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Ven 2 Déc 2016 - 16:18
En quête de Mystères...
Sawa & Shinji
Sawa & Shinji
Après avoir passé une bonne partie de la journée à réparer le moteur capricieux d’une vieille moto qu’un client nous avait confié au garage, je repartais tranquillement de l’atelier, satisfaite de cette belle journée de décembre. Le Patron, un japonais d’une cinquantaine d’années si ce n’est plus, m’avait complimenter sur mon travail du mois dernier de son air bourru lorsque j’étais passée le voir dans son minuscule bureau encombré. Après l’avoir remercié et affirmer qu’il pouvait compter sur moi, je lui ai déclaré avec une fierté camouflée que j’avais enfin réussi à remettre en route la vieille bécane des années 30. Son air bourru toujours ancré en lui, il m’avait donné une demi-douzaine de billets cash pour les quelques heures de travail au black que j’avais fait en Novembre. La véritable paie arriverait sûrement le lendemain. Et c’est ainsi que je terminais plus tôt que prévu cette formidable journée au garage, la satisfaction gonflant ma poitrine. Je pouvais bien me faire plaisir avec cette petite avance. D’autant plus que j’avais entendu parler d’un antiquaire qui me paraissait fort intéressant…
Je marchais donc rapidement dans le quartier que l’on m’avait indiqué. Le sens de l’orientation n’étant pas ma principale qualité, je fis quelques tours et détours, saluant au passage les oiseaux que je croisais d’un petit sifflement, avant de trouver la dite boutique. La devanture était intrigante et attrayante à souhait. Du moins, à mon goût. J’adorais les vieilleries, les bâtiments anciens, les lieux abandonnés, les sanctuaires shintoïstes qui respiraient la magie… Et surtout les vieux objets qui pouvaient venir compléter ma collection de gadgets vintage et anciens, et celle d’objets de style steampunk ou victorien. « Les Mystères du Monde » … Tout un programme. Des plus intéressants, ceci dit ! Je détaillais la vitrine du regard, admirant les objets qui y étaient présentés. Les yeux remplis de paillettes et d’étoiles, je restais plusieurs minutes immobile devant ce temple qui attendait patiemment que je pousse sa porte. Ce qui ne tarda pas à arriver ! Les objets que l’on pouvait apercevoir de loin sur leurs rayons avaient éveillé eux aussi ma curiosité ! Il semblait y avoir un moulin à café ancien, ainsi qu’un gramophone très chic. Quoi de plus alléchant !
Je poussais enfin la porte de l’antre des Mystères. Un tintement accueillant résonna sur mon passage, d’une sonorité plus douce et cristalline que les habituelles sonneries un peu trop stridente des magasins. Timidement, je m’avançais vers les rayons, mes yeux attirés par les différentes merveilles en vente. Que c’était alléchant ! Je retenais le moulin à café dans un coin de ma tête, ce petit engin me plaisait bien et je pourrais enfin me débarrasser de cette machine à café horriblement laide. Je continuais à peine mon périple à travers les antiquités, que je vis le gérant apparaître sans que je ne l’ai entendu. Il était plus grand que moi, mais ce n’est pas sa taille qui m’impressionnait. C’était ses yeux, qui étaient d’un jaune doré étonnant. Le jeune homme paraissait tout aussi mystérieux que les reliques entreposées dans la boutique. M’armant de mon habituel masque de lassitude inexpressive, je me tournais complètement vers lui.
« Bonjour, dis-je d’une voix claire. Excusez ma tenue, je sors de mon travail. »
J’allais me retourner pour continuer ma visite sans avoir à dialoguer avec cet étrange individu, quand un objet attira mon attention : une roue de charrette. Scrutant autour, j’aperçus également une roue de vélo et un peu plus loin, une boîte à outils en bois sculptée. Tout ce qu’il fallait pour me faire décoincer. Je fouillais à présent dans mes poches à la recherche de mon petit portefeuille élimé. Le sortant enfin des immenses poches de ma blouse, je l’ouvris vivement et en sortit un petit papier cartonné. Je rangeais rapidement mon portefeuille puis tendait de mes deux mains et en me courbant légèrement ma carte de visite à l’antiquaire.
« Veuillez accepter ma carte de visite, s’il vous plaît. Je m’appelle Morikawa Sawa et suis mécanicienne. Je vois que vous avez des objets qui pourraient m’intéresser ou me servir dans un cadre professionnel comme personnel. »
Me redressant une fois la carte disparue de mes mains, j’observais tour à tour les objets qui m’avaient intéressés et le brun.
« Je recherche principalement tout ce qui a un moteur ou des roues. Si vous avez d’autres objets susceptibles de m’intéresser, j’en serais ravie. »
À présent mon masque d’impassibilité avait une faille : les étoiles dans mes yeux étaient réapparues
Shinji Tsukishima#94445#94445#94445#94445#94445#94445#94445
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Sam 3 Déc 2016 - 17:32
Shinji jette un œil à la seule horloge de la boutique. Il n’est que le début d’après-midi. La matinée a déjà été relativement calme, et c’était avec soulagement qu’il avait accueilli la pause déjeuner. Il y a des périodes comme ça où peu de clients fréquentent sa boutique. Ce n’est pas tellement un problème, puisque ça ne dure jamais longtemps, et il trouve toujours quoi faire pour passer le temps. En l’occurrence, l’inventaire du mois de son arrière-boutique. La pièce de stockage comporte en grande majorité des objets plus ou moins anciens qui ne doivent pas tomber entre de mauvaises mains. Amulettes, armes anti-vampires, grimoires de magies anciennes, pierres de lune, et autres objets aux propriétés magiques. Ceux-là, il ne les vend qu’à un certain type de clients ; des sorciers pour la plupart. Et il gare un registre très précis de ses acquisitions et des ventes qu’il effectue. Le reste des antiquités sont tout ce qu’il n’a pas pu exposer en vitrine et en rayon, faute de place. Il lui arrive même d’en laisser quelques-uns dans l’appartement, au-dessus.
A force de répéter les mêmes gestes, il finit par se perdre dans ses pensées. Il songe notamment à la mission confiée par Thomas Tel, plusieurs jours auparavant. Son efficacité dans cette affaire est d’une importance capitale ; la moindre information erronée risquerait de leur coûter cher. Enfin, ça a le mérite de lui donner l’occasion de reprendre quelques recherches sur la disparition d’Alyssa. Enfin disparition… ça se trouve elle est juste rentrée chez elle aux Etats-Unis. Mais il s’est toujours demandé pourquoi elle n’est jamais revenue dans sa maison de campagne. Probablement parce qu’elle le croit mort et qu’elle préfère oublier…
C’est la clochette de la porte d’entrée qui interrompt ses réflexions. C’est le signal qu’un client a pénétré dans le magasin. Il jette un coup d’œil rapide par-dessus son épaule. Il doit juste terminer ce qu’il a commencé. Il griffonne donc rapidement sur son registre avant de le ranger, éteindre la lumière et fermer l’arrière-boutique à clé. C’est une précaution supplémentaire, car il a demandé à un spécialiste de poser un sort de protection. Personne ne doit entrer ici. Les secrets entreposés sont trop nombreux et leur découverte fortuite poserait de gros ennuis. C’est la protection parfaite contre des cambriolages. De retour dans la pièce principale, il prend le temps d’observer la cliente depuis son bureau. Une jeune japonaise à l’incroyable chevelure verte. Elle s’est probablement teint les cheveux, fait courant dans ce pays. Shinji n’a jamais compris cette mode des couleurs extravagantes…
Shinji se glisse silencieusement jusqu’à elle, peu prompt à lui faire des salutations. Il n’est pas réputé pour ses accueils chaleureux ni son franc parler. Il l’a peut-être effrayée, mais il n’y pense même pas. Il sent son regard inquisiteur. Ah, ce doit être à cause de la couleur de ses yeux ; il fait souvent cet effet. Il ne s’en formalise pas, et même, il s’en fiche complètement, totalement indifférent comme à son habitude.
▬ Bonjour Mademoiselle. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas un problème, déclare-t-il d’un ton neutre, sans expression.
A dire vrai il a déjà vu, une fois, des lolitas débarquer dans le magasin. Autant vous dire que, avec son style sombre et mystérieux, et sa boutique d’antiquités tout aussi mystérieuses, ça a fait un fort contraste. Le bras croisé, il regarde la cliente poursuivre son exploration. Il remarque vite son intérêt pour les roues anciennes qu’il a récupéré il ne sait plus trop où. Elle fouille dans son portefeuille puis lui tend une carte de visite avec la salutation d’usage. Il la prend en haussant légèrement un sourcil. Voilà qui n’est pas banal ; c’est rare qu’un client lui remettre une carte de visite.
▬ Enchanté Morikawa-san, lui répond-il en s’inclinant légèrement à son tour. Je suis Tsukishima Shinji, le propriétaire de cette boutique. Merci pour votre carte. Si vous avez besoin de quelque chose en particulier, n’hésitez pas à me demander.
Shinji range la carte dans la poche intérieure de sa veste sans la quitter des yeux. Elle a un petit quelque chose qui l’intrigue, mais il ne saurait dire quoi. Ou alors c’est juste sa chevelure qui marque les esprits. Quand elle l’informe sur ce qu’elle recherche, il se prend le menton entre le pouce et l’index, réfléchissant à ce qui pourrait lui convenir.
▬ Hamu… Je dois avoir ça quelque part. Je reviens.
Shinji s’éclipse dans son arrière-boutique pour chercher un petit vélo assez ancien, l’un des premiers qui aient existé. Il se souvient l’avoir inscrit dans son registre pas plus tôt que ce matin. Il n’a pas pu l’exposer faute de place dans sa vitrine. Il ressort avec, veillant à bien refermer la porte sans qu’elle puisse voir ce qui se trouve au-delà.
▬ Ce vélo pourrait vous intéresser si vous êtes mécanicienne.
Il la laisse examiner l’objet, tandis qu’il se fait une liste mentale des vieilleries qui pourraient l’intéresser.
▬ Si vous êtes branchée mécanismes, j’ai également un automate susceptible de vous plaire. Si vous voulez bien me suivre.
Il la guide jusqu’au rayon où se trouve un petit automate en bronze représentant une femme élégante, habillée selon la mode de la renaissance, assise devant un piano. Il tourne plusieurs fois la clé, et le mécanisme s’active. Une musique s’élève de l’objet tandis que les mains de la dame bougent au-dessus des touches de l’instrument.
▬ Une légende dit qu’elle représenterait une femme immortelle qui noie son chagrin dans la musique suite à l’exécution de son amant, accusé d’être un démon. Je ne sais pas si ça vous convient.
Shinji n’a jamais cherché à vérifier l’exactitude de cette légende. Mais il si cette femme a vraiment existé, il est certain que c’était une vampire. Il scrute en silence le visage de Morikawa, guettant sa réaction.
A force de répéter les mêmes gestes, il finit par se perdre dans ses pensées. Il songe notamment à la mission confiée par Thomas Tel, plusieurs jours auparavant. Son efficacité dans cette affaire est d’une importance capitale ; la moindre information erronée risquerait de leur coûter cher. Enfin, ça a le mérite de lui donner l’occasion de reprendre quelques recherches sur la disparition d’Alyssa. Enfin disparition… ça se trouve elle est juste rentrée chez elle aux Etats-Unis. Mais il s’est toujours demandé pourquoi elle n’est jamais revenue dans sa maison de campagne. Probablement parce qu’elle le croit mort et qu’elle préfère oublier…
C’est la clochette de la porte d’entrée qui interrompt ses réflexions. C’est le signal qu’un client a pénétré dans le magasin. Il jette un coup d’œil rapide par-dessus son épaule. Il doit juste terminer ce qu’il a commencé. Il griffonne donc rapidement sur son registre avant de le ranger, éteindre la lumière et fermer l’arrière-boutique à clé. C’est une précaution supplémentaire, car il a demandé à un spécialiste de poser un sort de protection. Personne ne doit entrer ici. Les secrets entreposés sont trop nombreux et leur découverte fortuite poserait de gros ennuis. C’est la protection parfaite contre des cambriolages. De retour dans la pièce principale, il prend le temps d’observer la cliente depuis son bureau. Une jeune japonaise à l’incroyable chevelure verte. Elle s’est probablement teint les cheveux, fait courant dans ce pays. Shinji n’a jamais compris cette mode des couleurs extravagantes…
Shinji se glisse silencieusement jusqu’à elle, peu prompt à lui faire des salutations. Il n’est pas réputé pour ses accueils chaleureux ni son franc parler. Il l’a peut-être effrayée, mais il n’y pense même pas. Il sent son regard inquisiteur. Ah, ce doit être à cause de la couleur de ses yeux ; il fait souvent cet effet. Il ne s’en formalise pas, et même, il s’en fiche complètement, totalement indifférent comme à son habitude.
▬ Bonjour Mademoiselle. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas un problème, déclare-t-il d’un ton neutre, sans expression.
A dire vrai il a déjà vu, une fois, des lolitas débarquer dans le magasin. Autant vous dire que, avec son style sombre et mystérieux, et sa boutique d’antiquités tout aussi mystérieuses, ça a fait un fort contraste. Le bras croisé, il regarde la cliente poursuivre son exploration. Il remarque vite son intérêt pour les roues anciennes qu’il a récupéré il ne sait plus trop où. Elle fouille dans son portefeuille puis lui tend une carte de visite avec la salutation d’usage. Il la prend en haussant légèrement un sourcil. Voilà qui n’est pas banal ; c’est rare qu’un client lui remettre une carte de visite.
▬ Enchanté Morikawa-san, lui répond-il en s’inclinant légèrement à son tour. Je suis Tsukishima Shinji, le propriétaire de cette boutique. Merci pour votre carte. Si vous avez besoin de quelque chose en particulier, n’hésitez pas à me demander.
Shinji range la carte dans la poche intérieure de sa veste sans la quitter des yeux. Elle a un petit quelque chose qui l’intrigue, mais il ne saurait dire quoi. Ou alors c’est juste sa chevelure qui marque les esprits. Quand elle l’informe sur ce qu’elle recherche, il se prend le menton entre le pouce et l’index, réfléchissant à ce qui pourrait lui convenir.
▬ Hamu… Je dois avoir ça quelque part. Je reviens.
Shinji s’éclipse dans son arrière-boutique pour chercher un petit vélo assez ancien, l’un des premiers qui aient existé. Il se souvient l’avoir inscrit dans son registre pas plus tôt que ce matin. Il n’a pas pu l’exposer faute de place dans sa vitrine. Il ressort avec, veillant à bien refermer la porte sans qu’elle puisse voir ce qui se trouve au-delà.
