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Jeu 22 Nov 2018 - 10:21
C’était une soirée comme je n’allais pas en connaître des tonnes, tout du moins c’était encore ce que je pensais cette nuit-là. Je m’étais hissé à un niveau de maîtrise culinaire hors d’atteinte du commun des mortels depuis quelques temps maintenant déjà, mais tout chef qui se respecte se doit de repousser ses limites encore et encore. C’est dans ces circonstances que j’ai été approché par un gestionnaire de domaine d’un homme qui me laissera un souvenir bien mitigé. Il avait besoin d’un chef hors du commun pour un repas d’affaire, mais à ce moment là, le gestionnaire s’était bien gardé de me dire que j’allais travailler pour un vampire, à moins qu’il n’ait pas conscience de la nature de son employeur.
J’ai été pris en charge par un autre homme une fois arrivé au coeur de ce domaine incroyable qui appartenait à un certain Bradley Diwght Hodgkin. Celui qui m’a pris en charge une fois arrivé était quand à lui bel et bien un vampire et m’expliqua qu’il fallait un repas digne de ce nom pour tout ceux qui seraient présent le soir en question. L’idée était que j’allais devoir servir un repas aussi bien à des vampires qu’à des humains, mais ma question élémentaire fût rapide.
Ôkamiro ▬ Dois-je faire… deux menus différents ?Ma question trouva rapidement une réponse négative de la part de la personne me poussant à penser que j’allais devoir faire dans du traditionnel encore une fois. La bonne nouvelle était que j’avais carte blanche pour les recettes tant qu’il y avait deux plats de viandes, une rouge et un gibier. C’était une bonne chose, le gibier était rare dans telles tablées semblant très guindées. J’allais être à la tête de toute une brigade composée de vampires qui travaillaient en tant normal dans les cuisines du domaine.
Le soir venu, je n’ai pas vraiment eu le choix que de céder la place à Ôkamiô pour être certain que tout allait bien se passer pour le repas.
Il était inutile de prendre ces gars avec des pincettes. Si nous voulions faire quelque chose de bon et d’exceptionnel, il fallait les bousculer un peu. La rage montait rapidement en moi pour motiver les troupes et surtout me mettre moi même à l’ouvrage pour le plus grand plaisir des papilles de ces messieurs dames qui attendaient à côté en salle.
Ôkamiô ▬ Allez tas d’feignasses ! mettez vous au boulot et que ça saute !Je me suis pas appesanti sur le fait de revenir sur le menu que j’avais composé, soit ils l’avaient lu, soit ils dégageaient. Le gibier était du faisan, quand à la viande, du boeuf, servi bien entendu saignant. Toute allait être d’un délice absolue pour ces personnes à table et pour moi tout serait teinté de l’esprit du challenge que j’aime tant.
Tout s’était admirablement bien passé et les échos venant de la salle de réception étaient tout simplement une douce récompense.
Je pouvais me détendre à nouveau et passer la main à Ôkamiro maintenant que j’avais fini de me déchaîner en cuisine et que le dernier dessert venait de partir pour la salle. Comme je n’étais pas un vulgaire officient, je donnai un coup de main aux plongeurs pour les avancer un peu dans leur travail et me donner bonne conscience de rester au cas où j’eu à rencontrer le maître des lieux.
Ne m’étant pas trompé, un homme est venu pour nous féliciter en cuisine et me demander de bien vouloir sortir un instant pour recevoir les compliment de monsieur Dwight Hodgkin. C’était un homme impressionnant et il ne s’est pas épanché en compliments, ce fût très bref car il semblait très occupé. Une femme également vint se présenter comme sa soeur en saluant la prouesse culinaire dont avait fait preuve la cuisine ce soir.
C’est à ce moment-là que j’ai aperçu une autre femme, majestueuse et magnifique, une vampire également, mais il y avait quelque chose que je ne pouvais pas me sortir de l’esprit, à savoir que je l’avais déjà vu. Comment était-ce possible seulement que de la connaître ? C’est alors que je me suis écrié soudainement, comme un instinct fulgurant.
Ôkamiro ▬ Rosie ?C’était le surnom que je lui avait donné quand nous étions jeune, étant petit j’avais eu un peu de mal à prononcer correctement Rosalie et cela m’était resté avec le temps. Nous avions tout les deux grandi du côté de Lyon en France, mais comment avait-elle pu devenir une vampire ? Je ne savais même pas que cela était possible en fait qu’un humain devienne un vampire.
Ôkamiô ▬ Tu vas rester là sans rien dire à la regarder comme un morceau d’viande ?
Ôkamiro ▬ Tu m’excuse… mais je ne pensais pas revoir quelqu’un que j’ai connu avant de devenir un lycan...C’était très perturbant de la revoir après toutes ces années. Je l’imaginais vieille et ridée, avec tout une ribambelle de petites enfants après une longue carrière. Je n’étais pas un grand passionné de musique, aussi, je ne m’étais pas vraiment inquiété de ne pas la voir sur scène en France lorsque j’étais revenu, pensant qu’elle était parti pour l’étranger faire carrière. Maintenant je revoyai celle que j’avais quitté pratiquement à l’époque de quand j’étais entré en cuisine et elle montée sur Paris.
Ôkamiro ▬ Tu… as l’air en forme...
Ôkamiô ▬ Bravo! Je te décerne officiellement le prix du gros naze de l’année ! Nan mais t’es sérieux là ?
Ôkamiro ▬ Que fais-tu ici ?
Ôkamiô ▬ Oh putain… j’abandonne !
“Briser la glace”
© Etilya sur DK RPG
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Mer 12 Déc 2018 - 1:39
C’était un soir d’automne il y a quelques années de cela. Bradley recevait des PDG d’entreprise, parmi ses collaborateurs les plus importants. Pour ma part, toutes ces histoires de business m’ennuyaient au plus au haut point. Aussi avais-je choisi de dîner dans mes appartements. Du luxe, du calme, un agréable fond musical et aucun vieux barbon parlant de sujets que je n’étais pas apte à comprendre. La politique, c’était devenu mon rayon. L’économie, par contre… Heureusement pour moi, ce sujet ne venait jamais sur la table au Sénat, car il n’y avait pas d’économie commune chez les vampires. Chaque clan gérait sa propre économie et les alliances commerciales conclues entre eux se faisaient en dehors du cadre de l’hémicycle. J’aurais sans doute pu apprendre les bases nécessaires à la compréhension de ces conversations, mais la vérité, c’était que cela ne m’aurait servi à rien, et ça ne m’intéressait pas.
