Invité
Invité
Dim 7 Avr 2019 - 18:53
Obscurité. Une inspiration. Clarté. Trop brève. Une expiration. Obscurité. Un grognement. Clarté. Un soupir. Obscurité. Il fallait peut-être qu’elle dorme un peu. Reposer ses pauvres petits yeux douloureux, elle était sur la bonne voie après tout, elle sentait le voile du sommeil la transporter, lui faire une douce caresse, la réchauffer doucement… Elle sourit. Quel apaisement rassurant. Quelle douce envolée.
« Ainsi donc, il vous faut choisir l’élément dans lequel vous souhaitez vous spécialiser pour qu’on vous attribue un maître…. »
Ne pas écouter la suite était une évidence. Encore et toujours le même mantra. Lin en avait juste… ras la cacahuète comme elle le disait si bien. C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase depuis un bon moment dorénavant.
Elle ouvre les yeux, blasée, elle regarde devant elle, les yeux dans le vide. A les écouter tous, c’était simple de se trouver, comme si la magie n’était rien d’autre que le choix d’une université pour les humains. Mon dieu, elle venait de dire humain comme si elle se sentait dorénavant différente. Elle se masse les tempes, elle partirait à la fin de cette heure. Elle en avait assez entendue. Le monde magique ne lui donnait qu’une seule envie… tout abandonner.***
Lin était habitué au bonjour poli des couloirs d’université. Il était impossible de connaître tout le monde, on pouvait donc se dire bonjour au détour d’un croisement car on se souvient qu’on est dans le même groupe de travaux pratique. C’était distant mais, loin d’être froid, ni hautain. Ce n’était que les aléas de la vie. Le désolé naturel de ne pas être capable d’être amie avec tout le monde.
Le vent avait tourné.
On ne lui disait plus bonjour à la machine à café – en même temps, il n’y en avait pas ici -, on ne lui souriait pas quand on croisait son regard – c’était à peine si on le croisait son regard justement – elle était transparente.
Le temps passaient, le doux sourire de Tom n’arrivait plus à la réconforter, elle arpentait ses couloirs lourde de sa solitude dans ce monde magique. Elle avait idéalisé ce moment. Potterhead à la vie, à la mort, elle s’était attendue à trouver son trio infernal pour travailler sur ses devoirs mais, on l’évitait et elle avait cours avec des enfants de dix ans.
Ils connaissaient tous la magie, c’était leur vie, leur évidence, leur essence. Elle était là, métisse comme il disait. Elle ne connaissait pas la magie, ce n’était pas sa vie, ni son évidence, ni son essence.
Elle essayait pourtant vous savez, de s’intégrer. Elle était arrivée ici, chamboulée, surprise mais, prête à croquer la vie à pleine dent. A être Lin tout simplement.
Elle avait vite compris que ce n’était pas possible, qu’on ne lui en donnait pas l’autorisation. Elle devait juste se pointer, elle devait contrôler sa magie, elle devait, elle devait, elle devait. Encore et encore. Toujours et toujours. Son ressentis ? On s’en fichait. « Vous devez apprendre à contrôler la magie – même infime – que vous possédez. », « vous devez trouver votre élément, Mademoiselle Juhel ». Elle n’était pas Lin, elle était « et toi là-bas », « et l’autre », « mademoiselle », « Juhel ! Oui, vous Juhel ».
Enfin, ça c’était quand on lui parlait.
D’un froncement de sourcil, elle essaye tant bien que mal d’effacer ses sombres pensées de son esprit. Cela ne lui ressemblait pas. Elle ouvre la porte de la bibliothèque, son échec est cuisant également. Aucune magie ne pointe le bout de son nez. Tom avait-il vraiment bien ressentis ? N’avait-il pas fait une erreur ?
Elle déambule dans les rayons, se prend une pile de documentation nécessaire pour qu’elle s’y retrouve un minimum. La bibliothécaire n’était pas méchante en plus, elle lui souriait un minimum du coin des lèvres et ça lui m’était beaucoup de baume au cœur.***
Dans un silence beaucoup trop calme pour la jeune femme, elle se gare dans sa cour vide. Elle ferme sa portière, avance sur son perron, ouvre les portes, se retient de crier un petit « salut ». Elle savait qu’elle n’aurait aucune réponse… Alyssa n’était plus là. Elle était seule. Elle était seule même chez elle.
Elle allume ses petites lumières, trottine jusqu’à sa chambre, pose ses livres sur son bureau à côté de son code civil dorénavant poussiéreux. Elle essaye de ne pas trop le regarder pour ne pas finir par le regretter et se dirige vers la cuisine pour se faire couler un bon café.***
Un ronron et au dodo. Elle se dorlote, s’enroule comme un nem dans sa couette, elle laisse juste son petit nez ressortir pour respirer en paix et ferme les yeux doucement pour trouver le sommeil.
….
Mais, non, mais, pas maintenant, il n’y avait aucune raison… Il fallait se ressaisir. Mais non ! Mince ! Trop tard.
Une larme coule, puis deux, puis trois… c’est incontrôlable. Elle aimerait pourtant, ne pas pleurer, ne pas se sentir, ne pas se sentir seule. Cela ne lui ressemble pas et pourtant, elle pleure car elle l’est.
Elle est seule, elle est triste, elle ne le supporte plus.
Elle sanglote, renifle, se retenir deviens impossible, surhumain. Dans un petit couinement, elle lâche les vannes. Elle renifle bruyamment, elle sanglote dans des petits cris.
Tel un petit chiot sans défense, notre joyeuse et adorable Lin pleure. Elle se redresse pour essuyer ses larmes mais, ça ne se calme pas. Elle cri. Instinctivement. Personne ne va être réveillé, alors elle le fait, elle pleure, elle cri, elle respire, elle avait envie d’être aidé, d’être apaisée, d’être câlinée, que quelqu’un lui vienne en aide…
Pourquoi n’y arrivait-elle pas ? Elle essaye, elle parle à voix haute. Formule à voix haute ses pensées. Elle cri qu’elle fait de son mieux, qu’elle essaye de comprendre, de réussir mais, qu’elle échoue, encore, encore et encore. Mais, elle s’investit bordel ! Elle essaye de s’y faire à ce monde de fou ! Non ! C’était tous des fous ! Des fous, rien que des fous ! Des malades mentaux ! Elle en voulait plus ! Elle voulait plus y retourner ! Non elle n’était pas « toi », « oh », « l’autre ». C’était Lin bordel ! Lindiya Juhel !
Elle appelle à l’aide, maman, papa, grande sœur, petite sœur, Alyssa, Thomas, Metuselah, Lucy… mais personne ne viens. Elle cri à en perdre la voix dans sa chambre. Comme si par magie, comme si avec cette foutu magie de merde ils allaient arriver !
Elle renifle, sanglote. La crise de larme passe. Elle se lève pour retourner dans la cuisine se préparer un café. La fumé vole, le reste de ses larmes coule doucement. Elle met du lait dans son café, prend un châle et sort pied nue dans le jardin, elle laisse l’herbe lui chatouiller la plante des pieds, s’assoie par terre, s’allonge, boit son café d’une traite et regarde les étoiles au-dessus d’elle.
Elle n’avait jamais aimé être seule. Elle se sentait vide, abandonner, mise de côté… Elle n’avait pas l’impression de vivre, d’exister, de compter. Elle prend dans sa poche son téléphone pour mettre une musique et chanter, larme aux yeux, yeux au ciel, étoile dans les yeux. Elle se perd dans sa contemplation, dans ses émotions beaucoup trop forte pour son petit cœur fragile et elle s’endort.
Elle s’endort torturée.
Elle relève les yeux, il fait froid. Elle a froid. Elle claque des dents, se relève difficilement, pour courir à l’intérieur. Elle se déshabille les lèvres bleues, le cœur noir, pour courir sous sa douche et se réchauffer.
Elle laisse l’eau chaude couler sur ses cheveux, sa colonne vertébrale, sa peau rougis, elle sourit.
« Bébé serre moi fort… pourquoi c’est maintenant que j’ai besoin de douceur » chante-t-elle vidée « bébé serre moi fort… bébé serre moi fort… »
Elle sort de sa douche, met un pyjama tout doux, se recouche dans son lit.
Un ronron et… dodo.***
Allongée dans son lit, Lin ne se pointe plus à l’école. Elle lit tout ce qui lui tombe sous la main, l’histoire des sorciers, l’étude de société des sorciers, les différents éléments qui existent. Elle décide de s’en sortir par elle-même, elle ne veut plus mettre les pieds dans cet endroit sombre. Elle ouvre son chez elle, même quand les températures tombent dans le négatif, pour aérer l’espace et son esprit par la même occasion.
Le bout de son petit nez est rouge et froid, ses mains se réchauffent peu, elle ferme les portes quand elle sent que l’air est bon et son âme reposée.
Ainsi elle découvre, toutes les formes de magie qui existent. Elle prend des notes dans son carnet, boit son café entre deux pages, elle ne dort plus beaucoup, elle dévore, s’instruit, bien décidée à remonter la pente.
L’échec ne rime pas avec Lindiya.
Elle ne demande pas à être la meilleure sorcière du monde, elle souhaite juste apprendre et grandir chaque jour, devenir la meilleure version d’elle-même chaque jour qui passe. Elle ne mange plus beaucoup, elle a perdu l’appétit. Elle va au travail, ça lui change les idées, et elle rentre, se fait des cafés et retourne lire à son bureau.
Studieuse, elle établit une liste des éléments et des maîtres répertoriés dans les différents domaines. Elle savait déjà que Tom était spécialisé dans l’élément eau et soin. Administrer des soins ça devait être super chouette, elle devrait aller lui demander conseil à l’occasion.
Le monde de la magie était tellement divers et varié que tout pouvait être attirant. Curieuse et avide de connaissance, Lin était incapable de se décider même après toutes ses recherches… Ordonnée comme la juriste en pause qu’elle était, elle se décide à faire une liste de l’affinité la plus improbable, à la plus ordinaire et abordable – à ses petits yeux d’ancienne humaine.
Une fois la liste établie, elle retourne à la bibliothèque de l’école, toujours aussi transparante qu’ordinaire dans ce lieu, elle passe sans un bonjour, un merci, ni un au revoir, cela lui va très bien, elle est en colère contre leur injustice. Ce n’était pas elle qui les avaient brûlés à Salem – et ouais, elle avait vraiment lu l’histoire des sorcières !
Elle comptait bien ne pas se laisser faire, encore moins par des enfants de dix ans qui lui devait le respect au demeurant. Elle repart, livre sous le bras, talons claquant, tenue dépareillée, cheveux en bataille, cernes sous les yeux mais, un regard déterminé.
Elle allait la monter cette pente !***
Elle ne savait pas trop ce qu’elle faisait là, mû par son objectif de conquérir le monde magique à pleine main, elle s’était établi un calendrier pour se découvrir. Elle était donc là, bien décidée à suivre son protocole à la lettre.
Talon claquant, démarche assurée, Lin avançait décidée dans les couloirs de l’établissement. C’était une entreprise folle qu’elle avait en tête, elle le savait très bien. Etais-ce également la meilleure manière de s’y prendre ? Elle n’en avait aucune idée. Elle avait seulement conscience que son désarroi qui empirait de jour en jour.
Lin sentait qu’elle perdait peu à peu cette étincelle de vie qui faisait de Lin ce qu’elle était : Lin.
Cette idée était intolérable. Elle avait une ligne directrice dorénavant, un objectif qui lui permettrait de se lever le matin, de se maquiller en chantant à son micro – à savoir son mascara – de marcher, talons claquant, fière, droite et déterminée. C’était fou mais, l’idée réussissait à la faire sourire.
En soit, la mort n’avait jamais été un problème pour la jeune femme. Enterrer du monde, elle l’avait fait. Elle savait très bien dire au revoir, accepter et avancer. Elle ne savait pas grand-chose de la nécromancie sorcière. C’était une magie rare et taboue même dans les livres d’écoles.
Les sorciers avaient la fâcheuse tendance à laisser sous silence tous les sujets qui les dérangeaient. C’était… vraiment courant.
A cette idée même qui effleurait l’esprit de la jeune femme, un sourire mauvais naquit sur ses douces petites lèvres. Elle était en colère, il ne fallait pas le nier sinon qui aurait pu justifier qu’elle frappe à la porte d’une morgue sans sourciller.
Si on ne l’acceptait pas, autant en donner une justification valable.
Greed, la force, était une justification valable et c’était bien lui qu’elle cherchait alors qu’elle ouvrait les portes de la chambre frigorifique.
« Bonjour… ? »
Il n’y avait personne. Ce qui n’était pas vraiment surprenant pour une morgue, à part faire la connaissance des morts on ne pouvait pas vraiment rencontrer l’amour de sa vie ici, c’était certain. Subitement, plus intimidée, Lin marchait lentement, à pas de petite sourire en regardant autours d’elle. Si elle ouvrait l’un de ses placards, découvrirait-elle un corps allongé sur une surface plane ?
Elle posa doucement ses mains sur les surfaces en acier en respirant doucement. Etait-elle prédestinée à la nécromancie ? Elle ne le pensait pas mais, il fallait bien commencer par quelqu’un et quoi de mieux qu’une personne crains et évitait des sorciers pour bien débuter.
« Il y a-t-il quelqu’un ici ? Autre que des morts bien-sûr. »
Greed#100644#100644#100644#100644#100644#100644#100644
Sorcier - Enclaviste de la Puissance
Race : Sorcier sang-pur
Couleur : #00ccff
Avatar : Human Sans - Humantale (undertale)
Date d'inscription : 13/02/2019
Nombre de messages : 20
Emploi/loisirs : Médecin légiste
Yens : 40
Couleur : #00ccff
Avatar : Human Sans - Humantale (undertale)
Date d'inscription : 13/02/2019
Nombre de messages : 20
Emploi/loisirs : Médecin légiste
Yens : 40
Dim 26 Mai 2019 - 0:55
En route vers le crématorium
Feat Lin ~
« Un, deux, trois, brisons-lui les doigts… »
Un craquement retentit dans l’immense salle vide. Comme à l’accoutumée, ma morgue est plongée dans le silence, et seul l’écho de ma voix et des bruits étranges raisonnent comme une tendre mélodie macabre. La plupart proviennent du cadavre que je dissèque avec minutie, comme un horloger démontant pièce par pièce une montre suisse, je décortique organe par organe le macchabé allongé sur la table devant moi. J’arbore un rictus machiavélique tandis que des larmes roulent sur mes joues, je les sent couler jusqu’au coin de mes lèvres sèches, elles et leur goût salées et… humides. Ce corps ? Nulle inquiétude, je n’en suis pas à l’origine. Son âme ? J’en suis désormais l’heureux propriétaire.
J’aime les briser, les détruire, les anéantir, les humilier, les voir s’effondrer du haut de toute leur prétendue supériorité !
Pardon, je m’emballe, restons calmes voulez-vous ? Il ne sert a rien de s’exciter, après tout, tu es mort, n’est-ce pas ?
Sur mon visage, le rictus se déforme en sourire, et le sourire en éclats de rire malsains et sonores. Les larmes quant à elles s’intensifient, baignant mes joues d’une froideur suave et jouissante.