▬ Ce vélo pourrait vous intéresser si vous êtes mécanicienne.
Il la laisse examiner l’objet, tandis qu’il se fait une liste mentale des vieilleries qui pourraient l’intéresser.
▬ Si vous êtes branchée mécanismes, j’ai également un automate susceptible de vous plaire. Si vous voulez bien me suivre.
Il la guide jusqu’au rayon où se trouve un petit automate en bronze représentant une femme élégante, habillée selon la mode de la renaissance, assise devant un piano. Il tourne plusieurs fois la clé, et le mécanisme s’active. Une musique s’élève de l’objet tandis que les mains de la dame bougent au-dessus des touches de l’instrument.
▬ Une légende dit qu’elle représenterait une femme immortelle qui noie son chagrin dans la musique suite à l’exécution de son amant, accusé d’être un démon. Je ne sais pas si ça vous convient.
Shinji n’a jamais cherché à vérifier l’exactitude de cette légende. Mais il si cette femme a vraiment existé, il est certain que c’était une vampire. Il scrute en silence le visage de Morikawa, guettant sa réaction.
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Dim 4 Déc 2016 - 21:54
À peine j’eus le temps de lui demander ce qu’il avait d’intéressant pour la mécanicienne amatrice de bidules que j’étais, le jeune homme s’absenta dans une pièce qui était apparemment vérouillée avant qu’il ne l’ouvre et que je n’avais pu remarquée. Tiens donc, il y avait là une arrière boutique ? C’était bon à savoir. Il revint et je l’entendis fermer à clé. Il ne me laisserait sûrement pas y pénétrer.
Le bruit caractéristique d’une chaîne et de roues de vélo en marche attira mon attention. Devant moi, fier comme Artaban, se tenait un vieux biclou. Il me présentait là une pièce d’exception ! M’agenouillant près de la bicyclette, j’analysai les détails. C’était un vélo qui remontait de la fin du XIXème siècle, je l’avais reconnu grâce à la pneumatique démontable assez primaire. Oh oui, c’était sans doute une des premières séries de vélo utilisant cette invention superbe qu’était la pneumatique ! Une étiquette quelque peu vieillie mais toujours déchiffrable m’indiquait la marque Sterling. Une bicyclette anglaise, donc.
Il y avait eu quelques modifications, notamment une selle à suspensions et un porte-bagage plus récents que l’engin lui-même mais il restait des travaux à faire ; les chambres à air étaient mortes, la structure était rouillée par endroits, des freins modernes et un système chaîne avec différentes vitesses ne seraient pas de refus. Du retapage en perspective, et diable que j’avais hâte ! Cette bicyclette avait plus d’un siècle et allait être sublime une fois sortie de mon atelier, j’en faisais la promesse !
Tsukishima-san m’extirpa de ma rêveuse observation pour me montrer un autre trésor. Abandonnant la vieille petite reine où elle était, je suivis l’antiquaire, intriguée. Les automates étaient des inventions que je trouvais particulièrement fascinantes, j’en avais d’ailleurs deux en ma possession qui étaient terriblement géniales.
Je découvris alors une petite demoiselle en bronze, un des meilleurs métaux au monde selon moi, qui commença à s’agiter au dessus du clavier de son piano, tout de bronze également, lorsque son mécanisme fût remonté. Émerveillée par la poésie qu’elle dégageait, j’écoutai le brun me raconter sa petite histoire distraitement. Je tiquai cependant au mot « démon ».
Les créatures dites imaginaires attiraient mon attention depuis quelques années, et pour cause : ma mère était partie pour combattre des vampires, avais-je entendu dire. J’avais tellement de questions à lui poser que je m’étais mis en tête de la retrouver et c’était la dernière piste qui m’avait menée, il y a quatre ans déjà, à Nakanoto. Et c’était la première fois que quelqu’un me parlait d’un être fantastique, malgré mes explorations de la ville et les espionnages de conversations que j’avais fait en étant pie bleue. Un démon, avait-il dit. Pouvais-je décemment lui parler de vampires ? Me connaissant, j’allais forcément lâcher le morceau pour ma mère, dans l’intention d’avoir enfin des informations… Peut-être en savait-il beaucoup, pensai-je en le scrutant. Peut-être même était-il un vampire, ou une autre forme surnaturelle, mais le cachait à la perfection. Ou alors il n’était rien de tout cela, un simple, banal mais pourtant fabuleux humain. Il me prendrait pour une folle, une excentrique dans ce cas-là. Mais je fixai ses yeux depuis assez de temps pour espérer y déceler une réaction. Sa réaction, qui m’indiquerait à qui je pouvais potentiellement avoir à faire.
« C’est un automate des plus poétiques, superbement réalisé. Je n’aurai pas assez sur moi pour vous le prendre en plus du vélo, malheureusement. Je vous ai dit que je prenais celui-ci ? »
Je prenais mon temps, tournant dans ma tête la meilleure façon d’obtenir une réponse, marchant dans le rayon, tout en le fixant de mon regard le plus direct.
« Dites-moi, Tsukishima-san, commençais-je, fixant toujours ses iris ambrés. Puis-je vous poser une question à laquelle vous répondrez sincèrement ? »
Je pris quelques secondes pour analyser les changements qui s’opéraient sur son visage, son attitude.
« Vous avez ici des objets de toutes provenances, n’est-ce pas ? Et même de provenance… Atypique ? »
Je marquai une pause, dans mes questions et dans mes pas, seule la tête tournée vers lui.
« …Anormale ? Peut-être un peu magique ? »
Me tournant complètement vers lui, je lui posais enfin la question essentielle :
« Dites-moi, Monsieur, que connaissez-vous des vampires ? »
Le bruit caractéristique d’une chaîne et de roues de vélo en marche attira mon attention. Devant moi, fier comme Artaban, se tenait un vieux biclou. Il me présentait là une pièce d’exception ! M’agenouillant près de la bicyclette, j’analysai les détails. C’était un vélo qui remontait de la fin du XIXème siècle, je l’avais reconnu grâce à la pneumatique démontable assez primaire. Oh oui, c’était sans doute une des premières séries de vélo utilisant cette invention superbe qu’était la pneumatique ! Une étiquette quelque peu vieillie mais toujours déchiffrable m’indiquait la marque Sterling. Une bicyclette anglaise, donc.
Il y avait eu quelques modifications, notamment une selle à suspensions et un porte-bagage plus récents que l’engin lui-même mais il restait des travaux à faire ; les chambres à air étaient mortes, la structure était rouillée par endroits, des freins modernes et un système chaîne avec différentes vitesses ne seraient pas de refus. Du retapage en perspective, et diable que j’avais hâte ! Cette bicyclette avait plus d’un siècle et allait être sublime une fois sortie de mon atelier, j’en faisais la promesse !
Tsukishima-san m’extirpa de ma rêveuse observation pour me montrer un autre trésor. Abandonnant la vieille petite reine où elle était, je suivis l’antiquaire, intriguée. Les automates étaient des inventions que je trouvais particulièrement fascinantes, j’en avais d’ailleurs deux en ma possession qui étaient terriblement géniales.
Je découvris alors une petite demoiselle en bronze, un des meilleurs métaux au monde selon moi, qui commença à s’agiter au dessus du clavier de son piano, tout de bronze également, lorsque son mécanisme fût remonté. Émerveillée par la poésie qu’elle dégageait, j’écoutai le brun me raconter sa petite histoire distraitement. Je tiquai cependant au mot « démon ».
Les créatures dites imaginaires attiraient mon attention depuis quelques années, et pour cause : ma mère était partie pour combattre des vampires, avais-je entendu dire. J’avais tellement de questions à lui poser que je m’étais mis en tête de la retrouver et c’était la dernière piste qui m’avait menée, il y a quatre ans déjà, à Nakanoto. Et c’était la première fois que quelqu’un me parlait d’un être fantastique, malgré mes explorations de la ville et les espionnages de conversations que j’avais fait en étant pie bleue. Un démon, avait-il dit. Pouvais-je décemment lui parler de vampires ? Me connaissant, j’allais forcément lâcher le morceau pour ma mère, dans l’intention d’avoir enfin des informations… Peut-être en savait-il beaucoup, pensai-je en le scrutant. Peut-être même était-il un vampire, ou une autre forme surnaturelle, mais le cachait à la perfection. Ou alors il n’était rien de tout cela, un simple, banal mais pourtant fabuleux humain. Il me prendrait pour une folle, une excentrique dans ce cas-là. Mais je fixai ses yeux depuis assez de temps pour espérer y déceler une réaction. Sa réaction, qui m’indiquerait à qui je pouvais potentiellement avoir à faire.
« C’est un automate des plus poétiques, superbement réalisé. Je n’aurai pas assez sur moi pour vous le prendre en plus du vélo, malheureusement. Je vous ai dit que je prenais celui-ci ? »
Je prenais mon temps, tournant dans ma tête la meilleure façon d’obtenir une réponse, marchant dans le rayon, tout en le fixant de mon regard le plus direct.
« Dites-moi, Tsukishima-san, commençais-je, fixant toujours ses iris ambrés. Puis-je vous poser une question à laquelle vous répondrez sincèrement ? »
Je pris quelques secondes pour analyser les changements qui s’opéraient sur son visage, son attitude.
« Vous avez ici des objets de toutes provenances, n’est-ce pas ? Et même de provenance… Atypique ? »
Je marquai une pause, dans mes questions et dans mes pas, seule la tête tournée vers lui.
« …Anormale ? Peut-être un peu magique ? »
Me tournant complètement vers lui, je lui posais enfin la question essentielle :
« Dites-moi, Monsieur, que connaissez-vous des vampires ? »
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Sorcier Sang-pur - Spécialiste - Sentinelle
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Mar 6 Déc 2016 - 12:54
Shinji note la réaction de Morikawa-san au mot « démon ». Il l’a vu vue ciller. Ce n’est qu’une légende pourtant. Beaucoup n’y prêteraient aucune importance et se contenteraient de hausser les épaules. Mais elle ne semble pas aussi indifférente. Son stratagème a donc fonctionné. Depuis peu, Shinji raconte ce genre de légendes aux clients qui passent dans sa boutique. C’est un moyen de les sonder et de déterminer s’ils pourraient en savoir plus qu’ils ne le laissent paraître. Elle le fixe dans les yeux. Indifférent à ce regard scrutateur, il garde son habituel masque sans expression. Il hoche la tête quand elle vante les mérites de l’automate.
▬ Je m’en suis douté en vous voyant examiner le vélo. Je peux toujours vous réserver l’automate pour une prochaine fois.
Morikawa-san se met à déambuler dans le rayon, sans le quitter des yeux. Immobile, Shinji se contente de la suivre des yeux en soutenant son regard sans ciller. Il se demande ce qui peut bien traverser son esprit actuellement. Il ne tarde pas à le savoir quand elle lui demande de répondre sincèrement à une question. Il garde le silence, sachant par expérience que ce genre d’annonce couve une question des plus délicates. Ainsi il n’aura pas de parole à tenir. Malgré son silence, la jeune femme continue dans sa lancée. Atypique ? Qu’a-t-elle en tête exactement ? A-t-elle entraperçu des objets insolites dans son arrière-boutique ? Par réflexe, le regard du sorcier dérive brièvement sur la porte fermée à clé. Ses yeux se froncent imperceptiblement alors qu’elle prononce le mot « magique ». Que cherche-t-elle au juste ? A confirmer ses soupçons ? Si c’est une humaine qui enquête sur la magie… le secret est en danger et il lui faudra vite contacter l’Enclave pour qu’ils s’occupent de son cas. La femme interrompt sa réflexion avec une question franche et surprenante. Cette fois-ci, il hausse un sourcil.
▬ Les vampires ? C’est une légende urbaine ici. Certains disent qu’ils existent, d’autres affirment que ce ne sont que des histoires pour effrayer les enfants. Je n’en sais pas plus qu’un autre citoyen.
C’est un mensonge bien sûr ; il a déjà croisé l’un deux par inadvertance. Il l’a même tué d’ailleurs, même si c’était juste pour se défendre tout en protégeant Alyssa. Il n’a pas évoqué la vidéo du combat vampire vs lycan qui a circulé une journée en ligne. Un certain nombre de citoyen l’a visionnée avant qu’elle soit effacée du net, probablement par des vampires. Elle n’en fait peut-être pas partie. Et si oui… il trouvera comment se rattraper.
▬ Pourquoi vous me posez ces questions au juste ? Vous croyez vraiment à ces inepties ? Bien évidemment, je n’entrepose rien dans cette boutique qui soit… comment vous dites ? Magique. Atypique peut-être, mais… La magie, ce n’est que dans les contes de fées.
Mentir. Les sorciers ont tous appris à sortir des histoires crédibles pour se protéger eux et le secret de leur existence. En tant que sentinelle, c’est d’autant plus vrai pour Shinji. Cependant il n’a jamais croisé quelqu’un d’extérieur au monde surnaturel qui lui ai posé autant de questions. Ça éveille son intérêt, mais ça l’alerte également. Il n’a pas emporté de potion d’oubli avec lui, c’est bien dommage. En attendant, il va falloir en apprendre plus sur cette femme. Elle est peut-être une vampire. Cette possibilité l’inquiète soudainement. Sa seule rencontre avec l’un d’entre eux il n’en garde pas un bon souvenir. Elle cherche peut-être comme lui à déceler des connaisseurs pour voir s’ils représentent un danger. Les vampires ont peut-être comme les sorciers des sentinelles chargées de veiller sur le secret de leur existence.
▬ Dites-moi, Morikawa-san… c’est la première fois que je vous vois à Nakanoto. Etes-vous native d’ici ? Ça expliquerait que vous ayez entendu ce genre de rumeurs. C’est un vrai problème ici, les gens croient tout et n’importe quoi.
Il joue probablement à un jeu dangereux, mais il lui faut absolument en savoir plus sur elle, quitte à prendre des risques. Si elle a juste prêté l’oreille à ces rumeurs ici, ce n’est pas bien grave. En revanche, si elle en a entendu parler ailleurs… Les sorciers ne cherchent pas à protéger l’existence des vampires, cependant il en faudra peu pour associer ces créatures de la nuit aux légendaires sorciers. Shinji retourne à son bureau pour se refaire une boisson chaude.
▬ Est-ce que vous voulez un thé ? lui propose-t-il sans la regarder.
C’est un moyen de la retenir et peut-être, s’il y parvient, de la faire parler. Il a toujours plusieurs tasses en réserve pour ce genre de situation. Elle risque de trouver ça étrange, et va sans doute en profiter pour poursuivre son interrogatoire, mais s’il arrive à lui faire dire ce qu’il cherche à savoir, le jeu en vaut la chandelle. Et puis, il a toujours été un vrai mystère pour les autres de toute façon.
