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Mar 22 Oct 2019 - 22:30
Finalement, avec l'épisode précédent, la jeune poétesse n'avait pas pu se déplacer pour obtenir sa mixture. Comme elle le lui avait suggéré, Anzu prit donc la route en direction de sa demeure. Il n'était pas rare que la pharmacienne se déplace pour ses clients, surtout avec les événements compliqués du moment. Les humains craignaient sortir de plus en plus de chez eux et demandaient sa présence pour les plus fragiles ou les plus isolés. Bien évidemment, la jeune femme ne manquait pas de facturer ses interventions à la hausse parce que le temps passé sur la route était du temps perdu en boutique et ses autres affaires. De plus, elle comptait bien limiter ses heures à la pharmacie pour suivre pleinement le mouvement au sein des chevaliers des ombres. Bientôt, elle ne pourra plus du tout être à la disposition de ces mortels. Ou en tout cas, pas dans la peau d'une professionnelle mais dans celle d'une hunter prête à en découdre contre ceux qui semaient le trouble en ville. Son pied appuya fermement sur l'accélérateur pour rejoindre l'adresse qui lui avait été indiquée
Mais pour cette fois, elle avait décidé de faire une exception en acceptant le trajet avec cette demoiselle aux yeux vides, mais dont l'esprit était toujours éveillé. Machinalement, elle se mit à entortiller son collier argenté autour de son doigt pendant que le feu peinait à passer au vert. Elle se remémorait cette rencontre inédite entre cette humaine et elle, pleine de zone d'ombre, comme une rencontre entre deux mondes totalement opposés qui rentraient en collision. Un peu comme lorsqu'elle avait eu sa première entrevue avec Riku Kobayashi, son mentor. Elle s'était montrée particulièrement grinçante et méfiante, à la limite de la provocation, comme une menace à contourner. Mais finalement, Anzu se rendait compte qu'il ne fallait pas jeter la pierre trop vite sur cette race qui ne l'inspirait guère, tout comme les vampires.
Pourquoi était-ce si difficile que de vaincre ses préjugés ? Certainement parce qu'il y avait de ces douleurs dont la sensation ne s'éteignait véritablement jamais, perpétuant la haine et la rancœur, à travers les âges. A travers les os et le cœur. Son regard bifurqua dans son rétroviseur pour observer ses deux billes qui brillaient d'un bleu profond, comme pour se souvenir de cette promesse faite à elle-même.
Elle ne se soumettra pas à cette rage comme celle que son père lui crachait constamment au visage. C'était d'ailleurs pour cette raison supplémentaire qu'elle avait donné ses coordonnées à Anja. Elle avait l'air d'être une gentille fille, riche et ouverte. Alors certes, toutes ces informations au sujet des lycans avaient dû la secouer quelque peu et peut-être que rien ne lui semblait clair mais...
Elle lui avait donné l’impression d'être authentique et vraie dans ses paroles.
Enfin, sa voiture redémarra pour se diriger vers sa destination finale. Quelques minutes après, elle roulait sur ce petit chemin qui menait à sa maison. Une façade blanche plutôt banale à première vue, habillée de quelques fenêtres aux contours bleus dont la couleur rejoignait celle de la porte. Son logement semblait assez haute de plafond ou bien elle possédait un étage. Toutefois, ça lui paraissait assez grand pour un petit gabarit comme le sien.
Elle flanqua la porte de sa voiture et s'empara de son paquet dédié à ce titre. Quelques pas plus tard, elle sonna à l'interrupteur mis à disposition pour annoncer sa venue.
Peut-être aurait-elle des gâteaux à grignoter, elle mourait de faim. Ou plutôt, elle avait une superbe envie de sucre.
Mais pour cette fois, elle avait décidé de faire une exception en acceptant le trajet avec cette demoiselle aux yeux vides, mais dont l'esprit était toujours éveillé. Machinalement, elle se mit à entortiller son collier argenté autour de son doigt pendant que le feu peinait à passer au vert. Elle se remémorait cette rencontre inédite entre cette humaine et elle, pleine de zone d'ombre, comme une rencontre entre deux mondes totalement opposés qui rentraient en collision. Un peu comme lorsqu'elle avait eu sa première entrevue avec Riku Kobayashi, son mentor. Elle s'était montrée particulièrement grinçante et méfiante, à la limite de la provocation, comme une menace à contourner. Mais finalement, Anzu se rendait compte qu'il ne fallait pas jeter la pierre trop vite sur cette race qui ne l'inspirait guère, tout comme les vampires.
Pourquoi était-ce si difficile que de vaincre ses préjugés ? Certainement parce qu'il y avait de ces douleurs dont la sensation ne s'éteignait véritablement jamais, perpétuant la haine et la rancœur, à travers les âges. A travers les os et le cœur. Son regard bifurqua dans son rétroviseur pour observer ses deux billes qui brillaient d'un bleu profond, comme pour se souvenir de cette promesse faite à elle-même.
Elle ne se soumettra pas à cette rage comme celle que son père lui crachait constamment au visage. C'était d'ailleurs pour cette raison supplémentaire qu'elle avait donné ses coordonnées à Anja. Elle avait l'air d'être une gentille fille, riche et ouverte. Alors certes, toutes ces informations au sujet des lycans avaient dû la secouer quelque peu et peut-être que rien ne lui semblait clair mais...
Elle lui avait donné l’impression d'être authentique et vraie dans ses paroles.
Enfin, sa voiture redémarra pour se diriger vers sa destination finale. Quelques minutes après, elle roulait sur ce petit chemin qui menait à sa maison. Une façade blanche plutôt banale à première vue, habillée de quelques fenêtres aux contours bleus dont la couleur rejoignait celle de la porte. Son logement semblait assez haute de plafond ou bien elle possédait un étage. Toutefois, ça lui paraissait assez grand pour un petit gabarit comme le sien.
Elle flanqua la porte de sa voiture et s'empara de son paquet dédié à ce titre. Quelques pas plus tard, elle sonna à l'interrupteur mis à disposition pour annoncer sa venue.
Peut-être aurait-elle des gâteaux à grignoter, elle mourait de faim. Ou plutôt, elle avait une superbe envie de sucre.
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Jeu 24 Oct 2019 - 17:55
La vie avait reprit un cours étrange. Quelques jours après, elle avait envoyée cette lettre à la Princesse Izbranova, sans vraiment pouvoir aborder ses pensées. Celles-là, encore, elle n'arrivait qu'à les garder pour elle. Peut-être arriverait-elle à écrire, à lui offrir ses peurs et ses terreurs. Ses soulagements et ses questions. Mais pour l'heure, il n'y avait plus que la musique. Alors, tout en programmant un rappel régulier sur son téléphone pour appliquer sur son mollet abimé la mixture offerte, elle s'y était lancée à nouveau pleinement.
A sa maison s'étaient enchaînés quelques partenaires de musique, violonistes, chanteurs, et autre, pour répondre à son besoin de jouer. Pour elle seule. Le seul public autorisé était, à de rares présences sporadiques, une femme de ménage qui venait s'occuper de sa maison, profitant des musiques qui semblaient ne jamais s'arrêter. Infatigable par sa volonté, elle avait déjà oublié le fait de prendre soin d'elle. Tant et si bien, qu'il fut un soir, où elle écrivit à la Princesse, par la main d'une autre, qu'elle fut obligée d'obéir à cette voix soudainement impérieuse pour son propre bien, et de se reposer, de manger. De reprendre un rythme qui convenait à une personne mortelle, et malade, comme elle l'était.
Alors, elle s'était calmée, elle était redevenue un peu responsable. Plus choquée qu'elle n'avait bien voulue l'admettre au départ, elle n'avait pas pour autant oublié la promesse de la pharmacienne qui passerait sûrement, bientôt. Et maintenant que sa folie de musique était un peu passée, elle avait pu s'y consacrer, entre autres morceaux. Pour accueillir au mieux son invitée, Anja avait pris soin de demander à nouveau à sa si précieuse aide de venir ce jour, pour préparer quelques bouchées, gâteau ou thé, et que le tout soit présentable. Il faut dire, avec les nombreuses allées et venues, les partitions qui avaient fini au sol sans se faire ramasser n'était certainement pas le spectacle le plus agréable. Alors, tout avait été rangé dans ces armoires bourrées de partitions en tout genre, en braille ou non, pour des invités, ou d'autres travaux.
Et en l'attendant, elle jouait. Rhapsodies hongroises de Liszt. Les notes glissaient, toutes aussi légères comme perlant dans l'air, que lourdes l'instant d'après, au moment où les perles retombaient en une pluie sourde. Elle faisait passer ce que ses mots n'arrivaient pas à prononcer, dans des interprétations qu'elle ne s'autoriserait jamais à faire en publique, mais cela faisait du bien.
La sonnette sonna. Et elle ne l'étendit pas, plongée dans sa pièce du moment. Dans son petit monde à elle. Heureusement d'ailleurs qu'elle avait fait venir son aide pour cela, sinon... Dieu sait combien de temps elle aurait fait attendre la lycane, alors que sa musique perçait les murs de sa maison pour résonner à l'extérieur, dans cette rue maintenant habituée.
C'est d'ailleurs cette acolyte qui faisait tant pour elle ces derniers temps, qui vint ouvrir la porte à la pharmacienne. C'était une femme plutôt grande, un air sévère au visage au premier abord, mais qui souria en s'inclinant pour la saluer, pour parler avec un accent anglais assez prononcé, dans un japonais pourtant bien compréhensible.
- Vous devez être Anzu-sama, pardonnez-moi cette familiarité, mais Limonov-sensei ne connaissait pas votre nom. Si vous avez des affaires à déposer, n'hésitez pas à utiliser un porte manteau à droite de l'entrée, et à vous déchausser, naturellement.
Les consignes prononcées étaient visiblement quelque chose de récité. Habituée à travailler, dans d'autres pays pour Anja, conseillée par son agent, elle avait pris l'habitude à ce que les différentes personnes venant visiter la maîtresse de maison ne connaissent pas forcément les coutumes japonaises. D'ailleurs à l'entrée, des chaussons étaient déjà disponibles pour Anzu.
- Elle est dans son morceau, n'hésitez pas à la déranger quand vous aurez l'occasion, entre deux morceaux, ou lors d'un silence. Elle sera plus à même d'entendre une autre personne dans un tel moment. Oh, et vous pouvez m'appeler Kaitlin.
Tout en parlant, elle guida la pharmacienne une fois changée au long d'un couloir qui tourna, pour déboucher sur une grande salle, au plafond élevé. D'ailleurs, en se retournant, on pouvait voir une petite balustrade avec un balcon intérieur qui surplombait ce salon où trônaient divers instruments de musiques.
Deux pianos demi-queue étaient l'un à côté de l'autre, au centre de la pièce, tandis que des armories noires étaient remplies de divers livres, braille ou simple écritures, principalement centrés sur des études de musique, de compositeurs dits classiques, ou de multiples partitions aux feuillets plus ou moins anciens. De l'autre côté de la pièce, à côté d'un long canapé et d'une table basse, une grosse chaîne avec une platine et autres lecteurs. Juste à son côté, une autre bibliothèque de disques ou cds variés.
- Je vais donc vous laisser là. N'hésitez pas à rappeler à Limonov-sensei, que j'ai laissé de quoi vous sustenter dans la cuisine, au tiroir habituel, chuchota Kaitlin vers Anzu avant de s'incliner une nouvelle fois.
Et pendant ce temps, la musique continuait. Pianiste aveugle, virtuose, Anja était habillée d'une robe sombre et simple, sans fioriture. Là où ses joues étaient creusées, et pâles, elle avait regagné au moins des couleurs. Et son air concentré, fixait de ses yeux vides un autre monde tandis qu'elle s'exprimait cette musique qui emplissait la pièce d'un autre monde, d'une autre histoire.
Jusqu'à ce que doucement, les notes se taisent peu à peu, quelques minutes après le départ de sa précieuse aide.
A sa maison s'étaient enchaînés quelques partenaires de musique, violonistes, chanteurs, et autre, pour répondre à son besoin de jouer. Pour elle seule. Le seul public autorisé était, à de rares présences sporadiques, une femme de ménage qui venait s'occuper de sa maison, profitant des musiques qui semblaient ne jamais s'arrêter. Infatigable par sa volonté, elle avait déjà oublié le fait de prendre soin d'elle. Tant et si bien, qu'il fut un soir, où elle écrivit à la Princesse, par la main d'une autre, qu'elle fut obligée d'obéir à cette voix soudainement impérieuse pour son propre bien, et de se reposer, de manger. De reprendre un rythme qui convenait à une personne mortelle, et malade, comme elle l'était.
Alors, elle s'était calmée, elle était redevenue un peu responsable. Plus choquée qu'elle n'avait bien voulue l'admettre au départ, elle n'avait pas pour autant oublié la promesse de la pharmacienne qui passerait sûrement, bientôt. Et maintenant que sa folie de musique était un peu passée, elle avait pu s'y consacrer, entre autres morceaux. Pour accueillir au mieux son invitée, Anja avait pris soin de demander à nouveau à sa si précieuse aide de venir ce jour, pour préparer quelques bouchées, gâteau ou thé, et que le tout soit présentable. Il faut dire, avec les nombreuses allées et venues, les partitions qui avaient fini au sol sans se faire ramasser n'était certainement pas le spectacle le plus agréable. Alors, tout avait été rangé dans ces armoires bourrées de partitions en tout genre, en braille ou non, pour des invités, ou d'autres travaux.
Et en l'attendant, elle jouait. Rhapsodies hongroises de Liszt. Les notes glissaient, toutes aussi légères comme perlant dans l'air, que lourdes l'instant d'après, au moment où les perles retombaient en une pluie sourde. Elle faisait passer ce que ses mots n'arrivaient pas à prononcer, dans des interprétations qu'elle ne s'autoriserait jamais à faire en publique, mais cela faisait du bien.
