Aaren S. Hermansson#104017#104017#104017#104017#104017#104017
Humain - Chef des chevaliers de l'ombre
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Emploi/loisirs : Chef de l'Ordre des chevaliers de l'ombre
Yens : 104
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Ven 15 Mai 2020 - 19:04
“Hermansson-sama, tout est prêt.”
Aaren se tourna vers son officier et lui adressa un signe de tête pour le remercier. Il lui fit signe de l’attendre dehors tandis qu’il terminait. Il s’agissait plus d’une préparation mentale que de soigner son apparence. Car il allait bientôt s’exprimer devant la population de Nakanoto pour expliquer les récents événements.
“Vous êtes proche de la population locale, aussi nous comptons sur vous pour lui expliquer la situation et la rassurer”.
Tels étaient les mots du Premier Ministre juste avant qu’Aaren ne quitte soudainement la salle, furieux, tant à cause de leur cécité que de leur suffisance. Ils pensaient sérieusement pouvoir régler l’affaire des lycans avec des armes à feu et des tanks, dans un climat particulièrement anxiogène pour la population. Des armes à feu n’arrêteraient pas des lycans, encore moins enragés. Ils ne feraient qu’accentuer l’inquiétude de la population. C’était aussi des vies humaines supplémentaires exposées. Et ça le plongeait dans une colère profonde, comme il en avait rarement connu.
Le gouvernement l’envoyait tout simplement récolter les tomates pourries de la population révoltée à sa place. Car il ne s’attendait pas à être accueilli chaleureusement, compte tenu de son rôle dans cette histoire. Son regard glissa sur le journal. On voyait sur la page une photo de lui, à la sortie de la Défense, l’expression sombre. Il savait très bien que la presse l’avait repéré là-bas. Il se préparait depuis à affronter les accusations des citoyens. Il poussa un soupir las. Lui qui soignait chacune de ses apparitions pour gagner la confiance des habitants, le gouvernement venait probablement de balayer des mois d’efforts en une seule nuit.
Il sortit de son bureau, la main sur la garde de sa fidèle Stillhet, et gagna l’ascenseur à grands pas, suivi de près par son officier. Même dans ses quartiers, il était décidément rarement seul.
Une voiture l’attendait en bas, avec sa garde rapprochée, constituée de chevaliers les plus fiables et compétents. Riku, Anzu et Daisuke en faisait aujourd’hui partie. Il les salua tous d’un sourire mesuré, signe de la rare nervosité qui l’habitait. Puis il s’installa à l’arrière, rapidement imités par ses protecteurs. Il conserva le silence pendant toute la durée du trajet, concentré sur le discours qu’il préparait depuis quelques jours.
A leur arrivée, il constata que l’équipe dépêchée un peu plus tôt dans l’après-midi, menée par Jorgen, s’était montrée efficace. La place de la Mairie avait été sécurisée, en collaboration avec la police municipale, et un estrade mobile avait été installé. Ils avaient également mis en place un pupitre avec les quelques feuilles reprenant son discours, bien qu’il le connaissât par cœur. La voiture eut à peine le temps de s’arrêter que la presse locale les assaillait déjà de flash et de questions. Les forces de l’ordre eurent tôt fait de les écarter, cependant, pour lui permettre de sortir et accéder à l’estrade en toute facilité. Son bras droit l’y attendait, l’air sérieux, mais il distingua dans son regard une lueur d’encouragement.
Sa garde rapprochée se positionna à quelques mètres en arrière, suffisamment proche pour intervenir au moindre signe de danger. Jorgen resta légèrement en retrait, soutenant son ami par sa simple présence. Le norvégien jeta un œil à sa montre. Dix-huit heures moins une. Encore quelques dizaines de secondes avant de prendre la parole. Autour d’eux, des passants commençaient à se rassembler, les caméras se braquaient sur lui, tandis que les journalistes se rangeaient en première ligne. Lorsque les six heures sonnèrent, il s’avança, posant une main sur le pupitre, comme pour chercher un appui devant l’épreuve qui l’attendait. Il balayait la foule du regard, notant certains visages familier. Une silhouette en particulier retint son attention sur le dernier rang. Il ne pouvait pas s’attarder dessus, cependant, il lui sembla reconnaître l’allure altière de Miyuki Arisugawa.
“Chers citoyens de Nakanoto” commença-t-il d’une voix grave, prenant soin de détacher chaque syllabe, avec son accent nordique.
“C’est en une heure bien sombre que je m’adresse à vous aujourd’hui.
Vous êtes, pour la plupart, au courant des dernières dispositions du gouvernement. Cette nuit même, une importante délégation militaire s’est établie au Sud de la péninsule de Noto, tandis que des navires surveillent les accès maritimes. Toutes les communications avec l’extérieur sont désormais coupées. Internet a été interrompu sur l’ensemble du territoire. Le réseau téléphonique n’est maintenu qu’à un niveau local. Les téléphones satellites ont été réquisitionnés par le gouvernement pour prévenir toute fuite d’information. Nous sommes aujourd’hui isolés du reste du territoire, sourds et aveugles, invisibles pour le monde entier.”
Il marqua une courte pause pour reprendre sa respiration, se lissant au passage le sourcil avec son majeur droit, un vieux tic lorsqu’une conversation abordait un sujet inconfortable.
“Si vous avez lu le journal, paru ce matin-même, vous vous posez certainement des questions sur la situation, notamment au sujet de mon implication. Et vos interrogations sont légitimes. Vous avez le droit de connaître la vérité. C’est pourquoi je veux en premier lieu répondre sur le rôle qu’on me prête dans cette histoire.”
