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Ven 16 Oct 2020 - 18:21
Lorsque Shinji partit, je pris quelques minutes pour me recentrer. Ma tête me lançait comme jamais et ce n’était probablement pas prêt de partir. Mais je savais que Kobayashi-san n’allait pas tarder à partir. Il était de garde au QG des Chevaliers à minuit, et j’avais besoin de lui parler, déjà pour mettre des mots sur ce qui venait de se passer et aussi, pour essayer d’obtenir une entrevue avec son chef par son intermédiaire. Yukito prendrait sa suite, certes. Je n’étais jamais seule. Mais si le lycan était quelqu’un de bien, je n’étais pas aussi proche de lui que je l’étais de mon maître et ce dernier était le seul à connaître mon histoire en détail. Je quittai ma chemise de nuit pour une robe d’été mi-longue gris foncée. Mon esprit était encore confus, mais je ne pouvais pas me permettre d’attendre.
Je descendis les escaliers mécaniquement. J’aurais voulu me presser, mais dans mon état, j’avais le sentiment que j’allais louper une marche. Avant toute chose, il me faudrait prendre des anti-douleurs, mais cela tombait bien : la pharmacie se trouvait derrière le comptoir, dans un placard solide fermé à clé. Il fallait au moins ça pour les mettre à l’abri des SDF qui dormaient ici. Les pauvres cherchaient parfois n’importe quel médicament qui pût les faire planer un peu pour oublier leur situation.
Kobayashi-san était encore là, accoudé contre le comptoir. J’avançai silencieusement. J’avais beaucoup de choses à lui dire, mais il était difficile de savoir par où commencer.
« Cet homme… C’était Shinji. Ou quelqu’un qui se faisait passer pour lui. Je ne sais pas. Que ce soit le vrai me paraissait impossible, mais je ne sais plus quoi en penser... »
Je passai derrière le comptoir, ouvris le placard à pharmacie avec les clés qui se trouvaient dans ma poche et me saisis d’une boîte d’anti-douleur et d’une autre de somnifères avant de refermer à double tour. Je pris le temps de me servir un verre d’eau – il y avait toujours de quoi boire ici pour les gens de garde – et de prendre tout de suite un premier comprimé pour tenter d’éclaircir mon esprit, en espérant que cela agît rapidement. Mes mouvements étaient pesants. Le prêtre m’avait déjà souvent vu en proie à ce genre de symptômes et savaient d’où il venait, bien qu’ils n’eussent rarement été aussi prononcés. Je ne fis pas de remarques sur mon état de santé. Il savait déjà de quoi il s’agissait.
« Il a dit qu’il allait essayer de m’obtenir une dérogation officielle qui ferait que j’aurai le droit de savoir. Mais s’il m’a trouvée, ça veut sans doute dire que d’autres sorciers savent que je suis là. »
Je parlais de manière très factuelle, mais tout ce que je disais me paraissait complètement absurde. Si mon maître ne l’avait pas vu aussi, j’aurais facilement pu croire à une crise d’hallucinations. J’avais mis un frein à mes sentiments en bordel, sans quoi j’aurais été incapable de tenir cette conversation, maux de tête obligent. Mon cerveau ne savait manifestement pas s’il fallait que je sautasse de joie ou que je fusse terrorisée.
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Lun 19 Oct 2020 - 21:22
La jeune demoiselle avait été laissée seule un petit moment en compagnie de ce curieux personnage venu la voir à une heure bien tardive. Je n’avais en rien envie de la laisser particulièrement seule avec lui, aussi avais-je tenu à rester un petit moment à proximité de sa chambre. J’étais demeuré plusieurs longues minutes en silence, calme et détendu, mais prêt à me lancer avec rapidité en direction de la porte pour l’enfoncer et intervenir au moindre mot plus haut que l’autre de la part de ma disciple. Elle avait bien progressé depuis que nous avions commencé les leçons, mais peut-être pas au point de pouvoir remporter encore un combat contre un homme plus fort qu’elle.