La sonnette sonna. Et elle ne l'étendit pas, plongée dans sa pièce du moment. Dans son petit monde à elle. Heureusement d'ailleurs qu'elle avait fait venir son aide pour cela, sinon... Dieu sait combien de temps elle aurait fait attendre la lycane, alors que sa musique perçait les murs de sa maison pour résonner à l'extérieur, dans cette rue maintenant habituée.
C'est d'ailleurs cette acolyte qui faisait tant pour elle ces derniers temps, qui vint ouvrir la porte à la pharmacienne. C'était une femme plutôt grande, un air sévère au visage au premier abord, mais qui souria en s'inclinant pour la saluer, pour parler avec un accent anglais assez prononcé, dans un japonais pourtant bien compréhensible.
- Vous devez être Anzu-sama, pardonnez-moi cette familiarité, mais Limonov-sensei ne connaissait pas votre nom. Si vous avez des affaires à déposer, n'hésitez pas à utiliser un porte manteau à droite de l'entrée, et à vous déchausser, naturellement.
Les consignes prononcées étaient visiblement quelque chose de récité. Habituée à travailler, dans d'autres pays pour Anja, conseillée par son agent, elle avait pris l'habitude à ce que les différentes personnes venant visiter la maîtresse de maison ne connaissent pas forcément les coutumes japonaises. D'ailleurs à l'entrée, des chaussons étaient déjà disponibles pour Anzu.
- Elle est dans son morceau, n'hésitez pas à la déranger quand vous aurez l'occasion, entre deux morceaux, ou lors d'un silence. Elle sera plus à même d'entendre une autre personne dans un tel moment. Oh, et vous pouvez m'appeler Kaitlin.
Tout en parlant, elle guida la pharmacienne une fois changée au long d'un couloir qui tourna, pour déboucher sur une grande salle, au plafond élevé. D'ailleurs, en se retournant, on pouvait voir une petite balustrade avec un balcon intérieur qui surplombait ce salon où trônaient divers instruments de musiques.
Deux pianos demi-queue étaient l'un à côté de l'autre, au centre de la pièce, tandis que des armories noires étaient remplies de divers livres, braille ou simple écritures, principalement centrés sur des études de musique, de compositeurs dits classiques, ou de multiples partitions aux feuillets plus ou moins anciens. De l'autre côté de la pièce, à côté d'un long canapé et d'une table basse, une grosse chaîne avec une platine et autres lecteurs. Juste à son côté, une autre bibliothèque de disques ou cds variés.
- Je vais donc vous laisser là. N'hésitez pas à rappeler à Limonov-sensei, que j'ai laissé de quoi vous sustenter dans la cuisine, au tiroir habituel, chuchota Kaitlin vers Anzu avant de s'incliner une nouvelle fois.
Et pendant ce temps, la musique continuait. Pianiste aveugle, virtuose, Anja était habillée d'une robe sombre et simple, sans fioriture. Là où ses joues étaient creusées, et pâles, elle avait regagné au moins des couleurs. Et son air concentré, fixait de ses yeux vides un autre monde tandis qu'elle s'exprimait cette musique qui emplissait la pièce d'un autre monde, d'une autre histoire.
Jusqu'à ce que doucement, les notes se taisent peu à peu, quelques minutes après le départ de sa précieuse aide.
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Dim 27 Oct 2019 - 13:26
Les notes vibraient à travers les murs de cette maison. La louve compris à cet instant qu'elle devait se donner à la tâche sans conscience de temps ou bien d'autre chose. Une grande femme vint alors lui ouvrir tandis qu'elle tentait de trouver un sens à cette musique. Mais pour elle, ça ne représentait que des sons qui dansaient dans son oreille sans pour autant en identifier la chorégraphie.
Anzu se pencha brièvement pour la saluer en retour tandis qu'elle retirait ses bottes boueuses dues aux escapades investies en forêt. Elle franchit ensuite le seuil de cette demeure, suivant de près ce qu'elle pensait être son agente. Elle ne manqua pas de lui intimer de déranger la maîtresse des lieux pour la tirer de son art, au moment le plus opportun, où elle serait susceptible d'y faire attention. Silencieusement, la lycane hocha la tête, osant à peine parler dans cet endroit qui lui inspirait un autre monde, accompagnée par la berceuse qu'Anja-san faisait naître sous ses doigts. Ses yeux cristallins observaient les dimensions de cette grande salle où on l'avait conduite. Le décor regorgeait aisément de toutes ces activités pour lesquelles elle s'adonnait certainement régulièrement. Des partitions, des disques, bouquins. Toute l'artillerie nécessaire dont la musicienne avait besoin pour animer sa passion et se plonger dans son univers.
Alors qu'elle observait son environnement, les notes grimpèrent d'une traite, plus violentes, ce qui arracha une grimace de douleur à la jeune femme. L'ouïe de ces bêtes surréalistes étant très sensible, ce morceau de partition agressait ses oreilles. Mais déjà, la musique retomba, plus douce et moins virulente, comme si la mortelle avait inconsciemment deviné la gêne sourde de son invitée.
-Je vous remercie. Répondit-elle à son escorte dans un petit sourire avant de la laisser s'éloigner.
L'invitée se dirigea alors vers le long canapé mis à disposition et s'y posa en rabattant une jambe sur l'autre. Pour le moment, elle voulait la voir jouer. Ce petit bout de femme lui paraissait déjà mieux portante, malgré ses joues creusées par la fatigue mais aussi, son état de santé. Il était fou de constater cette force et cette énergie qui se dégageaient de chaque mouvement, chaque souffle ou chaque froncement de sourcil. Son investissement était total, entourée de cette bulle immense qui encerclait son corps frêle et enrobait son esprit. C'était presque physique, tant la dimension des notes chantaient l'intensité de celle qui les faisait s'envoler.
Ses pupilles se plissèrent légèrement, concentrée à en ressentir quelque chose,même d'abstrait. Cette mélodie, quand elle se prêtait à y méditer, lui inspirait seulement du désespoir. Elle se voyait courir à travers une forêt dense, pour échapper à un sort funeste qui la rattrapait au pas de course. La fuite. La peur. Cette musique lui racontait des cauchemars dont la fin ne pouvait être que tragique. Machinalement, ses mains vinrent frotter ses avants bras alors qu'elle n'avait pas froid, sentant le malaise s'insinuer.
Anzu se leva alors et alla à sa rencontre, debout, à côté d'elle. Son index se rapprocha lentement du clavier et appuya sur une touche au hasard. Cette fausse note, indésirable et indésirée, aurait tôt fait de la tirer de sa concentration, marquant un temps d'arrêt pour réaliser une incohérence.
-Bonjour, Anja-san.
L'alpha lui laissa le temps de se reprendre quelque peu, histoire que son esprit appartienne de nouveau au commun des mortels et quitter la place sur laquelle il s'était expédié.
-Je t'ai apportée le remède, comme convenu. J'ai laissé ça sur la table. Comment te sens-tu ?
La nuit dernière n'avait pas été de tout repos, elle espérait qu'elle se soit remise de cette mauvaise aventure.
Anzu se pencha brièvement pour la saluer en retour tandis qu'elle retirait ses bottes boueuses dues aux escapades investies en forêt. Elle franchit ensuite le seuil de cette demeure, suivant de près ce qu'elle pensait être son agente. Elle ne manqua pas de lui intimer de déranger la maîtresse des lieux pour la tirer de son art, au moment le plus opportun, où elle serait susceptible d'y faire attention. Silencieusement, la lycane hocha la tête, osant à peine parler dans cet endroit qui lui inspirait un autre monde, accompagnée par la berceuse qu'Anja-san faisait naître sous ses doigts. Ses yeux cristallins observaient les dimensions de cette grande salle où on l'avait conduite. Le décor regorgeait aisément de toutes ces activités pour lesquelles elle s'adonnait certainement régulièrement. Des partitions, des disques, bouquins. Toute l'artillerie nécessaire dont la musicienne avait besoin pour animer sa passion et se plonger dans son univers.
Alors qu'elle observait son environnement, les notes grimpèrent d'une traite, plus violentes, ce qui arracha une grimace de douleur à la jeune femme. L'ouïe de ces bêtes surréalistes étant très sensible, ce morceau de partition agressait ses oreilles. Mais déjà, la musique retomba, plus douce et moins virulente, comme si la mortelle avait inconsciemment deviné la gêne sourde de son invitée.
-Je vous remercie. Répondit-elle à son escorte dans un petit sourire avant de la laisser s'éloigner.
L'invitée se dirigea alors vers le long canapé mis à disposition et s'y posa en rabattant une jambe sur l'autre. Pour le moment, elle voulait la voir jouer. Ce petit bout de femme lui paraissait déjà mieux portante, malgré ses joues creusées par la fatigue mais aussi, son état de santé. Il était fou de constater cette force et cette énergie qui se dégageaient de chaque mouvement, chaque souffle ou chaque froncement de sourcil. Son investissement était total, entourée de cette bulle immense qui encerclait son corps frêle et enrobait son esprit. C'était presque physique, tant la dimension des notes chantaient l'intensité de celle qui les faisait s'envoler.
Ses pupilles se plissèrent légèrement, concentrée à en ressentir quelque chose,même d'abstrait. Cette mélodie, quand elle se prêtait à y méditer, lui inspirait seulement du désespoir. Elle se voyait courir à travers une forêt dense, pour échapper à un sort funeste qui la rattrapait au pas de course. La fuite. La peur. Cette musique lui racontait des cauchemars dont la fin ne pouvait être que tragique. Machinalement, ses mains vinrent frotter ses avants bras alors qu'elle n'avait pas froid, sentant le malaise s'insinuer.
Anzu se leva alors et alla à sa rencontre, debout, à côté d'elle. Son index se rapprocha lentement du clavier et appuya sur une touche au hasard. Cette fausse note, indésirable et indésirée, aurait tôt fait de la tirer de sa concentration, marquant un temps d'arrêt pour réaliser une incohérence.
-Bonjour, Anja-san.
L'alpha lui laissa le temps de se reprendre quelque peu, histoire que son esprit appartienne de nouveau au commun des mortels et quitter la place sur laquelle il s'était expédié.
-Je t'ai apportée le remède, comme convenu. J'ai laissé ça sur la table. Comment te sens-tu ?
La nuit dernière n'avait pas été de tout repos, elle espérait qu'elle se soit remise de cette mauvaise aventure.
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Mar 29 Oct 2019 - 15:47
Qu'était-ce, cette lueur. Cette lueur hors du rêve, hors du ton, qui la ramenait au présent. Les mains en suspens devant les touches de son piano, Anja resta silencieuse, figée. Avant de reprendre une respiration elle aussi contenue, soudain légèrement essoufflée. Poisson de quelques instants, elle se tourna vers sa droite, pour sourire, douce, à celle qui prit parole, et lui répondre.
- Bonjour, Anzu-san. Et excusez-moi de n'être venue moi-même vous accueillir par ici, fit-elle en désignant d'une main gracile et d'un geste de bras le salon où trainaient pupitres et partitions. J'espère que je ne vous ai pas oubliée longtemps ?
Elle se redressa, prenant appui sur le piano, en grimaçant légèrement.
- Je pense que je vais plutôt correctement. C'est plus l'appréhension de la douleur, que la douleur elle-même qui fait une office bien étrange.
Pour preuve, elle tapota son pied au mollet abîmé sur le sol.
- Voyez ? Et pour le remède, je vais aller le poser dans un endroit plus approprié. Je reviens tout de suite, n'hésitez pas à observer et toucher.
Elle avait suffisamment confiance en une pharmacienne et adulte pour être certaine qu'elle aurait des mains propres et respectueuses, si jamais quelques notes voulaient être jouées. Faisant le tour de son banc de piano, elle se dirigera vers la petite table désignée, pour s'emparer du remède évoqué, et se diriger avec une main sûrement en avant, pour prévenir toute porte innopément fermée. Visiblement, elle était assez habituée à chaque placement de meuble pour se déplacer à peu près librement chez elle. Pas de canne blanche tendue en avant, juste une prudence et des petits pas.
Une minute plus tard, Anja revint, les bras chargés d'un petit plateau d'argent couvert des petites pâtisseries.
- Il y en aura un second pour après, précisa la pianiste, mais l'autre était trop gros pour que je puisse le récupérer sans risquer renverser ses précieuses préparations. Pourrez-vous m'aider tout à l'heure ? Je comptais déjà commencer par vous offrir ce que je vous avais promis, quoi que votre venue nouvelle rajoute à la dette qui me pèse envers vous.
Lentement, avec bien plus de précautions qu'à l'aller, Anja déposa le plateau sur la table basse en poussant un petit soupir de soulagement : rien n'était tombé.
- Voudrez-vous bien vous asseoir, et écouter ? Je n'ai malheureusement pas d'orchestre pour m'accompagner, ici. Seulement, j'ai de quoi le faire, en disque. Vous me pardonnerez cette faiblesse-là.
Sans vraiment attendre de réponse, tournant sur un talon et souriant pour elle-même, elle se dirigea vers la chaîne au disque déjà préparé. Et appuya sur le bouton play. Ce n'était pas forcément ce qu'elle avait eu en tête. Mais c'était finalement ce qui était resté dans son choix : loué la pureté de son âme. Et sur ces derniers mots,les instruments prirent vie, dans une douceur accentuée par les teintes chaleureuses et légèrement plus sombres qu'avait pris la salle. Et la voix de la pianiste s'éleva, emplissant le hall de la pureté du ton. A chacun des pas d'Anja, prenant l'espace pour le transformer en scène de concert, sa robe noire traînait, semblant danser avec le chant offert, alors qu'elle étendait une main en avant, comme tentant d'attraper une chose invisible.