Nouvelle pause, pour guetter les réactions de son auditoir. Tout le monde l’attendait au tournant, le regard sombre pour la plupart. Son index gauche tapota nerveusement le pupitre.
“Fin juin, le gouvernement m’a convié à sa dernière réunion d’urgence sur la Défense, pour lui dispenser mes conseils en tant qu’expert. J’ai fait mon possible pour l’éclairer au mieux sur la situation et les décisions à prendre. Le Premier Ministre et le général m’ont écouté avec attention. Malheureusement, ils n’ont pas jugé mes arguments et mes propositions suffisants pour renoncer à cette quarantaine.
Lié au secret défense, j’avais pour ordre de ne pas divulguer leurs intentions à quiconque jusqu’à ce que la quarantaine soit en place. Le gouvernement japonais m’accueille généreusement, moi et mon Ordre, sur son territoire. Je lui en suis reconnaissant, et par ailleurs, n’ayant qu’une parole, je ne pouvais pas aller à l’encontre de ses instructions. C’est pourquoi j’ai gardé le silence sur cette entreprise.”
Une demi-seconde de silence s’écoula, avant de reprendre en se lissant de nouveau le sourcil.
“Oui, j’étais au courant de la mise en place de cette quarantaine militaire. Oui, je vous ai caché cette information capitale. Mais ce n’était pas ma volonté, bien au contraire. Je vous présente mes excuses, et j’espère que vous les accepterez.”
Voilà, le plus difficile était dit. Aaren imaginait déjà les premiers reproches des visages accusateurs du premier rang. Il nota au passage que la silhouette ressemblant à Miyuki s’était rapprochée. Il se redressa pour entamer un nouveau passage délicat de son discours.
“ “Pourquoi cette quarantaine ?” C’est une question qui hante beaucoup d’esprits actuellement. Je vais tâcher d’y répondre le plus clairement possible.
Le gouvernement estime que le danger sera limité si des militaires lourdement armés surveillent activement la zone, et empêchent toute entrée ou sortie. Il ne s’agit pas de vous contraindre, mais d’empêcher le danger, autrement dit les lycans malades, de vous atteindre, et de contenir ceux qui pourraient quitter la région et s’en prendre à d’autres populations.”
Il avait formulé son discours de sorte à ne pas s’attirer les foudres du gouvernement, mais qui lisait bien entre les lignes comprendrait qu’il désapprouvait largement les décisions prises. Il avait déjà prévu les questions que poserait cette révélation. “Et s’ils se retrouvent dans la zone de quarantaine ?” “Qu’en est-il de notre propre sécurité ?” “N’est-ce pas pire de nous contenir avec des lycans fous ?” Il s’humecta les lèvres avant de poursuivre.
“Non, vous ne serez pas seuls face à ce danger, ici, dans nos rues, dont nous sommes parfaitement conscients. Les chevaliers des ombres sont justement là pour retrouver et neutraliser ces individus, aussi dangereux pour eux que pour les autres. Nos équipes y sont préparées et nous ne laissons rien de côté.”
Il doutait que cela suffît à les rassurer, d’autant qu’il sentait leur confiance se dégrader. Mais justement, il ne s’arrêterait pas là.
“J’ai conscience que cette situation exceptionnelle vous inquiète, en particulier ceux qui ont des proches en dehors de la zone de quarantaine, et qui ne peuvent plus donner de nouvelles, ni en prendre. Sachez que nous travaillons d’arrache-pied pour résoudre au plus vite l’affaire des lycans, qui a contraint le gouvernement à prendre de telles dispositions. Tous nos effectifs sont mobilisés sur cette crise.
Par ailleurs, une équipe de scientifiques talentueux a été constituée pour trouver un vaccin, et elle y travaille rigoureusement à l’heure où je vous parle. Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus, puisque les recherches viennent à peine de commencer. Naturellement, je vous tiendrai informés dès que nous aurons de nouveaux éléments concrets.”
Cette once d’espoir devrait atténuer, pendant un temps au moins, les esprits anxieux. Il ne souhaitait pas insister plus sur ce sujet, de peur de trop leur en donner. Son regard capta un léger mouvement dans la foule. C’était la même silhouette qui se frayait discrètement un chemin. Il poursuivit en plissant les yeux, avant de les reporter sur l’ensemble de son auditoire.
“En attendant, je vous demande, je vous implore de garder votre calme. J’en appelle à votre patience et votre bon sens pour respecter la quarantaine établie et ne rien tenter de regrettable. Ne cédez pas à la panique. N’essayez pas de forcer les barrages militaires pour quitter la région. Ne faites rien qui puisse vous porter préjudice, à vous et à vos proches.”
Son ton n’était pas autoritaire. Il relevait plutôt du conseil, presque de la supplique. Il voulait avant tout les protéger de tout comportement impulsif et inadapté.
“Pour faciliter le travail de nos équipes, je vous demande de limiter au maximum vos déplacements la nuit. Les risques de rencontrer un lycan fou en seront grandement diminués. Ainsi, vous vous préservez, vous et vos proches, et vous nous sauvegardez un temps précieux pour nos recherches.
Je vous prie également de nous appeler uniquement en cas d’urgence. Si vous vous sentez en danger, si vous vous inquiéter de l’absence anormale d’un proche, ou si vous avez vu ou entendu quelque chose de suspect. Pour obtenir des informations, vous pouvez vous adresser au standard, nos quartiers généraux vous restent ouverts à toute heure, de jour comme de nuit.”
