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Mer 20 Avr 2016 - 20:00
8h50. Le cours de chimie n'allait pas tarder à commencer. Anzu se leva péniblement du banc sur lequel elle végétait depuis maintenant plus d'une heure. Elle avait passé tout ce temps à observer cette fourmilière humaine géante qui s'activait dans plusieurs directions, dans tous les sens, qui formait et déformait des nœuds d'énergie avec toujours ce brouhaha incessant que produisaient leurs conversations souvent inutiles. Parmi ces individus, elle y décelait bien souvent deux formes d'aura différentes. Une qui appartenait aux vampires et le reste aux humains. Face à cette constatation, la louve avait poussé un profond soupir. Cela faisait quelques années qu'elle étudiait ici et jamais elle n'avait encore trouvé une odeur semblable à la sienne. A croire que les Lycans préféraient ne pas se mêler à cette foule mixte. La demoiselle s'empara ensuite de son sac avant d'emprunter le couloir qui menait à sa salle de classe.
Lorsqu'elle fit irruption dans le couloir, elle planta son regard loin devant elle pour ne pas avoir à croiser celui des autres. Anzu semait toujours des murmures et des interrogations à chacun de ses passages, il lui fallait à tout prix garder une contenance pour ne pas laisser transparaitre sa tristesse face à ce comportement grotesque. Elle entendait leur jugement rien qu'à travers leur regard réprobateur. Les étudiants la trouvaient bizarre. Sa présence les mettait mal à l'aise. Mais ce qui les dérangeait le plus, c'était ses yeux d'un bleu vif sans pupilles qui, chaque fois qu'ils les fixaient, donnaient étrangement le vertige. Personne n'aimait la regarder dans les yeux. Depuis son arrivée ici, personne n'avait osé la regarder dans le blanc de l'oeil plus de trois secondes d'ailleurs. Tandis qu'elle s'avançait avec précipitation vers le groupe d'élèves pour ne pas avoir à rester trop longtemps avec, ils s'écartèrent tous sur son passage avant de refermer le vide qu'elle avait laissé derrière elle. Elle entra ensuite dans la salle de cours discrètement puis se dirigea comme d'habitude, au fond de la classe. Mais alors qu'elle sortait ses affaires, elle sentit un regard insistant s'attarder sur elle. Bien que ce ne soit pas la première fois qu'on la fixe, elle ressentit pour la toute première fois, une sensation étrange et particulière. Curieuse, elle tourna alors la tête vers l'individu en question. Elle mit ensuite le bout de son crayon dans sa bouche avec nonchalance (et un brin de provocation) en l'observant de ses grands yeux bleus lasses.
"Qui est-ce ?" se demanda t-elle alors.
Lorsqu'elle fit irruption dans le couloir, elle planta son regard loin devant elle pour ne pas avoir à croiser celui des autres. Anzu semait toujours des murmures et des interrogations à chacun de ses passages, il lui fallait à tout prix garder une contenance pour ne pas laisser transparaitre sa tristesse face à ce comportement grotesque. Elle entendait leur jugement rien qu'à travers leur regard réprobateur. Les étudiants la trouvaient bizarre. Sa présence les mettait mal à l'aise. Mais ce qui les dérangeait le plus, c'était ses yeux d'un bleu vif sans pupilles qui, chaque fois qu'ils les fixaient, donnaient étrangement le vertige. Personne n'aimait la regarder dans les yeux. Depuis son arrivée ici, personne n'avait osé la regarder dans le blanc de l'oeil plus de trois secondes d'ailleurs. Tandis qu'elle s'avançait avec précipitation vers le groupe d'élèves pour ne pas avoir à rester trop longtemps avec, ils s'écartèrent tous sur son passage avant de refermer le vide qu'elle avait laissé derrière elle. Elle entra ensuite dans la salle de cours discrètement puis se dirigea comme d'habitude, au fond de la classe. Mais alors qu'elle sortait ses affaires, elle sentit un regard insistant s'attarder sur elle. Bien que ce ne soit pas la première fois qu'on la fixe, elle ressentit pour la toute première fois, une sensation étrange et particulière. Curieuse, elle tourna alors la tête vers l'individu en question. Elle mit ensuite le bout de son crayon dans sa bouche avec nonchalance (et un brin de provocation) en l'observant de ses grands yeux bleus lasses.
"Qui est-ce ?" se demanda t-elle alors.
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Sam 23 Avr 2016 - 17:31
Le pensionnat. Qu'est-ce que je faisais devant le portail ? Et à une heure pareille ... Ah, c'est vrai. Je n'avais pas pu refuser ce stupide défi. Si on pouvait appeler cela ainsi.
Tout avait commencé par une dispute avec l'un de mes frères. L'important n'est pas la raison de cette dispute parmi tant d'autres, mais plutôt qu'il finit par me dire de retourner terminer mes études, avant de lui faire la leçon. C'était peut-être sa façon de montrer son inquiétude, à me voir obsédé par mon travail jusqu'à en mettre de côté ma santé. Les souvenirs associés à cette époque étaient si douloureux que je lui laissai le dernier mot. En vérité, en réfléchissant aux faits avérés, il avait raison sur un point, sans même le savoir. Je n'avais pas réellement refermé ce chapitre de ma vie. Ce serait accepter que je ne reverrais sans doute jamais ma petite sœur, cet endroit étant celui où nous avions partagé le plus de temps. J'avais finalement pris ma décision après m'être confié à Jess, qui m'appuyait comme toujours, passant quelques coups de fils pour obtenir la permission de passer. Tant pis pour les conditions inévitables, au moins je devrais réussir à retrouver le sommeil au cours des jours suivants. Et voilà donc où je m'en trouvais à présent, incertain de si oui, ou non, c'était finalement une bonne idée. Seulement, c'était peut-être ma seule chance de repasser ici sans avoir à croiser qui que ce soit qui saurait me reconnaître.
J'essuyai la sueur qui me collait au front d'une main un peu tremblante après avoir refermé la porte du pavillon derrière moi. Voilà ce que cela faisait, passer ses journées enfermé entre quatre murs. Ma résistance au soleil s'en trouvait affaiblie, et ma santé avec. Ou alors, c'était cette nouvelle habitude malsaine de ne pas me nourrir correctement. Le plus vite j'aurais terminé cette visite, mieux je me porterais. Je devais m'accrocher à cet espoir. De toute façon, les lieux que je fréquentais autrefois n'étaient pas très nombreux. Peut-être devrais-je commencer par aller saluer le directeur et le remercier ? Ce serait la moindre des choses, je suppose. Cependant, en chemin, je m'arrêtai devant l'une des salles de classe dont la porte était ouverte. J'avais prévu de passer par l'une d'elles. Aussi bien le faire maintenant. Pour prouver que mon frère avait tort, pour vérifier si mes souvenirs étaient intacts, pour voir tout simplement si les installations avaient changé ? Peut-être un peu de tout cela à la fois... Perdu dans mes pensées, je ne me posai pas de questions sur la raison pour laquelle la porte était ouverte. Pas de professeur à l'horizon pourtant. Bah, un simple oubli n'était pas impossible non plus, n'est-ce pas ?
