Lucky Hunt (02/03/2018)

La duchesse ne put s’empêcher de se féliciter pour le choix du sujet. Tout d’abord, ça lui permettait d’en apprendre justement sur ladite ville. Ensuite, le Hunter semblait plus que ravie de discuter de Nakanoto. En effet, celui-ci se mis à raconter son expérience en ville et ce qu’il en connaissait assez bien les recoins. Il ne put s’empêcher d’en citer ses avantages avec un petit sourire qu’il arborait depuis un moment. C’était assez drôle à voir. Elle ne l’interrompit d’ailleurs à aucun moment, préférant retenir les informations qui lui semblait capitales pour ses prochaines visites de la ville.

Le Hunter recommença à nouveau à la mettre en garde. Et elle ne put s’empêcher de penser à ce petit détail qui la perturbait depuis le début de la conversation. Cette impression qu’on lui cachait quelque chose. Non, elle était certaine qu’on lui cachait quelque chose. Après tout, elle ne valait encore rien de ses véritables raisons ici. Une mission, certes. Mais laquelle ? Quoiqu’il en soit, les mauvaises rencontres ne lui faisaient pas peur. Mais cette histoire de monstre – en sachant pertinemment qu’il ne parlait pas de Vampires – l’intriguait. Alors que le silence se fit, la demoiselle se contenta de faire un bref signe de tête pour dire que l’information était bien enregistrée. Puis elle reprit son sourire, car toujours la chance lui souriait.

La conversation reprit sur une note plus légère. Aussi, elle avait noté mentalement les lieux intéressant que le Hunter lui listait. Et si la présence des musées, de de la bibliothèque et des temples Shinto – elle s’était promis de les visiter – n’était pas une nouveauté pour elle, elle fut agréablement surprise d’apprendre celle d’un théâtre-opéra. La discussion continua avec vivacité jusqu’au moment où l’homme se proposa galamment de lui servir de guide.

Sarah ▬ « Eh bien. On peut sentir la passion quand vous parlez de cette ville ! Je peux comprendre cependant cela. Ce la ne fait que quelques semaines que je suis ici mais je suis déjà tombé sous son charme. Il y a de nombreux lieux que je compte encore visiter. Je suis, d’ailleurs, agréablement surprise d’apprendre l’existence d’un théâtre-opéra. En revanche, appréciant fortement l’équitation, je suis accablée de ne pas connaitre d’endroit où il serait possible de louer un cheval pour une ballade. Je me demandais aussi s’il existait aussi un endroit où je pouvais disposer d’une harpe. Je n’ai hélas pas pu importer la mienne pour mon long séjour. Et quand bien même je pourrais la faire venir. Je ne connais personne s’assez fort pour pouvoir la faire monter jusqu’à mon appartement. »

Bluff ! Un level C de bonne constitution était capable de soulever seul une harpe. La duchesse était donc tout à fait capable de transporter son instrument elle-même de la rue jusqu’à son salon. Cependant, il serait indigne de laisser ce travail à une demoiselle de son rang. Elle attendit donc patiemment de voir si le Hunter allait saisir la chance qu’elle lui offrait.

Comme espéré, la réaction ne se fait pas attendre. La jeune femme semble avoir remarqué mon amour pour Nakanoto, ce qui en soit n’est pas très compliqué tant je pourrai disserter sur la beauté de cette ville et la douce vie que l’on peut y mener. Ici tout est fait pour plaire, et la jeune Lady semble l’avoir compris puisqu’elle parait déjà sous le charme.
Vient ensuite les questions, elles aussi attendues. J’écoute patiemment, réfléchissant au passage à la meilleure réponse à donner afin de satisfaire les envies équestres et musicale de la demoiselle. Je tique tout de même sur sa dernière phrase. Elle ne connait personne d’assez fort pour porter sa harpe ? Ha ! Il est sûr qu’une gamine issue de la noblesse comme elle ne connait que des gamins de son genre, plus pète-sec et enflés comme des trombones que rompus à l’effort. C’est un boulot que je pourrait faire sans aucun soucis, portant l’instrument sous un bras et la fillette sous l’autre. Piqué à vif dans mon égo, je rétorque :