Sa main appuyée sur le pupitre s’anima, son pouce frottant le majeur et l’index joints. Il comptait beaucoup sur sa popularité pour inspirer la population. Mais il doutait que cela suffît. Il y aurait forcément des imprudences, mais hélas, il ne pouvait pas faire plus que mettre en place des patrouilles la nuit.
“J’ai conscience des efforts colossaux que je vous demande. La décision du gouvernement porte atteinte à une partie de vos libertés de citoyens, des valeurs clés pour une démocratie, qui sont chères à nos coeurs d’Hommes libres. Votre colère, votre inquiétude, vos doutes sont légitimes. Mais encore une fois, j’en appelle à votre patience. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que cette situation prenne fin au plus vite.”
Il remarqua alors un regard, bien pâle dans la multitude d’iris sombres des premiers rangs. Cette fois, le doute n’était plus permis. C’était bien Miyuki Arisugawa, et à en juger par son expression concentrée, elle portait quelques soupçons quant à son identité. Bon. Il n’avait pas prévu ça. Elle qui passait ses journées dans son Sekidozan, du moins selon son imagination, jamais il n’avait pensé qu’elle se déplacerait un dimanche jusqu’à la place de la Mairie pour prêter une oreille attentive à son discours. Et surtout un oeil, en l’occurrence. S’il avait toujours bien soigné son déguisement, les gestes réflexes eux ne disparaissaient pas. Et il en avait quelques-uns, justement. De loin, il ne craignait pas qu’elle le reconnût, étant particulièrement grimé dans la peau de son alias. Mais à quelques mètres à peine, pour un esprit aussi aiguisé que celui de la japonaise, c’était une autre histoire.
“Pour cela, j’ai besoin de votre concours, à tous. En nous aidant, vous vous aidez vous-mêmes. C’est ainsi, en coopérant ensemble, que nous sortirons de cette crise sans précédent. J’ai foi en vous et votre capacité à surmonter cette épreuve. J’ai confiance en votre aptitude à prendre sur vous jusqu’à ce que nous résolvions l’affaire des lycans malades.”
Il afficha un sourire plus confiant, le premier vrai sourire depuis le début, visant à rassurer ceux qui le fixaient avec attention. Son regard glissa à nouveau sur Miyuki. A temps pour distinguer la lueur qui éclaira son visage concentré. Le norvégien, nerveux, frotta son pouce droit avec ses autres doigts, sentant sa couverture se fissurer. Il ne se laissa néanmoins pas déconcerter.
“D’ici là, soyez prudents, portez-vous bien et prenez soin les uns des autres. La solidarité, de tous et pour tous, est essentielle pour notre succès et notre sauvegarde.”
Son regard céleste se posa à nouveau sur Miyuki. Une seconde s’écoula, semblant se distendre. Et il comprit qu’elle avait percé son identité à jour. Il ne pourrait pas prétendre le contraire, si elle le confrontait. Il respectait trop son intelligence pour lui faire l’affront d’un déni. Ainsi, en cillant légèrement, il lui signifia sa victoire.
“Merci à tous.” prononça-t-il pour conclure son discours, sans détacher ses prunelles de celles de Miyuki.
Il y eut trois secondes de flottement, pendant lesquelles il demeura silencieux, sans rompre le contact visuel. Puis les journalistes se réveillèrent et chacun vociféra ses questions en même temps, dans un brouhaha assourdissant qui lui arracha une grimace. Mais l’agitation soudaine lui offrit la diversion dont il avait besoin pour adresser un message silencieux à la gardienne du Sekidozan. Elle fut la seule à percevoir son geste subtile vers la gauche. D’un regard entendu, ils signèrent un accord mutuel. Puis Aaren se concentra sur la foule en retrouvant son habituel sourire, léger mais assuré.
“Un à la fois, s’il-vous-plaît.
“Hermansson-san, qui sont ces scientifiques dont vous parlez?”
“Que pouvez-vous nous dire sur ce vaccin ?”
“Quelles mesures supplémentaires avez-vous prises pour assurer la sécurité de la population ?”
“Qu’en est-il du commerce ? Quelles conséquences sur l’économie locale ?”
Il retint un soupir. Cette séance de question s’annonçait dense et bien plus longue que son discours. Il espérait que Miyuki aurait la patience de l’attendre à l’endroit indiqué, au moins jusqu’à ce que les journalistes se fussent tous éclipsés. Il ne souhaitait pas attirer leur attention sur elle.
Ce ne fut qu’un peu après dix-huit heures trente que les médias remballèrent leur matériel, frustrés pour la plupart. Le scandinave ne leur avait guère plus apporté d’informations. Il les avait pourtant prévenus : il ne pourrait pas leur en dire beaucoup plus, faute de connaissance à partager. Enfin libéré de leurs questions, Aaren s’accorda un soupir de soulagement. Ce fut un mauvais moment, mais il était passé. Il glissa un regard vers la gauche et fut rassuré en apercevant la silhouette discrète de Miyuki Arisugawa. Il se tourna vers les membres de son escorte et s’en rapprocha de quelques pas.
“Je vais prendre un peu l’air avant de rentrer au QG. Vous pouvez en profiter pour faire une petite pause.
Le chef des chevaliers leur adressa un clin d’oeil avant de quitter l’estrade. Il fit quelques pas sur la place en étirant sa nuque. Jorgen vint à sa rencontre et lui serra la main pour le féliciter de sa performance.
“Tu t’en es bien tiré mon ami.”
“Hum, ils ne m’ont pas l’air convaincus, mais je ne peux faire mieux aujourd’hui hélas… Tu peux te charger d’évacuer ? J’ai besoin de m’aérer un peu l’esprit avant de partir. Ne t’inquiète pas, je ne m’éloigne pas, promis.”
