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Jeu 18 Juil 2019 - 3:43
Maria soupira une fois de plus, assise en tailleur sur son canapé. Quand elle avait décidé de laisser son salon de thé entre les mains de quelqu'un d'autre, elle n'avait pas imaginé que cela demanderait autant de paperasse. Mais remettre de l'ordre dans sa comptabilité était un mal nécessaire, lorsqu'on était jeune entrepreneur. Maria n'avait jamais manqué de fonds pour payer son appartement, même si elle n'était certainement pas assez riche pour se permettre des folies. Pourtant, ces chiffres n'avaient aucun sens ... Les actifs de son établissement devraient être fixés au double. Elle s'était montrée négligente. Maintenant, elle s'en mordait les doigts.
La jeune actrice était donc allé demander des explications à la banque quelques jours plus tard. Ce qu'elle avait appris l'avait laissée sans voix, puis ça l'avait rendu furieuse. Son visa de travail était une véritable farce. Oh, il était valide. C'étaient les clauses qui posaient problème. Bien sûr qu'elle était à peine majeure, lorsqu'elle était arrivée au Japon, et que son père avait tout réglé. Jamais elle ne se serait doutée qu'il pourrait agir de façon aussi sournoise afin d'être propriétaire à parts égales. Quelques lignes. Une simple signature. On lui avait fait rêver de la liberté et maintenant, ça lui explosait au visage. De la poudre aux yeux. On l'avait manipulée. Qu'est-ce que Maria était supposé faire ? Elle ne pouvait pas laisser un business criblé de dettes à une amie. Surtout, les revenus risquaient de continuer à être envoyés en France pour peu que Julien Blanchet se trouve un avocat suffisamment redoutable et ce n'était pas ... juste. Comme si une femme n'avait tout simplement pas le droit d'être couronnée de succès.
Voilà pourquoi la petite aristocrate se trouvait à quelques pas du tribunal de Nakanoto, dans sa robe bleue, alors que le soleil se couchait sur la ville. Les lumières étaient éteintes, à part une ou deux petites lampes. Il ne devait plus vraiment y avoir d'autres personnes dans le bâtiment, non ? Si on se fiait aux infos locales, il n'y avait pas de grande affaire en cours. Mais elle n'avait pas besoin d'une clé. Son mouchard était déjà à l'intérieur. Un oiseau qui devait avoir bien semé la pagaille ! C'est sûr qu'on n'en voyait pas souvent dans ce genre d'endroit. D'un coup de bec, le verrou sur l'une des fenêtres de la salle des archives sauta. Maria retrouva son corps et poussa la vitre pour s'introduire en douce, une jambe après l'autre. Le corbeau resta près d'elle, la regardant avec ses petits yeux noirs.
« Merci, mon ami. »
Elle caressa ses plumes et laissa la fenêtre ouverte, l'animal était libre de repartir à présent. Bien sûr, entrer dans ce lieu de justice par effraction comme cela était sacrément culotté et comportait de nombreux risques. Elle ne pouvait pas se retrouver avec un dossier criminel. Mais c'était nécessaire puisque l'accès était refusé aux civils ! Les lois japonaises étaient différentes de celles qu'elle connaissait ... Il fallait que Maria trouve un cas similaire au sien pour savoir quel recours s'offrait à elle, puisque des menaces ne recevraient qu'un éclat de rire.
L'ordinateur était allumé. Soit. Il y avait quelqu'un, mais pas dans cette salle. Plus pour le moment. Maria devrait avoir le temps de trouver ce qu'elle cherchait et de repartir, ni vue, ni connue. Elle lirait à la maison et remettrait le dossier par la poste. Du gâteau. Quelques clics lui donnèrent l'étagère tant convoitée. L'albinos nota tout ça sur un post-it et ferma le programme en espérant que ça suffirait à effacer ses traces. Tout était soigneusement rangé comme dans une bibliothèque en fait. Maria y avait passé des heures, non, des années, alors cela lui prit quelques secondes. Zut, l'étiquette était sur la dernière étagère, tout en haut ... Maudit soit sa petite taille. Sur la pointe des pieds. Du bout des doigts. Elle touchait au but. Elle aurait sûrement mieux fait d'aller chercher un escabeau, mais elle n'avait pas le temps. Elle ne savait pas du tout où cela pouvait être rangé. Si on la trouvait ici, on la mettrait sûrement dehors sans même chercher à comprendre pourquoi. Mais évidemment, dans sa précipitation, les choses ne se passèrent pas tout à fait comme prévu.
La boîte tomba et son contenu suivrait dans les prochaines secondes. Maria ferma les yeux par réflexe. En voilà une façon ridicule de perdre connaissance. Elle était dans le pétrin.
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Lun 22 Juil 2019 - 21:23
L'horizon s'embrasait telle une langue de feu qui léchait la ville de Nakanoto. La nuit tombait pour étouffer le jour sous son manteau sombre. C'était une ambiance dans laquelle je me plaisais pour fureter dans la salle des archives. Quand les ombres commençaient à danser sur les murs et laisser place au silence absolu. Mes talons faisaient écho sur le carrelage tandis que ma silhouette sillonnait les étagères avec connaissances. Quelques feux follets tirés de ma magie élémentaire tournoyaient autour de moi pour m'éclairer, feignant d'aller allumer la lumière. De toute évidence, j'étais seule dans ces locaux, je n'avais pas à craindre que quelqu'un ait les mêmes occupations presque morbides que moi. Fraîchement arrivée dans le pays, déambuler dans le dédale du destin de milliers de personnes me rendaient sereine et curieuse. Je devais m'abreuver comme il se devait du passé des victimes et des coupables qui avaient foulé le sol de ce pays pour m'en regorger et les assimiler. Non pas pour assouvir une curiosité malaise mais j'aimais être au point sur les affaires qui avait été scellées en ces lieux, juste au cas où je devais en user par la suite dans des cas similaires. On ne pouvait pas dire que c'était le feu au barreau en ce moment. Tout était calme. Trop calme pour moi qui avais toujours eu l'habitude de vivre dans un mouvement infini de dossiers entassés sur mon bureau. Mon poste actuel me boudait dans le monde des humains. Je devais me contenter de petits vols à l'étalage, d'infractions ou à la rigueur, d'agressions physiques. Rien de bien affriolant. A vrai dire, ma présence ici ne pouvait signifier qu'une seule chose, en plus de mon côté perfectionniste : je m'ennuyais fermement.
S'il n'y avait pas eu le rôle d'Enclaviste de la Justice, j'aurais très certainement supplié le Tribunal de Moscou pour me reprendre avant de devenir cinglée. J'avais de l'énergie à revendre, une bourreau de travail qui ne vivait que pour son métier. Je peinais à canaliser mes ardeurs et ma soif insatiable de flanquer ce marteau laqué pour assener ma sentence. Certains pouvaient dire que c'était triste, ou alors à l'opposé, impressionnant. Mais dans les deux cas, je me fichais bien de leur avis, c'était bien connu.
Pour satisfaire la justicière qui grondait sourdement dans mon ventre, je me décidai alors à me diriger vers les dossiers les plus sombres et les plus angoissants. Je tendis ensuite la main vers une relique, tandis qu'un bruit de cliquetis m’interpella. Rapidement, je mis mon sort de flamme en veilleuse, me plongeant un peu plus dans l'obscurité, bien qu'il faisait encore assez jour dehors. Après tout, je n'avais pas allumé la lumière, ce qui donnait tout de suite un aspect lugubre. Le genre d'endroit où vous avez simplement envie de partir. J'entendis ensuite comme un murmure vers la porte d'entrée, dans une douce confession. Un sourire presque carnassier s'étira sur mes lèvres pendant que je me dissimulais parmi les étagères.
-Une petite souris vient de faire son entrée dans la loge du chat.