▬ Je m’en suis douté en vous voyant examiner le vélo. Je peux toujours vous réserver l’automate pour une prochaine fois.
Morikawa-san se met à déambuler dans le rayon, sans le quitter des yeux. Immobile, Shinji se contente de la suivre des yeux en soutenant son regard sans ciller. Il se demande ce qui peut bien traverser son esprit actuellement. Il ne tarde pas à le savoir quand elle lui demande de répondre sincèrement à une question. Il garde le silence, sachant par expérience que ce genre d’annonce couve une question des plus délicates. Ainsi il n’aura pas de parole à tenir. Malgré son silence, la jeune femme continue dans sa lancée. Atypique ? Qu’a-t-elle en tête exactement ? A-t-elle entraperçu des objets insolites dans son arrière-boutique ? Par réflexe, le regard du sorcier dérive brièvement sur la porte fermée à clé. Ses yeux se froncent imperceptiblement alors qu’elle prononce le mot « magique ». Que cherche-t-elle au juste ? A confirmer ses soupçons ? Si c’est une humaine qui enquête sur la magie… le secret est en danger et il lui faudra vite contacter l’Enclave pour qu’ils s’occupent de son cas. La femme interrompt sa réflexion avec une question franche et surprenante. Cette fois-ci, il hausse un sourcil.
▬ Les vampires ? C’est une légende urbaine ici. Certains disent qu’ils existent, d’autres affirment que ce ne sont que des histoires pour effrayer les enfants. Je n’en sais pas plus qu’un autre citoyen.
C’est un mensonge bien sûr ; il a déjà croisé l’un deux par inadvertance. Il l’a même tué d’ailleurs, même si c’était juste pour se défendre tout en protégeant Alyssa. Il n’a pas évoqué la vidéo du combat vampire vs lycan qui a circulé une journée en ligne. Un certain nombre de citoyen l’a visionnée avant qu’elle soit effacée du net, probablement par des vampires. Elle n’en fait peut-être pas partie. Et si oui… il trouvera comment se rattraper.
▬ Pourquoi vous me posez ces questions au juste ? Vous croyez vraiment à ces inepties ? Bien évidemment, je n’entrepose rien dans cette boutique qui soit… comment vous dites ? Magique. Atypique peut-être, mais… La magie, ce n’est que dans les contes de fées.
Mentir. Les sorciers ont tous appris à sortir des histoires crédibles pour se protéger eux et le secret de leur existence. En tant que sentinelle, c’est d’autant plus vrai pour Shinji. Cependant il n’a jamais croisé quelqu’un d’extérieur au monde surnaturel qui lui ai posé autant de questions. Ça éveille son intérêt, mais ça l’alerte également. Il n’a pas emporté de potion d’oubli avec lui, c’est bien dommage. En attendant, il va falloir en apprendre plus sur cette femme. Elle est peut-être une vampire. Cette possibilité l’inquiète soudainement. Sa seule rencontre avec l’un d’entre eux il n’en garde pas un bon souvenir. Elle cherche peut-être comme lui à déceler des connaisseurs pour voir s’ils représentent un danger. Les vampires ont peut-être comme les sorciers des sentinelles chargées de veiller sur le secret de leur existence.
▬ Dites-moi, Morikawa-san… c’est la première fois que je vous vois à Nakanoto. Etes-vous native d’ici ? Ça expliquerait que vous ayez entendu ce genre de rumeurs. C’est un vrai problème ici, les gens croient tout et n’importe quoi.
Il joue probablement à un jeu dangereux, mais il lui faut absolument en savoir plus sur elle, quitte à prendre des risques. Si elle a juste prêté l’oreille à ces rumeurs ici, ce n’est pas bien grave. En revanche, si elle en a entendu parler ailleurs… Les sorciers ne cherchent pas à protéger l’existence des vampires, cependant il en faudra peu pour associer ces créatures de la nuit aux légendaires sorciers. Shinji retourne à son bureau pour se refaire une boisson chaude.
▬ Est-ce que vous voulez un thé ? lui propose-t-il sans la regarder.
C’est un moyen de la retenir et peut-être, s’il y parvient, de la faire parler. Il a toujours plusieurs tasses en réserve pour ce genre de situation. Elle risque de trouver ça étrange, et va sans doute en profiter pour poursuivre son interrogatoire, mais s’il arrive à lui faire dire ce qu’il cherche à savoir, le jeu en vaut la chandelle. Et puis, il a toujours été un vrai mystère pour les autres de toute façon.
Invité
Invité
Mar 6 Déc 2016 - 16:05
Une légende urbaine ici, hein? Sa réponse me paraissait un peu trop réfléchie, les mots semblaient calculés, malgré la surprise légèrement visible qui avait suivi ma dernière question. D'autant plus qu'il n'énonçait pas son propre avis. Mais celui des habitants de la ville, dont j'avais eu vent trop peu de fois à mon goût. Le scrutant toujours intensément, je me terrais dans un silence teinté de méfiance et de suspicion. Etait-il au courant de quelque chose? Ou je passais pour une dérangée avide de paranormal?
▬ Pourquoi vous me posez ces questions au juste ? Vous croyez vraiment à ces inepties ? Bien évidemment, je n’entrepose rien dans cette boutique qui soit… comment vous dites ? Magique. Atypique peut-être, mais… La magie, ce n’est que dans les contes de fées.
Je me tendais au mot "ineptie", mais lorsqu'il parla de "conte de fées", j'eus un accès de colère soudain, mais bref. En plus de passer effectivement pour une folle à la recherche de surnaturel, je me sentais insultée. Ce genre de propos reniait l'existence des changelins. Mon existence. Quelque chose que je n'arrivais pas à tolérer malgré le secret de notre espèce qui m'empêchait d'en parler. Ne laissant rien paraître de cet agacement que j'avais vite tu, je me dis qu'après tout, il était peut-être d'une espèce qui cachait elle aussi son existence. Etait-il un vampire? Ou un de ses chasseurs qui avaient enrôlé ma mère? Ou bien même un changelin? Il allait falloir que je découvre... Mais comment? Il allait me mettre dehors si j'insistais trop.
- J'aime croire en la magie, Monsieur. Je ne rejette aucune possibilité, j'essaie d'ouvrir mon esprit à tout ce que ce monde pourrait créer.
Il n'écouta que peu ce que j'avais dit, me demandant si je venais de Nakanoto. Toujours sec envers les rumeurs, ce qui me laissait encore débattre avec mes deux choix principaux : ou il était humain et se moquait éperdument de ce qui n'était "pas possible", ou il était d'une espèce secrète et n'avait donc pas envie de dévoiler quoique ce soit, et se faisait donc passer pour le premier choix. Il était assez mystérieux pour que ce soit possible, mais j'avais l'impression de faire fausse route, d'imaginer qu'il était la personne à qui je pourrais soutirer des informations menant à mon but, alors qu'en fait, il était probablement rien de plus qu'un humain banal.
- Je suis née à Kobe, Tsukishima-san. Mais cela fait 4 ans que je vis à Nakanoto. Vous n'avez sûrement pas eu l'occasion de venir au garage où je travaille, et je reste souvent dans mon quartier, ce qui peut expliquer que vous ne m'ayez jamais croisé, même en plusieurs années.
Je ne mentais pas vraiment. Je n'allais dans d'autres quartiers que sous ma forme d'oiseau, mais je n'allais pas lui dire que je pouvais me transformer en pie bleue. Il y en avait très peu au Japon, et ce n'est pas vers Nakanoto qu'elles se regroupaient. Mes plumes bleues attiraient un peu trop l'attention, j'avais déjà été photographiée par deux ornithologues de passage dans la région, et une fille s'était émerveillé de ma couleur devant sa mère. Alors confier ceci à cet étrange antiquaire, qui lui ne me révélait rien d'intéressant, était à proscrire. D'ailleurs, si je me taisais, je pourrais me servir de mon pouvoir pour le suivre, mais il allait falloir être discret, et le plumage de m'aidait pas.
▬ Est-ce que vous voulez un thé ?
Je me figeais en entendant cette invitation plus que surprenante. Venait-il de me proposer de rester ? J'étais censée passer pour une folle, non? Alors pourquoi un humain souhaiterait m'offrir un thé? Ma suspicion était nettement ravivée, et il ne pourrait pas me l'enlever de sitôt.
- Volontiers, Tsukishima-san.
Je n'attendis pas son invitation à m'asseoir pour m'installer devant son bureau, joignant mes mains devant mon nez, les coudes posés sur le bord du meuble, l'observant toujours en silence, mais d'un regard en coin cette fois-ci. Lorsqu'il posa la tasse de thé devant moi, je le remerciais rapidement, et ne lui laissait pas le temps de me poser des questions.
- Vous pensez que je suis bizarre, n'est-ce pas?
Je guettai toujours ses réactions, mais enchaînai assez rapidement.
- Je suis bizarre, sans aucun doute là-dessus. Et vous?
Je souriais à mon interlocuteur, lequel me paraissait perplexe, mais il était difficile de certifier ses expressions tant il était impassible.
- Vous savez, je pense que la magie, ou les vampires, sont des phénomènes tout à fait plausibles. S'ils ont de tels pouvoirs, pourquoi ne les connaissons-nous qu'à travers des mythes, me demanderez-vous.
Je marquai une pause, et détacha mon regard pour boire une gorgée de la chaude boisson devant moi. Reprenant un contact visuel avec le jeune homme, je croisai les bras et continua.
- Je pense que les mythes ne sont pas sans fondements. Les histoires de suceurs de sang remontent à la nuit des temps. Ce sont des créatures qui ont toujours étaient présentes dans les histoires des hommes. Mais dans celles-ci, il est toujours décrit comme un démon, un monstre. Si vous étiez un vampire, ou je ne sais pas quelle autre espèce dite fantastique, vous ne voudriez pas que qui que ce soit vous traite de monstre, n'est-ce pas?
Je détournai le regard quelques secondes puis ajoutais :
- Et lorsque l'on parle de monstre, la terreur fait faire beaucoup de choses aux êtres humains. Des choses terribles, comme la guerre. Ils sont capables de trouver les pires tortures et les pires exécutions pour calmer leurs angoisses. Alors, dans ce cas, pourquoi vivre avec eux? Mieux vaut se cacher.
Je me tournai vers Tsukishima-san, analysant encore son visage. J'avalais difficilement ma salive, avant de boire à nouveau le thé servi plus tôt. J'étais sans doute aller trop loin dans ma réflexion, mais qu'importe. Maintenant que j'y étais, j'allai m'enfoncer encore plus... Après quelques minutes à cogiter, me demander si c'était une mauvaise idée ou une très mauvaise idée, je me lançais :
- Vous n'êtes pas humain, n'est-ce pas?
Je sentais que j'avais lâcher la bombe la plus énorme de cette conversation. Et je croisais fort les doigts pour ne pas m'être mise dans un pétrin sans nom...
▬ Pourquoi vous me posez ces questions au juste ? Vous croyez vraiment à ces inepties ? Bien évidemment, je n’entrepose rien dans cette boutique qui soit… comment vous dites ? Magique. Atypique peut-être, mais… La magie, ce n’est que dans les contes de fées.
Je me tendais au mot "ineptie", mais lorsqu'il parla de "conte de fées", j'eus un accès de colère soudain, mais bref. En plus de passer effectivement pour une folle à la recherche de surnaturel, je me sentais insultée. Ce genre de propos reniait l'existence des changelins. Mon existence. Quelque chose que je n'arrivais pas à tolérer malgré le secret de notre espèce qui m'empêchait d'en parler. Ne laissant rien paraître de cet agacement que j'avais vite tu, je me dis qu'après tout, il était peut-être d'une espèce qui cachait elle aussi son existence. Etait-il un vampire? Ou un de ses chasseurs qui avaient enrôlé ma mère? Ou bien même un changelin? Il allait falloir que je découvre... Mais comment? Il allait me mettre dehors si j'insistais trop.
- J'aime croire en la magie, Monsieur. Je ne rejette aucune possibilité, j'essaie d'ouvrir mon esprit à tout ce que ce monde pourrait créer.
Il n'écouta que peu ce que j'avais dit, me demandant si je venais de Nakanoto. Toujours sec envers les rumeurs, ce qui me laissait encore débattre avec mes deux choix principaux : ou il était humain et se moquait éperdument de ce qui n'était "pas possible", ou il était d'une espèce secrète et n'avait donc pas envie de dévoiler quoique ce soit, et se faisait donc passer pour le premier choix. Il était assez mystérieux pour que ce soit possible, mais j'avais l'impression de faire fausse route, d'imaginer qu'il était la personne à qui je pourrais soutirer des informations menant à mon but, alors qu'en fait, il était probablement rien de plus qu'un humain banal.
- Je suis née à Kobe, Tsukishima-san. Mais cela fait 4 ans que je vis à Nakanoto. Vous n'avez sûrement pas eu l'occasion de venir au garage où je travaille, et je reste souvent dans mon quartier, ce qui peut expliquer que vous ne m'ayez jamais croisé, même en plusieurs années.
Je ne mentais pas vraiment. Je n'allais dans d'autres quartiers que sous ma forme d'oiseau, mais je n'allais pas lui dire que je pouvais me transformer en pie bleue. Il y en avait très peu au Japon, et ce n'est pas vers Nakanoto qu'elles se regroupaient. Mes plumes bleues attiraient un peu trop l'attention, j'avais déjà été photographiée par deux ornithologues de passage dans la région, et une fille s'était émerveillé de ma couleur devant sa mère. Alors confier ceci à cet étrange antiquaire, qui lui ne me révélait rien d'intéressant, était à proscrire. D'ailleurs, si je me taisais, je pourrais me servir de mon pouvoir pour le suivre, mais il allait falloir être discret, et le plumage de m'aidait pas.
▬ Est-ce que vous voulez un thé ?
Je me figeais en entendant cette invitation plus que surprenante. Venait-il de me proposer de rester ? J'étais censée passer pour une folle, non? Alors pourquoi un humain souhaiterait m'offrir un thé? Ma suspicion était nettement ravivée, et il ne pourrait pas me l'enlever de sitôt.
- Volontiers, Tsukishima-san.
Je n'attendis pas son invitation à m'asseoir pour m'installer devant son bureau, joignant mes mains devant mon nez, les coudes posés sur le bord du meuble, l'observant toujours en silence, mais d'un regard en coin cette fois-ci. Lorsqu'il posa la tasse de thé devant moi, je le remerciais rapidement, et ne lui laissait pas le temps de me poser des questions.