Bradley m’avait prévenue qu’il avait fait venir un chef hors du commun. Cependant, je ne m’attendais à une telle surprise gustative. Je n’avais jamais rien mangé d’aussi bon, sans quoi je m’en serais souvenue, et pourtant, lorsque nous vivions à Paris, il m’avait souvent emmené dans de grands restaurants de gastronomie française. Les goûts étaient à la fois prononcés, subtils et délicats. Il allait falloir songer à faire venir ce chef cuisinier plus souvent… La moindre des choses était peut-être d’aller au moins le saluer, songeais-je en léchant la cuillère que j’avais utilisée pour mon dessert.
Je réajustai rapidement ma tenue. Même sans me présenter devant les invités, j’étais élégamment vêtue. Bradley m’avait permis d’étendre ma garde-robe selon mes désirs. C’était mon ordinaire, et même seule, je ne me sentais à l’aise que sur mon trente-et-un. Les pyjamas, joggings et autres vêtements d’intérieur, très peu pour moi. Aujourd’hui, je portai une longue robe bustier en satin rouge sombre épousant mes formes. Un ras-de-cou de dentelle noire sur lequel était monté un rubis fin en forme de lune, pointes vers le haut, venait couvrir ma gorge et une partie du tatouage végétal qui courait du haut de mon sein gauche à ma nuque. Mes pieds étaient chaussés d’escarpins de cuir noir. De courtes mitaines de dentelle noire ornaient mes mains. Une rose rouge retenait mes cheveux au-dessus de mon oreille gauche.
Je descendis d’un pas tranquille. Bradley devait être auprès de ses invités. J’entendais les éclats de voix provenant de la salle de réception d’ici. Les hôtes devaient se sentir à l’aise, ce qui ne pouvait qu’arranger nos affaires. Je croisai Elysabeth qui regagnait ses appartements. Nous échangeâmes un signe de tête. Je n’avais jamais vraiment su comment qualifier ma relation avec la sœur de Bradley. J’ignorai vraiment pourquoi, mais sa relation avec le chef de clan m’agaçait. Cependant, il m’était arrivé de partager sa couche, une nuit où il avait refusé une fois de plus de partager la sienne avec moi. Cela ne s’était pas répété. Ce qu’il y avait de bien avec les histoires d’une nuit, c’était qu’aucun des deux partis n’attendait rien de plus, en général. Quand ça devenait régulier, c’était le premier pas vers de faux espoirs de mon partenaire et les emmerdes sentimentales, quand bien même celui-ci affirmait qu’il n’y aurait rien entre nous au début. J’évitais ce genre de situation périlleuse. Une nuit, et c’était tout. Elle devait partager mon point de vue, car cela n’avait pas changé grand-chose dans notre relation.
Je tombai finalement sur le cuisinier. En tout cas, il en portait encore l’uniforme, un tablier noir. Les cuisiniers d’ici étaient vêtus de blanc. Il ne pouvait donc en faire partie. C’était un jeune homme dont les cheveux bruns, plus ou moins longs selon les endroits venaient partiellement cacher le visage. Il aurait sans doute pu être très beau sans les cernes très marquées qui couraient sous ses yeux et cet air un peu apathique. Un tissu rouge était noué à son poignet. Il sentait le lycan. Je comprenais mieux comment il faisait pour créer des goûts d’une telle subtilité, bien que tous les représentants de sa race ne fussent pas capables pour autant d’une telle maîtrise, pour ce que j’en savais. Son visage me disait vaguement quelque chose. Si c’était un si grand chef, je l’avais peut-être aperçu dans un magazine. Pour l’heure, il me regardait comme s’il avait vu un fantôme.
« Rosie ? »
On se connaissait ? Je levai un sourcil curieux. Personne ne m’avait appelé comme ça depuis… Mon esprit assembla une à une les pièces du puzzle. Ces souvenirs étaient tellement lointains. La dernière fois que j’avais entendu ce surnom, c’était il y avait bientôt quatre-vingt-dix ans, dans la bouche d’un gamin de mon quartier avec qui je traînais de temps à autre, six ans plus jeune que moi. Il n’avait pas atteint dix ans quand je l’avais vu pour la dernière fois avant de quitter mon foyer pour tenter ma chance à Paris. Cependant, sans lui, je n’étais même pas sûre que j’aurais eu le courage d’entreprendre une telle fugue. Sa volonté d’atteindre son propre rêve, coûte que coûte, avait beaucoup influencé la mienne et m’avait décidée à aller à l’encontre du désir de mes parents.
« Tu serais… Ôka ? »
C’était difficile à croire. Je l’avais laissé en France en 1933. Comment avait-il pu finir par devenir un lycan ? Je l’avais appelé comme avant. J’avais coutume de le taquiner en disant qu’Ôkamiro était un nom bien long pour un si petit garçon. Il avait bien grandi depuis. Même avec mes talons hauts, il me dépassait de quelques centimètres.
« Tu… as l’air en forme… »
Il avait bien changé depuis l’époque de Lyon. Je l’avais connu plus énergique, plus sûr de lui. Pas étonnant que je ne l’eusse pas reconnu. Il pouvait en arriver des choses, en presque un siècle. Par quoi était-il donc passé ?
« Moui, on peut dire ça. »
Je souris, tout en soupirant intérieurement. J’avais eu des meilleurs jours, en termes d’éloquence. Mais j’étais presque en état de choc. Je n’avais jamais revu aucune de mes connaissances d’avant ma renaissance. Mes amis de Paris étaient morts dans l’incident qui m’avait coûté mon humanité, et je n’étais jamais retournée à Lyon. Je ne voulais pas qu’on me vît sous cette forme damnée. Encore aujourd’hui, j’étais partagée entre répugnance et reconnaissance envers ma qualité de vampire. Je n’étais pas du tout prête pour ça, même si j’étais tout de même heureuse de le savoir en vie.
« Que fais-tu ici ? »
Grande question. Autant présenter la version simple. Je parvins à rendre mon ton un peu plus désinvolte. Je n’aimais pas ne pas avoir le contrôle sur ma manière de m’exprimer.
« Je suis le bras droit du maître des lieux, à mes heures perdues… »
Je fis un signe de la main comme si ce n’était rien.
« Et toi ? Tu as réalisé ton rêve à ce que je vois ? Comment est-ce que tu… »
Je marquai une pause. Les questions que je voulais lui poser étaient d’ordre entièrement personnelles. Je ne me voyais pas discuter de ça en plein milieu du hall.
