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Mar 30 Juil 2019 - 16:59
Elle était là chez elle, dans cet air plus lourd que celui européen. Mais toujours, comme un vieux disque rayé, elle répétait inlassablement la même phrase musicale. Pendant des minutes. Puis les minutes s'étaient comptées par dizaines, puis en heures. Et elle restait là, droite, aveugle devant son piano, à vouloir atteindre le son qu'elle recherchait. Les gens la traitaient comme une génie, et si elle en avait, du talent, elle avait surtout du travail. Après tout, c'était bien pour cela qu'elle était revenue dans les îles japonaises : elle s'était ruinée le peu de santé qu'elle avait au travail. Et voilà qu'elle recommençait.
Son téléphone sonna, la tirant de sa phrase comme d'un rêve qui ne fait que se répéter infiniment. Elle avait... Non, on lui avait fait prendre l'habitude de mettre un réveil en place qui sonnait toutes les trois heures, quand elle se mettait au piano. Sinon, elle se perdait complètement en s'oubliant. Avec un soupir aux airs d'amertumes, elle se redressa de son siège rembourré pour se préparer à sortir. Elle n'était pas arrivée dans la ville il y a longtemps, et tout au plus lors de ses lents repérages aveugles, aidée d'un portable lui indiquant les directions à prendre, elle avait au moins remarqué un banc où elle pouvait se poser et écouter le temps qui passe. Au lieu de se morfondre et s'empêcher de jouer du piano, peut-être que cette activité là serait préférable. Même, peut-être pourrait-elle trouver une petite chose à manger, les premiers vertiges qui faisaient leur apparition étaient un rappel tristement nécessaire : pour vivre, il fallait manger.
Alors, passant par la salle d'eau, s'aspergeant une ou deux fois le visage, elle glissa ses mains dans ses cheveux pour les coiffer distraitement. Anja les savait rebelles, et quoi qu'elle puisse faire des mèches, elles resteraient libres, ainsi cela lui faisait un soucis en moins, une bataille à ne pas mener. Et après avoir soupiré une seconde fois, longuement devant le temps qu'il faisait dehors, habillée d'une robe descendant à ses genoux, noire, et armée d'un côté de sa canne blanche, et de l'autre d'un parapluie qui ferait son office, elle espérait.
Et enfin, elle affronta le dehors, quand le taxi demandé vint la chercher. Direction, le centre-ville, et une allée commerciale couverte qu'elle avait remarqué. Doucement, pas à pas, elle s'avança, protégée bravement par le parapluie, avec les gens qui s'écartaient parfois en grognant sur son passage, sa canne balayant avec régularité le sol devant elle, et ses petits talons martelant le sol couvert d’ecchymoses.
Mais si cette allée couverte avait retenue son attention, ce n'était pas simplement pour l'abri de la pluie qu'elle offrait, ni pour quelques petits magasins ou un restaurants qui traînait quelque part pour faire grogner son ventre, ni même pour quelques bancs trônant ça et là, pour lui offrir un coin de repos, mais pour un piano publique qui y avait été déposé. Et si dans un coin de son esprit, elle entendait déjà la voix de son agent grognant qu'elle n'avait fait que troquer un piano pour un autre, elle pouvait bien l'ignorer cette fois. Elle était sortie, et le contexte n'était pas le même.
La frêle aveugle, aux doigts presque squelettiques bien que puissants, arrivant après quelques efforts supplémentaires, jusqu'à son saint Graal, et un doux sourire illumina son visage à peine creusé, le piano était libre. Déposant son parapluie au sol, suivi de sa canne juste en dessous du siège, elle caressa les touches du bout des doigts. Qu'il était doux.
Et une note s'envola, première et longue, perchée et tenue. Pour dégringoler par cascade de gammes sur un autre, tenue à son tour. Et offrir aux passants un petits morceau pour égayer leur journée au delà de cette pluie qui martelait avec force le plafond de verre. Leur changer l'esprit et adoucir leur âme pour un petit moment. Jusqu'au moment où la dernière note, le dernier accord fut tenu, laissant le son s'échapper de lui-même vers le silence.
Et d'Anja de prendre son air un peu gêné d'avoir attiré à nouveau l'attention.
Musique jouée par Anja
Son téléphone sonna, la tirant de sa phrase comme d'un rêve qui ne fait que se répéter infiniment. Elle avait... Non, on lui avait fait prendre l'habitude de mettre un réveil en place qui sonnait toutes les trois heures, quand elle se mettait au piano. Sinon, elle se perdait complètement en s'oubliant. Avec un soupir aux airs d'amertumes, elle se redressa de son siège rembourré pour se préparer à sortir. Elle n'était pas arrivée dans la ville il y a longtemps, et tout au plus lors de ses lents repérages aveugles, aidée d'un portable lui indiquant les directions à prendre, elle avait au moins remarqué un banc où elle pouvait se poser et écouter le temps qui passe. Au lieu de se morfondre et s'empêcher de jouer du piano, peut-être que cette activité là serait préférable. Même, peut-être pourrait-elle trouver une petite chose à manger, les premiers vertiges qui faisaient leur apparition étaient un rappel tristement nécessaire : pour vivre, il fallait manger.
Alors, passant par la salle d'eau, s'aspergeant une ou deux fois le visage, elle glissa ses mains dans ses cheveux pour les coiffer distraitement. Anja les savait rebelles, et quoi qu'elle puisse faire des mèches, elles resteraient libres, ainsi cela lui faisait un soucis en moins, une bataille à ne pas mener. Et après avoir soupiré une seconde fois, longuement devant le temps qu'il faisait dehors, habillée d'une robe descendant à ses genoux, noire, et armée d'un côté de sa canne blanche, et de l'autre d'un parapluie qui ferait son office, elle espérait.
Et enfin, elle affronta le dehors, quand le taxi demandé vint la chercher. Direction, le centre-ville, et une allée commerciale couverte qu'elle avait remarqué. Doucement, pas à pas, elle s'avança, protégée bravement par le parapluie, avec les gens qui s'écartaient parfois en grognant sur son passage, sa canne balayant avec régularité le sol devant elle, et ses petits talons martelant le sol couvert d’ecchymoses.
Mais si cette allée couverte avait retenue son attention, ce n'était pas simplement pour l'abri de la pluie qu'elle offrait, ni pour quelques petits magasins ou un restaurants qui traînait quelque part pour faire grogner son ventre, ni même pour quelques bancs trônant ça et là, pour lui offrir un coin de repos, mais pour un piano publique qui y avait été déposé. Et si dans un coin de son esprit, elle entendait déjà la voix de son agent grognant qu'elle n'avait fait que troquer un piano pour un autre, elle pouvait bien l'ignorer cette fois. Elle était sortie, et le contexte n'était pas le même.
La frêle aveugle, aux doigts presque squelettiques bien que puissants, arrivant après quelques efforts supplémentaires, jusqu'à son saint Graal, et un doux sourire illumina son visage à peine creusé, le piano était libre. Déposant son parapluie au sol, suivi de sa canne juste en dessous du siège, elle caressa les touches du bout des doigts. Qu'il était doux.
Et une note s'envola, première et longue, perchée et tenue. Pour dégringoler par cascade de gammes sur un autre, tenue à son tour. Et offrir aux passants un petits morceau pour égayer leur journée au delà de cette pluie qui martelait avec force le plafond de verre. Leur changer l'esprit et adoucir leur âme pour un petit moment. Jusqu'au moment où la dernière note, le dernier accord fut tenu, laissant le son s'échapper de lui-même vers le silence.
Et d'Anja de prendre son air un peu gêné d'avoir attiré à nouveau l'attention.
Musique jouée par Anja
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Jeu 8 Aoû 2019 - 12:33
Je sors enfin du lycée et c’est pou découvrir qu’ici aussi, le temps n’est pas toujours au beau fixe. Il pleut.
Difficile de rentrer dans ma chambre, loin du lycée, dans la petite pension où Erasmus me loge, sans me retrouver totalement trempé. Pourtant j’aurai dû men douter ce matin, vu qu’on aurait dit qu’il faisait déjà nuit ... alors qu’il était à peine 8h00 du matin. Je regarde mes camarades, certains ont été plus prévoyant que moi, d’autres sont dans la même galère. J’en vois même qui retourne vers la salle de classe, à l’étage. Je suppose qu’ils vont travailler encore un peu, dans l’espoir que lorsqu’ils auront fini, la pluie aura cessée.
