Wandering on the streets... [PV Lindiya] (29/09/2017)

Le fameux cari de Lin était délicieux. Je n'avais pas énormément d'appétit, notamment à cause de mes nausées de tout à l'heure. Aussi ne pus-je pas faire autant honneur au plat que je l'aurais souhaité. Je m'efforçai cependant de finir l'assiette pour ne pas inquiéter Lin, prenant tout mon temps. Si Lin remarqua ma maladresse avec la fourchette, elle n'en montra aucun signe. Soit elle était trop concentrée sur la nourriture pour le remarquer, soit elle faisait preuve de politesse, sans doute. En tout cas, elle ne s'attarda pas sur mes origines, ce qui ne manqua pas de me soulager grandement. J'avais beau lui témoigner une confiance assez surprenante, vu que je venais de la rencontrer, il me fallait tout de même être prudente. J'avais envie de tout lui dire, de trouver une alliée, mais si elle ne me croyait pas, ce serait pire que de ne rien avoir dit du tout. « Bonjour, je viens de m'enfuir de l'hôpital psy du coin, parce que des vilains sorciers essaient de m'effacer la mémoire. » … Super crédible, décidément. Il valait mieux laisser tomber l'idée. Lin était suffisamment… dingue – je ne voyais pas d'autres mots bien que ce soit adorable de sa part – pour accueillir une inconnue qui traînait dans la rue chez elle, mais sans doute serait-elle bien moins encline à accueillir la cinglée qui s'est enfuie de l'asile.

En tout cas, mes infos vagues passèrent sans trop de problèmes et elle se mit à parler d'elle, comme je l'espérais. Ouf. Lin expliqua qu'elle venait de France et qu'elle était partie sur un coup de tête. Je trouvais ça très étonnant, et surtout très courageux en soi de quitter son pays natal pour aller vivre à un endroit où tu ne connais personne, surtout si loin, au-delà des océans. Cela ne me serait jamais venu à l'idée. En même temps, j'étais encore trop jeune pour réellement penser à quitter le foyer familial quand l'« incident » était survenu. En plus, elle n'avait pas eu trop de chance sur la ville. J'ignorais si Lin savait ce qui errait dans les rues et les forêts alentours, mais ce n'était sans doute pas la cité la plus sûre. Je ne connaissais pas les statistiques, mais le taux de mortalité devait être sacrément plus élevé qu'ailleurs, avec des vampires fous en liberté, des sorciers que ça ne gênait apparemment pas de s'entretuer et je ne sais quoi d'autre. A moins que ce soit comme ça partout et que j'aie juste eu la malchance de tomber dessus. Après réflexion, je n'en savais rien. Était-ce la ville qui était dangereuse ou une sorte de malchance naturelle ?

« Qu'est-ce qui t'a attirée, à Nakanoto ? »

Je me posai quand même la question, tout comme je me demandais ce qui avait amené mes parents à acheter un domaine ici. Certes, ce n'était pas loin de la mer, mais dans ce cas, pourquoi pas ne pas choisir directement une ville côtière voisine ? Le coin était touristique, mais Nakanoto était sans doute la ville la moins intéressante du coin, du point de vue d'un touriste. Il y avait bien ce vieux bâtiment dans les montagnes, mais on on en trouvait beaucoup un peu partout au Japon dans ce genre-là, et il n'était pas loin d'Himi, ville qui disposait d'une station balnéaire. Lin me proposa de boire quelque chose de chaud. J'allais lui répondre par la négative, car il ne me semblait plus pouvoir avaler quoi que ce soit, mais je vis le regard enthousiaste de Lin quand elle me présenta ses deux tasses et j'acceptai finalement un compromis : une tisane destinée à faciliter la digestion. Je pris une tasse au hasard qui s'avéra être la blanche à points noirs et y glissai le sachet.

« Que souhaites-tu que l'on fasse demain ? Si tu veux te reposer, tu sais que tu peux. Mon lit est confortable. Je dormirai sur mon petit canapé d'angle au passage ce soir pour que tu puisses dormir à ton aise. »

J'allais protester et dire que je dormirais sur le canapé, mais Lin dut anticiper ma réponse car elle reprit immédiatement :

« Tu as besoin de reprendre des couleurs et dormir aide ! Ou on essaie de retrouver ton chemin. Mais sache que, quoi que tu décides, ça ne me pose aucun problème. Tu es comme chez toi ici. »

« Tu es bien trop gentille, Lin, marmonnai-je dans ma tasse. Je pourrais être n'importe qui. Je promets de ne pas toucher à tes affaires et je te suis infiniment reconnaissante de t'occuper de moi comme tu le fais, mais tu aurais pu tomber tomber sur quelqu'un de moins bien intentionné... »

Je relevai la tête.