De toute évidence, cette personne savait qu'elle enfreignait la loi. J'avais pris soin de fermer derrière moi avant de m'engouffrer dans la bibliothèque. Ce devait être quelqu'un d'assez motivé pour entrer ainsi par effraction. Je disparus alors telle une ombre fusionnant avec les murs, me déplaçant légèrement tel un fantôme qui hanterait ses lieux. Et c'est là que je la vis. Cette jeune femme aux longs cheveux blancs, habillée telle une vraie dame de sa robe bleue. Une silhouette frêle et fragile, qui laissait à penser qu'on pourrait aisément la casser en deux. Je pris donc soin de suivre sa trajectoire à pas feutrés, pour ne pas me faire repérer. Naturellement, la petite souris exécuta une recherche à partir de l'ordinateur encore allumé. Si elle avait été un peu plus observatrice, elle aurait pu noter l'heure des recherches que j'avais pu effectuer quelques minutes avant. Mais ce ne fut pas le cas. Minutieusement, elle ferma ensuite l'informatique espérant certainement effacer ses recherches, ce qui m'arracha un petit sourire en coin. Naïve.
Mais de quoi en retournait-il, exactement ? La jeune femme s'entêta à attraper des archives hors d'atteinte pour une taille comme la sienne, même sur la pointe des pieds. Et le prévisible arriva. Les livres lui tombèrent sur le coin du nez avant de s'affaler sur le sol, comme si elle avait fait un effort surhumain l'ayant sifflé de toute sa force. J'arquais un sourcil devant cette scène ma foi un peu pathétique. Elle ne semblait pas se réveiller, toujours allongée sur le sol.
Je me mis à soupirer bruyamment. Mais qui était-donc cette fragile ? Je marchais alors dans sa direction, ne cherchant plus la discrétion, mais rien n'y fit. Aucune réaction. Je passais ma main sur son visage et pointa mon index sur son front en tapotant. Rien ?
-Hm... Mais qu'est ce que tu nous fais là, petite souris ?
Par précaution, je préférais la redresser contre un établi pour éviter d'avoir des ennuis de mon côté. Je ne voulais pas non plus qu'elle me claque entre les mains la petite. Puis petit à petit, la jeune femme reprit connaissance en battant difficilement des cils avant de se mettre à grogner.
J'étais juchée juste devant elle, accroupie, attendant qu'elle reprenne ses esprits. Ce qu'elle ne tarda pas à faire en vue de sa réaction. D'un seul coup, elle écarquilla les yeux avec une lueur inquiète dans ses yeux ardents.
-Bonsoir, petite souris. Tu t'es enfin décidée à te réveiller ?
J'empruntais une voix suave mais loin d'être sympathique, un peu comme lorsque je m’apprêtais à charcuter quelqu'un pour obtenir ce que je veux. Imposante.
S'il n'y avait pas eu le rôle d'Enclaviste de la Justice, j'aurais très certainement supplié le Tribunal de Moscou pour me reprendre avant de devenir cinglée. J'avais de l'énergie à revendre, une bourreau de travail qui ne vivait que pour son métier. Je peinais à canaliser mes ardeurs et ma soif insatiable de flanquer ce marteau laqué pour assener ma sentence. Certains pouvaient dire que c'était triste, ou alors à l'opposé, impressionnant. Mais dans les deux cas, je me fichais bien de leur avis, c'était bien connu.
Pour satisfaire la justicière qui grondait sourdement dans mon ventre, je me décidai alors à me diriger vers les dossiers les plus sombres et les plus angoissants. Je tendis ensuite la main vers une relique, tandis qu'un bruit de cliquetis m’interpella. Rapidement, je mis mon sort de flamme en veilleuse, me plongeant un peu plus dans l'obscurité, bien qu'il faisait encore assez jour dehors. Après tout, je n'avais pas allumé la lumière, ce qui donnait tout de suite un aspect lugubre. Le genre d'endroit où vous avez simplement envie de partir. J'entendis ensuite comme un murmure vers la porte d'entrée, dans une douce confession. Un sourire presque carnassier s'étira sur mes lèvres pendant que je me dissimulais parmi les étagères.
-Une petite souris vient de faire son entrée dans la loge du chat.
De toute évidence, cette personne savait qu'elle enfreignait la loi. J'avais pris soin de fermer derrière moi avant de m'engouffrer dans la bibliothèque. Ce devait être quelqu'un d'assez motivé pour entrer ainsi par effraction. Je disparus alors telle une ombre fusionnant avec les murs, me déplaçant légèrement tel un fantôme qui hanterait ses lieux. Et c'est là que je la vis. Cette jeune femme aux longs cheveux blancs, habillée telle une vraie dame de sa robe bleue. Une silhouette frêle et fragile, qui laissait à penser qu'on pourrait aisément la casser en deux. Je pris donc soin de suivre sa trajectoire à pas feutrés, pour ne pas me faire repérer. Naturellement, la petite souris exécuta une recherche à partir de l'ordinateur encore allumé. Si elle avait été un peu plus observatrice, elle aurait pu noter l'heure des recherches que j'avais pu effectuer quelques minutes avant. Mais ce ne fut pas le cas. Minutieusement, elle ferma ensuite l'informatique espérant certainement effacer ses recherches, ce qui m'arracha un petit sourire en coin. Naïve.
Mais de quoi en retournait-il, exactement ? La jeune femme s'entêta à attraper des archives hors d'atteinte pour une taille comme la sienne, même sur la pointe des pieds. Et le prévisible arriva. Les livres lui tombèrent sur le coin du nez avant de s'affaler sur le sol, comme si elle avait fait un effort surhumain l'ayant sifflé de toute sa force. J'arquais un sourcil devant cette scène ma foi un peu pathétique. Elle ne semblait pas se réveiller, toujours allongée sur le sol.
Je me mis à soupirer bruyamment. Mais qui était-donc cette fragile ? Je marchais alors dans sa direction, ne cherchant plus la discrétion, mais rien n'y fit. Aucune réaction. Je passais ma main sur son visage et pointa mon index sur son front en tapotant. Rien ?
-Hm... Mais qu'est ce que tu nous fais là, petite souris ?
Par précaution, je préférais la redresser contre un établi pour éviter d'avoir des ennuis de mon côté. Je ne voulais pas non plus qu'elle me claque entre les mains la petite. Puis petit à petit, la jeune femme reprit connaissance en battant difficilement des cils avant de se mettre à grogner.
J'étais juchée juste devant elle, accroupie, attendant qu'elle reprenne ses esprits. Ce qu'elle ne tarda pas à faire en vue de sa réaction. D'un seul coup, elle écarquilla les yeux avec une lueur inquiète dans ses yeux ardents.
-Bonsoir, petite souris. Tu t'es enfin décidée à te réveiller ?
J'empruntais une voix suave mais loin d'être sympathique, un peu comme lorsque je m’apprêtais à charcuter quelqu'un pour obtenir ce que je veux. Imposante.
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Dim 11 Aoû 2019 - 18:19
Maria ne saurait guère dire combien de temps elle était restée inconsciente. Tout cela n’avait-il vraiment duré que quelques minutes ? Lorsqu'elle ouvrit les paupières, la jeune vampire n'avait pas encore repris complètement ses esprits, mais la lumière était plus forte que tout à l'heure ... Les évènements lui revinrent doucement à l'esprit. Elle avait été imprudente, mais elle ne pouvait pas laisser passer ce qui serait peut-être sa seule chance de se renseigner ... Et maintenant, il était peut-être trop tard ! Elle n’était plus seule ! Il y avait une autre odeur dans la pièce que celle du vieux papier.
Relevant la tête, elle écarquilla le regard, à la fois inquiète et tout simplement stupéfaite. Riven Donazya se trouvait accroupie devant elle, à la hauteur de son visage. Bien sûr ... Au fin fond d'un tribunal, son esprit dans les vapes avait fait le rapprochement avec la juge qui avait souvent inspiré admiration et envie chez la jeune Française. Elle qui ne rêvait que de prendre sa vie en main ... Celle-ci leva une main hésitante vers le visage qu'elle ne croyait jamais revoir, comme pour vérifier si elle était en train de rêver, le mouvement inconscient heureusement stoppé avant de commettre une offense de plus. La douleur sourde contre son crâne était suffisante pour la convaincre.
