De mal en pis [03-04/07/2018]

Pendant la demi-heure que dura le voyage de retour à ses quartiers généraux, Aaren se projeta mentalement les deux scènes de crime, pour les tourner, et retourner encore, cherchant un détail qui aurait pu lui échapper, quelque chose pour le mettre sur la bonne piste. Néanmoins, il devait reconnaître qu'il lui manquait la clé à cette énigme en premier lieu insolvable. De nombreuses questions se bousculaient dans son esprit, et il n'en avait pas les réponses.

Son regard se posa sur la lame, soigneusement protégée dans un tissu propre, qui reposait sur ses genoux. Parmi toutes les interrogations, une en particulier revenait systématiquement : pourquoi abandonner cette arme ? Si les hommes de Renfield avaient été dérangés par le joggeur, ils se seraient contenté de l'éliminer. La fin justifiait les moyens, pour eux. S'ils avaient été dérangés par cette manifestation magique… auraient-ils seulement pris le risque de subir les foudres de leur chef en laissant derrière eux cette relique vieille de centaines d'années ? Il en doutait.

Ainsi, lorsque la voiture s'arrêta devant son lieu de résidence et de travail, il n'était pas plus avancé. Il s'extirpa du véhicule en soupirant. Résoudre ce mystère n'était pas sa seule préoccupation du moment. Il allait devoir annoncer la nouvelle désastreuse aux chefs de clans de sa connaissance, en commençant par Bradley… et il n'avait pas vraiment hâte. Il saisit l'arme anti-vampire par la garde, pointe vers le sol, et se dirigea à toute hâte vers le bâtiment. Il héla le premier officier qui passa dans son champ de vision et le prit à part.

"J'ai besoin d'un homme par tranche de 2h pour garder ceci dans la salle des coffres."

Il leva l'épée, toujours protégée dans son tissu sombre. L'homme ne posa aucune question et s'inclina brièvement avant de filer pour trouver un Hunter de garde qui pourrait assurer le premier quart. Le norvégien rejoignit ensuite ses quartiers et déposa l'arme sur son lit. En attendant d'avoir un garde devant la salle des coffres, il préférait la conserver près de lui. Il s'assit ensuite au bureau, qui se trouvait dans la pièce adjacente. Il devait désormais rassembler ses pensées pour choisir la meilleure manière, du moins la moins mauvaise, pour annoncer la catastrophe à Bradley, et tous les événements associés. Parce que du temps, il n'en aurait que peu, dès lors qu'il l'aurait contacté. Le vieux vampire rappliquait généralement dans les minutes qui suivaient, avec sa vitesse inégalable.

Après de longues minutes de réflexion, il se décida finalement à décrocher le combiné pour composer la ligne directe de Bradley au Japon -car les numéros de téléphone locaux restaient disponibles. Les deux sonneries d'attente résonnèrent dans son âme comme le glas des ennuis. Et finalement, la voix caverneuse du cow-boy retentit au bout du fil.

"Hei min venn. Beklager hvis jeg plager deg, men jeg må snakke med deg om noe viktig. Kan du komme om kvelden?"*

Il avait soigné son ton, mais l'urgence de la situation pointait néanmoins dans sa voix. Par ailleurs, l'emploi du norvégien était un signe distinctif entre eux deux, un moyen de se faire reconnaître aussitôt, et surtout, d'insister sur l'importance d'une discussion, tout en limitant les risques d'interception. Peu de gens comprenaient le norvégien. Bradley le surprit en annonçant que lui aussi devait lui communiquer des informations capitales. Ils semblaient sur la même longueur d'onde, ce soir.

"Greit, jeg venter på deg. Du kan gå rett opp, som vanlig. Jeg vil informere resepsjonen om din forestående ankomst."**

Sur ces mots, il raccrocha, puis appuya sur l'interphone qui le reliait directement à l'accueil. La voix de la secrétaire ne tarda pas à retentir.

"Heir Dwight Hodgkins va bientôt arriver, laissez-le passer lorsqu'il se présentera."

