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Dim 7 Juin 2020 - 20:46
Ma silhouette s'avança dans les dédales de l'école des sorciers d'une cadence tranquille et élégante. Aujourd'hui était en quelque sorte, une forme de baptême. J'inaugurais pour la première fois mon rôle en tant que Maître. Si j'avais su qu'un jour, je me collerais cette tâche ingrate consciemment. Irina, elle, avait à sa botte des personnalités détenant des sorts si intéressants et pratiques. Et moi, j'acceptais de prendre en charge une gamine qui ne connaissait rien sur rien de notre monde. J'avais attendu un certain temps avant que Lindiya Juhel ne se remette sur pieds. Levisto-san m'avait, par la suite, avertie sur ma demande lorsqu'elle fut de nouveau « en état ». Une lettre lui avait donc été adressée directement dans sa chambre de convalescence afin qu'elle se présente devant moi, dans ce hall d'entraînement. Cela me rappelait de nombreux souvenirs, le parfum de l'ascension et de la souffrance également. Tant d'efforts transpirants avaient été donné ici. Enfin, nous n'étions pas encore rendu au point de suer. La Métis n'était encore qu'une novice et avait à peine conscience de ce qu'elle était finalement. Je partais donc sur une base de zéro, tout était à revoir. Et je comptais également faire une mise au point sur nos règles primordiales et intransigeantes.
Un soupir glissa entre mes lèvres. Je me demandais encore qu'est ce qui m'avait bien pris d'accepter mais après tout, c'était aussi d'utilité publique. Elle était si inculte que nous risquions un scandale s'il devait se produire ce que nous mettons un point d'honneur à ne pas faire : user de notre magie aux yeux de tous. Nous ne savions jamais ce qui pouvait se produire quand un pouvoir incontrôlé était entre les mains d'une demi-sorcière complètement ignorante. En tout cas, rien de bien glorieux, cela, c'était une certitude. Pire encore, un danger potentiel pour notre communauté. Je me disais alors que mon choix devait être le bon, rien que pour lui inculquer au moins l'attitude à obtempérer. Mais je devais surtout faire en sorte qu'elle soit autonome vis à vis de sa magie pour lui permettre de la contrôler. Sans cela, il lui sera interdit formellement de se balader sans surveillance où elle le souhaite. Fort heureusement, ma divination me permettra de la suivre à la trace, parce qu'elle se situait désormais sous ma responsabilité et n'avait pas intérêt de me tâcher de honte. J'avais aussi exigé qu'elle ait une chambre au sein de l'école pour qu'elle reste le plus possible dans l'enceinte et limiter ainsi ses sorties sans permission. Et si elle grognait, cela n'y changerait rien du tout, elle n'aura qu'à apprendre rapidement pour être libre de ses mouvements.
Mais qu'est ce qu'elle fichait au juste ? Je soufflais sur une de mes mèches de cheveux, agacée par son retard, je détestais fortement qu'on me fasse attendre. A mon avis, elle avait dû sentir que ma mauvaise humeur se profilait à l'horizon, car une tignasse brune fit son apparition soudainement dans la pièce.
-Tu as trois minutes de retard, tonnais-je d'une voix réprobatrice, va t'installer maintenant.
Pas de bonjour, pas de comment tu vas, ce n'était pas l'heure. Je désignais ensuite du menton le centre de la salle, où était dessiné un cercle en craie pour qu'elle s'y place.
-Alors, Juhel-san, vérifions d'abord tes bases sur ton appartenance nouvelle. Dis moi déjà tout ce que tu sais au sujet des sorciers, de la magie, de ses règles et de son histoire.
Cela nous fera un bon point de départ.
Un soupir glissa entre mes lèvres. Je me demandais encore qu'est ce qui m'avait bien pris d'accepter mais après tout, c'était aussi d'utilité publique. Elle était si inculte que nous risquions un scandale s'il devait se produire ce que nous mettons un point d'honneur à ne pas faire : user de notre magie aux yeux de tous. Nous ne savions jamais ce qui pouvait se produire quand un pouvoir incontrôlé était entre les mains d'une demi-sorcière complètement ignorante. En tout cas, rien de bien glorieux, cela, c'était une certitude. Pire encore, un danger potentiel pour notre communauté. Je me disais alors que mon choix devait être le bon, rien que pour lui inculquer au moins l'attitude à obtempérer. Mais je devais surtout faire en sorte qu'elle soit autonome vis à vis de sa magie pour lui permettre de la contrôler. Sans cela, il lui sera interdit formellement de se balader sans surveillance où elle le souhaite. Fort heureusement, ma divination me permettra de la suivre à la trace, parce qu'elle se situait désormais sous ma responsabilité et n'avait pas intérêt de me tâcher de honte. J'avais aussi exigé qu'elle ait une chambre au sein de l'école pour qu'elle reste le plus possible dans l'enceinte et limiter ainsi ses sorties sans permission. Et si elle grognait, cela n'y changerait rien du tout, elle n'aura qu'à apprendre rapidement pour être libre de ses mouvements.
Mais qu'est ce qu'elle fichait au juste ? Je soufflais sur une de mes mèches de cheveux, agacée par son retard, je détestais fortement qu'on me fasse attendre. A mon avis, elle avait dû sentir que ma mauvaise humeur se profilait à l'horizon, car une tignasse brune fit son apparition soudainement dans la pièce.
-Tu as trois minutes de retard, tonnais-je d'une voix réprobatrice, va t'installer maintenant.
Pas de bonjour, pas de comment tu vas, ce n'était pas l'heure. Je désignais ensuite du menton le centre de la salle, où était dessiné un cercle en craie pour qu'elle s'y place.
-Alors, Juhel-san, vérifions d'abord tes bases sur ton appartenance nouvelle. Dis moi déjà tout ce que tu sais au sujet des sorciers, de la magie, de ses règles et de son histoire.
Cela nous fera un bon point de départ.
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Dim 14 Juin 2020 - 16:01
Nez devant sa fenêtre, Lin regarde les petits sorciers aller en classe. C’était qu’ils étaient vraiment tous petit, elle les regarde, hypnotisée par cette danse de vie rempli de minimoys du haut de sa chambre. Ils étaient à la limite d’être adorable – c’est une blague, des enfants adorables, ça n’existe pas même les neveux de la jeune femme avaient le droit au doux surnom de « monstre ».
D’un coup d’œil à son téléphone, la métisse se renseigne sur l’heure. Cela serrait bientôt à son tour de se confronter à un professeur d’envergure. Lin attrape un pantalon de sport – il lui faudrait autant de motivation que pour une séance de sport, elle en était certaine, encore plus avec un cours dans le hall d’entrainement – met une brassière, un t-shirt, ses baskets et sa cigarette la main avant de descendre les marches du réfectoire sur une foulée énergique.
Elle avait devant elle, assez de temps pour fumer et trouver le hall – en comptant, quelques erreurs de couloirs et de parcours comme elle en avait l’habitude. Juin était là. Lindiya appréciait le début de l’été, c’était une période agréable où il ne faisait encore ni trop chaud, ni trop frais. C’était la saison des apéros en France, regard perdu sur une vue impénétrable de sa terrasse avec des amis, c’était les prémices des vacances d’été à venir. C’était donc toujours une période de fête, très loin du repos, c’était les sorties alors que le lendemain on avait cours ou travail, c’était le début des cernes et du bronzage. Lin prend une inspiration et tire une latte calmement. Si d’apparence, elle semblait calme par la journée à venir, la réalité, en était tout autre.
Stressée par les retrouvailles, elle avait tourné et viré très longtemps cette nuit avant de réussir à trouver le sommeil. Courte parenthèse de repos, puisqu’elle avait été réveillée bien avant l’aube, le regard perdu sur un plafond qui n’était pas le sien et dans un lit, qui n’avait pas le même confort que celui de la maison. Finalement, elle avait essayé de prévoir sa journée mais, comment organiser avec un être aussi imprévisible que la Justice de l’enclave ? Comment prévoir ses propres compétences aux demandes de Riven ? Lin ne se sentait ni prête, ni capable, d’agir dans une journée impossible à appréhender de son lit. Et pourtant, le courage en main ou dans la cigarette qu’elle était en train de fumer – et de terminer –, elle serait au rendez-vous.
Cigarette bien éteinte et jeté au bon endroit – un minimum de conscience écologique, tout de même, Lindiya tente de s’y retrouver. De bâtiment en bâtiment, de secteur en secteur, de couloir en couloir, quel joyeux bordel que cette école. D’habitude curieuse d’histoire, la métisse avait, par le passé, apprécié de visiter des écoles au charme ancien. Malheureusement, celle-ci ne lui inspirait très peu confiance. En tout cas, vivre dans son enceinte, ne lui présageait pas beaucoup de sommeil à venir.
Alors qu’elle tourne sur la droite et marche bien cinq minutes dans la mauvaise direction, la jeune femme comprend qu’elle s’est encore trompée et soupire. Oui, elle n’aimait clairement pas cet endroit et lui non plus. Ses couloirs étaient encore plus capricieux que les marches à Poudlard, elle était même certaine qu’ils bougeaient tous de place à son approche pour l’ennuyer. Consciente qu’à ce rythme, elle avait finir par être en retard – mauvaise idée avec une juriste, je vous le dis – elle se pose dans un carrefour de couloir et attrape le premier petit minimoys qui approche. Après une menace, et une avance de quelques sous – malin les petites bêtes – il finit par lui donner la bonne direction. Elle serait en retard, c’était certains, elle devait aller dans l’aile à l’opposé d’où elle se trouvait. Elle soupire, le remercie et cours pour se dépêcher.
D’une bonne foulée sur une cadence rapide et stable, Lin arrive enfin devant la porte du hall d’entrainement – le filou. Elle passe l’entrée et se retrouve nez à nez avec la puissance incarnée. Si l’envie de s’excuser pour son « retard » désirait faire son chemin dans sa cervelle, la sorcière ne comptait pas lui offrir ce plaisir.
« Tu as trois minutes de retard, va t'installer maintenant. »
Bonjour, tu vas bien ? Oui, parfaitement, et toi ? Un petit Ricard pour fêter nos retrouvailles. Ah, comme l’imagination pouvait se montrer utile pour faire passer un moment beaucoup trop froid pour une sorcière pourtant si brulante. Pourtant, si l’envie de s’excuser – encore une fois – ressurgit dans son esprit, la Justice ne lui en laisse pas le temps tout en lui désignant un cercle au sol.
Ah ça, pour être une surprise s’en était une. Légèrement méfiante, Lin se pose au centre en priant pour ne pas être un sacrifice à la « Sabrina, apprentie sorcière ». L’idée même de se retrouver devant la même forme de magie que cette série, donnait envie à la métisse de prendre ses pieds à son cou devant autant de morbidité. C’était qu’elle avait laissé derrière elle – et avec grand plaisir – la mort à la Puissance de l’Enclave sans jamais éprouver une seule fois, le désir d’y retourner.
« Alors, Juhel-san, vérifions d'abord tes bases sur ton appartenance nouvelle. Dis-moi déjà tout ce que tu sais au sujet des sorciers, de la magie, de ses règles et de son histoire. »
Instruction simple et clair. La jeune femme ne pourrait se tromper – tout du moins, si ce qu’elle connaissait était suffisant. Légèrement nerveuse au centre de la pièce, Lindiya se racle la gorge – avec une impression étrange de sentir mauvais du gosier pourtant, elle avait pris une pastille à la menthe après sa cigarette.
« Les sorciers sont une race d’humain avec des pouvoirs, si on veut vulgariser tout ça. Ils vivent plusieurs centaines d’années – sans que ça se voit puisque leurs corps vieillissent au même rythme que leur espérance de vie. Sauf, les métisses. Les métisses ont une espérance de vie moitié moins importante – vivre trop longtemps aussi, c’est ennuyeux. Enfin. Je pense. »
Aucun mot ne sort de la bouche de la Justice, ni même une réaction pour lui montrer une approbation ou non. C’était comme se retrouver devant un exposé de classe, et si d’ordinaire, la « tchatche » de la sorcière lui permettait de gérer. En ce jour, devant les yeux de la Justice, Lin se contente de parler, sans s’amuser à donner du relief à ses mots et encore moins, son avis sur la question. Ce n’était clairement pas le moment, elle en était certaine.
« Pour la magie, de ce que je sais c’est un peu comme un chakra – à la Naruto – ou d’énergie. Durs, durs de s’en faire une idée à l’aide de mot, en tout cas, plus le sorcier sait l’apprivoiser et le contenir mieux c’est. Les sorciers néophytes apprennent donc à s’en servir, très tôt et très jeune – les chanceux – et avec le temps, et les études, ils se trouvent une certaine « affinité », qu’ils vont étudier et développer. Ça va être leur sort propre – et souvent super classe, un peu comme quand Dumbeldore montre son serpent d’eau, enfin, c’est un exemple… commente-t-elle en se raclant la gorge. Les sorciers de sang pur ont une maitrise de la magie plus importante que les métisse. »
Un petit sourire de Riven ? Ah non, c’était l’imagination de Lindiya qui essayait de la rassurer. Une pause-café ? Mauvaise idée que de le proposer.
« Les sorciers sont régis par une règle ultime et supérieure à toute : le Secret. Il est interdit de faire usage de sa magie en lieu public, encore moins d’en parler. Sinon, c’est le retour au buché. Enfin, blague mal placée j’avoue là. »
Elle se gratte le côté de la tête pour mettre de l’ordre dans ce qu’elle connaissait de l’histoire magique. En soit, pas grand-chose, en fait.
« Hm. Les sorciers étaient avant mélangés au commun des mortels – et des autres races vu qu’on n’est pas au bout de nos peines en ce moment – mais, les épisodes de la chasse aux sorcières, les a poussés à se cacher et à s’organiser en fonction. Je ne sais pas de quand remonte l’Enclave mais, en tout cas, le monde des sorciers est régi par une assemblée répartie en titre : la Sagesse, la Ruse, le Savoir, la Justice, la Puissance, le Temps et le Bouclier. Ah non, j’ai oublié l’Altruisme et le Secret. En tout cas, beaucoup de monde et de grand sorcier. »
Et si elle n’avait rien oublié, et bien Lindiya avait dit tout ce qu’elle savait.
« Et voilà ? »
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Mer 17 Juin 2020 - 20:58
Je la jaugeais perchée sur mes talons, l'expression totalement neutre à mesure qu'elle répondait à mes instructions. Seuls les mots qui sortaient de sa bouche ricochaient sur les murs du hall d'entraînement tandis que de mon côté, régnait le silence et l'impassibilité absolue. J'étais habituée à ce genre de démonstration. Mon rôle consistait également à emmurer totalement le moindre signe qui pouvait trahir ce que je pensais sur l'instant, évitant ainsi d'ouvrir une brèche potentielle. Le regard sévère, j'écoutais simplement, totalement hermétique à ces émotions bancales. Dans cette optique, je me contentais ainsi d'endurer Juhel-san. Je me contentais de supporter un charisme inexistant, un manque d'assurance probant mais surtout, cette façon répugnante de s'exprimer. Mon visage demeurait aussi inerte qu'une poupée de porcelaine mais le désarroi tendait à me gagner très vite.
