Déclarer la paix à la guerre (16/05/2018)

Ce griffonnement permanent ne manquait pas de stresser légèrement notre lycane. Certes, c'était un entretien, elle le savait mais d'être passée au crible la mettait de toute façon toujours un peu mal à l'aise. Les questions suivantes qu'il lui posa n'arrangeant pas vraiment la situation. En effet, elle avait déjà eu affaire à une situation atypique il y a un peu plus d'une semaine face à un lycan infecté qu'elle avait laissé fuir dans la nature. Alors certes, quelqu'un avait été mis en danger et elle avait privilégié son cas mais au fond d'elle, elle savait aussi pertinemment que le voir détaler comme un lapin l'avait aussi honteusement soulagée. C'était un sentiment certes, très humain mais également très irréfléchi par rapport aux conséquences que ça pouvait potentiellement engendrer. Comment allait-elle pouvoir assumer ça devant celui qui allait l'embaucher ? Anzu prit tout de même son courage à deux mains. Elle n'avait pas besoin d'entrainement psychologique bien que sa bêtise venait confirmer le contraire. L'Alpha avait bien conscience de la portée puérile de son acte et elle s'était promise que ce schéma n'allait pas se reproduire. Ce n'était plus une enfant désormais et il allait falloir qu'elle assume encore plus de responsabilités et qu'elle en soit surtout, à la hauteur.

-En effet. Il y a de cela une semaine et demi, je me suis retrouvée face à un lycan infecté qui s'apprêtait à éradiquer un vampire de la noblesse. J'ai su directement comment affronter la situation et me suis interposée. Je sais garder la tête froide et ne pas m'emballer quand il s'agit d'un danger imminent. Ca m'effraie pas le moins du monde. Cependant...

Autant aller jusqu'au bout et dire la vérité. De toute façon, c'était dans l'intérêt de tous.

-J'ai su gérer la situation jusqu'à ce qu'il m'échappe. Enfin... J'aurais pu aisément le rattraper mais ce vampire était salement amoché...

Elle se donnait clairement des excuses pour défendre son cas, mais on ne pouvait dire que c'était forcément pardonnable.

-Mais disons aussi que ça m'a légèrement soulagée de me dire que je n'avais pas à le descendre... J'ai été négligente...

La honte. La honte suprême. Elle se disait qu'elle était peut-être un peu trop dur avec elle-même mais la simple idée qu'elle avait pu faire preuve de faiblesse la décevait profondément.

-Sachez simplement, que ça m'a servie de leçon et qu'une telle chose ne se reproduira pas. Alors passons sur l'entrainement psychologique, j'ai déjà compris mon erreur et je ne laisserais pas ce schéma se répéter à l'avenir.

Anzu en avait la ferme conviction. Elle était remontée contre elle et il n'y avait qu'elle pour réparer les pots cassés. Des vies avaient peut-être été mises en danger par sa faute et cette idée même l'horrifiait en lui pesant sur la conscience. Elle avait le potentiel pour protéger des individus qui n'en avaient pas la possibilité et elle se donnerait les moyens de dépasser cette faiblesse en s'endurcissant.