Gracieuse, si lente et légère, la chanteuse déployait son art comme elle ne l'avait que rarement fait, pour être à la hauteur de la grandeur d'âme d'Anzu. un geste de la main, un geste de doigt, la tête qui se baissait dans une résignation incertaine, pour mieux revenir, forte, élevée vers le plafond de bois, au regard pourtant toujours aussi vide d'éclat. Ses pas l'avaient finalement amenée plus proche d'Anzu. Et dans le regard qu'Anja lui lança, après ces élans presque suppliants, Anzu pouvait sûrement lire toute la reconnaissance, la curiosité candide et l'admiration, que la chanteuse lui offrait. Sa main tendue, se referma dans le vide, brillante et tremblante, alors qu'elle la ramena vers elle à son coeur, pour doucement s'écarter, revenir proche du piano, pour s'y appuyer à peine.
Hymne à la faiblesse battue, acceptée. Hymne à la puissance retrouvée. Et hymne au coeur ouvert. Elle chantait son âme pour l'offrir à Anzu. Puis, notes après notes, la pièce arriva sur sa fin, la voix mourant en première, accompagnée quelques mesures plus tard par les instruments. Le silence s'installa à nouveau, simplement brisé par le souffle de la jeune femme, dont le regard aveugle cherchait un retour en direction de son hôte.
- J'espère, annonça-t-elle d'une petite voix, en s'approchant à petits pas, que cela a pu vous convenir.
Alors qu'elle vint pour s'asseoir au sol, en face du canapé pour se poser un peu, un chat, brun, sauta de l'étage sur une bibliothèque, avant de rejoindre le parquet ciré, pour venir se frotter contre les jambes pliées d'Anja. Elle sourit un peu plus amusée, laissant sa main parcourir la tête du félin.
- Oh, et je vous présente Fir.
- Bonjour, Anzu-san. Et excusez-moi de n'être venue moi-même vous accueillir par ici, fit-elle en désignant d'une main gracile et d'un geste de bras le salon où trainaient pupitres et partitions. J'espère que je ne vous ai pas oubliée longtemps ?
Elle se redressa, prenant appui sur le piano, en grimaçant légèrement.
- Je pense que je vais plutôt correctement. C'est plus l'appréhension de la douleur, que la douleur elle-même qui fait une office bien étrange.
Pour preuve, elle tapota son pied au mollet abîmé sur le sol.
- Voyez ? Et pour le remède, je vais aller le poser dans un endroit plus approprié. Je reviens tout de suite, n'hésitez pas à observer et toucher.
Elle avait suffisamment confiance en une pharmacienne et adulte pour être certaine qu'elle aurait des mains propres et respectueuses, si jamais quelques notes voulaient être jouées. Faisant le tour de son banc de piano, elle se dirigera vers la petite table désignée, pour s'emparer du remède évoqué, et se diriger avec une main sûrement en avant, pour prévenir toute porte innopément fermée. Visiblement, elle était assez habituée à chaque placement de meuble pour se déplacer à peu près librement chez elle. Pas de canne blanche tendue en avant, juste une prudence et des petits pas.
Une minute plus tard, Anja revint, les bras chargés d'un petit plateau d'argent couvert des petites pâtisseries.
- Il y en aura un second pour après, précisa la pianiste, mais l'autre était trop gros pour que je puisse le récupérer sans risquer renverser ses précieuses préparations. Pourrez-vous m'aider tout à l'heure ? Je comptais déjà commencer par vous offrir ce que je vous avais promis, quoi que votre venue nouvelle rajoute à la dette qui me pèse envers vous.
Lentement, avec bien plus de précautions qu'à l'aller, Anja déposa le plateau sur la table basse en poussant un petit soupir de soulagement : rien n'était tombé.
- Voudrez-vous bien vous asseoir, et écouter ? Je n'ai malheureusement pas d'orchestre pour m'accompagner, ici. Seulement, j'ai de quoi le faire, en disque. Vous me pardonnerez cette faiblesse-là.
Sans vraiment attendre de réponse, tournant sur un talon et souriant pour elle-même, elle se dirigea vers la chaîne au disque déjà préparé. Et appuya sur le bouton play. Ce n'était pas forcément ce qu'elle avait eu en tête. Mais c'était finalement ce qui était resté dans son choix : loué la pureté de son âme. Et sur ces derniers mots,les instruments prirent vie, dans une douceur accentuée par les teintes chaleureuses et légèrement plus sombres qu'avait pris la salle. Et la voix de la pianiste s'éleva, emplissant le hall de la pureté du ton. A chacun des pas d'Anja, prenant l'espace pour le transformer en scène de concert, sa robe noire traînait, semblant danser avec le chant offert, alors qu'elle étendait une main en avant, comme tentant d'attraper une chose invisible.
Gracieuse, si lente et légère, la chanteuse déployait son art comme elle ne l'avait que rarement fait, pour être à la hauteur de la grandeur d'âme d'Anzu. un geste de la main, un geste de doigt, la tête qui se baissait dans une résignation incertaine, pour mieux revenir, forte, élevée vers le plafond de bois, au regard pourtant toujours aussi vide d'éclat. Ses pas l'avaient finalement amenée plus proche d'Anzu. Et dans le regard qu'Anja lui lança, après ces élans presque suppliants, Anzu pouvait sûrement lire toute la reconnaissance, la curiosité candide et l'admiration, que la chanteuse lui offrait. Sa main tendue, se referma dans le vide, brillante et tremblante, alors qu'elle la ramena vers elle à son coeur, pour doucement s'écarter, revenir proche du piano, pour s'y appuyer à peine.
Hymne à la faiblesse battue, acceptée. Hymne à la puissance retrouvée. Et hymne au coeur ouvert. Elle chantait son âme pour l'offrir à Anzu. Puis, notes après notes, la pièce arriva sur sa fin, la voix mourant en première, accompagnée quelques mesures plus tard par les instruments. Le silence s'installa à nouveau, simplement brisé par le souffle de la jeune femme, dont le regard aveugle cherchait un retour en direction de son hôte.
- J'espère, annonça-t-elle d'une petite voix, en s'approchant à petits pas, que cela a pu vous convenir.
Alors qu'elle vint pour s'asseoir au sol, en face du canapé pour se poser un peu, un chat, brun, sauta de l'étage sur une bibliothèque, avant de rejoindre le parquet ciré, pour venir se frotter contre les jambes pliées d'Anja. Elle sourit un peu plus amusée, laissant sa main parcourir la tête du félin.
- Oh, et je vous présente Fir.
- Spoiler:
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Ven 1 Nov 2019 - 16:00
La nouvelle venue émit un petit rire satisfait à la réaction décontenancée qui se lisait sur le visage de son hôte. Quel blasphème que de gâcher cet arrangement si cher à son devoir, mais cette petite malice faisait partie intégrante au caractère de la jeune louve.
-Je le comprends. A vrai dire, Anja-san, je me suis assise pour vous écouter tout en vous observant. Il est certain que vous mettez du cœur à l'ouvrage.
Bien-sûr, elle omit de lui présenter ce sentiment de malaise qu'elle avait ressenti tandis que son esprit traduisait sa mélodie dans une sensation dérangeante qui n'était pas la bienvenue. Mais après tout, il n'était pas tout indiqué que les flots musicaux n'inspirent que d'agréables moments, bien au contraire.
-La douleur disparaîtra bientôt. Lui intima t-elle.
Toutefois, la pianiste avait l'air d'avoir une meilleure forme même si aux yeux de la pharmacienne, ce n'était pas suffisant. Elle se souleva en grimaçant pour exercer une légère pression sur la pointe de son pied pour lui signifier son rapport à la douleur. Chose que la lycane pouvait comprendre sans en saisir forcément la dimension : elle ne souffrait pratiquement jamais physiquement et ne connaissait donc aucune appréhension. Ou alors, la douleur se muait dans une intensité brève pour disparaître aussitôt, comme si elle n'avait jamais existé.
Alors que l'humaine s'en alla doucement pour déplacer en un meilleur lieu le sac qu'elle lui avait laissé, Anzu restait interdite devant son instrument. Elle rangea ses mains en croisant les bras, estimant qu'elle ne possédait pas ce droit que d'effleurer même les touches. Sa tête tourna légèrement sur le côté pour s'assurer que cette jeune femme n'avait pas besoin de son aide, bien qu'il aurait été assez indécent de la guider dans sa propre maison. On ne savait jamais, certaines personnes en difficulté se vexaient facilement quand on proposait de leur rendre service. Mais apparemment, son intervention ne serait pas nécessaire.
En effet, Anja-san revint avec un plateau sur lequel Anzu ne pouvait s'empêcher de porter un œil intéressé. Les pâtisseries.
-Je sais que je mange beaucoup mais tu n'étais pas obligée de te donner cette peine voyons... Même si je t'aiderais volontiers à les faire disparaître. Riait-elle joyeusement. La louve portait sa croix en ce qui concernait son rapport au sucre. Et puis n'exagère pas, rien ne pèse sur tes épaules, je ne fais que mon métier tu sais.
Il était assez contradictoire de constater qu'elle-même rechignait à accepter le soutien d'autrui. Ses habitudes se portaient toujours sur sa solitude, ou bien autour de son père dont l'esprit moisissait au fur et à mesure du temps. Il lui était difficile d'ouvrir sa bulle, même si ses nouveaux partenaires avaient finalement réussi à la percer. Seulement, chasser le naturel et il revenait au galop. Pourtant, dans cette méfiance qui se mouvait dans tout son être, elle était également capable de tendre la main sans rien demander en retour, car cela lui semblait tout naturel.
Cette femme, bien que mortelle, n'avait pas à se donner autant de mal bien que l'excuse du métier restait toute trouvée pour l'inviter à ne pas s'inquiéter de ça. Mais cet être frêle restait malgré tout, bien décidée à lui rendre la pareille en lui ouvrant son chant. Sur sa demande, ses pas la dirigèrent donc vers le canapé pour s'y poser une nouvelle fois, dans l'attente qu'elle déclare son art.
Les premiers accords du disque ne tardèrent pas à envahir la pièce quand le disque débuta, accompagnée rapidement par une voix cristalline qui s'emparait de l'espace. Si Anzu plissait du nez, un peu dubitative sur le début de ce concert improvisé, sa perplexité s'évanouit bien vite. Son buste s'avança lentement en avant pour mieux saisir l'intensité de ses vocalises qui ricochaient sur les murs de cette demeure. La magnificence de cette tirade chantée l’envoûtait comme un sort jeté sur son cœur qui se mit à battre un plus fort pour répondre à ses sensations qui l’envahissaient à son tour. Mais là encore, il ne s'agissait pas seulement de ce talent à pouvoir bercer l'ambiance d'une envolée lyrique. Dans cet hall, naissait le mysticisme d'une présence féminine qui absorbait son public par sa grâce et sa légèreté élégante dans une gestuelle habitée par la passion. Toutefois, en réaction à cette prestation qui enrobait la louve, ses pupilles cyans brillaient d'une lueur presque dévorante, son instinct de bête s'éveillait dans la volonté de subtiliser cet éclat qui resplendissait devant elle. Sa rétine vibrait au rythme des notes qui se déployaient comme des flammes dansantes au fond de son globe oculaire, tel un animal fixant ce petit oisillon agité par la tempête de son âme.
Nerveusement, Anzu joignit son index à sa bouche pour se mordiller les ongles lorsqu'elle se rapprocha un peu plus. Elle lui faisait penser toujours à cette colombe qui battait avec énergie des plumes pour contourner sa faiblesse terrible de n'avoir que des ailes trop courtes pour s'envoler véritablement. Happée par sa mystérieuse démonstration de force et de fragilité, Anzu se leva pour laisser voguer un désir insidieux qui la poussait à réduire la distance entre ce spectacle et elle. Elle voyait dans son regard éteint, son cadeau qu'elle tenait tant à lui offrir tandis qu'elle avançait doucement vers l'actrice occupée à faire planer sa chanson. Mais surtout, occupée à intriguer une bête enfermée dans les entrailles de son invitée, qui se laissait capter par l'objet de sa nouvelle convoitise.
Anja s'éloigna alors vers son piano sans mesurer la portée de ses suppliques sur la personne qu'elle souhaitait satisfaire. La lycane la suivait à seulement quelques pas de distance, marchant d'une allure tranquille autour de la mortelle tout en ne la lâchant pas des yeux. Étrangement, elle ne se sentait pourtant pas capable d'empiéter sur cette bulle d'acier qui s'était formée autour de la chanteuse dont se dégageait une puissance intimidante malgré cette fébrilité méprisante. Anzu se laissait aller à un désir de possession purement bestial dont elle ne saisissait même pas les tenants et les aboutissants. Simplement, une envie insaisissable et tourmentée qui naissaient au cœur de son inconscient ou qui plutôt, avait toujours été là, dissimulée quelque part dans la pénombre prête à bondir. Et Anja n'avait fait qu'ouvrir imperceptiblement cette facette qui se cachait dans les hautes sphères de ses gênes dangereux et hostiles.
Mais évidemment, il en fallait plus à ce mythe pour se déclarer dans sa totalité la plus ardente que d'être une bête, seulement une bête écrasante et violente. Anzu se contentait donc de tourner autour de cette offrande mais sans l’éreinter même si l'envie de déposer son souffle rauque et espiègle comme un animal satisfaisant sa convoitise ne se faisait pas moindre.
Les notes se mirent ensuite à tomber, une par une, et sa voix s'éteignit pour se laisser rattraper par les dernières mesures qui se turent à leur tour. Un silence entra dans la salle commune, alors que la louve se tenait en face d'elle d'un ou deux mètres, relevant le menton pour la regarder de biais avec ce regard prédateur qui en aurait effrayé plus d'un. Peut-être pouvait t-elle le sentir à sa respiration plus forte, comme si elle la guettait ? Parfois, les gens ressentaient le malaise d'être observés de loin ou comme si une ombre se projetaient sur eux alors qu'ils n'y voyaient que l'invisible.