- Vous pensez que je suis bizarre, n'est-ce pas?
Je guettai toujours ses réactions, mais enchaînai assez rapidement.
- Je suis bizarre, sans aucun doute là-dessus. Et vous?
Je souriais à mon interlocuteur, lequel me paraissait perplexe, mais il était difficile de certifier ses expressions tant il était impassible.
- Vous savez, je pense que la magie, ou les vampires, sont des phénomènes tout à fait plausibles. S'ils ont de tels pouvoirs, pourquoi ne les connaissons-nous qu'à travers des mythes, me demanderez-vous.
Je marquai une pause, et détacha mon regard pour boire une gorgée de la chaude boisson devant moi. Reprenant un contact visuel avec le jeune homme, je croisai les bras et continua.
- Je pense que les mythes ne sont pas sans fondements. Les histoires de suceurs de sang remontent à la nuit des temps. Ce sont des créatures qui ont toujours étaient présentes dans les histoires des hommes. Mais dans celles-ci, il est toujours décrit comme un démon, un monstre. Si vous étiez un vampire, ou je ne sais pas quelle autre espèce dite fantastique, vous ne voudriez pas que qui que ce soit vous traite de monstre, n'est-ce pas?
Je détournai le regard quelques secondes puis ajoutais :
- Et lorsque l'on parle de monstre, la terreur fait faire beaucoup de choses aux êtres humains. Des choses terribles, comme la guerre. Ils sont capables de trouver les pires tortures et les pires exécutions pour calmer leurs angoisses. Alors, dans ce cas, pourquoi vivre avec eux? Mieux vaut se cacher.
Je me tournai vers Tsukishima-san, analysant encore son visage. J'avalais difficilement ma salive, avant de boire à nouveau le thé servi plus tôt. J'étais sans doute aller trop loin dans ma réflexion, mais qu'importe. Maintenant que j'y étais, j'allai m'enfoncer encore plus... Après quelques minutes à cogiter, me demander si c'était une mauvaise idée ou une très mauvaise idée, je me lançais :
- Vous n'êtes pas humain, n'est-ce pas?
Je sentais que j'avais lâcher la bombe la plus énorme de cette conversation. Et je croisais fort les doigts pour ne pas m'être mise dans un pétrin sans nom...
Shinji Tsukishima#94510#94510#94510#94510#94510#94510#94510
Sorcier Sang-pur - Spécialiste - Sentinelle
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Mer 7 Déc 2016 - 12:53
Shinji croit sentir une certaine animosité naître cher son interlocutrice alors qu’il désigne ces rumeurs comme des inepties. Ce changement subtil d’humeur, difficile à discerner, ne lui a pas échappé. Après tout, il est passé maître dans l’art d’observer et d’écouter en toute discrétion. Cette réaction quasi-imperceptible l’intrigue. Soit elle est indignée qu’on puisse qualifier d’inepties ses croyances profondément ancrées, soit… soit elle se sent lésée pour une étrange raison. Si Shinji n’est pas ce qu’il paraît, cette femme pourrait très bien jouer le même jeu que lui. En tout cas, il sent que cette conversation va devenir importante, ce pourquoi il décide de la prolonger autour d’une tasse de thé plus tard. C’est quitte ou double, mais il doit tout mettre en œuvre pour en apprendre plus sur les autres races d’une part, afin d’assurer une meilleure surveillance de leurs agissements, et de découvrir de nouvelles informations sur le virus anti-lycan d’autre part. Si cette femme ne sait rien de plus que l’existence des vampires, ses opinions n’en seraient pas inutiles pour autant. On peut apprendre beaucoup de choses à partir de simples rumeurs ; elles servent souvent de guides.
La réplique de Morikawa-san le surprend un peu. « Ouvrir son esprit » hein ? Sa formulation semble pencher pour l’acceptation des différences. Il garde le silence, comme à son habitude. Il n’a rien de pertinent à ajouter. Elle répond alors à sa question, à savoir qu’elle est native de Kobe mais habite depuis quatre ans ici. Quatre ans… et ils ne se sont jamais croisés auparavant. Cette ville est bien plus grande qu’il n’y paraît. Il se contente de hocher la tête, enregistrant la moindre information. Donc s’il doit enquêter sur elle à l’avenir, il saura quoi chercher, à savoir un garage. Il ressent le besoin de boire quelque chose ; c’est l’occasion de prolonger cette conversation en proposant du thé, que Sawa accepte volontiers. Il n’est pas stupide ; il imagine bien que sa proposition paraît étrange vu les circonstances. Il se doute qu’il a éveillé ses soupçons, mais c’est un risque à prendre pour en savoir plus. Qui ne tente rien n’a rien.
Pendant qu’il prépare la boisson chaude, la jeune femme s’installe sur la chaise en face de son bureau, prévue pour les clients. Au bout d’une minute il dépose une tasse de thé devant elle avant de s’installer lui-même et prendre une gorgée de son thé. Et une nouvelle question étrange fuse. Il lève les yeux de sa tasse pour fixer Morikawa-san. Bizarre ? Il sera bien le dernier à employer ce mot pour décrire quelqu’un. Lui-même est quelque peu bizarre et mystérieux. Et puis, la normalité ou la bizarrerie, dans son monde, ça n’a aucun sens. Il ouvre la bouche pour répondre mais elle enchaîne avant qu’il ne puisse prendre la parole. Il plisse imperceptiblement les sourcils.
▬ Bizarre ne fait pas partie de mon vocabulaire. Différent, certainement. Mais nous sommes tous similaires et différents à la fois.
Après ces énigmatiques paroles il se tait et écoute le discours de son interlocutrice sur la magie et les autres phénomènes surnaturels. Si ses yeux sont baissés sur sa tasse, ses oreilles elles sont tournées vers la jeune femme. Quand elle fait une pause, il daigne lever les yeux vers elle, comme pour lui demander de poursuivre. Son discours sur les démons et la désignation de monstre lui aurait arraché un rictus amer s’il ne se contrôlait pas aussi bien. Elle n’a absolument aucune idée de quoi elle parle. Longtemps sa race a été désignée comme une monstruosité, en particulier par la religion chrétienne, et nombre des siens a péri brûlé vif sur les bûchers. Non, être traité de monstre dans ce cas présent ne lui a jamais plu. Mais ça n’a pas empêché les humains de le faire. La façon dont elle tourne la conversation attise son intérêt. Elle semble parler d’expérience. Comme si elle se sentait concernée. Il est bien d’accord avec ce qu’elle dit, même s’il reste silencieux. Les êtres humains sont loin d’être parfaits et ils ont commis beaucoup d’atrocités par le passé, au nom d’un dieu unique ou en leur propre nom. Et Morikawa-san tient exactement le même discours que ses ancêtres sorciers quand l’Enclave vota le retrait dans l’ombre à la Renaissance. Il lève sa tasse pour la porter à ses lèvres. Cette certitude s’impose de plus en plus à son esprit : elle n’est pas…
▬ Vous n'êtes pas humain, n'est-ce pas ?
Il interrompt son geste et lève lentement les yeux vers elle. Ses iris dorés la sondent, cherchant à savoir ce qu’elle a réellement en tête. Elle est parvenue à la même conclusion que lui envers elle, en même temps. Doucement il repose la tasse dans sa coupelle, sur son bureau, et lui jette un regard indéfinissable.
▬ Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
Il s’agit encore d’une question qui contre une autre. Cependant il ne peut pas s’aventurer sur cette pente glissante à l’aveugle. Si elle est effectivement d’une autre race que les humains, l’Enclave pourrait prendre une décision différente. D’habitude, les humains qui devinent l’existence des sorciers, ou qui sont trop curieux, sont soumis à leurs effaceurs ; des maîtres de la magie mentale qui effacent les souvenirs gênants. Mais pour les autres… c’est plus délicat. Est-elle elle-même une vampire ? Dans ce cas, pourquoi lui demander ce qu’il sait ? A moins qu’elle ne cherche à déterminer qui connaît leur existence, un peu comme lui en somme.
▬ C’est étrange que vous posiez cette question quand vous-même vous semblez parler d’expérience. Pour vous répondre, je suis tout aussi humain que vous l’êtes.
Cette réponse à double sens est bien choisie. Il ne dévoile rien de sa nature, laissant seulement entendre que, si Morikawa-san n’est pas humaine et qu’elle l’avoue, lui non plus ne restera pas sur sa position. L’index de Shinji tapote la tasse comme chaque fois qu’il est anxieux, stressé, ou préoccupé.
▬ Si toutefois je n’étais pas humain comme vous semblez le croire…
Shinji se lève pour marcher lentement jusqu’à la porte d’entrée. Il retourne le panneau sur lequel est inscrit le kanji pour « Ouvert » avec sa traduction anglaise afin de montrer le verso aux potentiels clients. Maintenant, il y a moins de risque qu’ils soient dérangés pendant cette conversation des plus délicates. Les murs ont bien souvent des oreilles par ici. Il se retourne et scrute Morikawa-san depuis sa position.
▬ Je trouve ça bien imprudent de votre part de mettre les pieds dans le plat sans vous demander comment je réagirais. Je pourrais être un de ces vampires qui vous intriguent, un buveur de sang qui cherche à se fondre dans la masse et se trouverait inquiété de se sentir le dos au mur. Souvent les créatures qui suivent leur instinct ont tendances à attaquer lorsqu’elles se sentent menacées et n’ont aucune porte de sortie…
Sur cette hypothèse formulée avec soin, sans même regarder la serrure, il tourne délicatement la clé pour verrouiller la porte et éviter ainsi, d’une part, une arrivée impromptue, et d’autre part, une fuite non désirée.
▬ Je déteste être interrompu sur des conversations aussi passionnantes, déclare-t-il en guise d’explication.
Sans quitter Morikawa des yeux, il revient s’asseoir en face d’elle.
▬ Alors, Morikawa-san, pourquoi prendre autant de risques ? Êtes-vous aussi humaine que je le suis ?
Sur cette question pleine de sous-entendus, il porte la tasse à ses lèvres pour prendre une gorgée de thé, ses yeux dorés nuancés d’ombres rivés sur son interlocutrice. Quoiqu’elle dise par la suite, elle vient de se glisser elle-même dans la case « à surveiller ». Shinji espère pour elle que ce qui va suivre lui permettra au moins d’échapper à une intervention des effaceurs. Elle est bien perspicace, comme il en a rarement rencontré, et ce serait bien dommage de le lui retirer…
La réplique de Morikawa-san le surprend un peu. « Ouvrir son esprit » hein ? Sa formulation semble pencher pour l’acceptation des différences. Il garde le silence, comme à son habitude. Il n’a rien de pertinent à ajouter. Elle répond alors à sa question, à savoir qu’elle est native de Kobe mais habite depuis quatre ans ici. Quatre ans… et ils ne se sont jamais croisés auparavant. Cette ville est bien plus grande qu’il n’y paraît. Il se contente de hocher la tête, enregistrant la moindre information. Donc s’il doit enquêter sur elle à l’avenir, il saura quoi chercher, à savoir un garage. Il ressent le besoin de boire quelque chose ; c’est l’occasion de prolonger cette conversation en proposant du thé, que Sawa accepte volontiers. Il n’est pas stupide ; il imagine bien que sa proposition paraît étrange vu les circonstances. Il se doute qu’il a éveillé ses soupçons, mais c’est un risque à prendre pour en savoir plus. Qui ne tente rien n’a rien.
Pendant qu’il prépare la boisson chaude, la jeune femme s’installe sur la chaise en face de son bureau, prévue pour les clients. Au bout d’une minute il dépose une tasse de thé devant elle avant de s’installer lui-même et prendre une gorgée de son thé. Et une nouvelle question étrange fuse. Il lève les yeux de sa tasse pour fixer Morikawa-san. Bizarre ? Il sera bien le dernier à employer ce mot pour décrire quelqu’un. Lui-même est quelque peu bizarre et mystérieux. Et puis, la normalité ou la bizarrerie, dans son monde, ça n’a aucun sens. Il ouvre la bouche pour répondre mais elle enchaîne avant qu’il ne puisse prendre la parole. Il plisse imperceptiblement les sourcils.
▬ Bizarre ne fait pas partie de mon vocabulaire. Différent, certainement. Mais nous sommes tous similaires et différents à la fois.
Après ces énigmatiques paroles il se tait et écoute le discours de son interlocutrice sur la magie et les autres phénomènes surnaturels. Si ses yeux sont baissés sur sa tasse, ses oreilles elles sont tournées vers la jeune femme. Quand elle fait une pause, il daigne lever les yeux vers elle, comme pour lui demander de poursuivre. Son discours sur les démons et la désignation de monstre lui aurait arraché un rictus amer s’il ne se contrôlait pas aussi bien. Elle n’a absolument aucune idée de quoi elle parle. Longtemps sa race a été désignée comme une monstruosité, en particulier par la religion chrétienne, et nombre des siens a péri brûlé vif sur les bûchers. Non, être traité de monstre dans ce cas présent ne lui a jamais plu. Mais ça n’a pas empêché les humains de le faire. La façon dont elle tourne la conversation attise son intérêt. Elle semble parler d’expérience. Comme si elle se sentait concernée. Il est bien d’accord avec ce qu’elle dit, même s’il reste silencieux. Les êtres humains sont loin d’être parfaits et ils ont commis beaucoup d’atrocités par le passé, au nom d’un dieu unique ou en leur propre nom. Et Morikawa-san tient exactement le même discours que ses ancêtres sorciers quand l’Enclave vota le retrait dans l’ombre à la Renaissance. Il lève sa tasse pour la porter à ses lèvres. Cette certitude s’impose de plus en plus à son esprit : elle n’est pas…
▬ Vous n'êtes pas humain, n'est-ce pas ?
Il interrompt son geste et lève lentement les yeux vers elle. Ses iris dorés la sondent, cherchant à savoir ce qu’elle a réellement en tête. Elle est parvenue à la même conclusion que lui envers elle, en même temps. Doucement il repose la tasse dans sa coupelle, sur son bureau, et lui jette un regard indéfinissable.
▬ Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
Il s’agit encore d’une question qui contre une autre. Cependant il ne peut pas s’aventurer sur cette pente glissante à l’aveugle. Si elle est effectivement d’une autre race que les humains, l’Enclave pourrait prendre une décision différente. D’habitude, les humains qui devinent l’existence des sorciers, ou qui sont trop curieux, sont soumis à leurs effaceurs ; des maîtres de la magie mentale qui effacent les souvenirs gênants. Mais pour les autres… c’est plus délicat. Est-elle elle-même une vampire ? Dans ce cas, pourquoi lui demander ce qu’il sait ? A moins qu’elle ne cherche à déterminer qui connaît leur existence, un peu comme lui en somme.