Bien-sûr, je ne pouvais pas totalement ignorer que son discours tenait la route. En soi, les réponses données restaient correctes. Mais son éloquence était similaire à un tapis resté trop longtemps au grenier. Poussiéreux. Sale. Désagréable. Le lexique manquait de relief et ses comparaisons douteuses étaient exaspérantes. Nous ne vivions pas dans un dessin animé ni même dans un film. Il s'agissait là de la réalité, et il n'était pas l'heure de sortir des références vaseuses qui la discréditaient fatalement à mes yeux. Même si au moins, elle avait connaissance de la règle d'or à laquelle obéissait la communauté : le Secret. Mais est-ce que le savoir signifiait réellement en avoir une pleine conscience ? C'était bien loin d'être suffisant à ce stade.
Je finis par sentir une poussée d'impatience se propulser dans mes veines alors qu'elle finit par conclure de manière tout à fait désinvolte. A mon tour maintenant. Je fis apparaître une petite flamme sur la paume de ma main, que je fis rouler entre mes doigts.
-Quelles études fais-tu déjà ?
Je poursuivais ainsi de jouer avec le feu faisant mine de réfléchir, avant de l'éteindre pour la faire disparaître.
-Ah ! Du droit ! Clamais-je d'un ton extrêmement railleur, et tu prétends pouvoir réussir en sortant des références fantaisistes ? Ou es-tu seulement trop stupide pour prétendre à ce domaine ?
Cette fois-ci, je devenais déjà beaucoup moins sympathique. Ma voix sifflait telle la sonate d'un serpent prêt à attaquer.
-A moins que ce ne soit pas cela. Non non peut-être que tu ne te sens pas assez concernée par ta situation au point de te foutre ouvertement de notre communauté ? Même un môme de huit ans serait capable de donner plus de forme et de conviction dans son discours, pauvre imbécile.
Pour quelqu'un qui semblait avoir une affinité avec l'exercice du droit, c'était terriblement pathétique. Je me mis ainsi à souffler lourdement.
-Si je t'ai prise comme apprentie, j'exige de ta part beaucoup plus de sérieux et d'intérêt. Il est primordial pour toi que tu intègres nos mœurs de façon consciente et disciplinée. Ce n'est pas un jeu, Juhel-san. En tant que néophyte, tu représentes un danger potentiel pour notre communauté, simplement parce que tu n'as pas encore acquis le contrôle sur ta magie. Si un jour tu devais te donner malencontreusement en spectacle, tu mettrais les nôtres en danger. D'autant plus que tu es désormais sous ma responsabilité. Alors je te préviens... -quelques flammes vinrent danser autour de Lin-... si jamais tu venais à me désobéir, fauter ou manquer à tes obligations, je demanderais au Secret une autorisation spéciale pour m'occuper de ton cas personnellement. Il s'agit de ma réputation, mais il s'agit surtout de notre communauté. Tu dois absolument intégrer que notre survie dépend de notre attitude. C'est terminé l'insouciance Juhel-san. Nous ne pouvons nous permettre des écarts, notre espèce a bien trop souffert des pertes mémorables infligées.
-les flammes cessent de vaciller-
Je me sentais étrange d'un coup. Évidemment, cela ne pouvait me toucher plus que le Temps par exemple qui gardait tous ces souvenirs en réserve, mais au fond de moi, je ressentais le besoin de protéger les miens tel un devoir marqué au fer rouge. Peut-être qu'Irina incarnait totalement ce rôle dans sa grande et sublime dimension, mais je me sentais également responsable en tant que Justice.
-J'espère que c'est bien clair. Sache que je n'ai nullement l'intention de me répéter alors j'ose croire que ce soit bien compris.
Pourquoi fallait-il toujours que je grogne ? J'en avais assez de ces jeunes écervelés qui prenaient tout à la légère. Mais généralement, la menace faisait toujours son petit effet. J'étais sérieuse lorsque j'invoquais le droit sur son sort en cas de faute grave. Et elle avait tout intérêt à ne pas prendre mes propos à la légère. J'avais l'exécution facile. C'était d'ailleurs pour cela que la plupart des sorciers qui ont commis une entorse au règlement, préféraient passer par Irina. Même si au final, je ne savais pas non plus ce qui était le mieux, pour avoir connaissance de ses méthodes. Un peu comme choisir entre la peste et le choléra. Mais elle se devait de comprendre l'enjeu de la situation.
Je me décidais alors à faire un point pour synthétiser les informations afin que cela soit déjà plus limpide dans son esprit. Je croisais alors les bras, l'attitude déjà moins sévère pour prendre en main mon nouveau travail de master.
-Reprenons. Les sorciers sont effectivement des êtres humains pourvus de pouvoirs magiques, qui s'inscrivent dans leurs gênes. Ce dont tu as d'ailleurs hérité par l'un de tes parents. Il existe à ce titre, plusieurs catégories de magie comme par exemple la magie élémentaire, de l'esprit, dimensionnelle, du temps, santé et bien d'autres. Néanmoins, certaines sont moins accessibles que d'autres, comme la nécromancie qualifiée de dangereux pour le lanceur ou encore la divination. Des sorciers sont devenus fous et ont fini par trouver la mort. Je te déconseille cette direction.
Enfin, il n'y avait qu'à voir Greed, même si en soi, je l'aimais bien cet homme.
-Comme tu l'as mentionné, les élèves se trouvent ainsi une préférence pour un type de magie au fil de leur instruction. Mais attention, il y a également des règles à respecter. Un sorcier ne doit pas prétendre à plus de trois domaines magiques différents, métis ou sang-pur. Tu risquerais d'exploser littéralement.
Je marquais une petite pause. Non non, ce n'était pas une blague. D'ailleurs merci à eux d'avoir innové cette tentative, cela évitait à d'autres de se transformer en bombe humaine.
-En tant que spécialiste, j'ai le droit à cinq sorts. Mon terrain de prédilection est l'esprit avec trois sorts. Je possède également une faculté élémentaire et divinatoire. A ton niveau de néophyte -le plus bas-, tu es encore au stade de contrôle de ton essence. Mais dans la finalité de ton apprentissage, en tant que métis, tu pourras maîtriser quatre sortilèges. Toutefois nous n'y sommes pas encore.
Un looong chemin restait encore à parcourir.
-Si tu as des questions, n'hésite pas à me les poser, même si elles te semblent ridicules. Je préfère encore que mes oreilles saignent en les entendant plutôt que de rester sur des incertitudes. De toute façon, je saurais vite reconnaître tes lacunes dans tous les cas.
Je fis quelques pas sur le côté, comme pour lui tourner autour.
-J'aimerais également voir comment tu t'y prends pour lancer un sort. Tu as parlé d'une affinité avec l'élément du feu. Alors montre moi.
Je verrais pour les instructions ensuite.
Bien-sûr, je ne pouvais pas totalement ignorer que son discours tenait la route. En soi, les réponses données restaient correctes. Mais son éloquence était similaire à un tapis resté trop longtemps au grenier. Poussiéreux. Sale. Désagréable. Le lexique manquait de relief et ses comparaisons douteuses étaient exaspérantes. Nous ne vivions pas dans un dessin animé ni même dans un film. Il s'agissait là de la réalité, et il n'était pas l'heure de sortir des références vaseuses qui la discréditaient fatalement à mes yeux. Même si au moins, elle avait connaissance de la règle d'or à laquelle obéissait la communauté : le Secret. Mais est-ce que le savoir signifiait réellement en avoir une pleine conscience ? C'était bien loin d'être suffisant à ce stade.
Je finis par sentir une poussée d'impatience se propulser dans mes veines alors qu'elle finit par conclure de manière tout à fait désinvolte. A mon tour maintenant. Je fis apparaître une petite flamme sur la paume de ma main, que je fis rouler entre mes doigts.
-Quelles études fais-tu déjà ?
Je poursuivais ainsi de jouer avec le feu faisant mine de réfléchir, avant de l'éteindre pour la faire disparaître.
-Ah ! Du droit ! Clamais-je d'un ton extrêmement railleur, et tu prétends pouvoir réussir en sortant des références fantaisistes ? Ou es-tu seulement trop stupide pour prétendre à ce domaine ?
Cette fois-ci, je devenais déjà beaucoup moins sympathique. Ma voix sifflait telle la sonate d'un serpent prêt à attaquer.
-A moins que ce ne soit pas cela. Non non peut-être que tu ne te sens pas assez concernée par ta situation au point de te foutre ouvertement de notre communauté ? Même un môme de huit ans serait capable de donner plus de forme et de conviction dans son discours, pauvre imbécile.
Pour quelqu'un qui semblait avoir une affinité avec l'exercice du droit, c'était terriblement pathétique. Je me mis ainsi à souffler lourdement.
-Si je t'ai prise comme apprentie, j'exige de ta part beaucoup plus de sérieux et d'intérêt. Il est primordial pour toi que tu intègres nos mœurs de façon consciente et disciplinée. Ce n'est pas un jeu, Juhel-san. En tant que néophyte, tu représentes un danger potentiel pour notre communauté, simplement parce que tu n'as pas encore acquis le contrôle sur ta magie. Si un jour tu devais te donner malencontreusement en spectacle, tu mettrais les nôtres en danger. D'autant plus que tu es désormais sous ma responsabilité. Alors je te préviens... -quelques flammes vinrent danser autour de Lin-... si jamais tu venais à me désobéir, fauter ou manquer à tes obligations, je demanderais au Secret une autorisation spéciale pour m'occuper de ton cas personnellement. Il s'agit de ma réputation, mais il s'agit surtout de notre communauté. Tu dois absolument intégrer que notre survie dépend de notre attitude. C'est terminé l'insouciance Juhel-san. Nous ne pouvons nous permettre des écarts, notre espèce a bien trop souffert des pertes mémorables infligées.
-les flammes cessent de vaciller-
Je me sentais étrange d'un coup. Évidemment, cela ne pouvait me toucher plus que le Temps par exemple qui gardait tous ces souvenirs en réserve, mais au fond de moi, je ressentais le besoin de protéger les miens tel un devoir marqué au fer rouge. Peut-être qu'Irina incarnait totalement ce rôle dans sa grande et sublime dimension, mais je me sentais également responsable en tant que Justice.
-J'espère que c'est bien clair. Sache que je n'ai nullement l'intention de me répéter alors j'ose croire que ce soit bien compris.
Pourquoi fallait-il toujours que je grogne ? J'en avais assez de ces jeunes écervelés qui prenaient tout à la légère. Mais généralement, la menace faisait toujours son petit effet. J'étais sérieuse lorsque j'invoquais le droit sur son sort en cas de faute grave. Et elle avait tout intérêt à ne pas prendre mes propos à la légère. J'avais l'exécution facile. C'était d'ailleurs pour cela que la plupart des sorciers qui ont commis une entorse au règlement, préféraient passer par Irina. Même si au final, je ne savais pas non plus ce qui était le mieux, pour avoir connaissance de ses méthodes. Un peu comme choisir entre la peste et le choléra. Mais elle se devait de comprendre l'enjeu de la situation.
Je me décidais alors à faire un point pour synthétiser les informations afin que cela soit déjà plus limpide dans son esprit. Je croisais alors les bras, l'attitude déjà moins sévère pour prendre en main mon nouveau travail de master.
-Reprenons. Les sorciers sont effectivement des êtres humains pourvus de pouvoirs magiques, qui s'inscrivent dans leurs gênes. Ce dont tu as d'ailleurs hérité par l'un de tes parents. Il existe à ce titre, plusieurs catégories de magie comme par exemple la magie élémentaire, de l'esprit, dimensionnelle, du temps, santé et bien d'autres. Néanmoins, certaines sont moins accessibles que d'autres, comme la nécromancie qualifiée de dangereux pour le lanceur ou encore la divination. Des sorciers sont devenus fous et ont fini par trouver la mort. Je te déconseille cette direction.
Enfin, il n'y avait qu'à voir Greed, même si en soi, je l'aimais bien cet homme.
-Comme tu l'as mentionné, les élèves se trouvent ainsi une préférence pour un type de magie au fil de leur instruction. Mais attention, il y a également des règles à respecter. Un sorcier ne doit pas prétendre à plus de trois domaines magiques différents, métis ou sang-pur. Tu risquerais d'exploser littéralement.
Je marquais une petite pause. Non non, ce n'était pas une blague. D'ailleurs merci à eux d'avoir innové cette tentative, cela évitait à d'autres de se transformer en bombe humaine.
-En tant que spécialiste, j'ai le droit à cinq sorts. Mon terrain de prédilection est l'esprit avec trois sorts. Je possède également une faculté élémentaire et divinatoire. A ton niveau de néophyte -le plus bas-, tu es encore au stade de contrôle de ton essence. Mais dans la finalité de ton apprentissage, en tant que métis, tu pourras maîtriser quatre sortilèges. Toutefois nous n'y sommes pas encore.
Un looong chemin restait encore à parcourir.
-Si tu as des questions, n'hésite pas à me les poser, même si elles te semblent ridicules. Je préfère encore que mes oreilles saignent en les entendant plutôt que de rester sur des incertitudes. De toute façon, je saurais vite reconnaître tes lacunes dans tous les cas.
Je fis quelques pas sur le côté, comme pour lui tourner autour.
-J'aimerais également voir comment tu t'y prends pour lancer un sort. Tu as parlé d'une affinité avec l'élément du feu. Alors montre moi.
Je verrais pour les instructions ensuite.
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Mer 15 Juil 2020 - 23:25
« Quelles études fais-tu déjà ? »
Voilà, s’en était finis d’elle. Fidèle au poste, fidèle à sa réputation, fidèle à sa propre personne, Riven attaque. De phrase et de mot qui frappe, qui cogne, qui chamboule, qui énerve, qui agace, qui blesse.
Bras croisé dans le dos, Lin ne pipe mot. Elle ne sait plus vraiment comment vivre ce qui l’entourait. Elle ne savait plus comment interpréter ses propres réactions, bien-sûr, les mots la mitraille et atteigne cette fierté qui assombrissait, de temps en temps, l’âme joviale de la jeune femme. Son cœur bat un peu plus fort, sa respiration s’accroit, de la tristesse, de la honte ou plutôt de l’agacement ?
Marteler le crane de Lindiya de ses échecs, de ses études, avait le mérite de chauffer le sang de la métisse qui, de sa vulgarisation, avait tenté, tant bien que mal, de rendre moins casse gueule le sujet fâcheux que représente le monde des sorciers. La jeune femme faisait partie de ses apprentis juristes qui ne se sentait pas dans l’obligation d’afficher un air supérieur pour agir. C’était tout un art hautain, de mot et de formule, de phrase et de vers qu’était le monde du droit. Le meilleur juriste n’était qu’un bel orateur, les concours d’éloquence, si beau, si fastueux, n’était que le reflet de cette quête de l’excellent, cette quête du génie et du revers, cette quête du retournement de situation de belle parole.
De plus, ses « fameuses » études, elle avait dû les mettre de côté encore et toujours à cause de ce monde de sorcier si craintif. Lindiya avait validé sa première année avec brio, petite mention – ni trop basse, ni trop haute – de quoi lui prévoir une seconde année magnifique. Mais non, elle était ici, dans ce hall d’entrainement, bras croisé derrière le dos, à accueillir de nouveau, la colère de son professeur que – malgré tout – elle respectait beaucoup trop pour répliquer. Que cela soit du respect ou de la crainte, c’était en tout cas suffisant pour empêcher Lin de répondre, de répliquer et de mordre sur ce sujet qui devenait si sensible à ses oreilles.
« A moins que ce ne soit pas cela. Non non peut-être que tu ne te sens pas assez concernée par ta situation au point de te foutre ouvertement de notre communauté ? »
Mauvaise, Lin sourit. Elle sourit finalement devant son constat tout simple. Elle n’en avait « rien à foutre », probablement. Tout ce qui constituait le monde des sorciers n’était qu’obligation, emmerde, ennuie mortel ou danger mortel. Rien de bien engageant, rien qui ne lui donnait envie de s’investir, de donner autant que la Justice notamment. Mais finalement, cette rage qui accompagnait la sorcière et que la métisse pointait du doigt, empoisonnait son propre corps.