« Greed ai pitié », « Cesse de le tourmenter », « Arrête je t’en supplie… », « PITIE ! »
Nulle voix ne m’atteint, pas tant qu’enfin j’aurai leur silence. Ce qui ne tarde pas à se produire, progressivement, lentement, surement, inexorablement, jusqu’à ne laisser tinter doucement dans mon crâne que des pleurs de tristesse. De la pure désespérance, au goût si doux et délectable, le parfum enivrant d’un humain qui voit son propre corps se faire décimer, déchiqueter, déchirer, bafouer, violer, trancher, détruire. Quel doux son à mes oreilles…
Après plus d’une heure de cisèlement précis et méthodique, je recolle chaque organes prélevés, prenant soin de masquer toute exaction aux yeux des autres légistes, replaçant parfaitement chaque organe avec une précision chirurgicale. Le corps ainsi refermé, je le soulève grâce à mes membres invisibles et le dépose sur un chariot à roulette, puis le pousse lentement vers les tiroir frigorifiques qui recouvrent tout un pan du mur.
Ouvrant sans le toucher le tiroir, je transvase une fois de plus la dépouille et reste là, figé à ses pieds, le regardant avec un dédain sans nom.
« Admirez, mes amis, l’oeuvre de la vie réduite à une carcasse de chair froide ! Pathétique, n’est-ce-pas ? Et pourtant si beau… »
Un silence s’en suit, durant lequel je fixe mon travail avec fierté et dégout. Portant un doigt sur ma tempe gauche, j’extrait de mon être l’âme du nouveau défunt. Tremblant au creux de ma main, je l’observe avec fascination.
« Je ne m’en lasserai jamais… et toi non plus désormais. Admire ce qu’il reste de toi, magnifique n’est-ce pas ? » Un silence. « Tu sais quoi ? Je t’aime bien ! Allé cadeau ! »
D’un geste volontairement nonchalant, je pose la frêle forme fantomatique sur le torse de ce qui fut son corps vivant. Avec un sourire carnassier, je pousse lentement la froide surface d’acier vers les ténèbres étroits de son compartiment.
« Tu sais... Je hais les suicidaires… Si cupide, si… égoïste… Vous ne pensez qu’à vous… Alors reste seul avec toi même, au sens propre du terme j’entend, héhé… »
La porte grince à mesure que je la referme, les pleurs s’intensifies dans l’étroit casier, et juste avant qu’elle ne soit close je lui adresse mes dernières salutations avec un petit rire volontairement malsain.
« Bienvenu en enfer… héhé… »
…
Assis à mon bureau, les crampes commencent à me monter aux joues, toujours déformées par le rictus qui ne les a pas quitté depuis presque une heure, tandis que je rédige mon rapport d’autopsie. La douleur prend doucement la relève, me forçant à interrompre ma réflexion et masser doucement mes zygomatiques. Seule la lumière blafarde de mon pupitre éclaire le metal froid sur lequel ne trône qu’un papier griffonné et un stylo.
Pas une visite de la journée, une fois de plus, ce qui n’a rien d’étonnant. Les visiteurs se font plus rares que les « patients », et mes chers collègues détestés ne se pressent pas à ma porte. Grand bien leur prend, leurs visages pathétiques m’insupportent, eux et leurs diplômes, leurs connaissances, leurs certitudes et leurs incommensurable égo.
Un jour, l’un après l’autre, ils passeront sur mon billard, et ils sauront, et ils tomberont dans un abime sans fond, et… et… Hé… Héhé…
La porte d’entrée de la morgue s’ouvre, et la surprise me sort de mes pensées.
« Quelqu’un ! » « La lumière, vite ! »
Pas sûr si c’est ma propre voix dans ma tête, mais l’idée est bonne. L’ampoule s’éteint dans un battement de cil alors qu’une petite tête brune passe la porte de mon domaine. Tapis dans l’ombre, j’observe la nouvelle venue d’un oeil méfiant. Qui est-elle, et que diable vient-elle faire ici ? A première vue, elle semble presque pas assez vieille pour être adulte, et elle porte pas la blouse des internes. Elle fait pas parti du service et elle vient sans hésitation dans une morgue ? L’improbabilité de la chose m’arrache un sourire alors qu’elle salut les ténèbres à la recherche d’une réponse.
Moi, ce que je vois, c’est une âme toute fraiche venue directement se faire dévorer dans la toile de mes ‘mains’. A mesure qu’elle s’avance, hésitante tout à coup, mes membres se massent autour d’elle, formant un filet s’enserrant doucement vers sa belle carnation. Plus mes doigts invisibles s’approchent d’elle, silencieusement, insidieusement, et plus l’excitation monte en moi. La tension qu’elle dégage est palpable, et délicieuse à la fois !
Pris d’un léger excès de folie, une mélodie me monte à l’esprit, souvenir d’un de mes captifs, et des paroles toutes trouvées qui germent en même temps. Alors je fredonne à demi-mot, inaudible, ma charmante comptine.
« Mon petit moucheron… Pourquoi es-tu grognon ? Dans ma toile emprisonné, tu… vas te faire… manger… »
Les yeux écarquillés, un filet de salive bavant presque au coin de mes lèvres, un de mes doigts invisibles la frôle. C’est l’électrochoc qui me ramène à la raison, et tels des serpents vifs et furieux, mes membres s’écartent d’elle pour revenir disparaitre en moi. Une sorcière ?! Non, c’est improbable, l’énergie qu’elle dégage est trop faible, trop volatile, fugace, incomplète, imparfaite. Imparfaite… Une… Une… bâtarde…?
Le blanc de notre oeil gauche vire au noir Onyx en une fraction de seconde, tandis que nos pupilles s’embrasent. Les veines poussent sur notre front et le sang bat à tout rompre sur nos tempes. Nos poings se serrent si fort que nos phalanges en craquent douloureusement. Une bâtarde… Une bâtarde !?!?!
Il n’y a pas pire déshonneur pour un sorcier que de fréquenter les misérables humains, alors le simple fait qu’il puisse y avoir une engeance issue d’un tel blasphème nous écœure au plus haut point ! Nous avons la nausée, nous avons la rage, nous haïssons cette erreur de la nature !
Sans y prêter attention, nous déversons accidentellement notre magie dans la pièce, l’emplissant d’une aura phénoménale et terrifiante, écrasante, d’une odeur de mort et d’un goût de charogne.
Elle avait déjà sursauté lorsque nous l’avions frôlée, elle ne se savait pas seule, mais ignorait encore notre présence. Accrochant mes membres aux quatre coins de la pièce, nous nous hissons en silence tout contre le plafond, à 4 mètres de hauteur dans la pénombre, et rampons au-dessus d’elle. Elle semble stressée. Pas rassurée en tous cas, elle balaye la salle des yeux dans tous les sens, nous cherchant sans doute.
Nous pourrions la détruire, la faire disparaitre sans un mot, sans un bruit, comme évaporée, mais le secret nous guette et nous n’avons clairement pas envie de décevoir Tom-senpai. Serrant les dents, nous décidons de retarder notre jugement sur l’importune nouvelle venue.
Nous descendons de nos hauteurs sans un bruit, nous glissant tête à l’envers dans son dos, portant notre bouche proche de son oreille pour répondre à sa question précédente.
« Seule la mort règne ici. »
Elle sursaute de peur -ou de surprise, difficile à dire- tout en se retournant, mais nous avons déjà disparu. Vif et agile comme une vipère nimbée de ténèbres, nous sommes retournés dos au plafond et rampons de nouveau jusque dans son dos. Nul besoin de se cacher encore, il est temps de nous montrer.
Tandis qu’elle tourne lentement la tête vers nous, nous sommes debout, à l’envers, comme si ciel et terre se furent inversés. Nos cheveux blancs comme la neige pendant dans le vide tel un voile soyeux, nos yeux bleus comme la glace la transperçant comme une flèche de givre, sans sourciller ni clore nos paupières. La vision de cette femme nous frustre autant qu’elle nous attrait, et dans un mouvement désordonné nous penchons la nuque sur la droite pour la voir de travers, faisant raisonner le craquement de nos cervicales.
Lentement, notre corps fait volte-face pour suivre la gravité, et nos pieds se posent à terre. Nous restons là, immobile, silencieux, posant un regard lourd sur la jeune femme. Et soudain, sans crier gare, nous nous ruons sur elle. Ligotée, enserrée, étreinte, nous la saisissons à plein mains sans pourtant la toucher. De son point de vue, il doit lui sembler que l’air s’est solidifié autours d’elle et la compresse sans effort, de manière brute et désagréable.
Nous la plaquons contre le mur d’acier froid, et approchons notre visage du sien.
« Toi… Qui es-tu ? Nous… Je.. Nous ne te connaissons pas. »
Comme si nous agissions au ralenti, la môme figée contre son grès, nous approchons plus encore de son cou si délicat pour humer son doux parfum, léger et envoutant. Puis nous pressons notre front contre le sien, nos yeux néons embrasés plongés dans ses yeux turquoise.
« Bâtarde… C’est ce que tu es, pas vrai ? Nous pourrions te faire disparaitre… Je devrais te faire disparaitre ! »
Et nous reculons d’un bond, lâchant la gamine qui s’effondre presque pour reprendre son souffle tant nous l’étreignons avec passion.
« Mais je ne le ferai pas ! Pourquoi m’as tu dit ?! Pourquoi ?! »
Nous croisons les jambes dans un mouvement théâtral, assis en tailleur à un mètre du sol, confortablement installé dans la paume de nos mains invisibles, les bras eux aussi croisé sur notre torse et un sourire provocateur ombrageant notre visage.
« Parce que j’ai une promesse à tenir… Ne jamais nuire à un sorcier. Mais tu ne l’es pas vraiment, n’est-ce pas ? Je me demande… peut-être… T’abimer un peu ? Non… Irina me pardonnerai pas, Tom-senpai non plus… T’as de la chance, tu sais ? »
Finalement Je reprend le dessus sur mon manque de contrôle et retrouve un esprit plus ou moins calme. Toutefois je ne suis pas disposé à rester en présence de cette erreur de la nature plus longtemps, alors à défaut de la faire disparaitre je décide d’en finir au plus vite.
Toujours assis en lévitation, je me débarrasse de ma blouse blanche et la laisse mollement retomber à terre, découvrant mes deux bras nus laissés visibles par mon teeshirt blanc à manche courte.
Je tend alors mon bras droit, horizontal au sol, face ventrale tournée vers l’intrus. Sur cette face, les chiffre du sablier de ma vie découlent lentement, seconde par seconde. On peut y lire "6’ - 09:27:13 », et le temps diminue encore et toujours. Dans un élan de lucidité, je décide pour une fois de rester mesuré, et de laisser une chance à la mioche de s’expliquer.
« Soyons clairs, le monde se porterait mieux si tu n’existais pas. JE me porterais mieux si tu n’existais pas. J’ai meurs d’envie de t’écraser… Mais par pur respect pour le peu de sang de sorcier qui coule dans tes veines je t’accorde une minute de ma vie. Une minute pour me convaincre de ne pas te dévorer. »
Mon visage se ferme dans un sérieux profond, palpable, menaçant.
« Chaque seconde m’est précieuse, ne les gâches pas. Parles. »
Un craquement retentit dans l’immense salle vide. Comme à l’accoutumée, ma morgue est plongée dans le silence, et seul l’écho de ma voix et des bruits étranges raisonnent comme une tendre mélodie macabre. La plupart proviennent du cadavre que je dissèque avec minutie, comme un horloger démontant pièce par pièce une montre suisse, je décortique organe par organe le macchabé allongé sur la table devant moi. J’arbore un rictus machiavélique tandis que des larmes roulent sur mes joues, je les sent couler jusqu’au coin de mes lèvres sèches, elles et leur goût salées et… humides. Ce corps ? Nulle inquiétude, je n’en suis pas à l’origine. Son âme ? J’en suis désormais l’heureux propriétaire.
J’aime les briser, les détruire, les anéantir, les humilier, les voir s’effondrer du haut de toute leur prétendue supériorité !
Pardon, je m’emballe, restons calmes voulez-vous ? Il ne sert a rien de s’exciter, après tout, tu es mort, n’est-ce pas ?
Sur mon visage, le rictus se déforme en sourire, et le sourire en éclats de rire malsains et sonores. Les larmes quant à elles s’intensifient, baignant mes joues d’une froideur suave et jouissante.
« Greed ai pitié », « Cesse de le tourmenter », « Arrête je t’en supplie… », « PITIE ! »
Nulle voix ne m’atteint, pas tant qu’enfin j’aurai leur silence. Ce qui ne tarde pas à se produire, progressivement, lentement, surement, inexorablement, jusqu’à ne laisser tinter doucement dans mon crâne que des pleurs de tristesse. De la pure désespérance, au goût si doux et délectable, le parfum enivrant d’un humain qui voit son propre corps se faire décimer, déchiqueter, déchirer, bafouer, violer, trancher, détruire. Quel doux son à mes oreilles…
Après plus d’une heure de cisèlement précis et méthodique, je recolle chaque organes prélevés, prenant soin de masquer toute exaction aux yeux des autres légistes, replaçant parfaitement chaque organe avec une précision chirurgicale. Le corps ainsi refermé, je le soulève grâce à mes membres invisibles et le dépose sur un chariot à roulette, puis le pousse lentement vers les tiroir frigorifiques qui recouvrent tout un pan du mur.
Ouvrant sans le toucher le tiroir, je transvase une fois de plus la dépouille et reste là, figé à ses pieds, le regardant avec un dédain sans nom.
« Admirez, mes amis, l’oeuvre de la vie réduite à une carcasse de chair froide ! Pathétique, n’est-ce-pas ? Et pourtant si beau… »
Un silence s’en suit, durant lequel je fixe mon travail avec fierté et dégout. Portant un doigt sur ma tempe gauche, j’extrait de mon être l’âme du nouveau défunt. Tremblant au creux de ma main, je l’observe avec fascination.
« Je ne m’en lasserai jamais… et toi non plus désormais. Admire ce qu’il reste de toi, magnifique n’est-ce pas ? » Un silence. « Tu sais quoi ? Je t’aime bien ! Allé cadeau ! »
D’un geste volontairement nonchalant, je pose la frêle forme fantomatique sur le torse de ce qui fut son corps vivant. Avec un sourire carnassier, je pousse lentement la froide surface d’acier vers les ténèbres étroits de son compartiment.
« Tu sais... Je hais les suicidaires… Si cupide, si… égoïste… Vous ne pensez qu’à vous… Alors reste seul avec toi même, au sens propre du terme j’entend, héhé… »
La porte grince à mesure que je la referme, les pleurs s’intensifies dans l’étroit casier, et juste avant qu’elle ne soit close je lui adresse mes dernières salutations avec un petit rire volontairement malsain.
« Bienvenu en enfer… héhé… »
…
Assis à mon bureau, les crampes commencent à me monter aux joues, toujours déformées par le rictus qui ne les a pas quitté depuis presque une heure, tandis que je rédige mon rapport d’autopsie. La douleur prend doucement la relève, me forçant à interrompre ma réflexion et masser doucement mes zygomatiques. Seule la lumière blafarde de mon pupitre éclaire le metal froid sur lequel ne trône qu’un papier griffonné et un stylo.
Pas une visite de la journée, une fois de plus, ce qui n’a rien d’étonnant. Les visiteurs se font plus rares que les « patients », et mes chers collègues détestés ne se pressent pas à ma porte. Grand bien leur prend, leurs visages pathétiques m’insupportent, eux et leurs diplômes, leurs connaissances, leurs certitudes et leurs incommensurable égo.
Un jour, l’un après l’autre, ils passeront sur mon billard, et ils sauront, et ils tomberont dans un abime sans fond, et… et… Hé… Héhé…
La porte d’entrée de la morgue s’ouvre, et la surprise me sort de mes pensées.