Voilà donc ce que la musique pouvait attiser, dans cette parenthèse ouverte l'espace de quelques minutes, ses gênes sauvages et hargneux qui logeaient dans ses veines. Mais dans ce mutisme, l'adrénaline qui fouettait ses sens retomba également, pour qu'elle puisse reprendre sa raison en main. Cette réaction à ces louanges, bien qu'effrayante, ne perturbait pas la jeune femme qui savait pertinemment quels instincts aiguisés habitaient son âme. Il fallait simplement veiller à ne pas trop appuyer sur ce bouton pour déloger la bête.
-C'était parfait. Répondit t-elle dans un fin sourire avec toute la sincérité du monde, bien que l'artiste ne pouvait décemment pas deviner quel effet elle avait dangereusement suscité à son encontre. Et elle se garderait bien de lui dire. Vraiment parfait. Tu as une vraie fibre, exceptionnelle. Même si je suppose qu'on te l'a déjà soufflé plusieurs fois.
L'ambiance revenait doucement à la normale, tout du moins, pour l'invitée du jour. Ses compliments devaient paraître bien fades à côté de ceux qui s'y connaissaient très exactement mieux. Mais la sincérité y était vraiment. La musicienne éprouva ensuite le besoin de s'asseoir pour se reposer, ce qui était tout à son honneur.
-Je suis plutôt chien, à vrai dire, mais je te salue, Fir-san. Fit-elle amusée.
Elle s'avança alors et plia les genoux pour caresser son pelage si doux à son tour. Mais le chat eut comme une décharge qui l'incita à bien vite décamper des jambes de sa maîtresse.
Les animaux eux, n'avaient aucun mal à flairer le danger, ce qui fit rire sarcastiquement la louve.
-Et si nous mangions un morceau, Anja-san ?
-Je le comprends. A vrai dire, Anja-san, je me suis assise pour vous écouter tout en vous observant. Il est certain que vous mettez du cœur à l'ouvrage.
Bien-sûr, elle omit de lui présenter ce sentiment de malaise qu'elle avait ressenti tandis que son esprit traduisait sa mélodie dans une sensation dérangeante qui n'était pas la bienvenue. Mais après tout, il n'était pas tout indiqué que les flots musicaux n'inspirent que d'agréables moments, bien au contraire.
-La douleur disparaîtra bientôt. Lui intima t-elle.
Toutefois, la pianiste avait l'air d'avoir une meilleure forme même si aux yeux de la pharmacienne, ce n'était pas suffisant. Elle se souleva en grimaçant pour exercer une légère pression sur la pointe de son pied pour lui signifier son rapport à la douleur. Chose que la lycane pouvait comprendre sans en saisir forcément la dimension : elle ne souffrait pratiquement jamais physiquement et ne connaissait donc aucune appréhension. Ou alors, la douleur se muait dans une intensité brève pour disparaître aussitôt, comme si elle n'avait jamais existé.
Alors que l'humaine s'en alla doucement pour déplacer en un meilleur lieu le sac qu'elle lui avait laissé, Anzu restait interdite devant son instrument. Elle rangea ses mains en croisant les bras, estimant qu'elle ne possédait pas ce droit que d'effleurer même les touches. Sa tête tourna légèrement sur le côté pour s'assurer que cette jeune femme n'avait pas besoin de son aide, bien qu'il aurait été assez indécent de la guider dans sa propre maison. On ne savait jamais, certaines personnes en difficulté se vexaient facilement quand on proposait de leur rendre service. Mais apparemment, son intervention ne serait pas nécessaire.
En effet, Anja-san revint avec un plateau sur lequel Anzu ne pouvait s'empêcher de porter un œil intéressé. Les pâtisseries.
-Je sais que je mange beaucoup mais tu n'étais pas obligée de te donner cette peine voyons... Même si je t'aiderais volontiers à les faire disparaître. Riait-elle joyeusement. La louve portait sa croix en ce qui concernait son rapport au sucre. Et puis n'exagère pas, rien ne pèse sur tes épaules, je ne fais que mon métier tu sais.
Il était assez contradictoire de constater qu'elle-même rechignait à accepter le soutien d'autrui. Ses habitudes se portaient toujours sur sa solitude, ou bien autour de son père dont l'esprit moisissait au fur et à mesure du temps. Il lui était difficile d'ouvrir sa bulle, même si ses nouveaux partenaires avaient finalement réussi à la percer. Seulement, chasser le naturel et il revenait au galop. Pourtant, dans cette méfiance qui se mouvait dans tout son être, elle était également capable de tendre la main sans rien demander en retour, car cela lui semblait tout naturel.
Cette femme, bien que mortelle, n'avait pas à se donner autant de mal bien que l'excuse du métier restait toute trouvée pour l'inviter à ne pas s'inquiéter de ça. Mais cet être frêle restait malgré tout, bien décidée à lui rendre la pareille en lui ouvrant son chant. Sur sa demande, ses pas la dirigèrent donc vers le canapé pour s'y poser une nouvelle fois, dans l'attente qu'elle déclare son art.
Les premiers accords du disque ne tardèrent pas à envahir la pièce quand le disque débuta, accompagnée rapidement par une voix cristalline qui s'emparait de l'espace. Si Anzu plissait du nez, un peu dubitative sur le début de ce concert improvisé, sa perplexité s'évanouit bien vite. Son buste s'avança lentement en avant pour mieux saisir l'intensité de ses vocalises qui ricochaient sur les murs de cette demeure. La magnificence de cette tirade chantée l’envoûtait comme un sort jeté sur son cœur qui se mit à battre un plus fort pour répondre à ses sensations qui l’envahissaient à son tour. Mais là encore, il ne s'agissait pas seulement de ce talent à pouvoir bercer l'ambiance d'une envolée lyrique. Dans cet hall, naissait le mysticisme d'une présence féminine qui absorbait son public par sa grâce et sa légèreté élégante dans une gestuelle habitée par la passion. Toutefois, en réaction à cette prestation qui enrobait la louve, ses pupilles cyans brillaient d'une lueur presque dévorante, son instinct de bête s'éveillait dans la volonté de subtiliser cet éclat qui resplendissait devant elle. Sa rétine vibrait au rythme des notes qui se déployaient comme des flammes dansantes au fond de son globe oculaire, tel un animal fixant ce petit oisillon agité par la tempête de son âme.
Nerveusement, Anzu joignit son index à sa bouche pour se mordiller les ongles lorsqu'elle se rapprocha un peu plus. Elle lui faisait penser toujours à cette colombe qui battait avec énergie des plumes pour contourner sa faiblesse terrible de n'avoir que des ailes trop courtes pour s'envoler véritablement. Happée par sa mystérieuse démonstration de force et de fragilité, Anzu se leva pour laisser voguer un désir insidieux qui la poussait à réduire la distance entre ce spectacle et elle. Elle voyait dans son regard éteint, son cadeau qu'elle tenait tant à lui offrir tandis qu'elle avançait doucement vers l'actrice occupée à faire planer sa chanson. Mais surtout, occupée à intriguer une bête enfermée dans les entrailles de son invitée, qui se laissait capter par l'objet de sa nouvelle convoitise.
Anja s'éloigna alors vers son piano sans mesurer la portée de ses suppliques sur la personne qu'elle souhaitait satisfaire. La lycane la suivait à seulement quelques pas de distance, marchant d'une allure tranquille autour de la mortelle tout en ne la lâchant pas des yeux. Étrangement, elle ne se sentait pourtant pas capable d'empiéter sur cette bulle d'acier qui s'était formée autour de la chanteuse dont se dégageait une puissance intimidante malgré cette fébrilité méprisante. Anzu se laissait aller à un désir de possession purement bestial dont elle ne saisissait même pas les tenants et les aboutissants. Simplement, une envie insaisissable et tourmentée qui naissaient au cœur de son inconscient ou qui plutôt, avait toujours été là, dissimulée quelque part dans la pénombre prête à bondir. Et Anja n'avait fait qu'ouvrir imperceptiblement cette facette qui se cachait dans les hautes sphères de ses gênes dangereux et hostiles.
Mais évidemment, il en fallait plus à ce mythe pour se déclarer dans sa totalité la plus ardente que d'être une bête, seulement une bête écrasante et violente. Anzu se contentait donc de tourner autour de cette offrande mais sans l’éreinter même si l'envie de déposer son souffle rauque et espiègle comme un animal satisfaisant sa convoitise ne se faisait pas moindre.
Les notes se mirent ensuite à tomber, une par une, et sa voix s'éteignit pour se laisser rattraper par les dernières mesures qui se turent à leur tour. Un silence entra dans la salle commune, alors que la louve se tenait en face d'elle d'un ou deux mètres, relevant le menton pour la regarder de biais avec ce regard prédateur qui en aurait effrayé plus d'un. Peut-être pouvait t-elle le sentir à sa respiration plus forte, comme si elle la guettait ? Parfois, les gens ressentaient le malaise d'être observés de loin ou comme si une ombre se projetaient sur eux alors qu'ils n'y voyaient que l'invisible.
Voilà donc ce que la musique pouvait attiser, dans cette parenthèse ouverte l'espace de quelques minutes, ses gênes sauvages et hargneux qui logeaient dans ses veines. Mais dans ce mutisme, l'adrénaline qui fouettait ses sens retomba également, pour qu'elle puisse reprendre sa raison en main. Cette réaction à ces louanges, bien qu'effrayante, ne perturbait pas la jeune femme qui savait pertinemment quels instincts aiguisés habitaient son âme. Il fallait simplement veiller à ne pas trop appuyer sur ce bouton pour déloger la bête.
-C'était parfait. Répondit t-elle dans un fin sourire avec toute la sincérité du monde, bien que l'artiste ne pouvait décemment pas deviner quel effet elle avait dangereusement suscité à son encontre. Et elle se garderait bien de lui dire. Vraiment parfait. Tu as une vraie fibre, exceptionnelle. Même si je suppose qu'on te l'a déjà soufflé plusieurs fois.
L'ambiance revenait doucement à la normale, tout du moins, pour l'invitée du jour. Ses compliments devaient paraître bien fades à côté de ceux qui s'y connaissaient très exactement mieux. Mais la sincérité y était vraiment. La musicienne éprouva ensuite le besoin de s'asseoir pour se reposer, ce qui était tout à son honneur.
-Je suis plutôt chien, à vrai dire, mais je te salue, Fir-san. Fit-elle amusée.
Elle s'avança alors et plia les genoux pour caresser son pelage si doux à son tour. Mais le chat eut comme une décharge qui l'incita à bien vite décamper des jambes de sa maîtresse.
Les animaux eux, n'avaient aucun mal à flairer le danger, ce qui fit rire sarcastiquement la louve.
-Et si nous mangions un morceau, Anja-san ?
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Sam 2 Nov 2019 - 14:54
Anja sourit à Anzu, candide et pure, face au compliment.
- Rien n'est jamais vraiment parfait, Anzu-san. La recherche du son, de l’interprétation, est aussi bien en piano qu'à la voix, le travail d'une vie, je le crains. Mais les mots venant du cœur sont, par contre, ceux-là, toujours parfait.
Elle n'avait souvent que faire des analyses, ou des mots précis. Elle ne jouait pas pour ceux-là, elle jouait pour partager. Offrir une partie, un si petit morceau de son univers, ou, en l’occurrence, de ses sentiments et émotions. Ainsi, le simple retour lui indiquait la façon dont ceux-là avaient été pris et compris, et ils lui allaient parfaitement.
Anja poussa un long soupir en s'asseyant.
Peut-être était-ce là le côté le plus tragique de la musique pour Anja, les fins arrivaient toujours trop vite. Et quand bien même elle pouvait recréer ces mondes de rêves, de souvenirs et d'idées, bons ou mauvais, elle ne pouvait pas s'y perdre indéfiniment. Créatrice de ceux-là, ils cessaient d'exister, ou s'érodaient dès la fin d'un morceau atteint. Et s'y replonger, même instantanément n'empêchait pas ce pincement et cette invariable fin.
Elle laissa sa main parcourir Fir connaissant les points pour lui arracher quelques longs ronronnements et miaulements appréciateurs.
- Oй ! grogna-t-elle surprise, alors que Fir décampa juste après lui avoir fait offrande de griffes dans ses cuisses. Elle se les massa distraitement en plissant son nez. Je suis désolée, Anzu-san... Je crains que Fir ne soit pas très... lycans ?
Elle continua de se frotter un peu la jambe avec un pli inquiet qui lui barra le front pendant un petit instant. Au moins c'était une façon efficace de revenir au monde réel, et encore plus sur la nature de la pharmacienne. D'ordinaire, sa chère Fir était calme et câline, venant quémander quelques caresses avant de tenter de voler une pâtisserie sous le regard de sa maîtresse aveugle. Et qu'il réagisse ainsi était pour le moins surprenant, et bien nouveau.
- Enfin. J'accepte au moins cette proposition. Prenez bien ce que vous voulez, Kaitlin-san en fait toujours trop, tant et si bien qu'il y aura un second plateau.
La chanteuse se pencha en avant, ses doigts fins glissant le long de la table basse en bois peint, jusqu'à trouver le plateau, et ensuite, une pâtisserie, qu'elle prit entre deux doigts. Toutes les préparations, typiquement japonaises ou non, étaient faites de la sorte pour qu'une pâtisserie soit une bouchée d'Anja. Ainsi, pas de risque pour celle qui ne pouvait pas voir, de faire tomber quoi que ce soit.
- Mais en parlant de lycans, Anzu-san... commença Anja d'une voix un peu hésitante, ne sachant pas vraiment comment tourner les phrases. Comment sont vos sens ? Arrivent-ils à passer outre un son, pour attraper la signification au vol ? Est-ce au contraire, plus simple, pour vous, de ressentir ce que je souhaitais vous évoquer, par ce chant ? Qu'en avez-vous apprécié, ou que vous a-t-il fait ressentir ?