▬ C’est étrange que vous posiez cette question quand vous-même vous semblez parler d’expérience. Pour vous répondre, je suis tout aussi humain que vous l’êtes.
Cette réponse à double sens est bien choisie. Il ne dévoile rien de sa nature, laissant seulement entendre que, si Morikawa-san n’est pas humaine et qu’elle l’avoue, lui non plus ne restera pas sur sa position. L’index de Shinji tapote la tasse comme chaque fois qu’il est anxieux, stressé, ou préoccupé.
▬ Si toutefois je n’étais pas humain comme vous semblez le croire…
Shinji se lève pour marcher lentement jusqu’à la porte d’entrée. Il retourne le panneau sur lequel est inscrit le kanji pour « Ouvert » avec sa traduction anglaise afin de montrer le verso aux potentiels clients. Maintenant, il y a moins de risque qu’ils soient dérangés pendant cette conversation des plus délicates. Les murs ont bien souvent des oreilles par ici. Il se retourne et scrute Morikawa-san depuis sa position.
▬ Je trouve ça bien imprudent de votre part de mettre les pieds dans le plat sans vous demander comment je réagirais. Je pourrais être un de ces vampires qui vous intriguent, un buveur de sang qui cherche à se fondre dans la masse et se trouverait inquiété de se sentir le dos au mur. Souvent les créatures qui suivent leur instinct ont tendances à attaquer lorsqu’elles se sentent menacées et n’ont aucune porte de sortie…
Sur cette hypothèse formulée avec soin, sans même regarder la serrure, il tourne délicatement la clé pour verrouiller la porte et éviter ainsi, d’une part, une arrivée impromptue, et d’autre part, une fuite non désirée.
▬ Je déteste être interrompu sur des conversations aussi passionnantes, déclare-t-il en guise d’explication.
Sans quitter Morikawa des yeux, il revient s’asseoir en face d’elle.
▬ Alors, Morikawa-san, pourquoi prendre autant de risques ? Êtes-vous aussi humaine que je le suis ?
Sur cette question pleine de sous-entendus, il porte la tasse à ses lèvres pour prendre une gorgée de thé, ses yeux dorés nuancés d’ombres rivés sur son interlocutrice. Quoiqu’elle dise par la suite, elle vient de se glisser elle-même dans la case « à surveiller ». Shinji espère pour elle que ce qui va suivre lui permettra au moins d’échapper à une intervention des effaceurs. Elle est bien perspicace, comme il en a rarement rencontré, et ce serait bien dommage de le lui retirer…
Invité
Invité
Jeu 8 Déc 2016 - 11:09
Alors que je regrettai immédiatement ma question, me maudissant de ma franchise qui m'amenait parfois trop loin, je vis Shinji Tsukishima relever la tête. Évidemment, qu'il était surpris, peut-être même déstabilisé, mais je ne le connaissais pas assez pour en être certaine. Il posa sa tasse et me demanda ce qui me faisait dire ça. Ne s'était-il pas rendu compte à quel point ses paroles laissaient supposer ce genre de chose? Je le regardai avec le regard le plus expressif que je pouvais, celui qui disait clairement "à ton avis?", sans ouvrir la bouche. Je n'osais plus parler, après cette question qui pourrait s'avérer être la plus grosse gaffe du siècle.
▬ C’est étrange que vous posiez cette question quand vous-même vous semblez parler d’expérience. Pour vous répondre, je suis tout aussi humain que vous l’êtes.
Je le fixai encore et toujours. Pourquoi me parlait-t-il d'expérience? Je ne faisais qu'expliquer sans nommer les raisons anciennes du secret des changelins, pour moi, c'était juste un poids... Ou bien ce poids est tellement ancré en moi que je me rendais même pas compte que c'est ça qu'il nommait expérience... Le poids du secret, celui qui m'a étreint à chaque relation que j'ai eu, celui qui m'a fait douter de mes amitiés et de mes amours passées.
Tsukishima se leva, continuant à parler. Ce mouvement interrompit mes pensées. Il se dirigea vers la porte d'entrée du magasin. Il n'avait vraiment, vraiment pas intérêt à la fermer. Supportant très mal de me sentir enfermée, je détestais cette impression d'être un oiseau en cage. Il retourna le petit panneau indiquant l'ouverture pour la face "Fermé". Si ce n'était que ça, ça m'allait...
▬ Je trouve ça bien imprudent de votre part de mettre les pieds dans le plat sans vous demander comment je réagirais. Je pourrais être un de ces vampires qui vous intriguent, un buveur de sang qui cherche à se fondre dans la masse et se trouverait inquiété de se sentir le dos au mur. Souvent les créatures qui suivent leur instinct ont tendances à attaquer lorsqu’elles se sentent menacées et n’ont aucune porte de sortie…
Je n'écoutai que d'une oreille ses paroles, l'autre étant concentrée sur le bruit de la serrure. Oui j'étais bien imprudente, et oui, je mettais toujours les pieds dans le plat. Sûrement mon pire défaut et ma plus grande qualité, cela dépendait juste du contexte. Il tourna la clé dans la serrure. Merde, il l'avait fait. Aucune porte de sortie, hein? Je pouvais toujours utiliser une de mes formes animales pour sortir. Mais ça révèlerait mon statut, alors que je n'avais aucune certitude de ce que lui était. Il parlait de vampire, mais il y avait quelque chose dans son attitude et ses paroles qui me laissait supposer qu'il était encore autre chose.
Il revint s'asseoir face à moi.
▬ Alors, Morikawa-san, pourquoi prendre autant de risques ? Êtes-vous aussi humaine que je le suis ?
Je ne le regardais pas, je faisais semblant de fixer la porte. En réalité, je cherchais des fenêtres. Au cas où... Je soupirai et sorti enfin de mon mutisme.
▬ Vous comme moi sommes allés bien loin, n'est-ce pas. Vous n'êtes clairement pas humain, c'est évident. Quel humain enfermerait quelqu'un qui parle de vampire et de magie dans une boutique, en ne sachant rien de la nature et des pouvoirs de celui-ci? Personne, sauf quelqu'un qui a confiance en ses capacités. Pas un humain, donc, mais quelqu'un qui est aguerri à une forme de magie... Que ce soit un vampire ou une autre espèce.
Je scrutai toujours ses réactions, mais je ne voulais vraiment pas envenimé la situation. Mais je tournai beaucoup trop autour du pot à mon goût.
▬ Il se trouve que je ne suis pas quelqu'un de violent. Je n'ai jamais participé à des combats ou je ne sais quoi. Et je ne souhaite vraiment pas commencer, que ce soit aujourd'hui ou un autre jour.
Je buvais le peu de thé qu'il restait dans ma tasse.
▬ Vous vous demandez pourquoi je dis cela, peut-être? C'est juste que vous m'avez enfermé dans votre boutique en me disant que j'étais imprudente. La menace sous-jacente ne me plaît guère.
Je joignai de nouveau mes mains au niveau de mon menton, le regardant encore.
▬ Je m'intéresse assez peu à autre chose que les vampires, Tsukishima-san. Bien sûr, les autres espèces m'intriguent et je serai ravie de savoir qu'elles existent. Mais il n'y a que les vampires et ceux qui les traquent qui m'intéressent.
Je fermai quelques instants les yeux avant de poursuivre, sans regarder le mystérieux antiquaire.
▬ Ma mère a disparue de ma vie lorsque j'avais 3 ans. Il y a quelques années, j'ai découvert que c'était parce qu'elle était partie chasser des vampires. Personne n'y croyait dans ma famille, ils pensaient que c'était une lubie, que les vampires n'existaient que dans les histoires, les contes. Alors, j'ai décidé de partir à sa recherche, pour tout savoir des raisons qui l'ont poussé à quitter mon père, mon frère et moi. Elle est venu ici, à Nakanoto, lorsque ses parents ont eu des nouvelles d'elle pour la dernière fois. C'est pour ça que je suis ici.
Je le regardai à nouveau dans les yeux.
▬ Maintenant que j'ai parlé un peu de ma vie, parlez-moi de vous, Tsukishima-san.
Je savais pertinemment que je n'avais pas répondu directement à ses questions. Mais s'il croyait que j'allais tout lâcher quand lui restait tout aussi mystérieux, il se fourrait le doigt dans l’œil jusqu'au genou.
▬ C’est étrange que vous posiez cette question quand vous-même vous semblez parler d’expérience. Pour vous répondre, je suis tout aussi humain que vous l’êtes.
Je le fixai encore et toujours. Pourquoi me parlait-t-il d'expérience? Je ne faisais qu'expliquer sans nommer les raisons anciennes du secret des changelins, pour moi, c'était juste un poids... Ou bien ce poids est tellement ancré en moi que je me rendais même pas compte que c'est ça qu'il nommait expérience... Le poids du secret, celui qui m'a étreint à chaque relation que j'ai eu, celui qui m'a fait douter de mes amitiés et de mes amours passées.
Tsukishima se leva, continuant à parler. Ce mouvement interrompit mes pensées. Il se dirigea vers la porte d'entrée du magasin. Il n'avait vraiment, vraiment pas intérêt à la fermer. Supportant très mal de me sentir enfermée, je détestais cette impression d'être un oiseau en cage. Il retourna le petit panneau indiquant l'ouverture pour la face "Fermé". Si ce n'était que ça, ça m'allait...
▬ Je trouve ça bien imprudent de votre part de mettre les pieds dans le plat sans vous demander comment je réagirais. Je pourrais être un de ces vampires qui vous intriguent, un buveur de sang qui cherche à se fondre dans la masse et se trouverait inquiété de se sentir le dos au mur. Souvent les créatures qui suivent leur instinct ont tendances à attaquer lorsqu’elles se sentent menacées et n’ont aucune porte de sortie…
Je n'écoutai que d'une oreille ses paroles, l'autre étant concentrée sur le bruit de la serrure. Oui j'étais bien imprudente, et oui, je mettais toujours les pieds dans le plat. Sûrement mon pire défaut et ma plus grande qualité, cela dépendait juste du contexte. Il tourna la clé dans la serrure. Merde, il l'avait fait. Aucune porte de sortie, hein? Je pouvais toujours utiliser une de mes formes animales pour sortir. Mais ça révèlerait mon statut, alors que je n'avais aucune certitude de ce que lui était. Il parlait de vampire, mais il y avait quelque chose dans son attitude et ses paroles qui me laissait supposer qu'il était encore autre chose.
Il revint s'asseoir face à moi.
▬ Alors, Morikawa-san, pourquoi prendre autant de risques ? Êtes-vous aussi humaine que je le suis ?
Je ne le regardais pas, je faisais semblant de fixer la porte. En réalité, je cherchais des fenêtres. Au cas où... Je soupirai et sorti enfin de mon mutisme.
▬ Vous comme moi sommes allés bien loin, n'est-ce pas. Vous n'êtes clairement pas humain, c'est évident. Quel humain enfermerait quelqu'un qui parle de vampire et de magie dans une boutique, en ne sachant rien de la nature et des pouvoirs de celui-ci? Personne, sauf quelqu'un qui a confiance en ses capacités. Pas un humain, donc, mais quelqu'un qui est aguerri à une forme de magie... Que ce soit un vampire ou une autre espèce.
Je scrutai toujours ses réactions, mais je ne voulais vraiment pas envenimé la situation. Mais je tournai beaucoup trop autour du pot à mon goût.
▬ Il se trouve que je ne suis pas quelqu'un de violent. Je n'ai jamais participé à des combats ou je ne sais quoi. Et je ne souhaite vraiment pas commencer, que ce soit aujourd'hui ou un autre jour.
Je buvais le peu de thé qu'il restait dans ma tasse.
▬ Vous vous demandez pourquoi je dis cela, peut-être? C'est juste que vous m'avez enfermé dans votre boutique en me disant que j'étais imprudente. La menace sous-jacente ne me plaît guère.
Je joignai de nouveau mes mains au niveau de mon menton, le regardant encore.
▬ Je m'intéresse assez peu à autre chose que les vampires, Tsukishima-san. Bien sûr, les autres espèces m'intriguent et je serai ravie de savoir qu'elles existent. Mais il n'y a que les vampires et ceux qui les traquent qui m'intéressent.
Je fermai quelques instants les yeux avant de poursuivre, sans regarder le mystérieux antiquaire.
▬ Ma mère a disparue de ma vie lorsque j'avais 3 ans. Il y a quelques années, j'ai découvert que c'était parce qu'elle était partie chasser des vampires. Personne n'y croyait dans ma famille, ils pensaient que c'était une lubie, que les vampires n'existaient que dans les histoires, les contes. Alors, j'ai décidé de partir à sa recherche, pour tout savoir des raisons qui l'ont poussé à quitter mon père, mon frère et moi. Elle est venu ici, à Nakanoto, lorsque ses parents ont eu des nouvelles d'elle pour la dernière fois. C'est pour ça que je suis ici.
Je le regardai à nouveau dans les yeux.
▬ Maintenant que j'ai parlé un peu de ma vie, parlez-moi de vous, Tsukishima-san.
Je savais pertinemment que je n'avais pas répondu directement à ses questions. Mais s'il croyait que j'allais tout lâcher quand lui restait tout aussi mystérieux, il se fourrait le doigt dans l’œil jusqu'au genou.
Shinji Tsukishima#94550#94550#94550#94550#94550#94550#94550
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Ven 9 Déc 2016 - 17:59
Le regard appuyé que Morikawa lui jette, lorsqu’il lui demande pourquoi elle pense qu’il n’est pas humain, attise son agacement. C’est typiquement le genre d’attitude qu’il l’énerve. Enfin, si on peut vraiment dire qu’il s’énerve… Cet homme est un monstre de stoïcisme. Toujours à garder son calme, à rester inexpressif dans presque toutes les situations et à simplement s’en aller quand on l’ennuie. Il trouve la jeune femme bien audacieuse. Peut-être même inconsciente. Elle n’a aucune idée dans quoi elle vient de se jeter tête la première. Depuis qu’il a verrouillé la porte, il la sent nerveuse. En réalité, elle pourrait très bien prendre les jambes à son cou. S’il avait vraiment voulu l’enfermer, il prit soin de retirer la clé de la serrure. La première raison c’est éviter que quelqu’un entre à l’improviste, quelque soit sa race. Bien sûr, ça lui laisserait toujours une plus grande marge de temps pour réagir si elle tente de s’enfuir. Mais… il lui suffirait de la suivre caché dans les ombres pour la surveiller, et peut-être obtenir les informations qu’elle aura refusé de lui donner. Non, la troisième raison, c’est générer cette tension. Les gens anxieux font plus souvent d’erreur et c’est ce qu’il cherche à obtenir. Shinji s’appuie contre le dossier de sa chaise et croise les bras.