J'aurais dû me montrer plus prudent. J'étais en train d'examiner les livres placés à l'arrière de la classe, des manuels de référence sans doute, lorsque je sentis une présence non loin, en plus de devoir supporter les craquements du plancher. Je me figeai un moment, mais cette personne ne semblait pas m'avoir remarqué, et elle était seule, donc je retrouvai mes moyens bien rapidement, me contentant de me tourner vers elle pour la dévisager un moment. Cette fille ... Son odeur n'était pas tout à fait humaine, pourtant, ce n'était pas non plus celle d'une des nôtres. Se pouvait-il alors, qu'elle soit l'une de ces nouvelles créatures dont la rumeur se faisait entendre ? Une autre invention tordue de nos créateurs... Peut-être devrais-je tenter d'en savoir plus à ce sujet, maintenant que cela ne se résumait plus à une rumeur. C'est alors qu'elle se retourna, son regard rencontra le mien. Oh. Oh non. Je posai ma main contre ma poitrine, comme pour m'assurer que mon cœur allait y rester. Pourtant, c'est un large sourire qui s'étendit sur mon visage, un rire franc me prenant la gorge. Ce n'était pas souvent que les gens réussissaient à me surprendre autant, exception faite de mon adorée. Même lorsque je n'utilisais pas mes illusions, ils semblaient tous réglés comme des horloges, prévisibles et terriblement ennuyants. Rien que pour cela, ma visite en valant amplement la peine. Je repris mon souffle avant de me redresser vers la demoiselle, soutenant son regard particulier du mien, toujours avec ce sourire idiot. Il aurait fallu que je lui dise quelque chose. N'importe quoi. La politesse ancrée au plus profond de mon être me hurlait de me justifier, une fois de plus. Le problème, c'est que je manquais de temps. Les bavardages dans le couloir ne me le rappelaient que trop bien. La classe allait bientôt commencer à se remplir, petit à petit. Ça, je n'aurais pas su le supporter. C'était trop me demander, après trop peu de temps. De toute façon, je n'en avais pas le droit. Sans doute me jugeait-on trop instable pour me faire véritablement confiance.
« Vous ne devriez pas malmener votre crayon de la sorte. »
Bra-vo. Une remarque presque intelligente, et très pertinente ! Voilà de quoi la convaincre qu'on ne laissait pas n'importe quel fou se promener librement dans cette académie. Mais c'était mon côté artiste qui avait pris le dessus, les instincts ressortant alors que j'étais poussé par le cliquetis des aiguilles, je n'y pouvais pas grand-chose. Je la dépassai pour rejoindre le cadre de la porte, lui envoyant un simple salut horriblement désinvolte de la main sans me retourner avant de les remettre dans mes poches, comme si rien de tout cela ne m'importait vraiment. Son cours allait commencer, non ? Pas besoin d'effacer ma trace alors. Elle, tous les autres ... Quelle différence, après tout ? D'accord, faire le mur était pratique commune chez les étudiants, à moins que les mœurs aient déjà eu le temps de changer, mais j'étais juste le type que tout le monde évitait, consciemment ou non. Je m'étais fait à l'idée que c'était ainsi que tournait ce monde cruel. Je devais être maudit jusque dans mes gènes, né sous une mauvaise étoile. Ou alors, c'était juste à cause de ma différence trop prononcée. Le résultat restait le même.
Hrp ; En espérant que tu veuilles bien de moi !
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Lun 25 Avr 2016 - 20:07
L'individu en question finit alors par croiser son regard. Un éclair de surprise passa dans les yeux de la Lycane. A son grand étonnement, l'homme lui offrit un grand sourire. La plupart du temps, n'importe quelle personne se serait contentée de détourner les yeux comme s'il ne l'avait pas vu ou bien de baisser la tête. Pour la première fois depuis qu'elle a commencé ses études, Anzu eut tout simplement l'impression d'exister. Ou tout du moins d'être un peu moins transparente. Cette sensation, bien que minime, lui réchauffa cependant le cœur. Cela faisait bien des années qu'elle n'avait pas ressenti une chose pareille. La jeune femme se mit alors à fouiner dans sa mémoire, à la recherche de quelques souvenirs de ce visage pâle, de cet accoutrement particulier et de cette tignasse blonde, qu'elle aurait pu rencontrer dans la rue, ou même dans un autre temps. Mais malgré son esprit vif, aucun fragment d'image ne lui revenait. De nature méfiante, elle se mit à analyser les odeurs qui tournaient dans les airs. A ses naseaux, cet homme s'avérait être un vampire, sûrement d'un rang assez important vue ses vêtements. A cette constatation, son corps se raidit malgré elle. Mais tandis que son instinct naturel méfiant se manifestait, sans qu'elle s'y attende, celui-ci lui fit la remarque comme quoi il ne fallait pas maltraiter son crayon de la sorte, toujours ce sourire qui lui paraissait un peu gêné, accroché aux lèvres. Anzu, confuse, retira immédiatement le bout de bois d'entre ses dents, ayant totalement oublié qu'il y était. Tandis qu'elle reprit rapidement ses esprits, l'homme lui tournait déjà le dos et lui fit un salut, ce qu'elle considérait comme un au revoir. "Que faire ?" se demanda t-elle. "Le retenir ? Mais pourquoi ?" Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas eu de rapports normaux avec ceux qui l'entouraient. Elle se sentait seule, à l'étroit dans ce petit monde où elle ne trouvait pas sa place. Elle passait son temps à se faire observer d'un œil mauvais et inquiet à chaque endroit où elle passait. Pour la première fois, on daignait lui accorder un sourire, quelques mots... Juste un petit d'importance. Pour la plupart des gens, c'est sûrement un échange tout à fait banal mais pour elle... Pour elle, c'était presque trop beau pour être vrai. La classe commençait à se remplir. Il fallait réagir vite. Alors qu'il allait passer l'encadrement de la porte, elle prit une voix assurée malgré sa nervosité et s'essaya à lui répondre.
<< Peut-être devriez-vous vous joindre à moi afin de veiller à ce que je ne le maltraite pas plus ? >>
Le propre son de sa voix lui procura une sensation bizarre, comme si elle-même ne s'était pas entendue parler depuis des lustres. Comme si l'ignorance des autres avait fini par réellement l'effacer de ce monde et qu'elle se rendait compte qu'elle en faisait encore malgré tout partie. L'éclat éteint de ses yeux bleus finit lui aussi, par se remettre à scintiller timidement.
Hrp ; je veux bien de toi !
<< Peut-être devriez-vous vous joindre à moi afin de veiller à ce que je ne le maltraite pas plus ? >>
Le propre son de sa voix lui procura une sensation bizarre, comme si elle-même ne s'était pas entendue parler depuis des lustres. Comme si l'ignorance des autres avait fini par réellement l'effacer de ce monde et qu'elle se rendait compte qu'elle en faisait encore malgré tout partie. L'éclat éteint de ses yeux bleus finit lui aussi, par se remettre à scintiller timidement.
Hrp ; je veux bien de toi !
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Mar 24 Mai 2016 - 8:28
Une voix s'éleva dans la salle de classe alors que j'allais sortir. Je supposais qu'elle appartenait à la demoiselle qui avait piqué ma curiosité. Après tout, elle venait de faire référence aux paroles que je lui avais adressé. Elle soulevait un bon point, d'ailleurs. C'était un prétexte, bien sûr, pour elle, comme pour moi, une fois de plus, mais peu importe. Alors ? Partir ou rester ? Dilemme. Cela pouvait très bien être un piège. J'avais entendu de ces histoires. Et puis cette école avait le don d'attirer un paquet de monde tordu, en accueillant des prédateurs naturels. Même entre semblables, ici comme ailleurs, on ne pouvait être sûr de rien. Et puis, j'avais encore tant de lieux à parcourir...