Curieuse, elle l'était complètement. Mais encore plus sur l'état d'Anzu. Elle l'avait entendu s'approcher, ou roder. Sans compter qu'elle était toujours intriguée par la soudaine fuite de Fir. Vouloir en savoir un peu plus, ainsi, était quelque chose de naturel. Cependant, pour ne pas trop déranger cette cheffe de clan, elle rajouta une question, sans préciser de contexte.
- Vous offririez-vous à un -ou une- démon, si vous l'aimiez ?
Et elle prit un second gâteau, entre deux doigts fins.
- Rien n'est jamais vraiment parfait, Anzu-san. La recherche du son, de l’interprétation, est aussi bien en piano qu'à la voix, le travail d'une vie, je le crains. Mais les mots venant du cœur sont, par contre, ceux-là, toujours parfait.
Elle n'avait souvent que faire des analyses, ou des mots précis. Elle ne jouait pas pour ceux-là, elle jouait pour partager. Offrir une partie, un si petit morceau de son univers, ou, en l’occurrence, de ses sentiments et émotions. Ainsi, le simple retour lui indiquait la façon dont ceux-là avaient été pris et compris, et ils lui allaient parfaitement.
Anja poussa un long soupir en s'asseyant.
Peut-être était-ce là le côté le plus tragique de la musique pour Anja, les fins arrivaient toujours trop vite. Et quand bien même elle pouvait recréer ces mondes de rêves, de souvenirs et d'idées, bons ou mauvais, elle ne pouvait pas s'y perdre indéfiniment. Créatrice de ceux-là, ils cessaient d'exister, ou s'érodaient dès la fin d'un morceau atteint. Et s'y replonger, même instantanément n'empêchait pas ce pincement et cette invariable fin.
Elle laissa sa main parcourir Fir connaissant les points pour lui arracher quelques longs ronronnements et miaulements appréciateurs.
- Oй ! grogna-t-elle surprise, alors que Fir décampa juste après lui avoir fait offrande de griffes dans ses cuisses. Elle se les massa distraitement en plissant son nez. Je suis désolée, Anzu-san... Je crains que Fir ne soit pas très... lycans ?
Elle continua de se frotter un peu la jambe avec un pli inquiet qui lui barra le front pendant un petit instant. Au moins c'était une façon efficace de revenir au monde réel, et encore plus sur la nature de la pharmacienne. D'ordinaire, sa chère Fir était calme et câline, venant quémander quelques caresses avant de tenter de voler une pâtisserie sous le regard de sa maîtresse aveugle. Et qu'il réagisse ainsi était pour le moins surprenant, et bien nouveau.
- Enfin. J'accepte au moins cette proposition. Prenez bien ce que vous voulez, Kaitlin-san en fait toujours trop, tant et si bien qu'il y aura un second plateau.
La chanteuse se pencha en avant, ses doigts fins glissant le long de la table basse en bois peint, jusqu'à trouver le plateau, et ensuite, une pâtisserie, qu'elle prit entre deux doigts. Toutes les préparations, typiquement japonaises ou non, étaient faites de la sorte pour qu'une pâtisserie soit une bouchée d'Anja. Ainsi, pas de risque pour celle qui ne pouvait pas voir, de faire tomber quoi que ce soit.
- Mais en parlant de lycans, Anzu-san... commença Anja d'une voix un peu hésitante, ne sachant pas vraiment comment tourner les phrases. Comment sont vos sens ? Arrivent-ils à passer outre un son, pour attraper la signification au vol ? Est-ce au contraire, plus simple, pour vous, de ressentir ce que je souhaitais vous évoquer, par ce chant ? Qu'en avez-vous apprécié, ou que vous a-t-il fait ressentir ?
Curieuse, elle l'était complètement. Mais encore plus sur l'état d'Anzu. Elle l'avait entendu s'approcher, ou roder. Sans compter qu'elle était toujours intriguée par la soudaine fuite de Fir. Vouloir en savoir un peu plus, ainsi, était quelque chose de naturel. Cependant, pour ne pas trop déranger cette cheffe de clan, elle rajouta une question, sans préciser de contexte.
- Vous offririez-vous à un -ou une- démon, si vous l'aimiez ?
Et elle prit un second gâteau, entre deux doigts fins.
Invité
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Dim 3 Nov 2019 - 15:19
La perfection n'existait pas. Tout le monde le savait. Pourtant, par pure contradiction, il était certain que le rôle des imperfections tendaient à rendre justement quelque chose de parfait aux yeux de quelqu'un. Il s'agissait d'une formule composée, d'un tout et d'un équilibre habilement conçu, entre le juste et le moins juste. C'était dans cette limite fragile où résidait la dose du charme.
Après avoir fait fuir son animal de compagnie, Anzu s'asseyait à son tour aux côtés de la musicienne. Ses jambes se replièrent sur son buste et elle entoura ses genoux de ses bras pour poser son menton dessus, comme le font les enfants. Qui aurait pu s'imaginer que dans cette posture, veillait une bête abominable sous cette apparence angélique ?
-On ne peut pas plaire à tout le monde. Murmura t-elle pendant que son regard se posait, immobile, sur la griffure infligée.
Elle songeait silencieusement que cette égratignure aurait eu tôt faire de disparaître si son épiderme avait été amadoué de la sorte. En un claquement de doigt, la plaie ce serait refermée en laissant un souvenir très vague d'un picotement furtif. Anja paraissait quelque peu troublée par le comportement de son chat. Mais cette inquiétude s'effaça rapidement alors qu'elle répondait à la requête de son invitée. L'artiste s'exécuta, en tâtonnant jusqu'à attraper une pâtisserie fraîchement élaborées par son escorte. La louve l'imita, optant pour une petite brioche glacée sur le dessus au caramel dont le cœur habitait une crème onctueuse. Un délice sur son palais gourmand.
Mais alors que la louve s'attendait à savourer ces succulents petits gâteaux tranquillement avant de pouvoir s'en retourner travailler, la musicienne ne put s'empêcher de se laisser guider par la curiosité. Ses interrogations maladroites firent sourire la jeune louve, qui après tout, n'était pas en reste quand il s'agissait de poser des questions avec vivacité. Néanmoins, son intérêt se portait de prime abord sur ses références à l'audition. Quoi de plus naturel pour une pianiste passionnée qui ne vivait qu'à travers des notes ? Toutefois, elle ponctua sa curiosité sur le ressenti éprouvé de la lycane lors de sa démonstration mais elle n'était pas certaine qu'elle puisse entendre son point de vue sans éprouver une certaine frayeur à son égard.
-Comment dire... Nos sens sont plus clairement aiguisés que ceux d'un humain. Ils sont complètement décuplés et composent notre artillerie de bête conçue pour la traque.
Parce que ne l'oublions pas, leur conception était d'abord vue pour n'être que des animaux de compagnie dédiés à des chasses infâmes pour ces seigneurs les vampires.
-Nous pouvons isoler et amplifier chaque bruit, même imperceptible, comme une chenille glissant sur une feuille, un pouls qui bat et même le frôlement délicat d'une aile de papillon sur une fleur. Nous pouvons aussi entendre et écouter une globalité de sons en ne choisissant que ceux qui nous importent, en se concentrant dessus d'une oreille attentive.
Comme cette proie effrayée qui foulerait le sol terreux dans sa course effrénée pour sa survie. Le bruit des pas fouettant la terre, le bruissement des feuilles sur son passage et surtout, sa respiration saccadée qui s'échapperait de ses narines dilatées par la peur, même sur une longue distance. Cette composition de sons ne pouvait que sonner sa mort imminente, aux oreilles d'un lycan cherchant à chasser le gibier.
-Donc pour te répondre, par évidence, il m'a été plus facile de saisir chaque note de ton chant, associé également à la symphonie qui t'accompagnait. Par conclusion, de la ressentir. Mais pour le reste, c'est à dire l’interprétation, c'est un sentiment qui serait propre à chacun, n'est-ce pas ?
Anzu tourna ensuite le menton vers son hôte, arborant un visage espiègle dans ce petit rictus dont seulement elle, avait connaissance. Elle voulait vraiment savoir ? Vraiment apprendre à connaître cet hémisphère glauque de son esprit ? Son instinct taillé dans le flot tumultueux d'une rage sanguinaire ? Ce serait quitte ou double mais après réflexion, à ce souvenir délicat qu'elle avait éprouvé à l'écoute de ce spectacle, elle sentait les fibres de son être s'agiter, grouillant comme des vers dans le creux de ses entrailles. Son envie irrépressible d'intimidation propre à sa nature se mua à nouveau dans un comportement de prédation.
En réponse, sa tête se pencha lentement en direction de son cou gracile mis à sa disposition dans une offrande plus que provocante pour la louve. Il n'y avait plus cette aura particulière qui l'entourait pour la protéger de cette sinistre réalité qui se rapprochait d'elle. Son buste s'avança vers ce petit oiseau pour s'accaparer son espace, rompant les quelques centimètres qui les séparaient. Tandis que son souffle chaud se déposait sur son épaule habillée d'une fine bretelle, elle fit tourner quelques mèches de la chevelure d'Anja autour de ses doigts. Seule sa respiration et celle de la musicienne tendaient à occuper cette pièce désormais, avec en arrière-plan, ce silence profond presque malsain.
-Tu veux savoir, ce que ça m'a inspirée ? Susurra t-elle sournoisement à son oreille, plissant ses paupières dans une expression vorace. Une histoire romantique. Une danse lascive entre son bourreau et sa proie.
La douceur de sa voix ne suggérait aucune chaleur ni aucune sympathie, simplement une alerte pour envahir les sens de la mortelle qui lui nouerait l'estomac. Si elle pouvait éveiller les rêves dans le cœur des gens, la lycane pouvait faire naître les ténèbres.
-Ce petit animal qui se débat en déployant ses ailes abîmées, tournoyant comme une feuille morte à quelques centimètres du sol sans pouvoir prendre les cieux. Une fable si amer, car au loin, l'oisillon est guetté par cette bête dissimulée dans l'ombre, rodant comme un prédateur prêt à assouvir sa soif de hargne et de violence. Le petit animal, n'a aucune chance de s'en sortir. Mais il lutte, il lutte très fort contre le vent et la menace. Il s'envole, pour s'écraser aussitôt. Et en attendant, le danger se rapproche doucement, pas à pas, se délectant de son impuissance, la mâchoire ouverte. Il entend son cœur battre plus vite, sous la peur. Son index se mit à tapoter sur sa peau, au même rythme que la chamade de la mortelle pour imager son hisToire. Mais, le prédateur hésite. De quelle façon, vais-je bien pouvoir la goûter ?
A cet instant, sa bouche vint doucement caresser la peau blanche d'Anja pour donner plus de relief à ses intentions bancales, en parcourant délicatement son cou jusqu'à sa joue.
-Vais-je mordiller ses frêles os ? Ou plutôt me saisir de son corps malade pour m'amuser un peu avant de le jeter ? Ou peut-être, le faire mien ?
Chaque mot transpirait le sordide et quelques frissons parcoururent l'échine de cette prédatrice née pour abattre, sous le joug d'une excitation qui commençait à pointer ses ardeurs bestiales. Les lycans n'avaient rien de tendre quand ils laissaient leurs pulsions s'échapper de leur contrôle permanent. Il n'y avait là, qu'un chasseur et un chassé, que ce soit dans le cadre d'une traque ou dans un contexte plus sensuel. La brutalité, la rudesse et la violence restaient de mise. Et cette humaine ne tarderait pas à le comprendre si ce n'était pas déjà le cas.
Mais Anzu se décida enfin à briser ce magnétisme oppressant en émettant un rire jovial, assez satisfaite de sa propre prestation.
-Alors, qu'en dis-tu Anja-san ? Ricanait-elle toujours en s'écartant de cette pauvre humaine et revenir à sa position initiale, les genoux serrés contre son buste. C'est ce que tes notes, ont soufflé à la bête qui dort sagement en moi.
Au moins, ça avait le mérite d'être clair. Elle lui laissa cependant le temps de se reprendre, ayant conscience qu'elle avait dépassé les limites mais, c'était trop jouissif finalement pour laisser passer cette occasion. Il fallait qu'elle réalise que malgré sa nature gentille, une autre rugissait quelque part.
Toutefois, elle ne voyait pas tellement où elle voulait en venir avec cette dernière interrogation. La jeune femme n'avait jamais éprouvé un tel sentiment, l'amour restait inconnu à son cœur quand bien même elle connaissait cette attirance certaine pour son homologue, Ôkamio, en tant qu'alpha. Il s'agissait de cette attraction nuptiale qui visait à parader pour mieux s'apprivoiser et dans la suite, offrir au futur, une lignée digne de ce nom. Malheureusement, c'était aussi inscrit dans ses gênes. Cette sensation ne l'enchantait guère mais elle ne pouvait pas vraiment lutter contre lui, même si ô grand jamais elle ne se l'avouerait, ni à elle, ni à lui, ni à personne.
-Je ne sais pas. Sûrement. La terreur d'un être surnaturel suscite parfois l'admiration au point de se laisser embarquer dans des eaux infestées de dangers inconnus. L'inaccessible et le mystère attirent inlassablement, même si on sait que ça nous brûlera les ailes. Enfin, c'est ce que je pense, je n'ai jamais eu l'occasion de m'offrir à un démon.
Elle s'empara d'une autre gourmandise avant de rétorquer à son tour.
-Parce que tu aimes un démon, Anja-san ?
Finalement, Anzu se laissait, elle aussi, porter par la curiosité.
Après avoir fait fuir son animal de compagnie, Anzu s'asseyait à son tour aux côtés de la musicienne. Ses jambes se replièrent sur son buste et elle entoura ses genoux de ses bras pour poser son menton dessus, comme le font les enfants. Qui aurait pu s'imaginer que dans cette posture, veillait une bête abominable sous cette apparence angélique ?
-On ne peut pas plaire à tout le monde. Murmura t-elle pendant que son regard se posait, immobile, sur la griffure infligée.