▬ Enfermée ? Si j’avais vraiment voulu vous emprisonner dans ma boutique, Morikawa-san, j’aurais pris soin de retirer la clé de la serrure. Je vous l’ai dit, je n’aime pas être dérangé.
Il continue de tourner autour du pot, ne confirmant ou n’infirmant aucune des hypothèses de son interlocutrice. Lors d’un combat, il attend toujours que ce soit son adversaire qui fasse le premier pas. C’est pareil lors d’une joute verbale ; il attend qu’elle lui donne une information vraiment intéressante en premier. Après il pourrait toujours envisager de lui en donner une ou deux en échange… Cependant il est emprisonné par son serment et sa loyauté envers les lois des sorciers –lois qu’il a déjà enfreintes, alors s’il peut éviter de recommencer… Il hausse légèrement un sourcil quand elle parle de combat. Elle est tellement inquiète qu’elle envisage déjà une possibilité de combat ? Mais jusqu’à présent, Shinji n’a nullement été agressif ou menaçant. Il est sombre et ténébreux de nature, non pas dans sa profondeur d’âme, mais simplement dans sa façon d’être. Le jour où il la menace, elle s’en rendra clairement compte. Et s’en souviendra toute sa vie. Shinji non plus n’est pas un adepte de la violence, et tant qu’il peut éviter un combat, il le fait.
▬ Je ne vous ai jamais menacée, Morikawa-san. Vous le sauriez, si c’était le cas. Je ne faisais qu’exprimer mon opinion.
En réalité, il la teste aussi. Il cherche à savoir comment elle fonctionne, quelles sont ses réactions selon certaines situations ou certains sujets de conversation, pour mieux la cerner et mieux la comprendre. Quand elle insiste sur les vampires et leurs chasseurs, il pose un index en-dessous de son nez, en pleine réflexion. De ce qu'il entend, elle ne serait pas du genre à rejeter les différences entre les races. Qu’elle soit humaine ou non, cela apparaîtra dans son prochain rapport. Il est important pour lui d’identifier les différentes catégories des habitants ; ceux qui ignorent tout du surnaturel, ceux qui refusent en bloc tout ce qui est lié au surnaturel, ceux qui sont hostiles envers les créatures surnaturelles, et enfin ceux qui sont au contraire plutôt ouverts d’esprits. Ça devrait aussi intéresse la Sagesse, le seul sorcier qu’il connaisse qui soit actuellement de son opinion.
La jeune femme interrompt sa réflexion en entamant un récit sur son passé. Shinji décroise les bras pour reprendre sa tasse et boire une gorgée de thé. Puis il laisse ses mains sur le bois de son bureau. Et tandis qu’elle avance dans son histoire, son index tapote machinalement la porcelaine de la tasse. Sa mère, une chasseuse de vampires… ici à Nakanoto ? L’Enclave n’a pas encore identifié les hunters, il ne sait donc rien sur ce sujet. Cependant ça explique son intérêt pour ces êtres nocturnes et sa présence ici. Quand finalement elle lui réclame la même chose de lui, il plante ses coudes sur la table, mains jointes devant son visage, et la soumet pendant plusieurs minutes silencieuses à un regard scrutateur. Il ne peut pas lui raconter grand-chose sans enfreindre ses lois. Et il n’a pas envie de lui raconter plus qu’il n’en a dit à Alyssa il y a six ans. Par principe. Car elle aurait dû être la seule à qui il puisse se confier sans crainte, et pourtant il n’a jamais été très loin. Il estime que ce serait la trahir que d’en dire plus à une parfaite inconnue. Après un long moment de réflexion, il pousse un soupir las.
▬ Soit. J’aurais préféré éviter ça, pour vous, mais vous m’avez l’air particulièrement entêtée.
Oui, pour elle. Car s’il se met à parler de lui, elle ne se sentira plus jamais vraiment seule. Il sera probablement là à la surveiller dans les ombres. Ou pire, les effaceurs se chargeront sans doute d’effacer de sa mémoire les souvenirs trop compromettants. Mais soit, un échange mutuel d’informations. Ce ne sera pas la première fois de toute manière. Cependant, si elle croit qu’il va aller au-delà de son récit à elle, elle se trompe royalement. Il ne dévoile jamais ses cartes en premier. Shinji s’adosse à sa chaise sans la quitter des yeux.
▬ Je suis né ici, à Nakanoto. J’ai passé une bonne partie de mon enfance à étudier dans des livres, soumis à la pression parentale de l’image du fils parfait et brillant. Ma sœur aînée et moi n’avons jamais mis un pied en dehors de cette région. Ça fait trois ans que j’ai ouvert cette boutique d’antiquités. Je me suis toujours intéressé aux reliques qui recèlent les mystères du monde. C’est tout ce que je peux vous dire. Le reste n’est pas dépendant de ma volonté.
Sous-entendu « je n’ai pas le droit de vous en dire plus ». Enfin reste à savoir si elle saisira le message. Il en a déjà bien assez dit. C’est peu, par rapport au récit de la jeune femme, mais pou lui qui ne parle jamais de lui, surtout à des inconnus, c’est déjà beaucoup. Il décide cependant de lui faire une fleur ; après tout, s’il lui donne ce qu’elle cherche, elle sera peut-être plus coopérative. Et les sorciers n’ont pas de pacte ou autre avec les vampires ; ceux-ci ignorent même leur existence, à quelques exceptions près. Et ces exceptions n’ont pas intérêt à laisser fuiter une telle information.
▬ En fait, je peux tout de même ajouter une chose. Les vampires existent, en effet. J’en ai croisé un il y a longtemps, et je peux vous assurer que vous n’avez pas envie de les connaître. Du moins pas ceux dont il faisait partie.
Shinji marque une pause pour observer sa réaction. Sa formulation sous-entend qu’ils ne sont pas vraiment commodes. Il avait été salement amoché au flanc ; deux semaines alité, soigné et nourri par Alyssa… Même s’il s’était interposé pour la sauver, il lui doit probablement la vie. Alors il espère sincèrement pour la jeune femme qu’elle ne va pas se lancer elle aussi dans cette folle histoire de chasse aux vampires. Elle ne survivrait pas cinq minutes. Shinji reprend sa tasse pour terminer son thé. Il en a bien assez dit pour l’instant.
▬ Bien, je pense avoir satisfait votre curiosité. Cependant vous n’avez pas répondu à toutes mes questions. N’espérez même pas que j’en dise plus jusque-là.
Le regard de Shinji dérive jusqu’au vélo appuyé contre son bureau. Il l’aurait presque oublié. Autant en profiter pour procéder à l’enregistrement de la transaction. Il sort son ordinateur de veille et ouvre son fichier de recensement des antiquités. Après quelques manipulations, le vélo est prêt à changer de propriétaire. Il croise alors les mains sur son bureau et toise la demoiselle de ses yeux dorés.
▬ Alors, Morikawa-san, qui êtes-vous vraiment ? Ce que je vous dirai ou non dépendra de votre réponse, alors, soyez honnête.
Par « qui », Shinji entend plutôt « quoi ». Mais il a formulé autrement sa question, par respect ; car lui non plus n’a jamais apprécié être désigné par un « quelque chose » plutôt qu’en tant qu’être vivant et pensant à part entière.
▬ Enfermée ? Si j’avais vraiment voulu vous emprisonner dans ma boutique, Morikawa-san, j’aurais pris soin de retirer la clé de la serrure. Je vous l’ai dit, je n’aime pas être dérangé.
Il continue de tourner autour du pot, ne confirmant ou n’infirmant aucune des hypothèses de son interlocutrice. Lors d’un combat, il attend toujours que ce soit son adversaire qui fasse le premier pas. C’est pareil lors d’une joute verbale ; il attend qu’elle lui donne une information vraiment intéressante en premier. Après il pourrait toujours envisager de lui en donner une ou deux en échange… Cependant il est emprisonné par son serment et sa loyauté envers les lois des sorciers –lois qu’il a déjà enfreintes, alors s’il peut éviter de recommencer… Il hausse légèrement un sourcil quand elle parle de combat. Elle est tellement inquiète qu’elle envisage déjà une possibilité de combat ? Mais jusqu’à présent, Shinji n’a nullement été agressif ou menaçant. Il est sombre et ténébreux de nature, non pas dans sa profondeur d’âme, mais simplement dans sa façon d’être. Le jour où il la menace, elle s’en rendra clairement compte. Et s’en souviendra toute sa vie. Shinji non plus n’est pas un adepte de la violence, et tant qu’il peut éviter un combat, il le fait.
▬ Je ne vous ai jamais menacée, Morikawa-san. Vous le sauriez, si c’était le cas. Je ne faisais qu’exprimer mon opinion.
En réalité, il la teste aussi. Il cherche à savoir comment elle fonctionne, quelles sont ses réactions selon certaines situations ou certains sujets de conversation, pour mieux la cerner et mieux la comprendre. Quand elle insiste sur les vampires et leurs chasseurs, il pose un index en-dessous de son nez, en pleine réflexion. De ce qu'il entend, elle ne serait pas du genre à rejeter les différences entre les races. Qu’elle soit humaine ou non, cela apparaîtra dans son prochain rapport. Il est important pour lui d’identifier les différentes catégories des habitants ; ceux qui ignorent tout du surnaturel, ceux qui refusent en bloc tout ce qui est lié au surnaturel, ceux qui sont hostiles envers les créatures surnaturelles, et enfin ceux qui sont au contraire plutôt ouverts d’esprits. Ça devrait aussi intéresse la Sagesse, le seul sorcier qu’il connaisse qui soit actuellement de son opinion.
La jeune femme interrompt sa réflexion en entamant un récit sur son passé. Shinji décroise les bras pour reprendre sa tasse et boire une gorgée de thé. Puis il laisse ses mains sur le bois de son bureau. Et tandis qu’elle avance dans son histoire, son index tapote machinalement la porcelaine de la tasse. Sa mère, une chasseuse de vampires… ici à Nakanoto ? L’Enclave n’a pas encore identifié les hunters, il ne sait donc rien sur ce sujet. Cependant ça explique son intérêt pour ces êtres nocturnes et sa présence ici. Quand finalement elle lui réclame la même chose de lui, il plante ses coudes sur la table, mains jointes devant son visage, et la soumet pendant plusieurs minutes silencieuses à un regard scrutateur. Il ne peut pas lui raconter grand-chose sans enfreindre ses lois. Et il n’a pas envie de lui raconter plus qu’il n’en a dit à Alyssa il y a six ans. Par principe. Car elle aurait dû être la seule à qui il puisse se confier sans crainte, et pourtant il n’a jamais été très loin. Il estime que ce serait la trahir que d’en dire plus à une parfaite inconnue. Après un long moment de réflexion, il pousse un soupir las.
▬ Soit. J’aurais préféré éviter ça, pour vous, mais vous m’avez l’air particulièrement entêtée.
Oui, pour elle. Car s’il se met à parler de lui, elle ne se sentira plus jamais vraiment seule. Il sera probablement là à la surveiller dans les ombres. Ou pire, les effaceurs se chargeront sans doute d’effacer de sa mémoire les souvenirs trop compromettants. Mais soit, un échange mutuel d’informations. Ce ne sera pas la première fois de toute manière. Cependant, si elle croit qu’il va aller au-delà de son récit à elle, elle se trompe royalement. Il ne dévoile jamais ses cartes en premier. Shinji s’adosse à sa chaise sans la quitter des yeux.
▬ Je suis né ici, à Nakanoto. J’ai passé une bonne partie de mon enfance à étudier dans des livres, soumis à la pression parentale de l’image du fils parfait et brillant. Ma sœur aînée et moi n’avons jamais mis un pied en dehors de cette région. Ça fait trois ans que j’ai ouvert cette boutique d’antiquités. Je me suis toujours intéressé aux reliques qui recèlent les mystères du monde. C’est tout ce que je peux vous dire. Le reste n’est pas dépendant de ma volonté.
Sous-entendu « je n’ai pas le droit de vous en dire plus ». Enfin reste à savoir si elle saisira le message. Il en a déjà bien assez dit. C’est peu, par rapport au récit de la jeune femme, mais pou lui qui ne parle jamais de lui, surtout à des inconnus, c’est déjà beaucoup. Il décide cependant de lui faire une fleur ; après tout, s’il lui donne ce qu’elle cherche, elle sera peut-être plus coopérative. Et les sorciers n’ont pas de pacte ou autre avec les vampires ; ceux-ci ignorent même leur existence, à quelques exceptions près. Et ces exceptions n’ont pas intérêt à laisser fuiter une telle information.
▬ En fait, je peux tout de même ajouter une chose. Les vampires existent, en effet. J’en ai croisé un il y a longtemps, et je peux vous assurer que vous n’avez pas envie de les connaître. Du moins pas ceux dont il faisait partie.
Shinji marque une pause pour observer sa réaction. Sa formulation sous-entend qu’ils ne sont pas vraiment commodes. Il avait été salement amoché au flanc ; deux semaines alité, soigné et nourri par Alyssa… Même s’il s’était interposé pour la sauver, il lui doit probablement la vie. Alors il espère sincèrement pour la jeune femme qu’elle ne va pas se lancer elle aussi dans cette folle histoire de chasse aux vampires. Elle ne survivrait pas cinq minutes. Shinji reprend sa tasse pour terminer son thé. Il en a bien assez dit pour l’instant.
▬ Bien, je pense avoir satisfait votre curiosité. Cependant vous n’avez pas répondu à toutes mes questions. N’espérez même pas que j’en dise plus jusque-là.
Le regard de Shinji dérive jusqu’au vélo appuyé contre son bureau. Il l’aurait presque oublié. Autant en profiter pour procéder à l’enregistrement de la transaction. Il sort son ordinateur de veille et ouvre son fichier de recensement des antiquités. Après quelques manipulations, le vélo est prêt à changer de propriétaire. Il croise alors les mains sur son bureau et toise la demoiselle de ses yeux dorés.
▬ Alors, Morikawa-san, qui êtes-vous vraiment ? Ce que je vous dirai ou non dépendra de votre réponse, alors, soyez honnête.
Par « qui », Shinji entend plutôt « quoi ». Mais il a formulé autrement sa question, par respect ; car lui non plus n’a jamais apprécié être désigné par un « quelque chose » plutôt qu’en tant qu’être vivant et pensant à part entière.