Sauf que si je veux pouvoir montrer à Kûdo-kun mes progrès dimanche, pendant notre session de parkour, et bien il faut que je m’entraine. Même sous une pluie battante, juste faudra que je fasse attention aux chutes, parce qu’il y en aura. Je niaise avec le puck (n’hésite pas), et mets ma sacoche au-dessus de ma tête, je quitte donc l’abri de mon lycée pour la direction de mon logement. Je connais le chemin par cœur, ce qui me permet et ne pas bummer (errer) dans les rues. J’aurai dû aller en bécyk ce matin.
A peu près à mi-chemin, j’entre dans l’une des nombreuses galeries couvertes, pour m’abriter un peu à cause de la pluie venant de redoubler. Finalement je ne vais peut-être pas aller m’entrainer au parkour, et plutôt me prendre une douche chaude en rentrant. Il vaudrait mieux que je ne me pogne pas mon coup de mort (prendre froid), pour être en forme dimanche.
C’est là que je reconnais la mélodie qui flotte dans l’air. La Nocturnes, Op.55 n°2.
Mon frère la jouait souvent à la maison quand j’étais petit, bien mieux que je ne l’ai jamais joué moi-même. Je dois bien avouer, que ce n’est pas l’instrument sur lequel j’ai le plus de facilitée, peut-être en liant avec le fait que ni mes parents, ni mon professeur ne trouvaient que j’étais à la hauteur de mon frère. Je me souviens qu’il adorait le compositeur Chopin, et ne se lassait jamais des Nocturnes parmi ces œuvres. La mélodie est à la fois douce et enjouée, mais pourtant je lui trouve une certaine mélancolie. C’est peut-être lié au fait que ça me rappelle mon frère décédé. Quoi qu’il en soit, je me laisse guidé par les notes, porter par cette cadence apaisante, jusqu’à son origine.
C’est là que je découvre, assisse bien droite devant le piano en libre accès, une jeune femme de teint pâle et aux cheveux noir de jais jouait. Son regard semble fixe, et pourtant on dirait que la musique danse dans un océan bleuté en forme d’amande. Ses mains sont fines, mais agiles et trahissent sa dextérité sur cet instrument. Elle doit en jouer depuis longtemps, pour avoir atteint un tel niveau.
Je m’appuie contre un poteau soutenant le toit en verre, et ferme les yeux un instant. Profitant de cette étrange harmonie entre la fureur du ciel et la caresse de la mélodie. Le temps semble infini, et l’instant vouloir s’étirer au maximum du possible.
C’est avec le son de l’ultime note que je rouvre les yeux. Je constate que peu de personnes se sont stoppés dans leur routine. Le tout presque dans un même mouvement, ils s’inclinent sans un bruit face à cette jeune pianiste, puis reparte le morceau à peine terminé. Elle semble gênée par cette attention.
Moi et bien ... je ne suis pas japonais, alors je l’applaudis doucement. Elle tourne son visage fin, dont les joues sont très légèrement creusées, vers moi et là je comprends. C’est pour ça que son regard était fixe, elle ne voit rien. Peu importe, dans la musique ce n’est pas le physique qui compte, mais le son et les sentiments qui s’en dégagent.
« Bravo pour votre récital, vous jouez vraiment bien. C’était un moment magique de vous écouter. Merci. »
Par automatisme je lui souris, mais elle ne peut me voir. Il va falloir que je trouve comment lui communiquer ma enthousiasme, vis-à-vis de son talent différemment.
« Je peux vous demander où vous avez fait vos classes pour jouer avec autant de facilité, mademoiselle ? »
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Sam 10 Aoû 2019 - 17:50
Dans son monde où les notes coulaient et glissaient aussi bien sur la peau que sur les âmes, la jeune femme aveugle en était la reine. Happant les regards et les attentions dans les dégringolades ou vagues successives, elle guidait quiconque portait une oreille à sa musique parmi ces contrées d'émotions où les cœurs se faisaient empoigner dans un filet de passions. Alors, pour ce public, ce fut comme un instant hors du temps, hors du monde, où n'existait que l'histoire racontée, à chacun sa résonance.
Et quand la fin approcha, se déclinant par les derniers accords et notes tenues s'élevant, au milieu des froissements des vêtements des gens s'inclinant, ou des applaudissements polis, un sorti plus du lot. Laissant ses mains traîner sur les touches, maintenant leur contact rassurant au possible, Anja se tourna vers cette personne, penchant la tête sur le côté. L'accent étranger, les manières étrangères de même, et le fait d'être abordée ainsi. Étonnant, mais pas forcément dérangeant, pour le moment. Elle lui sourit alors, douce, inclinant la tête pour accepter le compliment et l'enthousiasme qui transparaissait dans la voix du jeune homme.
- Je vous remercie pour le compliment, commença-t-elle d'une voix affectueuse, avec un accent japonais presque parfais -il s'agissait de sa langue maternelle après tout. Et pour vous répondre, si je suis passée par plusieurs conservatoire, notamment celui de Tokyo, je me suis rapidement exportée.
Elle prit un temps pour souffler, et se baissa pour récupérer sa canne blanche déposée en dessous de son siège. Il était rassurant de l'avoir en main, même si elle restait pour le moment assise. D'autant plus quand il fallait remonter dans ces souvenirs qui n'étaient pas toujours le plus sain pour elle, notamment pour la solitude.
- Je suis passée au départ par le conservatoire de Paris pendant trois ans, avant de rejoindre l'université de Vienne pendant quatre ans pour y passer les concours que l'on m'avait conseillé à l'époque. Si au premier ma position n'était que que quatrième, j'ai pu atteindre la première place au second de cette année. Avant de m'envoler pour Moscou, pour quatre autres années, et son conservatoire impérial de musique. Et finir à la Juillard School, en tant que professeur quelques années, à New York... Avant de revenir au japon pour des raisons de santé.
Son visage s'éclaira d'un sourire fin, qui creusa un peu plus ses joues et son ventre grogna de faim. Elle l'avait encore une fois oublié, lui. Rosissant un peu, et d'avoir trop parlé, et d'avoir montré de telles signes audibles, Anja secoua la tête.
- Je parle trop, excusez-moi. Et vous donc ? Il est rare de parler avec des jeunes personnes de tels sujets. Vous faites partie de l'université, dans un domaine d'art ?
C'était une certes vaste supposition, mais quelqu'un posant une question sur les classes qu'elle avait pu faire, avec un ton un peu jeune, plein d'enthousiasme et d'envie de parler. Elle le supposait plutôt jeune. Mais.... Elle rosit à nouveau.
- Je vous prie de m'excuser, je suis Anja Limonov. Et vous ?
Se présenter était pourtant quelque chose de commun. Mais elle n'aimait pas trop l'attention... aurait-elle plutôt due se présentée en tant que Mion Limonov ? D'autant plus s'il était étudiante en musique classique ou musicologie plus générale, son nom pouvait être connue, avec ses concerts, récitals et autre.... Elle déposa une main sur son ventre.
Et son ventre grogna encore, de faim.
Et quand la fin approcha, se déclinant par les derniers accords et notes tenues s'élevant, au milieu des froissements des vêtements des gens s'inclinant, ou des applaudissements polis, un sorti plus du lot. Laissant ses mains traîner sur les touches, maintenant leur contact rassurant au possible, Anja se tourna vers cette personne, penchant la tête sur le côté. L'accent étranger, les manières étrangères de même, et le fait d'être abordée ainsi. Étonnant, mais pas forcément dérangeant, pour le moment. Elle lui sourit alors, douce, inclinant la tête pour accepter le compliment et l'enthousiasme qui transparaissait dans la voix du jeune homme.
- Je vous remercie pour le compliment, commença-t-elle d'une voix affectueuse, avec un accent japonais presque parfais -il s'agissait de sa langue maternelle après tout. Et pour vous répondre, si je suis passée par plusieurs conservatoire, notamment celui de Tokyo, je me suis rapidement exportée.