Maria referma les yeux quelques secondes, la main de retour contre ses cheveux. Elle pouvait déjà ressentir une petite bosse, mais elle devrait disparaître dans quelques heures. Mais comment était-ce possible ? Madame Donazya n’avait pas du tout changé, pas la moindre ride sur son visage tout aussi froid et magnifique, pourtant elle n’était pas un vampire ; souvent, lorsqu’on disait cela, ce n’était qu’une expression, une forme de politesse envers quelqu’un qu’on n’avait pas revu depuis longtemps, mais cela remontait tout à même à quoi, plus de dix ans, au moins ... Elle n’aimait pas trop qu’on la compare à une souris non plus, mais vu qu’elle fouinait dans la tanière d'une personne qui avait des une langue assez sinueuse pour presque ressembler à un serpent, pouvant être à la fois persuasive, tentatrice et dangereuse, c’était peut-être mérité. AH ! Oh non non non non non. On l’avait prise la main dans le sac. Bon sang elle ne s’était pas assez préparée et maintenant … Maintenant … On allait probablement la condamner ou l’expatrier ... Au bas mot, dans tous les cas, sa vie était finie. Peut-être pourrait-elle récupérer la clé, mais elle ne pourrait pas rester ici. Devrait-elle utiliser ses pouvoirs ? C'était beaucoup trop risqué ...
« Je ... Vous allez m’envoyer en prison, c’est ça ... ? Aah ... »
Question naïve et innocente. Maria était trop animée par la peur pour réfléchir ou pour tenter de s’expliquer pour le moment. Mais aurait-on vraiment écouté ses excuses ? Donazya-san était avide de justice, mais les circonstances jouaient contre elle. Son cœur battait la chamade et elle tremblait légèrement. De grosses larmes menaçaient de rouler sur ses joues, bien que pour le moment, elle s’efforçait de les retenir pour ne pas avoir l’air encore plus pitoyable. Mais elle connaissait bien la réputation de la Russe pour avoir suivi sa carrière avec intérêt : elle détestait les moindres délits, tout simplement. La voix presque cruelle suffisait à le confirmer. Voilà probablement pourquoi on disait qu’il valait mieux ne pas rencontrer ses idoles : on finissait souvent par être déçu. Mais là, c’était pire que tout, c’était la catastrophe. Dans d’autres circonstances, elle se serait bien plus inquiétée d’avoir utilisé ou non le bon mot japonais ; son accent était bien plus prononcé sous la panique. Son regard quitta le visage impitoyable de son interlocutrice, retombant sur ses mains puis sur les feuilles éparpillées à gauche et à droite. Elle n’osait plus les ramasser maintenant, même si c’était finalement pour aider et non pour les garder pour soi.
Elle n’aurait pas trouvé sa solution et, pire que cela, elle se retrouvait avec un souci de plus. C’était mauvais pour sa santé tout ça ...
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Lun 19 Aoû 2019 - 16:01
Je n'avais aucune idée de qui était cette femme, bien que son visage me paraissait étrangement familier. Peut-être l'avais-je déjà aperçu quelque part, mais où ? Enfin trêve de réflexion inutile. En vue de son accoutrement, je pouvais presque deviner que son milieu devait être assez aisé. Sans parler de ses traits physiques si fins, semblables à ceux d'une poupée en porcelaine. Son regard bien qu'effrayé, accentuait également une beauté dont elle était dotée certainement dès le berceau.
Contre toute attente, cette dame leva une main tremblante vers moi, comme pour s'assurer qu'elle n'était pas en proie à une chimère. Mais son mouvement fut vite arrêté, prise d'un élan de conscience ou bien due à la douleur lancinante qui devait la lancer suite à sa chute catastrophe. La demoiselle se mit alors à grimacer en portant la main sur sa tête.
Je m'étonnai cependant qu'une si petite descente puisse affecter autant. Après tout, elle n'était pas tombée de si haut, seulement de sa propre taille. Mais rapidement, tandis que son esprit rassemblait ses idées, sa première réaction ne se fit pas prier : la panique. Un sentiment bien connu que je générais aisément quand je m'apprêtais à coincer quelqu'un.
Évidemment, elle n'avait rien à faire ici. Cet endroit restait interdit au public mais elle s'y était délibérément engouffrée pour une raison obscure. Donc en traduction ; il s'agissait bien là d'une effraction avec une intention bien précise. Un vol ? Il est vrai que cet endroit pouvait potentiellement regorger d'informations sur certaines enquêtes. Mais dans quel but ? Pour nuire ? Pour les vendre ? Je n'en avais aucune idée mais dans tous les cas, je n'étais pas vraiment du genre à laisser tomber aussi facilement. En fonction de sa réponse et surtout de ses intentions, je veillerai à établir un scénario en conséquence. Toutefois, elle me paraissait assez inoffensive. Elle n'avait en rien l'air d'une détraquée mentale. Cependant, comme le dicton pouvait l'expliciter, mieux vaut se méfier des apparences. Combien de personne avais-je croisé, doué dans l'art de mentir ou de manipuler ? Je ne les comptais même plus. Mais si nécessaire, j'avais mon arme infaillible personnelle pour démanteler la vérité, le sort du serment.
-Je ne vous enverrais nulle part avant de savoir la raison de votre présence ici. Mais en attendant...
Je me levais pour m'emparer d'une chaise un peu plus loin que je logeais près des étagères. Je n'allais pas non plus la laisser par terre sur le sol glacé des archives.
-Veuillez vous asseoir je vous prie. Le ménage a déjà été fait ici, nous n'avons pas besoin d'une serpillière en plus.
Je sentais qu'elle semblait sur le point de craquer, ses yeux commencèrent à rougir, signe que les larmes n'allaient pas tarder à couler. Mais quoiqu'on en dise, je n'avais pas l'envergure d'un monstre et connaissait la politesse. Sans parler du fait que je n'avais aucune raison particulière de martyriser cette petite, tout du moins pas pour le moment. Elle ressemblait à un lapin pris dans les phares d'une voiture. Je lui offrais donc mon bras pour l'aider à la relever et l'amener sur sa chaise.
Je tournais ensuite les talons pour ramasser la paperasse tombée. Je pris le temps d'analyser ce pour quoi l'étrangère s'était intéressée au point de prendre ce risque. Des affaires d'entreprise, de commerce, partenariats professionnelles... Avec quelques sigles ciblés sur le détournement de fond et d'escroqueries. Hm, étrange. Qu'est ce qu'elle cherchait, finalement ? Je me redressais sur mes talons en croisant les bras sur ma poitrine, quelques papiers en main. Je me mis à la fixer d'un air plus sévère cette fois-ci.
-Vous vous intéressez aux affaires d'escroquerie d'entreprises ? Lâchai-je sèchement. Vous avez prévu de duper quelqu'un ?
Si c'était bien le cas, je ne pourrais malheureusement pas aller loin plus loin dans l'inspection, faute de preuves. Mais je pourrais user de cette effraction comme tremplin et utiliser des forces de l'ordre dans ma poche pour en savoir davantage. Et à qui me connaît, sait pertinemment que je ne laissais jamais qui que ce soit s'en sortir aussi décemment. Il allait falloir qu'elle parle, avant que je n'enclenche la seconde.
Contre toute attente, cette dame leva une main tremblante vers moi, comme pour s'assurer qu'elle n'était pas en proie à une chimère. Mais son mouvement fut vite arrêté, prise d'un élan de conscience ou bien due à la douleur lancinante qui devait la lancer suite à sa chute catastrophe. La demoiselle se mit alors à grimacer en portant la main sur sa tête.
Je m'étonnai cependant qu'une si petite descente puisse affecter autant. Après tout, elle n'était pas tombée de si haut, seulement de sa propre taille. Mais rapidement, tandis que son esprit rassemblait ses idées, sa première réaction ne se fit pas prier : la panique. Un sentiment bien connu que je générais aisément quand je m'apprêtais à coincer quelqu'un.
Évidemment, elle n'avait rien à faire ici. Cet endroit restait interdit au public mais elle s'y était délibérément engouffrée pour une raison obscure. Donc en traduction ; il s'agissait bien là d'une effraction avec une intention bien précise. Un vol ? Il est vrai que cet endroit pouvait potentiellement regorger d'informations sur certaines enquêtes. Mais dans quel but ? Pour nuire ? Pour les vendre ? Je n'en avais aucune idée mais dans tous les cas, je n'étais pas vraiment du genre à laisser tomber aussi facilement. En fonction de sa réponse et surtout de ses intentions, je veillerai à établir un scénario en conséquence. Toutefois, elle me paraissait assez inoffensive. Elle n'avait en rien l'air d'une détraquée mentale. Cependant, comme le dicton pouvait l'expliciter, mieux vaut se méfier des apparences. Combien de personne avais-je croisé, doué dans l'art de mentir ou de manipuler ? Je ne les comptais même plus. Mais si nécessaire, j'avais mon arme infaillible personnelle pour démanteler la vérité, le sort du serment.