Ah ! Quelle farce, tout cela ! J'avais ramené tous mes effets personnels en quittant les dortoirs et Akahime en avait fait de même quelques semaines plus tôt. Cela ne ferait-il pas qu'accroître davantage la souffrance et la folie, en m'enfermant dans mes souvenirs ? Il n'y avait que la salle de musique qui m'avait véritablement manqué. Dessiner, ça, je pouvais le faire n'importe où. Oh, je n'aurais échangé notre piano familial pour rien au monde, seulement, se le partager, ce n'était jamais simple. En plus, ici, on pouvait souvent trouver quelqu'un pour nous accompagner. Les sons étaient bien plus agréables lorsqu'ils se mêlaient à d'autres, et faute de pouvoir savoir m'exprimer sans maladresses, je pouvais au moins avoir l'illusion de tisser de biens maigres liens dans ces moments, qui me suffisaient pourtant. Quant à ma sécurité, eh bien ... Je n'y avais jamais prêté grande attention, n'est-ce pas et je préférais juger par moi-même. Elle ne m'avait pas encore sauté à la gorge, à ce que je sache, quoique c'était peut-être parce que nous étions dans un lieu trop public. Rester m'attirer ait des ennuis, certes, mais ce n'est pas comme si ma réputation pouvait être pire, de toute façon.
Quelques chuchotements se répandirent autour de nous, de simples bourdonnements que je préférais ignorer, ils ne servirent qu'à me sortir de ma réflexion, vraiment. Je m'approchai simplement à nouveau jusqu'au bureau et ramassai le fameux crayon, le faisant rouler un peu entre mon pouce et mon index, décidant finalement de le garder, le faisant disparaître dans la poche de mon veston avec un sourire suffisant, fier de ma solution. Elle devait en avoir d'autres, de toute façon. Ce serait un souvenir de cette rencontre étrange.
« Vous n'avez pas remarqué ? Je ne porte pas l'uniforme. Votre professeur n'apprécierait pas ma présence. Il ne serait pas le seul. »
Ma voix était plus amère que je ne l'aurais cru. Ne m'étais-je donc toujours pas fait à cette vérité ? Il y avait un prix à tout, et le plus élevé était celui d'être honnête envers soi-même au dépens des autres. Comment faire autrement, lorsque le mensonge était plus douloureux ? Voilà quelque chose de concret, une question à creuser. Mais j'en avais déjà assez fait, assez dit. Je me contentais de la regarder, comme si je pouvais sonder son âme, découvrir ses intentions, ou même obtenir une réponse. Il lui faudrait mieux jouer, pour me retenir ici et me faire asseoir à ses côtés. À supposer que l'on ne me jette pas dehors sans plus de cérémonie, ce que j'aurais bien mérité. Pourquoi le devrais-je ? Outre la curiosité. Parce qu'elle était assez tendue pour que n'importe qui le remarque.
J'aurais pu aisément nous obtenir ce que nous désirions tous les deux, mais la vie n'était juste pour personne, après tout. De toute façon, dans mon état, il fallait mieux ne pas trop se fier là-dessus, sans compter que je ne dévoilerais pas toutes mes cartes à quelqu'un en qui je ne pouvais pas avoir confiance. Peut-être, au moins, réussirais-je à mettre le doigt sur ce qui n'allait vraiment pas, en m'écartant quelque peu de mes repères tirés à quatre épingles. Dans le cas contraire, la fuite restait toujours une option ! Pour l'heure, je ne pouvais pas la laisser sur cette vision vulnérable. On avait fait mieux en matière de premières impressions.
« Et il fallait que je tombe sur la chimie, bien sûr ... De mieux en mieux ! »
Le cynisme n'était pas tellement plus approprié, mais tant pis. Cela me démangeait depuis que j'avais jeté un regard rapide à ses livres, tout à l'heure. C'était pile le genre de cours auxquels on faisait référence en me faisant la morale ...
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Mar 7 Juin 2016 - 2:50
Le jeune homme marqua un temps d'arrêt au son de sa voix. Aux traits de son visage, la demoiselle remarqua aisément qu'il était de nouveau reparti dans ses songes ou tout du moins dans une réflexion qui lui était alors inconnue. Ce qui la fit sourire légèrement. Ce garçon avait l'air souvent dans la lune, ou était-ce seulement un moyen d'échapper à cette situation qui le mettait peut-être mal à l'aise ? Tandis qu'elle continuait à le dévisager, les murmures de ses camarades commencèrent à s'élever autour d'eux. La louve détacha alors ses yeux du vampire pour jeter un regard bien senti sur ces curieux méprisables. Le blondinet fut soudainement tiré de ses rêveries et se dirigea d'une allure délicate vers le bureau d'Anzu. D'un geste adroit, il ramassa l'objet convoité et le dissimula dans l'une de ses poches pendant que la Lycane le regardait faire son petit tour de passe-passe, amusée. Mais ce petit divertissement fut vite dilué par l'intonation coupante du garçon, qui ne manqua pas de faire remarquer qu'il ne portait pas le costume de l'établissement et qu'il n'était pas tellement le bienvenu. Anzu marqua un temps face à ces propos. Il ne semblait pas être le genre de personnage à se conformer à des principes aussi douteux que pathétiques. Le vampire lui apparaissait maintenant comme une ombre fuyante, qui ne souhaitait plus que courir à d'autres endroits plutôt que de rester ici. Elle aurait bien voulu lui dire, que sa place était là où il avait envie d'être, qu'importe les réprobations d'autrui ou même les regards indiscrets. Qui étaient-ils pour juger ?
Le moral d'Anzu chuta d'un étage. Ca avait toujours été ainsi. A travers l'image de cet homme qu'elle ne connaissait même pas, elle revisualisait la terrible sensation d'avoir été collée à un décor comme une pièce qu'on essaie de rattacher sans grande conviction à un tableau dans lequel on ne tient pas sa place. D'être un morceau de papier décollé, qui aurait appartenu à une autre feuille mais qui aurait atterri là, sans trop savoir comment, sans trop savoir pourquoi, mais qui essaie de s'accrocher plus que tout, juste pour avoir un endroit où reposer. Un endroit comme cette école qui n'était pas son territoire. Comme cette salle de classe où deux individus qui ne se connaissent pas, essaient tout de même de créer des liens qu'on aurait pris plaisir à couper depuis leur naissance.
Elle entendit alors le prince râler. Apparemment, il ne semblait pas affectionner la chimie. Ce qui lui fit ouvrir de grands yeux ronds avant de prononcer un petit rire sincère qu'elle dissimula derrière ses longs cheveux.
La chimie avait toujours été une passion pour elle et faisait partie intégrante de ses objectifs. C'est sa mère qui lui avait transmis le goût de créer et modifier à partir de molécules, en procédant à de petites expériences mignonnes. Mais derrière ces manipulations, beaucoup moins dérisoires que de faire changer un papillon de couleur, Anzu ne manquait jamais d'oublier comment les Lycans, ses ancêtres et même ses parents, ont été créés. Les codes, les chiffres, les formules... La chimie avait aussi ce pouvoir dangereux de destabiliser un univers entier, pouvant aller jusqu'au Chaos même. Mais elle avait aussi le pouvoir de rectifier un tir qui a largement été déporté. La chimie, c'était plus qu'une vocation chez elle. C'était ce pour quoi elle était ici, toujours debout, dans les traces de sa mère. C'était un besoin, un rêve, une obsession que de pouvoir sauver des vies, ses congénères laissés aux mains de chasseurs qui ne cherchaient pas à comprendre la douleur d'un loup inachevé auquel on aurait arraché le choix d'être ou de ne pas être. De n'être seulement que l'ombre de soi-même pour finir par se perdre dans sa propre obscurité.