Elle prit un temps pour souffler, et se baissa pour récupérer sa canne blanche déposée en dessous de son siège. Il était rassurant de l'avoir en main, même si elle restait pour le moment assise. D'autant plus quand il fallait remonter dans ces souvenirs qui n'étaient pas toujours le plus sain pour elle, notamment pour la solitude.
- Je suis passée au départ par le conservatoire de Paris pendant trois ans, avant de rejoindre l'université de Vienne pendant quatre ans pour y passer les concours que l'on m'avait conseillé à l'époque. Si au premier ma position n'était que que quatrième, j'ai pu atteindre la première place au second de cette année. Avant de m'envoler pour Moscou, pour quatre autres années, et son conservatoire impérial de musique. Et finir à la Juillard School, en tant que professeur quelques années, à New York... Avant de revenir au japon pour des raisons de santé.
Son visage s'éclaira d'un sourire fin, qui creusa un peu plus ses joues et son ventre grogna de faim. Elle l'avait encore une fois oublié, lui. Rosissant un peu, et d'avoir trop parlé, et d'avoir montré de telles signes audibles, Anja secoua la tête.
- Je parle trop, excusez-moi. Et vous donc ? Il est rare de parler avec des jeunes personnes de tels sujets. Vous faites partie de l'université, dans un domaine d'art ?
C'était une certes vaste supposition, mais quelqu'un posant une question sur les classes qu'elle avait pu faire, avec un ton un peu jeune, plein d'enthousiasme et d'envie de parler. Elle le supposait plutôt jeune. Mais.... Elle rosit à nouveau.
- Je vous prie de m'excuser, je suis Anja Limonov. Et vous ?
Se présenter était pourtant quelque chose de commun. Mais elle n'aimait pas trop l'attention... aurait-elle plutôt due se présentée en tant que Mion Limonov ? D'autant plus s'il était étudiante en musique classique ou musicologie plus générale, son nom pouvait être connue, avec ses concerts, récitals et autre.... Elle déposa une main sur son ventre.
Et son ventre grogna encore, de faim.
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Dim 8 Sep 2019 - 0:15
Son accent japonais est nettement meilleur que le mien, et je comprends que ma familiarité de tantôt peut être mal prise. Ce n’est pas ainsi que l’on démarre une conversion avec un nippon. J’en rougis un peu de gêne. Heureusement pour moi, cela ne semble pas l’avoir gêné.
Elle m’explique alors qu’elle a fait plusieurs conservatoires, tous plus renommés les uns que les autres, notamment le conservatoire impérial de Moscou. Elle a aussi été professeur à la Juillard School ? Il parait qu’il faut un niveau de dingue pour pouvoir y entrer en tant qu’élève, je n’ose même pas imaginer le niveau que l’établissement demande pour les professeurs ...
Revenir au Japon pour des raisons de santé ? Pourtant elle ne semble pas malade pour autant. Certes je la vois un peu pâle, mais cela n’a peut-être aucun rapport. Après oui ses pommettes sont un peu creusées, mais en même temps plein de gens les ont ainsi. Cela n’est pas signe de mauvaise santé pour autant.
C’est son estomac qui attire mon attention en grognant un peu. Elle doit avoir rudement faim pour qu’il soit ainsi audible ! Le teint rose que prenne ses joues, la rend très mignonne et surtout attendrissante. Je lui offrirai bien une pâtisserie pour calmer son estomac. Enfin si elle accepte.
« Je parle trop, excusez-moi. Et vous donc ? Il est rare de parler avec des jaunes personnes de tels sujets. Vous faites partie de l’université, dans un domaine d’art ? »
Je n’ai pas le temps de répondre qu’elle enchaine en se présentant sous le nom d’Anja Limonov. Ce nom me dit quelque chose, j’ai déjà lu le lire ou l’entendre durant mes cours de musique classique. Mais où ? Pourquoi me parle-t-il ainsi ? Ah si je sais ! Mon frère aimait écouter Mion Limonov, en boucle lorsqu’il réfléchissait. Il trouvait sa faculté d’interprétation très poignante et vivante. Peut-être est-elle parente avec ? Ou tout simplement une homonyme ? Jamais je n’oserai lui demander de toute façon.
« Je m’appelle Nathan Arcand. Je suis encore au lycée, mais mon frère voulait entrer à Julliard, il y a quelques années. Vous avez un parcours remarquable et incroyable ! Je connais ces conservatoires de nom seulement, mais il faut être extrêmement doué et discipliné pour y être admis n’est-ce pas ? »
Quand bien même j’aimerai y entrer, je n’aurais jamais le niveau pour. Pourtant je suis certain que ça serait une expérience hyper enrichissante.
« Puisque vous avez été professeur à la Julliard, je n’ose imaginer votre niveau réel. Vous n’avez montré qu’un petit aperçu de votre talent n’est-ce pas ? Vous jouez seulement du piano ou d’autres instruments aussi ? Oh excusez-moi, je vous pose beaucoup de question, je ne veux pas être trop intrusif, vous pouvez ne pas me répondre si vous n’en avez pas envie. »
Je me tais quelques secondes, juste pour reprendre mon souffle avant de rouvrir la bouche mais son ventre signale une nouvelle fois sa faim. Elle dépose une de ses mains sur son ventre. Autant lui proposer maintenant une pâtisserie.
« Vous semblez avoir faim, accepteriez-vous que je vous offre une pâtisserie ? Vous auriez moins faim, et cela ne nous empêchera pas de parler musique ensemble. »
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Dim 8 Sep 2019 - 21:00
Un frère voulant entrer à la Juillard School. Voilà qui n'était pas commun, mais qui expliquait en partie la compréhension du jeune homme devant elle, sur ces différentes écoles. Cependant, s'il l'avait fait, ce n'était peut-être pas dans son domaine : elle ne se souvenait pas de son nom. Ou sinon, peut-être avait-il échoué dans le processus de sélection, ou bien à avoir la bourse pour lui permettre de suivre cette école, bien trop chère.
Cependant, les compliments qui suivirent gênèrent un peu la pianiste. Modeste, fille unique et orpheline, baladée ici et là, elle n'avait pas l'habitude de recevoir autant d'éloges venant d'un inconnu, et encore plus en publique. Elle rentra un peu la tête dans ses épaules, sa main tenant la canne pianotant dessus. Et son ventre vint parachever sa gêne, suivie d'une nouvelle proposition de la part de l'adolescent.
- Je...
Elle plissa son nez, tentant de se remettre en ordre les multiples questions posées d'affilé.
- Commençant par la fin, je doute malheureusement que mon estomac puisse encore accepter des pâtisseries... Du moins la plupart. Je ne peux encore que picorer, mais si vous connaissez un endroit où il me serait possible d'en avoir de petits échantillons, je vous inviterai bien volontiers, jeune homme.
Anja sourit avec douceur puis s'abaissa pour récupérer le parapluie qui avait sécher depuis. Cela faisait déjà tant de temps ?
- Et pour répondre aux autres questions, et reprendre du début. Il faut savoir que les sélections diffèrent beaucoup selon les écoles. Et là où une bourse est indispensable pour la Juillard School -personne ne pouvant sensément payer cinquante mille dollars l'an-, les contacts et la reconnaissance d'un concours remporté ici ou là, sera plus important pour entrer dans le conservatoire impérial de Moscou. Tout en ayant, pour chacun, un niveau suffisant pour répondre à la pré-sélection, puis aux auditions finales.
Cela faisait remontrer un paquet de souvenirs, à y repenser. Elle se rappelait comme si c'était hier, le stress qui avait duré tout le mois, dans sa dernière famille d'accueil, en attendant la réponse pour Juillard. Elle avait eu beau être reconnue durant les auditions, cela n'avait pas empêché ni les tremblements, ni la joie explosive qui avait suivie.
- Cependant, il n'y a pas de 'Montré qu'un petit aperçu de mon talent'. Qu'il s'agisse d'un morceau simple, ou d'un plus complexe, j'y mets personnellement la même passion. L'émotion ne se cache pas derrière la difficulté, mais derrière le son juste.