« Nous devrions aller discuter dans un salon, si tu en as fini avec les cuisiniers. Tu as peut-être faim ? »
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Mer 12 Déc 2018 - 22:00
C’était pas banale que de revoir Rosie après tout ce temps, aussi loin qu’il était possible d’être de la France et en de telles circonstances. C’était de loin la dernière personne en ce monde que je m’attendais à revoir chez un vampire comme le Dwight Hodgkin. Je ne l’avais pas vu lors de la soirée, moi qui gardait un oeil sur tout, mais j’avais bien compris que certain plat ne partaient pas en salle mais passaient par des montent plat et donc étaient service à certaine personne ailleurs dans le manoir. Elle était cependant resplendissante, cette robe, cette coiffure, cette allure générale était envoutante.
Ôkamiô ▬ La vache ! quel jolie ptit lot que voilà ! Elle a changé Rosie !Il n’aurait plus que ça, qu’il se mette à lui parler l’autre énergumène avec ses manières de rustre sans gènes.
Ôkamiro ▬ Hey ! c’est notre amie d’enfance alors tu te calme !
Ôkamiô ▬ Hey ! Tu vas te calmer tout de suite mon gars ! J’ai d’la classe et beaucoup de charisme !Ce n’était pas simple de se revoir après autant d’années sans s’être parlé ou vu. Elle était maintenant le bras droit du maître des lieux. C’était bien, enfin je suppose. Toutefois, je n’ai pas saisi sur le moment ce qui pouvait bien avoir pu se passer pour qu’elle devienne une vampire, mais à n’en pas douter en tout cas, physiquement, cela avait dû se produire quelques années après son départ pour Paris à peine car j’avais l’impression que l’écart entre nos âge s’était réduit. Je l’avais d’ailleurs reconnu instantanément, tant elle n’avait pas changé de quand je l’avais vu pour la dernière fois.
Elle avait commencé à me poser une question avant de se raviser et de se rabattre sur la proposition de manger un morceau. Je ne pouvais décemment pas m’être un terme à nos retrouvailles en lui disant juste que je n’avais pas spécialement faim.
Ôkamiô ▬ Je crois que tu devrais nous préparer des cafés gourmands pour la forme !Ce n’était pas une mauvaise idée et cela ne prendrait guère de temps, mais vu la noblesse qui se dégageait de Rosalie, j’étais partisan qu’elle apprécierait du champagne au sang.
Ôkamiro ▬ Je… oui c’est une bonne idée… je nous prépare une collation alors.Il était rapide à préparer ce champagne au sang, il était composé au finale d’une petite dose de champagne avec un petit ajout d’eau de vie, gingembre et sang, que j’avais vu dans les frigos de la cuisine. Un petit goût de gazeur et j’avais fait plusieurs coupes de champagnes qui allaient pouvoir être servi aux vampires du manoir, mais surtout à ma Rosie. Pour ma part, c’était un café serré, le tout accompagné de quelques mignardises confectionnées à la hâtes pour nous deux.
Une fois au salon, nous étions enfin seuls, là, à presque nous dévisager jusqu’à ce que l’un de nous ne se décide à rompre le silence étouffant de la pseudo question qui a failli être posée. Elle n’était pas allé jusqu’au bout de sa question, mais je savais…
Ôkamiô ▬ Ouai… comment nous sommes devenus un lycan. Tu m’étonne que c’est pas facile à dire ce genre de choses..Il fallait bien que je choisisse mes mots mine de rien, mais je n’étais pas du genre à faire dans la dentelle, mine de rien. Je n’étais pas vraiment de ceux qui tournaient autours du pot en fait, surtout à cause de mon non respect des conventions sociales.
Ôkamiro ▬ Pour te répondre.. Je suis devenu un lycan juste avant 1950… Mais toi… avec ce physique, tu as dû devenir une vampire quelques années après ton départ à peine non ?
“L’écart se réduit”
© Etilya sur DK RPG
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Dim 16 Déc 2018 - 23:56
« Je… Oui, c’est une bonne idée… Je nous prépare une collation, alors. »
« Att… »
J’allais le retenir et lui dire que les cuisiniers de Bradley pouvaient s’en charger, mais il était déjà reparti vers les cuisines. Je soupirai doucement. J’avais juste voulu le mettre à l’aise, pas lui donner du boulot en plus, quand bien même je me doutais que la collation à laquelle il pensait aurait sans doute un autre niveau que celle que nous avions d’habitude de déguster ici. Je fis signe à un serviteur d’indiquer le salon où je me rendais à Ôkamiro et quittai le hall.
Mon vieil ami revint avec un plateau sur lequel se dressaient une coupe de champagne d’une couleur rosée, un café et quelques petites pâtisseries. Je le remerciai et portai la coupe à mes lèvres. C’était absolument délicieux. Je fus surprise de reconnaître un goût de sang humain de très bonne qualité, harmonieusement mêlé à d’autres saveurs. Il était manifestement habitué à cuisiner pour des vampires. Ça ne faisait aucun doute. Sa carrière avait pris un tour bien étrange. Mais j’aurais dû m’en douter. Les humains ne pouvaient sans doute pas sentir toute la subtilité du goût des plats qu’on nous avait servi à dîner. Je lui adressai un clin d’œil.
« Délicieux n’est pas un terme suffisant, comme pour les mets de tout à l’heure. Tu es devenu un virtuose ! »
Seuls à seuls, le silence retomba. Sans oser se fixer, nous nous jetions des regards réguliers, comme pour voir ce qui avait changé chez l’autre ou ce qui ne l’avait pas. Je ne reconnaissais pas grand-chose chez lui, mais il n’était qu’un petit garçon, à l’époque, et mes souvenirs me paraissaient si lointains. Depuis le temps, ma vie d’humaine m’était devenue très floue, comme la mémoire d’une autre vie. Je me demandais si la transformation en lycan changeait le physique. Ma propre renaissance m’avait changée avec le temps. J’avais gagné en beauté, en perfection même, mais nettement perdu en humanité. Avais-je vraiment gagné au change ?
Le silence devenait pesant. Je savais qu’il avait compris ma question et je n’osai pas la reposer. Après presque neuf décennies, avais-je encore le droit d’être indiscrète ? Nous étions presque des inconnus, désormais. Au bout de longues minutes, ce fut finalement lui qui reprit la parole.