Jorgen hocha la tête et s’activa rapidement, guidant la presse vers la sortie prévue pour elle, à l’opposée de l’endroit où se trouvait Miyuki. Aaren ne lui avait pas indiqué ce refuge par hasard. Il savait que les journalistes, contrariés et le dos tourné, n’y prêterait pas attention. il la rejoignit en quelques enjambées, sans toutefois se hâter, soucieux de paraître naturel pour les regards indiscrets.
“Lady Arisugawa,” la salua-t-il en s’inclinant, une fois arrivé à son niveau. “Désolé pour l’attente. Merci d’avoir patienté.”
Il s’était exprimé dans un bon japonais, bien que marqué par son accent scandinave. Il se sentait un peu mal à l’aise. Il lui devait des explications, cependant il ne savait pas vraiment par où commencer. Il espérait surtout qu’elle n’était pas froissée. Il n’avait jamais voulu tromper ses sens, simplement profiter de leurs échanges enrichissants en tout anonymat. Peut-être aurait-il dû lui confesser plus tôt sa véritable identité, mais… Il tenait à sa couverture, qui, en plus de lui offrir un peu d’air, lui permettait aussi d’enquêter discrètement. Et puis, dans le fond, il avait craint que cela ne nuisit à leurs entrevues ensuite.
“J’aurais préféré que vous appreniez autrement la vérité sur mon identité… ”
De sa propre bouche, par exemple… Il se lissa le sourcil, avant de prendre conscience de son geste et s’immobiliser. C’était probablement ça qui l’avait trahi. Il laissa sa main retomber en se raclant la gorge.
“J’imagine que vous souhaitez des explications… Avant tout, sachez qu’il n’a jamais été dans mon intention de vous duper. Je vous prie d’accepter mes excuses si je vous ai froissée.”
Il guetta sa réaction, difficile à prévoir sous son expression sévère. Il espérait sincèrement que cette découverte impromptue ne le ferait pas baisser dans son estime. Dire qu’il commençait à s’attacher à leur petit rituel du vendredi matin…
Invité
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Mar 9 Juin 2020 - 23:12
Après la réunion de l’Enclave, je me rendis en ville en passant par le portail entre les archives et l’école. Malgré le soleil bas, il faisait encore très chaud. J’avais revêtu expressément un yukata bleu pâle et m’étais munie d’un ombrelle traditionnelle de soie bleue pour protéger ma peau de porcelaine des rayons encore puissant du soleil. Malgré tout, la température n’en restait pas moins pesante à mon goût. Cela n’améliorait pas mon humeur, bien que d’un point de vue extérieur, la différence ne devait pas se voir beaucoup. Mon entraînement mental me permettait d’enfouir cet état d’esprit comme sous une couche de coton dans mon esprit. Malgré tout, voir l’élite du pays se conduire de manière aussi peu respectueuse envers leurs semblables m’avait mis un coup. Etait-ce donc cela, l’Enclave ? Ne pouvaient-ils pas s’asseoir autour d’une table pour discuter des problèmes sans avoir de mots malheureux ou remettre en cause les capacités de leurs collègues ? Heureusement que la Sagesse était là pour accomplir son rôle de médiateur, mais il était triste de devoir en arriver là.
J’étais venue sur la place de la mairie écouter le discours d’Aaren Hermansson. Habituellement, je ne m’intéressais pas trop à la politique humaine, mais cet homme était à la tête d’une organisation faisant plus ou moins le lien entre les humains et le surnaturel. Il allait nécessairement s’exprimer sur la crise lycane et la quarantaine, ce qui faisait de ce moment un discours potentiellement historique, qu’il me paraissait nécessaire d’inscrire dans nos archives, ou au moins dans ma mémoire familiale. Lors de son arrivée sur le sol japonais, Jørgen Mortensen-san, son bras droit, nous avait prévenu qu’il lui avait révélé l’existence de notre espèce avec l’accord de l’Enclave de son pays, mais qu’il avait promis de ne rien dire à qui que ce fût. Il tenait vraisemblablement sa promesse depuis ce jour, selon Mortensen-san, qui nous avait certifié que les autres Chevaliers de l’Ordre n’étaient au courant de rien. Quant à notre Savoir, Arafa-Nazari-san, elle ne tarissait pas d’éloges à propos de son ancien supérieur. Malgré tout, je restais circonspecte. Les humains restaient dangereux. Bien qu’il semblât honnête, j’aurais préféré qu’il ne sût rien de notre existence. Les sorciers pouvaient bien régler eux-même les problèmes des sorciers sans avoir à mettre des humains au courant. Je devais bien avouer qu’il me déplaisait également que des sorciers eussent ou eussent eu à rendre des comptes à un humain. Cela pouvait poser des problèmes de conflit d’intérêt avec l’Enclave. En cas d’ordres contradictoires, à qui devait donc aller leur loyauté ?
Hermansson-san arriva et monta sur le podium, accompagné de Mortensen-san et de trois autres personnes. Je plissai les yeux tandis que quelque chose attirait mon attention sans que je pusse mettre le doigt dessus. Le discours commença. Il ne m’apprenait rien bien entendu, et c’était un discours bien banal, bien que je reconnusse son courage d’avouer qu’il avait caché des informations à la population. L’Ordre ne pouvait de tout évidence pas se mettre le gouvernement humain à dos alors qu’ils venaient tout juste d’être acceptés en tant que force armée sur le sol japonais. Révéler les mesures avant l’opération aurait été un acte téméraire, mais bien maladroit, d’autant que cela aurait probablement fait fuir une bonne partie de la population, lycans compris, réduisant ainsi à néant les plans de l’armée – bien qu’ils fussent de base tout à fait inutiles. Bref, un discours cherchant à rassurer la population.