Lentement, elle se rapprocha du piano, pour appuyer simplement sur une note, la laissant résonner puis s'éteindre d'elle-même.
- Cette simple note, bien placée, bien accentuée et entourée, peut offrir au cœur et à l'âme autant d'apaisement qu'un accord construit et amené, selon le contexte, je dirais ? Oui, mon répèrtoire est plus large qu'un seul morceau. Mais ce morceau n'est pas un fragment de mon niveau. Il est mon travail, plus que mon talent.
Elle s'interrompit un instant. Faire la leçon sur l'implication réelle du talent, et de la signification des notes pour elle, en pleine rue commerciale n'était pas forcément ce qu'elle préférait, de loin. Alors, elle revint vers le jeune homme, parlant plus bas.
- Mais si vous me guidez jusqu'à un endroit pour nous poser, et deviser plus longuement, sans compter les autres questions auxquelles je n'ai pas encore répondues, ce serait préférable, vous ne croyez pas ?
Parapluie dans une main, canne blanche dans l'autre, et oreilles et autres sens alertes, elle était prête à suivre sans trop de soucis, outre sa faiblesse naturelle.
Cependant, les compliments qui suivirent gênèrent un peu la pianiste. Modeste, fille unique et orpheline, baladée ici et là, elle n'avait pas l'habitude de recevoir autant d'éloges venant d'un inconnu, et encore plus en publique. Elle rentra un peu la tête dans ses épaules, sa main tenant la canne pianotant dessus. Et son ventre vint parachever sa gêne, suivie d'une nouvelle proposition de la part de l'adolescent.
- Je...
Elle plissa son nez, tentant de se remettre en ordre les multiples questions posées d'affilé.
- Commençant par la fin, je doute malheureusement que mon estomac puisse encore accepter des pâtisseries... Du moins la plupart. Je ne peux encore que picorer, mais si vous connaissez un endroit où il me serait possible d'en avoir de petits échantillons, je vous inviterai bien volontiers, jeune homme.
Anja sourit avec douceur puis s'abaissa pour récupérer le parapluie qui avait sécher depuis. Cela faisait déjà tant de temps ?
- Et pour répondre aux autres questions, et reprendre du début. Il faut savoir que les sélections diffèrent beaucoup selon les écoles. Et là où une bourse est indispensable pour la Juillard School -personne ne pouvant sensément payer cinquante mille dollars l'an-, les contacts et la reconnaissance d'un concours remporté ici ou là, sera plus important pour entrer dans le conservatoire impérial de Moscou. Tout en ayant, pour chacun, un niveau suffisant pour répondre à la pré-sélection, puis aux auditions finales.
Cela faisait remontrer un paquet de souvenirs, à y repenser. Elle se rappelait comme si c'était hier, le stress qui avait duré tout le mois, dans sa dernière famille d'accueil, en attendant la réponse pour Juillard. Elle avait eu beau être reconnue durant les auditions, cela n'avait pas empêché ni les tremblements, ni la joie explosive qui avait suivie.
- Cependant, il n'y a pas de 'Montré qu'un petit aperçu de mon talent'. Qu'il s'agisse d'un morceau simple, ou d'un plus complexe, j'y mets personnellement la même passion. L'émotion ne se cache pas derrière la difficulté, mais derrière le son juste.
Lentement, elle se rapprocha du piano, pour appuyer simplement sur une note, la laissant résonner puis s'éteindre d'elle-même.
- Cette simple note, bien placée, bien accentuée et entourée, peut offrir au cœur et à l'âme autant d'apaisement qu'un accord construit et amené, selon le contexte, je dirais ? Oui, mon répèrtoire est plus large qu'un seul morceau. Mais ce morceau n'est pas un fragment de mon niveau. Il est mon travail, plus que mon talent.
Elle s'interrompit un instant. Faire la leçon sur l'implication réelle du talent, et de la signification des notes pour elle, en pleine rue commerciale n'était pas forcément ce qu'elle préférait, de loin. Alors, elle revint vers le jeune homme, parlant plus bas.
- Mais si vous me guidez jusqu'à un endroit pour nous poser, et deviser plus longuement, sans compter les autres questions auxquelles je n'ai pas encore répondues, ce serait préférable, vous ne croyez pas ?
Parapluie dans une main, canne blanche dans l'autre, et oreilles et autres sens alertes, elle était prête à suivre sans trop de soucis, outre sa faiblesse naturelle.
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Sam 12 Oct 2019 - 16:04
Une pâtisserie qui proposerait des échantillons ? C’est une bonne interrogation. J’en connais une dans la galerie ici, mais j’ignore si elle fait des échantillons. Je peux toujours lui proposer d’aller y poser la question, au pire, il faudra chercher un autre endroit.
Je la vois récupérer son parapluie sec à ses pieds. Ensuite elle continue de répondre à mes interrogations, en commençant par le début, c’est-à-dire les critères d’entrée. Je suis surpris de découvrir que parfois un concours remporté peut être plus important pour intégrer un grand conservatoire qu’une bourse. J’aime la musique, mais je ne me suis jamais penché sur comment intégrer un conservatoire pour autant ... peut-être parce que j’aime apprendre librement et hors des sentiers battus parfois.
L’émotion ne se cache pas derrière la difficulté, mais derrière le son juste ? Mais comment peut-on savoir que le son est juste, justement ? N’importe qui peut frapper une touche de piano et en faire sortir un son, mais n’importe qui ne peut pas engendrer un ressentis, une émotion avec ce simple son. Comme pour appuyer ses dires, elle retourne au piano et appuie sur une touche. Le son s’élève presque paresseusement vers le dôme de verre au-dessus de nos têtes, avant de s’évanouir dans les bras du silence avec douceur.
Au final, cette démonstration vient nourrir sa réponse. Il est vrai qu’un accord sur la partition, ne rendra pas de la même façon selon la sensibilité et le travail du musicien derrière. Je l’écoute avec attention, sans bouger, apprenant et découvrant des subtilités auxquelles je n’avais jusqu’à maintenant même pas songé. Sauf que la voilà me ramenant à la réalité, en me demander de la guider jusqu’à un endroit où nous poser.
« Oh oui ... oui bien sûr vous avez raison. Venez, je pense connaître un endroit qui peut convenir, un peu plus loin dans cette galerie couverte. »
J’avance alors doucement, pour qu’elle puisse me suivre, et aussi parce qu’honnêtement j’ignore si je dois l’aider ou non. En même temps, elle est venue seule dans cette galerie, c’est donc qu’elle peut se débrouiller par elle-même. Je ne souhaite pas qu’elle le prenne mal, ou qu’elle trouve mon attitude déplacée. Nous marchons ainsi, en silence, durant une petite dizaine de minute, avant que je ne m’arrête devant la pâtisserie à laquelle je pensais.
Rapidement, je regarde s’ils font des petites bouchées et je suis rassurée que ce soit le cas. J’ouvre la porte et la lui tient.
« Je vous en prie entrez, il y a une table de libre sur votre droite en entrant. »
D’un simple sourire, accompagné d’un hochement de tête, elle passe devant moi pour s’installer à la table que je viens de lui indiquer. Je connais bien cette pâtisserie, et je sais qu’ils ont un menu en braille mais qu’il faut le leur demander. Pendant que mon interlocutrice s’installe, je vais donc nous chercher les menus dont un en braille pour elle. En revenant, je le lui tends.
« Toutes les pâtisseries qu’ils font ici, sont disponibles en petite taille, ainsi vous pouvez en prendre pour picorer sans le moindre souci. »
Je sais quoi prendre ici, Kûdo-kun me sermonne souvent que j’en mange trop d’ailleurs, mais ce n’est pas ma faute si les dorayaki sont si bon. C’est aux gâteaux d’être moins bon pour que je ne les mange pas. En plus accompagné par un thé vert, ça me fera une parfaite collation avant de rentrer pour travailler et peut-être jouer un peu de ma guitare.