-Je ne vous enverrais nulle part avant de savoir la raison de votre présence ici. Mais en attendant...
Je me levais pour m'emparer d'une chaise un peu plus loin que je logeais près des étagères. Je n'allais pas non plus la laisser par terre sur le sol glacé des archives.
-Veuillez vous asseoir je vous prie. Le ménage a déjà été fait ici, nous n'avons pas besoin d'une serpillière en plus.
Je sentais qu'elle semblait sur le point de craquer, ses yeux commencèrent à rougir, signe que les larmes n'allaient pas tarder à couler. Mais quoiqu'on en dise, je n'avais pas l'envergure d'un monstre et connaissait la politesse. Sans parler du fait que je n'avais aucune raison particulière de martyriser cette petite, tout du moins pas pour le moment. Elle ressemblait à un lapin pris dans les phares d'une voiture. Je lui offrais donc mon bras pour l'aider à la relever et l'amener sur sa chaise.
Je tournais ensuite les talons pour ramasser la paperasse tombée. Je pris le temps d'analyser ce pour quoi l'étrangère s'était intéressée au point de prendre ce risque. Des affaires d'entreprise, de commerce, partenariats professionnelles... Avec quelques sigles ciblés sur le détournement de fond et d'escroqueries. Hm, étrange. Qu'est ce qu'elle cherchait, finalement ? Je me redressais sur mes talons en croisant les bras sur ma poitrine, quelques papiers en main. Je me mis à la fixer d'un air plus sévère cette fois-ci.
-Vous vous intéressez aux affaires d'escroquerie d'entreprises ? Lâchai-je sèchement. Vous avez prévu de duper quelqu'un ?
Si c'était bien le cas, je ne pourrais malheureusement pas aller loin plus loin dans l'inspection, faute de preuves. Mais je pourrais user de cette effraction comme tremplin et utiliser des forces de l'ordre dans ma poche pour en savoir davantage. Et à qui me connaît, sait pertinemment que je ne laissais jamais qui que ce soit s'en sortir aussi décemment. Il allait falloir qu'elle parle, avant que je n'enclenche la seconde.
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Jeu 22 Aoû 2019 - 16:32
Maigre réconfort. Même si Maria aurait eu l'occasion de s'enfuir, elle ne l'aurait pas fait. C'était la manière la plus rapide de paraître coupable, alors que c'était elle, la victime, dans toute cette histoire ! Pas juste parce qu'elle s'était fait assommer, mais bien parce qu'elle craignait plus que tout de devoir retourner sous le joug de son père. Majeure et vaccinée, ça ne voulait pas dire grand-chose, maintenant qu'elle avait vu jusqu'à quel point il pouvait se montrer manipulateur. Elle imaginait déjà Julien lui tendre la main pour la consoler, alors qu'il avait tout fait pour la ramener là où il pouvait garder un oeil sur sa petite fille chérie. Sur certains points, on pouvait sans doute dire que la pomme n'était pas tombée si loin de l'arbre, en fin de compte.
Maria se laissa guider jusqu'à cette chaise sans répliquer aux provocations. Pas qu'elle ait vraiment besoin d'un bras, mais cela restait agréable. Elle n'était pas si fragile que ... bon, peut-être un peu, mais elle avait eu le temps de se remettre de ses émotions ! N'était-ce pas un peu mérité après tout ? Elle avait mis le bazar, en se ramassant cette boîte sur la tête. On ne l'aurait pas cru, mais le papier pouvait peser une tonne. Aah, le temps que la petite aurait pu passer dans ces archives, dans d'autres circonstances ... C'était une véritable petite mine d'or de savoir. Elle ouvrit la bouche pour proposer son aide, puis la referma. Il valait mieux souffler un peu pendant qu'elle le pouvait encore. Sage décision alors que les accusations pleuvaient l'une après l'autre.
« Vous sautez toujours aux pires conclusions ? »
Son visage s'assombrit légèrement d'une adorable petite moue contrariée. Maria pouvait comprendre que son entrée par effraction soulève les soupçons, mais on l'accusait sans même lui donner la chance de s'expliquer ... Elle ne serait pas venue elle-même, si elle préparait un sale coup, à moins d'être vraiment stupide. Peu probable pour quelqu'un qui souhaiterait escroquer les honnêtes gens de cette ville. D'un autre côté, c'est vrai qu'elle s'était entêtée dans un objectif qui était clairement hors d'atteinte, autant au sens propre que figuré ... Elle n'était pas idiote, juste désespérée !
« Je m'appelle Maria Blanchet et j'ai des ennuis. »
Deux problèmes réglés de la sorte. Son identité offerte sur un plateau d'argent, la politesse pouvait reprendre ses droits, et peut-être que ce nom signifierait quelque chose pour cette femme glaciale qui avait vécu en France. Bien sûr, le père et son ombre angoissante n'avait pas la même influence en dehors du monde des vampires, mais il restait un homme respectable. Une fille de bonne famille ne devrait pas avoir besoin d'argent. Et en théorie, ce n'était toujours pas le cas ! C'était pour son amie qu'elle se faisait du souci ...
« Je sais qui vous êtes madame Donazya ... Enfin, j'ai cru comprendre que vous détestiez que justice ne soit pas rendue. Seule, je ne fais pas le poids ! Ne pourriez-vous pas m'accorder quelques instants ? De toute façon, je ne repartirai pas avec ces papiers, et c'est sûrement mieux ainsi ... »
C'était sans doute la chose la plus sensée et intelligente qu'elle ait dit jusqu'à maintenant : le système de justice était partial et cela partout dans le monde. Lorsque ce n'était pas les avocats qui jouaient dans l'ombre, profitant de l'incompétence des uns pour dorer leur parcours de deals incroyables, les pots de vins coulaient à flot ...
Maria avait probablement regardé trop de films policiers pour croire qu'elle s'en sortirait sans qu'on remonte sa trace, mais elle restait lucide ... Évidemment, elle ne s'attendait pas à ce que la juge la croit sur parole. Mais lors d'un procès, chacun a droit à son plaidoyer avant de recevoir la sentence. Innocente ou coupable ? Elle n'avait rien à cacher et elle était forte de cette conviction. Pourvu qu'on ne croit pas avoir affaire à une sorte de justicière complètement folle ... Vu sa résistance elle serait plutôt inoffensive de toute façon.
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Ven 23 Aoû 2019 - 21:10
Tandis que je me juchais au dessus d'elle d'un regard inquisiteur, l'invitée surprise se renfrogna en faisant émerger une grimace agacée. Sauter aux pires conclusions ? Évidemment. J'avais vu défiler tellement d'ignominies dans mes expériences professionnelles que j'envisageais tout de suite la pire situation. Je ne pris pas la peine de répondre. Mais en soi, cette accusation gratuite me permettait également de jauger le tempérament de cette femme pour mieux la cerner. En d'autres termes, déterminer à quelle sauce je pouvais bien la manger pour en soutirer le plus d'informations possibles. Il était important d'ajuster son comportement avec un coupable potentiel. Certains éprouvaient le besoin d'être compris voir même réconfortés. Et al contrario, d'autres avaient fermement besoin d'être remis à leur petite place. A sa réaction, je pouvais en conclure qu'elle en était déjà à son premier coup d'essai, donc, que ce n'était pas une habituée du casse. Déjà, ce constat jouait en sa faveur, je n'allais pas devoir user de mon don de persuasion agressif pour la cuisiner. J'optais alors pour une sauce plus douce et moins piquante. Toutefois, des interrogations demeuraient.
Je m'abaissais à nouveau pour ranger ces précieux archives dans l'ordre mais n'excluais pas forcément les paramètres les plus incommodants. Je ne saurais conclure également si elle agissait seule ou non. Je pris ensuite le carton qui faisait tout de même son poids, que je déposais à côté de la jeune femme.