« Quelqu’un ! » « La lumière, vite ! »
Pas sûr si c’est ma propre voix dans ma tête, mais l’idée est bonne. L’ampoule s’éteint dans un battement de cil alors qu’une petite tête brune passe la porte de mon domaine. Tapis dans l’ombre, j’observe la nouvelle venue d’un oeil méfiant. Qui est-elle, et que diable vient-elle faire ici ? A première vue, elle semble presque pas assez vieille pour être adulte, et elle porte pas la blouse des internes. Elle fait pas parti du service et elle vient sans hésitation dans une morgue ? L’improbabilité de la chose m’arrache un sourire alors qu’elle salut les ténèbres à la recherche d’une réponse.
Moi, ce que je vois, c’est une âme toute fraiche venue directement se faire dévorer dans la toile de mes ‘mains’. A mesure qu’elle s’avance, hésitante tout à coup, mes membres se massent autour d’elle, formant un filet s’enserrant doucement vers sa belle carnation. Plus mes doigts invisibles s’approchent d’elle, silencieusement, insidieusement, et plus l’excitation monte en moi. La tension qu’elle dégage est palpable, et délicieuse à la fois !
Pris d’un léger excès de folie, une mélodie me monte à l’esprit, souvenir d’un de mes captifs, et des paroles toutes trouvées qui germent en même temps. Alors je fredonne à demi-mot, inaudible, ma charmante comptine.
« Mon petit moucheron… Pourquoi es-tu grognon ? Dans ma toile emprisonné, tu… vas te faire… manger… »
Les yeux écarquillés, un filet de salive bavant presque au coin de mes lèvres, un de mes doigts invisibles la frôle. C’est l’électrochoc qui me ramène à la raison, et tels des serpents vifs et furieux, mes membres s’écartent d’elle pour revenir disparaitre en moi. Une sorcière ?! Non, c’est improbable, l’énergie qu’elle dégage est trop faible, trop volatile, fugace, incomplète, imparfaite. Imparfaite… Une… Une… bâtarde…?
Le blanc de notre oeil gauche vire au noir Onyx en une fraction de seconde, tandis que nos pupilles s’embrasent. Les veines poussent sur notre front et le sang bat à tout rompre sur nos tempes. Nos poings se serrent si fort que nos phalanges en craquent douloureusement. Une bâtarde… Une bâtarde !?!?!
Il n’y a pas pire déshonneur pour un sorcier que de fréquenter les misérables humains, alors le simple fait qu’il puisse y avoir une engeance issue d’un tel blasphème nous écœure au plus haut point ! Nous avons la nausée, nous avons la rage, nous haïssons cette erreur de la nature !
Sans y prêter attention, nous déversons accidentellement notre magie dans la pièce, l’emplissant d’une aura phénoménale et terrifiante, écrasante, d’une odeur de mort et d’un goût de charogne.
Elle avait déjà sursauté lorsque nous l’avions frôlée, elle ne se savait pas seule, mais ignorait encore notre présence. Accrochant mes membres aux quatre coins de la pièce, nous nous hissons en silence tout contre le plafond, à 4 mètres de hauteur dans la pénombre, et rampons au-dessus d’elle. Elle semble stressée. Pas rassurée en tous cas, elle balaye la salle des yeux dans tous les sens, nous cherchant sans doute.
Nous pourrions la détruire, la faire disparaitre sans un mot, sans un bruit, comme évaporée, mais le secret nous guette et nous n’avons clairement pas envie de décevoir Tom-senpai. Serrant les dents, nous décidons de retarder notre jugement sur l’importune nouvelle venue.
Nous descendons de nos hauteurs sans un bruit, nous glissant tête à l’envers dans son dos, portant notre bouche proche de son oreille pour répondre à sa question précédente.
« Seule la mort règne ici. »
Elle sursaute de peur -ou de surprise, difficile à dire- tout en se retournant, mais nous avons déjà disparu. Vif et agile comme une vipère nimbée de ténèbres, nous sommes retournés dos au plafond et rampons de nouveau jusque dans son dos. Nul besoin de se cacher encore, il est temps de nous montrer.
Tandis qu’elle tourne lentement la tête vers nous, nous sommes debout, à l’envers, comme si ciel et terre se furent inversés. Nos cheveux blancs comme la neige pendant dans le vide tel un voile soyeux, nos yeux bleus comme la glace la transperçant comme une flèche de givre, sans sourciller ni clore nos paupières. La vision de cette femme nous frustre autant qu’elle nous attrait, et dans un mouvement désordonné nous penchons la nuque sur la droite pour la voir de travers, faisant raisonner le craquement de nos cervicales.
Lentement, notre corps fait volte-face pour suivre la gravité, et nos pieds se posent à terre. Nous restons là, immobile, silencieux, posant un regard lourd sur la jeune femme. Et soudain, sans crier gare, nous nous ruons sur elle. Ligotée, enserrée, étreinte, nous la saisissons à plein mains sans pourtant la toucher. De son point de vue, il doit lui sembler que l’air s’est solidifié autours d’elle et la compresse sans effort, de manière brute et désagréable.
Nous la plaquons contre le mur d’acier froid, et approchons notre visage du sien.
« Toi… Qui es-tu ? Nous… Je.. Nous ne te connaissons pas. »
Comme si nous agissions au ralenti, la môme figée contre son grès, nous approchons plus encore de son cou si délicat pour humer son doux parfum, léger et envoutant. Puis nous pressons notre front contre le sien, nos yeux néons embrasés plongés dans ses yeux turquoise.
« Bâtarde… C’est ce que tu es, pas vrai ? Nous pourrions te faire disparaitre… Je devrais te faire disparaitre ! »
Et nous reculons d’un bond, lâchant la gamine qui s’effondre presque pour reprendre son souffle tant nous l’étreignons avec passion.
« Mais je ne le ferai pas ! Pourquoi m’as tu dit ?! Pourquoi ?! »
Nous croisons les jambes dans un mouvement théâtral, assis en tailleur à un mètre du sol, confortablement installé dans la paume de nos mains invisibles, les bras eux aussi croisé sur notre torse et un sourire provocateur ombrageant notre visage.
« Parce que j’ai une promesse à tenir… Ne jamais nuire à un sorcier. Mais tu ne l’es pas vraiment, n’est-ce pas ? Je me demande… peut-être… T’abimer un peu ? Non… Irina me pardonnerai pas, Tom-senpai non plus… T’as de la chance, tu sais ? »
Finalement Je reprend le dessus sur mon manque de contrôle et retrouve un esprit plus ou moins calme. Toutefois je ne suis pas disposé à rester en présence de cette erreur de la nature plus longtemps, alors à défaut de la faire disparaitre je décide d’en finir au plus vite.
Toujours assis en lévitation, je me débarrasse de ma blouse blanche et la laisse mollement retomber à terre, découvrant mes deux bras nus laissés visibles par mon teeshirt blanc à manche courte.
Je tend alors mon bras droit, horizontal au sol, face ventrale tournée vers l’intrus. Sur cette face, les chiffre du sablier de ma vie découlent lentement, seconde par seconde. On peut y lire "6’ - 09:27:13 », et le temps diminue encore et toujours. Dans un élan de lucidité, je décide pour une fois de rester mesuré, et de laisser une chance à la mioche de s’expliquer.
« Soyons clairs, le monde se porterait mieux si tu n’existais pas. JE me porterais mieux si tu n’existais pas. J’ai meurs d’envie de t’écraser… Mais par pur respect pour le peu de sang de sorcier qui coule dans tes veines je t’accorde une minute de ma vie. Une minute pour me convaincre de ne pas te dévorer. »
Mon visage se ferme dans un sérieux profond, palpable, menaçant.
« Chaque seconde m’est précieuse, ne les gâches pas. Parles. »
Tic, Tac, Tic... Tac ?
© Etilya sur DK RPG
Invité
Invité
Dim 22 Sep 2019 - 15:34
La porte qui ferme dans un petit claquement, un petit sursaut de surprise. Le besoin de marcher sur la pointe des pieds, le bruit des talons claquant détonne. Le métal qui tapisse les lieux, le silence qui règne en maître n’accorde aucun pardon. Lindiya avance, frôle les parois, frissonne sous l’effet de son imagination beaucoup trop débordante, respire lentement surprise de s’entendre. Dans ces lieux régnait la mort tyrannique et implacable. L’atmosphère te met à genoux, tu te sens acculer, gêner, de trop : tu deviens un intrus.
Ton cœur qui bat tape aux oreilles, ton souffle qui anime ton corps énerve ses corps sans mouvement, tu les tortures. N’as-tu pas honte ? En respirant, tu rigoles à côté des pleurs à un enterrement. Tu comprends, ce que tu fais de mal ? La nuit tombe sur les lieux, Lin sursaute. Elle regarde vainement autours d’elle à la recherche d’une lumière, faible et incertaine, au loin là-bas, une issu de secours beaucoup trop éloignée pour lui être d’un grand secours.
Un nouveau frisson lui parcoure le début du dos jusqu’à la pointe des racines. Elle tremble, elle suffoque, elle se sent envahis dans son espace vitale. Elle regarde autour d’elle, le noir ne trahis aucune présence en ces lieux. Pourtant, elle sent qu’on la regarde, qu’on l’observe, qu’on l’analyse, des pieds à la tête, de la tête au pied, qu’on la touche, qu’on la bouge. Elle essaye de reprendre le contrôle sur la situation pour calmer la panique qui monte en elle.
Un bruit en fond sonore, qui se répète, ne s’arrête pas, comme une voix lancinante qui au fil des mots, lui rentrent dans le cœur et dans l’âme. Restez ici devenait un calvaire, seul la détermination de Lin lui permettait de rester debout, fière, légèrement courbée sous le poids des lieux mais toujours debout.
Plus le temps passe, plus le calvaire continu, une main sur la bouche et le nez, la sorcière essaye tant bien que mal d’éloigner de ses narines cet odeur âcre de cadavre.
Sensible aux odeurs depuis son jeune âge, la jeune femme comprend très vite ce qui lui arrive aux narines. En l’espace de trente secondes, tous les corps aux alentours avaient pourris, les vers qui commençait lentement et soigneusement leurs œuvres, pris d’adrénaline, roule à 200 km/h dans la chair morte, c’est un carnage. Un carnage imaginaire et sensitif qui donne la nausée. Non, il faut qu’elle se retienne, qu’elle ne tombe pas, elle le sent, elle le sait, la puissance de l’enclave n’est pas loin.
Son cœur bat à tout rompre, il essaye de fuir cet endroit, de la convaincre d’abandonner mais, têtue et tenace, sa raison le remet à sa place. Il se débat, instinct de survie probablement, Lin tente de l’apaiser et de s’excuser en se massant la poitrine doucement. Elle frémit, elle sent un souffle sur son oreille droite.
« Seule la mort règne ici. »
Jeux malsain, c’était clair. Lin sursaute, se retourne, sur : rien. Elle tourne autour d’elle, personne. L’illusion était-elle qu’elle pourrait se croire folle ? Folle d’avoir sentie se souffle à côté de son oreille, un souffle putride, malveillant, apeurant. Folle d’avoir entendue cette voix, claquante, froide et assurée.
Lin essaye de calmer l’appréhension qui grandit en elle, une inspiration, une expiration, elle retourne calmement sa tête. Il est là. La sorcière bloque son souffle dans sa gorge, de peur de ce qui va sortir, un cri probablement. Chaque personnalité de l’enclave possédait un titre qui lui était propre et définissait son rôle dans les hautes sphères du monde magique. Greed était la puissance. D’où venait-elle ? De sa magie ou de sa folie, Lin n’en avait aucune idée.
Même si l’envie ne la manque pas, la jeune femme ne détourne pas les yeux de l’homme, pire, du sorcier fou en face d’elle.
Son regard la transperce de toute part, il n’essaye pas de la sonder, bien au contraire, il veut la faire disparaître. Habitude des sorciers, il fallait croire. Habituée voir anesthésié, Lin le lui rend. Il était à vomir, vomir de pitié, de répulsion, de tout. Il transpirait la puissance, capable qu’il était de retourner la condition humaine à sa faveur, le craquement de sa nuque ricoche dans la morgue. La jeune femme frémit. Elle ressent sa puissance qui l’écrase, elle, la métisse, perdue dans ce monde qui n’était pas le sien. Lui, confiant dans sa grotte, l’écrasait de sa puissance et de sa connaissance de son être propre.
Il descend de son plafond où il faisait l’intéressant pour l’analyser à l’endroit. Elle avait envie de croiser les bras face à cette inspection malvenue : les sorciers étaient-ils donc si ignobles ? Allait-elle devoir leur apprendre à ressembler à un semblant de quelque chose : autre qu’à un fou enfermer dans sa morgue ou dans son école de sorcellerie sordide.
Ces sorciers se rendaient-ils compte qu’ils faisaient pitié ? Pire que le dégoût, on finissait par se demander comment on pouvait en arriver là. Lin sert les poings et respire calmement pour calmer cette chaleur qui lui brûle le corps alors qu’elle le regarde et qu’il la dégoute, il la dégoute comme tout ce nouveau monde qu’elle avait envie d’envoyer voler. Il voulait lui faire peur, qu’il y aille. Il voulait la tuer ? Enfin, un peu de repos.
D’un bond, il se rue sur son pauvre corps beaucoup trop fragile, fragile devant ce regard, fragile devant cette force d’homme, fragile devant cette puissance de sorcier. Elle essaye, vainement, dans un élan d’instinct de survie de se reculer, impossible, elle sent des liens invisibles s’enrouler autour d’elle, la maintenir, la clouer sur place. Elle ne devait pas bouger, devait-elle-même respirer ? Car on l’étreignait si fort qu’il en devenait douloureux de bomber la poitrine pour reprendre son souffle. Il est là, devant elle, il la touche, elle frissonne, elle n’avait qu’une envie, qu’il s’éloigne très loin d’elle. Qu’il retourne à son plafond, il n’avait sa place que là-bas.
Son dos percute le mur derrière elle, la froideur des lieux qui l’entoure résorbe la douleur qui éclate dans sa colonne vertébrale. Elle sert les dents, avait-il besoin de cours tactile pour apprendre à contrôler ce qu’il était ? Pathétique.
« Toi… Qui es-tu ? Nous… Je… Nous ne te connaissons pas. »
Il approche, encore, c’est une blague. Lin tente de se débattre alors qu’elle sent son visage se rapprochait de son cou. En vain. Car on la maintient beaucoup trop fort, c’est à peine si elle peut remuer un doigt. Même crier est impossible. Elle sent la panique monter en elle, suivis de très près par une rage qui manque de la consumer. Elle ne voulait pas ressembler à ce qu’elle avait en face d’elle, à savoir : rien. Alors qu’il pose son front sur celui de Lin pour l’embraser de ses yeux immondes, Lin avale sa salive.
« Bâtarde… C’est ce que tu es, pas vrai ? Nous pourrions te faire disparaitre… Je devrais te faire disparaitre ! »
« Bâtarde ».
Encore et toujours ce mot : « bâtarde ».
Lin s’effondre au sol alors qu’il s’éloigne d’un bond d’elle. C’était un vrai numéro. Un semi film d’horreur jouait par un comédien bien mauvais. Elle le regarde froidement, alors qu’elle suit la démence qui prend possession de lui.
Ce calme lui permet, le temps d’un instant, de récupérer sa respiration malmené par son étreinte et par la panique qui avait commencé à poindre le bout de son nez.
« Mais je ne le ferai pas ! Pourquoi m’as-tu dit ?! Pourquoi ?! »
D’un froncement de sourcil, Lin essaye de comprendre comment sa magie se manifeste. La jeune femme pouvait se retrouver paralyser par une étreinte extérieur invisible… De plus, il l’évitait sans aucune explication logique. Un peu plus, et elle serait prête à se taper la tête par terre pour réussir à faire rentrer enfin la logique sorcière en elle.