Je commençais en tout cas à mettre le doigt sur ce qui me dérangeait. Sa voix m’était familière, ainsi que la démarche avec laquelle il était venu jusqu’au micro. J’étais pourtant certaine de ne jamais avoir rencontré le chef des Chevaliers des Ombres. Ou du moins officiellement. Ma mémoire étant ce qu’elle était, organisée de manière magique, il ne me fallut pas bien longtemps pour parcourir mes souvenirs en quête de cette voix. J’étais quasiment sûre qu’il s’agissait de celle de James Wilson, l’humain qui ne pouvait s’empêcher d’entrer dans les limites privées du Sekidozan sans y être autorisé, chaque vendredi, pour je ne savais quelle raison. Est-ce qu’il m’espionnait ? Mortensen-san n’avait pourtant pas menti quand il avait déclaré que son supérieur ne connaissait l’identité d’aucun sorcier sur le territoire japonais. Fujibayashi-san aurait aussitôt repéré son mensonge si cela avait été le cas. Je commençai à m’approcher discrètement. Je ne voyais pas bien son visage d’ici. Il fallait que je validasse ma théorie, même s’il était peu probable que je fisse erreur sur son identité.
Lorsque ses yeux bleus – pas la couleur que je leur connaissais – rencontrèrent les miens, sa réaction confirma ce que je pensais. Le contact s’étira tandis que nous tirions chacun nos conclusions. Il savait que je l’avais reconnu. Il n’y avait pas de doute. Nous décidâmes d’un commun accord de parler après. Je ne lui en voulais pas d’avoir dissimulé son identité. C’eut été bien hypocrite de ma part qui dissimulait même que je n’étais pas humaine – pas que je lui dusse quoi que ce soit de tout façon. Mais je voulais vérifier ce qu’il savait à mon sujet. S’il était venu m’espionner, cela fournissait une explication simple à ses visites régulières, mais l’idée me déplaisait fortement, car celui ferait de lui, au-delà d’un simple humain envahissant, un ennemi de l’Enclave. Cela me faisait bien mal de l’admettre, mais nos discussions hebdomadaires ne me déplaisaient pas, contrairement à ce que je lui rappelais à chaque fois qu’il traversait les limites de mon domaine.
A la fin du discours, je me glissai vers le lieu de notre rendez-vous tacite. J’attendis, immobile le manche de bois de l’ombrelle posé sur mon épaule. Ce n’est que lorsque les journalistes le laissèrent enfin tranquilles qu’il me rejoignit. Au vu de son discours et la manière dont il m’aborda, il parlait japonais bien mieux que je ne parlais l’anglais… Il aurait au moins pu m’épargner cet effort peu concluant.
« Vous m’avez forcée à manier si pauvrement l’anglais alors que vous savez vous exprimer dans un si bon japonais ? C’est bien peu gentleman de votre part, Wilson-san. »
Mon ton était un peu sec, mais contrebalancé par le léger sourire qui étirait mes lèvres, qui disparut bien vite comme un fantôme sur mon visage.
« Je ne saurais si je vous en tiens rigueur qu’après que vous ayiez répondu honnêtement à cette question : pourquoi vous être rendu sous une fausse identité à plusieurs reprises sur mon domaine ? »
J’aperçus Mortensen-san qui revenait vers son maître. Il fut surpris de voir avec qui il conversait. Il s’inclina discrètement à mon attention avant de se détourner vers ses autres collègues.
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Sam 20 Juin 2020 - 13:15
Après un mois à fréquenter le Sekidozan pour profiter, par pur caprice, de l'esprit brillant de la propriétaire, il se retrouvait dans cette situation cocasse, percé à jour, et désormais obligé de se justifier. Il se doutait bien qu'un jour ou l'autre, le regard observateur de Miyuki Arisugawa finirait par repérer, çà et là, des similitudes entre son alias et sa véritable identité. Il n'avait simplement pas prévu que cela se passerait ici, le premier juillet, après un discours délicat, et surtout, dans ce contexte sinistre.
L'image qu'il avait de la mystérieuse jeune femme était peut-être erronée. Elle passait tellement de temps au Sekidozan, partagée entre son entraînement spirituel, et les renseignements aux visiteurs, qu'il ne se l'était pas vraiment représentée se baladant dans les rues de Nakanoto. Il la voyait plutôt comme une lady japonaise, détachée du monde ordinaire, qui ne se laissait pas atteindre par les événements actuels. Ce qui l'amenait donc ici, soumis à son regard inquisiteur.
Il ne put retenir un sourire sous le reproche concernant le japonais. Bien qu'elle se fut exprimée un peu sèchement, son sourire trahissait le jeu d'esprit. Elle n'était donc pas bien fâchée par les circonstances, mais elle se devait toutefois de lui lancer une pique en guise de représailles. C'était de bonne guerre.
"Allons, votre anglais n'est pas si mal, Lady. Ce n'est qu'avec la pratique qu'on progresse, n'est-ce pas ? Vous devriez presque me remercier."
Son sourire s'élargit pour souligner son humour effronté. Il ne savait pas si elle était vraiment réceptive à cette forme de subtilité, mais il n'avait pas pu s'en empêcher. Elle eut tôt fait, toutefois, de replacer la situation avec la question qui suivit. Il comprit alors l'objet de son interrogatoire. Elle croyait sans doute que le norvégien l'espionnait. Et, à première vue, ses soupçons n'étaient pas infondés. Comment expliquer, sinon, ses visites hebdomadaires, affrontant sans peur les consignes et les reproches de la japonaise ?