« Vous ne connaissez personne d’assez fort pour vous aider ? Une jeune noble comme vous aurait tôt fait d’embaucher une équipe complète de déménageurs pour une tâche de cette ridicule ampleur. Ou bien tout simplement, je ne sais pas, me demander ? Je m’exécuterait avec le plus grand des plaisir, vous verrez en moins de temps qu’il ne faut pour le dire votre instrument sera installé dans le lieu de votre choix, prêt à recevoir vos délicates mains et à produire une musique tout aussi délicate. »

Je sais pertinemment qu’elle est assez forte pour soulever sa harpe, même pour me soulever moi -et encore j’émet quelques réserves sur ce dernier point- mais elle doit sauver son image. Comment une femme de la « haute » peut-elle garder la face en présence d’autres nobles si elle effectue elle-même les travaux réservés aux roturiers comme moi ? Enfin soit, flattons cet ego quelque peu surdimensionné et revenons-en au sujet principal.

« Pour ce qui est de l’équitation, il doit être possible de trouver quelques clubs en périphérie de la ville. Et il doit surement y avoir quelques propriétaires dans le coin auprès desquels vous pourriez trouver de quoi satisfaire vos envies hippiques. De même, le conservatoire de Nakanoto serait surement prêt à vous recevoir en son sein en temps qu’étudiante en cursus musical, les Harpistes se font rares de nos jours, vous y aurez votre place. »

Le regard de la duchesse en dit long sur ses pensées. Elle sait qu’elle à piqué au juste endroit, qu’elle a réussi son petit coup de provocation gratuite. Si mes infos lui sont apparemment utile, je peux sentir qu’elle n’attend qu’une chose, que je saisisse cette perche énorme qu’elle me tend. C’est dans un soupir que j’acquiesce.

« Si vous la commandiez dès cet après midi, quand arriverait-elle …? Je pourrais peut être me libérer… enfin, si le coeur vous en dit ? »

Fixant la jeune noble avec un léger rictus de malaise, j’ose espérer qu’elle n’éclate pas de rire. Sans déconner, succomber à un piège aussi gros et indélicat que ça… Ma bonté me perdra, à moins que mon égo ne le fasse en premier.

Le sourire de la Duchesse grandit de plus belle. Dans cette nacelle de grande roue, personne n’aurait pu prévoir ce qui venait de se passer. Deux personnes qui, au premier abord, n’étaient pas fait pour s’entendre étaient entrain de jouer ensemble aux jeux des convenances en toute connaissance de cause. Sans le vouloir, ils avaient créé un lien fort et puissant qui allait changer considérablement leur vie. Rien encore ne laissait présager ce qui allait arriver dans les moi à venir, ni la force du trio qu’il allait former, avec Alessio Di Altiero. Mais, Pour cela, encore fallait-il que la Duchesse rencontre le Chef de Clan. Qui sait ce qui allait arriver par la suite.

Enfin… On n’y était pas encore. Pour l’instant, seuls Vilhelm et la jeune Lady jouaient en attendant de redescendre. La Duchesse mentait éhontément tout en sachant que son interlocuteur le savait pertinemment. Ils faisaient semblant, jouaient un rôle, portaient leurs masques. Il n’y avait pourtant aucune utilité à cela. Ils étaient seuls, isolés. Ils avaient aucune apparence à sauver, à maintenir. C’était juste un jeu, entre eux deux, et ils en étaient pleinement conscients.

Sarah ▬ « Eh bien, je n’ai pas eu le temps de me renseigner sur les entreprises de déménagements. Je tenais à me renseigner au mieux une fois installée. Et puis, j’avais aussi quelques points urgents à régler avant cela. Un déménagement dans un pays lointain ne se fait pas si facilement. Je pense pouvoir dire que vous savez de quoi je parle. Vous êtes passé par là aussi, n’est-ce pas ? »

La Duchesse pencha légèrement la tête en posant sa question rhétorique. Elle n’attendait pas de réponses du Hunter. Il était, après tout, évident qu’il était aussi étranger qu’elle dans ce pays.