« Parce que j’ai une promesse à tenir… Ne jamais nuire à un sorcier. Mais tu ne l’es pas vraiment, n’est-ce pas ? Je me demande… peut-être… T’abimer un peu ? Non… Irina me pardonnerai pas, Tom-senpai non plus… T’as de la chance, tu sais ? »
Promesse. Sorcier. Abimer. Bâtarde. C’était donc leur mantra à tous ? Les sorciers étaient-ils tous devenus fou pendant la chasse aux sorcières. Cette peur de l’humain était compréhensible, l’aversion également mais, cet entêtement qui respirait chez ce peuple dégoûtait la métisse qu’était devenue Lindiya.
« Tom-senpai »
Thomas. Thomas ne lui avait pas du tout parlé de tout ça, il ne l’avait pas préparé. Il ne l’avait pas préparé à ce monde fermé, fermé au point d’en devenir injuste et immorale. Ce fou qui considérait Thomas comme un supérieur ne respectait finalement, pas du tout, les visions du sorcier de l’eau. La sorcière n’était plus capable de mettre des mots justes sur ses maux. Etait-elle triste ? Etait-elle en colère ? Toutes ses émotions bouillonnées en elle, un cocktail. Elle n’aimait pas du tout le mauvais présage que ça annonçait.
« Soyons clairs, le monde se porterait mieux si tu n’existais pas. JE me porterais mieux si tu n’existais pas. J’ai meurs d’envie de t’écraser… Mais par pur respect pour le peu de sang de sorcier qui coule dans tes veines je t’accorde une minute de ma vie. Une minute pour me convaincre de ne pas te dévorer. »
Et c’était qu’il continuait à parler. Encore et encore. En devenant ermite, les sorciers étaient devenus radicaux voir hautain. Ils se permettaient le luxe de se sentir supérieur. Supérieur aux hommes – puisque c’était cette part d’elle qui le dégoûtait le plus – mais, également, des lycans, des vampires, et que sais-je encore. Le monde, ce monde que cette loque osait aborder, était constitué d’une infinité de race. Chacune plus fortes les unes que les autres dans un domaine bien spécifique, l’humain se retrouvait légèrement défavorisé et pourtant, une force inconnue et invisible, les avait conduit à survivre. Pire que tout, à dominer l’aspect « acceptable » du monde.
Se considérer maître d’une situation, d’une vie ou d’une mort représentait la pire des cupidité.
Il voulait l’écraser, puisqu’il se sentait supérieur à elle, sa puissance semblait inébranlable et la fragilité de Lin irrémédiable.
« Chaque seconde m’est précieuse, ne les gâches pas. Parles. »
Dans l’espoir d’apaiser cette chaleur ambiante qui étouffe la jeune femme, elle avance vers ce miroir que représentait Greed. Greed la puissance de l’enclave. Elle le dégoutait, il la dégoutait, elle dégoutait le monde des sorciers et des humains, lui de même. Si cela n’était pas ironique.
« Thomas ne m’avait pas prévenu. Ton Tom-senpai ne m’avait pas prévenu. »
Témoin des émotions de la jeune femme, beaucoup trop émotive, une larme coule sur sa joue. Elle pose même un regard dédaigneux sur les minutes qui s’écoule sur le bras du sorcier de la nécromancie. La jeune femme ne désire plus vraiment retenir ce qui l’empoisonne depuis un bon moment. Pourtant d’aussi loin que sa mémoire lui permettait de voir, sa mère lui avait toujours appris à contrôler ses émotions pour éviter des situations catastrophiques.
Lindiya avait toujours été une enfant emportée, elle cassait tout sur son passage, hurlait à n’en plus finir quand son cœur implosait, elle bénéficiait d’une vitalité souvent impossible à suivre.
L’âge, le temps et les conseils de la sagesse, lui avait permis de contrôler tout cela. De devenir la jeune femme enjouée qu’elle était, tout en repoussant toujours plus loin les mauvaises émotions qui pointaient le bout de leur nez. La colère, elle ne connaissait pas. La tristesse, très peu. L’aversion, rarement. La rage, jamais. Ce n’était qu’un très loin passé : oublié.
« J’étais venue trouver des réponses. »
Oui, Lin était partie à la quête de ce nouveau monde, avec cette passion qui lui était propre. Elle était arrivée avec le sourire et pleine de bonnes attentions. Peines perdues. On ne voulait pas d’elle. Il fallait juste qu’elle apprenne à se contrôler pour ne plus faire de dégât et mettre en jeu leur couverture. Un point final. Dans un moment de courage, la sorcière était venue chercher conseil auprès du seul sorcier auxquels le monde magique accordait autant d’aversion qu’à elle-même. Ironie du sort. Ils se dégoutaient mutuellement.
Et, bon sang, comme son souffle était rude, comme son cœur explosait, comme sa rage augmentait.
Elle suffoquait.
Lindiya avance vers cet homme qui n’en était finalement plus vraiment un.
« J’étais venue trouver des réponses auprès d’une personne probablement apte à répondre à la sorcière que je suis. Car c’est ce que je suis. Une bâtarde. Une métisse. Mais, surtout, une sorcière. »
Plus elle s’approche, plus la tension augmente d’un cran. L’apparence glaciale du nécromancien gèle entièrement l’espace mais, le cœur de la jeune femme était tellement enragé qu’elle transpire sans aucune honte.
Elle s’arrête devant le bras tendu du sorcier. Il la touche. Involontairement. Sa main froide contraste avec sa peau moite. Tout était ironique, tout était paradoxal.
« Mais je n’apprendrais pas de vous. Ne trouvez-vous pas ça ironique, Greed. »
Elle se penche, ses cheveux soigneusement bouclés le matin même retombant autours de son visage enragé, sur le sorcier.
« Ne trouvez-vous pas ça ironique que vous me dégoutez comme l’humaine que j’étais quand je vous regarde, que vous me dégoûtez dorénavant comme la sorcière que je suis. Ne trouvez-vous pas ça ironique que cela soit réciproque. Pire que tout, ne trouvez-vous pas cela ironique, que votre aversion pour moi – magnifique toutou du monde des sorciers – ne vous est même pas rendus par cette race que vous chérissez tant. Ne trouvez-vous pas cela ironique que vous les dégoutez tous comme je l’ai dégoûte. »
Lin partit dans un rire explosif.
« Touchez-moi, allez-y. Abimez moi. Allez-y ! Abimez donc votre propre reflet dans cette société. Allez-y ! Tuons-nous tous ! Plus besoin d’humains pour faire le sale boulot… Les sorciers, tout du moins, ce qui en reste, s’entretue à merveille. »
Elle se rapproche encore et encore, complètement aveuglée par sa rage, tout était devenue rouge à ses propres yeux, sa raison était partie faire la fête en France et le danger de la situation ne faisait qu’enflammer la métisse en quête d’elle-même.
« Au lieu de se serrer les coudes ! Tuons-nous tous ! Par qui je commence même tiens ! Allons-y ! Qui commence… »
Crache-t-elle en levant le doigt en l’air comme une enfant pour se proposer.
Greed#102206#102206#102206#102206#102206#102206#102206
Sorcier - Enclaviste de la Puissance
Race : Sorcier sang-pur
Couleur : #00ccff
Avatar : Human Sans - Humantale (undertale)
Date d'inscription : 13/02/2019
Nombre de messages : 20
Emploi/loisirs : Médecin légiste
Yens : 40
Couleur : #00ccff
Avatar : Human Sans - Humantale (undertale)
Date d'inscription : 13/02/2019
Nombre de messages : 20
Emploi/loisirs : Médecin légiste
Yens : 40
Lun 11 Nov 2019 - 21:13
En route vers le crématorium
Feat Lin ~
Mes dents sont à deux doigts de se briser lorsque je serre les mâchoires, une veine de rage poussant sur mon front. Dans les yeux de cette vermine, ce n’est que du dégoût que je vois, ce regard que je ne connais que trop bien. Tous me regardent comme ça, avec ce dédain, cet air de dépit insolent et hautain à souhait. Ce regard que je hais, que je hais, JE LE HAIS ! Je vais l’écraser, l’étaler contre terre et lui montrer ce qu’est le respect, je vais… je… Cin… Cinquante-sept, cinquante-six, cinquante-cinq, cinquan…. tic, tac, tic, tac, le compteur tourne, calmons-nous, bientôt ce sera l’heure du diner… Parle vite moucheron, le temps t’es compté, ne cesse de décompter, doucement décanté, bientôt ter-mi-nééé…
« Thomas ne m’avait pas prévenu. Ton Tom-senpai ne m’avait pas prévenu. »
Je tressaille, manquant de tomber de mon perchoir à la mention de l’honorable Sagesse de notre enclave. Comment connait-elle MON senpai ?! La gueuse aurait-elle des connexions en haut lieux ? Se croit-elle supérieur à MOI en me parlant comme à un vulgaire mage de seconde zone ?! Ou alors… est-ce une menace …? Elle ? Me… menacer ?!
« Non… non ça ne va pas du tout… »
Je porte à ma bouche un ongle que j’arrache presque dans une transe maniaque, mâchouillant le phanère de kératine compulsivement. Ne lâchant que d’un oeil la bâtarde, mon iris droite se pose sur le compteur de ma vie, qui n’a baissé que de six ridicules secondes. Six. RIDICULES. Secondes. S’il eut été possible d’accélérer le temps, j’aurai donné un rein pour que la minute d’écoule en un battement de cil. Six secondes, six secondes et déjà l’envie de lui sauter dessus, de la détruire, de la dévorer, de l’annihiler pour ne plus rien en laisser. Telle une roue crantée, je re-dérive mon visage pour l’orienter face à elle, millimètre par millimètre, observant ses tics plus enragés qu’épouvantés. Son regard se pose sur mon bras, sur le sablier de mon existence, avec un dégoût au-delà de toute raison, comme si elle s’abaissait à regarder la plus crasseuse des monstruosité sorties du trou du cul des enfers s’ils existaient. Son air, son visage, son dédain, cette façon humiliante de me regarder, tout ça ne fait qu’agiter mon corps froid d’un frisson de haine plus véhément encore que tout ce que j’ai pu ressentir à son égard jusque là. Mon poing se serre si fort que mes ongles droits lacèrent la main encore brandit en l’air, laissant retomber sur les membres invisibles me servant de siège quelques goutes d’un sang bleu néon, signe que l’incontrôlabilité de ma haine libère bien trop de magie. Le précieux liquide vital s’écoule lentement le long des poignets éthérés jusqu’à s’étaler sur le sol, damage inopiné d’un bleu azuré. Cette douleur bien réelle me rattache à la seule chose que j’estime encore dans cet échange, une promesse, un gage de bonne foi, ne pas blesser de sorcier. Mais voilà, sorcier elle n’est pas, et ne sera jamais, alors une minute suffira avant de l’évincer.
« J’étais venue trouver des réponses. »
La phrase seule, sans explication explicite, arrache à un de mes sourcils une flexion interrogative et surprise. Des réponses ? A quoi ? Sa condition humaine ? La mort, voilà ma seule réponse.
A son sang bâtard peut être ? Une pute ou un salaud de sorcier s’est tapé un être humain, voilà toute l’histoire de cette hérésie. Si jamais le nom de l’impétueux me tombe entre les mains, j’ajouterai un autre cadavre à ma collection privée, avec une place spéciale. Je pourrais le bricoler, lui accrocher les parties intimes sous le menton et l’animer pour faire le singe devant sa fifille muselée.
A moins que cette sang-mêlée n’escomptais me demander de l’aide comme à un professeur bien-aimé ? C’est une blague ? Que l’on me cite une raison, UNE SEULE raison qui me pousserait à aider une métis à devenir sorcier ! JAMAIS ! Plutôt re-crever que d’aider cette incarnation de la honte de notre race ! Des béni Oui-Oui bien soumis y’en a pléthore à l’académie, j’vais pas me rabaisser au niveau de ces racleur de merde aigris ! Ceux-là même qui me méprisent pour mon don unique, ma puissance qui les dépassent, tous une bande de jaloux qui font honte à notre nom de sorcier !
Mais l’intensité de mes tergiversations personnelles ne m’empêche pas de garder un oeil révulsé bien attentif sur la métis, qui s’approche comme pour me défier de son inexorable infériorité.
« J’étais venue trouver des réponses auprès d’une personne probablement apte à répondre à la sorcière que je suis. Car c’est ce que je suis. Une bâtarde. Une métisse. Mais, surtout, une sorcière. »
A la « Sorcière » qu’elle est …? C’est une blague ?
Mes phalanges craquent une à une sous la tension et la pression maniaque qu’exercent mes phalanges sur ma paume, entaillant plus encore la pâle et frêle peau qui la recouvre. Mes dents se serrent et mes lèvres se crispent, figeant un rictus de haine et de dégout sur mes traits. J’entend les voix tambouriner au fond de moi, pressant contre les parois de mon crâne sur le point d’exploser dans la seule et unique volonté de me contrôler pour laisser exploser mes véritables pensées. Il est difficile de rester « Je » devant celle qui « Nous » défie, et le temps qui défile se fait plus lent chaque seconde qui s’écoule.
Chaque pas qu’elle fait vers moi est une insulte à ma personne, et chacun d’entre eux s’accompagne d’une augmentation de la pression putride que je libère, si glaciale que même les casiers mortuaires se couvrent d’un fin voile de gèle bleuté. Tandis que mon souffle givré ne libère si vapeur ni fumée, le corps entier de la garce qui me fait face libère une chaleur plus intense encore à chaque mètres qu’elle clos, jusqu’à arriver -Ô combien- près de moi, son visage au niveau de mon bras. Ma peau me brule étrangement, la chaleur qu’elle dégage est telle que la température devient une gêne et la gêne un désagrément, me poussant à mouvoir mon bras vers l’arriè…
« TUE-LA !!! »
Ma main bouge seule vers l’avant, frôlant de trop peu le visage bouillant de la femme. Tel un animal sauvage maintenu par des liens fermes, mes doigts se sont figés à quelques millimètres de son visage, enserrés de toute part par la même magie qui immobilisait plus tôt la bâtarde. Une goutte de sueur coule sur mon front, moins imputable à la chaleur qu’elle dégage qu’au coup de stress insufflé par cette perte de contrôle momentanée.
Il s’en est fallu de peu, de très peu même. Sa peau bouillante contraste avec la froideur de nos…, enfin de mes doigts. Quel type de sorcellerie est-ce là…?
« Mais je n’apprendrais pas de vous. Ne trouvez-vous pas ça ironique, Greed. »
Je braque l’azur de mon regard au fond même de ses yeux, descellant sans mal une étincelle ou plutôt un semblant d’incendie ardent, dévorant, surpuissant, braqué sur moi sans tressaillir. Pour la première fois depuis longtemps, une énergie vitale m’inspirait autre chose qu’une faim sans fin et un dégout sans gout. Il y a là une ardeur inébranlable, une soif de vie écrasante, quelque chose qui répugne au plus haut point le nécromancien que je suis. Cette force de vie… Je me devais de l’annihiler, de la posséder, de la détruire avant qu’elle ne devienne incontrôlable. Et pourtant je reste là, comme hébété, paralysé, fasciné par ce regard embrasé.