Elle songeait silencieusement que cette égratignure aurait eu tôt faire de disparaître si son épiderme avait été amadoué de la sorte. En un claquement de doigt, la plaie ce serait refermée en laissant un souvenir très vague d'un picotement furtif. Anja paraissait quelque peu troublée par le comportement de son chat. Mais cette inquiétude s'effaça rapidement alors qu'elle répondait à la requête de son invitée. L'artiste s'exécuta, en tâtonnant jusqu'à attraper une pâtisserie fraîchement élaborées par son escorte. La louve l'imita, optant pour une petite brioche glacée sur le dessus au caramel dont le cœur habitait une crème onctueuse. Un délice sur son palais gourmand.
Mais alors que la louve s'attendait à savourer ces succulents petits gâteaux tranquillement avant de pouvoir s'en retourner travailler, la musicienne ne put s'empêcher de se laisser guider par la curiosité. Ses interrogations maladroites firent sourire la jeune louve, qui après tout, n'était pas en reste quand il s'agissait de poser des questions avec vivacité. Néanmoins, son intérêt se portait de prime abord sur ses références à l'audition. Quoi de plus naturel pour une pianiste passionnée qui ne vivait qu'à travers des notes ? Toutefois, elle ponctua sa curiosité sur le ressenti éprouvé de la lycane lors de sa démonstration mais elle n'était pas certaine qu'elle puisse entendre son point de vue sans éprouver une certaine frayeur à son égard.
-Comment dire... Nos sens sont plus clairement aiguisés que ceux d'un humain. Ils sont complètement décuplés et composent notre artillerie de bête conçue pour la traque.
Parce que ne l'oublions pas, leur conception était d'abord vue pour n'être que des animaux de compagnie dédiés à des chasses infâmes pour ces seigneurs les vampires.
-Nous pouvons isoler et amplifier chaque bruit, même imperceptible, comme une chenille glissant sur une feuille, un pouls qui bat et même le frôlement délicat d'une aile de papillon sur une fleur. Nous pouvons aussi entendre et écouter une globalité de sons en ne choisissant que ceux qui nous importent, en se concentrant dessus d'une oreille attentive.
Comme cette proie effrayée qui foulerait le sol terreux dans sa course effrénée pour sa survie. Le bruit des pas fouettant la terre, le bruissement des feuilles sur son passage et surtout, sa respiration saccadée qui s'échapperait de ses narines dilatées par la peur, même sur une longue distance. Cette composition de sons ne pouvait que sonner sa mort imminente, aux oreilles d'un lycan cherchant à chasser le gibier.
-Donc pour te répondre, par évidence, il m'a été plus facile de saisir chaque note de ton chant, associé également à la symphonie qui t'accompagnait. Par conclusion, de la ressentir. Mais pour le reste, c'est à dire l’interprétation, c'est un sentiment qui serait propre à chacun, n'est-ce pas ?
Anzu tourna ensuite le menton vers son hôte, arborant un visage espiègle dans ce petit rictus dont seulement elle, avait connaissance. Elle voulait vraiment savoir ? Vraiment apprendre à connaître cet hémisphère glauque de son esprit ? Son instinct taillé dans le flot tumultueux d'une rage sanguinaire ? Ce serait quitte ou double mais après réflexion, à ce souvenir délicat qu'elle avait éprouvé à l'écoute de ce spectacle, elle sentait les fibres de son être s'agiter, grouillant comme des vers dans le creux de ses entrailles. Son envie irrépressible d'intimidation propre à sa nature se mua à nouveau dans un comportement de prédation.
En réponse, sa tête se pencha lentement en direction de son cou gracile mis à sa disposition dans une offrande plus que provocante pour la louve. Il n'y avait plus cette aura particulière qui l'entourait pour la protéger de cette sinistre réalité qui se rapprochait d'elle. Son buste s'avança vers ce petit oiseau pour s'accaparer son espace, rompant les quelques centimètres qui les séparaient. Tandis que son souffle chaud se déposait sur son épaule habillée d'une fine bretelle, elle fit tourner quelques mèches de la chevelure d'Anja autour de ses doigts. Seule sa respiration et celle de la musicienne tendaient à occuper cette pièce désormais, avec en arrière-plan, ce silence profond presque malsain.
-Tu veux savoir, ce que ça m'a inspirée ? Susurra t-elle sournoisement à son oreille, plissant ses paupières dans une expression vorace. Une histoire romantique. Une danse lascive entre son bourreau et sa proie.
La douceur de sa voix ne suggérait aucune chaleur ni aucune sympathie, simplement une alerte pour envahir les sens de la mortelle qui lui nouerait l'estomac. Si elle pouvait éveiller les rêves dans le cœur des gens, la lycane pouvait faire naître les ténèbres.
-Ce petit animal qui se débat en déployant ses ailes abîmées, tournoyant comme une feuille morte à quelques centimètres du sol sans pouvoir prendre les cieux. Une fable si amer, car au loin, l'oisillon est guetté par cette bête dissimulée dans l'ombre, rodant comme un prédateur prêt à assouvir sa soif de hargne et de violence. Le petit animal, n'a aucune chance de s'en sortir. Mais il lutte, il lutte très fort contre le vent et la menace. Il s'envole, pour s'écraser aussitôt. Et en attendant, le danger se rapproche doucement, pas à pas, se délectant de son impuissance, la mâchoire ouverte. Il entend son cœur battre plus vite, sous la peur. Son index se mit à tapoter sur sa peau, au même rythme que la chamade de la mortelle pour imager son hisToire. Mais, le prédateur hésite. De quelle façon, vais-je bien pouvoir la goûter ?
A cet instant, sa bouche vint doucement caresser la peau blanche d'Anja pour donner plus de relief à ses intentions bancales, en parcourant délicatement son cou jusqu'à sa joue.
-Vais-je mordiller ses frêles os ? Ou plutôt me saisir de son corps malade pour m'amuser un peu avant de le jeter ? Ou peut-être, le faire mien ?
Chaque mot transpirait le sordide et quelques frissons parcoururent l'échine de cette prédatrice née pour abattre, sous le joug d'une excitation qui commençait à pointer ses ardeurs bestiales. Les lycans n'avaient rien de tendre quand ils laissaient leurs pulsions s'échapper de leur contrôle permanent. Il n'y avait là, qu'un chasseur et un chassé, que ce soit dans le cadre d'une traque ou dans un contexte plus sensuel. La brutalité, la rudesse et la violence restaient de mise. Et cette humaine ne tarderait pas à le comprendre si ce n'était pas déjà le cas.
Mais Anzu se décida enfin à briser ce magnétisme oppressant en émettant un rire jovial, assez satisfaite de sa propre prestation.
-Alors, qu'en dis-tu Anja-san ? Ricanait-elle toujours en s'écartant de cette pauvre humaine et revenir à sa position initiale, les genoux serrés contre son buste. C'est ce que tes notes, ont soufflé à la bête qui dort sagement en moi.
Au moins, ça avait le mérite d'être clair. Elle lui laissa cependant le temps de se reprendre, ayant conscience qu'elle avait dépassé les limites mais, c'était trop jouissif finalement pour laisser passer cette occasion. Il fallait qu'elle réalise que malgré sa nature gentille, une autre rugissait quelque part.
Toutefois, elle ne voyait pas tellement où elle voulait en venir avec cette dernière interrogation. La jeune femme n'avait jamais éprouvé un tel sentiment, l'amour restait inconnu à son cœur quand bien même elle connaissait cette attirance certaine pour son homologue, Ôkamio, en tant qu'alpha. Il s'agissait de cette attraction nuptiale qui visait à parader pour mieux s'apprivoiser et dans la suite, offrir au futur, une lignée digne de ce nom. Malheureusement, c'était aussi inscrit dans ses gênes. Cette sensation ne l'enchantait guère mais elle ne pouvait pas vraiment lutter contre lui, même si ô grand jamais elle ne se l'avouerait, ni à elle, ni à lui, ni à personne.
-Je ne sais pas. Sûrement. La terreur d'un être surnaturel suscite parfois l'admiration au point de se laisser embarquer dans des eaux infestées de dangers inconnus. L'inaccessible et le mystère attirent inlassablement, même si on sait que ça nous brûlera les ailes. Enfin, c'est ce que je pense, je n'ai jamais eu l'occasion de m'offrir à un démon.
Elle s'empara d'une autre gourmandise avant de rétorquer à son tour.
-Parce que tu aimes un démon, Anja-san ?
Finalement, Anzu se laissait, elle aussi, porter par la curiosité.
Invité
Invité
Dim 3 Nov 2019 - 17:11
Chomp.
Elle mâchait tranquillement, avant de la questionner, polie, pour ensuite l'écouter. Être lycan semblait appréciable, d'un certain point de vue. Encore fallait-il vouloir se faire dépecer, à ce qu'elle en avait saisi. et cela, ou même changer de ce qu'elle avait mis tant de temps à apprivoiser. Non merci. Mais néanmoins, elle écoutait avec une grande attention, même si sa focale était naturellement absente.
Surtout qu'elle n'avait pas envie de devenir une bête conçue pour la traque. Il lui semblait qu'il y avait suffisamment de ce genre de bêtes, surnaturelles ou non, dehors.
- Ce n'est pas vraiment une symphonie, souffla-t-elle sans même le vouloir ni y porter d'attention ; elle s'excusa rapidement. Réflexe de musicienne, désolée. Mais... vu ce que vous dites, Anzu-san, il s'agit plus de vous qui devez choisir, consciemment, quelle partie vous allez donc ressentir, si quelque chose attire cette attention particulière. Et non l'ensemble que j'ai pu vouloir, là, vous offrir, oui ?
Elle hocha cependant la tête pour la question. L'interprétation du ressenti, lui, était propre à chacun. Anja ne faisait pas forcément de différence entre les deux, mais pour quelqu'un qui manipulait ses sens avec la liberté énoncée... Elle pouvait imaginer que cela en faisait une.
Chomp.
Un frisson, alors qu'elle avait repris la seconde pâtisserie. Un souffle étranger vint s'écraser contre sa peau d'albâtre, lui faisant rentrer pendant un bref instant la tête dans ses épaules. Il lui semblait que la respiration même de son hôte avait changé de ton, empreignant l'ambiance d'une toute autre fragrance. Et la chanteuse n'était pas certaine, pour le moment, d'apprécier celle-là, pinçant les lèvres, alors qu'elle sentit ses mèches de cheveux manipulées. Néanmoins, elle resta là, figée et sans peur, à mâcher doucement le gâteau qu'elle avait pris.
Bourreau et proie. A nouveau, cette thématique qui était passée des mots aux premiers gestes, revenait en mots. Anja prit une plus lourde respiration, laissant son souffle s'éteindre avant de le reprendre, le calquant aux gestes lents de la lycane. Mais toujours, elle ne faisait geste, en l'écoutant. Sa main, signe visible de son état, enserra son vêtement sur sa cuisse, pour mieux patienter. Ne rien dire, ne pas réagir. Attendre que cette mise en scène déplacée et sordide soit terminée, pour enfin prendre parole.
Prendre sur soi, malgré le manifeste malaise ou douleur... ce n'était pas la première fois qu'elle le ferait. Et dans ce monde-là, sûrement pas la dernière. Mais elle ne s'attendait pas forcément à ce que cet habituel mal-être vienne de cette pharmacienne. Alors elle l'écoutait déverser ses mots, comme autant de doux fiels. Elle la sentait glisser ses lèvres gracieuses glisser en un poison contre sa peau qui prenait une légère chair de poule. Et toujours, Anja gardait le menton haut, la mâchoire légèrement serrée.
Puis enfin, la bête s'écarta d'elle. Le spectacle terminé. Et Anja poussa un long soupir, pour prendre sa troisième et dernière pâtisserie en tâtonnant, prenant ce temps pour choisir les mots et gestes suivants.
Chomp.
Puis, lentement, elle récupéra un mouchoir en tissu qui traînait sur le côté du plateau, douce attention de Kaitlin, pour s'essuyer le bout des doigts, puis son épaule, sa joue et son cou. Là où Anzu l'avait touchée. Tendant la main sur le côté, elle lâcha le mouchoir qui doucement s'étala au sol. Anja se tourna doucement vers Anzu, pour la fixer... plus ou moins. Toujours compliqué en étant aveugle.
- Dans vos paroles, on dirait que vous vous évoquez vous-même. Entre ce qui... sommeille, et ce que vous êtes. Votre combat. Entre la bête, et votre âme. Qui se fait dévorer, moi, pianiste aveugle n'ayant que l'art ? Ou vous-même ?
Sa voix était dénuée de chaleur, à son tour, et chaque mot était distinctement posé. Lourd. Grave.
- Qui est celle qui lutte ? Qui est celle qui a pu voir -ou savoir-, m'a-t-on dit, un des siens devenir fou, et agresser le tout venant lors d'une réception donnée par un Maire ? Qui est celle qui a une bête enfermée dans son coeur, qui possède ce désir de destruction. Ou au moins de souillure de ce qui n'est pourtant pas sien ? Et qui s'écrase soi-même ? Qui ne sait, comme tant d'hommes, pas reconnaître une situation, et aller au delà d'un consentement ? Qui sait prendre sans donner, ou seulement des artifices ?
Des cohortes de mortes défilent, sous les crachats de ceux qui ont marché dessus.
Elles ont les corps tordus brisés et quelque part
je sais qu’ils ont été bien plus que ça
je sais qu’elles ont été
bien plus aussi jusqu’à réduire le néant en poussière
Leurs peaux fendues
rouillées comme les lieux qu’on abandonne
portent des noms impersonnels
litanies des fous qui oublient leurs visages
Et combien de vivantes
derrière chaque morte
à compter les coups de poing de mots de sexe
les heures où les minutes
avant que la bête dorme
– enfin.