Ses consignes données, il n'y avait plus qu'à attendre. Il en profita pour sortir deux verres de sa cave personnelle, ainsi que son aquavit et la boisson favorite de Bradley. Il s'appuya ensuite contre le meuble de sa réserve et prit une gorgée d'alcool, se préparant au mieux à la discussion qui s'annonçait… délicate.

Bradley fit irruption dans son irruption sans prendre la peine de frapper, une habitude loin de froisser le chef des chevaliers qui n'était pas tant à cheval sur les procédures que certains de ses officiers. Voilà plusieurs années qu'ils se connaissaient et échangeaient fréquemment. Ils avaient bien vite mis de côté la formalité au profit de l'efficacité. Bien sûr, en public, ils conservaient leurs bonnes manières, pour soigner leurs images respectives. Mais en privé, chacun trouvait inutile de s'encombrer des règles de bienséance. Et c'était quelque peu… rafraîchissant, voire reposant, pour les deux amis.

Le vieux vampire s'avança aussitôt pour lui saisir l'avant-bras, et lui le sien, leur salutation habituelle. La pointe d'humour bienvenu lui arracha un sourire en coin, bien que ses traits demeuraient crispés à cause des derniers événements.

"En effet, mais j'aurais aimé que ce soit en d'autres circonstances."

La poigne de Bradley se prolongea inhabituellement, verrouillée sur son coude. Aaren le sonda du regard. Avait-il perçu, par ses sens inégalables, le trouble qui l'habitait ? Cela expliquerait cet examen poussé. Il ne pouvait décidément rien lui cacher en ce qui avait trait aux signes corporels. Heureusement que son psyché, lui, demeurait hors d'atteinte. Aaren haussa un sourcil, l'air amusé, tandis que son regard glissait sur leurs bras joints.

"Je ne te savais pas aussi tactile."

Le chef américain comprit le message et rompit le contact en s'excusant. Après quoi il s'affala dans le fauteuil qui faisait face au bureau du norvégien. Il fixait Aaren, l'air pensif, et ne tarda pas à l'interroger sur ce qu'il s'était passé. Le regard du nordique dériva brièvement sur un point imaginaire du tapis, alors qu'il prenait une profonde inspiration.

"Je ne sais pas comment t'annoncer cela."

Il se déplaça lentement jusqu'à son bureau pour y appuyer ses mains, le regard vague et les traits crispés. Oui, par où commencer ? De quelle manière lui révéler ce qu'il venait de découvrir ? Il n'y en avait pas trente-six avec Bradley. La méthodologie franche et directe convenait en général. Il craignait toutefois qu'un mouvement brusque ne détruirait une partie de son mobilier… Car il ne craignait plus depuis longtemps la force prodigieuse de son ami, et n'activait donc jamais le pouvoir de Stillhet lorsqu'ils se retrouvaient seuls. Enfin, il savait à quel point Bradley détestait qu'on tournât autour du pot, aussi n'y alla-t-il point par quatre chemins.

"J'ai bien peur que Kjell Manenheim ait été assassiné."

Il laissa quelques secondes à son ami pour encaisser la nouvelle, qu'il savait difficile à digérer. Il en profita pour s'asseoir dans son fauteuil, appréciant le confort du siège à cette heure tardive. Il était peut-être résistant, mais son métabolisme humain commençait à réclamer sa dose de sommeil. Puis il enchaîna rapidement pour lui révéler l'essentiel et ne pas le laisser sur sa faim plus longtemps.

"J'ai été appelé sur une scène de crime par la police locale, à environ trente minutes de route. Une limousine ensanglantée, une plaque d'immatriculation diplomatique, une épée de Hunter fichée dans le pare-brise, et trois tas de cendres reconnaissables tout autour. Parmi l'un d'eux, nous avons trouvé ce médaillon."