« La maison que je cherche est complètement perdue dans la forêt et je ne me souviens plus comment on s'y rend. En pleine nuit, ça risque d'être très compliqué. J'avoue que ça m'aide beaucoup que tu me laisses dormir ici. »

J'omis volontairement de parler de ce qu'on ferait le lendemain. Je n'en avais strictement aucune idée. J'avais pensé à lui demander de l'aide pour retrouver la maison, mais que penserait-elle en découvrant une maison abandonnée, probablement abîmée par les intempéries. Il me fallait du temps pour penser à la manière dont j'allais tourner les choses, ou pour me faire à l'idée de partir seule si je ne trouvais rien que je pusse dire à Lin.

« Tu es bien trop gentille, Lin. »

Ça c’était une vision purement contextualisé. Lin n’était pas toujours un ange, elle savait juste qu’être dans la merde jusqu’au cou ce n’était pas beau à voir, certes, mais également horrible à vivre.

Quand elle avait vu Alyssa, seule, frigorifiée, sur ce banc… elle n’avait pas vraiment réfléchis. Son propre instinct de survie s’est déteins sur la jeune femme rousse. Laisser quelqu’un de si frêle dehors était presque… inhumain. Bien-sûr, elle savait que Nakanoto était une ville pas très sûre. Cependant, elle se méfiait plus des beautés surhumaines. Et il fallait avouer… qu’elle avait vu des cernes autours des yeux d’Alyssa et quelques petits boutons – très peu. De ce fait, la petite poupée en porcelaine devant elle qui devait avoir le même âge qu’elle, ne lui avait pas semblé être un vampire assoiffé de sang.

« Je pourrais être n'importe qui. Je promets de ne pas toucher à tes affaires et je te suis infiniment reconnaissante de t'occuper de moi comme tu le fais, mais tu aurais pu tomber sur quelqu'un de moins bien intentionné... »

En soit, Alyssa avait raison. Même humain, le danger rodait. Pourtant comment expliquer les agissements incontrôlés ? Il arrivait à n’importe qui de ressentir de bonnes ondes chez une personne et de s’y fier. Elle avala donc une gorgée de café en souriant. Elle ne pouvait pas expliquer en soit, mais Lin avait immédiatement eu confiance en Alyssa. Elle était même contente que ça se passe aussi bien. Et enfin, elle ne se retrouvait pas toute seule pour une nouvelle soirée solitaire dans son petit lit douillé bien-sûr mais, tellement froid seule.

« La maison que je cherche est complètement perdue dans la forêt et je ne me souviens plus comment on s'y rend. En pleine nuit, ça risque d'être très compliqué. J'avoue que ça m'aide beaucoup que tu me laisses dormir ici. »

Chaleureusement, Lin posa sa main tout doucement sur le bras d’Alyssa.

-Ne te fais pas de soucis Alyssa. Je n’ai aucune « affaire » qui ne se partage pas – même si je pense que tu es légèrement plus fine que moi et que mes habits vont t’aller un peu grand. Elle poussa un petit rire cristallin. Et puis écoute, si tu avais voulu me tuer, tu l’aurais fait avant. Un monstre n’aurait pas attendu. Si tu es une voleuse, je suis pauvre, il n’y a donc rien à voler. Elle rigola une nouvelle fois. Demain, nous partirons en quête de ton ancien chez toi, ne te fais pas de soucis. A chaque problème existe une solution. Tu n’avais pas de toit où dormir. No problemo, voilà le mien. Tu cherches une demeure. No problem. On est au XXIe siècle, la technologie est là, on trouvera donc.

Sur ces dernières paroles, elle finit son café. Il était très tard après tout, c’était l’heure de dire « au revoir » à cette grosse journée bien rempli. Elle prépara rapidement le lit d’Alyssa – en soit le sien – pour qu’il soit propre, avant de sortir de sous son lit, ce qu’elle surnommait son « petit canapé ». En soit, c’était juste un coussin pliable qu’on pouvait déplier pour s’allonger dessus. C’était très pratique justement pour ce genre d’occasion.

Tête sur l’oreiller, elle attendit d’entendre la respiration d’Alyssa devenir plus lente avant de penser à son propre sommeille. Demain, il fallait retrouver la demeure de cette jeune demoiselle. Ça allait être une sacrée aventure… surtout si elle ne se trouvait pas en ville mais aux abords. Heureusement, elle avait des baskets pour marcher longtemps.