« Pour te répondre… Je suis devenu un lycan juste avant 1950… Mais toi… avec ce physique, tu as dû devenir une vampire quelques années après ton départ à peine, non ? »
1950 ? De ce que j’en savais, c’était la première vague de lycans à s’être enfuie de ce que j’en savais. Cependant, cette histoire m’inquiétait un peu. Les laboratoires ayant participé à la création de la race lycane avaient une sale réputation. Les rumeurs parlaient d’actes atroces. Personne n’avait jamais vraiment su la vérité. L’Ordre Renfield était désormais hors d’atteinte et Shidara gardait ses secrets pour lui. De toute façon, je ne tenais pas à discuter suffisamment avec lui pour lui poser la question. Je gardai ces interrogations pour plus tard. Je ne voulais pas rendre l’ambiance plus bizarre qu’elle ne le fût.
« C’était 9 ans plus tard, en 1942. J’étais en bonne voie pour accomplir mon rêve, tu sais ? »
Je souris avec désinvolture. La légèreté avec laquelle j’en parlais était bien loin de mon réel ressenti. Ce souvenir n’avait rien d’anodin et occupait encore une place toute particulière dans mon cœur. J’y réfléchissais depuis soixante-douze ans, ignorant toujours si je devais être reconnaissante de ce qui s’était passée là ou si je devais le regretter profondément. Le jour où j’avais été damnée.
« Le bar où je me produisais a été bombardé par les alliés. Quand je me suis réveillée, je n’étais plus humaine. »
J’espérais que mon amertume ne passait pas dans ma voix. Je lui épargnai les détails gores. Il n’avait pas besoin de savoir ça.
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Lun 17 Déc 2018 - 18:28
J’avais entendu sa sollicitation, sans doute dans le but de me retenir pour aller aux cuisines, mais c’était plus fort que nous. Manger quelque chose que nous n’avions pas préparé après un service était tout simplement au dessus de nos forces de toutes façon. Je ne l’avais pas fait attendre trop longtemps de toute façon, alors à quoi bon ?
Le silence qui s’était installé fût rompu en premier lieu par sa remarque sur ce que j’avais préparé pour le banquet du soir. Un virtuose ? Je pense que l’on pouvait sans doute me qualifier de la sorte que cela ne soit faux ou prétentieux. On défini la virtuosité comme étant une parfaite maîtrise des techniques dans le domaine artistique, cependant cela s’accompagne souvent d’une forme négative car dépourvu d’âme. Je pense mettre toujours beaucoup d’âme dans ma cuisine, beaucoup de personnalité et pas vraiment l’une des miennes pour autant. Mais j’avais saisi que dans sa bouche, c’était un compliment, d'autant plus qu’il venait d’une chanteuse de talent qui était parti pour la capitale pour réaliser son rêve.
Ôkamiro ▬ Je te remercie.... Toutefois, ce n’était pas grand chose ce soir… Je te ferai goûter un jour à mon menu spécial vampire...Elle est resté un petit moment à réfléchir après la réponse que j’avais formulé à son interrogation quant à mon sort de lycan. Cette question avait été trop gênante pour elle à poser, mais je n’était plus à ça prêt que d’y répondre après tout. Après, ma nonchalance et mon non respect des convenances m’avait peut être conduit à poser une question ou soulever une chose gênante pour elle. Elle m’avait répondu avec une désinvolture qui lui ressemblait bien. Neuf an après notre séparation et pourtant elle était toujours aussi belle que lorsqu’elle était parti. Je ne pensais pas qu’elle pouvait s’enlaidir en seulement neuf ans bien au contraire, mais il était clair que le fait d’être devenu une vampire avait eu des avantages sur son physique qui avait retrouvé une jeunesse parfaite et une beauté sans égale. De surcroît elle était en bonne voie pour accomplir son rêve ? C’était géniale comme nouvelle, enfin si elle avait été plus honnête sans doute. Lorsqu’on a ses sens en éveil, que ce soit les micros expressions du visage, ou l’augmentation de la tension, de la respiration, on peut percevoir un mensonge ou un léger décalage entre les mots et la vérité du corps en tout cas.
Ôkamiô ▬ C’est un peu comme toi quoi ! Tu serais celui que nous sommes lorsqu’on est en harmonie s’il ne nous était pas arrivé ce drame. Imagine ce qu’elle a dû vivre elle ? Nous avons eu des semaines, des mois, des années pour nous faire à l’idée qu’on allait nous utiliser et nous changer en quelque chose d’autre. T’as eu le temps de m’avoir moi pour t’aider ! Elle.. bah en une nuit elle a changé de vie sans retour possible.Il n’avait pas tord. Un bombardement alliés et elle est passé d’humaine à vampire. Je me demandais donc s’il y avait un lien entre elle et le maître des lieux peut-être, bien que cela ne me regardait guère.
Ôkamiro ▬ Réaliser ses rêves est important… il faut savoir tirer parti de ce que nous offre la vie quelque part.... Je ne sais pas si j’aurai pu devenir le cuisinier que je suis sans ce qu’on a fait de moi au final. Et toi, tu dois faire un malheur à chaque fois que tu chante quelque part ?J’esquissais un certain sourire très subtile malgré mon visage d’ordinaire si inexpressif, mais avec la voix qu’elle avait déjà à l’époque et sa beauté… Sa seule présence sur scène doit balayer tout ce qui se passe dans un établissement. Finalement il vaudrait mieux que j’évite de lui proposer de chanter dans mon restaurant le jour où il ouvrira ses portes, sans quoi les clients finiraient par en oublier de manger.
Ôkamiro ▬ J’ai bien vu à ton regard que tu as du mal à croire... que le petit garçon que j’étais est devenu cette limace dont on a l’image en me voyant maintenant…J’esquissais un léger sourire étouffer par la neutralité de mon faciesse tandis que je pris une gorgée de mon café ainsi qu’une petite bouché de mignardise.
Ôkamiro ▬ Je préférai m’excuser pour cette apathie que je traîne derrière moi maintenant… il n’y a que la cuisine qui me fait être plus énergique... Mais je sais encore être l’être débordant d’énergie que j’étais petitJe passai ma main sur ma nuque en signe d’une légère gêne quant à avouer ce trait de caractère dominant tout en touchant doucement du bout des doigts juste après mon bandana noué à mon poignet.
Ôkamiro ▬ J’espère que ça ne change rien entre nous… tu sais, que je sois un lycan je veux dire… C’est tellement irréel de retrouver une amie d’enfance...
Ôkamiô ▬ Pas mal, après la bourde que t’as fait juste avant tu te rattrape bien !