Elle essayait pourtant, de se faire à toute cette réalité. Elle essayait de comprendre cette race qui était, finalement, devenu la sienne. Elle essayait de comprendre cette crainte, cette peur, cette rage, ce dégoût qui les avait conduits à devenir ce qu’ils étaient. Finir brûler aurait dû lui ouvrir les yeux, et pourtant, encore à l’heure actuel Lin ressentait cette voie comme une obligation. Vous savez ce devoir familial qu’on vous impose et vous baratine toute la journée ? Ce devoir qui vous pousse à mettre de côté vos aspirations et vos rêves ? Ce devoir qui vous dégoute mais, vous attire de sa gloire et de sa reconnaissance ? C’était ce devoir qui faisait tenir Lindiya, droite et tout de même prête à donner le maximum, devant cette Justice implacable.
« Si je t'ai prise comme apprentie, j'exige de ta part beaucoup plus de sérieux et d'intérêt. […] Si un jour tu devais te donner malencontreusement en spectacle, tu mettrais les nôtres en danger. »
Cette notion du danger, du secret, de la survie de leur race, ne quittait jamais la bouche de tous ses sorciers. Comme si la mémoire de la chasse aux sorcières perdurait dans les leur. Était-il même possible de se remémorer mentalement les événements passés ?
Toutefois, malgré une excessivité propre à leur personne, Lindiya ne pouvait mentir sur son absence d’investissement. Pourtant, elle l’avait bien maquillée cette réalité. A l’aide de soirée à bouquiner, des journées à apprendre, à s’investir dans de nouvelle « étude », devant une matière, une histoire, un moment mais jamais, sur les êtres humains qui se cachaient derrière.
Bien trop occupée qu’elle était à les détester. Bien trop occupée qu’elle était à leur en vouloir. Elle l’en voulait de leur absence de « normalité », elle leur reprochait cet isolement, elle leur reprochait leur spécialité, leur force comme leur faiblesse, elle leur reprochait de ne pas lui avoir laissé le choix.
Et là, menacer des flammes si dangereuses de la Justice, à la lumière de cette magie révélatrice de surface comme de vérité, Lin ne peut que se sentir coupable. Elle qui se disait si sensible, elle qui se positionnait en premier lieu sur l’humain avant la communauté, avait jugé la communauté avant l’humain. Lin avait méprisée et infantilisée, une cause qui – extrême de l’extérieur – avait des raisons légitimes. Les flammes cessent, comme spectatrice et juge des réflexions de la jeune femme, encore trop provocante pour se tenir droite dans cette pièce mais, dorénavant assez humble pour comprendre et apprendre.
« J'espère que c'est bien clair. Sache que je n'ai nullement l'intention de me répéter alors j'ose croire que ce soit bien compris. »
Plus qu’un avertissement, c’était bel et bien une menace que Riven venait de lui faire.
Lin sourit, compréhensive, mise au parfum elle savait dorénavant à quoi s’attendre. C’était rassurant de savoir sur quels œufs marcher. C’était rassurant de se savoir entourée, peut-être un peu trop autoritairement mais comment en vouloir à la Justice ?
Comment ne pas se méfier de Lin ?
Inconsciente, souvent frivole, rigolote – un peu trop -, son instabilité émotionnelle représentait une instabilité magique propre. C’était un fait qu’elle ne comprenait pas, pourquoi cette magie ne se montrait que quand elle ressentait des émotions fortes ? Elle avait essayé pourtant d’apprendre pour l’apprivoiser et la contrôler mais rien n’était venu à bout de cette barrière.
Finalement, même si la comparaison était infantile, cette magie représentait aux yeux de Lindiya un Kaguma en puissance, incontrôlable et furieux, qui profitait de chaque instant de faiblesse pour lui rappeler qu’elle n’était pas humaine. Et que si, elle se décidait enfin à apprendre notamment au côté de la sorcière de l’enclave, alors peut-être qu’enfin, elle pourrait comprendre et vivre avec en toute harmonie.
Elle vivait un peu une aventure à la Naruto.
« Reprenons. »
D’une voix claire, ni trop faible, ni trop fort, Riven prend la parole. Moins durs et moins brute, elle explique à la jeune femme le monde si complexe de la sorcellerie. Ces gênes si spéciales, les catégories de magie, conseillée comme déconseillée, adorée comme redoutée, adulée comme isolée. L’esprit, la dimension, le temps, la santé, l’eau, le feu, tout y passe. Même la nécromancie, dont elle avait été témoin, sort de la bouche de la Justice qui ne mettait de côté aucune donné. Cette magie existait, aussi dangereuse soit-elle. C’était un fait, une vérité simple et redoutable à la fois, que Lindiya devait garder en tête. Que la sorcière au cheveux rouge ne s’inquiète pas, son élève avait en horreur tout cadavre.
« Un sorcier ne doit pas prétendre à plus de trois domaines magiques différents, métis ou sang-pur. Tu risquerais d'exploser littéralement. »
D’une grimace, Lin comprend les limites de cette magie sans limite justement. Elle touche ses doigts, ses mains et ses bras, bien consciente que son corps – lui – en avait des limites.
« Mais dans la finalité de ton apprentissage, en tant que métis, tu pourras maîtriser quatre sortilèges. Toutefois nous n'y sommes pas encore. »
Si Riven était distincte dans ses propos, souligner toutes les « possibilités » à venir de la jeune femme inquiétait un peu Lindiya. Depuis son accident avec le nécromancien, la magie lui avait fait quelque pied de nez bien senti. Elle se savait incapable et totalement à la dérive. Ainsi, la jeune métisse espérait que le « nous n’y sommes pas encore » présageait un peu de compassion et de patience à venir pour la Justice, sinon ça en serait finis d’elle.
« Si tu as des questions, n'hésite pas à me les poser, même si elles te semblent ridicules. Je préfère encore que mes oreilles saignent en les entendant plutôt que de rester sur des incertitudes. De toute façon, je saurais vite reconnaître tes lacunes dans tous les cas. »
Si Lin avait des questions ? Quelle idée ! Elle en avait des tonnes. Mais elle préférait attendre que Riven lui laisse de nouveau la main pour s’instruire tout en suivant les étapes, sûrement dument préparé, de son « maître ».
« J'aimerais également voir comment tu t'y prends pour lancer un sort. Tu as parlé d'une affinité avec l'élément du feu. Alors montre-moi. »
Être le centre d’une attention, sérieuse et autoritaire, ce n’était clairement pas la tasse de thé de la jeune métisse. Habituée à danser sur un bar, à s’enfiler des mètres de shooter sous des « olé ! », ou à faire la rigolote en soirée, était une attention qu’elle savait manipuler, gérer et apprécier. Mais le regard si autoritaire comme près à instruire de la Justice était déstabilisant. Car malgré son affinité qu’elle pensait certaine – alors qu’elle pouvait très bien se tromper – Lin ne savait pas du tout la contrôler et une petite blague, ne serait probablement au goût de Riven.
D’une inspiration qu’elle tente de contrôler, Lin prend le temps de retrouver toutes ses questions qui lui avait tant de fois brûler la langue. Avant toute démonstration foireuse, autant avoir son dû.
« Pourquoi, au début, la magie ne fonctionne-t-elle qu’à cause d’une émotion trop forte ? »
Lin attrape son briquet et l’actionne.
« Je n’ai jamais réussi à comprendre comment tout fonctionnait. Pourtant, je me suis repassée dans la tête une tonne de fois les événements. » elle passe son doigt dessus, si la flamme dévie légèrement ce n’est qu’un procédé naturel totalement externe à Lindiya « ce jour-là contre la Puissance, je ne savais pas du tout ce que je faisais, j’ai tout fait exploser mais, ce n’était qu’une réaction naturelle, une bombonne de gaz, un briquet, boum. » Elle soupire. « Après ça, du coup, j’ai réfléchi à comment je m’en suis protégée, et alors, le néant. » Elle pose son doigt devant et de nouveau, la morsure du feu, l’oblige à le retirer. [color=indianred« J’ai tout essayé, de respirer, de me concentrer, de le visualiser, mais ça a toujours été un échec. » [/color]
Elle le relève les yeux sur Riven.
« Pourtant, je me suis souvent énervée devant, à vouloir en bruler la maison, mais, je n’arrive pas à comprendre et je sens que sans comprendre, je n’y arriverai jamais. »
Invité
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Mer 29 Juil 2020 - 20:18
Dans mon envolée digne d'un serment à l'état brut, la gamine moisie dans son ignorance, finissait par me sourire. J'osais espérer que cela soit par prise de conscience, plutôt que de provocation ou de moquerie. Parce que si elle ne comprenait pas encore tout à fait les rouages de notre univers, ce que je pouvais encore entendre pour une novice, elle était tout de même venue à moi pour apprendre. Il lui appartenait totalement de prendre à la légère sa véritable nature et l'environnement qui l'entourait, mais dans ce cas, la sentence nette et cinglante ne tarderait pas à lui tomber dessus. Au delà de ma renommée et de mon nom, il ne s'agissait pas seulement de ma réputation qui faisait trembler les sorciers derrière leurs globes oculaires vitreux d'effroi, mais de notre sécurité. Négliger cette réalité, reviendrait fatalement à lui coûter la vie.
Pourtant, malgré son laxisme extrêmement palpable et hautement désagréable, elle m'avait demandée mon soutien. N'était-ce qu'un élan de motivation, aussitôt éteint par l'insouciance ou l'immaturité ? Je doutais à présent, de ses réelles convictions, dont elle-même, j'en étais quasiment certaine, n'avait même pas conscience. Elle me faisait penser à un radeau perdu au beau milieu de la mer, cherchant ses rames pour pagayer dans la tempête sans savoir quelle direction prendre.
Juhel-san, tu finiras par te noyer à fuir tes pré-dispositions ou à les mépriser, comme tu sembles nous juger du bas de ton petit statut qui ne t'accorde aucun crédit. Je me mis à souffler, croisant les bras avant d'afficher une mine sombre.
-Juhel-san, formulais-je doucement, ma mission consiste à faire de toi un élément crédible et fiable aux yeux de la communauté sorcière dans un premier temps, c'est à dire te faire apprivoiser ta propre magie. Mais pas que. Tu m'as fait part de tes volontés de faire tes preuves et d'imposer ta juste valeur à tes risques et périls, comme une vraie battante. Je t'ai donc testée et tu as résisté, lutté, malgré la douleur des flammes et je t'ai arrachée la vérité de la bouche, pour peser tes intentions réelles. Cela m'avait convaincue mais... Désormais, je perçois bien que tu ne sembles pas prendre cela au sérieux. Tes paroles étaient-elles prononcées par l'élan d'une frénésie passagère pour que ta détermination s'éteigne aussi vite ? Si tout ceci ne t'importe pas finalement, tu peux toujours changer d'avis et nous ferons en sorte que tu n'es plus rien à voir avec notre monde. Nous ferons de toi une simple humaine et tout ce que tu sauras, la moindre petite information sur notre existence et ta nature, te sera effacée définitivement et pour toujours. Si j'ai accepté d'être ton maître d'ascension, c'est parce que je voyais en toi des aspirations profondes à devenir quelqu'un, une volonté féroce. Maintenant tout ce que je perçois, ce n'est qu'une petite plante qui se moque de ses propres racines et qui ne fait que plier dans la valse d'un vent trop fort pour elle et qui se laisse misérablement arracher sans persister à éclore. Je t'ai peut-être surestimée... Et je n'aime pas perdre mon temps pour des personnes qui n'en valent pas la peine.
Je plantais mon regard cristallin dans ses yeux ayant perdus de leur éclat à mon sens, pourtant, j'étais loin d'être accusatrice. Je voulais mettre les choses au point, simplement parce que je n'aimais pas perdre mon temps et mon énergie dans du vide absolu qu'était sa détermination actuellement.
-En l'occurrence, si tu souhaites seulement apprivoiser ta magie sans désirer te pousser dans tes derniers retranchements simplement pour rester dans les codes de notre conduite, je te ferais assigner un autre maître. Il en va sans dire que ce sera notre dernier cours.
A vrai dire, j'étais plutôt déçue. Et je ne souhaitais pas l'être davantage. Notre nid était composé d'une jeune génération qui n'attendait que mon enseignement pour monter les marches de la gloire et qui tuerait pour que je leur accorde un brin d'intérêt. Et pour se faire, il fallait se battre et prouver sa véritable valeur et déployer des forces considérables. Personne n'avait jamais rien, sans rien à mettre à contribution. L'ascension était la finalité et l'énergie qu'on y mettait, son moteur. Je ne voulais avoir une limace immature et perturbée sous mon ordre.
Je soupirais encore, terriblement ennuyée de cette situation qui me plongeait dans le désarroi. Si elle souhaitait se la couler douce dans notre communauté, elle le pouvait amplement, cependant, je ne serais pas celle qui le lui permettra. Je la laisserais à une autre personne. Il fallait qu'elle se décide et surtout, qu'elle me montre à quel point elle voulait en découdre. Toutefois, tant que j'étais disponible et disposée -après tout j'avais agencé mon emploi du temps exprès pour sa venue-, je pouvais bien répondre à son interrogation. Là encore, elle semblait craintive à l'idée de faire une démonstration. Cela me renfrogna encore plus, mais je restais diplomate. J'inspirais alors doucement pour donner une réponse à ses doutes dans une grande patience.
-La logique veut que la magie réponde à l'appel de celui ou celle qui la possède, comme ce cavalier brandirait son arme, dans un parfait contrôle de soi-même. Il s'agit de la technique, donc d'un usage rationnel et maîtrisé. Toutefois, elle surgit aussi face à l'impulsion d'émotions très fortes comme la colère, la tristesse, l'angoisse... Dans le cadre de ta confrontation avec mon collègue, ta magie a réagi sous l'impulsion de la peur, mais plus percutant encore, ton instinct de survie, ce qui est encore plus fort quand on sait sa vie en danger. Ta magie a répondu à ta détresse parce que tu l'as animé, inconsciemment, de ton désir puissant d'être protégée. Alors elle est apparue dans un élan irraisonné et incontrôlable, en plus de te signifier une affinité avec l'élément du feu par la même occasion.
C'était ce qui m'était arrivée, approximativement, lorsque mes parents me poussaient à des sorts de divination alors que je n'y étais clairement pas vouée. J'avais littéralement tout fait exploser dans une crise cinglante, sous l'effet de la tension, la pression et la fatigue. Néanmoins, chez ce moustique, le soucis était encore ailleurs.
-La magie sait comment se conduire. Elle fait partie de toi, de tes gênes. Cette essence circule en toi naturellement, consciente d'exister mais encore endormie parce que tu ne sais pas la manipuler. Elle connaît ses propres affinités, puisqu'elles sont déjà déterminées d'avance. C'est ensuite à toi de les découvrir. Elle représente le prolongement de ta nature, toujours comme l'épée avec son cavalier, élément indissociable, mais tant que tu ne sauras pas l'invoquer, elle ne pourra pas se manifester. Je laissais deux secondes de silence tomber, pour lui expliquer la véritable cause de ses difficultés. Mais dans ton cas, cela va bien au delà de ne pas savoir ou de ne pas comprendre, Juhel-san. La cause est bien plus profonde et complexe. Pour l'invoquer, il faut déjà que tu sois pleinement consciente de ce que tu es et surtout que tu l'acceptes. Là réside ton véritable problème. Dans ton indécision et ta désorientation, tu ne fais que la bloquer. Il s'agit sûrement d'un mécanisme inconscient, et c'est tout naturel, mais tant que le mur ne sera pas tombé, tu ne feras que la réfuter et faire taire ta magie. Tu dois la sentir et la ressentir et tant que tu persisteras à mettre une barrière entre toi et ta nature, tu ne pourras pas y faire appel.