« Mépriser la chimie, c'est mépriser l'idée d'un avenir meilleur. Ou au contraire d'un avenir peu scrupuleux. Dans tous les cas, c'est minimiser son importance au rang de simple matière barbare »
Anzu se cala alors au fond de sa chaise avec un air sarcastique accroché au visage. Elle pouvait aisément comprendre pourquoi les gens n'appréciaient pas cette matière, mais elle n'acceptait pas pour autant qu'on la néglige. Machinalement, elle s'empara au passage d'un stylo, planqué dans sa trousse histoire de se donner une contenance et s'adressa de nouveau au garçon.
« Et pour votre présence, ne vous en souciez pas. Si vous avez peur d'eux, dites-vous qu'ils ont encore plus peur de moi. »
A ces mots, elle fit cliqueter le bout de son crayon avant de lui décocher un sourire radieux. Après tout, cela reste la vérité. On ne lui fera aucune remarque.
Le moral d'Anzu chuta d'un étage. Ca avait toujours été ainsi. A travers l'image de cet homme qu'elle ne connaissait même pas, elle revisualisait la terrible sensation d'avoir été collée à un décor comme une pièce qu'on essaie de rattacher sans grande conviction à un tableau dans lequel on ne tient pas sa place. D'être un morceau de papier décollé, qui aurait appartenu à une autre feuille mais qui aurait atterri là, sans trop savoir comment, sans trop savoir pourquoi, mais qui essaie de s'accrocher plus que tout, juste pour avoir un endroit où reposer. Un endroit comme cette école qui n'était pas son territoire. Comme cette salle de classe où deux individus qui ne se connaissent pas, essaient tout de même de créer des liens qu'on aurait pris plaisir à couper depuis leur naissance.
Elle entendit alors le prince râler. Apparemment, il ne semblait pas affectionner la chimie. Ce qui lui fit ouvrir de grands yeux ronds avant de prononcer un petit rire sincère qu'elle dissimula derrière ses longs cheveux.
La chimie avait toujours été une passion pour elle et faisait partie intégrante de ses objectifs. C'est sa mère qui lui avait transmis le goût de créer et modifier à partir de molécules, en procédant à de petites expériences mignonnes. Mais derrière ces manipulations, beaucoup moins dérisoires que de faire changer un papillon de couleur, Anzu ne manquait jamais d'oublier comment les Lycans, ses ancêtres et même ses parents, ont été créés. Les codes, les chiffres, les formules... La chimie avait aussi ce pouvoir dangereux de destabiliser un univers entier, pouvant aller jusqu'au Chaos même. Mais elle avait aussi le pouvoir de rectifier un tir qui a largement été déporté. La chimie, c'était plus qu'une vocation chez elle. C'était ce pour quoi elle était ici, toujours debout, dans les traces de sa mère. C'était un besoin, un rêve, une obsession que de pouvoir sauver des vies, ses congénères laissés aux mains de chasseurs qui ne cherchaient pas à comprendre la douleur d'un loup inachevé auquel on aurait arraché le choix d'être ou de ne pas être. De n'être seulement que l'ombre de soi-même pour finir par se perdre dans sa propre obscurité.
« Mépriser la chimie, c'est mépriser l'idée d'un avenir meilleur. Ou au contraire d'un avenir peu scrupuleux. Dans tous les cas, c'est minimiser son importance au rang de simple matière barbare »
Anzu se cala alors au fond de sa chaise avec un air sarcastique accroché au visage. Elle pouvait aisément comprendre pourquoi les gens n'appréciaient pas cette matière, mais elle n'acceptait pas pour autant qu'on la néglige. Machinalement, elle s'empara au passage d'un stylo, planqué dans sa trousse histoire de se donner une contenance et s'adressa de nouveau au garçon.
« Et pour votre présence, ne vous en souciez pas. Si vous avez peur d'eux, dites-vous qu'ils ont encore plus peur de moi. »
A ces mots, elle fit cliqueter le bout de son crayon avant de lui décocher un sourire radieux. Après tout, cela reste la vérité. On ne lui fera aucune remarque.
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Dim 20 Nov 2016 - 17:24
Son rire me laissa perplexe quelques secondes, et mon visage devint encore plus grognon. Se moquait-elle de moi ? Ce n’était pas supposé être drôle, vraiment. Le simple mot me donnait la nausée. Ce n’était pas une question d’intelligence. Pendant les années qui avaient précédées sa disparition, père s’était mis un point d’honneur de nous inculquer à tous l’amour des connaissances, ne serait-ce que pour la curiosité que cela entraînait, et je portais cher en mon cœur les souvenirs des quelques parties d’échec qu’il m’accordait. J’avais même réussi haut la main les cours qui en composaient mon corpus. Non, le souci véritable était sans doute que mes souvenirs entre ces murs n’étaient pas des plus agréables, ainsi je ne possédais pas l’ambition de mes frères pour poursuivre au-delà des bases...
« Quelle importance, si personne ne suit les règles ? »
Loin de moi l’idée de croire que nous étions des erreurs de la nature, mais inutile de se voiler la face également. La réalité se pliait à la volonté des plus puissants d’entre nous, au-delà des simples lois de la physique. Et mon père en avait payé le prix cher. Quoi qu’il en soit, le mystère ne s’éclaircissait pas. Pourquoi était-elle toute seule ? Son visage n’était pas vilain, et si elle savait supporter ma présence, elle était bien capable d’en faire autant avec le plus banal étudiant qui pouvait parcourir ces halls. Ses opinions tranchées peut-être. Sans même avoir à poser la question, la réponse me fut offerte, ainsi que la plus grosse absurdité qu’il me fut donné d’entendre dans toute mon existence. Je dus déployer tous les efforts du monde pour qu’un rire bien trop malsain au vu de la situation ne secoue à nouveau de ma poitrine, mais un large sourire s’éprit de mes lèvres pâles. Moi ? Peur des humains ? Il y avait de quoi rire, vraiment. Outre le fait que je faisais partie de leurs plus horribles prédateurs, leur vie préservant la mienne, il ne fallait pas oublier que je me plaisais encore parfois à leur torturer l’esprit de promesses inachevées, bien que je n’avais jamais brisé ni tué personne, retenu par les principes qui m’avaient été inculqués depuis mon plus jeune âge. De plus, mon rang ne me protégerait pas des chasseurs élevés par les humains, si je devais pousser le vice trop loin.
« Je me demande, de qui de nous deux devraient-ils avoir le plus peur, alors. »
J'avais le don pour ajouter au sinistre de la situation. Mais si je quittais les lieux maintenant, au prix de ma fierté blessée, ce serait admettre le contraire. Il était donc trop tard pour reculer, à présent, alors aussi bien se fondre dans la masse tel que j'en avais l'habitude. Je m'assis à regret aux côtés de la jeune femme, ressortant le crayon que je lui avais volé ainsi qu'un carnet, certainement pas pour prendre des notes, mais plutôt pour avoir une échappatoire si jamais je m'ennuyais à mourir. J'avais au moins un avantage sur elle, si elle était appelée à répondre à une question, je pourrais connaître son nom. Peut-être était-ce idiot de voir cette simple rencontre comme une joute verbale, mais cela permettait au moins d'aiguiser mon intérêt. Malgré tout une pointe de remord m'envahit l'espace d'un instant, cette situation ne pouvant que me rappeler la mienne quelques années auparavant. Mais je ne pouvais pas rattraper les années que j’avais perdu, je ne pouvais que tenter d’avancer dans les ténèbres. Ce n’est pas comme si j’avais la fibre d’enseigner, après tout. Je n’en avais tout simplement pas la patience.