Puis avant que je ne puisse enchaîner sur la suite, la blondinette prit immédiatement les devants en déclinants son identité. Un petit air perplexe et dubitatif traversa mon expression. Maria... Blanchet ? Un nom que j'avais déjà entendu quelque part, qui raisonnait comme un écho, mais qui semblait appartenir aux méandres de mes souvenirs tant le fragment de mémoire de ce passé révolu peinait à remonter. Et puis...
-Oh.
Ca me revenait maintenant. Vaguement, certes, mais le visage d'un homme avait pris forme dans mon esprit en quête de rappel.
-Votre père n'est t'il pas reconnu en France ?
Un homme d'affaire, je pensais. Enfin, je n'en avais vraiment aucune certitude. Mais ça ne faisait que confirmer mes impressions du début : elle était bien issue d'un milieu qui respirait l'abondance.
-Alors dites-moi, Madame Blanchet. Qu'est ce qu'une fille de bonne famille peut bien venir chercher comme réponses à ses ennuis, en ces lieux ?
Voilà qui était bien mystérieux. Peut-être des querelles familiales ? C'était assez courant à vrai dire chez les mondains, surtout quand il s'agissait d'argent. Ça aussi, j'en avais vu tout un panel, en commençant par mon propre semblant de famille. Mais soudainement, je pris conscience que je manquais à mes devoirs de mon côté. Toujours ce réflexe qui m’empressai de creuser les pistes avant les obligations basiques. Je devinais d'avance que je n'aurais pas besoin d'avoir recours à mes sorts. Mais encore une fois, cette madame Blanchet prit à nouveau la parole en précisant déjà me connaître.
Ma réputation me précédait-elle autant, même encore à ce jour ? J'espérais juste intérieurement qu'elle ne remarquerait pas mes traits dans la pénombre de cette salle. J'eus quitté la France il y avait de cela belle lurette et pourtant, propre à ma disposition de sorcière, le temps n'avait pas exécuté ses sévices de la vieillesse sur mon visage malgré les années écoulées depuis.
-Je vois.
Comme la règle l'impose, je me devais d'écouter attentivement cette femme. Elle l'avait bien cerné en tout cas, me concernant. Je connaissais bien ces procédures. Avant d'être Juge, j'avais fait mon palmarès de renommée en France. Il en allait donc de soi. Chaque coupable a le droit à son plaidoyer. Toutefois, à l'époque, je m'assurais toujours de n'avoir que des innocents à défendre. Je méprisais d'ailleurs très souvent mes anciens collègues qui acceptaient toutes les requêtes, tels des requins ne recherchant que gloire salie par l'intérêt. Certes, je possédais un caractère dénué de souplesse mais je mettais un point d'honneur à demeurer professionnelle jusqu'au bout. Et juste. Nous n'étions pas non plus dans un contexte qui exigeait toute l'artillerie sévère dont je disposais au barreau.
Je me saisissais donc d'une autre chaise pour m'installer en face d'elle, passant une jambe par dessus l'autre. Je la fixais cette fois-ci avec un peu plus de douceur, le but n'étant pas non plus de la mettre mal à l'aise. Et puis, elle avait l'air vraiment perdu.
-Expliquez-moi tout, depuis le début. Je vous écoute attentivement.
Je m'abaissais à nouveau pour ranger ces précieux archives dans l'ordre mais n'excluais pas forcément les paramètres les plus incommodants. Je ne saurais conclure également si elle agissait seule ou non. Je pris ensuite le carton qui faisait tout de même son poids, que je déposais à côté de la jeune femme.
Puis avant que je ne puisse enchaîner sur la suite, la blondinette prit immédiatement les devants en déclinants son identité. Un petit air perplexe et dubitatif traversa mon expression. Maria... Blanchet ? Un nom que j'avais déjà entendu quelque part, qui raisonnait comme un écho, mais qui semblait appartenir aux méandres de mes souvenirs tant le fragment de mémoire de ce passé révolu peinait à remonter. Et puis...
-Oh.
Ca me revenait maintenant. Vaguement, certes, mais le visage d'un homme avait pris forme dans mon esprit en quête de rappel.
-Votre père n'est t'il pas reconnu en France ?
Un homme d'affaire, je pensais. Enfin, je n'en avais vraiment aucune certitude. Mais ça ne faisait que confirmer mes impressions du début : elle était bien issue d'un milieu qui respirait l'abondance.
-Alors dites-moi, Madame Blanchet. Qu'est ce qu'une fille de bonne famille peut bien venir chercher comme réponses à ses ennuis, en ces lieux ?
Voilà qui était bien mystérieux. Peut-être des querelles familiales ? C'était assez courant à vrai dire chez les mondains, surtout quand il s'agissait d'argent. Ça aussi, j'en avais vu tout un panel, en commençant par mon propre semblant de famille. Mais soudainement, je pris conscience que je manquais à mes devoirs de mon côté. Toujours ce réflexe qui m’empressai de creuser les pistes avant les obligations basiques. Je devinais d'avance que je n'aurais pas besoin d'avoir recours à mes sorts. Mais encore une fois, cette madame Blanchet prit à nouveau la parole en précisant déjà me connaître.
Ma réputation me précédait-elle autant, même encore à ce jour ? J'espérais juste intérieurement qu'elle ne remarquerait pas mes traits dans la pénombre de cette salle. J'eus quitté la France il y avait de cela belle lurette et pourtant, propre à ma disposition de sorcière, le temps n'avait pas exécuté ses sévices de la vieillesse sur mon visage malgré les années écoulées depuis.
-Je vois.
Comme la règle l'impose, je me devais d'écouter attentivement cette femme. Elle l'avait bien cerné en tout cas, me concernant. Je connaissais bien ces procédures. Avant d'être Juge, j'avais fait mon palmarès de renommée en France. Il en allait donc de soi. Chaque coupable a le droit à son plaidoyer. Toutefois, à l'époque, je m'assurais toujours de n'avoir que des innocents à défendre. Je méprisais d'ailleurs très souvent mes anciens collègues qui acceptaient toutes les requêtes, tels des requins ne recherchant que gloire salie par l'intérêt. Certes, je possédais un caractère dénué de souplesse mais je mettais un point d'honneur à demeurer professionnelle jusqu'au bout. Et juste. Nous n'étions pas non plus dans un contexte qui exigeait toute l'artillerie sévère dont je disposais au barreau.
Je me saisissais donc d'une autre chaise pour m'installer en face d'elle, passant une jambe par dessus l'autre. Je la fixais cette fois-ci avec un peu plus de douceur, le but n'étant pas non plus de la mettre mal à l'aise. Et puis, elle avait l'air vraiment perdu.
-Expliquez-moi tout, depuis le début. Je vous écoute attentivement.
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Dim 15 Sep 2019 - 4:45
Maria releva les yeux pour scruter plus attentivement le visage de cette femme qui lui faisait face, comme si elle pouvait y trouver une étrange vérité. Riven Donazya cherchait-elle simplement à gagner du temps avant l'arrivée des forces de l'ordre ? Ou bien était-elle sincère en soulignant de la sorte qu'elle souhaitait entendre son histoire ? Très franchement ... La petite parisienne ne s'y attendait pas. Dans ses souvenirs, cette femme qu'elle admirait était calculatrice et froide, isolée. Pas tout à fait le genre de personne qui pouvait comprendre le dilemme auquel Maria était confrontée donc. Mais après tout ... Si on lui donnait la chance de présenter son cas et d'obtenir des conseils, elle n'allait pas cracher dessus. Toute opportunité est bonne à prendre : c'était la première chose qu'elle avait appris en s'intéressant au monde des affaires ou encore celui des informations.