Je marquais une courte pause, afin qu'elle assimile doucement. La magie n'était pas une science exacte, elle réagissait particulièrement aux états d'âme que nous pouvions ressentir, même quand vous savez être en pleine possession de vos moyens. Il suffisait d'un événement qui nous touchait de trop près pour perdre le contrôle. J'avais déjà neutralisé cette possibilité en m'asseyant sur mes émotions, mais si plus jeune j'avais été obligée de quitter ma demeure, c'était tout simplement parce que la colère m'avait envahie au point d'incendier totalement le périmètre. Depuis, cela ne m'était pas arrivée. Parfois, je repensais aux propos d'Irina, qui me demandait à demi-mots de régler mes comptes parce qu'au fond, elle devinait. Elle devinait que je pouvais de nouveau irradier, mettant tout à feu et à sang, dans une terrible envie de destruction, trop attachées à mes valeurs et convictions. Mais pas que. Avant de m'endormir, j'entendais le chuchotement de cette petite fille qui me soufflait que rien en ce monde, ne méritait d'être défendue. « Ils sont tous coupables ». Je n'y faisais pas réellement attention, à vrai dire, il en fallait davantage pour me faire plier. Mais je sentais qu'il fallait que j'y prenne garde malgré tout.
-Tu dois donc faire un travail sur toi-même avant d'espérer l'invoquer, en passant par une prise de conscience et l'acceptation. Tu dois t'éveiller.
Avant que cela ne pose réellement problème.
Pourtant, malgré son laxisme extrêmement palpable et hautement désagréable, elle m'avait demandée mon soutien. N'était-ce qu'un élan de motivation, aussitôt éteint par l'insouciance ou l'immaturité ? Je doutais à présent, de ses réelles convictions, dont elle-même, j'en étais quasiment certaine, n'avait même pas conscience. Elle me faisait penser à un radeau perdu au beau milieu de la mer, cherchant ses rames pour pagayer dans la tempête sans savoir quelle direction prendre.
Juhel-san, tu finiras par te noyer à fuir tes pré-dispositions ou à les mépriser, comme tu sembles nous juger du bas de ton petit statut qui ne t'accorde aucun crédit. Je me mis à souffler, croisant les bras avant d'afficher une mine sombre.
-Juhel-san, formulais-je doucement, ma mission consiste à faire de toi un élément crédible et fiable aux yeux de la communauté sorcière dans un premier temps, c'est à dire te faire apprivoiser ta propre magie. Mais pas que. Tu m'as fait part de tes volontés de faire tes preuves et d'imposer ta juste valeur à tes risques et périls, comme une vraie battante. Je t'ai donc testée et tu as résisté, lutté, malgré la douleur des flammes et je t'ai arrachée la vérité de la bouche, pour peser tes intentions réelles. Cela m'avait convaincue mais... Désormais, je perçois bien que tu ne sembles pas prendre cela au sérieux. Tes paroles étaient-elles prononcées par l'élan d'une frénésie passagère pour que ta détermination s'éteigne aussi vite ? Si tout ceci ne t'importe pas finalement, tu peux toujours changer d'avis et nous ferons en sorte que tu n'es plus rien à voir avec notre monde. Nous ferons de toi une simple humaine et tout ce que tu sauras, la moindre petite information sur notre existence et ta nature, te sera effacée définitivement et pour toujours. Si j'ai accepté d'être ton maître d'ascension, c'est parce que je voyais en toi des aspirations profondes à devenir quelqu'un, une volonté féroce. Maintenant tout ce que je perçois, ce n'est qu'une petite plante qui se moque de ses propres racines et qui ne fait que plier dans la valse d'un vent trop fort pour elle et qui se laisse misérablement arracher sans persister à éclore. Je t'ai peut-être surestimée... Et je n'aime pas perdre mon temps pour des personnes qui n'en valent pas la peine.
Je plantais mon regard cristallin dans ses yeux ayant perdus de leur éclat à mon sens, pourtant, j'étais loin d'être accusatrice. Je voulais mettre les choses au point, simplement parce que je n'aimais pas perdre mon temps et mon énergie dans du vide absolu qu'était sa détermination actuellement.
-En l'occurrence, si tu souhaites seulement apprivoiser ta magie sans désirer te pousser dans tes derniers retranchements simplement pour rester dans les codes de notre conduite, je te ferais assigner un autre maître. Il en va sans dire que ce sera notre dernier cours.
A vrai dire, j'étais plutôt déçue. Et je ne souhaitais pas l'être davantage. Notre nid était composé d'une jeune génération qui n'attendait que mon enseignement pour monter les marches de la gloire et qui tuerait pour que je leur accorde un brin d'intérêt. Et pour se faire, il fallait se battre et prouver sa véritable valeur et déployer des forces considérables. Personne n'avait jamais rien, sans rien à mettre à contribution. L'ascension était la finalité et l'énergie qu'on y mettait, son moteur. Je ne voulais avoir une limace immature et perturbée sous mon ordre.
Je soupirais encore, terriblement ennuyée de cette situation qui me plongeait dans le désarroi. Si elle souhaitait se la couler douce dans notre communauté, elle le pouvait amplement, cependant, je ne serais pas celle qui le lui permettra. Je la laisserais à une autre personne. Il fallait qu'elle se décide et surtout, qu'elle me montre à quel point elle voulait en découdre. Toutefois, tant que j'étais disponible et disposée -après tout j'avais agencé mon emploi du temps exprès pour sa venue-, je pouvais bien répondre à son interrogation. Là encore, elle semblait craintive à l'idée de faire une démonstration. Cela me renfrogna encore plus, mais je restais diplomate. J'inspirais alors doucement pour donner une réponse à ses doutes dans une grande patience.
-La logique veut que la magie réponde à l'appel de celui ou celle qui la possède, comme ce cavalier brandirait son arme, dans un parfait contrôle de soi-même. Il s'agit de la technique, donc d'un usage rationnel et maîtrisé. Toutefois, elle surgit aussi face à l'impulsion d'émotions très fortes comme la colère, la tristesse, l'angoisse... Dans le cadre de ta confrontation avec mon collègue, ta magie a réagi sous l'impulsion de la peur, mais plus percutant encore, ton instinct de survie, ce qui est encore plus fort quand on sait sa vie en danger. Ta magie a répondu à ta détresse parce que tu l'as animé, inconsciemment, de ton désir puissant d'être protégée. Alors elle est apparue dans un élan irraisonné et incontrôlable, en plus de te signifier une affinité avec l'élément du feu par la même occasion.
C'était ce qui m'était arrivée, approximativement, lorsque mes parents me poussaient à des sorts de divination alors que je n'y étais clairement pas vouée. J'avais littéralement tout fait exploser dans une crise cinglante, sous l'effet de la tension, la pression et la fatigue. Néanmoins, chez ce moustique, le soucis était encore ailleurs.
-La magie sait comment se conduire. Elle fait partie de toi, de tes gênes. Cette essence circule en toi naturellement, consciente d'exister mais encore endormie parce que tu ne sais pas la manipuler. Elle connaît ses propres affinités, puisqu'elles sont déjà déterminées d'avance. C'est ensuite à toi de les découvrir. Elle représente le prolongement de ta nature, toujours comme l'épée avec son cavalier, élément indissociable, mais tant que tu ne sauras pas l'invoquer, elle ne pourra pas se manifester. Je laissais deux secondes de silence tomber, pour lui expliquer la véritable cause de ses difficultés. Mais dans ton cas, cela va bien au delà de ne pas savoir ou de ne pas comprendre, Juhel-san. La cause est bien plus profonde et complexe. Pour l'invoquer, il faut déjà que tu sois pleinement consciente de ce que tu es et surtout que tu l'acceptes. Là réside ton véritable problème. Dans ton indécision et ta désorientation, tu ne fais que la bloquer. Il s'agit sûrement d'un mécanisme inconscient, et c'est tout naturel, mais tant que le mur ne sera pas tombé, tu ne feras que la réfuter et faire taire ta magie. Tu dois la sentir et la ressentir et tant que tu persisteras à mettre une barrière entre toi et ta nature, tu ne pourras pas y faire appel.
Je marquais une courte pause, afin qu'elle assimile doucement. La magie n'était pas une science exacte, elle réagissait particulièrement aux états d'âme que nous pouvions ressentir, même quand vous savez être en pleine possession de vos moyens. Il suffisait d'un événement qui nous touchait de trop près pour perdre le contrôle. J'avais déjà neutralisé cette possibilité en m'asseyant sur mes émotions, mais si plus jeune j'avais été obligée de quitter ma demeure, c'était tout simplement parce que la colère m'avait envahie au point d'incendier totalement le périmètre. Depuis, cela ne m'était pas arrivée. Parfois, je repensais aux propos d'Irina, qui me demandait à demi-mots de régler mes comptes parce qu'au fond, elle devinait. Elle devinait que je pouvais de nouveau irradier, mettant tout à feu et à sang, dans une terrible envie de destruction, trop attachées à mes valeurs et convictions. Mais pas que. Avant de m'endormir, j'entendais le chuchotement de cette petite fille qui me soufflait que rien en ce monde, ne méritait d'être défendue. « Ils sont tous coupables ». Je n'y faisais pas réellement attention, à vrai dire, il en fallait davantage pour me faire plier. Mais je sentais qu'il fallait que j'y prenne garde malgré tout.
-Tu dois donc faire un travail sur toi-même avant d'espérer l'invoquer, en passant par une prise de conscience et l'acceptation. Tu dois t'éveiller.
Avant que cela ne pose réellement problème.
Invité
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Mar 25 Aoû 2020 - 1:29
Depuis le commencement de toute cette joyeuse aventure, Lin se retrouvait ensevelie de crainte. La crainte de l’impossible, la crainte de l’irréel, la crainte du temps, la crainte du lieu, la crainte même de l’espace – qui n’est finalement pas régi par ses lois naturelles qui avait construit sa vision du monde et bien plus encore – la crainte de sa condition, la crainte de son environnement et la crainte de la magie. Pire, encore, de sa magie.
C’était comme tenir entre ses mains une bombe à retardement, incontrôlable et instable au grès de ses humeurs. D’une nature émotive, loin de la demi-mesure, et du « je pense que ça ne va pas » pour un larmoyant « ça va mal », on lui confiait cette bombe, entre ses mains tremblotantes, d’une âme ensevelie de tempête, en espérant que tout se passerait bien.
Incapable alors d’en comprendre les rouages – comme de les accepter – Lin les tourne au ridicule. Comme un mécanisme de défense qui, malgré sa propre décision, se construit, encore et encore, pierre après pierre, pour l’empêcher de sombrer en cas de pépin. Apeurée, l’humour devient la meilleure des armes. Tendre et douce, elle accompagne l’événement de rire et de sourire. Peut-être un peu faible, peut-être un peu bancale, peut-être un peu incertain mais, tout de même présent pour faire accepter et vivre le présent avec légèreté. S’impliquer, sans rire, ni joie, se donner des objectifs, des contraintes et du sérieux exigeaient une implication mentale forte. Une implication dure et coriace pour supporter l’échec, qui vécu avec l’envie de tout déchirer, n’en est justement que plus déchirante.
« Juhel-san »
Le ton est plus doux, le ton est posé, calme et en même temps révélateur. La voix posée de Riven, calme derrière son feu intérieur d’habitude si ravageur, Lin écoute et entend. Lin accepte ce qui est probablement la meilleure critique sur sa propre personne qui, cachait derrière le but de ce cours, révèle cependant des éléments de sa personnalité. Une personnalité remplit d’écart et de revers, de contradictions et de raison, une personnalité toute feu, toute flamme, qui en perdait plus d’un. Qui la perdait également.
« Désormais, je perçois bien que tu ne sembles pas prendre cela au sérieux. Tes paroles étaient-elles prononcées par l'élan d'une frénésie passagère pour que ta détermination s'éteigne aussi vite ? »
Une absence d’implication certaine pour supporter un échec certain. C’était finalement une façon de voir la vie assez réductrice. C’était penser au 0, pour supporter le 0 et accueillir avec bonheur et une fierté non attendue le 20. C’était finalement espérer sans trop en attendre pour autant. Dans l’espoir que l’échec ne soit que passager et la réussite une gloire incertaine. C’était s’investir sans pour autant se blesser. Et ce n’était clairement pas les attentes de la Justice, agir de la sorte pour supporter l’échec, revenait à cracher sur la promesse qu’elle avait fait à l’enclaviste, c’était cracher sur cette poignée de main, sur ce « contrat », en somme, c’était honteux. Instinctif mais, sacrément à chier.
« Si tout ceci ne t'importe pas finalement, tu peux toujours changer d'avis et nous ferons en sorte que tu n'es plus rien à voir avec notre monde. Nous ferons de toi une simple humaine et tout ce que tu sauras, la moindre petite information sur notre existence et ta nature, te sera effacée définitivement et pour toujours. »
En vue de la situation, de la position de Lin, comme celle de Riven, cette proposition avait un goût sucré attirant. C’était comme tendre une feuilletine du jour, croquante grâce à son croquant à la praline et aux amandes, fondante de part sa mousse au chocolat tendre et puissante en bouche grâce à son chocolat noir parfaitement dosé, en réponse à une tentative de rééquilibrage alimentaire difficile à supporter. La première partie d’un rééquilibrage consistait à se purger de la tentation, à savoir, la plus cruelle et forte : l’appel du sucre.
Puissant et incontrôlable, il prend le pas sur le reste, sur tes bonnes résolutions, tes envies et ton corps de rêve confortablement allongé par ta propre graisse. C’est donc un combat acharné que celui de résister, de dire non, d’attraper son altère et son tapis de sport, pour voir, jour après jour, mois après mois, années par années, ton corps de rêve se sculpter.
Riven lui montrait donc cette feuilletine avec bienveillance, un peu comme pour calmer la camer qu’elle était, en lui faisant comprendre ses atouts comme ses inconvénients. Elle lui montre, à travers sa gourmandise, ce qu’elle reflète.
« Si j'ai accepté d'être ton maître d'ascension, c'est parce que je voyais en toi des aspirations profondes à devenir quelqu'un, une volonté féroce. Maintenant tout ce que je perçois, ce n'est qu'une petite plante qui se moque de ses propres racines et qui ne fait que plier dans la valse d'un vent trop fort pour elle et qui se laisse misérablement arracher sans persister à éclore. »
Voilà ce qu’elle reflétait.
Pouvait-elle en vouloir à Riven de le lui faire comprendre ?
Devait-elle s’en vouloir à elle-même ?
« Je t'ai peut-être surestimée... Et je n'aime pas perdre mon temps pour des personnes qui n'en valent pas la peine. »
Ce n’était ni un reproche, ni une attaque mais, une simple vérité.