« Mais vous vous en doutiez déjà, n’est-ce pas ? »
Ainsi, je lui confirmais que je devinais sa nature, et je me doutais qu'il en allait de même de son côté. Ni un ni l'autre n'appartenions réellement à cet environnement porté par une vie tranquille. Peut-être pourrais-je rassasier un peu ma curiosité.
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Jeu 25 Mai 2017 - 0:47
Anzu ne manqua pas de remarquer les légers tressautements au niveau des épaules du personnage qui s'emparèrent de lui lorsqu'elle lui lança qu'il n'avait rien à craindre. Ce fut pratiquement imperceptible, signant l'effort surhumain qu'il avait dû faire pour ne pas lâcher un fou rire, mais elle savait remarquer les petites choses que personne ne semblait voir. Elle lui lança un regard un peu tranché en fronçant des sourcils. A vrai dire, il avait déjà eu la délicatesse de ne pas la faire passer pour une idiote, c'était déjà une bonne chose, quand bien même il y pensait fort. Instinctivement, elle se mit à croiser les bras. Elle n'appréciait pas qu'on puisse la considérer comme une imbécile, surtout pour une leadeuse de son rang. Mais soit.
Elle le laissa tout de même s'installer à côté d'elle, un peu touchée dans son égo. Mais lorsqu'il prit le temps de lui répondre, Anzu comprit immédiatement qu'il se doutait de quel côté elle était. Étrangement, cela lui fit plaisir et la rassura. C'était comme si les crises historiques s'étaient tues, juste pour laisser la place à cet instant, juste un temps; même si cela ressemblait à un semblant de conversation, il y avait un début à chaque grande époque.
Toutefois, la Lycane buttait sur ses propos. En y réfléchissant bien, il est vrai que la plupart des vampires considéraient les humains comme de parfaits casse croûtes. L'instinct, la nature, sûrement. Les suceurs de sang, les loups garous... Tout ce beau monde était placé à l'échelle de prédateurs, et toutes ces petites chairs roses en étaient les proies. Mais si elle avait fait cette réflexion, ce n'était pas pour rien. Anzu se méfiait des hommes comme de la peste, sûrement plus encore que ses adversaires. La demoiselle détourna son attention du blond qui sortit nonchalemment un carnet et son stylo puis observa tranquillement la classe qui s'étalait devant elle. Elle ne pensait pas forcément à tous ces innocents (ou plutôt inconscients) là. Mais elle avait déjà maintes fois eu le temps d'observer leur comportement au quotidien et elle avait fini par se persuader que la nature de l'homme était encore plus cruelle et abjecte que l'instinct d'un chasseur affamé de chair ou de sang.
« Vous avez raison. En réalité, ce sont eux qui m'effraient. »
Elle se surprit à prononcer ces mots qui sonnèrent comme un avoeu de sa part auprès de cet inconnu. Elle se mit à baisser les yeux, un peu honteuse. Mais en vérité, elle le pensait. A côté, elle-même pouvait largement les dépecer de leurs viscères si l'envie lui en prenait, ou même les tourmenter si cela lui chantait. Elle était nettement plus apte que n'importe quel individu lambda de massacrer, détruire et fracasser. Mais comment dire ? Ce qui l'effrayait, c'était leur aptitude à négliger la différence au point d'essayer de la faire disparaître, comme s'ils se considéraient comme au dessus de tout, malgré les forces surnaturelles qui les dépassaient de loin. Ils avaient la fâcheuse tendance à se prendre pour des Dieux. On sous-estimait encore ces créatures de base chétives et sans défenses. C'est souvent là qu'elles cherchaient à prendre les armes et qu'elles commençaient à devenir dangereuses. Les humains, eux aussi, évoluaient. La preuve par l'existence même des chasseurs. Mais comment leur en vouloir ?
Après tout, ils étaient si faibles, et effrayés. Les animaux effrayés sont souvent les plus à craindre.
« Mais j'imagine que vous trouverez cela absurde. »
Dans un bruit de fond, le tapage de la craie sur le tableau vert commença alors à se faire entendre. Page vingt quatre. Chapitre trois. Encore des molécules. Anzu entamait alors son premier cours de chimie en compagnie d'un parfait vampire à l'allure fatiguée. Mère aurait été fière.
Elle le laissa tout de même s'installer à côté d'elle, un peu touchée dans son égo. Mais lorsqu'il prit le temps de lui répondre, Anzu comprit immédiatement qu'il se doutait de quel côté elle était. Étrangement, cela lui fit plaisir et la rassura. C'était comme si les crises historiques s'étaient tues, juste pour laisser la place à cet instant, juste un temps; même si cela ressemblait à un semblant de conversation, il y avait un début à chaque grande époque.
Toutefois, la Lycane buttait sur ses propos. En y réfléchissant bien, il est vrai que la plupart des vampires considéraient les humains comme de parfaits casse croûtes. L'instinct, la nature, sûrement. Les suceurs de sang, les loups garous... Tout ce beau monde était placé à l'échelle de prédateurs, et toutes ces petites chairs roses en étaient les proies. Mais si elle avait fait cette réflexion, ce n'était pas pour rien. Anzu se méfiait des hommes comme de la peste, sûrement plus encore que ses adversaires. La demoiselle détourna son attention du blond qui sortit nonchalemment un carnet et son stylo puis observa tranquillement la classe qui s'étalait devant elle. Elle ne pensait pas forcément à tous ces innocents (ou plutôt inconscients) là. Mais elle avait déjà maintes fois eu le temps d'observer leur comportement au quotidien et elle avait fini par se persuader que la nature de l'homme était encore plus cruelle et abjecte que l'instinct d'un chasseur affamé de chair ou de sang.
« Vous avez raison. En réalité, ce sont eux qui m'effraient. »
Elle se surprit à prononcer ces mots qui sonnèrent comme un avoeu de sa part auprès de cet inconnu. Elle se mit à baisser les yeux, un peu honteuse. Mais en vérité, elle le pensait. A côté, elle-même pouvait largement les dépecer de leurs viscères si l'envie lui en prenait, ou même les tourmenter si cela lui chantait. Elle était nettement plus apte que n'importe quel individu lambda de massacrer, détruire et fracasser. Mais comment dire ? Ce qui l'effrayait, c'était leur aptitude à négliger la différence au point d'essayer de la faire disparaître, comme s'ils se considéraient comme au dessus de tout, malgré les forces surnaturelles qui les dépassaient de loin. Ils avaient la fâcheuse tendance à se prendre pour des Dieux. On sous-estimait encore ces créatures de base chétives et sans défenses. C'est souvent là qu'elles cherchaient à prendre les armes et qu'elles commençaient à devenir dangereuses. Les humains, eux aussi, évoluaient. La preuve par l'existence même des chasseurs. Mais comment leur en vouloir ?
Après tout, ils étaient si faibles, et effrayés. Les animaux effrayés sont souvent les plus à craindre.