« Je comprends ce que vous vouliez dire tout à l’heure. Une partition ne donnera pas le même ressentis selon son interprète. Vous avez beaucoup travaillé pour avoir ce niveau, cela vous permet de faire passer votre ressentis, vos émotions dans vos notes ... de donner vie à la partition. Mon frère adorait vous écouter jouer. »
Il est vrai que moi, je n’en pouvais plus d’entendre toujours les mêmes mélodies, les mêmes notes. Malgré le fait que j’appréciais les morceaux jouer. Cette routine qu’il m’imposait, en s’en amusant, ne me plaisait pas. Tout simplement parce que j’aime le changement, et casser la routine.
« Avez-vous choisi ce qui vous ferait plaisir ? »
Je n’oublie pas que je lui ai proposer de l’inviter, et je compte bien le faire. Une des serveuses vient à notre table, prête à prendre notre commande.
Invité
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Mer 16 Oct 2019 - 15:39
Trouver le son juste était souvent l'histoire d'une vie. Parfois, l'inspiration venait, et les mots comme les notes gouttaient sous un dos courbé sous le fardeau de cette recherche, et parfois, le flot était simplement hors d'atteinte. Alors il fallait le rechercher, échouer, se relever, travailler. Avancer. Comprendre que l'intention donner à la note, même sur un piano, pouvait avoir son importance. Que la moindre touche et hésitation pouvait finalement se ressentir. En somme : le sons devenaient monde.
Mais si la pensée était vivace et toujours intéressante à creuser, la faim qui creusait son ventre et son corps par le même temps, était quelque chose dont elle devait bien se préoccuper, malheureusement. Alors, avec un petit sourire, sac à l'épaule, canne en main, elle le suivit. La canne blanche balayant devant elle de façon régulière, elle ne semblait pas trop avoir de soucis pour se déplacer ; son oreille attentive aux déplacements de son jeune compagnon de l'après-midi faisait le reste. Alors Anja calquait la vitesse de ses pas sur les siens, au moins reconnaissante que celui-là ne prenne pas, comme d'autres, le pas de lui tenir le bras sans même lui demander.
Même ainsi, en allant pour une fois dans un lieu précis, avec une partie de sa concentration empruntée pour suivre le jeune homme, elle appréciait ces galeries couvertes. Le son changeait d'un pas à l'autre, face à l'ouverture d'un restaurant, d'un magasin ou simplement d'un groupe qui traînait là. Et même ainsi partagée entre sa direction et le fait de ne pas trébucher sur une marche inopportune ou un bagage laissé, capturer un petit bout de conversation, un rire ou une exclamation était un passe-temps agréable.
Et déjà, le chemin s'était effacé. Douce ambiance, comme un autre monde face au léger brouhaha de fond d'une rue marchande. Anja opina du chef, souriant simplement, pour se diriger vers l'endroit indiqué. Tâtonnant, elle parvint à s'assoir, glissant son sac sur le côté, laissant la lanière proche d'un pied, tandis que sa canne rejoint le sol à son tour. Néanmoins, la pianiste n'eut pas vraiment le temps de patienter, car déjà revint Arcand.
Elle l'écouta avec attention, avant qu'un petit silence ne s'installe pendant quelques secondes. Oh, peut-être lui tendait-il quelque chose. Alors, rapidement, elle leva une main pour la présenter en sa direction. Un menu plastifié y fut déposé, et à sa petite surprise, en braille même. Anja sourit, hochant la tête pour le remercier, alors qu'elle parcourut le menu du bout des doigts pour le lire.
Plissant son nez, l'image de son agent la grondant face à son repas si peu équilibré lui arracha un murmure désolé. Et une promesse silencieuse de se rattraper en soirée. Elle commanderait bien quelque chose, comme elle le faisait si souvent sa propre maison n'étant pas encore la mieux adaptée pour qu'elle puisse cuisiner seule.
- Je prendrai alors juste un petit dorayaki au matcha, et un second à la fleur de sel, Arcand-san, accompagné d'un thé, quel qu'il soit. N'hésitez pas non plus à prendre ce que vous pouvez souhaiter, je vous offrirai cela, ajouta-t-elle à voix basse d'un sourire doux.
Il était hors de question qu'un jeune étudiant ne lui offre quoi que ce soit, elle était l'adulte ici, après tout. Et avait largement de quoi offrir quelques pâtisseries à un étudiant étranger. D'autres lui avaient fait la même chose, quand elle voyageait hors du japon, ce n'était que justice et bon sens de rendre la pareille.
- J'ai... en effet beaucoup travaillé. S'il existe parfois certaines personnes qui peuvent avoir un talent, il ne représentera que trois pour cents du résultat final, et encore. Le travail peut tout aussi bien le composer largement, et le dépasser. Mais, je crains déjà avoir trop parlé de moi, et de parcours. Il ne s'agit pas juste de citer des écoles après tout. Vous vous êtes dits, lycéens, mais vous devez bien avoir une idée de quel parcours vous voulez aborder par la suite, non, Arcand-san ?
A nouveau, parler d'elle n'était pas le plus confortable, même s'il s'agissait d'expliquer un parcours. Autant se concentrer un peu sur l'autre, alors que le jeune homme passait les commandes à la serveuse qui vint les voir au moment même.
- Rares sont ceux qui peuvent vivre avec des musiciens, peut-être encore plus classiques, à la répétitions des mêmes phrases, quand on apprend. Mais le résultat en vaut souvent la peine, sourit-elle finalement.
Elle avait beau être une personne curieuse, sa politesse et sa tenue ne lui permettait pas de poser de questions plus personnelles, notamment sur ce frère, plusieurs fois cité, au passé.
Mais si la pensée était vivace et toujours intéressante à creuser, la faim qui creusait son ventre et son corps par le même temps, était quelque chose dont elle devait bien se préoccuper, malheureusement. Alors, avec un petit sourire, sac à l'épaule, canne en main, elle le suivit. La canne blanche balayant devant elle de façon régulière, elle ne semblait pas trop avoir de soucis pour se déplacer ; son oreille attentive aux déplacements de son jeune compagnon de l'après-midi faisait le reste. Alors Anja calquait la vitesse de ses pas sur les siens, au moins reconnaissante que celui-là ne prenne pas, comme d'autres, le pas de lui tenir le bras sans même lui demander.
Même ainsi, en allant pour une fois dans un lieu précis, avec une partie de sa concentration empruntée pour suivre le jeune homme, elle appréciait ces galeries couvertes. Le son changeait d'un pas à l'autre, face à l'ouverture d'un restaurant, d'un magasin ou simplement d'un groupe qui traînait là. Et même ainsi partagée entre sa direction et le fait de ne pas trébucher sur une marche inopportune ou un bagage laissé, capturer un petit bout de conversation, un rire ou une exclamation était un passe-temps agréable.
Et déjà, le chemin s'était effacé. Douce ambiance, comme un autre monde face au léger brouhaha de fond d'une rue marchande. Anja opina du chef, souriant simplement, pour se diriger vers l'endroit indiqué. Tâtonnant, elle parvint à s'assoir, glissant son sac sur le côté, laissant la lanière proche d'un pied, tandis que sa canne rejoint le sol à son tour. Néanmoins, la pianiste n'eut pas vraiment le temps de patienter, car déjà revint Arcand.
Elle l'écouta avec attention, avant qu'un petit silence ne s'installe pendant quelques secondes. Oh, peut-être lui tendait-il quelque chose. Alors, rapidement, elle leva une main pour la présenter en sa direction. Un menu plastifié y fut déposé, et à sa petite surprise, en braille même. Anja sourit, hochant la tête pour le remercier, alors qu'elle parcourut le menu du bout des doigts pour le lire.
Plissant son nez, l'image de son agent la grondant face à son repas si peu équilibré lui arracha un murmure désolé. Et une promesse silencieuse de se rattraper en soirée. Elle commanderait bien quelque chose, comme elle le faisait si souvent sa propre maison n'étant pas encore la mieux adaptée pour qu'elle puisse cuisiner seule.
- Je prendrai alors juste un petit dorayaki au matcha, et un second à la fleur de sel, Arcand-san, accompagné d'un thé, quel qu'il soit. N'hésitez pas non plus à prendre ce que vous pouvez souhaiter, je vous offrirai cela, ajouta-t-elle à voix basse d'un sourire doux.