« Ne trouvez-vous pas ça ironique que vous me dégoutez comme l’humaine que j’étais quand je vous regarde, que vous me dégoûtez dorénavant comme la sorcière que je suis. Ne trouvez-vous pas ça ironique que cela soit réciproque. Pire que tout, ne trouvez-vous pas cela ironique, que votre aversion pour moi – magnifique toutou du monde des sorciers – ne vous est même pas rendus par cette race que vous chérissez tant. Ne trouvez-vous pas cela ironique que vous les dégoutez tous comme je les dégoûte. »
Et tandis qu’elle rit aux éclats, la veine qui battait sur mon front s’emplit d’une nouvelle bouffée de haine. Mon crâne va finir par se fissurer sous la pression. Chaque fibre de mon corps tremble intensément et si j’eut pu exploser ce serait déjà fait. Il est désormais quasiment impossible d’ouvrir mon poing droit, les lambeaux de peau arrachés étreignant mes doigts, Lust emprisonnant tout mon corps par mesure préventive comme pour empêcher mon être de s’adonner à un massacre pourtant bien mérité. La tension augmente tant et si bien que l’organisme arrête de fonctionner normalement, commençant par animer mes membres de spasmes, puis de convulsions à peine masquées par mon auto-contention. Mes pensées deviennent flou, ma rage omniprésente, mon appétit dévorant, ma conscience… évaporée.
« Touchez-moi, allez-y. Abimez moi. Allez-y ! Abimez donc votre propre reflet dans cette société. Allez-y ! Tuons-nous tous ! Plus besoin d’humains pour faire le sale boulot… Les sorciers, tout du moins, ce qui en reste, s’entretue à merveille. Au lieu de se serrer les coudes ! Tuons-nous tous ! Par qui je commence même tiens ! Allons-y ! Qui commence…»
Son visage frôle le notre, presque convulsif, enragé par la haine. Nos yeux sont si proches, incompatibles comme la glace et le feu, brulant d’ardeur et frissonnant d’amertume, embués par nos ires respectifs qui consument jusqu’à notre raison. Il ne manque qu’un élément pour céder, une seule corde à laquelle se raccrocher, le temps que je lui ai donné.
Dans un geste impulsif, aussi fou que désordonné, ma nuque craque de nouveau sous la flexion spasmodique de mes muscles, rompant le contact visuel. Mes yeux se figent sur mon avant-bras ensanglanté.
Trois.
Deux.
Un.
Un éclair bleuté explose, tel une grenade aveuglante, baignant d’un bleu électrique l’ensemble de la salle. La bâtarde s’écrase contre les casiers givrés sans plus pouvoir bouger, compactée par un mur invisible. Elle décolle soudain de cette surface glaciale pour s’écraser violemment sur les murs opposés, tachant le carrelage d’un filet de sang et emportant avec elle tout le matériel chirurgical se trouvant sur sa route, comprenant les bonbonnes de gaz médical que j’use d’ordinaire pour les insufflations lors d’exploration des organes caverneux. L’une d’entre elles s’écrase sur le mur aux côtés de la bâtarde, se fissurant sous la force de l’impact, laissant s’échapper un sifflement singulier d’une brèche de contention de gaz sous haute pression. Quant à la gamine, le choc bien que brutal était encore contrôlé par le semblant de conscience qui m’anime encore. Je la laisse retomber à terre, sonnée, avant de moi-même m’étaler au sol. Les membres invisibles qui jusque là supportaient mon corps se sont écartés et se battent entre eux, affirmant la suprématie du nombre entre le contrôlant et les contrôlés.
« ASSEZ ! »
J’attrape de ma main l’un des faisceaux intangibles qui flottent autour de moi, et mords dedans à plaine dents. Instantanément, celui-ci disparait et l’affrontement cesse. Les grandes mains éthérées s’immobilise, le silence retombe aussi subitement qu’il s’était rompu. La blessure au creux de ma paume s’efface, comme un mauvais souvenir.
Agenouillé face aux casiers mortuaires, je lance mon bras gauche en l’air et les membres invisibles se ruent aux poignées, et ouvrent de ce fait trois tiroirs. Aux fond de ceux-ci, une lumière elle aussi bleue se met à scintiller. Je me relève en leur tournant le dos, faisant face de ma hauteur à la bâtarde étalée sur le sol.
« Fini de jouer. »
Je lève les bras comme le Christ sur la Croix, et du fond des casiers des râles s’élèvent. Un bruit sourd, puis un second, et des cheveux noirs ébène passent dans l’entrebâillement. Une main rachitique, d’une pâleur cadavérique, gratte l’acier. Du premier placard rampe avec des mouvements mécaniques telle une poupée, le cadavre d’une femme mortellement accidentée. Son visage est défiguré, le nez arraché, la mâchoire pendante à de multiples endroits brisée.
Du deuxième placard sort un homme, lourd, obèse, dont la gorge est violette, le visage blanc et les lèvres cyanosées. Chacun de ses pas lents résonne, faisant trembler le sol. Quand au troisième, un autre homme, fin, les avants bras cousus de scarifications et de plaies.
Chacun des cadavres présente sur le torse le fameux Y, vestige visible du passage sous mon bistouri, ainsi que des yeux blancs donnant à leur mine agressive le grain de folie qui me caractérise. Au travers de leur frêle peau, des veines bleutés transparaissent tel un tressage ordonné.
Tous trois trainent les pieds jusqu’à arriver à mon niveau, se rangeant derrière moi haletant, râlant, visiblement en grande souffrance mais obéissants comme les marionnettes qu’ils sont.
« Moi, t’aider ? Pour qui tu me prends ?! Je ne suis pas un misérable, absurde petit sorcier de pacotille ! Je suis La Puissance ! Que croyais-tu, que j’allais accepter ne serais-ce que de souffrir l’existence d’une sous-race comme toi ?! Une faible, pleurnicharde, impuissante gamine au sang mêlé ?! »
J’avance vers elle, suivi de mes cobayes, puis empoigne ses cheveux sombres pour plaquer son crâne contre le mur.
« Qui crois-tu être pour me regarder comme ça ? »
Je la lâche, la regardant de haut. Son corps fume presque, embué dans une vapeur surnaturelle. Serais-je en train de l’aider, contre mon grès ? Sa chaleur corporelle augmente, j’ai bien senti que de son front émanait une température qui n’a rien de physiologique. Tsk, encore et peu et elle finira par manifester de la magie, ce serait le comble de l’insulte.
« Je te dégoute ..? »
Je la considère de haut, baissant sur elle un regard mauvais. Non vraiment, le dégout qu’elle m’inspire n’a qu’augmenté au gré de ses déblatérions. Et oser me comparer à elle, me rappeler que tous les autres sorciers me tiennent en horreur et se rient de moi, c’est impardonnable ! Tom-senpai ou non elle a dépassé les minces bornes de ma tolérance.
D’un coup de pied à la joue, je rompt le contact avec ce regard inquisiteur et cale ma semelle sous la gorge de la gamine. Ses mains se posent sur ma jambe dans l’espoir de chasser mon pied et diminuer la pression que j’exerce sans répit. Sa poigne bien que faible échauffe ma peau au travers même de mon pantalon, me faisant grimacer. Même à terre elle me résiste, ça me répugne, tellement que je crache sur ce visage aussi tuméfié qu’enragé, puis lui assène un autre coup de pied sur l’autre joue -jalouse de la première-.
« Fini la mascarade, la minute est écoulée. Et tu sais quoi ? J’suis pas convaincu. Pas besoin de mots pour te décrire la gerbe que tu m’inspire, je vois que tu le lis sur mon visage. »
Un rictus hautain se peint sur mes traits, j’enfonce mes mains dans mes poches et je hausse les épaules.
« Et tu sais quoi ? Ben j’m’en bat la race, au sens propre du terme. Tu seras jamais sorcière, comme les trois quarts des merdes qui pavent notre monde. Je te laisserai pas cette chance. »
Mon aura écrasante laisse peser sur elle toute l’amertume que sa présence m’évoque. Puis l’un de mes sourcils se lève lorsqu’elle porte une main à sa poche pour en sortir… Un paquet de clopes… Vraiment ? Genre, elle est sérieuse ?
Cet acte ridicule, inattendu de surcroit, m’arrache un grincement moqueur. C’est là toute la connerie humaine, éviter la confrontation avec plus fort que soi, se réfugier dans le réconfort physique ou mental et rester à genoux dans l’impuissance, courbant l’échine et abandonnant en se voilant la face. Là semble être sa réponse à mon écrasante supériorité, et qui pourrait l’en blâmer ?! Elle semble enfin avoir compris sa place, celle de l’étron sur le pavé, et abandonner l’espoir d’exister. Bien, fort bien ! Enfin un bon point pour l’anomalie ! Tire donc une bouffée de plus, perds encore 30 secondes de ta vie, ton compteur est bientôt fini.
Mais la voilà qui tente de se relever, encore sonnée, trop désorientée pour tenir sur ses pieds. Que cherches-t-elle à faire, mourir debout ? Dignement ? Fadaises !
Je tourne le dos à la bâtarde une dernière fois, refusant de la regarder plus longtemps. Elle m’a assez emmerdé comme ça, je n’ai plus de raison de la garder. Je claque des doigts, et les trois macchabés se ruent sur la drôlesse qui s’écrase dos aux carreaux blancs, laissant tomber à terre sa cigarette à moitié consumée.
Je me rassois en lévitation, avançant vers mon bureau tandis que quelques cris et bruits de morsure atteignent mes oreilles. Une fois qu’il ne restera que des os il faudra que je fasse un brin de ménage et de nettoyage, ne laisser aucune trace de son existence et de son passage sera aisé, j’en ai l’habitude. Quand à son énergie vitale… Bah, impossible que je bouffe un truc aussi dégueulasse, tout juste bon à remplir des estomacs en décomposition.
Au moins ça fait une sang-mêlée de moins Mais il en reste tellement… Tu pourras pas tous les supprimer ! Tu paris ? Putain d’assassin ... Hé oh toi le suicidaire on t’a pas sonné Ça sent le roussi Greed Je gère, mêle toi de ton cul Non mais ça pue le gaz abrutit, vraiment !
Mon nez est chatouillé par une forte odeur, acre, faisant tourner ma tête - dans le sens physiologique pour une fois -. Je braque mon regard alerté dans tous les coins de la pièce, cherchant l’origine de la fuite, conscient du danger, et finit par aviser une bonbonne dépressurisée qui se vide à vive allure. Sur la bouteille, je repère l’étiquette sur laquelle figure l’inscription « Oxygène » et la mention « Gaz pressurisé, hautement inflammable ». Ouch, ça, c’est pas bon signe… puis un détail choquant me traverse l’esprit, et sans bouger ma tête je laisse glisser mes yeux, lentement, vers la cigarette rougeoyante qui traine à à peine quelques mètres, se consumant de plus en plus fort.
« Et merde. »
Sans même pouvoir bouger le petit doigt, comme si le temps était à l’arrêt, les flammes apparaissent dans un battement de cil. La pièce s’emplie d’une chaleur suffocante et l’explosion souffle tout sur son passage. Autour de moi se forme un cocon imperméable créé des membres qui lévitaient déjà à mes côtés, empêchant le feu de m’atteindre mais pas la température. J’ai peine à respirer, couvrant mon visage de mon avant bras par réflexe pour protéger mes yeux aveuglés. Mes oreilles bourdonnent, je ne vois rien pendant de longues secondes, la chaleur est insupportable. J’étend ma sphère de protection autant que faire se peut pour repousser l’incendie qui se déclare ça et là une fois le souffle de la déflagration passé. Reprenant mon souffle, j’observe le joyeux bordel qui apparait devant mes yeux.
Je pose un pied à terre, puis le deuxième, et laisse glisser mes yeux bleus sur le carrelage.
« C’est une plaisanterie…? »
La gamine est adossée au mur dans la même position que je l’ai laissée. Au sol, mes trois macchabés se tordent de douleur, gémissant et râlant de leurs voix d’outre-tombe. La quasi totalité de la peau est couverte de flammes, rendant méconnaissables les corps et rongeant les tissus. Complètement inutilisables, leurs âmes s’extirpent des morceaux de viandes restants et retournent en moi.
La gamine quant à elle est exempte de la moindre trace de brûlure, les flammes semblant se dévier devant ses bras croisés sur son visage, comme un voile invisible la protégeant de cet incident dont aucun humain n’aurait pu sortir vivant, ou du moins dans son état. Quelques marques de morsure visibles parsèment sa peau et un filet de sang suinte de sa tête, mais ce ne sont là que les seules blessures visibles qu’elle à reçu. Sans déconner…
Elle relève lentement la tête, observant quelques instant l’environnement autour d’elle, puis ses mains et ses bras. Elle s’inspecte entièrement, comme désorientée, visiblement crevée, et un sourire déforme son visage. Un sourire satisfait. Puis elle lève vers moi des yeux mi-clos au fond desquels brule une satisfaction sans bornes, dont la seule ponctuation réside en ce geste du bras gauche qu’elle m’adresse, poing fermé majeur dressé, avant de s’écrouler.
Je reste béat quelques instant, regardant les flammes reprendre leur liberté et s’approcher d’elle, enragé comme rarement c’est arrivé. Ce doigt d’honneur, c’est la signature de son arrêt de mort ! J’vais me la faire, j’vais la bouffer !Attends ! Quoi ?! C’est une sorcière maintenant, tu ne peux plus rien lui faire…
… Pardon ? Une sorcière..? Laisse moi rire ! Elle n’a de sorcier que la magie qu’elle vient de manifester, elle n’en a ni le sang ni le prestige, aucune éducation, aucun droit ! Personne ne peut me défier, elle mérite de crever !
Aux yeux de Tom c’en est une pourtant, et il a raison
… Fait chier… J’ai qu’à la laisser cramer !
… T’es con ou tu fais exprès ? Il y aura une enquête, chez les humains et chez les sorciers, et sur qui toute la faute va retomber à ton avis ? Qui va en prendre plein la gueule et en prendre pour perpette ? C’est toi, Abruti !
… Je te hais, mais je te hais si fort…
J’avance un pas vers la gamine, une main voilant mes yeux pour les protéger des rayons ardents, mon corps toujours bien barricadé. Tout ce bordel va attirer l’attention, l’alarme sonne déjà à tue-tête. Pour une fois dans mon existence je vais sauver une vie, et bien que le dégout me serre les tripes j’ai pas le choix si je veux sauver mon cul. J’empoigne alors la gamine avec ma magie et la balance au travers de la fumée noire en direction de la porte battante, attendant d’entendre le bruit sourd du choc pour essayer de me frayer un chemin hors d’ici. Les dents serrées, je contemple mon office se faire ravager par le feu et les flammes. Mon repaire, mon labo, mon chez-moi, tout ça réduit en cendres par une putain de saloperie de sale gamine de mes deux !
J’enrage, mais en arrivant près de la porte mon pied écrase quelque chose, que je me penche pour ramasser. Il s’agit du mégot -carbonisé certes, mais reconnaissable- qui a foutu le feu au gaz, et déclenché tout ce rucus. Une aubaine de l’avoir trouvé, s’il y a enquête personne ne saura qu’un geste aussi bête a eu lieu dans ma morgue, et la thèse de l’accident sera privilégiée. Au final, j’ai quand même un peu de chance, ça me redonne le sourire !
J’arrive ainsi à la porte, baissant les yeux vers la gamine dont la respiration devient difficile à cause de la chaleur, des flammes et du monoxyde de carbone qui est omniprésent. J’avoue moi-même être tout à fait atteint, presque désorienté bien que protégé du minimum de fumée. Je soulève donc la bâtarde par la magie, sans faire vraiment attention à sa manipulation, cognant sa tête une fois de plus contre l’encadrement de la porte.