Invité
Invité
Sam 10 Déc 2016 - 15:18
Il me fixait depuis plusieurs minutes, lorsqu'il sortir enfin de son mutisme. Pour me dire que j'étais entêtée. Eheh, je le savais bien, il n'était pas le premier à relever ce trait de caractère chez moi. Je lui souris en approuvant d'un léger signe de tête, l'invitant par la même occasion à continuer sur sa lancée. Il me raconta brièvement sa vie, trop brièvement à mon goût. La dernière phrase de son récit m'interpella.
"Le reste n'est pas dépendant de ma volonté".
Quelque chose ou quelqu'un l'en empêchait... Cela résonnait en moi, comme un rappel du secret des changelins et le poids qui l'accompagnait et me bridait dans mes relations... mais également dans cette conversation. Toujours ce même poids qui me faisait envier la liberté, surtout en cet instant où je me sentais enfermée dans cette boutique. Et tout comme Shinji Tsukishima, ce n'était pas un poids qui dépendait de ma propre volonté. Si je m'écoutais, je lui dirai tout sur ma vie, à quel point cacher le fait que je me transforme en pie tous les jours m'avait attristé, à quel point en parler me brûlait les lèvres à chaque fois que je me liais d'amitié. Pourquoi avais-je envie de confier mes peines à cet homme étrange, dont les sentiments ne se trahissaient pas sur ses traits, et que je venais à peine de rencontrer?
Il me tira de mes réflexions lorsqu'il revint sur ses paroles :
▬ En fait, je peux tout de même ajouter une chose. Les vampires existent, en effet. J’en ai croisé un il y a longtemps, et je peux vous assurer que vous n’avez pas envie de les connaître. Du moins pas ceux dont il faisait partie.
J'avais la réponse à ma précédente question : parce que l'on avait des points en commun. Il avait vu un vampire, il avait l'air de savoir quelques trucs sur eux, ce qui était intéressant à savoir, mais qui indiquait également quelque chose. Il n'était vraiment pas humain, mais n'était pas un vampire non plus. Il pouvait être un changelin, ou une espèce qui y ressemblait de par leur histoire... Et c'est cela qui me donnait envie de tout lui raconter. On partageait sûrement plus ou moins les même ressentis, bien qu'on ait eu des vies totalement différentes (moi, me plonger avec sérieux dans les études et les livres? Non merci !) ; toujours était-il que c'était apparemment le même genre de poids qui faisait s'affaisser nos épaules.
▬ Bien, je pense avoir satisfait votre curiosité. Cependant vous n’avez pas répondu à toutes mes questions. N’espérez même pas que j’en dise plus jusque-là.
Non non non, il n'avait pas le droit. Cette invitation à concrétiser mes pensées et lui dévoiler tout ce que j'avais sur le cœur était tout de suite beaucoup plus tentante que tout à l'heure. Or, si je craquais et lui révélait le secret des changelins, il y allait avoir peut-être des conséquences pour mon espèce. Celle-ci avait mis tant d'années à se faire réellement oubliée, au prix de nombreux efforts. Je n'allais tout de même pas craquer maintenant, devant un inconnu, qui avait juste le mérite d'avoir probablement connu une pression semblable à la mienne. J'étais réellement troublée. Il avait suffit d'une phrase pour me faire basculer de la prudence que je tentais de conserver dans ma recherche d'information à une envie assez soudaine de ne parler que de moi, de lâcher une bonne fois pour toute ce que j'avais sur le cœur depuis mon enfance.
Cela faisait déjà quelques minutes que je cogitais, assise face à l'antiquaire. Il fallait que je me décide sur quoi lui dire, et rapidement. Je ne savais pas si lui allait avoir la patience d'attendre que tout dans mon esprit se mette en place, et bien que j'eus attendu également un bon moment avant qu'il ne me raconte quelque chose juste avant ses dernières paroles, je n'avais pas non plus envie de traîner. Je soupirai avant de me lancer enfin.
▬ Vous savez, vous n'êtes pas le seul à subir une certaine pression concernant ce que vous avez ou non le droit de dire. Alors je vais vous demander de me jurer que ce que je vais vous dire ici et maintenant ne sera en aucun cas répéter à qui que ce soit. Peu importe qui, peu importe les raisons. Que ce soient des personnes bienveillantes ou non, que vous ayez de bonnes raisons d'en parler ou non.
Je le regardai droit dans les yeux. Il fallait absolument que j'ai la certitude que ce que j'allais dire resterait ici.
▬ Pour ma part, je n'ai aucun intérêt à parler de ce qu'il s'est passé et dit ici. A qui que ce soit. J'utiliserai sûrement les quelques informations que j'ai pu vous tirer pour retrouver ma mère, mais je n'en dévoilerai jamais la source. Je vous le jure sur l'honneur, et Dieu sait à quel point j'y tiens.
C'était vrai, l'honneur était quelque chose que je chérissais. Je n'avais jamais juré sur celui-ci, sauf en de rares occasions, tant qu'elles n'impliquaient pas le secret de mon état de changelin. C'était la première fois que j'allais briser un serment, celui que je faisais régulièrement à mon père lorsque je vivais sous son toit. Mais je n'avais jamais juré de ne parler des changelins sur mon honneur, et c'était cela qui faisait pour moi toute la différence.
▬ Je suis ce qu'on appelle, pour ceux qui le savent, un changelin. Je peux me transformer en un animal. Les changelins ont désirés conserver leurs secrets à la suite des tortures et des meurtres qu'ils ont subi, il y a de cela plusieurs siècles. Nous sommes une espèce pacifique, c'est en tout cas ma conviction, et mes ancêtres ont fui les guerres inter-espèces, en se faisant oubliés comme ils le pouvaient. Et nous, les descendants, sommes garants de ce secret, nous vivons parmi les humains en cachant nos métamorphoses.
Je repris peu à peu mon souffle. J'avais parlé en apnée, tellement j'étais stressée par ce que je venais d'avouer. Je ne le regardais plus dans les yeux, mon regard s'était perdu dans le vide, se raccrochant par moment à certains objets de la boutique.
▬ Vous savez, c'est la pire pression que je connaisse. Devoir cacher qui l'on est réellement. J'ai eu des relations tout à fait intimes avec des humains. Mais je n'ai jamais pu leur avouer que parfois, pendant quelques heures, je me transformais en animal et vivais ma vie sous des traits bien différents. Je ne pouvais en parler qu'aux changelins, ceux de ma famille notamment. Comment voulez-vous vivre sainement, en cachant à des humains que vous appréciez sincèrement, pour lesquels vous avez des sentiments, parfois forts, ce que vous êtes ? C'est ce qu'il y a de plus pesant…
Je relevai la tête pour le regarder de nouveau dans les yeux.
▬ Vous vivez quelque chose de semblable, n'est-ce pas ? J'en suis persuadée. Je ne vais pas vous demander de craquer comme moi, et de tout révéler à la parfaite inconnue que je suis.
Je souriais avec une certaine douceur, mais sentais des larmes me monter aux yeux. Je les ravalais avant que cela ne soit visible. Parler de tout cela était à la fois éprouvant et libérateur, même si c'était à un antiquaire à qui je venais de rendre ma toute première visite.
▬ Mais je souhaite réellement retrouver ma mère. Si vous avez des informations sur les chasseurs de vampire, ou sur une certaine Nobu Hiro, je vous en serais réellement reconnaissante de me les transmettre… Si vous le pouvez.
"Le reste n'est pas dépendant de ma volonté".
Quelque chose ou quelqu'un l'en empêchait... Cela résonnait en moi, comme un rappel du secret des changelins et le poids qui l'accompagnait et me bridait dans mes relations... mais également dans cette conversation. Toujours ce même poids qui me faisait envier la liberté, surtout en cet instant où je me sentais enfermée dans cette boutique. Et tout comme Shinji Tsukishima, ce n'était pas un poids qui dépendait de ma propre volonté. Si je m'écoutais, je lui dirai tout sur ma vie, à quel point cacher le fait que je me transforme en pie tous les jours m'avait attristé, à quel point en parler me brûlait les lèvres à chaque fois que je me liais d'amitié. Pourquoi avais-je envie de confier mes peines à cet homme étrange, dont les sentiments ne se trahissaient pas sur ses traits, et que je venais à peine de rencontrer?
Il me tira de mes réflexions lorsqu'il revint sur ses paroles :
▬ En fait, je peux tout de même ajouter une chose. Les vampires existent, en effet. J’en ai croisé un il y a longtemps, et je peux vous assurer que vous n’avez pas envie de les connaître. Du moins pas ceux dont il faisait partie.
J'avais la réponse à ma précédente question : parce que l'on avait des points en commun. Il avait vu un vampire, il avait l'air de savoir quelques trucs sur eux, ce qui était intéressant à savoir, mais qui indiquait également quelque chose. Il n'était vraiment pas humain, mais n'était pas un vampire non plus. Il pouvait être un changelin, ou une espèce qui y ressemblait de par leur histoire... Et c'est cela qui me donnait envie de tout lui raconter. On partageait sûrement plus ou moins les même ressentis, bien qu'on ait eu des vies totalement différentes (moi, me plonger avec sérieux dans les études et les livres? Non merci !) ; toujours était-il que c'était apparemment le même genre de poids qui faisait s'affaisser nos épaules.
▬ Bien, je pense avoir satisfait votre curiosité. Cependant vous n’avez pas répondu à toutes mes questions. N’espérez même pas que j’en dise plus jusque-là.
Non non non, il n'avait pas le droit. Cette invitation à concrétiser mes pensées et lui dévoiler tout ce que j'avais sur le cœur était tout de suite beaucoup plus tentante que tout à l'heure. Or, si je craquais et lui révélait le secret des changelins, il y allait avoir peut-être des conséquences pour mon espèce. Celle-ci avait mis tant d'années à se faire réellement oubliée, au prix de nombreux efforts. Je n'allais tout de même pas craquer maintenant, devant un inconnu, qui avait juste le mérite d'avoir probablement connu une pression semblable à la mienne. J'étais réellement troublée. Il avait suffit d'une phrase pour me faire basculer de la prudence que je tentais de conserver dans ma recherche d'information à une envie assez soudaine de ne parler que de moi, de lâcher une bonne fois pour toute ce que j'avais sur le cœur depuis mon enfance.
Cela faisait déjà quelques minutes que je cogitais, assise face à l'antiquaire. Il fallait que je me décide sur quoi lui dire, et rapidement. Je ne savais pas si lui allait avoir la patience d'attendre que tout dans mon esprit se mette en place, et bien que j'eus attendu également un bon moment avant qu'il ne me raconte quelque chose juste avant ses dernières paroles, je n'avais pas non plus envie de traîner. Je soupirai avant de me lancer enfin.
▬ Vous savez, vous n'êtes pas le seul à subir une certaine pression concernant ce que vous avez ou non le droit de dire. Alors je vais vous demander de me jurer que ce que je vais vous dire ici et maintenant ne sera en aucun cas répéter à qui que ce soit. Peu importe qui, peu importe les raisons. Que ce soient des personnes bienveillantes ou non, que vous ayez de bonnes raisons d'en parler ou non.
Je le regardai droit dans les yeux. Il fallait absolument que j'ai la certitude que ce que j'allais dire resterait ici.
▬ Pour ma part, je n'ai aucun intérêt à parler de ce qu'il s'est passé et dit ici. A qui que ce soit. J'utiliserai sûrement les quelques informations que j'ai pu vous tirer pour retrouver ma mère, mais je n'en dévoilerai jamais la source. Je vous le jure sur l'honneur, et Dieu sait à quel point j'y tiens.
C'était vrai, l'honneur était quelque chose que je chérissais. Je n'avais jamais juré sur celui-ci, sauf en de rares occasions, tant qu'elles n'impliquaient pas le secret de mon état de changelin. C'était la première fois que j'allais briser un serment, celui que je faisais régulièrement à mon père lorsque je vivais sous son toit. Mais je n'avais jamais juré de ne parler des changelins sur mon honneur, et c'était cela qui faisait pour moi toute la différence.
▬ Je suis ce qu'on appelle, pour ceux qui le savent, un changelin. Je peux me transformer en un animal. Les changelins ont désirés conserver leurs secrets à la suite des tortures et des meurtres qu'ils ont subi, il y a de cela plusieurs siècles. Nous sommes une espèce pacifique, c'est en tout cas ma conviction, et mes ancêtres ont fui les guerres inter-espèces, en se faisant oubliés comme ils le pouvaient. Et nous, les descendants, sommes garants de ce secret, nous vivons parmi les humains en cachant nos métamorphoses.
Je repris peu à peu mon souffle. J'avais parlé en apnée, tellement j'étais stressée par ce que je venais d'avouer. Je ne le regardais plus dans les yeux, mon regard s'était perdu dans le vide, se raccrochant par moment à certains objets de la boutique.
▬ Vous savez, c'est la pire pression que je connaisse. Devoir cacher qui l'on est réellement. J'ai eu des relations tout à fait intimes avec des humains. Mais je n'ai jamais pu leur avouer que parfois, pendant quelques heures, je me transformais en animal et vivais ma vie sous des traits bien différents. Je ne pouvais en parler qu'aux changelins, ceux de ma famille notamment. Comment voulez-vous vivre sainement, en cachant à des humains que vous appréciez sincèrement, pour lesquels vous avez des sentiments, parfois forts, ce que vous êtes ? C'est ce qu'il y a de plus pesant…
Je relevai la tête pour le regarder de nouveau dans les yeux.
▬ Vous vivez quelque chose de semblable, n'est-ce pas ? J'en suis persuadée. Je ne vais pas vous demander de craquer comme moi, et de tout révéler à la parfaite inconnue que je suis.
Je souriais avec une certaine douceur, mais sentais des larmes me monter aux yeux. Je les ravalais avant que cela ne soit visible. Parler de tout cela était à la fois éprouvant et libérateur, même si c'était à un antiquaire à qui je venais de rendre ma toute première visite.
▬ Mais je souhaite réellement retrouver ma mère. Si vous avez des informations sur les chasseurs de vampire, ou sur une certaine Nobu Hiro, je vous en serais réellement reconnaissante de me les transmettre… Si vous le pouvez.