Il était hors de question qu'un jeune étudiant ne lui offre quoi que ce soit, elle était l'adulte ici, après tout. Et avait largement de quoi offrir quelques pâtisseries à un étudiant étranger. D'autres lui avaient fait la même chose, quand elle voyageait hors du japon, ce n'était que justice et bon sens de rendre la pareille.
- J'ai... en effet beaucoup travaillé. S'il existe parfois certaines personnes qui peuvent avoir un talent, il ne représentera que trois pour cents du résultat final, et encore. Le travail peut tout aussi bien le composer largement, et le dépasser. Mais, je crains déjà avoir trop parlé de moi, et de parcours. Il ne s'agit pas juste de citer des écoles après tout. Vous vous êtes dits, lycéens, mais vous devez bien avoir une idée de quel parcours vous voulez aborder par la suite, non, Arcand-san ?
A nouveau, parler d'elle n'était pas le plus confortable, même s'il s'agissait d'expliquer un parcours. Autant se concentrer un peu sur l'autre, alors que le jeune homme passait les commandes à la serveuse qui vint les voir au moment même.
- Rares sont ceux qui peuvent vivre avec des musiciens, peut-être encore plus classiques, à la répétitions des mêmes phrases, quand on apprend. Mais le résultat en vaut souvent la peine, sourit-elle finalement.
Elle avait beau être une personne curieuse, sa politesse et sa tenue ne lui permettait pas de poser de questions plus personnelles, notamment sur ce frère, plusieurs fois cité, au passé.
Nathan Chris Arcand#102242#102242#102242#102242#102242#102242
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Jeu 14 Nov 2019 - 18:19
J’ai cru percevoir une excuse murmurée par la jeune pianiste que j’ai rencontré, mais rien n’est certain et il est possible que ce ne soit que mon esprit, fatigué de sa journée, qui me joue un tour. Limonov-san répond à ma dernière interrogation en me disant que sa préférence va à un petit dorayaki au match et un à la fleur de sel, le tout accompagné d’une tasse de thé, sans pour autant le choisir. Cependant ce qui me met dans l’embarras c’est qu’elle me dit de prendre ce que je souhaite, qu’elle me l’offrira. Pourtant c’est moi qui l’ai invité à venir à la pâtisserie, ce n’est pas à l’invité de payer. Elle ne peut voir les rougeurs sur mes joues, mais je ne doute pas qu’elle soit capable de ressentir ma légère gêne.
L’addition est encore loin pour le moment, alors j’ai le temps de voir comment lui offrir ces pâtisseries.
Je reporte alors toute mon attention sur mon interlocutrice, qui reprends la parole. Elle me confirme qu’elle a beaucoup travaillé mais que le talent ne représente in fine que très peu de la performance. J’apprends donc qu’avec énormément de travail, voire même de sacrifice, il est possible de compenser le talent pur et de le dépasser même. Cela me semble tellement inaccessible et lointain. Moi qui ne possède pas de talent particulier, j’ai bien pu voir que parfois le travail ne suffit malgré tout pas. Il arrive que la barre soit trop haute pour nous, et que nos limites nous rattrapent je suppose. C’est à son tour qu’elle m’interroge sur le parcours que j’envisage pour mon avenir. A dire vrai, il y a plusieurs parcours qui me font envies, mais tous me mèneront à travailler dans l’animation. Du moins si j’y arrive.
C’est à ce moment-là, que la serveuse arrive à notre hauteur, prête à noter ce que nous désirons, je me décide à lui livrer notre commande.
« Nous allons prendre deux dorayaki, petite taille, l’un au matcha et l’autre à la fleur de sel, ainsi qu’un dorayaki nature en grande taille. Pour les accompagner, nous allons prendre du thé. Vous avez du kama iri cha ? »
La serveuse répond par l’affirmative et retourne près du comptoir afin de préparer nos douceurs et notre boisson. Le souci de l’addition me revient en mémoire, mais je le chasse une nouvelle fois. Déjà parce que nous n’avons pas encore notre commande devant nous, ensuite parce que mon interlocutrice ajoute qu’il est parfois difficile de vivre avec des musiciens, surtout durant la période d’apprentissage. A ça je m’en souviens bien ! Un ENFER ! Je ne dois donc pas être fait pour vivre avec un musicien qui apprend ses gammes.
« Je comprends ce que vous me dites, même si j’ai pu constater à mon petit niveau que parfois le travail ne suffit pas. C’est probablement l’expression de nos limites de l’instant. Je crois que je dois faire partis des personnes ne pouvant pas vivre avec un musicien faisant ses gammes. Je me souviens encore trop bien de mes propres leçons, de mes échecs, mais aussi de celles de mon grand frère. J’ai beau avoir grandis, je doute d’être capable de supporter ça. »
Autant commencer par-là, ce qui me laisse un peu de temps pour organiser mes pensées sur mon propre futur. Si tant est que je puisse résumer suffisamment les choses, sans pour autant qu’elles deviennent incompréhensibles.
« Pour en revenir à votre question, j’aimerai travailler dans l’animation. Je suis passionné de jap anime, notamment, depuis tout jeune. J’aime dessiner, et l’espoir de pouvoir un jour participer au passage à l’écran d’un ouvrage papier me motive énormément. J’ai, dans ce but, pris des cours de dessins, et appris à me servir de logiciel informatique pour le dessin et le graphisme. Je sais, qu’à l’heure d’aujourd’hui, il y a peu de production dont les planches sont entièrement faites à la main. Ce qui n’empêche absolument pas d’obtenir autant de charme que si cela avait été fait de manière plus ... traditionnelle on va dire.
Bien sûr, j’ai conscience que le chemin sera long et certainement parsemé d’embûches. Je ne suis pas le seul à vouloir travailler dans ce domaine, et personne ne m’y attend d’ailleurs. Mais n’est-ce pas ce qui fait tout l’intérêt justement ? Je veux dire que de faire tout ce qu’on peut pour atteindre son but, et finalement après tous les efforts fournis pouvoir le toucher du doigt.
Je suis désolé, c’est vrai que la carrière que j’envisage est très loin de la musique. C’est plus un passe-temps pour moi ... un moyen de passer un bon moment de détente et de rêver, seul ou avec des amis. Ou tout simplement se remémorer de bons souvenirs, et même des moins bons. Parce qu’avec le temps, tous les souvenirs ne sont-ils pas bons ? »
Avant que je n’ajoute quoi que ce soit, la serveuse de toute à l’heure revient avec notre commande. D’un geste de la main, je lui désigne ma voisine de table quand elle dépose les deux petits dorayaki. Ensuite elle dépose devant moi, mon dorayaki, avant de retourner au comptoir et de revenir avec deux tasses chaudes et notre théière. D’un geste sûr, elle nous sert le thé. Avec un sourire, je la remercie, puis je tourne à nouveau mon regard sur la talentueuse pianiste, quoiqu’elle puisse en dire.
« Itadakimasu. »
Je mords dans ma pâtisserie avec délice. J’imagine très bien la tête de Kûdo-kun, un sourire en coin à la fois amusé et dépité. Il semble si jeune et pourtant il me donne l’impression d’avoir déjà une vie complète derrière lui. Il sait d’où il vient, qui il est vraiment et s’appuie dessus pour avancer. C’est probablement pour cette raison que je me sens si ... bien avec lui. Moi qui ne sait pas d’où je viens, ni pas réellement qui je peux être.
« Puis-je vous poser une question qui ... va probablement vous sembler bizarre ? Pensez-vous que l’on peut réussir dans ses projets sans savoir d’où l’on vient et qui on est au fond de nous ? »
Je m’avance probablement beaucoup, cependant je suis curieux d’avoir son avis, à elle que mon frère admirait tant.
Invité
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Sam 16 Nov 2019 - 0:25
- Un chemin sans talent sera bien plus difficile. Mais un talent sans travail sera encore plus inutile -car du gachi-, qu'un travail sans talent. Au moins le second, aura du mérite et des résultats, je crois en cela au moins.
Elle sourit doucement, en direction du jeune homme.