« Oups, paaaardon. »
Ah, merde, elle est dans les vapes. Bon, bah vu son état général une bosse passera inaperçue hein ! Nous franchissons dons la porte à double battant avant de nous retrouver dans le sas, et bien que l’acte m’écoeure par avance, je saisie la fille par le bras et entoure celui-ci autour de mon cou, et pose mon autre main sur sa hanche. Il faut avouer qu’elle est relativement bien faite, fine et élancée, et à mon avantage elle ne pèse presque rien. Je la traine ainsi sur quelques mètres en m’entrainant à toussoter comme si je sortais de l’incendie. J’ai pris soin de frotter de la suie sur mon tee-shirt pour simuler les « épreuves » que j’ai traversé pour nous sortir de là tous les deux, puis avec le pied j’enfonce le battant qui mène au couloir. Des infirmiers évacuent l’escalier au coin, personne en vue. La sortie se situe deux étages plus haut, je presse donc le pas, et lorsque celle-ci se fait proche les pompiers sont déjà arrivés. En tenue, lance à incendie en main, ils se pressent tous vers le sous-sol sauf deux d’entre eux, qui accourent à notre secours. Je leur laisse la fille et m’assied dehors, à même le sol. Quelques collègue s’approchent, demandant si je vais bien. Tsss, les humains et leur empathie !
« J’vais bien, j’vais bien, occupez vous plutôt de la fille. On est dans un hôpital merde, y’a pas un docteur ?! »
Laissant pompiers et médecins faire leur boulot, je réalise que mon avant-bras est à l’air libre et que mon « tatouage » est à peu près visible. Je le couvre vite de ma main, puis fouille les environs à la recherche d’un bandage à appliquer dessus, ce qui ne tarde pas.
Matricule couvert, j’observe la gamine se faire évacuer, méditant sur la seule chose qui a en cet instant de l’intérêt : Irina va me tuer.
« Thomas ne m’avait pas prévenu. Ton Tom-senpai ne m’avait pas prévenu. »
Je tressaille, manquant de tomber de mon perchoir à la mention de l’honorable Sagesse de notre enclave. Comment connait-elle MON senpai ?! La gueuse aurait-elle des connexions en haut lieux ? Se croit-elle supérieur à MOI en me parlant comme à un vulgaire mage de seconde zone ?! Ou alors… est-ce une menace …? Elle ? Me… menacer ?!
« Non… non ça ne va pas du tout… »
Je porte à ma bouche un ongle que j’arrache presque dans une transe maniaque, mâchouillant le phanère de kératine compulsivement. Ne lâchant que d’un oeil la bâtarde, mon iris droite se pose sur le compteur de ma vie, qui n’a baissé que de six ridicules secondes. Six. RIDICULES. Secondes. S’il eut été possible d’accélérer le temps, j’aurai donné un rein pour que la minute d’écoule en un battement de cil. Six secondes, six secondes et déjà l’envie de lui sauter dessus, de la détruire, de la dévorer, de l’annihiler pour ne plus rien en laisser. Telle une roue crantée, je re-dérive mon visage pour l’orienter face à elle, millimètre par millimètre, observant ses tics plus enragés qu’épouvantés. Son regard se pose sur mon bras, sur le sablier de mon existence, avec un dégoût au-delà de toute raison, comme si elle s’abaissait à regarder la plus crasseuse des monstruosité sorties du trou du cul des enfers s’ils existaient. Son air, son visage, son dédain, cette façon humiliante de me regarder, tout ça ne fait qu’agiter mon corps froid d’un frisson de haine plus véhément encore que tout ce que j’ai pu ressentir à son égard jusque là. Mon poing se serre si fort que mes ongles droits lacèrent la main encore brandit en l’air, laissant retomber sur les membres invisibles me servant de siège quelques goutes d’un sang bleu néon, signe que l’incontrôlabilité de ma haine libère bien trop de magie. Le précieux liquide vital s’écoule lentement le long des poignets éthérés jusqu’à s’étaler sur le sol, damage inopiné d’un bleu azuré. Cette douleur bien réelle me rattache à la seule chose que j’estime encore dans cet échange, une promesse, un gage de bonne foi, ne pas blesser de sorcier. Mais voilà, sorcier elle n’est pas, et ne sera jamais, alors une minute suffira avant de l’évincer.
« J’étais venue trouver des réponses. »
La phrase seule, sans explication explicite, arrache à un de mes sourcils une flexion interrogative et surprise. Des réponses ? A quoi ? Sa condition humaine ? La mort, voilà ma seule réponse.
A son sang bâtard peut être ? Une pute ou un salaud de sorcier s’est tapé un être humain, voilà toute l’histoire de cette hérésie. Si jamais le nom de l’impétueux me tombe entre les mains, j’ajouterai un autre cadavre à ma collection privée, avec une place spéciale. Je pourrais le bricoler, lui accrocher les parties intimes sous le menton et l’animer pour faire le singe devant sa fifille muselée.
A moins que cette sang-mêlée n’escomptais me demander de l’aide comme à un professeur bien-aimé ? C’est une blague ? Que l’on me cite une raison, UNE SEULE raison qui me pousserait à aider une métis à devenir sorcier ! JAMAIS ! Plutôt re-crever que d’aider cette incarnation de la honte de notre race ! Des béni Oui-Oui bien soumis y’en a pléthore à l’académie, j’vais pas me rabaisser au niveau de ces racleur de merde aigris ! Ceux-là même qui me méprisent pour mon don unique, ma puissance qui les dépassent, tous une bande de jaloux qui font honte à notre nom de sorcier !
Mais l’intensité de mes tergiversations personnelles ne m’empêche pas de garder un oeil révulsé bien attentif sur la métis, qui s’approche comme pour me défier de son inexorable infériorité.
« J’étais venue trouver des réponses auprès d’une personne probablement apte à répondre à la sorcière que je suis. Car c’est ce que je suis. Une bâtarde. Une métisse. Mais, surtout, une sorcière. »
A la « Sorcière » qu’elle est …? C’est une blague ?
Mes phalanges craquent une à une sous la tension et la pression maniaque qu’exercent mes phalanges sur ma paume, entaillant plus encore la pâle et frêle peau qui la recouvre. Mes dents se serrent et mes lèvres se crispent, figeant un rictus de haine et de dégout sur mes traits. J’entend les voix tambouriner au fond de moi, pressant contre les parois de mon crâne sur le point d’exploser dans la seule et unique volonté de me contrôler pour laisser exploser mes véritables pensées. Il est difficile de rester « Je » devant celle qui « Nous » défie, et le temps qui défile se fait plus lent chaque seconde qui s’écoule.
Chaque pas qu’elle fait vers moi est une insulte à ma personne, et chacun d’entre eux s’accompagne d’une augmentation de la pression putride que je libère, si glaciale que même les casiers mortuaires se couvrent d’un fin voile de gèle bleuté. Tandis que mon souffle givré ne libère si vapeur ni fumée, le corps entier de la garce qui me fait face libère une chaleur plus intense encore à chaque mètres qu’elle clos, jusqu’à arriver -Ô combien- près de moi, son visage au niveau de mon bras. Ma peau me brule étrangement, la chaleur qu’elle dégage est telle que la température devient une gêne et la gêne un désagrément, me poussant à mouvoir mon bras vers l’arriè…
« TUE-LA !!! »
Ma main bouge seule vers l’avant, frôlant de trop peu le visage bouillant de la femme. Tel un animal sauvage maintenu par des liens fermes, mes doigts se sont figés à quelques millimètres de son visage, enserrés de toute part par la même magie qui immobilisait plus tôt la bâtarde. Une goutte de sueur coule sur mon front, moins imputable à la chaleur qu’elle dégage qu’au coup de stress insufflé par cette perte de contrôle momentanée.
Il s’en est fallu de peu, de très peu même. Sa peau bouillante contraste avec la froideur de nos…, enfin de mes doigts. Quel type de sorcellerie est-ce là…?
« Mais je n’apprendrais pas de vous. Ne trouvez-vous pas ça ironique, Greed. »
Je braque l’azur de mon regard au fond même de ses yeux, descellant sans mal une étincelle ou plutôt un semblant d’incendie ardent, dévorant, surpuissant, braqué sur moi sans tressaillir. Pour la première fois depuis longtemps, une énergie vitale m’inspirait autre chose qu’une faim sans fin et un dégout sans gout. Il y a là une ardeur inébranlable, une soif de vie écrasante, quelque chose qui répugne au plus haut point le nécromancien que je suis. Cette force de vie… Je me devais de l’annihiler, de la posséder, de la détruire avant qu’elle ne devienne incontrôlable. Et pourtant je reste là, comme hébété, paralysé, fasciné par ce regard embrasé.
« Ne trouvez-vous pas ça ironique que vous me dégoutez comme l’humaine que j’étais quand je vous regarde, que vous me dégoûtez dorénavant comme la sorcière que je suis. Ne trouvez-vous pas ça ironique que cela soit réciproque. Pire que tout, ne trouvez-vous pas cela ironique, que votre aversion pour moi – magnifique toutou du monde des sorciers – ne vous est même pas rendus par cette race que vous chérissez tant. Ne trouvez-vous pas cela ironique que vous les dégoutez tous comme je les dégoûte. »
Et tandis qu’elle rit aux éclats, la veine qui battait sur mon front s’emplit d’une nouvelle bouffée de haine. Mon crâne va finir par se fissurer sous la pression. Chaque fibre de mon corps tremble intensément et si j’eut pu exploser ce serait déjà fait. Il est désormais quasiment impossible d’ouvrir mon poing droit, les lambeaux de peau arrachés étreignant mes doigts, Lust emprisonnant tout mon corps par mesure préventive comme pour empêcher mon être de s’adonner à un massacre pourtant bien mérité. La tension augmente tant et si bien que l’organisme arrête de fonctionner normalement, commençant par animer mes membres de spasmes, puis de convulsions à peine masquées par mon auto-contention. Mes pensées deviennent flou, ma rage omniprésente, mon appétit dévorant, ma conscience… évaporée.
« Touchez-moi, allez-y. Abimez moi. Allez-y ! Abimez donc votre propre reflet dans cette société. Allez-y ! Tuons-nous tous ! Plus besoin d’humains pour faire le sale boulot… Les sorciers, tout du moins, ce qui en reste, s’entretue à merveille. Au lieu de se serrer les coudes ! Tuons-nous tous ! Par qui je commence même tiens ! Allons-y ! Qui commence…»
Son visage frôle le notre, presque convulsif, enragé par la haine. Nos yeux sont si proches, incompatibles comme la glace et le feu, brulant d’ardeur et frissonnant d’amertume, embués par nos ires respectifs qui consument jusqu’à notre raison. Il ne manque qu’un élément pour céder, une seule corde à laquelle se raccrocher, le temps que je lui ai donné.
Dans un geste impulsif, aussi fou que désordonné, ma nuque craque de nouveau sous la flexion spasmodique de mes muscles, rompant le contact visuel. Mes yeux se figent sur mon avant-bras ensanglanté.
Trois.
Deux.
Un.
Un éclair bleuté explose, tel une grenade aveuglante, baignant d’un bleu électrique l’ensemble de la salle. La bâtarde s’écrase contre les casiers givrés sans plus pouvoir bouger, compactée par un mur invisible. Elle décolle soudain de cette surface glaciale pour s’écraser violemment sur les murs opposés, tachant le carrelage d’un filet de sang et emportant avec elle tout le matériel chirurgical se trouvant sur sa route, comprenant les bonbonnes de gaz médical que j’use d’ordinaire pour les insufflations lors d’exploration des organes caverneux. L’une d’entre elles s’écrase sur le mur aux côtés de la bâtarde, se fissurant sous la force de l’impact, laissant s’échapper un sifflement singulier d’une brèche de contention de gaz sous haute pression. Quant à la gamine, le choc bien que brutal était encore contrôlé par le semblant de conscience qui m’anime encore. Je la laisse retomber à terre, sonnée, avant de moi-même m’étaler au sol. Les membres invisibles qui jusque là supportaient mon corps se sont écartés et se battent entre eux, affirmant la suprématie du nombre entre le contrôlant et les contrôlés.
« ASSEZ ! »
J’attrape de ma main l’un des faisceaux intangibles qui flottent autour de moi, et mords dedans à plaine dents. Instantanément, celui-ci disparait et l’affrontement cesse. Les grandes mains éthérées s’immobilise, le silence retombe aussi subitement qu’il s’était rompu. La blessure au creux de ma paume s’efface, comme un mauvais souvenir.
Agenouillé face aux casiers mortuaires, je lance mon bras gauche en l’air et les membres invisibles se ruent aux poignées, et ouvrent de ce fait trois tiroirs. Aux fond de ceux-ci, une lumière elle aussi bleue se met à scintiller. Je me relève en leur tournant le dos, faisant face de ma hauteur à la bâtarde étalée sur le sol.
« Fini de jouer. »
Je lève les bras comme le Christ sur la Croix, et du fond des casiers des râles s’élèvent. Un bruit sourd, puis un second, et des cheveux noirs ébène passent dans l’entrebâillement. Une main rachitique, d’une pâleur cadavérique, gratte l’acier. Du premier placard rampe avec des mouvements mécaniques telle une poupée, le cadavre d’une femme mortellement accidentée. Son visage est défiguré, le nez arraché, la mâchoire pendante à de multiples endroits brisée.
Du deuxième placard sort un homme, lourd, obèse, dont la gorge est violette, le visage blanc et les lèvres cyanosées. Chacun de ses pas lents résonne, faisant trembler le sol. Quand au troisième, un autre homme, fin, les avants bras cousus de scarifications et de plaies.
Chacun des cadavres présente sur le torse le fameux Y, vestige visible du passage sous mon bistouri, ainsi que des yeux blancs donnant à leur mine agressive le grain de folie qui me caractérise. Au travers de leur frêle peau, des veines bleutés transparaissent tel un tressage ordonné.
Tous trois trainent les pieds jusqu’à arriver à mon niveau, se rangeant derrière moi haletant, râlant, visiblement en grande souffrance mais obéissants comme les marionnettes qu’ils sont.
« Moi, t’aider ? Pour qui tu me prends ?! Je ne suis pas un misérable, absurde petit sorcier de pacotille ! Je suis La Puissance ! Que croyais-tu, que j’allais accepter ne serais-ce que de souffrir l’existence d’une sous-race comme toi ?! Une faible, pleurnicharde, impuissante gamine au sang mêlé ?! »
J’avance vers elle, suivi de mes cobayes, puis empoigne ses cheveux sombres pour plaquer son crâne contre le mur.
« Qui crois-tu être pour me regarder comme ça ? »
Je la lâche, la regardant de haut. Son corps fume presque, embué dans une vapeur surnaturelle. Serais-je en train de l’aider, contre mon grès ? Sa chaleur corporelle augmente, j’ai bien senti que de son front émanait une température qui n’a rien de physiologique. Tsk, encore et peu et elle finira par manifester de la magie, ce serait le comble de l’insulte.
« Je te dégoute ..? »
Je la considère de haut, baissant sur elle un regard mauvais. Non vraiment, le dégout qu’elle m’inspire n’a qu’augmenté au gré de ses déblatérions. Et oser me comparer à elle, me rappeler que tous les autres sorciers me tiennent en horreur et se rient de moi, c’est impardonnable ! Tom-senpai ou non elle a dépassé les minces bornes de ma tolérance.
D’un coup de pied à la joue, je rompt le contact avec ce regard inquisiteur et cale ma semelle sous la gorge de la gamine. Ses mains se posent sur ma jambe dans l’espoir de chasser mon pied et diminuer la pression que j’exerce sans répit. Sa poigne bien que faible échauffe ma peau au travers même de mon pantalon, me faisant grimacer. Même à terre elle me résiste, ça me répugne, tellement que je crache sur ce visage aussi tuméfié qu’enragé, puis lui assène un autre coup de pied sur l’autre joue -jalouse de la première-.
« Fini la mascarade, la minute est écoulée. Et tu sais quoi ? J’suis pas convaincu. Pas besoin de mots pour te décrire la gerbe que tu m’inspire, je vois que tu le lis sur mon visage. »
Un rictus hautain se peint sur mes traits, j’enfonce mes mains dans mes poches et je hausse les épaules.