« Mais j'imagine que vous trouverez cela absurde. »
Dans un bruit de fond, le tapage de la craie sur le tableau vert commença alors à se faire entendre. Page vingt quatre. Chapitre trois. Encore des molécules. Anzu entamait alors son premier cours de chimie en compagnie d'un parfait vampire à l'allure fatiguée. Mère aurait été fière.
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Sam 9 Mar 2019 - 20:50
Elle avait au moins eu raison sur un point : le professeur n'avait pas fait de cas à propos de ma présence dans sa salle de classe, même si je n'avais fait aucun effort pour la cacher. Mais après tout, cela était-il vraiment surprenant dans cette école ? On y laissait entrer vraiment n'importe qui ... Certes, on nous avait lancé quelques regards de travers, mais rien de bien choquant. Bigre ! Si ça se trouve, quand j’allais me rendre au bureau du directeur tout à l’heure, on allait me féliciter d’avoir socialisé, plutôt que me réprimander pour mon retard … Quoique c'était plus pour lui témoigner mes remerciements que par réelle obligation.
J'arquai un sourcil à sa remarque, incertain de pouvoir comprendre, en effet. Pour le reste, au vu de ses réactions et de ses paroles, tout laissait à croire que ces lycans étaient tout aussi dangereux que la rumeur le prétendait. Sans doute n'avions-nous tout simplement pas le même vécu sur ce terrain là. Les humains étaient faciles à manipuler. Pour le reste, je ne m’étais jamais arrêté à avoir une conversation profonde avec un représentant de leur espèce jusqu'à maintenant. Comment faire alors qu’ils servaient à maintenir notre vie aux dépens de la leur ? Bonjour le beau casse-tête. J’en avais déjà suffisamment comme cela, merci bien.
« Bof. On s’en cogne de ce que je pense. Chacun ses raisons. » finis-je par laisser tomber, en haussant les épaules.
C’est vrai quoi, pourquoi s’intéressait-elle au fait que je trouve cela absurde ou non, pour reprendre ses mots ? Nous ne nous connaissions pas. Nous avions seulement échangé quelques phrases. Mon avis ne devrait pas la déranger, dans un cas comme dans l’autre, même si j’avais été honnête, sans pourtant être trop brutal. Entre la fatigue et l’ennui … J’agitai la main, entre le désir qu’elle cesse de m’importuner pendant un petit moment et simplement pour éviter des réprimandes de la part de son professeur qui avait commencé le cours de chimie. Je n’étais pas là pour la distraire. Du moins en théorie … Pendant qu’il griffonnait des notes à la craie sur le tableau, j'en fis de même, ouvrant mon carnet pour repasser quelques coups sur les traits d'une fleur exotique. Il me restait encore à lui ajouter des couleurs, mais je n'avais pas ce qu'il faut pour ça.
Après un petit moment ainsi, en pleine concentration alors que je ne faisais plus trop attention aux bruits autour de moi, je jetai un nouveau petit regard discret vers la demoiselle avant de me retourner carrément vers elle. Ce n’est pas comme si ce que nous racontait cet homme à l’avant m’intéressait vraiment, après tout. J’avais fait un effort, mais j’avais vite abandonné. Alors entre ça et faire pirouetter un crayon … Aussi bien y aller franchement. Parfois, ce n'était pas facile de mettre le doigt clairement sur ce qui nous contrariait chez les autres à moins d'être confronté aux faits.
« Alors ? » Sans doute ne verrait-elle pas à quoi je faisais allusion si je ne développais pas davantage. « Discuter est-il si difficile que cela ? »
D'accord, c'était un peu l'hôpital qui se foutait de la charité, mais ... Il existait de bonnes personnes, en ce monde. Parfois, il suffisait de faire les premiers pas. Et puis, elle me faisait franchement pitié comme cela. J’étais peut-être un cas, mais de là à être désespérée au point de discuter avec le premier étranger venu … Si leur société était divisée en rangs comme la nôtre, je n’osais même pas imaginer le sien. On ne la prendrait jamais au sérieux si elle était au sommet. Sans doute que ce n’était pas mon problème, et nous avions toujours sauté les présentations après tout, mais … Pourquoi ne pas se tourner vers ses semblables par exemple ? Simple question de logique ...
« Sinon, dites-moi, les traits de crayons sur votre visage ont-ils une signification particulière ? Déformation professionnelle, vous m'excuserez ... C'est juste que je suppose que c'est l'une des choses qui vous rend à part. Ils doivent vous tenir à cœur, alors. Si vous voulez faire un lien débile avec le cours, je ne pense pas que c'est le genre de chose qui se transmet par l'ADN à la naissance n'est-ce pas ? Contrairement à vos yeux. »
Ou bien c'était peut-être un truc de loup ? Il y avait comme un côté sauvage dans son physique, sans que je ne sache l'expliquer, comme si elle était une indigène. La question resta en suspend. Trop d'oreilles indiscrètes, certes. C'était toute la situation qui était absurde, voilà ! Deux personnes qui n'avaient pas l'habitude d'être très socialisés, en train de parler de la pluie et du beau temps juste parce qu'ils n'avaient pas toute la latitude de s'exprimer librement ? Mais si elle suivait ces cours, ce n'était pas sans raison, alors ce n'était sûrement pas pour sortir en douce à la première occasion venue, merde. Tout le monde cherche à s'accrocher à un semblant de « vie normale », je suppose. Mais d'un autre côté, si je souhaitais être capable de mettre un peu d'ordre dans la situation en ville, pour évaluer les dangers, comment faire ? Tout ce que je connaissais pour le moment se limitait à ce que Jess m'avait partagé et elle semblait suivre tout cela d'un peu trop près pour que je sois bien rassuré, sûrement parce qu'elle avait assisté à la soirée d'Halloween. Et comme nous en avions peu parlé, cela se limitait à peu de choses ...
Je soupirai, je ne savais pas si j'étais assez clair du coup, mais je ne pouvais pas en dire beaucoup plus, c'était déjà pas mal que j'avais enligné plus qu'une seule phrase, je crois que c'était clair que j'étais réellement intéressé et non railleur. Non pas que j'envisageais de faire son portrait ... De toute façon, je crois qu'avec mes yeux vairons aux couleurs aussi étonnantes, on pouvait dire que je savais de quoi je parlais, quand je mentionnais que la différence physique peut parfois déposer des embûches sur notre route. Alors lorsqu'on a une différence de mentalité en plus ... Et après, on s'étonnait encore que j'ai fini par décider de rester seul dans mon coin toutes ces années. Raaah. Ça ne me réussissait pas d'être replongé comme cela dans mon passé, en fin de compte. C'était une mauvaise idée de venir. Il y avait trop de mauvais souvenirs, trop d'erreurs.
Et ma camarade devrait malheureusement supporter mon humeur un peu massacrante, raison pour laquelle je la cherchais un peu, je lui rentrais dedans. Mais on m'avait trop souvent dit que, si j'étais malheureux en étant seul, alors je devais faire des efforts pour que ce ne soit pas le cas, pour ne pas tenter d'appliquer ces conseils à quelqu'un d'autre, aussi maladroitement que j'en étais capable. Je voulais donc déclencher en quelque sorte une réaction chez elle, même si c'était juste pour me dire clairement ce qu'elle souhaitait ou sinon qu'elle me chassa de cette salle où j'étais mal à l'aise. Bien sûr, elle pouvait tout aussi bien me dire que cela ne me regardait pas ...