Armée de son rire et de son sourire, Lin avait tracé son chemin. Elle avait construit autours d’elle une image agréable, à la limite de la perfection, que seul un être capable d’aller au-delà des apparences pouvait en voir la noirceur. Une claque, un sourire. Un coup, un rire. Une baisse de morale, un sourire plus grand et plus blanc. Un coup de pied, un rire doux. Son absence d’investissement, son absence de considération, ses sourires comme ses rires, n’étaient qu’une putain de foutaise. Ce n’était que pour cacher un mal-être jamais bien loin mais, confortable. C’était si confortable d’aller mal, car finalement, tu en connaissais les tenants et les aboutissements sans jamais être déçu de ne pas avoir réussis.
Vivre de rêve, était beaucoup plus confortable que de vivre d’ambition. Rêver et espérer, n’avait aucune conséquence – à part de te laisser éternellement au point de départ. Tandis qu’entreprendre et exiger, était lourd de responsabilité et de conséquence. La réussite comme la gloire exigeant ses deux composantes, cependant, l’échec – si cela devait arriver – n’en serait que plus brulant.
Et pourtant… n’était-elle pas venu chercher ça ? N’était-elle pas venu exiger d’entreprendre pour toucher du doigt puis, empoigné à pleine main la réussite et la gloire ? Oui ce n’était pas très orthodoxe, ni très altruiste comme ambition, ça allait même à l’encontre de son éducation ? Elevé dans la tolérance d’autrui, dans le don de soi, plus que dans le « moi », c’était à la limite une honte que de penser à soi pour entreprendre. L’espoir de la réussite et, à plus grande échelle, de la gloire avait un goût doux amer que Lin avait encore du mal à appréhender.
« En l'occurrence, si tu souhaites seulement apprivoiser ta magie sans désirer te pousser dans tes derniers retranchements simplement pour rester dans les codes de notre conduite, je te ferais assigner un autre maître. Il en va sans dire que ce sera notre dernier cours. »
Le cœur gonflé de colère, Lin reprend sa respiration, les sourcils froncés. Taper à la porte de la Justice de l’enclave était, à ce jour, le plus gros pas en avant de la jeune femme. Elle n’avait encore jamais osé attraper à pleine main, jusqu’à s’en consumer, un élément qu’elle désirait de tout son être. Taper à la porte de la Justice avait été le plus gros de ses investissements, son premier pas dans le « Je veux » plus que le « J’espère ». Serrer les dents, accuser les coups, accepter, avancer, sous son regard, avait été son premier grand combat. Son premier combat vers sa propre personne, son premier investissement vers sa propre gloire.
Lin prend une grande inspiration, ce n’était finalement pas de la colère mais, plus de la honte qui lui accable le cœur. Elle avait presque honte de cette absence de considération qui lui pesait à la jambe. Ce besoin de sourire, de rire, de rêver, d’espérer, de voir, et de respirer, dans la joie et la bonne humeur en mettant de côté ses états d’âmes, sa colère, sa rage, sa niaque pour que tout passe plus facilement et doucement.
Alors oui, actuellement, elle était toujours aussi nonchalante. Elle n’arrivait à prendre à cœur ce qui se déroulait actuellement dans la vie. Au-delà dorénavant d’en porter les marques, elle avait conscience que son esprit n’arrivait pas à assimiler. Elle n’assimilait pas.
« La logique veut que la magie réponde à l'appel de celui ou celle qui la possède, comme ce cavalier brandirait son arme, dans un parfait contrôle de soi-même. »
Et bien foutu logique qui ne s’encrait pas dans le cerveau embrumé de la jeune femme car de son côté, aucune logique, aucune arme, aucun contrôle ne pointait le bout de son nez.
« La magie sait comment se conduire. Elle fait partie de toi, de tes gênes. Cette essence circule en toi naturellement, consciente d'exister mais encore endormie parce que tu ne sais pas la manipuler. […] Elle représente le prolongement de ta nature, toujours comme l'épée avec son cavalier, élément indissociable, mais tant que tu ne sauras pas l'invoquer, elle ne pourra pas se manifester. »
Passionnée de roman fantaisiste de cape et d’épée, la comparaison arrivait à faire son petit effet dans l’esprit encore si coriace et têtu de la jeune femme. Mains devant ses yeux, elle essaye d’entrevoir Excalibur mais, se prendre pour Arthur pour se comparer à un héros qui existait déjà n’était probablement pas la meilleure des voies à arpenter.
« Mais dans ton cas, cela va bien au-delà de ne pas savoir ou de ne pas comprendre, Juhel-san. » Perplexe, Lin relève la tête, sourcils froncés pour comprendre ce qui pouvait réellement être son problème. Possédait-elle donc vraiment cette magie ou tout n’était-il qu’événement lié à une cause et un effet parfaitement scientifique ? « La cause est bien plus profonde et complexe. Pour l'invoquer, il faut déjà que tu sois pleinement consciente de ce que tu es et surtout que tu l'acceptes. » Qu’elle accepte, qui elle était ? « Là réside ton véritable problème. » Lin fronce les sourcils, si la magie était naturelle, elle aurait dû se manifester même contre son grès, non ? « Dans ton indécision et ta désorientation, tu ne fais que la bloquer. […] Tu dois la sentir et la ressentir et tant que tu persisteras à mettre une barrière entre toi et ta nature, tu ne pourras pas y faire appel. »
C’était une véritable claque. Le problème venait réellement d’elle-même. Avec son attitude et son besoin de se protéger – même inconsciemment – de tout élément perturbateur et dangereux, elle avait refoulé sa magie au plus profond d’elle-même. Ce cours épisode au côté de Patricia, lui avait certes permis de l’entrevoir mais, pas de l’accepter.
Pourtant, elle avait accusé le choc. Elle avait accepté de mettre entre parenthèse ses aspirations passé, elle avait tout envoyé voler pour essayer de comprendre, d’assimiler et de contrôler cette nouveauté. Mais, si improbable, si nouveau, si tant, que Lin avait fait tout l’inverse. Elle l’avait détesté, du plus profond de son âme, elle avait fait la différence entre « humain » et « sorcier » comme si l’un n’impliquait pas l’autre. C’était son devoir que de la maitriser mais, c’était de son ambition qu’elle désirait le contrôler pour exceller.
Tout abandonner, l’avait rendu rancunière. Tout recommencer du début, l’avait rendu acariâtre. Devenir novice l’avait blessé.
Elle n’était rien.
Elle n’était personne.
Elle n’était plus personne.
« Tu dois donc faire un travail sur toi-même avant d'espérer l'invoquer, en passant par une prise de conscience et l'acceptation. Tu dois t'éveiller. »
Mains moites, elle sait que plus rien ne serrait comme avant. Redevenir humaine ? Pour reculer encore ? Et puis quoi encore. Furieuse même qu’on le lui propose, Lin avale sa salive. Apprendre à le maitriser, tout simplement, sans en devenir pour autant reconnu ? Et puis quoi encore ? C’était son ambition qui l’avait conduit sur la voie du droit il y a de cela même un an. Elle n’accepterait jamais, d’avoir mis sur pause son désir, pour juste « maitriser ». Elle n’accepterait jamais d’avoir fait cette pause pour échouer, de par sa propre faute car Lin c’était plus fort qu’elle, madame, elle devait rigoler, dénigrer, sous-estimer et prendre du bout des doigts les épreuves pour ne pas se sentir trop impliquer. Il fallait qu’elle soit rigolote, plus que respecter. Il fallait qu’elle picole en riant et en criant pour se sentir appréciée, plus que d’être sérieuse et respecté pour être entendue.
Sauf, qu’à ce rythme, elle ne deviendrait rien d’autre qu’une moins que rien. Alors non, elle n’acceptait pas. Elle ne redeviendrait pas humaine, elle n’oublierait cette nouvelle réalité pour revenir à sa vie passée, oublier, ignorer, annihiler ne devait pas faire partie de sa personnalité. Bien au contraire.
Et pourquoi Riven ne lui mettait tout simplement pas une bonne claque dans sa gueule ?
Enervée plus contre cette réalité, que contre la Justice, Lin enlève son gilet.
« Ok. » se contente-t-elle de répondre sourcils froncés.
Si le problème venait d’elle, elle allait le régler. Et plus vite que ça, ma petite dame.
La magie était un prolongement, comme une arme au bout des mains, un geste du bout des doigts, un mouvement de muscle, une respiration, un geste, inconscient. C’était comme faire un doigt d’honneur à ce connard qui te siffle dans la rue, c’était instinctif, sans besoin de réfléchir, ni de prévoir. C’était une partie de soi qui ne découlait pas d’une baguette magique mais belle et bien d’une intention propre à sa personne. C’était finalement comme allumer son briquet pour allumer sa cigarette, sauf qu’elle n’avait ni besoin d’actionner le levier, encore moins de fioul, ni même d’une pierre qui s’entrechoque, elle avait juste besoin de comprendre un peu mieux ce qu’elle était.
Apeurée à l’idée d’être effacée, d’être annihilée puis, oubliée, décoiffée et démaquillée, nue face à elle-même, Patricia attend sa propre sentence. C’était que pour une fois, elle ne faisait pas vraiment la fière. A son visage fermé, on pouvait même prédire qu’elle connaissait déjà la réponse de Lin. Bien-sûr qu’elle allait accepter, bien-sûr qu’elle allait redevenir avec plaisir une simple humaine, bien-sûr qu’elle redeviendrait alors qu’une simple flamme intérieur écho d’une ambition et de rêve mise à mal par l’incapacité de son réceptacle à devenir sa propre patronne.
Patricia le savait qu’elle n’y arriverait jamais. Tout lui faisait peur à cette gamine, elle avait peur de l’argent, elle avait peur du temps, elle avait peur du noir, elle avait peur de la nuit, elle avait peur de certain touché, elle avait même peur d’elle-même. Elle ne se faisait pas assez confiance pour accepter de devenir unique. Elle ne s’aimait pas assez pour accepter d’en exiger davantage. Elle ne se considérait pas assez pour se faire considérer. Valise à la main, elle allait donc partir, quoi que non, ce n’était pas d’une valise qu’elle avait besoin mais, d’un simple cercueil. Car retirer Patricia à Lin, reviendrait à lui retirer tant de sa personnalité. Car la magie finalement faisait partie de sa personnalité, pourquoi ne le voyait-elle pas ?
Pourquoi ne comprenait-elle donc pas que la magie c’était finalement juste elle ? C’était ses rires, c’était ses larmes, c’était ses colères indomptables, c’était ses états d’âmes, ses éclats de malheur comme de bonheur, c’était sa tendance à parler fort, à danser, à crier, à tout accepter – même l’intolérable -, à tout pardonner – sauf à soi-même -, c’était juste elle. Ce n’était même pas Patricia finalement. C’était juste Lin, elle respirait sa propre personne, elle entrevoyait sa propre essence tard le soir, le visage perdu dans la lune et les étoiles, cigarette en bouche.
La magie c’était cette sueur qui coulait de son front alors qu’elle était furieuse. C’était ses mains moites qui ne demandait qu’à agir. C’était ce cœur affolé par la peur. C’était cette envie finalement, d’accepter ce nouveau fardeau, c’était cette envie d’en faire une extension de soi-même mais pas que, c’était cette volonté de fermer ce cercueil et de ramener Patricia à l’intérieur. En redevenant une simple humaine, Lin se tuerait. En devenant juste une sorcière qui se contrôle, Lin en tuerait sa fougue.
Il devenait alors plus intéressant de s’enfermer elle-même dans ce cercueil pour mourir au côté de cette magie.
« Une partie de moi que je dois accepter, hein ? » se marmonne-t-elle à elle-même.
Patricia hausse des épaules, d’un « bah oui pauvre idiote, je ne peux pas faire des miracles si tu n’y mets pas du tiens », c’était que c’était une vais provocatrice cette flamme intérieure. Que quelqu’un lui mette un coup de pied au cul, trente seconde ?
Il y avait des jours comme celui-là où Lin apprécierait d’avoir du rock’n’roll dans les oreilles. C’était que c’était archi motivant et exaltant que de faire ses premiers pas, ses premières épreuves, ses premiers choix, sur un son épique. Bon, ok, s’il fallait l’aider, Patricia allume son jukebox et commence à danser un rock endiablé. Lin respire, sort une cigarette mais pas le briquet.
Une partie d’elle-même ? Comme un chevalier et son arme ? Comme un écrivain et sa plume ? Comme un danseur et son parquet ? Comme une cigarette et son briquet… finalement.
Son essence ? Son exaltation, son envie, sa niaque, son enthousiasme ? Son envie de crever, son envie de vivre, son envie de crier ? Sa chaleur, sa transpiration, son incapacité à rester calme plus de 30 secondes ? Son envie de danser, de chanter, de sauter, de conduire vite, fenêtre ouverte, musique à fond, de prendre les virages serrés, de ne pas ralentir devant un dos d’âne ?
Pas de problème. Si la magie faisait partie d’elle-même, elle se devait donc d’être-elle. Vive, forte et si dangereuse quand elle va mal.
Elle expire. Calme ses nerfs, calme sa respiration, si la magie était elle et elle, la magie, pourquoi stresser encore ? Lin n’était pas qu’humaine. Elle ne l’avait jamais été. Elle était unique à sa façon, et la magie, n’en faisait pas partie. La magie était juste elle. Elle se confondait, elle se mélangeait, elle coulait, elle s’usait, comme vivre le faisait, comme vivre à son rythme le faisait déjà.
Alors, Lin actionne, aspire lentement, inhale, une fois, deux fois, trois fois, prend une grande bouffée, ouvre les yeux, laisse la nicotine rentrer dans ses poumons, lève les yeux sur Riven sourire aux lèvres.
« Une partie de moi-même ? ça veut donc dire… Moi ? Je dois juste accepter d’être moi. »
Elle expire et laisse la fumée cacher son visage, puis, elle l’éteint. Elle empêche la flamme de continuer, pour se laisser le loisir de la terminer au bon moment et au bon endroit.
« Je voulais apprendre à vos côtés, et seulement au votre. » Elle range la cigarette. « Car le jour où je quitte cette pièce en étant une moins que rien, j’ai signé et accepté votre épreuve, pour devenir l’une des meilleures… ou crever. »
Sous ses doigts, la cigarette continue légèrement à brûler car finalement, Lin ne savait pas très bien le maîtriser. Alors, elle l’écrase entre ses doigts, sans se formaliser de la brulure, bien déterminée à apprendre à l’éteindre sans y mettre les mains la prochaine fois.
Invité
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Dim 13 Sep 2020 - 2:50
Sa respiration se faisait malgré elle plus lourde, comme si sa présence diminuait à mesure que j'argumentais, se crispant dans sa petitesse et son impuissance face à l'évidence que j'énumérais. Elle comprenait. Elle prenait conscience de. Elle contemplait sa propre farce. C'était tout un mécanisme de réactions qui se manifestait arbitrairement à chaque mot qui l'ébranlait dans sa fierté. Son égo se recroquevillait sur lui-même, peureux de voir ses défenses de briser sous l'impulsion de la justesse de mon discours. Un léger tremblement de la lèvre, quasiment imperceptible, traduisait la contrariété similaire à une coquille qui se fissurait, constatant sa médiocrité. Son attitude frisant la provocation et le mépris, volait en éclat sur chaque phrase marquée d'une vérité incontestable. Mise à nue, percée à jour, sa consistance devint plus molle, fragile, sensible. La réalité la rattrapait pour l'agripper de ses bras étouffants, ne pouvant que l'accueillir face à autant de directivité, pour se rendre compte à quel point sa maigre tentative pour tenir ses illusions entre ses doigts si fins, devenait aussi lourde que du plomb qui la clouant au sol. Insignifiante. Stagnante. Impuissante.