Dommage que tous les papiers aient été ramassés. Ça lui aurait fait quelque chose pour s'occuper les mains pendant qu'elle racontait son histoire. Même si Maria se doutait que si c'était le cas, on l'aurait surveillée de près pour vérifier qu'elle ne cachait pas certains de ces papiers dans son sac ou dans son soutien-gorge si elle devait faire preuve de plus d'imagination. Maintenant, ses mains ne pouvaient que reposer contre ses genoux, froissées l'une contre l'autre, croisées et décroisées. Pourtant, après la première phrase, les mots coulaient de sa bouche avec facilité. Le salon de thé, l'influence de son père, le théâtre, la découverte ... Peut-être qu'elle parlait trop et ennuyait son interlocutrice, mais c'était ce qu'on lui avait demandé non ? Donner le plus de détails possible ...
« Le fait est que j'ai signé ce contrat de mon plein gré. »
Elle n'était pas fière de cet aveu. Elle s'était faite avoir comme une débutante et son sort était scellé. Un jour, on se servirait de cet avantage sur elle en guise de chantage pour l'atteindre directement ou à travers son entourage. Une véritable entourloupe digne d'un pro. Maria avait donc espérer trouver une solution parmi ces archives, ou au moins une piste, mais c'est vrai que rien ne pouvait l'assurer qu'un dossier pareil s'était déjà produit au Japon, où les gens étaient bien ancrés dans les traditions et l'honneur.
« Je me moque bien de l'argent. Je suis habituée à mes moyens modestes et puis ce ne sera plus un problème si j'arrive vraiment à percer dans le milieu. Mais laisser quelqu'un dans une situation pareille par ma faute ... Je ne peux pas, pas si je peux faire quelque chose ! C'est contre tous mes principes et mes convictions. Mais personne ne voudra jamais défendre mon cas contre mon père ... Je peux peut-être le menacer de révéler publiquement que je suis sa fille pour qu'il accepte de me rendre les pleins droits, au lieu de laisser les gens créer leurs propres rumeurs, mais il risque de trouver une façon de tourner ça à son avantage. »
Si Julien avait si bonne réputation, c'était qu'il y avait mis autant d'efforts que possible ... Ëtre un vampire de sang pur donnait beaucoup de pouvoir. Pas toujours de la façon la plus clean qui soit, probablement, mais elle ne savait pas, elle n'avait pas de preuves, elle, que des doutes et des suppositions, avec tout ce qu'elle avait vu et entendu dans la demeure familiale, puisqu'elle ne pouvait pas sortir. De toute façon même si c'était le cas ... Maria ne pouvait pas juste faire tomber son père. Elle l'aimait, tout autant qu'elle le haïssait, parfois. Il ne le savait que trop bien ... Et cela le rendait plus puissant et terrifiant encore, comme une ombre qui ne pourrait jamais la quitter. Comme si ça ne suffisait pas déjà que son agent lui mette la pression !
« J'aimerais avoir votre force ... »
Peut-être qu'on l'écouterait davantage, si elle n'était pas ... tout simplement, elle-même. Alors elle retenait ses larmes en refermant les yeux et s'efforçait d'afficher un petit sourire de façade. Ce n'est pas comme si elle n'en avait pas l'habitude. Oui, sans doute qu'elle deviendrait une grande actrice après quelques leçons. Mais était-ce une bonne chose si cela signifiait s'oublier et faire une croix sur le bonheur ?
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Jeu 19 Sep 2019 - 22:53
Quelle nostalgie ! Ce discours me faisait littéralement revenir des années en arrière, lorsque j'étudiais méticuleusement le cas de mes clients quand je connaissais mon ascension d'avocate. Je me sentais projetée de nouveau à cette époque où ces individus défilaient dans mon cabinet dans tous leurs états. La peur, la tristesse, la colère, la rancœur... Tant de victimes éclaboussées par des bourreaux qui pensaient pouvoir s'en sortir blancs comme neige. Tant de plaintes, tant d'infamie, avec un degré de gravité qui naviguait d'un simple fleuve silencieux à un tsunami brutal. Bien-sûr, chaque situation était différente et donc incomparable par rapport au ressenti de chaque personne face à son dilemme. Mais je reconnaissais sur son visage, l'ombre de l'impuissance qui montrait ses canines pour lui soutirer tout espoir de pouvoir voler ses propres ailes un jour.
Sa crispation était bien visible lorsqu'elle frétillait sur sa chaise mal à l'aise, montrait bien qu'elle en avait gros sur le cœur. Déjà, je relevais qu'elle ne savait pas dissimuler ce qu'elle ressentait. Ce qui en soi, restait une bonne chose pour mesurer la cohérence de ses propos. La description de son père ne m'étonnait pas tellement. Un homme puissant qui aimait maintenir le contrôle sur son entourage, quitte même à les mutiler pour son propre intérêt. Un portrait dressé qui ne reflétait rien de bien surprenant.
Je m'étonnais moi-même de faire preuve d'autant de patience et d'attention à l'égard de cette intruse. Peut-être parce qu'inconsciemment, son discours me transportait dans une autre vie, où je luttais pleinement contre le mal en motivant mon instance par la seule vibration d'une innocence bafouée qu'il fallait sauver. Seulement se concentrer sur le profil des personnes à défendre pour démonter l'adversaire. Bien loin de mon métier de juge actuel, où je me devais de trier des informations balancées de tous les côtés en tentant de tomber au plus juste, que ce soit la sanction ou la délivrance, sans y parvenir parfois. Les lois étaient mal foutues et je jouais avec comme je pouvais me le permettre, en asseyant ma domination totale et impartiale.
Je n'étais pas particulièrement touchée, simplement mélancolique.
-C'est délicat, en effet.
Cet homme restait dans son bon droit. Il avait le pouvoir légal de quémander la moitié de ses parts sur les bénéfices de son salon. Après tout, sa signature résidait sur les papiers de son entreprise, sachant qu'en plus de ça, elle n'y avait même pas été contrainte. Enfin, d'une certaine manière.
Sa mine se décomposait au fur et à mesure qu'elle expulsait sa détresse. Dans un flot tumultueux, ses paroles s'envolaient comme pour prier le ciel de bien vouloir l'entendre, quand tout le monde semblait l'ignorer, voir pire, la négliger. Par moment, sa voix se voulait courageuse, comme si elle voulait être enfin entendue dans son silence permanent, solide et sûre, pour finir par se fracasser dans un murmure à peine audible, alors que le souffle lui manquait. Sa complainte me donnait la sensation de naviguer dans des eaux turbulentes où le navire peinait à maintenir le cap.
-Pour être honnête avec vous, en tant que Juge avertie, votre combat sera difficile. Si vous comptez vous défendre, il faudra vous armer de gros moyens et notamment, d'énormément de courage. En vue de l'influence massive de votre père, je suppose qu'il possède toute une liste de contacts bien fournie s'il souhaite vraiment vous traîner dans la boue. Et croyez-moi, il aura assez d'éléments à sa disposition pour vous faire échouer dans votre quête à l'indépendance totale.
En revanche, s'il y avait bien un sujet sur lequel je restais sensible à force de côtoyer Gisèle Halimi, ma tutrice de l'époque, c'était bien à la cause des femmes. Avec son influence, je m'étais sentie concernée par cette guerre des sexes où je prônais moi-même le droit des dames. Et cette vocation m'avait plus ou moins poursuivie dans cette lutte interminable qui écrasait son injustice aux quatre coins du globe. Et ici également, au Japon.
-A vrai dire, je ne devrais même pas avoir à vous dire ça de par mon statut. J'espère que vous l'entendez.
Je laissais quelques secondes planer, alors qu'elle déglutissait clairement devant moi comme une vache envoyée à abattoir.
-Toutefois, je ne suis pas en service, je peux donc vous aviser de quelques conseils précieux, qu'en dites-vous ?
Je lui lançai un clin d'oeil entendu pour qu'elle puisse se détendre un peu. Si je poursuivais à tuer l'énergie qu'elle mettait pour sa cause, elle finirait par se briser en deux.
-En tant qu'ancienne avocate de renommée, je peux vous donner des pistes sur certains aspects à prendre en compte pour le défaire. De un, vous étiez fragilisée par l'influence qu'il portait sur votre personne. Certes, vous avez signé consciemment. Mais de ce que vous me dites, il s'agit là d'une pression psychologique, teintée de manipulation, où il vous a inconsciemment contrainte à déposer votre accord. Vous étiez seule, naïve, vous vouliez juste déployer votre indépendance et briser ses chaînes qui vous entravaient. Bien-sûr, il vous a offert cette possibilité alléchante, mais en omettant de vous instruire des réglementations légales par rapport aux conséquences de cette action. Vous n'aviez pas toute la maturité suffisante de saisir la portée de votre acte, ni même toutes les mentions légales à votre disposition pour poser votre verdict sciemment, en pleine connaissance de cause. Ce qui est formellement condamnable. On nomme ça, l'abus de confiance.