“Nouvelle nature et questionnement”
© Etilya sur DK RPG
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Dim 13 Jan 2019 - 22:17
Un menu spécial vampire ? S’était-il spécialisé dans la cuisine destinée aux buveurs de sang. Tout ça me paraissait complètement irréel. J’avais du mal à me faire à l’idée que cet homme quelque peu apathique était la même personne que le petit garçon enjoué de mon adolescence, dont l’enthousiasme avait tant fait pour moi. Une petite partie de moi regrettait, alors même que c’était sans doute ce qu’il avait vécu qui l’avait ainsi transformé. C’était plutôt cruel de ma part et ça me perturbait. Je n’en avais rien à foutre, d’habitude, mais c’était Ôkamiro. L’enfant qu’il avait été tenait une place toute spéciale dans ma mémoire. J’aurais sans doute dû être folle de joie qu’il fût encore en vie. Mais quand moi-même, je n’étais pas certaine de ce que je pensais de l’immortalité, il n’était pas facile d’être heureuse pour les autres. Et ce côté de moi qui était juste contente de le revoir… Bordel. Tous ces sentiments contradictoires étaient trop compliqués pour moi. Si on faisait abstraction de mon dilemme à propos de mon statut de vampire, ça ne me ressemblait pas.
« Réaliser ses rêves est important… Il faut savoir tirer parti de ce que nous offre la vie, quelque part.... Je ne sais pas si j’aurais pu devenir le cuisinier que je suis sans ce qu’on a fait de moi au final. Et toi, tu dois faire un malheur à chaque fois que tu chantes quelque part ? »
Je tiquai. Ça, ça n’avait pas changé. Il comprenait toujours à côté de la plaque. Ce n’était pas pour rien que j’avais utilisé le passé dans ma phrase. Une immortelle ne pouvait pas devenir célèbre. Ou alors pas trop et brièvement, sans quoi les humains se posaient trop de questions. Ma période de gloire me paraissait si brève dans mon siècle d’existence… Au bout d’une décennie, les gens se demandaient pourquoi de fines rides ne venaient pas orner le coin de tes yeux et de des lèvres. Deux décennies à la limite, avec le maquillage. Je ne chantais maintenant que dans des petits bars et pas toujours au même endroit, pour ne pas me faire trop remarquer. J’aimais bien chanter pour un public réduit, dans un lieu plus intimiste. J’étais toujours heureuse, sur scène, peu importait combien de personnes me regardaient. Mais on ne pouvait pas dire que j’avais vraiment réalisé mon rêve. Dans tous les cas, ce n’était pas ce que Dieu avait prévu pour moi, que les vampires fussent Son œuvre ou non. Je m’étais souvent demandé si c’était parce que j’avais autant péché, par orgueil et par luxure, qu’Il avait repris brusquement ce qu’Il m’avait mis à portée de main. Tout mon rêve soufflé par une seule explosion mal placée. Je ne réprimai pas ma moue ennuyée. Tout en prenant garde de ne pas en renverser, je jouai avec le verre de champagne en en le balançant légèrement, observant les bulles traverser le liquide rosé pour remonter à la surface. Mon ton ne fut pas désagréable, juste quelque peu mélancolique. J’avais entrevu son sourire. Le pauvre ne pensait pas à mal…
« On peut dire ça comme ça, oui. Au moins, le changement aura profité à un de nous deux… »
D’ailleurs, il parlait presque de sa transformation en lycan comme quelque chose de positif. C’était un concept que j’avais du mal à saisir. Quelques gênes lupins n’apportaient pas le talent. Ôkamiro serait sans aucun doute devenu un grand cuisinier sans avoir à subir tout cela. Moins précis, certes, mais suffisamment pour satisfaire à merveille les papilles humaines. Il serait mort aujourd’hui, mais après une longue vie heureuse au milieu des cuisines qu’il appréciait tant, avec un sentiment d’accomplissement. Une vie que je lui aurais enviée.
« J’ai bien vu à ton regard que tu as du mal à croire… que le petit garçon que j’étais est devenu cette limace dont on a l’image en me voyant maintenant… »
Aie. Dans le mille. Désolée. Je n’avais pas spécialement envie qu’il le remarquât, mais bon. On ne se refaisait pas.
« Je préférais m’excuser pour cette apathie que je traîne derrière moi, maintenant… Il n’y a que la cuisine qui me fait être plus énergique… Mais je sais encore être l’être débordant d’énergie que j’étais petit. »
Je ne souhaitais pas qu’il se dépréciât, mais je ne savais même pas quoi lui répondre. L’apathie, ce n’était pas mon truc, c’était vrai. Mais je n’avais aucun droit de le juger là-dessus. Il était devenu un des plus grands cuisiniers du monde, embauché par des êtres au goût plus développé que celui de n’importe quel être humain. Et moi, je chantais pour une vingtaine de personnes des petits bars jazz.
« J’espère que ça ne change rien entre nous… Tu sais, que je sois un lycan, je veux dire… C’est tellement irréel de retrouver une amie d’enfance. »
Je souris doucement et le regardai dans les yeux.
« Ben, voyons. Tu es un loup. Moi, je suis une putain de sangsue. Et je devrais te trouver repoussant ? »
Je laissai échapper un petit rire. Au moins, les lycans n’avaient pas à tuer des humains pour survivre. Juste en ça, ils étaient sans doute plus proche de Dieu que les vampires qui les avaient créés. Les victimes d’une imagination et d’une soif de pouvoir un peu trop débordantes. Mon sourire s’élargit.
« Evidemment que les choses ne seront pas pareilles entre nous. Nous étions des gamins humains, à l’époque. Difficile de retrouver une telle innocence. Mais je n’ai rien contre l’idée qu’on continue à se voir, si tu as une place pour moi dans ton emploi du temps de super cuisinier. »
Je ne voyais que des vampires, que ce fût aux USA ou au Japon. A part Bradley et quelques rares autres exceptions, ils étaient toujours en train de mijoter quelque chose. On ne savait jamais vraiment à qui se fier. Fréquenter quelqu’un d’autre me ferait sans doute le plus grand bien, et j’avais bien envie de réapprendre à le connaître.
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Lun 14 Jan 2019 - 0:44
L’ambiance chaleureuse de nos retrouvailles a commencé à se ternir quelque peu à cause de mes maladresses de façon évidente. C’était très clair que j’avais sans doute mal interprété ce qu’elle m’avait dit juste avant et que ma réponse avait été plus que mauvaise et surtout… prompt à créer un malaise.