Nous n'étions que nos propres limites et elle en goûtait l'amertume. La peur se lisait derrière ces globes oculaires à l'apparence calme mais dont la sérénité pourtant s'écaillait toujours un peu plus. Des questions. Des désirs. Des craintes. Cette petite se heurtait à elle-même de plein fouet et cela ne pouvait qu'être douloureux que de sentir l'odeur de ses propres failles. J'admirais toutefois sa façon de sauvegarder sa dignité dans l'attitude même si dans le concret, elle n'était basée que sur de la fierté glissant lentement dans le vide de ses certitudes désormais remises en question dans leur intégrité la plus profonde. Puis sur la fin, un flottement vague semblable à de l'incompréhension, voilait son regard surpris. J'estimais donc qu'elle venait de percuter l'ampleur de son véritable problème. Rien d'agréable, au point même que la colère grondante s'invitait aussi à cette danse émotionnelle, notable à ces sourcils arqués.
Qu'allait-elle décider, au cœur de cette tempête furieuse qui lui était imposée, arrachant tout sur son passage ?
Mes paupières se plissèrent tandis qu'elle ponctuait sa confusion d'un simple « Ok ». Une bien courte réponse mais dont l'intonation laissait croire qu'elle était prête à se révéler plus déterminée, retirant son veston dans ce même élan volontaire. Juhel-san se mit ensuite à littéralement marmonner entre ses dents, ne faisant que répéter l'évidence à mon sens. Je me mis donc à hocher la tête distinctement en silence pour valider cette affirmation. Ce fut assez amusant à observer bien que je restais de marbre, attentive à sa nouvelle présence d'esprit. Que comptais-tu me servir cette fois ? Je la laissais venir à sa rencontre spirituelle, cette rencontre que nous faisions avec nous-mêmes lorsque nous étions sur le point de prendre une décision importante visant à ajuster notre direction, à tracer une autre direction, à enjamber la muraille qui nous était personnelle. Sa main vint alors dégainer une cigarette promise à être consumée au coin de sa bouche. Je ne cillais pas. Je me contentais de jeter mon implacable regard criblé sur sa silhouette au centre du cercle.
Rassemble ton inspiration dans cette barrette de nicotine.
Ressens seulement la fumée qui brûle ta gorge.
Respire cette bouffée qui habite tes poumons.
Concentre.
Manipule.
Exige.
Projette.
Expulse.
Autant de mécanisme qui nous semblait tellement naturel à nous autres sorciers expérimentés que nous n'y réfléchissions même plus tant la magie transpirait de confection spontanée. Lin finit par m'adresser un sourire, sa pensée terminant de cheminer dans son esprit encore bien maladroit malgré tout. Il cherchait ses pas, ses ficelles et ses ressources dans la pénombre de l'ignorance. Il titubait, se ramassait, se relevait dans un bond. Mais il suffisait de le pousser, lui faire prendre conscience, le guider pour l'amener à tenir sur ses jambes.
-Oui Juhel-san. Tu dois t'accepter. La réalité t'a été cachée beaucoup trop longtemps et tu dois t'en saisir pour être entière.
Je me devais bien de l'encourager un minimum, il en valait tout de même de l'intérêt de la communauté. Elle était encore branlante mais il y avait du progrès, tout du moins, à son échelle. Il était nécessaire qu'elle absorbe sa nature comme étant la composition de son être. Toutefois, je craignais que ce ne soit pas suffisant à ce stade. A cette réflexion, l'étincelle au bout de sa drogue douce finit par terminer son voyage entre ses doigts, comme si être brûlée n'avait pas suffi. Mes prunelles se mirent à briller à leur tour, de ce rouge vif étincelant, témoignant de ma maîtrise absolue de cet élément si capricieux.
-Mais tu n'as pas l'étoffe pour être à mes côtés. Pas encore.
Malgré cette volonté qui semblait avoir repris le dessus, je ne pouvais pas l'accepter. C'était trop tôt. Trop bancal. Trop instable. Trop tremblant. Néanmoins, est-ce que je désirais pour autant lui claquer la porte au nez ? J'étais en vérité, assez curieuse de ce que cela pouvait donner. Il ne m'avait pas été donné de vivre cette expérience, il était déjà assez inédit en soi qu'une demi-sorcière ne vienne me solliciter pour être le char de sa gloire. Personne n'avait osé. Personne n'y avait même songé. C'était donc une première avec une sacré dose d'audace. Mais elle restait encore trop faible.
-Pour le moment, tu n'es pas digne de recevoir mes leçons. Tu ne sais même pas qui tu es.
Dans un profond soupir, je cédais néanmoins à l'indulgence pour me montrer coopérative. Etait-ce déjà un premier pas en tant que maître ? Peut-être, mais il me fallait une démonstration solide de ses efforts si elle désirait absolument que je la mène au sommet.
-Néanmoins, je te demanderais tout de même de rester bien sagement dans l'enceinte de l'école et tu ne sortiras que sur autorisation. Je te mets en garde, j'ai l'oeil partout alors évite de te la jouer rebelle.
Tu vas déjà commencer par t'apprivoiser, ce serait un début. Dans cette optique, je te ferais transmettre directement dans ta chambre des livres spécifiques dédiés au développement personnel concernant l'appropriation magique pour les néophytes. Cela t'aidera à faire céder la barrière que tu as interposé entre ton humanité et tes facultés réelles. Tu auras des exercices accessibles de respiration, concentration, visualisation, contrôle, manipulation à faible niveau et j'en passe. Je te conseille de disposer plusieurs bougies lorsque tu passeras du temps dans ta chambre pour réconcilier ton affinité avec cet élément. Éteins les avant de dormir par contre, les rêves sont parfois agités au point qu'ils génèrent des manifestations indésirées encore plus pour une personne instable. Concentre toi sur ta magie élémentaire, implique toi et sois patiente. Ah et aussi...
L'étincelle au bout de la cigarette se raviva soudainement dans une grande flamme, l'incitant à la lâcher.
-Arrête de fumer cette chose aussi immonde à l'odeur fétide, c'est mauvais pour le teint.
Nous n'étions que nos propres limites et elle en goûtait l'amertume. La peur se lisait derrière ces globes oculaires à l'apparence calme mais dont la sérénité pourtant s'écaillait toujours un peu plus. Des questions. Des désirs. Des craintes. Cette petite se heurtait à elle-même de plein fouet et cela ne pouvait qu'être douloureux que de sentir l'odeur de ses propres failles. J'admirais toutefois sa façon de sauvegarder sa dignité dans l'attitude même si dans le concret, elle n'était basée que sur de la fierté glissant lentement dans le vide de ses certitudes désormais remises en question dans leur intégrité la plus profonde. Puis sur la fin, un flottement vague semblable à de l'incompréhension, voilait son regard surpris. J'estimais donc qu'elle venait de percuter l'ampleur de son véritable problème. Rien d'agréable, au point même que la colère grondante s'invitait aussi à cette danse émotionnelle, notable à ces sourcils arqués.
Qu'allait-elle décider, au cœur de cette tempête furieuse qui lui était imposée, arrachant tout sur son passage ?
Mes paupières se plissèrent tandis qu'elle ponctuait sa confusion d'un simple « Ok ». Une bien courte réponse mais dont l'intonation laissait croire qu'elle était prête à se révéler plus déterminée, retirant son veston dans ce même élan volontaire. Juhel-san se mit ensuite à littéralement marmonner entre ses dents, ne faisant que répéter l'évidence à mon sens. Je me mis donc à hocher la tête distinctement en silence pour valider cette affirmation. Ce fut assez amusant à observer bien que je restais de marbre, attentive à sa nouvelle présence d'esprit. Que comptais-tu me servir cette fois ? Je la laissais venir à sa rencontre spirituelle, cette rencontre que nous faisions avec nous-mêmes lorsque nous étions sur le point de prendre une décision importante visant à ajuster notre direction, à tracer une autre direction, à enjamber la muraille qui nous était personnelle. Sa main vint alors dégainer une cigarette promise à être consumée au coin de sa bouche. Je ne cillais pas. Je me contentais de jeter mon implacable regard criblé sur sa silhouette au centre du cercle.
Rassemble ton inspiration dans cette barrette de nicotine.
Ressens seulement la fumée qui brûle ta gorge.
Respire cette bouffée qui habite tes poumons.
Concentre.
Manipule.
Exige.
Projette.
Expulse.
Autant de mécanisme qui nous semblait tellement naturel à nous autres sorciers expérimentés que nous n'y réfléchissions même plus tant la magie transpirait de confection spontanée. Lin finit par m'adresser un sourire, sa pensée terminant de cheminer dans son esprit encore bien maladroit malgré tout. Il cherchait ses pas, ses ficelles et ses ressources dans la pénombre de l'ignorance. Il titubait, se ramassait, se relevait dans un bond. Mais il suffisait de le pousser, lui faire prendre conscience, le guider pour l'amener à tenir sur ses jambes.
-Oui Juhel-san. Tu dois t'accepter. La réalité t'a été cachée beaucoup trop longtemps et tu dois t'en saisir pour être entière.
Je me devais bien de l'encourager un minimum, il en valait tout de même de l'intérêt de la communauté. Elle était encore branlante mais il y avait du progrès, tout du moins, à son échelle. Il était nécessaire qu'elle absorbe sa nature comme étant la composition de son être. Toutefois, je craignais que ce ne soit pas suffisant à ce stade. A cette réflexion, l'étincelle au bout de sa drogue douce finit par terminer son voyage entre ses doigts, comme si être brûlée n'avait pas suffi. Mes prunelles se mirent à briller à leur tour, de ce rouge vif étincelant, témoignant de ma maîtrise absolue de cet élément si capricieux.
-Mais tu n'as pas l'étoffe pour être à mes côtés. Pas encore.
Malgré cette volonté qui semblait avoir repris le dessus, je ne pouvais pas l'accepter. C'était trop tôt. Trop bancal. Trop instable. Trop tremblant. Néanmoins, est-ce que je désirais pour autant lui claquer la porte au nez ? J'étais en vérité, assez curieuse de ce que cela pouvait donner. Il ne m'avait pas été donné de vivre cette expérience, il était déjà assez inédit en soi qu'une demi-sorcière ne vienne me solliciter pour être le char de sa gloire. Personne n'avait osé. Personne n'y avait même songé. C'était donc une première avec une sacré dose d'audace. Mais elle restait encore trop faible.
-Pour le moment, tu n'es pas digne de recevoir mes leçons. Tu ne sais même pas qui tu es.
Dans un profond soupir, je cédais néanmoins à l'indulgence pour me montrer coopérative. Etait-ce déjà un premier pas en tant que maître ? Peut-être, mais il me fallait une démonstration solide de ses efforts si elle désirait absolument que je la mène au sommet.
-Néanmoins, je te demanderais tout de même de rester bien sagement dans l'enceinte de l'école et tu ne sortiras que sur autorisation. Je te mets en garde, j'ai l'oeil partout alors évite de te la jouer rebelle.
Tu vas déjà commencer par t'apprivoiser, ce serait un début. Dans cette optique, je te ferais transmettre directement dans ta chambre des livres spécifiques dédiés au développement personnel concernant l'appropriation magique pour les néophytes. Cela t'aidera à faire céder la barrière que tu as interposé entre ton humanité et tes facultés réelles. Tu auras des exercices accessibles de respiration, concentration, visualisation, contrôle, manipulation à faible niveau et j'en passe. Je te conseille de disposer plusieurs bougies lorsque tu passeras du temps dans ta chambre pour réconcilier ton affinité avec cet élément. Éteins les avant de dormir par contre, les rêves sont parfois agités au point qu'ils génèrent des manifestations indésirées encore plus pour une personne instable. Concentre toi sur ta magie élémentaire, implique toi et sois patiente. Ah et aussi...
L'étincelle au bout de la cigarette se raviva soudainement dans une grande flamme, l'incitant à la lâcher.
-Arrête de fumer cette chose aussi immonde à l'odeur fétide, c'est mauvais pour le teint.
Invité
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Mer 21 Oct 2020 - 18:29
Prendre conscience de ses faiblesses, de ses difficultés et de ses incapacités avait, en bouche, un goût aigre doux. C’était mettre le doigt sur un blocage dans la perspective d’un lendemain meilleur. Prendre conscience, tout en acceptant les tenants et aboutissements de ce constat, ne pouvait être que bénéfique.
Pourtant, cela impliquait également des mauvais côtés que Lin comprenait et assimilait en avalant lourdement sa salive.
Elle n’était pas prête. Elle n’était pas prête à se tenir au côté de la Justice. Comment, une enclaviste, pourrait-elle perdre autant de temps au côté de la jeune métisse ? Ce qui l’attendait, finalement, était durs et long, fastidieux et laborieux, pas de quoi exciter l’âme flamboyante du maître de feu.
Ce constat, durs en gorge, durs au cœur, elle le savait, elle n’était pas la seule à l’appréhender. Lindiya n’avait pas fait les choses à moitié en contactant la Justice. Ce n’était pas un coup de tête – elle qui en était pourtant adepte comme le prouvait son entrevue avec la Puissance –, c’était encore moins un caprice – elle continuait à le vouloir malgré le temps que cela pourrait lui prendre – et ce n’était pas de l’inconscience.
Lin avait réfléchi, même bien après sa première entrevue avec la Justice, pour connaître et comprendre les ambitions qui l’avait conduit à donner autant de sa personne. Pour assimiler et confirmer, ce choix qu’elle avait fait, en gardant chacune des cicatrices, preuves indélébiles du passage de Riven dans la vie de la jeune femme.
Sa réalité explosée la fragilisait mais, son choix d’être traité comme elle le méritait, l’endurcissait.
« Mais tu n'as pas l'étoffe pour être à mes côtés. »
Choisir Riven, vouloir Riven, désirer Riven, était son meilleur coup de poker. La Justice savait, comprenait, appréhendait, assimilait chacune des donnés qui se présentait devant son bureau. Ce n’était pas de la subjectivité mais, une balance juste et équitable – un peu sévère – qui, comme Lin à cet instant, savait.
Bien-sûr, l’entendre. De la voix même de la personne qu’on avait choisi de respecter comme maître, n’était pas un cadeau du ciel. Bien au contraire. Si le regard si flamboyant de l’enclaviste, n’avait pas joué ce rôle d’ancre concrète, peut-être aurait-elle versée une larme. Après tout, on ne pouvait pas endurcir tant que ça un cœur mis au monde pour battre avec intensité. Et si ses yeux sont légèrement embués, d’un peu de tristesse, d’un peu de déception mais, surtout de résiliation ferme, sans couler, sans tomber, sans se manifester, la gorge bloquée et le cœur toujours aussi vif, réconforte Lin qui sait très bien, qu’il en faut plus – dorénavant – pour qu’elle abandonne.
Elle ne voulait que Riven.
Cette obsession avait forcément un but qu’elle ne pouvait certes pas encore toucher des doigts mais, qu’elle apprendrait tôt ou tard.
« Pas encore. »
Il lui fallait nécessairement un temps d’adaptation. Mains en poche, Lin confirme de la tête. Après tout, que pouvait-elle faire d’autre ? Protester ? Alors qu’elle savait elle-même que c’était la réalité ? Certes une réalité dure et implacable, une réalité que la Sagesse n’avait peut-être même pas vu venir, une réalité était ce qu’elle devait être. Vrais.
En droit, on n’apprenait pas vraiment à interpréter, ni à rendre humain une situation, on en comprenait la vérité. Et on résolvait le problème, si problème il y a, en fonction. Sans sentiment et sans désir, on résolvait le problème.