Il sortit son téléphone pour chercher la photo qu'il avait prise du bijoux avant de le confier à la scientifique pour expertise. Il fit glisser l'appareil sur le bois massif de son bureau, pour permettre à Bradley de l'observer de plus près. L'écran affichait un médaillon fermé, finement ouvragé. D'un doigt, il passa à la suivante, qui présentait le bijou ouvert, avec la photo d'une femme à gauche, et d'un enfant à droite.

"Tu le reconnais ?"

Aaren scruta attentivement les traits du vieux vampire. Il savait que les deux hommes s'étaient rencontrés il n'y avait pas si longtemps. Il saurait donc confirmer la propriété de ce médaillon, car Kjell Manenheim le portait toujours à son cou, en toute circonstance. La réaction de Bradley fut sans équivoque, et le regard d'Aaren s'assombrit, partagé entre la tristesse et l'appréhension.

"Ta réaction me confirme qu'il appartient bien à Kjell Manenheim… J'espérais me tromper..."

Il se renfonça dans son siège, la main sur le front et les yeux fermés. Même deux heures après les faits, il restait pétris d'appréhension sur la suite des événements. La mort d'un sang-pur était déjà un drame en soi, alors celle d'un chef de clan, un homme d'honneur de surcroît qui partageait nombre de leurs idéaux et travaillait sur un vaccin… C'était une véritable catastrophe.

Le chef des chevaliers s'attendaient à une vive réaction de son amie suite à l'annonce aussi brutale de la mort d'un homologue et allié. Néanmoins, on n'était jamais vraiment prêt à assister à un tel spectacle. Bradley se crispa aussitôt et ses capillaires oculaires explosèrent sous la pression de sa colère. Ses iris se teintèrent rapidement de pourpre, et ses ongles s'allongèrent pour former de redoutables griffes. Aaren savait qu'il ne lui ferait pas de mal, et pourtant son rythme cardiaque s'accéléra brièvement ; son corps réagissait d'instinct à cette démonstration de puissance. Pour autant, l'humain resta immobile. Il n'avait pas réellement peur, et de toute façon il savait apprivoiser ses émotions après des années de pratique de la méditation. Mais il restait un simple mortel et pouvait toujours être impressionné.

L'identité de la victime était désormais confirmée. C'était comme une chape de plomb qui s'abattait sur eux. Le vampire se leva pour allumer un cigare. Aaren ne fit aucune réflexion, même s'il n'aimait pas qu'on fumât dans son bureau. Il comprenait que la situation nécessitât un moyen efficace de se passer les nerfs. Il préféra se lever à son tour pour ouvrir la fenêtre. Un peu d'air ne leur ferait de toute façon pas de mal. La question de son ami l'interloqua. Il se retourna pour le fixer de son regard céruléen.

"En effet. C'est un joggeur qui l'a trouvé vers 22h30. Il a été attiré par une puissante source lumineuse, et il a trouvé la scène en l'état, en dehors du fait que la source lumineuse n'était visible nulle part, en dehors d'une marque de trépieds sur le sol."

Aaren s'interrogeait toujours sur l'utilité de cette source lumineuse. C'était peut-être ridicule de s'entêter à comprendre sa fonction, mais il détestait qu'un élément lui échappât, et il n'aurait de cesse de chercher jusqu'à découvrir la vérité.

"La limousine se trouve sur une route qui mène à un petit aérodrome. Étant donné la plaque d'immatriculation, j'en ai déduis que Kjell Manenheim venait tout juste d'atterrir en jet privé pour se rendre dans son domaine de la région. Nous l'avons loupé de si peu…"

Ses yeux dérivèrent sur un point imaginaire du tapis. Encore une chose qui le tourmentait. Le brave homme s'était fait assassiner si proche d'eux, alors qu'il venait probablement partager les résultats de ses précieuses recherches sur un remède pour les lycans. Et ce avant même qu'il put contacter son réseau local. Outre la perte "humaine", l'ironie de la situation générait une grande frustration. Si proche, et désormais si inaccessible…

Le regard d'Aaren revint sur Bradley. L'homme lui avait posé une question très précise, tant en heure qu'en localisation. Il en savait plus qu'il ne le disait. Peut-être détenait-il une information précieuse qui orienterait ses investigations. Le nordique croisa les bras tandis qu'il soutenait le regard lourd de sens de l'américain.