Sarah ▬ « En ce qui concerne l’équitation, je pense que je vais surement trouver de quoi convenir à mes attentes en continuant la visite de la ville et de ses alentours. Il me reste tellement à voir encore que je ne sais pas où donner de la tête. Mais rien ne sert de courir, n’est-ce pas ? J’aurais bien assez de temps pour tout voir ici. »

La Duchesse regarda rapidement par la fenêtre pour s’apercevoir qu’ils étaient maintenant à l’arrêt. De tout évidence, le machiniste était en train de faire descendre les passagers pour en accueillir de nouveau. La Duchesse en soupira intérieurement. Avec tout cela, elle n’avait pas vraiment pu profiter de ce tour. Soit, elle aurait l’occasion de revenir un autre jour. De toute façon, elle n’avait pas perdu au change, au final.

Sarah ▬ « Je ne saurais vous dire. Une semaine ? Peut-être deux. Il faudrait que je demande à mes majordomes de bien vouloir s’occuper de porter ma harpe jusqu’à l’aéroport. Mais c’est bien parce que vous insistez pour me faire plaisir. Mais, si cela se fait, ne venez pas vous blesser en la portant, je le regretterai. »

Ou pas… Pour l’instant du moins. Dieu seul savait à quel point la relation allait évoluer avec le temps. Mais, encore une fois, nous n’y étions pas encore.

La roue s’arrêta une nouvelle fois et un homme vint ouvrir les barrières de la nacelle pour laisser descendre la Duchesse et le Hunter. La demoiselle prit bien soin de prendre sa peluche, la faisant accidentellement rire au passage avant de descendre. Toutefois, elle ne quitta pas de site, l’aire de l’attraction. Elle se retourna vers l’homme et resta droite en attendant qu’il arrive à sa hauteur.

Sarah ▬ « Bien, Mister Jarlsonfel, et si nous allions prendre ce thé donc vous avez parlé plutôt ? »

Sans plus de réflexion, la duchesse m’informe de son manque d’information en matière de déménagement. Effectivement, ce départ soudain ne lui a pas franchement laissé le temps de planifier chaque aspects de son départ, et un instrument de musique aussi volumineux et encombrant n’est certainement pas une priorité. Mais maintenant que la voilà installée, il serait sage de se renseigner au plus vite, une installation rapide laisse plus de temps libre pour les affaires importantes. Affaires qui au passage semblent être la raison de son manque de temps vis à vis de son emménagement. Quelles sont-elles ? Aucune idée, mais après réflexion je pense avoir assez ennuyé la jeune noble avec mon interrogatoire. Je garderai mes questions pour plus tard, après tout j’ai l’intime conviction que ce n’est pas la dernière fois que l’on se voit.

Aussi me met-je à sourire lorsqu’elle suppose notre point commun en matière d’emménagement dans un pays étranger. Elle à tout à fait raison et elle le sait, je n’ai absolument rien de commun avec les gens d’ici, ni le faciès ni l’accent, et encore moins la corpulence. Comme elle je suis parti précipitamment, abandonnant mon cher pays derrière moi sans avoir vraiment prit le temps de lui dire au revoir. C’est bien plus tard que j’ai pris le temps de faire importer ce qui restait de souvenir là-bas, des choses m’appartenant, et des choses héritées de feu mon oncle.

Enfin, laissons les souvenirs et la nostalgie au passé, et parlons hippique. La duchesse marque un point, il y a tant à voir ici que l’on ne peut que trouver satisfaction de ses désirs, et j’en sais quelque chose. Après tout, elle à l’éternité devant elle si j’ose dire, prendre quelques mois pour visiter ne lui fera pas de mal bien au contraire, et ainsi pourra-t-elle se faire sa propre idée et choisir en fonction de ses goûts. Et puis comme elle le dit si bien : « rien ne sert de courir, j’aurais bien assez de temps pour tout voir ici. »
Et c’est en regardant l’horizon que j’acquiesce. Effectivement, il me reste moi-même tant à découvrir ici, tant de chose auxquelles je n’ai pas porté assez d’attention ou d’intérêt, et il m’a fallu tant de temps pour m’en rendre compte. Au final, je ne regrette pas vraiment d’avoir quitté mon pays, car celui-ci regorge de mystère et de fantaisie.