- Et si les gammes sont assez rébarbative, il existe bien des méthodes pour les varier, et travailler tout aussi bien la souplesse, que la régularité, ou les doigtés qui doivent devenir réflexes. Les exercices de Brahms par exemple, pour ne citer qu'eux. Au nombre de cinquante-et-un, ils parcourent toute une variété de travaux, en ne présentant souvent qu'une page où un exemple sera à décliner sur les autres tonalités. Avec ceux-là, sauf si le pianiste s'y acharne, même vos oreilles trouveront mélodies assez variée pour ne pas souffrir de trop.
Le seul soucis, dans cette méthode est qu'il fallait d'abord un certain bagage. Mais de ce qu'elle connaissait des débutants, ils ne passaient pas assez d'heures pour lasser autant. Légèrement curieuse, ou interdite, la pianiste pencha la tête sur un côté, se grattant la joue d'un air soucieux.
- Néanmoins, en tant que professeur, au nom de ceux qui ont été ceux de votre frère, je tiens à m'excuser. Les gammes ont la vie dures parfois, au mépris de la santé mentale de ceux qui subissent sans jouer.
Inclinant la tête, elle joignit le geste à la parole, alors que le jeune homme reprit parole pour deviser sur l'animation. C'était pour elle un peu plus compliqué à conceptualiser. Aveugle de naissance, les couleurs, déjà, ne voulaient juste rien dire pour la musicienne. Et les images qui bougent sur un écran, elle n'en entendait parfois que les musiques ou les sons souvent exagérés. Et si elle s'était plus d'une fois retrouvée à jouer ces premières, ces seconds mêlés aux dialogues dont elle ne connaissait pas assez les règles pour les comprendre lui étaient souvent passées au dessus de la tête.
Néanmoins, son hôte -car elle comptait toujours l'inviter, têtue qu'elle était-, semblait passionner. Cela, elle pouvait l'entendre aisément. Et que ce soit dans un domaine, la musique, ou un autre, l'animation, l'art était toujours un milieu où les places étaient bien plus rares que les prétendants, voulant en vivre. Encore plus dans des systèmes fermés.
- Pour être tout à fait honnête, Arcand-san, je ne saurais vraiment dire une quelconque différence, et donc de charme, entre un art traditionnel ou informatisé, sourit-elle amusée. Mais quoi qu'il en soit, nous sommes d'accord : le chemin vaut sûrement plus que le but lui-même, pour la personne qui l'a parcouru. Et vous n'avez aucunement à être désolé de quoi que ce soit.
La dernière question qui avait terminé sa tirade lui avait froncé les sourcils. Et la serveuse arrivant pour servir, elle se laissa ce petit temps de réflexion, après avoir hoché la tête vers l'employée pour la remercier d'un sourire chaleureux.
- Itadakimasu.
Anja s'empara de la pâtisserie après un petit tâtonnement devant elle, ne connaissant pas les dispositions habituelles qu'elle pouvait avoir chez elle. Approchant celle-ci de ses lèvres, elle leva son haute main, pour dissimuler brièvement sa bouchée. Peu précise, ce geste devenu habitude quand elle était en public lui avait évité souvent des déconvenues malheureuses, même si, ce jour-là, ce n'avait été qu'une précaution inutile.
- Pour vous répondre, Arcand-san, je pense qu'il est... possiblement risqué, de poser un tel avis. Je ne pense pas que tous les souvenirs soient bons, non. Certains hantent et font trembler. Et ceux-là ont aussi beau ajouter à certains morceaux ou airs, une profondeur qu'une autre personne n'aurait pas. Ils ne sont pas nécessaires pour autant.
La précision n'avait été faite que pour devancer une éventuelle phrase qu'on lui avait répété tant et plus, comme quoi le malheur nourrissait l'art. Ce que ceux-là oubliaient aussi, c'est que nombre de ceux-là, avaient aussi condamner leurs propriétaires. Et l'art se nourrit tout aussi bien de lectures, de bonheur, et d'une toute autre palette de sentiments... Même si elle pensait bien que le propos de Nathan n'était pas là, mieux valait être certaine.
Elle prit une seconde bouchée alors qu'il reprit parole, posant une question inattendue. Anja termina la pâtisserie, dissimulant toujours ses lèvres, pour apporter enfin un petit tissu sur le côté et se l'essuyer, avant de reposer ses mains devant elle, embrassant la tasse de thé, appréciant sa chaleur, simplement.
- Réussir un projet ? Oui, sans nul doute. La question serait plutôt, je pense, de savoir si on a réussit à choisir le bon projet à réussir, sans se connaître soi-même, vous ne croyez pas ? Mais en réussir un sans se connaître, ni connaître un passé quelconque. Oui, sans nul doute. Et je dirais même que ce passé, selon le point de vue de chacun et un contexte propre, n'est même pas forcément nécessaire pour se connaître. A force de chercher un passé parfois compliqué à connaître, on peut perdre ce qui fait notre essence, c'est à dire, nous-même. Parmi tous les poèmes qui pourraient aller, un me revient, même si la traduction japonaise ne lui fera peut-être pas honneur.
Toi qui voulais marcher
dans la rue, dans la vie
un peu à contre-jour
un peu à contre-temps,
Toi qui voulais partir
creuser au pied des murs
pour regarder dessous
la boue et le ciment,
Toi qui voulais penser
que t’allais quelque part
peut-être au bout du monde
peut-être au bord de toi,
T’as emmêlé tes pas
l’allure à contre-sens
et le corps de travers
tu marches sur ton ombre.
Perdu dans le passé.
Elle sourit doucement, en direction du jeune homme.
- Et si les gammes sont assez rébarbative, il existe bien des méthodes pour les varier, et travailler tout aussi bien la souplesse, que la régularité, ou les doigtés qui doivent devenir réflexes. Les exercices de Brahms par exemple, pour ne citer qu'eux. Au nombre de cinquante-et-un, ils parcourent toute une variété de travaux, en ne présentant souvent qu'une page où un exemple sera à décliner sur les autres tonalités. Avec ceux-là, sauf si le pianiste s'y acharne, même vos oreilles trouveront mélodies assez variée pour ne pas souffrir de trop.
Le seul soucis, dans cette méthode est qu'il fallait d'abord un certain bagage. Mais de ce qu'elle connaissait des débutants, ils ne passaient pas assez d'heures pour lasser autant. Légèrement curieuse, ou interdite, la pianiste pencha la tête sur un côté, se grattant la joue d'un air soucieux.
- Néanmoins, en tant que professeur, au nom de ceux qui ont été ceux de votre frère, je tiens à m'excuser. Les gammes ont la vie dures parfois, au mépris de la santé mentale de ceux qui subissent sans jouer.
Inclinant la tête, elle joignit le geste à la parole, alors que le jeune homme reprit parole pour deviser sur l'animation. C'était pour elle un peu plus compliqué à conceptualiser. Aveugle de naissance, les couleurs, déjà, ne voulaient juste rien dire pour la musicienne. Et les images qui bougent sur un écran, elle n'en entendait parfois que les musiques ou les sons souvent exagérés. Et si elle s'était plus d'une fois retrouvée à jouer ces premières, ces seconds mêlés aux dialogues dont elle ne connaissait pas assez les règles pour les comprendre lui étaient souvent passées au dessus de la tête.
Néanmoins, son hôte -car elle comptait toujours l'inviter, têtue qu'elle était-, semblait passionner. Cela, elle pouvait l'entendre aisément. Et que ce soit dans un domaine, la musique, ou un autre, l'animation, l'art était toujours un milieu où les places étaient bien plus rares que les prétendants, voulant en vivre. Encore plus dans des systèmes fermés.
- Pour être tout à fait honnête, Arcand-san, je ne saurais vraiment dire une quelconque différence, et donc de charme, entre un art traditionnel ou informatisé, sourit-elle amusée. Mais quoi qu'il en soit, nous sommes d'accord : le chemin vaut sûrement plus que le but lui-même, pour la personne qui l'a parcouru. Et vous n'avez aucunement à être désolé de quoi que ce soit.
La dernière question qui avait terminé sa tirade lui avait froncé les sourcils. Et la serveuse arrivant pour servir, elle se laissa ce petit temps de réflexion, après avoir hoché la tête vers l'employée pour la remercier d'un sourire chaleureux.
- Itadakimasu.