Ôkamiô ▬ En même temps mec, c’était évident qu’elle parlait de tout ça au passé non ? T’es con ou quoi ?! Avec ce qu’elle faisait, c’est évident qu’elle a pas réalisé du tout ses rêves !J’étais vraiment stupide d’avoir pensé qu’elle avait pu arriver à ses fins en étant une vampire. C’était tout récent le côté star des chefs de cuisine, mais pour elle, ne pas vieillir était synonyme de carrière impossible. Son apparence aurait soulevé beaucoup trop de questions. J’aurais toutefois pensé qu’elle avait décidé de faire carrière de façon ponctuelle ou même dans différents pays, sous différents nom, un peu comme j’avais pu travaillé moi-même. De toute évidence ce n’était sans doute pas le cas, mais il n’était pas de bon ton que de fâchée son amie fraîchement retrouvée en remuant le passé.
J’étais néanmoins intrigué par ce qu’elle sous entendait. Elle était devenue immortelle tout de même. Alors certes cela avait sans doute conduit ma très chère Rosalie à perdre quantité de proche tout comme moi. Mais elle avait la jeunesse éternelle, la beauté surnaturelle ainsi que des sens et capacités comparables aux meilleurs êtres humain.
Mes gaffes au cours de notre discussions étaient toutes plus importante les uns que les autres. Cette tirade comme calimero était pitoyable et j’avais vu sur son visage comme une once de regret. J’avais traduit tout haut une pensée toute basse, comme d’habitude. Je n’étais pas le meilleur pour déceler ce qui se dit de ce qui ne se dit pas. Toutefois, elle a su se montrer rassurante sur la nature de notre relation à venir. Elle avait de toute évidence développé un très fort caractère et un langage qui me surprenait à trouver dans sa bouche. Ce n’était pas plus mal que de parler franc de nos jours. Je riais vaguement entre mes lèvres, incapable que je suis de rire aux éclats.
Ôkamiro ▬ Une sangsue, c’est vraiment comme ça que tu te vois ? Franchement, promise à incarner la perfection physique humaine, avec ton esprit si vif, tu es bien loin d’une simple sangsue.Je comprenais pas vraiment ce qu’elle avait pu traverser. Après tout, la guerre était horrible et je pouvais imaginer la douleur d’un bombardement, mais depuis cette époque le temps avait passé. Elle devait bien parvenir à trouver du bon dans sa nature de vampire tout de même, car sans ça, sa vie devait être bien mélancolique.
Ôkamiô ▬ Elle est clairement mélancolique mon gars là. T’as pas bien les yeux en face des trous toi.J’étais vraiment pas doué pour comprendre les gens, clairement pas même, mais il fallait que je fasse des efforts pour Rosalie. Il ne fallait pas que je déçoive d’avantage mon amie d’enfance. En plus de ça, elle voulait bien qu’on se voit à nouveau, ce qui me remplissait de joie rien qu’à l’idée de savoir ce qu’elle avait pu vivre de son côté depuis tout ce temps. En outre, elle trouvait que j’étais un super cuisinier ce qui n’était pas pour me déplaire, loin de là.
Ôkamiro ▬ Super cuisinier… merci. Je ne suis pas des plus occupé en ce moment…. Je travaille pour Junya Ryan principalement pendant qu’il fait construire mon futur restaurant à Nakanoto. Tout ce que je fais en ce moment c’est passer en revu les terrains qui produisent mes futurs ingrédient...C’était même lui qui avait sans doute recommander mes services auprès du maître des lieux, mais comme je n’ai rencontré personne avant ce soir, je pense que cela a été traité à distance. Toutefois, il m’était apparu comme une révélation en repensant au fait que Junya ne m’ait pas dit avoir déjà rencontré monsieur Dwight Hodgkin, aussi, il me paraissait évident que Rosalie avait dû faire transiter la recommandation.
Ôkamiô ▬ Tu pourrais lui parler de moi non ? Ca serait pas mal de m’introduire qu’es-ce t’en pense ?Je pris le temps de détailler à nouveau mon amie qui était plus belle que jamais. Ne sachant pas quand nous nous reverrions après cette soirée, je voulais ancrer son image dans mon esprit le plus possible. Je décidai ensuit de faire un peu d’humour, bien que ce n’était pas vraiment mon fort.
Ôkamiro ▬ Honnêtement je préfère pas. Pas tout de suite. Déjà comprendre que celui qu’elle a connus était divisé en deux aujourd’hui est une chose, mais comprendre que ces deux personnalités peuvent en plus s’harmoniser et tout le bordel… je pense qu’on va garder tout ça pour un autre soir… mais oui.. un jour faudra bien qu’on te présente...
Ôkamiro ▬ Alors dit moi Rosie, comment une diva de la scène vampire occupe son temps de nos jours ?
“Enfance brisé et renouveau”
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Mar 29 Jan 2019 - 22:34
« Une sangsue, c’est vraiment comme ça que tu te vois ? Franchement, promise à incarner la perfection physique humaine, avec ton esprit si vif, tu es bien loin d’une simple sangsue. »
Il ne comprenait pas. C’était bien normal. Je supposai qu’il fallait vivre en tant que vampire pour saisir la nuance. Je le mis en garde, bien qu’en tant que lycan, il ne risquait plus grand-chose de la part de mes semblables.
« La perfection des traits des vampires n’est pas ce que tu crois. C’est une arme, au même titre que nos crocs ou que les pouvoirs des aristos. »
Je me penchai vers lui, glissant mon index sous son menton.
« C’est une beauté traîtresse, censée servir à attirer nos proies, comme la lumière qu’émet la baudroie. Tu ne peux plus réellement être une proie, mais si tu fais carrière parmi les vampires, ne te laisse pas tromper par nos artifices. »
Je me redressai dans mon fauteuil avec un sourire et but une nouvelle gorgée de ce délicieux breuvage. Certes, le changement n’avait pas été pour me déplaire, au début du moins. Quelle diva n’aurait pas été ravie par la correction des moindres défauts de son visage, par l’embellissement de ses formes, par le fait que tous semblaient sous mon charme d’un simple regard ? J’avais mis du temps à comprendre que ce n’était qu’un vice des vampires parmi d’autres. Une dernière tentation pour des humains imprudents. Venant de la part de quelqu’un qui avait souvent péché par luxure, cette façon de voir les choses pouvait paraître étrange, je le concevais, mais le péché de chair, lui, ne tuait personne.