« Néanmoins, je te demanderais tout de même de rester bien sagement dans l'enceinte de l'école et tu ne sortiras que sur autorisation. Je te mets en garde, j'ai l'oeil partout alors évite de te la jouer rebelle. »
Un battement lourd, un battement sec, un battement ferme, un sourcil qui s’arque, un sourire mauvais en bouche qu’elle essaye tant bien que mal de contrôler, tout en contrôlant la panique qui commence à lui monter à la gorge. Ses oreilles bourdonnent, la panique monte. Incontrôlable, inconsciente, insondable mais belle et bien forte et tenace. Lin respire. Ecoute, essaye tant bien que mal de repousser ses propres démons, qu’elle avait pourtant implacablement donné à la Justice.
« Tu vas déjà commencer par t'apprivoiser, ce serait un début. »
Pour être libre de se contrôler, non pour être contrôlé en retours.
« Dans cette optique, je te ferais transmettre directement dans ta chambre des livres spécifiques dédiés au développement personnel concernant l'appropriation magique pour les néophytes. Cela t'aidera à faire céder la barrière que tu as interposé entre ton humanité et tes facultés réelles. »
Une chambre ou une prison froide, là était toute la question. Lin avale difficilement sa salive, dans l’espoir d’éloigner cette sueur froide qui coule le long de son échine et refroidit la jeune femme au plus profond d’elle-même.
« Tu auras des exercices accessibles de respiration, concentration, visualisation, contrôle, manipulation à faible niveau et j'en passe. » De quoi donner envie de méditer, calmement, dans un endroit accueillant et réconfortant. « Je te conseille de disposer plusieurs bougies lorsque tu passeras du temps dans ta chambre pour réconcilier ton affinité avec cet élément. » C’était qu’elle en avait un stock incroyable, en plus. « Éteins les avant de dormir par contre, les rêves sont parfois agités au point qu'ils génèrent des manifestations indésirées encore plus pour une personne instable. » D’un haussement de sourcil, Lin serait presque tenté de foutre le feu de partout. « Concentre-toi sur ta magie élémentaire, implique-toi et sois patiente. »
D’une grande inspiration, Lin s’apprête probablement à signer son arrêt de mort.
« Ah et aussi... »
Elle couine, et relâche instinctivement, bien avant de comprendre la cause de sa douleur, la cigarette entre ses doigts.
« Arrête de fumer cette chose aussi immonde à l'odeur fétide, c'est mauvais pour le teint. »
Moins apeurée par la morsure de Riven, comme si, finalement, l’avoir approché de si prêt l’avait réconforté dans son idée et dans son approche. Lin se contente de sourire, légèrement triste, légèrement déçu, légèrement vexée, avant de mettre son doigt en bouche, dans l’espoir, vain, d’en calmer la douleur.
Arriverait-elle un jour à imposer un tel respect ? Elle le désirait de toute son âme. Qu’était-elle prête à sacrifier ? Qu’était-elle prête à parier ? Qu’était-elle prête à endurer dans cette finalité ? Elle ne le savait pas vraiment encore. Elle, qui était pourtant venu devant la Justice, fière de ses choix et de ses ambitions. Elle se retrouvait dorénavant, mise à mal par la vérité et la connaissance, sans pour autant se débarrasser totalement de son être.
Refuser.
Refuser c’était signé son arrêt de mort. C’était tenir tête à une femme pleine de pouvoir et de puissance qui d’un revers de main, pire d’un clignement d’œil, pouvait juger de ton utilité ou non, dans le monde. C’était finalement, refuser ceux pour quoi elle était venue : devenir la meilleure.
Accepter.
Accepter reviendrait à sacrifier une part importante d’elle-même : sa liberté. Lindiya avait pris, très jeune et très tôt, son destin en main. Elle l’avait fait avec la certitude même que baisser les yeux, finirait par la tuer. Car son intégrité, sa ténacité, sa personnalité, se composait principalement d’un seul mot : la liberté.
Alors que faire ? Refuser était inconcevable. Accepter, serait un suicide.
Que désirait Riven ?
Dans cette décision, elle espérait mettre sous quarantaine le danger que représentait Lin pour le secret. C’était donc légitime. Ce n’était pas un caprice mais, ce n’était clairement pas à son avantage d’apprentissage. Apprendre dans ses lieux, n’était pas à la portée de Lindiya qui devait apprendre à accepter sa nouvelle nature. Soit. Elle le ferait. En sécurité, en sureté, dans la familiarité de sa demeure qui, mise sous quarantaine, était beaucoup plus efficace que cette école. Accepter, sans imposer ses propres conditions, finalement, reviendrait également à manquer de respect à la Justice.
Elle ne voulait pas d’une élève lambda, elle ne voulait pas d’une élève moyenne, elle ne voulait pas d’un toutou – quoi qu’avec son caractère, se retrouvait avec des formalités déjà prêtes sur son bureau ne devrait pas lui déplaire – encore moins, d’une enfant.
En ça, Lin répondait à certains critères. Elle était métisse, elle était nul, elle s’énervait souvent et surtout, c’était une femme.
« Non… » murmure-t-elle doucement.
D’un petit sourire contrit, Lin hausse des épaules. Son cœur pèse dans sa poitrine, elle ne veut pas perdre ce maître qu’elle avait si durement eu. Elle ne voulait pas lâcher les bras, bien au contraire. Elle n’attendait que ça, elle voulait en découdre, et pour cela, elle était même prête à ronger son frein, à s’enfermer, à travailler, à s’entrainer, à tout oublier de son environnement pour se concentrer et appréhender cette magie qu’elle avait si longtemps annihilé. Et pourtant, elle avait dit non.
« Je refuse de rester ici, si ce n’est pas pour apprendre à vos côtés… »
Ce n’était pas très agréable de prendre la parole à cet instant. Loin des sourires et de la bonne humeur, loin des « on verra plus tard », dès « ne te prends pas la tête, trinquons », loin de toute ses futilités qui composait, en partie, la vie de Lindiya. Ce n’était pas agréable de stresser, son corps d’habitude actif et vigoureux, pèse lourd, devient froid. Elle remue son nez dans l’espoir de le réchauffer et elle soupire, dans l’espoir de s’en sortir.
« Je n’ai pas cinq ans, malheureusement… ni même, dix. Pourtant, ça serait plus simple. J’ai vingt ans, même si c’est très jeune, je suis d’accord mais, j’ai une maison » Lin lève les mains en l’air d’un air contrit. « Je suis prête à rester enfermée et à étudier, corps et âme, chez moi » elle soupire, car elle sent bien que sa voix tremble alors que sa décision est ferme. « J’habite reculée de la ville, dans une maison à la campagne, confinée dedans, personne ne craint rien, confinée dedans, j’apprendrais. »
Elle se râcle la gorge, prête à tout perdre mais, bien décidé, à ne laisser de répit à personne.
« Je comprends grâce à vous du chemin qui me reste à parcourir avant d’être de nouveau à vos côtés. Ma décision a été prise à l’instant où je suis venue devant votre bureau, j’apprendrais donc pour devenir légitime de me perfectionner à vos côtés. Soyez assurée que je ne prends pas les choses à la légère, Donazya-sama. Si vous souhaitez, voir la maison, pour accepter ma demande, c’est avec plaisir. Vous pourriez m’y surveiller à votre guise, de toute manière, je serais bien trop occupée à travailler. Facile d’accès par voie postale, je pourrais y recevoir tous vos ouvrages ou venir les récupérer de moi-même, j’ai une voiture pour me déplacer. »
Légèrement rassurée d’avoir réussi à parler et de connaître, à présent, la voie à arpenter, Lindiya se sent prête à en découdre. Et pourtant, elle n’avait pas très envie de prendre trop son temps, et elle savait avoir besoin et envie de revoir les yeux enflammés de son maitre pour ne jamais, ô grand jamais oublier, qu’elle avait décidé de devenir la meilleure.
« Je vous propose même un deal. Donnez-moi un délai. se contente-t-elle de proposer avant de reprendre sa respiration. Donnez-moi vos directives, donnez-moi des difficultés et un délai. Car même si j’accepte, aujourd’hui, d’être nulle et complètement à chier, je n’accepte pas d’apprendre confortablement et tranquillement, je veux de la difficulté, je veux aucun répit, car on ne devient pas la meilleure avec des « et si » et des « je veux » si, en retour, rien ne nous fragilise. A la fin de vos délais, si plusieurs il doit en avoir, je serais parfaitement légitime pour être à vos côtés, je n’en fais pas la promesse… Je vous le confirme. »
Invité
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Dim 25 Oct 2020 - 15:44
Si la décomposition devait porter un mot, ce serait sûrement celui de Lindiya Juhel à cet instant. Mais son désarroi n'était que le retour de bâton de son attitude versatile et peu crédible. Si elle était déçue, je l'étais tout autant saupoudré d'une certaine lassitude. Elle me faisait penser à un petit chien qui aboyait en remuant la queue frénétiquement pour se faire entendre mais dès lors qu'on daignait poser le regard sur lui pour le prendre un minimum au sérieux, il ne faisait que se taire et se recroqueviller apeuré et décontenancé. Avant de fuir. Oui, cela me semblait être la meilleure image qui me venait à l'esprit.
Mais le caniche n'avait pas jappé son dernier mot. Non, bien au contraire. Dans un soubresaut, il s'asseyait sur son arrière train d'un air penaud, rongé par son impuissance face à ce prédateur qui se dressait avec menace devant lui, qui d'un coup de croc lui percerait bien la nuque en le laissant pour mort dans le froid -seul. La demi-portion m'arrêta d'un non. Un non qui ne se voulait pas véritablement agressif ou réprobateur -je lui aurais sûrement arraché ce qu'il lui restait de fierté. Il s'agissait d'une contestation douloureuse, accompagnée seulement d'un sourire désolé. Mais le résultat restait bien le même : Juhel-san refusait mes conditions et allait à contre-courant de mes directives. Mes traits se contractèrent dans une expression rigide alors que je tournais mes cambrures dans un élan rapide pour l'observer de biais. Cette gamine ne méritait clairement pas autant d'attention, pas même d'être transpercé de mon regard brûlant. L'indifférence était un châtiment beaucoup plus adapté à sa gouverne. Au moins, l'autre métisse que j'avais rencontré un temps auparavant, possédait la magie et la maîtrisait au point de m'être utile pour la suite. Celle-là -ce caniche- ne savait même pas faire usage de ses dons. Perte de temps. Faiblesse. Émotivité. Instabilité. Autant d'adjectifs qui me faisaient perdre la tête tant cela m'inspirait un mépris acide.
Mais j'écoutais -car tel était aussi mon rôle que d'entendre même les choses les plus inadmissibles- pour mesurer les paramètres à mettre en place. Lindiya tenait à son morceau de viande auquel elle s'accrochait. Un bout d'os qui faisait office d'avenir à conquérir sous peine de mourir de faim ou se contenter des rats à pourchasser comme son meilleur poison pour trépasser plus tard. Je lui aurais bien demandé de retourner à sa niche -son confort quotidien et habituel purulent- mais sa laisse restait bien accrochée à ma main, à celle de cette communauté. Si elle rechignait, il me faudrait seulement l'étouffer avec pour effacer son existence comme d'un chien ayant attrapé la rage et qui devait disparaître pour ne pas contaminer les autres. L'heure tournait autant que sa vie qui ne tenait qu'au bout de cette ficelle.
Mais le toutou voulait retourner à la maison, à l'abri dans sa chaumière réconfortante qu'il jugeait plus propice pour apprendre à manier sa balle. Pourtant je sentais son assurance branlante ce qui discréditait fortement son affront du moment. Mais je sentais bien, au fond, que si je m'entêtais à la garder à mes pieds, contre ma cuisse dans ce château qu'était le mien, le chien rechignerait à obéir et à s'éduquer à cause des autres loups dont il risquait la morsure quotidienne. Son environnement. La métisse avait besoin de son environnement, comme j'avais eu besoin de brûler le mien pour me sentir mieux ailleurs. Si j'étais restée chez mes parents, sûrement que j'aurais viré folle -bien que c'était ce qu'il s'était passé finalement.
Je me mis à soupirer, renversant légèrement ma tignasse rouge écarlate en dodelinant de la tête de gauche à droite. La prendre au mot. Me convaincre de sa bonne volonté, tenta t'elle de faire. Je ne pourrais acquiescer que lorsque je serais sûre de ses progrès. Elle me proposait même d'inspecter sa demeure en guise d'invitation afin que je puisse la surveiller -la contrôler- dans ses initiatives magiques. L'inconvénient était que je n'avais pas que cela à faire. Je ne pouvais pas être partout à la fois et je me devais aussi de jeter mon œil divinatoire sur bien des sorciers dont je me méfiais suite à des déconvenues. C'était bien plus important. Mais Juhel-san tenait à son autonomie, qui n'était dû qu'à sa liberté de jeune femme pré-adulte qui s'était confectionnée malgré ses lacunes dans l'univers magique. Pouvais-je l'accepter, le tolérer, le comprendre ? J'avais été à sa place, à une époque révolue. Un épisode où on m'avait forcée à faire bien des choses contre mon gré mais qui m'avait en définitive, forgée dans le marbre. Là était mon point d'impact, ma limite, ma bête noire.
Ferais-je preuve de tolérance ? Compassion ? Empathie ? Des propos qui me donnaient envie de vomir rien qu'en m'effleurant l'esprit. Je n'avais aucune de ces facettes et j'avais vite saisi pourquoi : personne ne m'avait jamais démontrée une forme d'indulgence. J'avais été battue dans ce fer vif et volcanique d'un monde sans issue de secours où seule moi ne pouvait qu'enfoncer ces portes avec virulence et force pour creuser mon royaume. Mais si une toute petite fois, je pouvais au moins accorder cette faveur ? Cela me donnait une sueur froide rien qu'à cette idée de me ramollir. Mon intransigeance me déterminait, parfaitement, me rendant splendide et cruelle tout à la fois. Elle devait seulement m'obéir et si elle refusait de suivre mes conditions alors elle en finirait épave.
Je fonctionnais ainsi, je ne connaissais pas de fracture moins rude. Alors je m'approchais, sur le pas d'une panthère prête à bondir, et je relevais son menton -tête haute- d'une griffe, dans le blanc des yeux.
-Ne t'avance pas trop vite. Nous verrons bien si, un jour, tu sauras incarner tes prétentions, petite métisse.
Mon doigt s'effaça alors et j'entrepris de passer un coup de fil rapide. Qu'est ce que cela me coûtait, finalement ? Mon égo avait tendance à beaucoup trop parler par moment.
-C'est Riven. Vous pouvez libérer la chambre 404. Oui, celle-ci. Très bien, je vous remercie.
-Clap-
-Bien, Juhel-san. Je te ferais parvenir mes ouvrages, ceux avec lesquels j'ai débuté. Il faut simplement que je change la langue magiquement à moins que le russe ne soit pas une barrière pour toi. Les livres sont enchantés et ne pourront être lus que par toi, simplement au cas où. Ils se comptent au nombre de cinq pour commencer. Quant au délai, je te donne trois mois, comme le convient l'apprentissage d'un enfant de dix ans qui se découvre. Tu vas devoir oublier ta vie humaine et tu devras m'alerter de tes sorties -y compris pour faire tes courses. Tu peux donc rester chez toi où tu resteras sous surveillance. Je mandaterais une sentinelle du Secret parce que là est bien le plus important que de conserver notre identité. Nous ferons également un point toutes les deux semaines où je te mettrais à l'épreuve, ici même à l'école des sorciers. Je te préviens, ce sera éprouvant. Si tu as des questions ou en cas d'urgence, un mentor sera mis à ta disposition. Autant te dire que si tu en viens à me désobéir, je le saurais et je ne risquerais pas de me montrer indulgente. Tu es désormais fichée comme élément pouvant porter atteinte à la communauté alors nous te garderons à l’œil.