Anja s'empara de la pâtisserie après un petit tâtonnement devant elle, ne connaissant pas les dispositions habituelles qu'elle pouvait avoir chez elle. Approchant celle-ci de ses lèvres, elle leva son haute main, pour dissimuler brièvement sa bouchée. Peu précise, ce geste devenu habitude quand elle était en public lui avait évité souvent des déconvenues malheureuses, même si, ce jour-là, ce n'avait été qu'une précaution inutile.
- Pour vous répondre, Arcand-san, je pense qu'il est... possiblement risqué, de poser un tel avis. Je ne pense pas que tous les souvenirs soient bons, non. Certains hantent et font trembler. Et ceux-là ont aussi beau ajouter à certains morceaux ou airs, une profondeur qu'une autre personne n'aurait pas. Ils ne sont pas nécessaires pour autant.
La précision n'avait été faite que pour devancer une éventuelle phrase qu'on lui avait répété tant et plus, comme quoi le malheur nourrissait l'art. Ce que ceux-là oubliaient aussi, c'est que nombre de ceux-là, avaient aussi condamner leurs propriétaires. Et l'art se nourrit tout aussi bien de lectures, de bonheur, et d'une toute autre palette de sentiments... Même si elle pensait bien que le propos de Nathan n'était pas là, mieux valait être certaine.
Elle prit une seconde bouchée alors qu'il reprit parole, posant une question inattendue. Anja termina la pâtisserie, dissimulant toujours ses lèvres, pour apporter enfin un petit tissu sur le côté et se l'essuyer, avant de reposer ses mains devant elle, embrassant la tasse de thé, appréciant sa chaleur, simplement.
- Réussir un projet ? Oui, sans nul doute. La question serait plutôt, je pense, de savoir si on a réussit à choisir le bon projet à réussir, sans se connaître soi-même, vous ne croyez pas ? Mais en réussir un sans se connaître, ni connaître un passé quelconque. Oui, sans nul doute. Et je dirais même que ce passé, selon le point de vue de chacun et un contexte propre, n'est même pas forcément nécessaire pour se connaître. A force de chercher un passé parfois compliqué à connaître, on peut perdre ce qui fait notre essence, c'est à dire, nous-même. Parmi tous les poèmes qui pourraient aller, un me revient, même si la traduction japonaise ne lui fera peut-être pas honneur.
Toi qui voulais marcher
dans la rue, dans la vie
un peu à contre-jour
un peu à contre-temps,
Toi qui voulais partir
creuser au pied des murs
pour regarder dessous
la boue et le ciment,
Toi qui voulais penser
que t’allais quelque part
peut-être au bout du monde
peut-être au bord de toi,
T’as emmêlé tes pas
l’allure à contre-sens
et le corps de travers
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Dim 15 Déc 2019 - 2:52
Je ne suis pas certain de bien comprendre ce qu’elle entend par le fait que tous les souvenirs, avec le temps, ne peuvent pas être beau. Bien sûr je suis d’accord que tous vont nourrir la créativité, et donc l’œuvre de la personne les ayant vécus. Après je suppose qu’elle a peut-être des souvenirs plus pénibles que moi, après tout je n’ai que 17 ans, je n’ai pas encore vécu assez, je pense, pour en avoir.
Elle doit avoir raison, les mauvais souvenirs ne sont pas forcément nécessaires dans l’art. Ils peuvent apporter leur part, mais ... je doute qu’ils puissent être indispensables au final. Et puis qu’est-ce qui est vraiment indispensable dans l’art, que ça soit la musique ou le dessin ? Seulement l’inspiration, rien d’autre.
Comme moi, elle pense que le chemin pour atteindre son but fait toute la valeur de celui-ci. Enfin au moins pour celui qui a parcouru le chemin en fait. Pas besoin d’être désolé ... si tout de même. Après tout ma passion, je doute que Limonov-san puisse réellement la comprendre. Elle qui est aveugle, une animation ne doit absolument pas lui parler, voire peut-être même lui échapper. Mais bon ... je ne peux pas cacher ma passion. Après tout c’est tout ce qui compte, la passion.
Je continue de manger ma pâtisserie avec plaisir, même si dans un coin de ma tête j’entends Kûdo-kun me réprimander pour ma gourmandise. J’éliminerai cet excès de sucre plus tard, promis Kûdo-kun. Je prends ma tasse et en bois une gorgée. Le thé est légèrement amer, mais avec le dorayaki ce n’est pas désagréable. Après je préfère les thés plus subtils, avec plus d’arômes et de rondeurs. C’est pas spécialement au goût des nippons, à mon plus grand dam d’ailleurs. Je suppose qu’il va falloir que je fasse avec, après tout je suis là pour toute l’année.
Je ne sais pas comment interpréter sa réponse à ma dernière question ... J’avoue qu’elle m’a perdu. En quoi savoir si on a choisi le bon projet à réussir peut ne pas être lié à savoir qui on est ? Le passé n’est pas nécessaire pour se connaitre ? Je ne comprends pas ... C’est pourtant bien notre passé qui nous permet de nous définir, non ? Se perdre en cherchant son passé ? Personnellement, je ne sais déjà plus qui je suis alors ça me semble difficile de me perdre encore d’avantage en cherchant mon passé.
Le poème est beau mais ... je crois que je n’en saisi pas le sens. Peut-être que je suis trop jeune pour le comprendre réellement. Je ne suis pas convaincu par sa réponse au final. Je n’en saisi pas le sens. J’ai l’impression, tous les jours, que le sol se dérobe sous mes pieds, qu’il me ... manque quelque chose pour avancer correctement. Mes parents m’aiment, je crois, mais pas de la même façon qu’ils ont pu aimer mon frère aîné. Lui .... lui il savait qui j’étais vraiment et d’où je venais, cependant il n’a jamais eu l’occasion de me le dire. Maintenant je dois chercher par moi-même, en partant d’un point de départ hypothétique pour aller dans une direction pas tellement plus connue. Comment je vais pouvoir m’en sortir ? Est-ce que seulement il y a une sortie ?
Avec tout ça j’ai laissé le silence s’installer. Après, elle a continué de déguster ses dorayaki, et vu que j’ai continué le mien, aucun moyen de savoir que ce n’était pas que pour manger. J’en profite pour faire un signe à la serveuse, pour qu’elle nous apporte l’addition. Et c’est moi qui vais payer, après tout je l’ai invité.
« Merci pour votre réponse Limonov-san, j’ignore si ... je peux l’apprécier à sa juste valeur. J’ignore où je vais, et encore plus d’où je viens. J’avoue trouver difficile de me construire un futur, sans avoir une base solide. »
Je m’interrompe lorsque la serveuse arrive et dépose l’addition sur la table. D’un geste de la tête je la remercie, et sors mon portefeuille dans le même temps, réglant nos consommations sans laisser l’occasion à mon invitée de protester ou de payer à ma place. La serveuse me remercie à son tour et nous laisse profiter de la fin de nos pâtisseries. La mienne n’existe plus à vrai dire, et j’en profite pour terminer ma tasse.
A mon poignet, ma montre vibre, m’indiquant qu’il commence à sa faire tard et surtout que je n’ai plus qu’une petite demi-heure pour rentrer avant le couvre-feu. Autant dire que je vais avoir peu de temps pour travailler avant d’aller me coucher et que ce n’est pas aujourd’hui que je vais m’entrainer au parkour. Kûdo-kun ne va pas être très content, ni satisfait, si je n’ai fait aucun progrès cette semaine.
« Limonov-san, je suis désolé mais je vais devoir vous quitter. J’ai vraiment apprécié notre discussion, mais je ... j’ai un couvre-feu à respecter et si je suis en retard, je vais avoir des corvées supplémentaires. Peut-être que nous nous recroiserons autour du piano où vous jouiez tantôt. En tout cas, merci pour votre écoute et vos précieux conseils. »
Je sais qu’elle ne peut me voir, mais je m’incline devant elle malgré tout. Ensuite je récupère mon sac et quitte la pâtisserie. Une fois hors de la galerie couverte, je me mets à courir jusqu’à mon domicile. Au moins je me serai un peu entrainé, la journée ne sera pas tout perdu.
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