Elle se tut, enfin, ses doigts aux jointures blanches, toujours serrées sur ses vêtements. Doucement, lentement, elle déplia enfin son poing fermé, son vêtement maintenant fripé. A nouveau, ce poème n'avait pas été sien, et l'emprunter pour un contexte tel la dérangeait, mais il résonnait bien trop à ses oreilles pour qu'elle le garde pour elle.
- J'espère simplement que votre bête dormira avant de finir de vous dévorer.
Ce n'était plus que le seul souhait qu'elle pouvait laisser à la pharmacienne. Sa prestation avait passablement refroidi l'atmosphère après tout. Et, dépliant les os qui lui servaient de jambes, elle se redressa, pour tourner sur elle-même, faisant voleter sa robe, et se diriger vers son piano. Sans y jouer, juste pour en être proche, sentir sous ses doigts émaciés, les touches familières.
Alors, elle se retourna à nouveau vers Anzu.
- Peut-être aimé-je leur reine.
Du moins, c'est ainsi qu'elle la pensait parfois, dans de fugaces moments où il lui semblait saisir que cette Princesse était bien plus que ce qu'elle ne pouvait apparaître aux yeux de l'orchestre mortel. Elle leva un doigt pour le déposer en travers de ses lèvres.
- Mais c'est un secret, sourit-elle simplement.
Elle mâchait tranquillement, avant de la questionner, polie, pour ensuite l'écouter. Être lycan semblait appréciable, d'un certain point de vue. Encore fallait-il vouloir se faire dépecer, à ce qu'elle en avait saisi. et cela, ou même changer de ce qu'elle avait mis tant de temps à apprivoiser. Non merci. Mais néanmoins, elle écoutait avec une grande attention, même si sa focale était naturellement absente.
Surtout qu'elle n'avait pas envie de devenir une bête conçue pour la traque. Il lui semblait qu'il y avait suffisamment de ce genre de bêtes, surnaturelles ou non, dehors.
- Ce n'est pas vraiment une symphonie, souffla-t-elle sans même le vouloir ni y porter d'attention ; elle s'excusa rapidement. Réflexe de musicienne, désolée. Mais... vu ce que vous dites, Anzu-san, il s'agit plus de vous qui devez choisir, consciemment, quelle partie vous allez donc ressentir, si quelque chose attire cette attention particulière. Et non l'ensemble que j'ai pu vouloir, là, vous offrir, oui ?
Elle hocha cependant la tête pour la question. L'interprétation du ressenti, lui, était propre à chacun. Anja ne faisait pas forcément de différence entre les deux, mais pour quelqu'un qui manipulait ses sens avec la liberté énoncée... Elle pouvait imaginer que cela en faisait une.
Chomp.
Un frisson, alors qu'elle avait repris la seconde pâtisserie. Un souffle étranger vint s'écraser contre sa peau d'albâtre, lui faisant rentrer pendant un bref instant la tête dans ses épaules. Il lui semblait que la respiration même de son hôte avait changé de ton, empreignant l'ambiance d'une toute autre fragrance. Et la chanteuse n'était pas certaine, pour le moment, d'apprécier celle-là, pinçant les lèvres, alors qu'elle sentit ses mèches de cheveux manipulées. Néanmoins, elle resta là, figée et sans peur, à mâcher doucement le gâteau qu'elle avait pris.
Bourreau et proie. A nouveau, cette thématique qui était passée des mots aux premiers gestes, revenait en mots. Anja prit une plus lourde respiration, laissant son souffle s'éteindre avant de le reprendre, le calquant aux gestes lents de la lycane. Mais toujours, elle ne faisait geste, en l'écoutant. Sa main, signe visible de son état, enserra son vêtement sur sa cuisse, pour mieux patienter. Ne rien dire, ne pas réagir. Attendre que cette mise en scène déplacée et sordide soit terminée, pour enfin prendre parole.
Prendre sur soi, malgré le manifeste malaise ou douleur... ce n'était pas la première fois qu'elle le ferait. Et dans ce monde-là, sûrement pas la dernière. Mais elle ne s'attendait pas forcément à ce que cet habituel mal-être vienne de cette pharmacienne. Alors elle l'écoutait déverser ses mots, comme autant de doux fiels. Elle la sentait glisser ses lèvres gracieuses glisser en un poison contre sa peau qui prenait une légère chair de poule. Et toujours, Anja gardait le menton haut, la mâchoire légèrement serrée.
Puis enfin, la bête s'écarta d'elle. Le spectacle terminé. Et Anja poussa un long soupir, pour prendre sa troisième et dernière pâtisserie en tâtonnant, prenant ce temps pour choisir les mots et gestes suivants.
Chomp.
Puis, lentement, elle récupéra un mouchoir en tissu qui traînait sur le côté du plateau, douce attention de Kaitlin, pour s'essuyer le bout des doigts, puis son épaule, sa joue et son cou. Là où Anzu l'avait touchée. Tendant la main sur le côté, elle lâcha le mouchoir qui doucement s'étala au sol. Anja se tourna doucement vers Anzu, pour la fixer... plus ou moins. Toujours compliqué en étant aveugle.
- Dans vos paroles, on dirait que vous vous évoquez vous-même. Entre ce qui... sommeille, et ce que vous êtes. Votre combat. Entre la bête, et votre âme. Qui se fait dévorer, moi, pianiste aveugle n'ayant que l'art ? Ou vous-même ?
Sa voix était dénuée de chaleur, à son tour, et chaque mot était distinctement posé. Lourd. Grave.
- Qui est celle qui lutte ? Qui est celle qui a pu voir -ou savoir-, m'a-t-on dit, un des siens devenir fou, et agresser le tout venant lors d'une réception donnée par un Maire ? Qui est celle qui a une bête enfermée dans son coeur, qui possède ce désir de destruction. Ou au moins de souillure de ce qui n'est pourtant pas sien ? Et qui s'écrase soi-même ? Qui ne sait, comme tant d'hommes, pas reconnaître une situation, et aller au delà d'un consentement ? Qui sait prendre sans donner, ou seulement des artifices ?
Des cohortes de mortes défilent, sous les crachats de ceux qui ont marché dessus.
Elles ont les corps tordus brisés et quelque part
je sais qu’ils ont été bien plus que ça
je sais qu’elles ont été
bien plus aussi jusqu’à réduire le néant en poussière
Leurs peaux fendues
rouillées comme les lieux qu’on abandonne
portent des noms impersonnels
litanies des fous qui oublient leurs visages
Et combien de vivantes
derrière chaque morte
à compter les coups de poing de mots de sexe
les heures où les minutes
avant que la bête dorme
– enfin.
Elle se tut, enfin, ses doigts aux jointures blanches, toujours serrées sur ses vêtements. Doucement, lentement, elle déplia enfin son poing fermé, son vêtement maintenant fripé. A nouveau, ce poème n'avait pas été sien, et l'emprunter pour un contexte tel la dérangeait, mais il résonnait bien trop à ses oreilles pour qu'elle le garde pour elle.
- J'espère simplement que votre bête dormira avant de finir de vous dévorer.
Ce n'était plus que le seul souhait qu'elle pouvait laisser à la pharmacienne. Sa prestation avait passablement refroidi l'atmosphère après tout. Et, dépliant les os qui lui servaient de jambes, elle se redressa, pour tourner sur elle-même, faisant voleter sa robe, et se diriger vers son piano. Sans y jouer, juste pour en être proche, sentir sous ses doigts émaciés, les touches familières.
Alors, elle se retourna à nouveau vers Anzu.
- Peut-être aimé-je leur reine.
Du moins, c'est ainsi qu'elle la pensait parfois, dans de fugaces moments où il lui semblait saisir que cette Princesse était bien plus que ce qu'elle ne pouvait apparaître aux yeux de l'orchestre mortel. Elle leva un doigt pour le déposer en travers de ses lèvres.
- Mais c'est un secret, sourit-elle simplement.
Invité
Invité
Dim 3 Nov 2019 - 19:07
Cette petite ignare l'observait de ses yeux éteints après s'être tamponnés le cou avec son mouchoir à l'endroit de son agression.
Elle faisait preuve d'une audace sans borne face à ce qu'elle croyait être exact. Anja lui retournait sa fable dans les dents, insinuant très clairement que cette danse macabre ne restait qu'une affaire personnelle entre elle et elle. Mais qu'est ce qu'elle en savait ? Rien. Rien du tout. Elle n'y connaissait rien et elle osait lui sortir ces inepties sortis tout droits d'un esprit démesurément mortel donc par alliance, ignorant. Anzu la laissait déblatérer non sans impatience en laissant échapper un son rauque de sa gorge bien similaire à une menace sourde tandis que les lignes bleues de son front s'agitèrent en pure distinction de sa colère mordante. Ce qu'elle estimait être une forme d'introspection, restait une insulte à sa nature propre, la dimension de son être allait bien au delà d'un combat livré contre elle-même. L'alpha incarnait promptement la sauvagerie, la violence, la rage. Elle ne l'avait jamais vécu comme un châtiment s'abattant sur sa gouverne. Il ne s'agissait en rien d'une dualité exacerbée entre son conscient et la bête qui logeait dans sa cage thoracique. Elle demeurait la bête, contenue seulement dans un corps frêle mais pourtant si puissant pour sauver les apparences. Sa forme humaine ne représentait qu'un outil dont elle se servait pour être acceptable aux yeux de ces misérables insectes et se fondre dans la masse. Mais dans son esprit, elle ne s'imposait véritablement aucune limite.
La bête ne souffrait pas, elle attendait tapie dans ses viscères prête à bondir lorsque son souhait voudra bien l'invoquer. A la rigueur, on pouvait parler de frustration à l'égard de ses pulsions purement régies par son instinct carnassier qui faisait claquer ses crocs dans l'invisible. Mais en aucun cas, elle ne la détruisait. Elle ne se rendait pas compte. Ils ne se rendaient pas compte que si elle pouvait s'asseoir à côté d'elle, à déguster ces saloperies qui lui donnaient maintenant envie de vomir, c'était parce qu'elle l'avait décidé. Ni plus ni moins. Il s'agissait d'une alliance entre sa personne et ses instincts, plus qu'une carte à faire tomber. C'était ce qui constituait chaque fibre de son être. Ôkamio aurait bien rigolé s'il avait été présent.
-Tu as la langue bien pendue pour une ignorante, Anja-san.
Plus que la colère, une pointe de déception raquait le fond de sa gorge par rapport à ce constat affligeant. Ce qu'il l'avait finalement le plus touché, c'était cette vision erronée que lui livrait la musicienne à son propos. Aux propos de toute sa communauté.
-Pour commencer, je ne lutte pas, ou tout du moins, par contre ce que je suis. Plutôt contre mes préjugés ou mes incertitudes. Ensuite, cette bête ne disposait même pas de son libre arbitre, il était contaminé par un virus, même si ça reste assez représentatif de ce dont nous sommes capables.
Mais nous travaillons à contenir notre rage. Je ne te cacherais pas que nous sommes des êtres taillés pour tuer, avec un incommensurable attrait pour la violence et le sang. Mais je ne possède pas concrètement ce désir de destruction ou de souillure, tant que je ne libère pas ce côté rangé dans l'ombre ou que je n'en éprouve pas l'envie massacrante. Est-ce que j'en souffre ? Non. Je ne m'écrase pas contre mes propres parois. J'incarne la bête et n'ai aucun malaise avec ma condition, vue que je suis née ainsi. Je n'en souffre pas, personnellement. Les lycans femmes ont plus de facilité pour contenir en sommeil la rage qui circule dans leurs gênes. Pour le consentement, tu parles de cette petite démonstration ? Ce n'était qu'un retour face à l'inspiration. De mauvais goût, certes, mais ludique. Prendre sans donner en retour ? Ne me fais pas rire, par pitié. Les autres se sont servis bien avant nous, sans nous demander notre avis. Pour conclure, tout dépend des individus et de leur mentalité, finalement.
Et je pense qu'en tant qu'humaine, tu devrais pas trop la ramener sur ces deux derniers points. Ta patrie est assez critiquable.
Son intonation avait totalement changé de proportion. Elle n'était pas agressive, mais plutôt indignée comme si l'air lui brûlait la bouche. Une sorte de rugissement, alors qu'elle s'évertuait à se contenir face à cette inconsciente. Mais elle se reprit, cette fois, plus calmement pour poser les choses à plat.
-Nous défendons ce que nous sommes, en faisant front contre ceux qui nous veulent du mal. On fait de notre mieux. Mon ennemi ne réside pas dans mes entrailles, bien au contraire. Il peut poser problème aux autres, mais pas à moi. Cependant, je reste définitivement capable de porter tes accusations en les mettant à l’œuvre. Parce que pour te répondre, tu resteras la proie, Anja-san. Alors j'apprécie ton intérêt, mais sérieusement, ravale tes interprétations et tes rimes malvenues, même si le retour de bâton est sûrement justifié pour ce que je t'ai fait.
Un relent de mépris emportait toutefois la louve. Sa présence ici lui devenait malaisant et elle hésitait à s'en aller. Elle se releva rapidement et arrangea sa robe. L'alpha jaugeait l'humaine de ses pupilles océanes en fronçant des sourcils.
-Les seules choses qui nous dévorent, ce sont nos regrets, nos remords, nos incertitudes. Pas une bête sous un lit. Quoique, ça pourrait être vrai pour un omega, mais pas pour quelqu'un comme moi.
Anja se leva à son tour pour rejoindre son piano, certainement pour s'imprégner d'un certain réconfort suite à cette tirade. Mais Anzu n'avait plus envie de connaître le fin mot de cette discussion et tout ce qu'elle souhaitait à présent, était de ramener le calme dans son être.
Leur reine ? Un secret ? De quoi parlait-elle ? Son cœur n'était plus dans cette pièce. Elle se mit à soupirer longuement et se massa les tempes pour tenter de diminuer la pression qui s'injectait dans ses veines.