Aaren baissa le regard, un sourire en coin. Elle était pourtant si loin de la vérité. Enfin, pas tant que ça, puisqu'il venait effectivement pour elle. Et, si ce n'était pas pour l'espionner, si ce n'était pas pour lui porter préjudice, c'était bien pour en savoir plus à son sujet. Après quelques secondes de silence, à sélectionner soigneusement ses mots, il la fixa de nouveau.
"Au risque de vous surprendre, c'est pour vous que je suis revenu, sans autre raison que l'attrait pour nos discussions philosophiques."
Il marqua une courte pause, baissant le regard sur la main qui serrait la garde de Stillhet.
"Comme vous vous en doutez, mon identité n'est un mystère pour personne. Quiconque se tient un tant soit peu informé, en lisant le journal, saura me reconnaître en posant les yeux sur moi. Mais, comme tout un chacun, il m'arrive aussi d'apprécier l'anonymat. La première fois, je suis venu en simple touriste, sous une couverture, pour profiter de la culture locale sans être indisposé. Il m'arrive régulièrement de m'absenter incognito en quête de sérénité."
Il leva les yeux sur son visage.
"Ce jour-là, vous m'avez impressionnée, par votre vive intelligence, votre savoir abondant et votre philosophie de qualité. Il m'a rarement été donné de croiser une personne de votre trempe. J'ai beaucoup apprécié nos échanges, au point de vouloir les renouveler. L'occasion de converser était trop belle pour la laisser s'échapper. Vous me connaissiez sous le nom de James Wilson, et je craignais que ma véritable identité n'affecte votre jugement, raison pour laquelle j'ai conservé l'anonymat."
Il s'arrêta là, pourtant, sa réflexion allait encore plus loin. La japonaise avait cette aura de mystère qui planait autour d'elle et qui attirait irrémédiablement son esprit assoiffé de connaissance. Ajoutée à sa prestance et sa grâce naturelles, sa rigueur spirituelle et son maintien digne en toute circonstances, elle ne pouvait que susciter l'admiration et aiguiser la curiosité du chevalier. Aaren appréciait beaucoup les énigmes, et Miyuki Arisugawa était de loin la plus intrigante. Vous êtes un mystère, et j'adore les énigmes. Mais il aurait été inconvenant de l'exprimer à haute voix, n'est-ce pas ?
"C'est un caprice, si vous préférez."
Il ponctua sa conclusion d'un sourire malicieux, nullement effrayé par l'auto-dérision. Car il fallait mettre le mot juste sur la situation. Il s'était soustrait à sa garde personnelle, avait revêtu l'apparence d'un alias, traversé la ville jusqu'au Mont Sekido, bravé les règles de Miyuki, et ce chaque vendredi matin depuis un mois, tout cela pour profiter d'une discussion. Cela relevait tout du caprice, et il l'assumait pleinement.
Invité
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Dim 12 Juil 2020 - 18:39
Le remercier ? Je lui jetai un regard peu amène. Il avait tout de même un sacré toupet. Je n’avais aucun intérêt à travailler la langue britannique. Je la déchiffrais. C’était amplement suffisant pour mes besoins, au cas où je trouvais un ouvrage dans cette langue. Mais de l’Enclave, ce n’était pas moi la diplomate. Il était très rare que je croisasse des personnes s’exprimant dans cette langue, à part les touristes humains du Sekidozan dont je n’avais cure. Et une langue n’était utile que si l’on s’en servait. C’était absurde. Et il avait toujours ce petit sourire, quand bien même je pourrais porter plainte pour violation de domicile.
Il affirma être revenu me voir. Je ne savais pas trop ce qu’il cherchait à faire. Il avait l’air sincère, mais je n’étais pas Fujibayashi-san. Je n’avais aucun moyen de savoir s’il disait la vérité et je ne faisais absolument pas confiance aux humains. Mon regard dériva en même tant que le sien vers la rapière qu’il portait à son côté. C’était donc la fameuse arme qui possédait le pouvoir de blesser les vampires ? J’avais déjà vu son propriétaire se mouvoir. Il savait s’en servir, à n’en pas douter. Tout ce cirque autour de sa réputation de bretteur, ce n’était pas de l’esbrouffe. Il fallait sûrement cela pour pouvoir s’opposer en combat à un vampire.
La vision d’Arafa-Nazari-san me revint en tête. Elle était peut-être faussée, mais avait permis de mettre en lumière le peu d’efficacité de nos protections contre les buveurs de sang. Je me demandais s’il serait possible de me procurer une telle arme, à l’occasion, afin de protéger le savoir colossal qui occupait mon esprit. Passer par le biais de Mortensen-san pourrait être intéressant, si sa loyauté envers son peuple était encore suffisante. Cela me perturbait de savoir que malgré mon entraînement intensif, je ne serais qu’une proie fragile face à une de ces créatures. Ce n’était pas une situation acceptable au vu de mon devoir séculaire.
En tout cas, Hermansson-san cherchait à flatter mon ego, quelle qu’en fût la raison. J’avais un peu du mal à croire qu’il était revenu pour faire la conversation, d’autant qu’il s’était « trompé » et avait outrepassé les limites publiques du vieux temple dès sa première visite, n’hésitant pas à transgresser à nouveau cette règle chaque semaine où il était venu malgré mes avertissements. Je m’étais laissée faire parce que j’appréciais à demi-mot nos conversations, mais j’aurais peut-être dû être plus prudente. Je m’étais relâchée. Tout humain était une potentielle menace. Je ne devais pas les sous-estimer, même si j’avais une certaine sympathie pour celui-ci. Je décidai de le confronter à nouveau à l’étrangeté de la situation. Je relevai vers lui mon regard inquisiteur.