La Sagesse n'avait même pas daigné le signaler. Cette attitude altruiste et protectrice me rendait vraiment malade. Cela était louable de sa part mais si cette petite devait menacer l'existence des sorciers, il avait manqué à ses responsabilités ce qui m'agaçait fortement. Alors autant que les choses soient bien claires entre elle et moi avant d'essuyer un malheur. Je posais ensuite mes mains sur son visage au teint de lait , son cou, releva les manches de sa chemise, pour regarder de plus près les cicatrices encore marquées sur sa peau.
-Hm... fis-je en ramassant une mèche de cheveux entre mes doigts qui tombait sur son épaule, Levisto-san a plutôt bien travaillé... Ne m'incite pas à gâcher son labeur dans une prochaine fois qui je l'espère, n'arrivera jamais.
D'un geste désinvolte, je lâchais ma prise avant de lui montrer mon dos dans un soupir. Petite, j'aurais bien aimé que quelqu'un me tende la main. Lorsque j'étais jeune, personne ne m'a laissée le choix. J'ai dû m'emparer de mon existence, me débattre, l'arracher à une emprise qui voulait me façonner violemment. Je tournais ensuite la tête pour la toiser de ce regard pouvant clouer au mur n'importe qui.
-Si tu n'as pas d'autres questions, tu peux partir.
Mais le caniche n'avait pas jappé son dernier mot. Non, bien au contraire. Dans un soubresaut, il s'asseyait sur son arrière train d'un air penaud, rongé par son impuissance face à ce prédateur qui se dressait avec menace devant lui, qui d'un coup de croc lui percerait bien la nuque en le laissant pour mort dans le froid -seul. La demi-portion m'arrêta d'un non. Un non qui ne se voulait pas véritablement agressif ou réprobateur -je lui aurais sûrement arraché ce qu'il lui restait de fierté. Il s'agissait d'une contestation douloureuse, accompagnée seulement d'un sourire désolé. Mais le résultat restait bien le même : Juhel-san refusait mes conditions et allait à contre-courant de mes directives. Mes traits se contractèrent dans une expression rigide alors que je tournais mes cambrures dans un élan rapide pour l'observer de biais. Cette gamine ne méritait clairement pas autant d'attention, pas même d'être transpercé de mon regard brûlant. L'indifférence était un châtiment beaucoup plus adapté à sa gouverne. Au moins, l'autre métisse que j'avais rencontré un temps auparavant, possédait la magie et la maîtrisait au point de m'être utile pour la suite. Celle-là -ce caniche- ne savait même pas faire usage de ses dons. Perte de temps. Faiblesse. Émotivité. Instabilité. Autant d'adjectifs qui me faisaient perdre la tête tant cela m'inspirait un mépris acide.
Mais j'écoutais -car tel était aussi mon rôle que d'entendre même les choses les plus inadmissibles- pour mesurer les paramètres à mettre en place. Lindiya tenait à son morceau de viande auquel elle s'accrochait. Un bout d'os qui faisait office d'avenir à conquérir sous peine de mourir de faim ou se contenter des rats à pourchasser comme son meilleur poison pour trépasser plus tard. Je lui aurais bien demandé de retourner à sa niche -son confort quotidien et habituel purulent- mais sa laisse restait bien accrochée à ma main, à celle de cette communauté. Si elle rechignait, il me faudrait seulement l'étouffer avec pour effacer son existence comme d'un chien ayant attrapé la rage et qui devait disparaître pour ne pas contaminer les autres. L'heure tournait autant que sa vie qui ne tenait qu'au bout de cette ficelle.
Mais le toutou voulait retourner à la maison, à l'abri dans sa chaumière réconfortante qu'il jugeait plus propice pour apprendre à manier sa balle. Pourtant je sentais son assurance branlante ce qui discréditait fortement son affront du moment. Mais je sentais bien, au fond, que si je m'entêtais à la garder à mes pieds, contre ma cuisse dans ce château qu'était le mien, le chien rechignerait à obéir et à s'éduquer à cause des autres loups dont il risquait la morsure quotidienne. Son environnement. La métisse avait besoin de son environnement, comme j'avais eu besoin de brûler le mien pour me sentir mieux ailleurs. Si j'étais restée chez mes parents, sûrement que j'aurais viré folle -bien que c'était ce qu'il s'était passé finalement.
Je me mis à soupirer, renversant légèrement ma tignasse rouge écarlate en dodelinant de la tête de gauche à droite. La prendre au mot. Me convaincre de sa bonne volonté, tenta t'elle de faire. Je ne pourrais acquiescer que lorsque je serais sûre de ses progrès. Elle me proposait même d'inspecter sa demeure en guise d'invitation afin que je puisse la surveiller -la contrôler- dans ses initiatives magiques. L'inconvénient était que je n'avais pas que cela à faire. Je ne pouvais pas être partout à la fois et je me devais aussi de jeter mon œil divinatoire sur bien des sorciers dont je me méfiais suite à des déconvenues. C'était bien plus important. Mais Juhel-san tenait à son autonomie, qui n'était dû qu'à sa liberté de jeune femme pré-adulte qui s'était confectionnée malgré ses lacunes dans l'univers magique. Pouvais-je l'accepter, le tolérer, le comprendre ? J'avais été à sa place, à une époque révolue. Un épisode où on m'avait forcée à faire bien des choses contre mon gré mais qui m'avait en définitive, forgée dans le marbre. Là était mon point d'impact, ma limite, ma bête noire.
Ferais-je preuve de tolérance ? Compassion ? Empathie ? Des propos qui me donnaient envie de vomir rien qu'en m'effleurant l'esprit. Je n'avais aucune de ces facettes et j'avais vite saisi pourquoi : personne ne m'avait jamais démontrée une forme d'indulgence. J'avais été battue dans ce fer vif et volcanique d'un monde sans issue de secours où seule moi ne pouvait qu'enfoncer ces portes avec virulence et force pour creuser mon royaume. Mais si une toute petite fois, je pouvais au moins accorder cette faveur ? Cela me donnait une sueur froide rien qu'à cette idée de me ramollir. Mon intransigeance me déterminait, parfaitement, me rendant splendide et cruelle tout à la fois. Elle devait seulement m'obéir et si elle refusait de suivre mes conditions alors elle en finirait épave.
Je fonctionnais ainsi, je ne connaissais pas de fracture moins rude. Alors je m'approchais, sur le pas d'une panthère prête à bondir, et je relevais son menton -tête haute- d'une griffe, dans le blanc des yeux.
-Ne t'avance pas trop vite. Nous verrons bien si, un jour, tu sauras incarner tes prétentions, petite métisse.
Mon doigt s'effaça alors et j'entrepris de passer un coup de fil rapide. Qu'est ce que cela me coûtait, finalement ? Mon égo avait tendance à beaucoup trop parler par moment.
-C'est Riven. Vous pouvez libérer la chambre 404. Oui, celle-ci. Très bien, je vous remercie.
-Clap-
-Bien, Juhel-san. Je te ferais parvenir mes ouvrages, ceux avec lesquels j'ai débuté. Il faut simplement que je change la langue magiquement à moins que le russe ne soit pas une barrière pour toi. Les livres sont enchantés et ne pourront être lus que par toi, simplement au cas où. Ils se comptent au nombre de cinq pour commencer. Quant au délai, je te donne trois mois, comme le convient l'apprentissage d'un enfant de dix ans qui se découvre. Tu vas devoir oublier ta vie humaine et tu devras m'alerter de tes sorties -y compris pour faire tes courses. Tu peux donc rester chez toi où tu resteras sous surveillance. Je mandaterais une sentinelle du Secret parce que là est bien le plus important que de conserver notre identité. Nous ferons également un point toutes les deux semaines où je te mettrais à l'épreuve, ici même à l'école des sorciers. Je te préviens, ce sera éprouvant. Si tu as des questions ou en cas d'urgence, un mentor sera mis à ta disposition. Autant te dire que si tu en viens à me désobéir, je le saurais et je ne risquerais pas de me montrer indulgente. Tu es désormais fichée comme élément pouvant porter atteinte à la communauté alors nous te garderons à l’œil.
La Sagesse n'avait même pas daigné le signaler. Cette attitude altruiste et protectrice me rendait vraiment malade. Cela était louable de sa part mais si cette petite devait menacer l'existence des sorciers, il avait manqué à ses responsabilités ce qui m'agaçait fortement. Alors autant que les choses soient bien claires entre elle et moi avant d'essuyer un malheur. Je posais ensuite mes mains sur son visage au teint de lait , son cou, releva les manches de sa chemise, pour regarder de plus près les cicatrices encore marquées sur sa peau.
-Hm... fis-je en ramassant une mèche de cheveux entre mes doigts qui tombait sur son épaule, Levisto-san a plutôt bien travaillé... Ne m'incite pas à gâcher son labeur dans une prochaine fois qui je l'espère, n'arrivera jamais.
D'un geste désinvolte, je lâchais ma prise avant de lui montrer mon dos dans un soupir. Petite, j'aurais bien aimé que quelqu'un me tende la main. Lorsque j'étais jeune, personne ne m'a laissée le choix. J'ai dû m'emparer de mon existence, me débattre, l'arracher à une emprise qui voulait me façonner violemment. Je tournais ensuite la tête pour la toiser de ce regard pouvant clouer au mur n'importe qui.
-Si tu n'as pas d'autres questions, tu peux partir.
Invité
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Mar 16 Mar 2021 - 10:24
S’affirmer dans le cadre d’un apprentissage était rarement fructueux. Bien au contraire, nul besoin d’avoir fait des études très importante pour connaître le dégoût profond de l’autorité face à une affirmation personnelle étudiante. Parfaite illustration de cette affirmation, Riven observe Lin de toute sa hauteur. L’examen visuel, comme les précédents, n’avait rien d’agréable, bien au contraire ! Qu’attendait donc la sorcière de feu ? Sûrement que son « élève » se décompose sous son regard de braise, s’embrase et disparaisse une bonne fois pour toute.
Et pourtant, debout, consciente de son audace mais, également de sa pertinence, de sa « petite » hauteur comme de son âge, Lin ne bouge pas. Isolée dans son coin, face au pire de ses bourreaux, elle se contente d’attendre le verdict final. Elle espérait que son honnêteté paierait même si, malheureusement, elle n’était pas gage de succès devant la justice. Cependant, elle pouvait souvent se montrer gage de clémence.
« Ne t'avance pas trop vite. Nous verrons bien si, un jour, tu sauras incarner tes prétentions, petite métisse. »
Discrètement, Lin retrouve son souffle. Ce n’était qu’une simple pichenette sur le nez. Pas de quoi crier à la réussite mais, assez tout de même pour craindre un peu moins la morsure enflammée de la Justice. Téléphone à l’oreille, la sorcière donne ses ordres, peut-être pour emprisonner la jeune femme avec un boulet ou ordonner sa mise à mort. Rien n’était jamais acquis avec un maître comme celui-ci. Et pourtant, le cœur habituellement désordonné de la métisse, bas régulièrement devant l’attente. Le mot « libérer », sans pour autant garantir de quel manière, rassure Lindiya qui se sait prête à avancer en dehors des murs, même si c’était pour retrouver son humanité. Elle avait fait le pari de réussir dans ce nouveau monde mais, le dernier mot, finalement, en tout cas, la dernière flamme de doute, d’un pourquoi pas du bout des lèvres, repose sur le bon vouloir de la Justice.
« Bien, Juhel-san. Je te ferais parvenir mes ouvrages, ceux avec lesquels j'ai débuté. »
Les mains derrière le dos, Lin sait qu’elle n’a remporté aucune victoire en ce jour. Bien au contraire, elle s’était rajoutée des poids à chacune de ses deux chevilles, elle s’était rajoutée de la difficulté mais, la nuance était forte, puisqu’ils étaient devenus « ses » poids. Elle les avait appris, acceptés et choisis. Elle n’avait pas le respect de son maître, ni même la fierté, elle n’était encore qu’une petite mouche dans ce monde et pourtant, elle pouvait garder ses bras dans le dos fièrement. Les difficultés qu’elle allait rencontrés, elle les avait mis elle-même sur sa route. Elle s’était battue bec et ongle, contre elle-même en tout cas, pour obtenir cette victoire gage d’effort toujours plus important à fournir derrière.
« Nous ferons également un point toutes les deux semaines où je te mettrais à l'épreuve, ici même à l'école des sorciers. Je te préviens, ce sera éprouvant. »
En aurait-elle douté ? Jamais. En comprenait-elle les tenants et les aboutissements ? Son corps sûrement plus que son esprit.
« Autant te dire que si tu en viens à me désobéir, je le saurais et je ne risquerais pas de me montrer indulgente. Tu es désormais fichée comme élément pouvant porter atteinte à la communauté alors nous te garderons à l’œil. »
Ça avait le mérite d’être clair. Lin saurait rendre ce confinement agréable, elle en était certaine. Entre deux moments de torture, elle trouverait bien un moyen de se boire une bière sur les marches de son perron après un service long mais, ressourçant physiquement. Elle était prête en tout cas. Elle espérait juste ne pas reperdre un bout de peau dans l’histoire. En tout cas, par simple accident et non pour une leçon.
Sur cette pensée amère, un frisson froid et sinueux lui courbe l’échine. La Justice, pose doucement les doigts sur le visage intact de la métisse. Elle soupire, pour calmer cette intrusion dans son propre espace meurtri et à remodeler de son propre chef. Elle se laisse cependant faire, être observée et analysée, n’avait jamais dérangé la française. C’était le lot de toute personne sujette à des expériences de vie… atypique. Elle redécouvre son propre corps devant l’inspection de la sorcière qui observe le travail de remodelage de l’altruisme fait avec soin et goût. La métisse sourit doucement, encore émerveillée devant ce dessin de cicatrice et de chair abimé mais sublimé.
« Levisto-san a plutôt bien travaillé... Ne m'incite pas à gâcher son labeur dans une prochaine fois qui je l'espère, n'arrivera jamais. »
Faudrait-il encore qu’elle ait envie de le provoquer.
« Si tu n'as pas d'autres questions, tu peux partir. »***
Clop au bec, Lin raccroche. Elle avait posé une absence au travail, prise d’un mal qui l’a cloué au lit avec fièvre, perte et fracas, elle se laissait du temps pour ordonner sa nouvelle réalité. Agenda sur les genoux, elle planifie son nouvel emploi du temps, répartie entre sorcellerie et… sorcellerie. Elle avait parfaitement conscience que la Justice l’attendrait au tournant. Et pourtant, ce n’était pas vraiment le moteur de sa motivation, ni de sa crainte. Elle connaissait, tapis au fond d’elle-même, une autre présence qui ne supporterait pas ses échecs. Et il n’y avait pas pire juge que soi-même. D’une dernière bouffée ravageuse, elle termine sa cigarette, qu’elle écrase au fond de sa tasse de thé avant de retourner à l’intérieur.
Au dernier moment, elle se retourne pour regarder son jardin plus si secret que ça avant de lancer d’un sourire amusé.
« J’ai des bières pour un régiment, les gars ! »
Elle attrape le livre posé sur sa table de cuisine. Après les blagues, le travail et autant dire, qu’elle en avait beaucoup.
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