Ah, je retrouvais mes anciennes habitudes, celles qui avaient rythmées mon quotidien pour défendre la cause de personnes désespérées. Cette situation m'émoustillerait presque.
-De deux, il faut savoir que si votre père souhaite avoir la main mise sur votre marché, il devra démontrer qu'il participe dans les affaires en investissant financièrement et qu'il s'implique dans son évolution. Je suppose qu'il possède la comptabilité, mais ce n'est pas suffisant. Ce qui nous amène sur le troisième point, il doit être également présent sur le territoire japonais pour assurer la bonne marche de l'entreprise. S'il ne prouve pas comme quoi il a rendu visite au pays sur la dernière année dans un but professionnel concernant votre salon, il pourra perdre son partenariat.
Je réfléchissais un peu plus au profondeur, histoire de déblayer le plus de perspectives à explorer pour sa défense. La culture japonaise vis à vis des femmes entreprenantes risque de jouer en sa défaveur, en incluant la partie adverse qui se ne laissera pas facilement démener... Cependant, cela restait jouable.
-Quatre, vous devrez vous montrer forte de persuasion. Montrer que ce salon vous tient énormément à cœur et qu'il vous appartient, à vous et seulement vous, d'un point de vue sentimental. Soyez ambitieuse ! Montrez vous. Dites-leur que s'il y a bien une personne pour faire fonctionner ce rêve, ce n'est que vous et personne d'autre ! Que vous avez les épaules, la carrure, pour poursuivre vos affaires. Votre père lui, n'a que faire de cette boutique et n'a aucune volonté de la faire grimper en réputation, puisqu'il possède déjà bien assez à son actif pour s'en soucier. Mettez ça en avant également.
Je pensais qu'on avait largement fait le tour du problème. Il ne manquera plus qu'à creuser. Ce ne sera pas évident pour cette jeune femme à la santé qui me paraissait diminuée, mais si elle n'avait pas menti, le jeu en valait la chandelle, pour la libération de cette emprise mentale empoisonnée.
Toutefois, son admiration épinglée par le désarroi ne manquait pas de m'arracher un petit rire qui se voulait presque attendri par cette remarque.
-Quand vous avez des convictions, il faut savoir les défendre. Encore plus quand il s'agit de l'essence même de votre existence. Vous voulez exister et prouver au monde entier que vous pouvez vous en sortir malgré les coups mademoiselle Blanchet ? Alors levez la tête et plongez vos yeux dans les profondeurs de ceux de votre ennemi sans ciller. Prouvez votre valeur et votre indépendance. Montrez leur que vous n'êtes pas faible. Faites les trembler par votre assurance et votre capacité à surmonter les obstacles. Vous n'êtes plus son jouet et il est temps qu'il s'en rende compte. Alors je vous le dis : battez-vous pour ce qui de droit, vous revient. Votre liberté.
Je me levais légèrement de ma chaise en prononçant ces mots prise dans l’excitation, agrippant les rebords de mon siège, le regard fait de braise et de cendre. Ce sentiment bien connu de la hauteur ressenti par les plus grands conquérants qui soufflait : écrase le.
Sa crispation était bien visible lorsqu'elle frétillait sur sa chaise mal à l'aise, montrait bien qu'elle en avait gros sur le cœur. Déjà, je relevais qu'elle ne savait pas dissimuler ce qu'elle ressentait. Ce qui en soi, restait une bonne chose pour mesurer la cohérence de ses propos. La description de son père ne m'étonnait pas tellement. Un homme puissant qui aimait maintenir le contrôle sur son entourage, quitte même à les mutiler pour son propre intérêt. Un portrait dressé qui ne reflétait rien de bien surprenant.
Je m'étonnais moi-même de faire preuve d'autant de patience et d'attention à l'égard de cette intruse. Peut-être parce qu'inconsciemment, son discours me transportait dans une autre vie, où je luttais pleinement contre le mal en motivant mon instance par la seule vibration d'une innocence bafouée qu'il fallait sauver. Seulement se concentrer sur le profil des personnes à défendre pour démonter l'adversaire. Bien loin de mon métier de juge actuel, où je me devais de trier des informations balancées de tous les côtés en tentant de tomber au plus juste, que ce soit la sanction ou la délivrance, sans y parvenir parfois. Les lois étaient mal foutues et je jouais avec comme je pouvais me le permettre, en asseyant ma domination totale et impartiale.
Je n'étais pas particulièrement touchée, simplement mélancolique.
-C'est délicat, en effet.
Cet homme restait dans son bon droit. Il avait le pouvoir légal de quémander la moitié de ses parts sur les bénéfices de son salon. Après tout, sa signature résidait sur les papiers de son entreprise, sachant qu'en plus de ça, elle n'y avait même pas été contrainte. Enfin, d'une certaine manière.
Sa mine se décomposait au fur et à mesure qu'elle expulsait sa détresse. Dans un flot tumultueux, ses paroles s'envolaient comme pour prier le ciel de bien vouloir l'entendre, quand tout le monde semblait l'ignorer, voir pire, la négliger. Par moment, sa voix se voulait courageuse, comme si elle voulait être enfin entendue dans son silence permanent, solide et sûre, pour finir par se fracasser dans un murmure à peine audible, alors que le souffle lui manquait. Sa complainte me donnait la sensation de naviguer dans des eaux turbulentes où le navire peinait à maintenir le cap.
-Pour être honnête avec vous, en tant que Juge avertie, votre combat sera difficile. Si vous comptez vous défendre, il faudra vous armer de gros moyens et notamment, d'énormément de courage. En vue de l'influence massive de votre père, je suppose qu'il possède toute une liste de contacts bien fournie s'il souhaite vraiment vous traîner dans la boue. Et croyez-moi, il aura assez d'éléments à sa disposition pour vous faire échouer dans votre quête à l'indépendance totale.
En revanche, s'il y avait bien un sujet sur lequel je restais sensible à force de côtoyer Gisèle Halimi, ma tutrice de l'époque, c'était bien à la cause des femmes. Avec son influence, je m'étais sentie concernée par cette guerre des sexes où je prônais moi-même le droit des dames. Et cette vocation m'avait plus ou moins poursuivie dans cette lutte interminable qui écrasait son injustice aux quatre coins du globe. Et ici également, au Japon.
-A vrai dire, je ne devrais même pas avoir à vous dire ça de par mon statut. J'espère que vous l'entendez.
Je laissais quelques secondes planer, alors qu'elle déglutissait clairement devant moi comme une vache envoyée à abattoir.
-Toutefois, je ne suis pas en service, je peux donc vous aviser de quelques conseils précieux, qu'en dites-vous ?
Je lui lançai un clin d'oeil entendu pour qu'elle puisse se détendre un peu. Si je poursuivais à tuer l'énergie qu'elle mettait pour sa cause, elle finirait par se briser en deux.
-En tant qu'ancienne avocate de renommée, je peux vous donner des pistes sur certains aspects à prendre en compte pour le défaire. De un, vous étiez fragilisée par l'influence qu'il portait sur votre personne. Certes, vous avez signé consciemment. Mais de ce que vous me dites, il s'agit là d'une pression psychologique, teintée de manipulation, où il vous a inconsciemment contrainte à déposer votre accord. Vous étiez seule, naïve, vous vouliez juste déployer votre indépendance et briser ses chaînes qui vous entravaient. Bien-sûr, il vous a offert cette possibilité alléchante, mais en omettant de vous instruire des réglementations légales par rapport aux conséquences de cette action. Vous n'aviez pas toute la maturité suffisante de saisir la portée de votre acte, ni même toutes les mentions légales à votre disposition pour poser votre verdict sciemment, en pleine connaissance de cause. Ce qui est formellement condamnable. On nomme ça, l'abus de confiance.