« Et vous pénétrez souvent dans les parties privées des lieux que vous visitez sans y avoir été préalablement invité ? Qu’est-ce qui me prouve qui vous dites la vérité ? »
J’espérais que sa réponse serait intéressante, car je ne pouvais pas me permettre d’insister plus sur mes doutes quant aux raisons de sa visite. Le Sekidozan était un simple lieu touristique au lieu des humains. Le chef d’une organisation de hunter internationale n’avait aucune raison de venir y faire du repérage ou espionner s’il ne savait pas que le gouvernement des sorciers s’y réunissait et que ce lieu abritait des ouvrages précieux. Dans le cas où il l’ignorait, je ne voulais pas qu’il se posât trop de questions.
Aaren S. Hermansson#104600#104600#104600#104600#104600#104600
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Dim 16 Aoû 2020 - 9:40
Sa pointe d'humour se heurta à un mur impénétrable. Totalement hermétique, Miyuki semblait même irritée par ses propos. Mince. Il n'avait nullement souhaité la froisser. Il devrait se montrer plus diplomate. Après tout, il était le fautif de l'histoire. Elle avait raison de d'être prudente, en fin de compte. Même s'il trouvait sa méfiance trop exacerbée dans la situation présente. Certes, il s'était montré têtu et invasif depuis leur première rencontre. Mais qui pourrait bien s'intéresser au Sekidozan et à sa gardienne pour autre chose que le patrimoine et les discussions philosophiques ?
Il mit de côté ses interrogations lorsqu'elle leva de nouveau sur lui un regard inquisiteur, avant de mettre en doute la véracité de ses paroles. Aaren ne cilla pas, pour autant, sa persistance l'intriguait. Elle ne croyait pas que ses visites fussent de simple courtoisie. Mais que pouvait-il chercher d'autre dans son domaine ? Aurait-elle quelque secret auquel elle tenait comme à la prunelle de ses yeux ? Avait-il mis en péril quelque chose, ou quelqu'un ? Il aurait bien voulu en savoir plus, cependant… Il sentit qu'il avait atteint une limite. Tout le monde avait un secret -ou plusieurs- à préserver. Il se devait de le respecter. Le norvégien poussa un léger soupire.
"Hélas, de preuve je n'en ai aucune. Je n'ai que ma parole à vous offrir."
Il serra sa main sur la garde de son épée. Il se devait d'être franc et réaliste. Inutile de se chercher des arguments fictifs. Toutefois, il convenait de la rassurer sur ses intentions, quitte à se répéter.
"Je conçois que franchir plusieurs fois les limites de votre domaine privé relève de l'obstination et de l'indiscrétion. Je comprends que vous soyiez dubitative. Je me suis présenté sans raison apparente, et je réalise maintenant que cela paraît hautement suspect. Cependant, je n'ai jamais voulu autre chose que trouver un esprit éveillé avec qui échanger. Je vous jure que je n'ai jamais souhaité vous faire le moindre tort."
La formule "magique" éveilla la conscience de son arme. Il sentit sa présence effleurer son esprit, brièvement, avant de se rendormir. Depuis ses nouvelles fonctions, Aaren ne donnait pas sa parole à tort et à travers. Jurer encore moins. Il était lié à un serment secret, celui de ne jamais se parjurer. Ainsi, cette phrase constituait en elle-même l'unique preuve qu'il pouvait lui apporter. Malheureusement, il était, et ne serait jamais que le seul à le savoir.
"Arisugawa-san, je regrette sincèrement que mon attitude vous ait inquiétée. J'ai mis en péril votre vie privée sans le vouloir. Je vous présente mes plus plates excuses pour les torts que j'ai pu causer."
Il s'inclina légèrement pour marquer son discours. Il espérait que ses actes resteraient sans conséquence pour son interlocutrice. Et que ce malentendu n'affecterait pas leurs échanges dans le futur. Mais il était moins confiant pour cette seconde possibilité. Il lui glissa un regard inquisiteur, guettant la moindre lueur expressive sur son visage.
"Je ne sais comment vous prouver autrement ma bonne foi. Si toutefois ce moyen existe, je m'y plierai volontiers. "
Il la fixa d'un air solennel. Il avait rarement été plus sincère qu'en cet instant. Et il était volontaire pour se racheter, s'il avait commis une faute par mégarde. Restait à savoir si elle était satisfaite de ses arguments ou, dans le cas contraire, s'il avait encore une chance de récupérer son estime. Il l'espérait, car sinon, leurs échanges philosophiques lui manqueraient.
Invité
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Lun 5 Oct 2020 - 19:48
S’il n’avait pas de preuve et qu’il était consentant à prouver sa bonne foi, le plus simple serait de demander à Irina de s’assurer qu’il n’avait pas d’arrière-pensées. Inviter Fujibayashi-san ou un autre sorcier doté de dons mentaux serait sans doute plus prudent. Il s’agissait du Sekidozan, après tout, et du chef d’une importante organisation. J’avais cependant envie de le croire sur parole. Après tout, j’étais moi-même en quête de ce genre de conversation, bien trop rares mêmes parmi les miens. Mais je ne pouvais pas prendre de risque. Il me faudrait mêler le Secret à tout cela. Et lui-même n’en saurait jamais rien. Je relâchai quelque peu mon expression de défi.