"Comment as-tu deviné pour le lieu et l'heure ? Saurais-tu quelque chose qui m'échappe ?"

Aaren ne pouvait s'empêcher d'espérer. Mais il devait mesurer ses espoirs. Jusqu'à présent ils n'avaient pas vraiment été exaucés. Et quand bien même Bradley pourrait lui révéler une information importante et utile, rien ne disait qu'elle serait réjouissante.

Ainsi, Bradley avait rencontré Kjell quelques jours auparavant pour lui fournir des échantillons… Dans ce cas, le chef norvégien se rendait probablement dans son pays natal pour progresser sur ses recherches. Maintenant qu'il le disait, la limousine était effectivement orientée vers l'aérodrome. Quant au matériel génétique transporté, il pouvait tout autant s'agir d'échantillons contaminés. Mais possiblement aussi d'un vaccin. Peut-être même que les deux avaient été dérobés. Il n'avait aucun moyen de le savoir.

"Il avait testé une dose sur Rider… Donc il en avait apporté probablement plus d'une. Justement à ce propos…"

Aaren se renfonça dans son siège. Il était toujours aussi frustré par le vol du contenu des mallettes. Qu'il s'agît d'échantillons ou d'un prototype, ils se retrouvaient bras ballants pour poursuivre les recherches.

"Le coffre a été fouillé par les meurtriers. Nous avons retrouvé des mallettes vides, le type utilisé pour transporter des tubes avec du matériel biologique sensible. Ils s'en sont emparés. Soit c'était les échantillons qu'il a récupéré, soit c'était son prototype de vaccin. Peut-être même les deux. Je ne saurais dire s'ils sont venus pour ça au départ, mais ils auront fait d'une pierre deux coups…"

Son regard s'assombrit et dériva sur un point fixe près de la porte. Si même les chefs de clan ne pouvaient plus se déplacer sans craindre pour leur vie… Cela s'était déroulé si près qu'il ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir, quelque part. Peut-être aurait-il dû envoyer des hommes assurer leur sécurité…

Le vampire poursuivit sur ce qu'il avait vu dans la même zone que la route menant à l'aérodrome. Un phénomène lumineux dans le ciel, puis quelques minutes plus tard, un vol d'oiseaux qui s'enfuyaient dans la direction opposée de la scène de crime… Le regard d'Aaren revint sur le vampire tandis qu'une expression d'intense réflexion se peignait sur son visage. Ce n'était peut-être qu'une coïncidence… Il garda longuement le silence avant de le briser d'une voix hésitante, alors que son ressenti du phénomène paranormal revenait à la charge.

"A vrai dire… Il y a autre chose. Un policier est venu nous trouver totalement paniqué. Il nous a menés jusqu'à une clairière cinq cent mètres plus loin. Enfin… cela n'avait rien d'une clairière naturelle. Les arbres étaient couchés, probablement par un souffle d'une puissance inouïe. Il régnait cette odeur de pourriture, comme si le sol lui-même était malade. Et ces lueurs… En fait, il vaut mieux que tu constates par toi-même."

Il sortit son téléphone pour chercher la vidéo prise sur les lieux. Il posa l'appareil à plat devant son ami et lança le média pour qu'il pût constater par lui-même le phénomène et de l'impact sur l'environnement. Et encore, la caméra, bien que performante, ne rendait pas assez fidèlement l'ambiance sinistre. Comme si la mort elle-même s'était matérialisée.

"Ce n'est peut-être qu'une coïncidence, mais… Cette lueur que tu as vu dans le ciel, peut-être que cela venait de cet endroit. On suppose que cet événement a interrompu les meurtriers, ce qui expliquerait qu'ils aient laissé une précieuse arme anti-vampire sur place…"

A dire vrai, plus il y pensait, et plus il doutait. Les membres de Renfield n'auraient jamais laissé une arme derrière eux. Si le joggeur les avait interrompus, ils auraient pris le risque d'être aperçus, quitte à éliminer le témoin. Et si cet événement surnaturel les avait pris au dépourvu… Ne craindraient-ils pas davantage les foudres de leur chef après une telle perte ?