-Qu'est ce qui te fait dire que c'est une démone, ta reine ? Ou même une reine tout court ?
Peut-être que si elle passait sur un autre sujet, elle se sentirait mieux et que son palais se déciderait enfin à rendre ces pâtisseries gourmandes suite à cette altercation, plutôt que de leur donner un goût moisi.
Elle faisait preuve d'une audace sans borne face à ce qu'elle croyait être exact. Anja lui retournait sa fable dans les dents, insinuant très clairement que cette danse macabre ne restait qu'une affaire personnelle entre elle et elle. Mais qu'est ce qu'elle en savait ? Rien. Rien du tout. Elle n'y connaissait rien et elle osait lui sortir ces inepties sortis tout droits d'un esprit démesurément mortel donc par alliance, ignorant. Anzu la laissait déblatérer non sans impatience en laissant échapper un son rauque de sa gorge bien similaire à une menace sourde tandis que les lignes bleues de son front s'agitèrent en pure distinction de sa colère mordante. Ce qu'elle estimait être une forme d'introspection, restait une insulte à sa nature propre, la dimension de son être allait bien au delà d'un combat livré contre elle-même. L'alpha incarnait promptement la sauvagerie, la violence, la rage. Elle ne l'avait jamais vécu comme un châtiment s'abattant sur sa gouverne. Il ne s'agissait en rien d'une dualité exacerbée entre son conscient et la bête qui logeait dans sa cage thoracique. Elle demeurait la bête, contenue seulement dans un corps frêle mais pourtant si puissant pour sauver les apparences. Sa forme humaine ne représentait qu'un outil dont elle se servait pour être acceptable aux yeux de ces misérables insectes et se fondre dans la masse. Mais dans son esprit, elle ne s'imposait véritablement aucune limite.
La bête ne souffrait pas, elle attendait tapie dans ses viscères prête à bondir lorsque son souhait voudra bien l'invoquer. A la rigueur, on pouvait parler de frustration à l'égard de ses pulsions purement régies par son instinct carnassier qui faisait claquer ses crocs dans l'invisible. Mais en aucun cas, elle ne la détruisait. Elle ne se rendait pas compte. Ils ne se rendaient pas compte que si elle pouvait s'asseoir à côté d'elle, à déguster ces saloperies qui lui donnaient maintenant envie de vomir, c'était parce qu'elle l'avait décidé. Ni plus ni moins. Il s'agissait d'une alliance entre sa personne et ses instincts, plus qu'une carte à faire tomber. C'était ce qui constituait chaque fibre de son être. Ôkamio aurait bien rigolé s'il avait été présent.
-Tu as la langue bien pendue pour une ignorante, Anja-san.
Plus que la colère, une pointe de déception raquait le fond de sa gorge par rapport à ce constat affligeant. Ce qu'il l'avait finalement le plus touché, c'était cette vision erronée que lui livrait la musicienne à son propos. Aux propos de toute sa communauté.
-Pour commencer, je ne lutte pas, ou tout du moins, par contre ce que je suis. Plutôt contre mes préjugés ou mes incertitudes. Ensuite, cette bête ne disposait même pas de son libre arbitre, il était contaminé par un virus, même si ça reste assez représentatif de ce dont nous sommes capables.
Mais nous travaillons à contenir notre rage. Je ne te cacherais pas que nous sommes des êtres taillés pour tuer, avec un incommensurable attrait pour la violence et le sang. Mais je ne possède pas concrètement ce désir de destruction ou de souillure, tant que je ne libère pas ce côté rangé dans l'ombre ou que je n'en éprouve pas l'envie massacrante. Est-ce que j'en souffre ? Non. Je ne m'écrase pas contre mes propres parois. J'incarne la bête et n'ai aucun malaise avec ma condition, vue que je suis née ainsi. Je n'en souffre pas, personnellement. Les lycans femmes ont plus de facilité pour contenir en sommeil la rage qui circule dans leurs gênes. Pour le consentement, tu parles de cette petite démonstration ? Ce n'était qu'un retour face à l'inspiration. De mauvais goût, certes, mais ludique. Prendre sans donner en retour ? Ne me fais pas rire, par pitié. Les autres se sont servis bien avant nous, sans nous demander notre avis. Pour conclure, tout dépend des individus et de leur mentalité, finalement.
Et je pense qu'en tant qu'humaine, tu devrais pas trop la ramener sur ces deux derniers points. Ta patrie est assez critiquable.
Son intonation avait totalement changé de proportion. Elle n'était pas agressive, mais plutôt indignée comme si l'air lui brûlait la bouche. Une sorte de rugissement, alors qu'elle s'évertuait à se contenir face à cette inconsciente. Mais elle se reprit, cette fois, plus calmement pour poser les choses à plat.
-Nous défendons ce que nous sommes, en faisant front contre ceux qui nous veulent du mal. On fait de notre mieux. Mon ennemi ne réside pas dans mes entrailles, bien au contraire. Il peut poser problème aux autres, mais pas à moi. Cependant, je reste définitivement capable de porter tes accusations en les mettant à l’œuvre. Parce que pour te répondre, tu resteras la proie, Anja-san. Alors j'apprécie ton intérêt, mais sérieusement, ravale tes interprétations et tes rimes malvenues, même si le retour de bâton est sûrement justifié pour ce que je t'ai fait.
Un relent de mépris emportait toutefois la louve. Sa présence ici lui devenait malaisant et elle hésitait à s'en aller. Elle se releva rapidement et arrangea sa robe. L'alpha jaugeait l'humaine de ses pupilles océanes en fronçant des sourcils.
-Les seules choses qui nous dévorent, ce sont nos regrets, nos remords, nos incertitudes. Pas une bête sous un lit. Quoique, ça pourrait être vrai pour un omega, mais pas pour quelqu'un comme moi.
Anja se leva à son tour pour rejoindre son piano, certainement pour s'imprégner d'un certain réconfort suite à cette tirade. Mais Anzu n'avait plus envie de connaître le fin mot de cette discussion et tout ce qu'elle souhaitait à présent, était de ramener le calme dans son être.
Leur reine ? Un secret ? De quoi parlait-elle ? Son cœur n'était plus dans cette pièce. Elle se mit à soupirer longuement et se massa les tempes pour tenter de diminuer la pression qui s'injectait dans ses veines.
-Qu'est ce qui te fait dire que c'est une démone, ta reine ? Ou même une reine tout court ?
Peut-être que si elle passait sur un autre sujet, elle se sentirait mieux et que son palais se déciderait enfin à rendre ces pâtisseries gourmandes suite à cette altercation, plutôt que de leur donner un goût moisi.
Invité
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Dim 3 Nov 2019 - 20:49
Peut-être. Peut-être était-elle allée trop loin, mais il était déjà impossible de faire machine arrière.
Alors, face aux mots qu'elle se prenait à raison, face à sa propre ignorance, face au ton déçu qui perlait sur sa peau comme autant de piques, face à ces explications, ou face au sourd avertissement de leur statut respectif, elle resta d'abord silencieuse, le visage un peu plus fermé.
Et elle s'inclina, lâchant son piano, support, du bout des doigts, pendant de longues secondes avant de se redresser.
- J'ai parlé bien trop. Et trop vite. Les souvenirs ramenés par vos lèvres sont répugnants. Et plutôt qu'un sujet dont j'ignore tout, Anzu-san. Le poème soufflé parlait d'abord de violences conjugales. "Nous", sommes les mortes en devenir -ne vous inquiétez pas, je ne vous met pas dedans. Il y en a eu tant, et il y en aura tant. Et comme vous l'exprimiez dans votre interprétation viciée. Aux yeux de tant, nous ne sommes déjà que des jouets de passages, bons à jeter au moment venu. Par le coups des mots, de poings ou de sexe.
Elle étendit le bras sur le côté, pour rattraper son bref appui.
- Je sais, mille fois, que les humains sont condamnables. Mais je ne prends pas ce que les autres ont fait pour justifier d'éventuelles actes. Et quant au ludisme de votre agissement précédent. Je préférerai que vous le gardiez pour vous. Ce n'était nullement divertissement ou agréable. Néanmoins. Je reconnais ma faute, Anzu-san. Acceptez au moins ces sincères excuses, et l'étendue de mon ignorance, dont je ne connais que l'immensité.
Un autre soupir. Le sujet était clos, il le fallait. La poétesse se frotta l'avant bras de sa main libre, griffant l'épiderme doucement pour se faire passer ces idées. Revenir au temps où elle était entièrement ignorante n'était pas vraiment possible, et elle se trouvait dans un état où elle en savait trop, et pas assez en même temps, état bien inconfortable.
La lycane eut le bon ton, -Anja l'en loua intérieurement-, de changer de sujet pour aborder sa dernière parole. Le secret, là, était souvent assez important pour être gardé, et la chanteuse se garderait bien de donner trop d'informations. Elle se le devait. Néanmoins, la question était intéressante.
- C'est une bonne question, commença-t-elle en réfléchissant lentement, prenant le temps pour choisir ses mots, cette fois. Il y a, dans ses invités -dans sa cour ?- un air qui souffle à la noblesse hautaine et précieuse. Il y a de ces phrases, de ces remarques, qui offrent au passé une teinte de vivant. Certains, avinés, disent avoir devisé avec certains aujourd'hui morts. Ou même le siècle dernier morts. Mais au geste précis, que j'ai beau ne pas voir, mais entendre et saisir malgré tout, s'ajoute une expérience qui me rend si jeune et empotée, quoi que je fasse.
Elle se grattait distraitement la joue. Ainsi parlant, elle ne L'évoquait pas directement, et ne trahissait pas son secret. Mais le questionnement sur sa nature restait parfois entier.
- Je suis si ignorante...
C'était un murmure, bien plus pour elle-même que pour Anzu, dans les faits, mais qui lui avait échappé. Un constat simple et vrai, sur ce qu'elle était. Aveugle à tant de choses, et bien plus que seulement la vue. A sa prochaine lettre, peut-être lui parlerait-elle. Peut-être arriverait-elle à trouver les bons mots.
- Mais vous, Anzu-san. Si je ne suis à vos yeux qu'une proie. Si je suis à vos yeux, de cette patrie, qui n'ont en effet, fait que prendre. Pourquoi avez-vous accepté cette invitation ? Je doute que votre seul ventre et les pâtisseries offertes ont su, seuls, vous attirer, non ?
Alors, face aux mots qu'elle se prenait à raison, face à sa propre ignorance, face au ton déçu qui perlait sur sa peau comme autant de piques, face à ces explications, ou face au sourd avertissement de leur statut respectif, elle resta d'abord silencieuse, le visage un peu plus fermé.
Et elle s'inclina, lâchant son piano, support, du bout des doigts, pendant de longues secondes avant de se redresser.
- J'ai parlé bien trop. Et trop vite. Les souvenirs ramenés par vos lèvres sont répugnants. Et plutôt qu'un sujet dont j'ignore tout, Anzu-san. Le poème soufflé parlait d'abord de violences conjugales. "Nous", sommes les mortes en devenir -ne vous inquiétez pas, je ne vous met pas dedans. Il y en a eu tant, et il y en aura tant. Et comme vous l'exprimiez dans votre interprétation viciée. Aux yeux de tant, nous ne sommes déjà que des jouets de passages, bons à jeter au moment venu. Par le coups des mots, de poings ou de sexe.
Elle étendit le bras sur le côté, pour rattraper son bref appui.
- Je sais, mille fois, que les humains sont condamnables. Mais je ne prends pas ce que les autres ont fait pour justifier d'éventuelles actes. Et quant au ludisme de votre agissement précédent. Je préférerai que vous le gardiez pour vous. Ce n'était nullement divertissement ou agréable. Néanmoins. Je reconnais ma faute, Anzu-san. Acceptez au moins ces sincères excuses, et l'étendue de mon ignorance, dont je ne connais que l'immensité.
Un autre soupir. Le sujet était clos, il le fallait. La poétesse se frotta l'avant bras de sa main libre, griffant l'épiderme doucement pour se faire passer ces idées. Revenir au temps où elle était entièrement ignorante n'était pas vraiment possible, et elle se trouvait dans un état où elle en savait trop, et pas assez en même temps, état bien inconfortable.
La lycane eut le bon ton, -Anja l'en loua intérieurement-, de changer de sujet pour aborder sa dernière parole. Le secret, là, était souvent assez important pour être gardé, et la chanteuse se garderait bien de donner trop d'informations. Elle se le devait. Néanmoins, la question était intéressante.
- C'est une bonne question, commença-t-elle en réfléchissant lentement, prenant le temps pour choisir ses mots, cette fois. Il y a, dans ses invités -dans sa cour ?- un air qui souffle à la noblesse hautaine et précieuse. Il y a de ces phrases, de ces remarques, qui offrent au passé une teinte de vivant. Certains, avinés, disent avoir devisé avec certains aujourd'hui morts. Ou même le siècle dernier morts. Mais au geste précis, que j'ai beau ne pas voir, mais entendre et saisir malgré tout, s'ajoute une expérience qui me rend si jeune et empotée, quoi que je fasse.
Elle se grattait distraitement la joue. Ainsi parlant, elle ne L'évoquait pas directement, et ne trahissait pas son secret. Mais le questionnement sur sa nature restait parfois entier.
- Je suis si ignorante...
C'était un murmure, bien plus pour elle-même que pour Anzu, dans les faits, mais qui lui avait échappé. Un constat simple et vrai, sur ce qu'elle était. Aveugle à tant de choses, et bien plus que seulement la vue. A sa prochaine lettre, peut-être lui parlerait-elle. Peut-être arriverait-elle à trouver les bons mots.
- Mais vous, Anzu-san. Si je ne suis à vos yeux qu'une proie. Si je suis à vos yeux, de cette patrie, qui n'ont en effet, fait que prendre. Pourquoi avez-vous accepté cette invitation ? Je doute que votre seul ventre et les pâtisseries offertes ont su, seuls, vous attirer, non ?
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