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Lun 1 Avr 2019 - 20:29
La réponse du blondinet surprit la jeune femme. Ce type avait très certainement un niveau de nonchalance paré à toutes épreuves, se disait Anzu, sûrement dû à ce fameux cliché du vampire lassé de ses longues et vieilles années de longévité à l'existence incessante. Elle esquissa un petite sourire en coin discret lorsque cette pensée presque immature lui traversa l'esprit. Mais qu'est ce qu'elle en savait ? Le « jeune » homme se mit alors à brasser l'air de sa main avec ennui comme pour ponctuer sa phrase doublée de sa lassitude avant de se remettre à son chef d'oeuvre. Ce qui la contraria légèrement. Néanmoins, elle lança un bref coup d'oeil vers son dessin, par simple curiosité. Une fleur. Pourquoi pas. Cependant, la jeune Lycane avait bien du mal à comprendre pourquoi cet homme prenait la peine de rester avec elle si c'était pour se comporter comme un quasi impertinent. Sûrement le personnage qui voulait ça.
Elle le laissa alors se plonger dans le silence de son art pendant qu'elle notait scrupuleusement les paroles du professeur. Elle se rendit d'ailleurs bientôt compte avec dépit que tout ce qu'elle pouvait écrire n'était que des choses qu'elle connaissait déjà. C'était presque désolant. Soudain, la voix du vampire s'éleva sans prévenir, ce qui la sortit directement de sa torpeur.
« Alors ? Discuter est-il si difficile que cela ? »
En réalité, elle n'avait pas du tout saisi le but de sa question, qui laissa planer un blanc de quelques secondes. Puis sans crier gare, il poursuivit sur la seconde, plus frappante. Tellement frappante qu'Anzu en restait bouche bée. Des traits de « crayon » sur son visage ? On ne lui avait jamais faite celle-là. D'ailleurs, on n'avait même jamais oser la questionner sur ses marques. Elle hésitait entre éclater de rire, le mépriser ou même se contenter de l'ignorer. En effet, cette empreinte sur son visage était tout ce qui définissait sa spécialité hors norme. Et son raisonnement, bien qu'à côté de la plaque, la laissa soucieuse. Peut-être essayait-il de prêcher le faux pour avoir le vrai ?
Elle était née ainsi, avec ces traits qui lui balafraient le nez. Ses parents avaient émis l'hypothèse que cela était dû à sa provenance rare, c'est à dire, le fruit même de l'amour entre deux êtres Alpha. Elle avait du mal à y trouver un lien mais de ce qu'elle avait pu voir, elle était en effet, la seule à sa connaissance à porter cette singularité unique. Tout au plus, de ce qu'Anzu pouvait en déduire par sa condition, c'est que cette marque réagissait fortement à ses transformations, à la Lune, et se propageait même sur tout son corps à mesure qu'elle prenait en puissance. Sur ses jambes, sur ses bras, son ventre, son dos... Un peu comme des branches d'arbre qui pousseraient partout sur son corps au rythme de sa transformation. Ces « branches » ont même le chic d'être fluorescentes dans la nuit et d'irradier lorsqu'elle commençait à s'emballer. Son père en avait d'ailleurs déjà fait l'expérience à maintes reprises, et lui avait affectueusement donné le surnom de Luciole.
Anzu se raidit sur sa chaise et lui lança un regard méfiant. Impossible de deviner si son ton était sérieux ou s'il était doué d'une curiosité malsaine. Après tout, sa condition de Lycane, comme le répétait son père, était un réel secret. Les gens ne devaient pas savoir, sous crainte de conséquences désastreuses. Et puis, sans parler du fait que lui et elle n'étaient pas de la même race. En vue des évènements actuels, mieux valait-il se méfier pour se préserver, un minimum. Mais il avait cependant soulever un point important : c'est ce qui faisait sa particularité. Il n'en avait peut-être pas l'air comme ça, mais elle était pratiquement certaine que c'était le genre de personne à faire attention à son entourage malgré son caractère. Elle se décida néanmoins à lui répondre avec un petit air moqueur en prenant soin de se tourner vers lui et de lui répondre dans le vairon des yeux :
« Oh... » elle marqua une pause « Il est vrai que j'ai, comme vous je suppose, une certaine passion pour le dessin. Et j'ai pour habitude de prendre le temps tous les matins de me peindre le visage à ce titre. Surtout si c'est pour me faire remarquer. Un peu comme vous également, qui prenez le temps de vous mettre des lentilles de couleur, n'est ce pas ? »
Mince. C'était peut-être un peu trop cynique, cette intonation ? Tant pis. Dans tous les cas, sa réponse voulait en dire beaucoup sans trop en dire forcément, mais il n'était pas idiot. Elle ressentit alors le besoin que la conversation s'écourte. Sociabiliser, c'est bien, mais les petits plaisirs sont les meilleurs. En plus de ça, le cours ne lui apportait vraiment rien du tout, mais elle était au moins reconnaissante que ça lui ait permis de converser un peu avec cet étrange individu.
Suite à sa tirade, elle se leva sans prévenir pour quitter le cours en rangeant rapidement ses affaires, ce qui lui valut les jérémiades de ses camarades de classe. Elle s'en fichait complètement. Pas qu'elle soit impolie de base, mais elle n'éprouvait parfois pas l'intérêt de respecter qui que ce soit. Pas même un prof. Peut-être l'arrogance de l'Alpha ! Toutefois, elle prit la peine de prendre congé auprès de sa connaissance en se voulant un peu plus chaleureuse.
« Je vais devoir vous laisser. Si nous pouvons être d'accord sur un point, c'est bien sur l'inutilité de cet apprentissage ! »
Elle passa donc furtivement derrière la chaise du vampire et lança à nouveau un coup d'oeil au carnet. Ça manquait cruellement de couleurs, un peu comme le cœur de ce garçon. A cette réflexion, elle prit alors le temps de se tourner vers lui et sortit une palette de feutres de son sac en lui tendant, même si elle se doutait bien qu'il devait en avoir des tonnes chez lui.
« En fait, je m'appelle Anzu.»
Elle-même ne savait pas pourquoi elle lui avait lancé cette information. Mais elle le fit puis le laissa là en lui faisant un signe de main, avant de s'éclipser sous les regards énervés d'une foule qu'elle gratifiait d'un œil rempli de mépris.
Elle le laissa alors se plonger dans le silence de son art pendant qu'elle notait scrupuleusement les paroles du professeur. Elle se rendit d'ailleurs bientôt compte avec dépit que tout ce qu'elle pouvait écrire n'était que des choses qu'elle connaissait déjà. C'était presque désolant. Soudain, la voix du vampire s'éleva sans prévenir, ce qui la sortit directement de sa torpeur.
« Alors ? Discuter est-il si difficile que cela ? »
En réalité, elle n'avait pas du tout saisi le but de sa question, qui laissa planer un blanc de quelques secondes. Puis sans crier gare, il poursuivit sur la seconde, plus frappante. Tellement frappante qu'Anzu en restait bouche bée. Des traits de « crayon » sur son visage ? On ne lui avait jamais faite celle-là. D'ailleurs, on n'avait même jamais oser la questionner sur ses marques. Elle hésitait entre éclater de rire, le mépriser ou même se contenter de l'ignorer. En effet, cette empreinte sur son visage était tout ce qui définissait sa spécialité hors norme. Et son raisonnement, bien qu'à côté de la plaque, la laissa soucieuse. Peut-être essayait-il de prêcher le faux pour avoir le vrai ?