« Super cuisinier… merci. Je ne suis pas des plus occupé en ce moment…. Je travaille pour Junya Ryan principalement pendant qu’il fait construire mon futur restaurant à Nakanoto. Tout ce que je fais en ce moment c’est passer en revue les terrains qui produisent mes futurs ingrédients... »
Pour Junya Ryan ? Alors ça, c’était une surprise. C’était un des rares vampires contre lesquels je n’avais pas spécialement de grief. On pouvait même dire que je l’appréciais, mais c’était surtout parce qu’il savait mettre les convenances guindées de la société vampirique de côté dès que c’était possible. Je devinais même que toutes ces simagrées du Sénat l’ennuyait profondément. J’avais rarement vu un homme qui semblait aussi pressé de quitter son rôle de sénateur. Nous avions été amants une ou deux fois par le passé, sans doute avant qu’il embauchât Ôka. Le vampire blond savait s’amuser sans que j’eusse à m’inquiéter des retombées sentimentales par la suite. Mais il était beaucoup plus sage ces derniers temps. La rumeur courait qu’il avait trouvé une partenaire exclusive, mais j’avais bien du mal à l’imaginer s’enfermer dans une relation de couple. Cela dit, il y a une décennie ou deux, je l’imaginais tout aussi mal adopter un jeune vampire. En tout cas, ça ressemblait à ce bon-vivant d’embaucher un des meilleurs cuisiniers pour son confort personnel, quitte à lui promettre une récompense bien au-delà des tarifs habituels. Le rêve d’Ôka semblait bientôt totalement accompli. N’était-ce pas ce que souhaitait tout cuisinier que d’avoir son propre restaurant ?
« Toutes mes félicitations pour ta réussite proche. C’est un sacré mécène que tu as là. »
En même temps, n’était-il pas venu cuisiner ce soir ? Il n’était pas surprenant qu’il cuisinât pour d’autres chefs de clan. Ôka m’observait de manière un peu insistante. Il n’avait pas écouté mon conseil, manifestement. Cependant, je m’en sentais quelque peu flattée.
« Alors dit moi Rosie, comment une diva de la scène vampire occupe son temps de nos jours ? »
Je levai les yeux, réfléchissant à ma réponse.
« Ma foi, pas si différemment qu’avant en vérité. Je passe toujours beaucoup de temps à travailler le chant et le piano. J’ai juste de moins bonnes fréquentations. Et je fais régulièrement des aller-retours entre ici et Nakanoto pour représenter Bradley. C’est là-bas que je chante, généralement, au passage. Je suppose que tu y habites, si tu sers Junya Ryan ? »
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Mer 30 Jan 2019 - 16:16
Mon amie avait un avis bien mélancolique sur sa situation, à se comparer ainsi à une baudroie des abysses avec sa lanterne dans le but d’attirer ses proies sans efforts dans un monde de ténèbres. J’espérai intérieurement qu’elle ne se voyait pas en train de déambuler dans un monde froid et dépourvu de toute lumière comme le poisson auquel elle comparait sa beauté. Bien évidemment elle ne comparaît pas sa beauté à celle d’une baudroie, ce poisson était d’une laideur extérieure rarement atteinte dans le monde animal. Toutefois, cela me chagrinait de la voir ainsi prendre au pied de la lettre ma façon d’essayer de trouver du bon dans sa nature. Evidemment qu’il n’y avait pas que du bon à être éternellement jeune avec la perfection des traits humains car le deuil était une habitude de vie alors, condamnée à voir disparaître tous ses proches comme je l’ai été également. Toutefois, il faut aussi avouer qu’il y a pire dans le monde que de vivre éternellement. J’avais entrepris des voyages aux quatre coin du monde pendant ce siècle pour m’imprégner de toutes cultures possibles et leur cuisine. Cela m’avait conduit à visiter des régions ravagées par la maladie comme en Afrique où certaine épidémie restent mortelles. Elle comme moi étions étrangers à cette mortalité, cette si fragile que cultivaient les humains et que nous avions avant notre changement.
Ôkamiô ▬ Je suis d’accord avec toi mon loup, elle est bien tristoune cette petite ! Il faut faire un peu d’humour...A dire vrai, je n’étais pas des plus persuadé que cela allait marcher et qu’elle comprendrait ce que je voulais lui faire passer comme message. Ma tendre Rosalie, elle qui était si gentille et en même temps si triste de ne pouvoir arriver à vivre ses rêves, partie pour Paris pour y parvenir… Aujourd’hui elle était habitée par la mélancolie, le deuil d’une carrière qu’elle n’avait pas pu vivre. En réalité, elle n’avait pas fait le deuil de son humanité encore, c’était ça son problème. Se cachant derrière un humour fin et acerbe, elle se cachait derrière son apparence de diva de la scène, vivant sa vie comme un pastiche de ce qu’elle aurait pu être, elle oublie qu’elle peut encore la vivre. J’ai mis du temps à passer le cap et à voir les choses sous un autre angle.
Ôkamiro ▬ Je pense que tu dramatise un peu… la lumière de la baudroie attire ses proies, cachant sa laideur réelle derrière un artifice comme tu dit… mais malgré la laideur avec laquelle tu visualise le visage de la baudroie… en tant que cuisinier je sais que ce poisson et sa famille cache sous la laideur et la complexité de sa préparation, un met des plus fins… C’est pareil pour les vampires… il faut parfois aller chercher en profondeur pour sortir le trésor qui se cache...
Ôkamiô ▬ C’est un peu mélo… mais c’est pas mal ! Bien joué mec !
Ôkamiô ▬ Grâce à moi !Ce n’était pas totalement en fait et je devais bien avouer que sans toi mon ami, je ne serais pas celui que j’ai pu devenir et que mon amie avait en face d’elle en cette soirée de retrouvailles. Je me suis construit avec l’idée que l’humain aimait les stars, mais aussi que les cultures ne communiquent jamais entre elle ou presque. Il suffisait de changer de nom et de modifier quelques détails de coiffures pour qu’on ne vous reconnaisse pas à l’autre bout du monde. C’est ainsi que j’ai pu faire de multiple carrières à travers le temps sans jamais que cela ne se voit. Oh bien entendu il y a toujours les conspirateurs qui voient juste lorsqu’ils cherchent, mais leurs recherches ne fissurent jamais le voile d’incrédulité de l’humanité. Si elle remontait la pente en bas de laquelle elle se trouvait, je suis convaincu qu’elle pourrait faire sa carrière ce siècle sans aucun problème. Nous sommes pas obligé de rester dans l’ombre tant qu’on gère sa notoriété et qu’on sait quitter la lumière assez vite pour en gagner une autre.