Ah, je retrouvais mes anciennes habitudes, celles qui avaient rythmées mon quotidien pour défendre la cause de personnes désespérées. Cette situation m'émoustillerait presque.
-De deux, il faut savoir que si votre père souhaite avoir la main mise sur votre marché, il devra démontrer qu'il participe dans les affaires en investissant financièrement et qu'il s'implique dans son évolution. Je suppose qu'il possède la comptabilité, mais ce n'est pas suffisant. Ce qui nous amène sur le troisième point, il doit être également présent sur le territoire japonais pour assurer la bonne marche de l'entreprise. S'il ne prouve pas comme quoi il a rendu visite au pays sur la dernière année dans un but professionnel concernant votre salon, il pourra perdre son partenariat.
Je réfléchissais un peu plus au profondeur, histoire de déblayer le plus de perspectives à explorer pour sa défense. La culture japonaise vis à vis des femmes entreprenantes risque de jouer en sa défaveur, en incluant la partie adverse qui se ne laissera pas facilement démener... Cependant, cela restait jouable.
-Quatre, vous devrez vous montrer forte de persuasion. Montrer que ce salon vous tient énormément à cœur et qu'il vous appartient, à vous et seulement vous, d'un point de vue sentimental. Soyez ambitieuse ! Montrez vous. Dites-leur que s'il y a bien une personne pour faire fonctionner ce rêve, ce n'est que vous et personne d'autre ! Que vous avez les épaules, la carrure, pour poursuivre vos affaires. Votre père lui, n'a que faire de cette boutique et n'a aucune volonté de la faire grimper en réputation, puisqu'il possède déjà bien assez à son actif pour s'en soucier. Mettez ça en avant également.
Je pensais qu'on avait largement fait le tour du problème. Il ne manquera plus qu'à creuser. Ce ne sera pas évident pour cette jeune femme à la santé qui me paraissait diminuée, mais si elle n'avait pas menti, le jeu en valait la chandelle, pour la libération de cette emprise mentale empoisonnée.
Toutefois, son admiration épinglée par le désarroi ne manquait pas de m'arracher un petit rire qui se voulait presque attendri par cette remarque.
-Quand vous avez des convictions, il faut savoir les défendre. Encore plus quand il s'agit de l'essence même de votre existence. Vous voulez exister et prouver au monde entier que vous pouvez vous en sortir malgré les coups mademoiselle Blanchet ? Alors levez la tête et plongez vos yeux dans les profondeurs de ceux de votre ennemi sans ciller. Prouvez votre valeur et votre indépendance. Montrez leur que vous n'êtes pas faible. Faites les trembler par votre assurance et votre capacité à surmonter les obstacles. Vous n'êtes plus son jouet et il est temps qu'il s'en rende compte. Alors je vous le dis : battez-vous pour ce qui de droit, vous revient. Votre liberté.
Je me levais légèrement de ma chaise en prononçant ces mots prise dans l’excitation, agrippant les rebords de mon siège, le regard fait de braise et de cendre. Ce sentiment bien connu de la hauteur ressenti par les plus grands conquérants qui soufflait : écrase le.
Invité
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Lun 14 Oct 2019 - 17:08
Quelle idiote ! Maria avait été tellement prise par son histoire, secouée par la houle de ses sentiments, qu'elle avait abandonné la logique. Il faut dire qu'elle n'avait pas vraiment de personnes à qui se confier ... Sa confiance, sa véritable confiance, était rudement acquise. Elle comptait raconter tout ça à Chidori, bien entendu, mais pas avant d'avoir trouvé quelques idées de solutions. Elle n'aurait pas vraiment le choix, de toute façon, quelle que soit l'issue : elle comprendrait, si son amie humaine revenait sur sa décision de s'occuper du salon de thé ... Tant de complications.
Maintenant qu'elle avait fini de se vider le cœur, sans un mot plus haut que l'autre, presque résignée d'avoir perdu d'avance, puisque même la juge semblait trouver cette affaire un peu complexe, Maria pouvait avoir les idées un peu plus claires, à moins que ce soit la conséquence de ce coup sur la tête. Ses joues rosirent légèrement lorsqu'elle réalisa son erreur. Elle n'était pas en train de discuter avec n'importe quelle avocate qui voudrait bien défendre les meilleurs intérêts de sa cliente, ce qu'elle n'était pas, d'ailleurs. Le juge et les jurés étaient supposés être les défenseurs de la justice, impartials et neutres. La précision fut donc la bienvenue et la Level B essaya de se détendre un peu. Cela commençait par répondre à ce clin d'œil par un petit sourire, même si l'énergie n'y était pas trop. Elle était reconnaissante pourtant ! Quelqu'un qui n'avait pas de parti pris, c'était devenu rare en ce monde. Peut-être était-ce plutôt de la pitié, à cause de sa faiblesse et de cette histoire pathétique. L'actrice s'en moquait un peu, du moment qu'on ne la chasse pas tout de suite de la salle des archives.
Au fur et à mesure que la Russe exposait quelques failles qui pouvaient être exploitées, l'issue de cette bataille semblait moins certaine. Maria était très attentive, elle devrait retenir les points principaux puisqu'elle n'avait pas de quoi prendre des notes, heureusement, elle avait une bonne mémoire qui ne ferait que s'aiguiser avec son nouvel emploi. Elle laissa l'étonnement gagner son cœur. Sans même la connaître, Riven croyait vraiment qu'elle était capable d'atteindre ses objectifs, si elle s'en donnait les moyens ? Même après l'avoir aperçu si faible, si hésitante ? C'était la toute première fois que cela lui arrivait. Elle avait tendance à protéger férocement son secret. Maria voulait croire en elle, prendre confiance, mais c'était difficile, quand le parcours était semé d'embûches ...
« J'ai beaucoup de choses à méditer, on dirait bien. Je suppose que je dois simplement apprendre à m'affirmer un peu plus. »
N'était-ce pas pour cela qu'elle s'était éloignée ? Elle n'était plus cette petite fille naïve qui pouvait être manipulée à bon loisir. Une idée étrange lui traversa soudain l'esprit. Et si ... Et si tout ceci n'était qu'un moyen de la tester ? Une aristocrate ne peut pas décemment vivre par ses propres moyens si elle n'est pas un tant soit peu débrouillarde, les épaules solides. Maria avait réussi à s'intégrer parmi la civilisation des mortels, mais elle avait surtout choisi de suivre le Sénat et les vampires ... Oh, les vampires sont bien plus sournois, bien suffisamment pour faire disparaître une gêneuse qui n'était même pas reconnue par l'un des sept clans ...
« Je vous remercie pour vos conseils, Riven. »
Elle n'oublierait pas qu'elle avait une dette envers la rouquine. Si tout se passait bien ... Ce n'était pas une lutte devant les tribunaux qu'elle devait craindre, après tout, mais bien pour le salut de son âme, et de son esprit fragilisé, après toutes ces années passées dans le silence. Ils ne jouaient pas à armes égales ... Pour le moment. Maria était une passionnée, alors elle se battrait, tant qu'elle était vivante, la partie n'était pas terminée. Peu importe le nombre de fois qu'elle devait tomber ; l'important, c'était de se relever, et elle n'était plus seule. Le feu commençait à crépiter de nouveau en elle. Qui aurait pu le croire, alors qu'elle s'était fait prendre la main dans le sac avec une entrée aussi fracassante ?
« Plus d'escapades nocturnes de la sorte. Promis. »
Maria ne regrettait pas son geste, ne serait-ce que pour ces quelques minutes réconfortantes, après avoir percé le mur de glace, mais elle était parfaitement consciente qu'elle avait eu de la chance que les événements ne tournent pas plus mal, et c'était sa façon de le souligner. Il valait mieux en rire maintenant, avec une phrase un peu ambiguë. Un petit sourire mutin s'étira donc doucement sur son visage de porcelaine tandis qu'elle exécuta une courte révérence en guise de salutation, témoignant tout son respect. Elle avait accaparé suffisamment de temps et aurait beaucoup à faire, pour se retrousser les manches et essayer de tirer son épingle du jeu. Elle reprit la route vers la sortie le cœur plus léger, sous ses conditions, ne laissant derrière que ce vague souvenir et une plume noire.
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