le moment. Une bonne chose, puisqu'elle ne put s'empêcher de rire à sa question.
« Non non, vous vous rappelez ? In-co-gni-to. »
Franchement s’il l’oubliait une autre fois, elle serait obligée de fredonner la chanson du même nom et tant pis si elle chantait faux. Maria fut sauvée par l’arrivée du taxi. Elle ne vit pas le temps passer et ils étaient déjà arrivés devant son appartement. C’était presque dommage que la soirée se termine, alors qu’il semblerait qu’ils auraient pu discuter pendant des heures encore, mais peut-être était-ce mieux ainsi. Elle avait un peu l'impression d'être Cendrillon qui s'était enfuie : minuit avait sonné depuis longtemps, et elle ne voulait pas voir son bonheur transformé en citrouille.
« Le plaisir est partagé. Je me suis beaucoup amusée. »
Maria quitta la voiture, la regardant s’éloigner quelques secondes avant de secouer la tête. Décidément, le monde extérieur ne ressemblait pas du tout à ce qu’on lui avait raconté. Il était plein de surprises. Certaines bonnes … et d’autres un peu moins, mais le jeu en valait la chandelle.
En fait, Maria venait de remarquer qu’il y avait de la lumière à sa fenêtre. Un frisson la parcourut. Avait-elle oublié d'éteindre avant de partir ? Ce n’est pas comme si elle en avait vraiment besoin. L’interrupteur était juste à côté de la porte. En plus, avec ses sens aiguisés, ce n’est pas comme si elle allait se prendre les pieds dans le tapis ou un meuble mal placé … Et elle n’attendait personne, évidemment. Bon sang.
Finalement, il aurait peut-être été préférable que Raphaël la raccompagne jusqu’à la porte. N’était-ce pas ce qu’aurait fait un gentleman d’habitude, à une heure pareille ? Peut-être que les quelques heures de sommeil n’avaient pas suffi ? Non. Sans doute quelqu’un l’attendait-il et cela l’avait-il rendu peu plus distrait. N’était-ce pas évident ? Le vampire lui avait parlé de sa villa, il aurait pu très bien y rester encore un peu dans la métropole. Il n’était pas obligé de lui offrir une place sur son jet privé. Maria se serait contentée du train. Elle avait bien tenté de l’en convaincre …
Bon, eh bien, il ne servait à rien de rester immobile. Ne disait-on pas qu’avec des si, on mettrait Paris en bouteille ? Au moins, la porte n'avait pas l’air d’avoir été forcée. Sa poigne se referma sur le livre au fond de son sac pendant qu’elle fit tourner la poignée, prête à s’en servir comme moyen de défense au besoin. Maria se laissa presque aller à un soupir de soulagement en constatant qui était l’intrus en question. Elle aurait dû s’en douter.
« Que faites-vous ici ? »
« Je me faisais du souci. »
« Eh bien c'était inutile, comme vous pouvez le constater. Je suis juste allée à Tokyo. J’avais un peu le mal du pays. Je suis rentrée en un seul morceau. Épargnez-moi vos beaux sentiments ! Vous aviez surtout peur que je disparaisse dans la nature parce que ce petit voyage n’était pas prévu, mais je ne peux pas échapper à la surveillance de mon père. Je le sais bien. »
« J'espère que cette escapade en valait la peine, Maria, vraiment. Vous ne risquez pas de quitter la ville à nouveau avant un petit moment. »
« Serait-ce des menaces ? Vous n’êtes pas sérieux. Surveillez votre langue avant d'outrepasser vos droits, Owen ! Ma vie, mes règles. C'était l'entente. »
« Mais mon enfant, c'est vous qui avez choisi de devenir actrice. Vous devriez être ravie que je vous ai trouvé du travail. »
Sur ces paroles, il la salua bien poliment avant de quitter la pièce, la laissant seule en proie avec ses doutes. Parce qu'il n'avait pas tort : elle avait beau avoir réussi à atterrir au théâtre, elle avait encore un peu de mal à faire ses marques. Mais tout de même, elle ne pouvait s'empêcher de se demander si finalement, elle ne s'était pas leurrée tout ce temps, échangeant une prison dorée pour une autre à plus grande échelle. Une chose était sûre, la lettre qu'elle écrirait risquait de prendre une tournure bien différente. Pardon, Raphaël … Peut-être qu'en fin de compte, cette prochaine rencontre devrait attendre bien plus longtemps qu'il ne semblait le croire.
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