« Et tu sais quoi ? Ben j’m’en bat la race, au sens propre du terme. Tu seras jamais sorcière, comme les trois quarts des merdes qui pavent notre monde. Je te laisserai pas cette chance. »
Mon aura écrasante laisse peser sur elle toute l’amertume que sa présence m’évoque. Puis l’un de mes sourcils se lève lorsqu’elle porte une main à sa poche pour en sortir… Un paquet de clopes… Vraiment ? Genre, elle est sérieuse ?
Cet acte ridicule, inattendu de surcroit, m’arrache un grincement moqueur. C’est là toute la connerie humaine, éviter la confrontation avec plus fort que soi, se réfugier dans le réconfort physique ou mental et rester à genoux dans l’impuissance, courbant l’échine et abandonnant en se voilant la face. Là semble être sa réponse à mon écrasante supériorité, et qui pourrait l’en blâmer ?! Elle semble enfin avoir compris sa place, celle de l’étron sur le pavé, et abandonner l’espoir d’exister. Bien, fort bien ! Enfin un bon point pour l’anomalie ! Tire donc une bouffée de plus, perds encore 30 secondes de ta vie, ton compteur est bientôt fini.
Mais la voilà qui tente de se relever, encore sonnée, trop désorientée pour tenir sur ses pieds. Que cherches-t-elle à faire, mourir debout ? Dignement ? Fadaises !
Je tourne le dos à la bâtarde une dernière fois, refusant de la regarder plus longtemps. Elle m’a assez emmerdé comme ça, je n’ai plus de raison de la garder. Je claque des doigts, et les trois macchabés se ruent sur la drôlesse qui s’écrase dos aux carreaux blancs, laissant tomber à terre sa cigarette à moitié consumée.
Je me rassois en lévitation, avançant vers mon bureau tandis que quelques cris et bruits de morsure atteignent mes oreilles. Une fois qu’il ne restera que des os il faudra que je fasse un brin de ménage et de nettoyage, ne laisser aucune trace de son existence et de son passage sera aisé, j’en ai l’habitude. Quand à son énergie vitale… Bah, impossible que je bouffe un truc aussi dégueulasse, tout juste bon à remplir des estomacs en décomposition.
Au moins ça fait une sang-mêlée de moins Mais il en reste tellement… Tu pourras pas tous les supprimer ! Tu paris ? Putain d’assassin ... Hé oh toi le suicidaire on t’a pas sonné Ça sent le roussi Greed Je gère, mêle toi de ton cul Non mais ça pue le gaz abrutit, vraiment !
Mon nez est chatouillé par une forte odeur, acre, faisant tourner ma tête - dans le sens physiologique pour une fois -. Je braque mon regard alerté dans tous les coins de la pièce, cherchant l’origine de la fuite, conscient du danger, et finit par aviser une bonbonne dépressurisée qui se vide à vive allure. Sur la bouteille, je repère l’étiquette sur laquelle figure l’inscription « Oxygène » et la mention « Gaz pressurisé, hautement inflammable ». Ouch, ça, c’est pas bon signe… puis un détail choquant me traverse l’esprit, et sans bouger ma tête je laisse glisser mes yeux, lentement, vers la cigarette rougeoyante qui traine à à peine quelques mètres, se consumant de plus en plus fort.
« Et merde. »
Sans même pouvoir bouger le petit doigt, comme si le temps était à l’arrêt, les flammes apparaissent dans un battement de cil. La pièce s’emplie d’une chaleur suffocante et l’explosion souffle tout sur son passage. Autour de moi se forme un cocon imperméable créé des membres qui lévitaient déjà à mes côtés, empêchant le feu de m’atteindre mais pas la température. J’ai peine à respirer, couvrant mon visage de mon avant bras par réflexe pour protéger mes yeux aveuglés. Mes oreilles bourdonnent, je ne vois rien pendant de longues secondes, la chaleur est insupportable. J’étend ma sphère de protection autant que faire se peut pour repousser l’incendie qui se déclare ça et là une fois le souffle de la déflagration passé. Reprenant mon souffle, j’observe le joyeux bordel qui apparait devant mes yeux.
Je pose un pied à terre, puis le deuxième, et laisse glisser mes yeux bleus sur le carrelage.
« C’est une plaisanterie…? »
La gamine est adossée au mur dans la même position que je l’ai laissée. Au sol, mes trois macchabés se tordent de douleur, gémissant et râlant de leurs voix d’outre-tombe. La quasi totalité de la peau est couverte de flammes, rendant méconnaissables les corps et rongeant les tissus. Complètement inutilisables, leurs âmes s’extirpent des morceaux de viandes restants et retournent en moi.
La gamine quant à elle est exempte de la moindre trace de brûlure, les flammes semblant se dévier devant ses bras croisés sur son visage, comme un voile invisible la protégeant de cet incident dont aucun humain n’aurait pu sortir vivant, ou du moins dans son état. Quelques marques de morsure visibles parsèment sa peau et un filet de sang suinte de sa tête, mais ce ne sont là que les seules blessures visibles qu’elle à reçu. Sans déconner…
Elle relève lentement la tête, observant quelques instant l’environnement autour d’elle, puis ses mains et ses bras. Elle s’inspecte entièrement, comme désorientée, visiblement crevée, et un sourire déforme son visage. Un sourire satisfait. Puis elle lève vers moi des yeux mi-clos au fond desquels brule une satisfaction sans bornes, dont la seule ponctuation réside en ce geste du bras gauche qu’elle m’adresse, poing fermé majeur dressé, avant de s’écrouler.
Je reste béat quelques instant, regardant les flammes reprendre leur liberté et s’approcher d’elle, enragé comme rarement c’est arrivé. Ce doigt d’honneur, c’est la signature de son arrêt de mort ! J’vais me la faire, j’vais la bouffer !Attends ! Quoi ?! C’est une sorcière maintenant, tu ne peux plus rien lui faire…
… Pardon ? Une sorcière..? Laisse moi rire ! Elle n’a de sorcier que la magie qu’elle vient de manifester, elle n’en a ni le sang ni le prestige, aucune éducation, aucun droit ! Personne ne peut me défier, elle mérite de crever !
Aux yeux de Tom c’en est une pourtant, et il a raison
… Fait chier… J’ai qu’à la laisser cramer !
… T’es con ou tu fais exprès ? Il y aura une enquête, chez les humains et chez les sorciers, et sur qui toute la faute va retomber à ton avis ? Qui va en prendre plein la gueule et en prendre pour perpette ? C’est toi, Abruti !
… Je te hais, mais je te hais si fort…
J’avance un pas vers la gamine, une main voilant mes yeux pour les protéger des rayons ardents, mon corps toujours bien barricadé. Tout ce bordel va attirer l’attention, l’alarme sonne déjà à tue-tête. Pour une fois dans mon existence je vais sauver une vie, et bien que le dégout me serre les tripes j’ai pas le choix si je veux sauver mon cul. J’empoigne alors la gamine avec ma magie et la balance au travers de la fumée noire en direction de la porte battante, attendant d’entendre le bruit sourd du choc pour essayer de me frayer un chemin hors d’ici. Les dents serrées, je contemple mon office se faire ravager par le feu et les flammes. Mon repaire, mon labo, mon chez-moi, tout ça réduit en cendres par une putain de saloperie de sale gamine de mes deux !
J’enrage, mais en arrivant près de la porte mon pied écrase quelque chose, que je me penche pour ramasser. Il s’agit du mégot -carbonisé certes, mais reconnaissable- qui a foutu le feu au gaz, et déclenché tout ce rucus. Une aubaine de l’avoir trouvé, s’il y a enquête personne ne saura qu’un geste aussi bête a eu lieu dans ma morgue, et la thèse de l’accident sera privilégiée. Au final, j’ai quand même un peu de chance, ça me redonne le sourire !
J’arrive ainsi à la porte, baissant les yeux vers la gamine dont la respiration devient difficile à cause de la chaleur, des flammes et du monoxyde de carbone qui est omniprésent. J’avoue moi-même être tout à fait atteint, presque désorienté bien que protégé du minimum de fumée. Je soulève donc la bâtarde par la magie, sans faire vraiment attention à sa manipulation, cognant sa tête une fois de plus contre l’encadrement de la porte.
« Oups, paaaardon. »
Ah, merde, elle est dans les vapes. Bon, bah vu son état général une bosse passera inaperçue hein ! Nous franchissons dons la porte à double battant avant de nous retrouver dans le sas, et bien que l’acte m’écoeure par avance, je saisie la fille par le bras et entoure celui-ci autour de mon cou, et pose mon autre main sur sa hanche. Il faut avouer qu’elle est relativement bien faite, fine et élancée, et à mon avantage elle ne pèse presque rien. Je la traine ainsi sur quelques mètres en m’entrainant à toussoter comme si je sortais de l’incendie. J’ai pris soin de frotter de la suie sur mon tee-shirt pour simuler les « épreuves » que j’ai traversé pour nous sortir de là tous les deux, puis avec le pied j’enfonce le battant qui mène au couloir. Des infirmiers évacuent l’escalier au coin, personne en vue. La sortie se situe deux étages plus haut, je presse donc le pas, et lorsque celle-ci se fait proche les pompiers sont déjà arrivés. En tenue, lance à incendie en main, ils se pressent tous vers le sous-sol sauf deux d’entre eux, qui accourent à notre secours. Je leur laisse la fille et m’assied dehors, à même le sol. Quelques collègue s’approchent, demandant si je vais bien. Tsss, les humains et leur empathie !
« J’vais bien, j’vais bien, occupez vous plutôt de la fille. On est dans un hôpital merde, y’a pas un docteur ?! »
Laissant pompiers et médecins faire leur boulot, je réalise que mon avant-bras est à l’air libre et que mon « tatouage » est à peu près visible. Je le couvre vite de ma main, puis fouille les environs à la recherche d’un bandage à appliquer dessus, ce qui ne tarde pas.
Matricule couvert, j’observe la gamine se faire évacuer, méditant sur la seule chose qui a en cet instant de l’intérêt : Irina va me tuer.
Face à face enflammé
Etilya sur DK RPG
Invité
Invité
Mer 22 Jan 2020 - 20:34
Lindiya fulminait de cette rage qui l’emportait depuis quelques mois. Une rage en elle criait à l’aide, au secours, merde, putain, et ainsi de suite. C’était une colère qui atteignait des points destructeurs, le cœur battait bien trop fort, ses mains devenaient moites, sa bouche sèche, son front luisant – heureusement qu’elle ne m’était pas de fond de teins – comme un paradoxe, en face d’elle, Greed – la puissance de l’enclave – lui renvoyait son propre reflet de haine dans une sous teinte froide.
C’était un tableau hypnotisant de l’extérieur. La flamme intérieure de la jeune femme rencontrait les ravages brulant du froid, c’était le chaud et le froid, le feu et la glace, la vie et la mort.
Mais, la mort l’emportait toujours.
Ça allait mal finir, Lindiya en avait parfaitement conscience derrière son aveuglement. Qu’était-elle venue chercher finalement ? Une arme pour mettre fin à ses jours ? Greed a lui tout seul représentait un gun chargeait et Lindiya, une caboche prête à exploser. Le creux de l’inconscience contre la force rude de la puissance. Oui, la jeune femme faisait une vraie tentative de suicide à elle toute seule. C’était qu’elle était venue la chercher sans se retourner pour couronner le tout. Elle avait marché de chez elle à ici, talons claquant, buste droit, menton fier, pour demander de l’aide. Mais de l’aide pourquoi ?
C’était de notoriété publique que le nécromancien était un fou parmi les fous. Mais finalement, une tentative de suicide oui, résumait très bien la situation.
D’un coup d’œil furtif, recluse dans sa rage, la métisse regarde son compte à rebours qui passe. C’était comme se retrouver devant sa propre horloge et pourtant, l’aveuglement de sa haine lui empêche d’avoir pleinement conscience de la fin qui l’attendait. Mon dieu, Lindiya avait-elle perdue la raison ? Ses émotions l’avaient-ils emportée ? Leur proximité était une allégorie saisissante.
« Plutôt mourir que de rester dans cet état » avait-elle pensé en se réveillant. Cris de vie ou de mort, elle n’en avait pas conscience. Comme cette femme éperdue qui pied sur l’accélérateur fonce contre les barrières de protection dans l’espoir presque fugace de mourir comme de survivre.
Dans l’attente d’un signe du destin qui la pousse tendrement de la mort vers la vie. Comme un cri à l’aide accueillis, comme un espoir dans la noirceur, comme la fin des tracas, comme la vie pour la mort. Et Carpe Diem, si rien de tout ça n’arrive, mourir enfin en paix.
« 00 : 00 » End.
Sa tête percute violemment une surface que le bruit strident qui envahi sa boite crânienne est incapable d’identifié. Elle gémit gutturalement alors qu’une toux sanglante lui obstrue la gorge et que son corps tombe par terre. Elle se recroqueville sur elle-même pour essayer de calmer cette douleur qui l’empêche encore d’ouvrir les yeux, un cri meurt dans sa toux et elle essaye tant bien que mal de retrouver un semblant d’air dans ses poumons qui avait tout expulser dans l’impact.
Jamais encore, la jeune femme n’avait connu pareille douleur. Elle en avait connu sous un autre aspect, notamment psychologique, elle était donc armée à toute humiliation possible et imaginable. Mais jamais, aux grands jamais, dans son monde, elle n’avait eu à se préparer à une quelconque douleur physique. D’une nature douillette, il lui arrivait souvent de pleurer pour un orteil victime d’un coin de meuble.
Une larme pathétique coule alors qu’elle retrouve une respiration vitale, ouvre un œil pour regarder la vision d’horreur qu’était Greed. La musique d’ambiance n’était pas nécessaire, le son strident de son cerveau suffisait amplement. Les yeux flous sous le choc de l’impact, elle n’arrive à discerner que les contours du sorcier qui se déplace avec une frénésie totale que son imagination n’a aucune peine à visualiser. Elle entend le bruit sourd de trois cliquetis, quelque chose était ouvert.
« Fini de jouer. »
D’un mouvement de main tremblante, Lin essuie son front couvert de sang et ses narines et tente dans bien que mal de distinguer ce qui se passe. C’était surnaturel, cette magie dépassait de loin tous les entendements, son corps encore bien vivant, battait d’une peur qui lui refroidissait les membres en commençant par la pointe de ses pieds. Plus les scènes se défilaient sous ses yeux qui retrouver de seconde en seconde, leur netteté, plus la peur froide s’insinuait dans chaque partie de son être.
« Puchain… de… merde… » marmonna-t-elle la bouche encore noyait par son sang.
La mort dans l’âme, la jeune femme regarde les trois cadavres se dirigeaient vers leur maître. Elle ferme les yeux comme pour espérer se réveiller de ce cauchemar, et pourtant, quand ses paupières s’ouvrent de nouveau, elle les voit distinctement. Elle pose un regard tout d’abord dégouté sur l’obèse qui dans la mort, donnait des sueurs froides mais, était de tous, le moins horrible. Quand ses yeux se pose sur l’homme scarifié, elle pousse un gémissement qui vient du plus profond de son être. Et enfin, par acquis de conscience, comme si, avoir connaissance du danger qui l’entourait pouvait lui sauver la mise, elle pose son regard sur le dernier cadavre.
Une femme. Une bile lui monte dans la gorge alors qu’elle prend le temps de regarder son monologue, elle était défigurée, où était son nez ? Sûrement avec le petit homme, pirouette cacahuète. Sa mâchoire tombait, autant le lui arracher directement, non car elle tenait à plus grand-chose, le peu de peau qui lui restait servait d’élastique macabre mais fragile.