C’est ainsi que nous en sommes venu au mécénat de Junya...
Ôkamiro ▬ Oui c’est vrai… Enfin ce ne sera pas mon premier restaurant… mais sa générosité m'arrange, car le matériel n’est pas évident à faire importer… En soi, j’ai décidé de faire une carrière invisible justement, dédié aux êtres surnaturels...J’espérai bien qu’elle puisse venir à ce restaurant lorsqu’il serait ouvert enfin et pourquoi pas même y venir chanter puisqu’elle pratiquait encore le chant et le piano. Chantant à Nakanoto, pourquoi ne pas faire honneur à mon futur établissement ?
Ôkamiro ▬ J’espère que tu viendras chanter dans restaurant lors des grandes occasion alors ! M’écriais-jeJe ne pouvais pas lui dire que j’étais un sans domicile fixe pour l’instant et que je me contentais de zoner ici et là en ville. Enfin, ça c’était dans les faits, car bien entendus, j’avais une chambre qui m’était réservée au domaine Ryan, mais je n’aimais pas trop abuser de sa gentillesse.
Ôkamiro ▬ A vrai dire, je tourne dans différents hotel le temps que tout soit construit oui… On pourrait se voir la prochaine fois que tu y sera… si tu le veux...Ma vie n’était pas triste du tout en fait, bien au contraire, elle était très enviable de l’extérieur. Je me souciais de tellement peu de choses qu’un modeste hôtel était bien suffisant. J’avais au gré de restaurant que j’avais acquis puis revendus lorsque je devais partir, ou les différents héritages touchés à l’époque ou encore les prix et les placements, accumulé une vaste fortune qui me permettait aisément de vivre comme un roi. Toutefois, j’ai préféré investir dans du terrien à Nakanoto pour repenser l’agriculture là-bas et produire des produits d’exception. Mais ma vie était maintenant à un tournant, j’avais retrouvé une amie d’enfance que je voulais garder prêt de moi.
Ôkamiro ▬ J’aimerai beaucoup qu’on ne se quitte plus...
Ôkamiô ▬ Tu t’entends parler des fois !! corrige toi !!
Ôkamiro ▬ Je veux dire, qu’on garde contact après cette soirée...
“Enfance brisé et renouveau”
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Dim 24 Fév 2019 - 0:33
« Je pense que tu dramatises un peu… la lumière de la baudroie attire ses proies, cachant sa laideur réelle derrière un artifice comme tu dis… mais malgré la laideur avec laquelle tu visualise le visage de la baudroie… en tant que cuisinier je sais que ce poisson et sa famille cache sous la laideur et la complexité de sa préparation, un met des plus fins… C’est pareil pour les vampires… il faut parfois aller chercher en profondeur pour sortir le trésor qui se cache... »
C’était joliment dit, mais ce n’était qu’un beau discours. La comparaison avec la baudroie était censée s’arrêter à nos techniques de chasse. Trop chercher à filer les métaphores nuisaient lourdement à la cohérence… Je laissai tomber, pour le moment en tout cas. Il voulait manifestement me remonter le moral, et c’était tout à son honneur, mais lui n’était pas prêt à entendre mes mises en garde.
« Enfin ce ne sera pas mon premier restaurant… mais sa générosité m'arrange, car le matériel n’est pas évident à faire importer… En soi, j’ai décidé de faire une carrière invisible justement, dédié aux êtres surnaturels... »
Ça, c’était bien futé, en soi. Si on ne pouvait pas se rendre trop connus des humains et faire une longue carrière, faire le choix de se rendre connu chez les vampires – et les lycans, je supposais, vu qu’il parlait d’êtres surnaturels – était la meilleure façon de faire carrière pour un immortel. Le bouche à oreille prenait une toute autre dimension, quand chaque client satisfait pouvait faire tes éloges durant des siècles, et il n’y avait plus rien à cacher. J’aurais peut-être pu faire pareil, mais l’ambiance aristocratique dans laquelle j’évoluais n’était pas celle que je recherchais pour mes concerts. Le jazz était encore un style de musique fort récent pour la plupart des vampires, et tous ne l’appréciaient pas forcément. Le classique avait toujours une place de choix dans ce monde. De plus, pour les vampires, j’étais avant tout une sénatrice et les apparences étaient affreusement importantes. Beaucoup de nobles jouaient d’un instrument sur leur temps libre, mais si une chanteuse à succès prenait la place d’un chef de clan à une réunion du Sénat, cela n’aiderait pas ma crédibilité. Déjà qu’elle était bien affectée par mon statut de level D…
« J’espère que tu viendras chanter dans restaurant lors des grandes occasions alors ! »
Je ne voyais cependant pas d’inconvénient à venir chanter de temps en temps dans son restaurant, tant que ce n’était pas trop fréquent. Je lui souris.
« Bien sûr, si tu veux ! Mais il faut que tu saches que j’ai laissé le chant lyrique un peu de côté peu de temps après mon départ. J’espère que tu aimes le jazz. »
Je lui adressai un clin d’œil. Enfant, je rêvais de devenir une célèbre cantatrice et c’était pour cela que j’avais fugué. Cependant, arrivée à Paris, l’opéra avait refusé de m’auditionner. Non seulement j’étais trop jeune, mais il fallait aussi pour cela l’appui du conservatoire de Paris, coûteuse et prestigieuse école. Autant dire que c’était hors de portée d’une fillette fugueuse. J’avais fini par découvrir le jazz en faisant la plonge dans un cabaret et c’était dans ce style que j’avais bien failli devenir une star, il y avait bien longtemps.
« A vrai dire, je tourne dans différents hotel le temps que tout soit construit oui… On pourrait se voir la prochaine fois que tu y sera… si tu le veux... J’aimerai beaucoup qu’on ne se quitte plus... Je veux dire, qu’on garde contact après cette soirée... »
« Oui, bien sûr, pas de souci ! Ça me changera de tous ces vieux croulants. Et j’espère que tu viendras me voir sur scène. Ce n’est que dans des petits bars, mais ça vaut le détour, » dis-je avec toute la modestie qui me caractérisait.
Son lapsus était touchant. Peut-être qu’il avait pensé à moi, ce dernier siècle. Personnellement, je n’avais pas oublié, mais dire que j’avais pensé à lui était un peu fort. Il était devenu juste un important souvenir d’enfance. Il était censé être mort après tout.
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