"Que penses-tu de tout ça ?"

Aaren fixait le cowboy en se frottant l'arcade sourcilière, l'air plus incertain que jamais, le cœur partagé entre la frustration et la peur.

Ainsi donc Bradley confirmait que Kjell travaillait sur un vaccin. Un produit capable de protéger les lycans d'une infection, à défaut d'avoir trouvé un remède. C'était mieux que rien. Au moins ils auraient pu éviter de nouveaux cas. Il restait toutefois primordial de traiter les lycans malades. Aaren refusait de les condamner à une mort certaine. Mais il savait que ce serait une décision à prendre si plus rien ne pouvait les guérir. Il pensa à Daisuke et Anzu, pour qui ce serait difficile. Il espérait grandement ne pas en arriver là.

La question de Bradley lui arracha un froncement de sourcils. S'ils avaient trouvé une clé USB ? Pas à sa connaissance. La police avait fouillé intégralement le véhicule et aucun objet de cet acabit n'avait été recensé parmi les pièces à conviction. Aaren s'interrogeait sur la portée de cette interrogation.

"Une clé USB ? Non, rien qui y ressemble à ma connaissance. Pourquoi ?"

La réponse ne tarda pas. Et si la situation était grave, Aaren ne put s'empêcher de sourire intérieurement devant la façon dont Bradley décrivait son intervention au Sénat. "Apposer enfin ma marque au milieu des sénateurs". C'était bien du Dwight Hodgkin tout craché. Son amusement passager fut bien vite chassé par les révélations de Bradley. Aaren se pencha sur son bureau, les paumes jointes devant sa bouche. Ainsi donc, l'ennemi avait récupéré le contenu des recherches du doyen Shidara. Décidément les mauvaises nouvelles s'accumulaient.

Finalement, le verdict de Bradley tomba. La scène surnaturelle de la forêt ne pouvait être, à ses yeux, que d'origine vampire ou… sorcière. Il fronça les sourcils à l'énoncé de ce peuple disparu. Il devait bien sûr feindre son ignorance, même s'il ne démentirait pas les connaître. Mais visiblement, Bradley avait eu connaissance de leur résurrection. A moins qu'il ne fit qu'une supposition. En tout cas, il confirmait ses doutes. Le chevalier aurait souhaité les écarter de l'équation, mais pour l'instant ils demeuraient suspect.

Aaren voulut approfondir la question sur l'origine de cette magie mortuaire, mais le vampire enchaîna rapidement, rappelant l'existence de cette arme laissée sur place. Ce détail chagrinait toujours Aaren d'ailleurs. Mais peut-être les sens surdéveloppés de Bradley pourrait l'éclairer.

"Oui bien sûr."

Il se leva pour gagner ses appartements privés derrière la porte à l'opposé de son bureau. L'arme reposait tranquillement sur son lit, toujours recouverte de son tissu protecteur pour préserver un maximum les éventuels indices qui auraient pu échapper à la scientifique. Il la saisit par la garde et revint dans le bureau. Alors seulement, il fit glisser le tissu pour révéler l'épée dans toute sa splendeur. Les gravures tracées finement à divers endroits, tant sur le plat de la lame que sur la garde, ne laissaient aucun doute quant à sa fonction purificatrice. Tout semblait désigner Renfield, pourtant, l'organisation fanatique avait laissé cette précieuse relique sur son passage… Aaren la déposa à plat sur son bureau pour laisser tout le temps dont Bradley avait besoin pour l'ausculter à distance respectable. Il se doutait que des odeurs d'ordinaire imperceptibles même par un vampire pouvaient s'être accrochées à l'arme et il comptait sur le flair inégalable de Bradley pour l'aider.

"Alors ?" demanda-t-il lorsque son ami sembla avoir terminé son analyse approfondie.