« Soit. Je vous donne le bénéfice du doute. Mais il serait bon de faire les choses en bonne et due forme la prochaine fois. Venez annoncé. Sous votre nom ou sous votre fausse identité, cela m’importe peu. Passez par le biais d’un de mes serviteurs avant d’entrer dans ma propriété. »
Le ton était pincé, mais c’était une invitation à demi-mot à revenir. L’idée que ces visites, même importunes, cessent m’était étrangement désagréable. Il était si difficile de trouver de bons interlocuteurs, et je devais bien avouer qu’il était plaisant de converser avec lui, pour un humain. Je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir caché son identité. Après tout, c’était ce que je faisais aussi. Il ne connaissait pas le moindre aspect de ma vie, à part mon statut de propriétaire du Sekidozan, mon appartenance à un très vieux clan et ma pratique des arts martiaux. Cependant, il me faudrait être plus encore sur mes gardes. S’il connaissait déjà l’existence de notre race dans une certaine mesure, il lui serait plus simple d’interpréter certains signes, et il était hors de question que ce fût par moi qu’il en apprît plus. Si j’en croyais ses propos, il ignorait totalement ce qu’était le Sekidozan pour notre peuple ou qui pouvaient être les membres de l’Enclave, et il valait mieux que cela demeurât ainsi jusqu’à ce notre gouvernement en décidât autrement, si cela devait arriver un jour.
De plus, garder un œil sur le dirigeant d’une des plus vieilles organisations humaines impliquées dans les mystères magiques ne me paraissait pas inintéressant. Notre Savoir était censée remplir ce rôle, en tant qu’ancienne membre de leurs rangs, mais après les évènements d’aujourd’hui, il était peu probable qu’elle revînt de sitôt aux réunions de l’Enclave. Sa capacité-même à assurer sa mission était remise en cause si son esprit était malade. Sous la ouate qui recouvrait en permanence mes émotions, je me sentais encore bien amère d’avoir été trompée de la sorte. Si elle avait déjà connaissance de ces problèmes, elle aurait dû en faire part à l’Enclave sans attendre. J’avais vu en elle une personne idéale pour remplir son rôle, à qui servir son peuple tenait à cœur et j’avais attendu beaucoup d’elle. C’était… décevant.
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Dim 11 Oct 2020 - 12:03
Il s'écoula de longues secondes de silence tandis que Miyuki analysait la sincérité de son discours. Son regard froid le toisait inlassablement. Il avait l'impression d'être disséqué de l'intérieur, pour trouver le moindre défaut dans son esprit. Heureusement qu'il pensait chacun de ses mots. Il espérait qu'elle le comprendrait. Finalement, le visage de la japonaise se détendit légèrement. Il retint un sourire en entendant son verdict. Il avait donc su se montrer convainquant. Restait désormais à se montrer digne de la confiance qu'elle daignait lui porter.
Elle l'invita même à demi-mot à revenir, cette fois en s'annonçant. Son coeur se gonfla de soulagement, plus qu'il n'aurait dû. Il mesura toutefois sa réaction, s'accordant un simple hochement de tête pour remercier sa clémence.
"J'en prends bonne note, Lady Arisugawa. La prochaine fois, je patienterai le temps qu'un serviteur vous avertisse de ma présence."
Il énonçait à son tour à demi-mot son intention de revenir. Serait-ce sous sa véritable identité cette fois ? Il en doutait. Un journaliste guettant les allées et venues des chevaliers pourrait être tenté de le suivre jusqu'au Sekidozan pour faire un article sur l'intérêt qu'il portait au monument. Il avait déjà causé bien assez d'inquiétude à la propriétaire, il ne souhaitait pas attirer en plus l'attention de la presse locale sur son lieu de résidence. Il poursuivrait donc ses visites sous la couverture de James Wilson. Toutefois, il pourrait désormais parler franc jeu avec elle, sans mensonge ni omission. Et quelque part, cela le réconfortait.
Miyuki ne semblait pas disposée à poursuivre plus loin la conversation. En même temps, elle digérait sans doute encore la révélation de son identité. Et peut-être avait-elle quelque chose qui nécessitait son attention au Mont Sekido. De toute manière, Aaren ne pouvait trop s'éterniser ici. Cet interlude, bien que tendu en premier lieu, lui avait offert une courte pause dans ses fonctions de leader. Mais des affaires de plus grande importance requéraient sa présence aux quartiers généraux.
"Bien, je ne vais pas abuser plus longtemps de votre temps. Merci de m'avoir écouté. Nous nous reverrons sans doute bientôt. Portez-vous bien d'ici notre prochaine rencontre."
Il faillit ajouter qu'elle pouvait toujours venir le trouver dans leur locaux. Mais elle ne semblait pas du genre à passer sans raison. Et quand bien même elle en aurait une bonne, elle savait désormais où le trouver. Inutile donc de le préciser à haute voix. Il espérait toutefois pouvoir la retrouver le vendredi qui arrivait. Avec les récents événements, il devenait compliqué de respecter l'intégralité de son planning personnel.
Il s'inclina respectueusement et prit congé pour rejoindre Jørgen qui patientait sur la place. Si son bras droit s'interrogeait sur cet échange, il ne posa pourtant aucune question. Aaren lui en était reconnaissant. Il aurait eu du mal à garder sa crédibilité en expliquant toute l'histoire. Il regagna donc la voiture sans un mot, remerciant simplement son ami pour son aide. Il resta silencieux tout le long du trajet, les pensées tournées vers le Sekidozan et sa gracieuse propriétaire.
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