Plus que les morts, Lindiya sent des larmes coulaient le long de ses joues devant cette souffrance. Le proverbe ne disait-il pas, qu’une fois mort, on reposait enfin en paix ? Cette magie que le sorcier possédait n’était pas que dégueulasse, elle était immorale. C’était retirer toute humanité derrière l’enveloppe charnelle d’une personne qui avait accueillis, dans son sein, une âme. Elle voulait partir d’ici au plus vite et oublier ce moment qui dépassait de loin l’entendement. Pourtant, alors qu’elle essayait de se redresser, elle sent très bien qu’une de ses côtes avait lâché dans l’impact. Être sorcière, n’insinuait pas d’être wonder woman malheureusement, son corps restait fragile et cassable.
« Moi, t’aider ? Pour qui tu me prends ?! Je ne suis pas un misérable, absurde petit sorcier de pacotille ! Je suis La Puissance ! Que croyais-tu, que j’allais accepter ne serais-ce que de souffrir l’existence d’une sous-race comme toi ?! Une faible, pleurnicharde, impuissante gamine au sang mêlé ?! »
« Faible »
Lin gémit alors qu’il l’attrape par les cheveux, tente dans bien que mal de se débattre avec le peu d’énergie qui lui reste de désespoir mais, râle sous l’impact contre le mur ravivant le sifflement strident de sa boite crânienne.
« Qui crois-tu être pour me regarder comme ça ? »
« Pleunicharde »
Elle remballe immédiatement le sanglot qui lui monte dans la gorge. Elle ravale sa détresse qui transpire dans tous ses ports, essaye tant bien que mal de retrouver un semblant de fierté mais, toute tentative de parler se bloque dans sa gorge. Souffrante, elle commence par voir des points devant sa vue, c’était mauvais signe. Si seulement, elle pouvait se débarrasser de cette monstruosité. Car c’était ce qu’il était : une monstruosité.
Cependant, il n’avait pas tors sur un point. Elle n’était rien dans ce monde violent qu’était celui des chapeaux pointus. Cette main qui la tenait fermement puait la mort. Quel événement pouvait-il justifier de devenir une merde pareil ? Lindiya n’en avait aucune idée. Mais, ce qu’elle avait en face d’elle, était très loin d’être humain, même sorcier, ses émotions étaient toutes dirigées vers le même point : tuer et asservir.
« Je te dégoute ..? »
Non, il ne la dégoutait pas. Il lui faisait pitié. Il avait beaucoup à compenser, elle en était certaine. Sa puissance n’était qu’une façade devant sa médiocrité. Il l’était, c’était indéniable, Lin allait probablement mourir aujourd’hui. Cependant, elle se sentait déjà supérieur depuis quelques heures à cet individu. Si elle devait mourir ici, elle le ferait correctement, qu’il ne la sous-estime pas. Était-elle donc vraiment sorcière ? Elle en doutait, finalement. Elle n’était pas faite pour ce monde, elle ne le concevait pas.
La jeune femme ne peut parler, chaque mot meurt à l’entrée de sa bouche comme bloquée par le traumatisme qui s’encrait en elle. Elle se souviendrait de cet homme même dans la mort.
Sans prévenir, imprévisible, frénétique, elle se retrouve de nouveau projeté par un coup de pied sur la joue qui rompt toute possibilité de regarder cette horreur dans le fond des yeux. Aucun cri ne sort de sa bouche, non que l’envie ne se présentait pas mais, déjà son pied la maintenait au sol. La pression qu’il exerçait sur sa gorge était parfaitement calculée. Non, elle n’allait pas finir comme ça. Etranglée au sol par une semelle, le peu d’air qu’elle réussissait à expulser lui permettait d’éviter de suffoquer. Elle pose ses mains sur sa jambe, tente tant bien que mal de le retirer de sa trachée en souffrance mais, rien n’y fait. Elle le tuerait si elle en était capable. Lindiya n’avait jamais connu ce sentiment auparavant. Elle l’aurait mordu si elle le pouvait, elle l’aurait cramé sur un bucher improvisé à l’aide de ses propres macchabés.
L’idée était plus qu’excellente ! Elle s’en réjouissait par avance, et pourtant, elle se contente de ce qu’elle a. Elle savait que son regard sur sa personne le brûlait de l’intérieur, se retrouver en face d’elle pouvait se révéler une épreuve en soit, Lindiya était douce, gentille, adorable mais, surtout et avant tout, incroyablement coriace.
Il voulait la tuer. Qu’à cela ne tienne.
Dégouté par sa vision dans les yeux de la jeune femme, il lui humidie le visage d’un crachas avant de lui asséner un coup de pied sur sa seconde joue. Elle râle sous la douleur. On pouvait dire qu’elle avait testé pas mal de coup sur une même zone. Il ne pouvait pas s’occuper un peu du bas à la place. Elle crache à son tours le sang qui lui inonde la bouche, alors qu’elle s’était mordue par deux fois la bouche sous les deux impacts. Dans cet état, elle ne pourrait pas retourner au travail de sitôt. Elle sourit à cette idée, non, elle ne crèverait pas aujourd’hui.
« Fini la mascarade, la minute est écoulée. Et tu sais quoi ? J’suis pas convaincu. Pas besoin de mots pour te décrire la gerbe que tu m’inspire, je vois que tu le lis sur mon visage. »
Sourire ou grimacer, c’était un petit peu la même chose dans son état. Elle voyait d’ici sa collègue et amie Lucy, lui sourire de toutes ses dents, pouce dressée, alors qu’elle venait tout juste de réussir à faire adopter un petit chaton à la suite de leur annonce sur Facebook.
« Et tu sais quoi ? Ben j’m’en bat la race, au sens propre du terme. Tu seras jamais sorcière, comme les trois quarts des merdes qui pavent notre monde. Je te laisserai pas cette chance. »
« Tu ne seras jamais sorcière ».
Ça, c’était à elle de le décider bordel de merde. Elle créerait elle-même sa propre source de magie si cela était nécessaire, elle trouverait le vrais du faux dans cette situation nouvelle, pouvait-elle reprendre contact avec son père biologique dans cette hypothèse. Qu’importe.
Merde, elle ne voulait vraiment pas crever ici. Elle était prête à planifier une mort adapter à sa personne quand son heure sera venue mais, en attendant, elle ne tenait qu’à une chose vivre. Vivre de tout son être. Vivre avec son propre feu intérieur. Vivre de cette chaleur avec laquelle on la caractérisait depuis tant d’année. Elle attrape dans sa poche son pauvre paquet de cigarette, se recule de cet homme la main sur les côtes, prend le temps d’allumer sa clope, inspire joyeusement et se remémore un souvenir bien enfoui au creux de sa mémoire :
« Lindiya ! Lindiya ! Oh j’ai trop bu, Lin ! *Gloups* Tu es un vrai soleil toi mine de rien ! Oui, voilà tu vas devenir mon petit soleil, car tu es petite, toute petite mais wow, un SOLEIL ! »
Lin se redresse difficilement, elle s’adosse d’abord au mur sur lequel elle avait finis plusieurs fois plaqués pour se maintenir. Ils étaient devenus pote maintenant. Merci Jean-Marc, car tel sera le nom de ce mur. Jean-Marc. Non pardon, Jean-Pierre, c’est plus de vigueur.
Elle inspire de nouveau une bouffée, expire du nez, pose sa clope un instant sur le côté pour inspirer l’air oxydé qui lui remonte aux narines. Elle ne crèverait pas, il en était hors de question. Elle savait qu’en rentrant chez elle, on ne l’attendrait peut-être pas physiquement mais, mentalement beaucoup de personne comptée sur sa toute petite personne. C’était appréciable. S’il avait bien une personne à plaindre et qui pouvait crever aujourd’hui dans cette pièce, ce n’était clairement pas notre charmante sorcière.
Elle le voit s’éloigner, claquer des doigts et partir dans son coin alors que ses trois macchabés se dirige vers elle. C’était une vision d’horreur à faire pâlir le meilleur scénariste de film d’horreur. La jeune femme n’avait jamais aimé les séances de ce type. Si elle devait se retrouver devant un « Conjuring », c’était à tous les coups, pendant un rendez-vous galant où elle tenait à prouver que c’était une femme indépendante qui n'avait besoin de rien, ni de personne. Autant vous dire qu’elle passait rarement un bon moment et qu’elle rentrait toujours chez elle pour se regarder un petit Bambi apeuré sous sa couette.
Le vivre était complètement irréel, un petit ami une fois lui avait raconté l’un de ces cauchemars de zombi qu’il faisait souvent. Elle devrait peut-être l’appelé si elle survivait pour lui raconter vraiment ce que faisait la vraie peur.
Voir des morts se lançait sur vous, membre disloqués, cervelle vidés, conscience envolée, c’était une frayeur à mourir sur place. Mais au-delà de cette vision d’horreur, l’attaque qui allait en découdre serrait sûrement la dernière qu’elle pourrait supporter. Elle n’avait aucune chance de s’enfuir, d’un regard à droite et à gauche, elle cherche un semblant d’espoir mais rien, à sa portée. Elle voit de loin la bombonne de gaze qui avait volé à côté de sa tête tout à l’heure. Dégoupillée. Elle n’attendait qu’une chose : servir.
Elle ne survivrait pas ? Pas de problème, personne ne survivrait. Elle te tuerait cet enculé.
Elle ne serait le soleil de plus personne, elle ne suffisait même plus à elle-même. Elle lâche sa cigarette encore allumée alors que l’obèse lui tombe dessus de son odeur nauséabonde. Elle qui avait réussis à se redresser se retrouve attaquée de toute part, elle essaye tant bien que mal de se protéger de ses mains mais rien n’y fait, tout passe sous leur dent acérée.
La première morsure tombe sur sa cuisse, la deuxième sur son bras qui lui sert de bouclier et les autres ? Elle n’en a plus conscience. Elle essaye de se débattre, mais tout n’est que souffrance, elle a l’impression qu’on lui arrache chaque partie de son corps. Elle finit par ne même plus sentir sa propre jambe, anesthésié par la douleur trop vive à supporter, puis, la deuxième y passe. Elle hurle à n’en plus finir comme si crier de tout son être lui permet de se défendre et de survivre.
L’idiote.
D’une pensée, elle ordonne à l’explosion de réussir qu’une seule chose.
« Tus-les ! Tus-les ! Tus-les ! Tus-les ! »
Des larmes de désespoir coule le long de ses joues, elle se sent déchirée de toute part, ce corps qu’elle avait pris tant d’année à apprivoiser lui échapper une bonne fois pour toute. Ce n’était même plus un viol, un anéantissement psychologique mais, son anéantissement physique dans toute son intégralité. Est-ce qu’ils la mordaient ? Elle n’arrive même plus à identifier cette douleur qui lui paralyse le corps et l’âme. Elle ne crit qu’un ordre de toute son âme, de son corps, de toute son essence, de tout son cœur : TUES LES !
Enfin, la délivrance. Elle le sent. Elle se protège de ses bras croisés, comme si cela pourrait servir à quelque chose. Elle accueille de tout son être cette chaleur salvatrice qui lui berce le corps et englobe le cœur pour lui redonner cette chaleur, ce rayonnement qu’il avait toujours eu. Elle allait mourir comme il se devait. Si ce n’était pas chouette, tout ça ! Aucun souvenir photogénique de sa famille, aucun battement de cœur paniquée, juste cet instant coupé hors du temps. Elle, lui, ensemble : au chaud.
Elle inspire à plein poumon.
Attendez ? Elle inspire. Comme si de rien n’était. Elle ouvre un œil puis, un second. Regarde autours d’elle, le feu qui se consume autours d’elle, les trois cadavres disparaissent sous ses yeux pour ne laisser que cendre, les flammes ne l’atteigne pas. Elle regarde ses bras, rien, ses cheveux, toujours aussi long – mais poisseux par tout ce sang qu’elle avait perdu – et, ses vêtements. Toujours aussi sexy dans ce jean moulant à souhait, merde.
Elle était en vie.
Elle sourit. Explose de rire même. Envahis d’un sentiment de pur bonheur comme elle n’en avait jamais connus auparavant. Une larme libératrice coule le long de sa joue pleine de suie qu’elle essuie tout doucement. La voilà. Elle l’avait trouvé. Son affinité. Elle lève les yeux vers le sorcier qui l’avait aidé sans le vouloir, il était toujours en vie, surpris, sous le choc de ce qui venait de se passer. Lin le regarde consumée de l’intérieur par la flamme de sa propre volonté mais avant, de tout son affinité.
Elle l’avait eu cet enculé. Elle l’avait eu bien correctement.
D’un sourire triomphant, elle le remercie de tout son être et avec toute la haine qu’elle possède en elle. Prend ça, dans ton sal cul, merdeux ! Majeur fièrement dressé, elle sourit de toutes ses dents. C’était une sorcière. Une vrais de vrais.
Ça va sentir le roussis, mes poussins.
Et puis, à bout de force, le monde autours d’elle ne devient qu’obscurité. Elle s’effondre. Inconsciente.***
« Soif »
Lointaine. Sa voix perce le brouillard qui lui embrouille l’esprit. Elle venait de loin. C’était comme crier dans l’eau dans l’espoir que l’autre l’entende, un jeu de gamin qui se résultait souvent à boire une bonne tasse des familles.
Pourtant, alors qu’elle ouvre un œil, elle remarque qu’un homme en blouse s’affère à lui remplir un verre d’eau fraiche salvatrice. Elle prend tout de même le temps de lui mater le derrière, pas trop mal pour que ça se perçoive malgré la blouse. Quoi ! Elle n’était pas morte si elle pouvait encore se servir de ses yeux, elle devait bien remercier mon seigneur tout puissant de mes fesses pour cela.
Enfin, il arrive vers elle, pas trop tôt, elle essaye de se redresser mais, se radoucit vite alors que sa tête tourne à plein régime.
« Tout doucement. Vous avez une bonne commotion cérébrale, faut y allez molo, maintenant. »
Elle en avait qu’une seule, c’était qu’elle avait donc la tête dure. Bonne nouvelle pour l’avenir.
Sacré avenir, c’est qu’elle allait mourir dans un sacré bout de temps, elle atteindrait sûrement la bar des cent ans, c’était dingue tout de même. Elle accueille l’eau en douceur, chaque gorgée lui enflamme le gosier endommagé par la suie, elle avait tout de même fini par être victime de son propre feu de joie. Qu’importe.
De sa main qu’un fil reliet à une machine, elle tente de maîtriser le flux de l’eau mais, en toute honnêteté une bonne partie finit sur sa chemise d’hôpital. Qu’importe, cela avait suffit à calmer sa soif. Elle laisse l’infirmier s’éloignait d’elle pour poser le verre sur la table basse. Oui, il était tout de même mignon.
« Je suis en vie. »
« Oui ! Grâce aux médecins légistes ! C’est qu’il est assez intimidant à approcher quand il exerce dans sa morgue mais, c’est bel et bien lui qui vous a sauvé. »
« Voyez-vous cela… » croasse-t-elle « Je n’en doutais pas de sa douce personne » finit-elle en se raclant la gorge.
« Bon reposez-vous, Mademoiselle. Vous avez encore beaucoup besoin. Ma collègue viendra vous voir pendant sa prochaine ronde en début de soirée. »
« Merci »
D’un soupir, Lin se met à son aise. Elle prend tout de même le temps de se palper ! Ouh mais c’était qu’elle était toute nue en dessous, coquiiiina ! Elle glousse. Et s’endort. En vie. Simplement et indiscutablement : vivante.
Contenu sponsorisé
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|