Elle était née ainsi, avec ces traits qui lui balafraient le nez. Ses parents avaient émis l'hypothèse que cela était dû à sa provenance rare, c'est à dire, le fruit même de l'amour entre deux êtres Alpha. Elle avait du mal à y trouver un lien mais de ce qu'elle avait pu voir, elle était en effet, la seule à sa connaissance à porter cette singularité unique. Tout au plus, de ce qu'Anzu pouvait en déduire par sa condition, c'est que cette marque réagissait fortement à ses transformations, à la Lune, et se propageait même sur tout son corps à mesure qu'elle prenait en puissance. Sur ses jambes, sur ses bras, son ventre, son dos... Un peu comme des branches d'arbre qui pousseraient partout sur son corps au rythme de sa transformation. Ces « branches » ont même le chic d'être fluorescentes dans la nuit et d'irradier lorsqu'elle commençait à s'emballer. Son père en avait d'ailleurs déjà fait l'expérience à maintes reprises, et lui avait affectueusement donné le surnom de Luciole.
Anzu se raidit sur sa chaise et lui lança un regard méfiant. Impossible de deviner si son ton était sérieux ou s'il était doué d'une curiosité malsaine. Après tout, sa condition de Lycane, comme le répétait son père, était un réel secret. Les gens ne devaient pas savoir, sous crainte de conséquences désastreuses. Et puis, sans parler du fait que lui et elle n'étaient pas de la même race. En vue des évènements actuels, mieux valait-il se méfier pour se préserver, un minimum. Mais il avait cependant soulever un point important : c'est ce qui faisait sa particularité. Il n'en avait peut-être pas l'air comme ça, mais elle était pratiquement certaine que c'était le genre de personne à faire attention à son entourage malgré son caractère. Elle se décida néanmoins à lui répondre avec un petit air moqueur en prenant soin de se tourner vers lui et de lui répondre dans le vairon des yeux :
« Oh... » elle marqua une pause « Il est vrai que j'ai, comme vous je suppose, une certaine passion pour le dessin. Et j'ai pour habitude de prendre le temps tous les matins de me peindre le visage à ce titre. Surtout si c'est pour me faire remarquer. Un peu comme vous également, qui prenez le temps de vous mettre des lentilles de couleur, n'est ce pas ? »
Mince. C'était peut-être un peu trop cynique, cette intonation ? Tant pis. Dans tous les cas, sa réponse voulait en dire beaucoup sans trop en dire forcément, mais il n'était pas idiot. Elle ressentit alors le besoin que la conversation s'écourte. Sociabiliser, c'est bien, mais les petits plaisirs sont les meilleurs. En plus de ça, le cours ne lui apportait vraiment rien du tout, mais elle était au moins reconnaissante que ça lui ait permis de converser un peu avec cet étrange individu.
Suite à sa tirade, elle se leva sans prévenir pour quitter le cours en rangeant rapidement ses affaires, ce qui lui valut les jérémiades de ses camarades de classe. Elle s'en fichait complètement. Pas qu'elle soit impolie de base, mais elle n'éprouvait parfois pas l'intérêt de respecter qui que ce soit. Pas même un prof. Peut-être l'arrogance de l'Alpha ! Toutefois, elle prit la peine de prendre congé auprès de sa connaissance en se voulant un peu plus chaleureuse.
« Je vais devoir vous laisser. Si nous pouvons être d'accord sur un point, c'est bien sur l'inutilité de cet apprentissage ! »
Elle passa donc furtivement derrière la chaise du vampire et lança à nouveau un coup d'oeil au carnet. Ça manquait cruellement de couleurs, un peu comme le cœur de ce garçon. A cette réflexion, elle prit alors le temps de se tourner vers lui et sortit une palette de feutres de son sac en lui tendant, même si elle se doutait bien qu'il devait en avoir des tonnes chez lui.
« En fait, je m'appelle Anzu.»
Elle-même ne savait pas pourquoi elle lui avait lancé cette information. Mais elle le fit puis le laissa là en lui faisant un signe de main, avant de s'éclipser sous les regards énervés d'une foule qu'elle gratifiait d'un œil rempli de mépris.
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Jeu 4 Avr 2019 - 16:09
Je n’aurais sans doute pas dû m’engager sur cette pente glissante. En une simple poignée de secondes, l’atmosphère dans la salle avait changé et j’eus tout à coup la sensation désagréable, comme si un caillou s’était logé tout au fond de mon ventre, une part d’instinct qui me disait que j’avais merdé à vitesse grand V. Non pas que j’avais l’impression d’être capable de faire autrement parfois ... Avant même qu’elle n’ouvre la bouche, je savais déjà que la demoiselle ne me ferait pas de cadeau. Son aura avait explosé sous les émotions mauvaises que mes paroles avaient déclenché, même si personne d’autre ne semblait l’avoir remarqué. Les humains et leur ignorance heureuse. Tout ce qu’ils voyaient, c’était une étudiante qui perturbait leur apprentissage et qui parlait plus fort que le professeur. Surtout si c’était pour critiquer la matière et démontrer qu’elle en savait peut-être plus que toutes ces personnes réunies. Sans doute feraient-ils moins les malins s'ils savaient qu'elle aurait pu facilement les faire taire, si elle en avait eu l'envie.
J’écarquillai un peu le regard lorsqu’elle se leva brusquement, étonné par ce revirement de situation. Toutefois, j’avais l’impression de comprendre un peu mieux. Je n’y avais pas tellement réfléchi, mais nous avions probablement une vision semblable des choses. Une contradiction impossible à résoudre. Les mots qu’elle m’avait adressés étaient donc un peu tranchants parce qu’ils étaient vrais. Nous ressentions ce besoin naturel de toute créature vivante à tisser des liens avec ses semblables, mais il était difficile de le faire lorsque les autres avaient déjà un jugement établi de qui nous étions. Que ce soit par notre apparence ou les informations que d’autres rapportaient. Une telle personne a vu ceci … Entendu cela … Il en fallait peu pour que le feu prenne aux poudres et ignorer l'opinion des autres sur sa personne était plus facile à dire qu'à faire.
Comme un automate, je me saisis de la boîte qui m'était tendue, sans comprendre pourquoi. Ne te pose pas de question abruti ! C'était finalement juste un acte gratuit de gentillesse, une main tendue malgré le fait que j'avais mis les deux pieds dans le plat. Je suppose qu'elle avait compris que j'en avais besoin, parce qu'il était impossible de manquer autant de tact et d'être blasé si nous étions heureux et pleinement satisfait de ce que la vie avait à nous offrir. J'aurais voulu que ce soit suffisant, mais force était de l'admettre, j'avais plus d'échecs que de réussites à mon compteur et cela pesait sur ma conscience.
« Ah ... Je m’appelle Sachio. Merci ... ? »
Je ne savais pas bien si elle avait entendu ces dernières paroles, comme des excuses que je lui offrais, penaud, car son dos large avait déjà dépassé la porte. Mais la vengeance était douce. J’avais l’air un peu con, planté là dans un cours qui ne m’était pas adressé. J'aurais pu terminer mon dessin. Cependant, entre la voix monotone récitant des formules de chimie et mes pensées sur cette rencontre inattendue, je n'aurais pas été suffisamment concentré pour être assez minutieux dans l'application des couleurs et à cette étape il était bien plus difficile de rectifier une erreur. On était loin des laboratoires bien plus fascinants après tout ... Je rangeai les crayons dans mon sac, décidant de reprendre tout simplement ma visite, profitant de l'agitation qui n'était pas tout à fait retombée encore pour m'éclipser.
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