Finalement, Sarah finit par me donner une estimation du temps de livraison de sa harpe, estimation relativement prochaine par ailleurs. Ainsi, ses majordomes pourraient la lui faire livrer en une à deux semaines ? Incroyable tout de même qu’appartenir à la noblesse puisse permettre un confort aussi remarquable, c’en serait presque à me rendre jaloux si je n’étais pas pleinement satisfait de ma situation.
Mais cependant, sa remarque sur la potentialité qu’une blessure m’arrive dans le processus de transport de son instrument me crispe légèrement. Je le sait pourtant, qu’il ne s’agit là que d’une pique, mais cette sous-estimation de ma personne me frustre légèrement. Insister pour vous faire plaisir très chère ? Je n’ai fait qu’être poli, ne poussez pas votre chance ! Et personne n’est dupe, si je venait à me faire un tour de rein ou une bosse je sais pertinemment que vous seriez la première à en rire !

Absorbé par mes pensées, je n’avais pas remarqué que notre tour touchait à sa fin. Et moi qui n’ai même pas répondu à mon interlocutrice… me retournant vers elle, je la regarde saisir son ours en peluche qui rigole mécaniquement au passage avant de sortir de notre nacelle.
Lui emboitant le pas, je quitte l’attraction et arrivée au niveau le la demoiselle qui semble m’attendre. Etonnant. Arrivé à sa hauteur -enfin à son niveau- je constate l’immense écart entre nos tailles. Vu de loin par une tierce personne, on pourrait nous confondre comme parent et enfant. Relativement gênant à vrai dire…

" Bien, Mister Jarlsonfel, et si nous allions prendre ce thé donc vous avez parlé plutôt ? "

Nul besoin d’en dire plus. C’est avec un sourire et un simple geste de la main que j’invite la duchesse à me suivre. Tout en quittant le parc d’attraction, nous marchons côte à côte. N’ayant eu le temps de lui répondre à bord de la nacelle, je termine tous nos sujets de conversations en route.
Concernant son déménagement, je l’informe un peu sur les entreprises auxquelles j’ai eu recours, et le cas échéant lui donnerait les adresses si le besoin s’en fait sentir. Quand à mon origine étrangère, je ne m’étale pas plus sur le sujet, comprenant que cette histoire resterait à raconter une autre fois. Puis enfin, avant même d’arriver au-dit café, je la rassure sur ses inquiétudes à me voir me blesser pour lui rendre un modeste service. Je la soupçonne de me savoir robuste, et tient à lui montrer non sans malice que sa pique ne m’atteint pas -même s’il est établi qu’elle m’a touché-.

Tout en pénétrant dans le noble établissement, une barmaid nous accueil avec un grand sourire, et nous nous installons aux tables de jeux. La suite serait bien trop longue à raconter en détail, mais pour faire court la duchesse et moi avons partagé plusieurs thés ensemble, tout en disputant une partie d’échec ô combien endiablée. Nos compétences en la matière semblaient se valoir, et ce fut par une défaite de ma part que se soldat notre échange. Sans nous en rendre compte, nous avions passé toute l’après midi à jouer, et l’heure se faisant tardive nous avons décidé de rentrer chez nous. Cependant, comme une promesse de nouvelle rencontre très prochaine, je laisse à la jeune vampire mon numéro, et prend le sien en échange. Et c’est après ces brèves mais cérémonieuses salutations que nous nous sommes séparés. Je retient de cette rencontre plusieurs choses : Sarah Lawford n’est pas une mauvaise personne, quelque peu hautaine il est vrai mais elle possède un bon fond, et je pense pouvoir affirmer qu’elle ne me causera aucun soucis dans l’avenir. De même, garder contact avec elle me semble être une excellente idée, premièrement car elle semble assez bien placée dans sa famille, mais aussi parce qu’elle à de la conversation, et qu’elle fait une excellente adversaire aux échecs. C’est donc le coeur allégé et l’esprit apaisé que je peux l’affirmer : mission accomplie !