Comme tout semblait finalement bien se passer, je décidais de poursuivre ma descente des escaliers pour retourner à l’accueil de Bonsecours. Il n’y avait pas grand-chose à faire. Nos pensionnaires faisaient en sorte de rentrer avant que le soleil ne soit couché maintenant. J’avais de la peine et une certaine douleur à éprouver cela, mais la situation avait été d’ailleurs une aubaine pour l’ouverture de Bonsecours. En dépit de toutes les tentatives de réduire la pauvreté et la présence de sans-abris de la part de l’état, il y en avait beaucoup tout de même. Tous n’étaient pas très sociables, voir même dangereux en réalité, mais tous avaient peur de dormir dans la rue maintenant et étaient prêt à venir s’abriter ici. En revanche, j’avais su imposant les règles de l’établissement et pour ceux qui se décidaient à venir, finalement découvraient que ce n’était pas si mal et y voyaient déjà une opportunité de s’améliorer et de repartir du bon pied dans la vie.
Je pris de ma poche un paquet de cigarettes. Je n’en fumais vraiment pas souvent, mais je n’avais pas le temps de me laisser aller à la méditation pour le moment. Je tapotais du doigt le fond du paquet pour faire jaillir un cylindre de tabac avant de m’en saisir et de le porter à ma bouche. Je sortis juste devant, en restant dans le faisceau de lumière produit par l’accueil et filtrant dehors. Toute la ville était calme. Je n’entendis qu’au loin une sorte de complainte lupine comme cela pouvait être souvent le cas par les temps qui courent. C’était loin d’être rassurant, mais c’était devenu le quotidien de tout le monde ici. Le genre de chose qui fait lentement s’installer une grande et profonde morosité dans le paysage et marque au fer rouge l’esprit des gens.
J’avais laissé les portes ouvertes, mais également celle de la cage d’escalier et je ne tardai pas entendre le son d’une porte qui claque et de pas résonner à l’intérieur. Quelqu’un descendait. J’écrasais ma cigarette dans un cendrier extérieur prévu à cet effet et rentrai prestement me positionner au comptoir. Je pensais que mon collègue qui devait venir pour me remplacer viendrait d’un instant à l’autre, mais il se faisait attendre.
Alyssa émergea des escaliers et de leur pénombre, calme, mais affichant une expression douloureuse sur son visage. Tout en passant derrière le comptoir pour prendre des médicaments avec sa clé, je constatai bien qu’elle n’était pas dans un état normal et ses révélations m’en livrèrent la raison.
Cet homme était son Shinji, ce sorcier qu’elle avait vu mourir. Ainsi se trouvaient être les révélations du jeune homme. Elle doutait tout autant que moi du retour parmi les vivants d’une personne passée à trépas. Je restai de marbre tout en l’écoutant me livrer les informations qu’elle avait reçu de sa part et le doute venait à mon esprit comme au sien. Rien ne garantissait qu’il était bien qui il disait être et mon esprit retord n’allait pas m’aider à lui faire confiance. J’avais usé tant et tant de fois de la crédulité d’une personne pour m’approcher de ma cible afin de mieux la tuer que je ne pourrais en tenir le compte. Toutefois je ne voyais pas bien en quoi parler d’une dérogation pouvait l’aider davantage et s’il lui avait voulu du mal, il aurait pu lui en faire sur le champ.
Riku ▬ Nous nous doutions bien qu’un jour ou l’autre ils viendraient à te retrouver Alyssa-san. Toutefois, nous nous sommes préparés à cela et ne devons pas le redouter maintenant que ce jour est venu. C’est pour cette raison que Yukito-san va arriver et qu’Hermansson-sama a accepté de te placer sous la protection des chevaliers.J’essayai de me montrer le plus rassurant possible envers la jeune fille. Il ne fallait pas qu’elle sombre dans le désespoir. J’avais par ailleurs réussi à faire en sorte que notre chef accepte qu’elle entre dans la formation lente et elle n’avait qu’à le rencontrer pour terminer cela. Si elle pouvait ensuite demeurer certain soir dans les locaux et dortoirs à sa guise, elle n’en passerait que des nuits plus calmes.
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