Shinji Tsukishima#94602#94602#94602#94602#94602#94602#94602
Sorcier Sang-pur - Spécialiste - Sentinelle
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Mar 13 Déc 2016 - 1:10
Shinji sent un changement s’opérer au fur et à mesure qu’il parle, toujours de son ton calme. Il n’arrive pas à définir exactement son ressenti, mais il lui semble discerner de l’indécision dans son regard. Ou peut-être est-ce juste de la peur ou de la nervosité. Il est certes habile pour cerner les autres, mais il lui arrive aussi de se tromper. Il se demande toutefois s’il n’en a pas trop dit. En confirmant l’existence des vampires, de la façon dont il l’a formulé il a involontairement laissé entendre qu’il n’en est pas un, et donc qu’il est encore autre chose. ça serait différent si elle n’était pas humaine comme il en a l’impression, mais ne va-t-on pas lui reprocher une telle prise de risque ? Certes il pourrait ne pas tout mentionner dans son rapport, mais c’est tout aussi risqué. Cacher une information au secret… Oui, certes, c’est exactement ce qu’il fait depuis des années.
Le discours de Sawa a le mérite de le surprendre. Il ne pensait pas qu’elle puisse être mains liées à cause d’un secret. Mais… est-ce vraiment si étonnant ? Si elle n’est pas humaine, elle doit elle aussi cacher sa nature aux autres. Et elle est probablement tenue au secret vis-à-vis des autres races ; elle est probablement surveillée elle aussi par les siens. Cependant sa demande le plonge dans l’embarras. Il se sent coincé. L’honneur est très important pour lui –il l’a bien sacrifié pour protéger Alyssa, en ne démentant pas la rumeur comme quoi il a été battu par Sakamaki. Il ne donne jamais sa parole à la légère, mais il la tient toujours quand il le fait. Pour autant, si les informations qu’elle s’apprête à divulguer sont capitales pour son enquête… comment pourrait-il faire pour contourner sa promesse ? Voilà qu’il se plonge encore dans une situation délicate. Il se masse les tempes avant de soupirer.
▬ Très bien, je vous donne ma parole que tout ce que vous allez dire restera entre nous.
Il sent que la révélation est difficile pour elle. Il comprend si bien ce qu’elle doit ressentir sur l’instant. Combien de fois a-t-il eu la tentation de tout dire à Alyssa… Il se retenait pour la protéger, et il s’est toujours contenté de lui en dire un minimum pour ne pas la mettre en danger. Parce qu’elle est humaine, et donc considérée comme une ennemie pour sa race.
▬ Je suis ce qu'on appelle, pour ceux qui le savent, un changelin. Je peux me transformer en un animal. Les changelins ont désirés conserver leurs secrets à la suite des tortures et des meurtres qu'ils ont subi, il y a de cela plusieurs siècles. Nous sommes une espèce pacifique, c'est en tout cas ma conviction, et mes ancêtres ont fui les guerres inter-espèces, en se faisant oubliés comme ils le pouvaient. Et nous, les descendants, sommes garants de ce secret, nous vivons parmi les humains en cachant nos métamorphoses.
Cette révélation le stupéfait. Réellement. A tel point que son habituel masque d’inexpressivité s’efface pendant un long moment, et que sa main droite reste suspendue au-dessus de la tasse. Une changeline ? Vraiment ? Ayant lu beaucoup de grimoires et de vieux bouquins d’histoire, il n’ignore pas les légendes sur cette race prétendue disparue. Il est certain qu’ils ont existé il y a longtemps, mais… Il n’avait jamais considéré qu’ils aient survécu. C’est pourtant assez stupide quand il y pense. Les sorciers ont bien survécu, alors pourquoi pas les Changelins, avec leur adaptabilité légendaire ? De ce point de vue, ça tombe sous le sens. Mais il n’a jamais soupçonné des changelins de vivre ici sans que les sorciers n’en sachent rien. Les sorciers ont toujours été plus proches des changelins, plus solidaires, les deux races n’ont jamais été en conflit par le passé. Alors, ça l’étonne d’autant plus. Ceci dit… ça change beaucoup de choses pour Shinji. Et probablement pour l’Enclave. Par cet aveu, elle s’est probablement extirpée de cette situation délicate.
L’émoi dont elle fait preuve sur la fin le déstabilise. Il faut dire qu’avec sa sœur, une femme au tempérament d’acier, il n’a jamais eu l’occasion de se confronter à ça. Il remue dans son siège, mal à l’aise. Il n’a strictement aucune idée de la façon dont il doit se comporter en cet instant. Oui, Shinji n’a jamais été à l’aise devant des femmes en émoi. Le jeune sorcier se racle la gorge avant poursuivre la conversation.
▬ Je ne connais aucune Nobu Hiro, et je n’ai encore jamais entendu ce nom, mais je vous ferai signe le cas échéant…
Voilà de quoi se remettre dans son assiette. C’est qu’il lui faut le temps de digérer toutes ces informations. Shinji passe une main dans ses cheveux avant de se lever et de faire les cents pas devant son bureau. Son silence risque de mettre mal à l’aise son interlocutrice, mais cette fois ce serait purement involontaire. Il cherche juste à démêler tout ça et trouve la solution qui lui permettent à la fois de ne pas manquer à sa parole, et de ne pas cacher une information si capitale aux autres sorciers. Qui plus… ce doit être sa nature de sorcier, mais il sent une certaine compassion à l’égard de cette jeune femme. Parce qu’il la comprend et que sa race a toujours été proche de la sienne. Il finit par lui faire face et pose ses mains sur le meuble, les yeux perdus sur les veinures qui décorent le bois.
▬ Les changelins… Je n’ai jamais imaginé qu’ils puissent avoir survécu, pourtant… ça ne devrait pas me surprendre.
Shinji ne réalise même pas que ses paroles doivent certainement interloquer Morikawa. Il a trop l’habitude de réfléchir à voix haute, du coup il ne se rend même pas compte qu’il laisse entendre qu’il avait déjà eu vent de l’existence, du moins passée, des changelins. Il se redresse et prend alors seulement maintenant la peine de la regarder dans les yeux. L’expression de l’antiquaire a changé. Il n’a plus ce masque stoïque. On peut lire sur son visage plusieurs ressentis qui se mélangent. La surprise, le soulagement, l’inquiétude. Ce serait assez déroutant pour ceux qui le connaissent.
▬ Si vous êtes une changeline, ça change beaucoup de choses. Je n’ai pas le droit d’en parler aux humains, mais les changelins… Ils ont toujours été nos alliés, en quelques sortes. Je suis certain que mes paires ne verraient pas d’inconvénients à ce que les changelins en sachent plus. Après tout… nous avons bien cohabité pendant plusieurs millénaires...
Oui, l’Enclave n’a jamais considéré les changelins comme dangereux. Et ils se sont révélés par le passé être de fidèles compagnons, et des alliés sur qui l’on pouvait compter. Qui plus est, ils sont pour la plupart pacifiques, ils n’ont jamais cherché le conflit. Et ils partagent le poids du secret. Et si elle n’est pas humaine, si elle appartient à une race alliée, c’est qu’il peut lui parler de lui et des sorciers sans se soucier de trahir la mémoire d’Alyssa. Pourquoi lui fait-il soudain autant confiance ? Pourquoi n’imagine-t-il pas qu’elle puisse se jouer de lui ? Parce qu’il a vu, dans son regard, une authenticité impossible à feindre. Elle lui a donné sa parole d’honneur, et ça autant d’importance pour elle que pour lui. Il peut bien prendre l’initiative de lui en dire plus, surtout après qu’elle se soit confiée de la sorte. Bien sûr il devra le mentionner dans le rapport… si toutefois elle accepte de changer les clauses de leur « contrat ». Réalisant qu’elle puisse se sentir perdue par son comportement inhabituel et ses réflexions plus parlées que pensées, il fait un tour vers la porte pour vérifier par la vitrine que personne ne les observe. Puis il revient s’asseoir, l’air sérieux, les mains croisées sur le bureau.
▬ Morikawa-san… Je vous ai juré de ne pas répéter à qui que ce soit ce que vous venez de me révéler. Mais, au contraire des humains, vous les changelins n’êtes pas nos ennemis. Notre loi stipule de ne pas nous révéler ni communiquer tout ou partie de notre existence aux humains. Ce ne serait donc pas l’enfreindre que de vous en dire plus.
Shinji frotte son pouce droit contre son index et son majeur alors qu’il réfléchit à comment aborder le sujet. Car il a tourné autour du pot jusqu’à présent ; elle doit certainement se demander ce qu’il se passe et de quoi il parle – de qui il parle. Il reprend la parole, mais d’une voix plus basse, comme s’il craignait qu’on ne les écoute.
▬ Je ne suis en effet ni humain, ni vampire. Et j’ai été contraint de vous mentir en affirmant que je ne sais rien de tout ce qui est magique, vous en comprendrez certainement les raisons. En réalité, j’appartiens à une race presque aussi ancienne que les humains, aussi ancienne que les changelins, de ce que j’en ai lu dans les grimoires d’Histoire. Une race qui ne diffère des humains que pour une chose : ce que vous avez appelé vous-même la magie.
Il fait une courte pause pour lui laisser le temps d’assimiler cette information. Il tapote le bois de son bureau de l’index de sa main droite –un vieux tic.
▬ Mages- ou magiciens- n’est cependant pas le terme que nous utilisons pour nous désigner. Nous devons canaliser la magie avec des sorts, c’est pourquoi nous préférons Sorciers.
Shinji laisse l’information glisser jusqu’à elle, à son rythme. Puis il lève les mains pour les croiser en dessous de son menton.
▬ Morikawa-san. J’ai une question à vous poser. Il se trouve que ma position est particulière ; je suis censé reporter à mes supérieurs toute information relative au surnaturel. Compte tenu de ce que je viens de vous dire, revenez-vous sur votre position ? Souhaitez-vous toujours que je n’en parle à personne ?
Quoiqu’elle puisse lui répondre, il se fera tout de même un devoir de la surveiller. Non pas pour l’espionner, mais plutôt pour l’observer, voire, dans un sens, s’assurer qu’il ne lui arrive rien de fâcheux.
Le discours de Sawa a le mérite de le surprendre. Il ne pensait pas qu’elle puisse être mains liées à cause d’un secret. Mais… est-ce vraiment si étonnant ? Si elle n’est pas humaine, elle doit elle aussi cacher sa nature aux autres. Et elle est probablement tenue au secret vis-à-vis des autres races ; elle est probablement surveillée elle aussi par les siens. Cependant sa demande le plonge dans l’embarras. Il se sent coincé. L’honneur est très important pour lui –il l’a bien sacrifié pour protéger Alyssa, en ne démentant pas la rumeur comme quoi il a été battu par Sakamaki. Il ne donne jamais sa parole à la légère, mais il la tient toujours quand il le fait. Pour autant, si les informations qu’elle s’apprête à divulguer sont capitales pour son enquête… comment pourrait-il faire pour contourner sa promesse ? Voilà qu’il se plonge encore dans une situation délicate. Il se masse les tempes avant de soupirer.
▬ Très bien, je vous donne ma parole que tout ce que vous allez dire restera entre nous.
Il sent que la révélation est difficile pour elle. Il comprend si bien ce qu’elle doit ressentir sur l’instant. Combien de fois a-t-il eu la tentation de tout dire à Alyssa… Il se retenait pour la protéger, et il s’est toujours contenté de lui en dire un minimum pour ne pas la mettre en danger. Parce qu’elle est humaine, et donc considérée comme une ennemie pour sa race.
▬ Je suis ce qu'on appelle, pour ceux qui le savent, un changelin. Je peux me transformer en un animal. Les changelins ont désirés conserver leurs secrets à la suite des tortures et des meurtres qu'ils ont subi, il y a de cela plusieurs siècles. Nous sommes une espèce pacifique, c'est en tout cas ma conviction, et mes ancêtres ont fui les guerres inter-espèces, en se faisant oubliés comme ils le pouvaient. Et nous, les descendants, sommes garants de ce secret, nous vivons parmi les humains en cachant nos métamorphoses.
Cette révélation le stupéfait. Réellement. A tel point que son habituel masque d’inexpressivité s’efface pendant un long moment, et que sa main droite reste suspendue au-dessus de la tasse. Une changeline ? Vraiment ? Ayant lu beaucoup de grimoires et de vieux bouquins d’histoire, il n’ignore pas les légendes sur cette race prétendue disparue. Il est certain qu’ils ont existé il y a longtemps, mais… Il n’avait jamais considéré qu’ils aient survécu. C’est pourtant assez stupide quand il y pense. Les sorciers ont bien survécu, alors pourquoi pas les Changelins, avec leur adaptabilité légendaire ? De ce point de vue, ça tombe sous le sens. Mais il n’a jamais soupçonné des changelins de vivre ici sans que les sorciers n’en sachent rien. Les sorciers ont toujours été plus proches des changelins, plus solidaires, les deux races n’ont jamais été en conflit par le passé. Alors, ça l’étonne d’autant plus. Ceci dit… ça change beaucoup de choses pour Shinji. Et probablement pour l’Enclave. Par cet aveu, elle s’est probablement extirpée de cette situation délicate.
L’émoi dont elle fait preuve sur la fin le déstabilise. Il faut dire qu’avec sa sœur, une femme au tempérament d’acier, il n’a jamais eu l’occasion de se confronter à ça. Il remue dans son siège, mal à l’aise. Il n’a strictement aucune idée de la façon dont il doit se comporter en cet instant. Oui, Shinji n’a jamais été à l’aise devant des femmes en émoi. Le jeune sorcier se racle la gorge avant poursuivre la conversation.
▬ Je ne connais aucune Nobu Hiro, et je n’ai encore jamais entendu ce nom, mais je vous ferai signe le cas échéant…
Voilà de quoi se remettre dans son assiette. C’est qu’il lui faut le temps de digérer toutes ces informations. Shinji passe une main dans ses cheveux avant de se lever et de faire les cents pas devant son bureau. Son silence risque de mettre mal à l’aise son interlocutrice, mais cette fois ce serait purement involontaire. Il cherche juste à démêler tout ça et trouve la solution qui lui permettent à la fois de ne pas manquer à sa parole, et de ne pas cacher une information si capitale aux autres sorciers. Qui plus… ce doit être sa nature de sorcier, mais il sent une certaine compassion à l’égard de cette jeune femme. Parce qu’il la comprend et que sa race a toujours été proche de la sienne. Il finit par lui faire face et pose ses mains sur le meuble, les yeux perdus sur les veinures qui décorent le bois.
▬ Les changelins… Je n’ai jamais imaginé qu’ils puissent avoir survécu, pourtant… ça ne devrait pas me surprendre.
Shinji ne réalise même pas que ses paroles doivent certainement interloquer Morikawa. Il a trop l’habitude de réfléchir à voix haute, du coup il ne se rend même pas compte qu’il laisse entendre qu’il avait déjà eu vent de l’existence, du moins passée, des changelins. Il se redresse et prend alors seulement maintenant la peine de la regarder dans les yeux. L’expression de l’antiquaire a changé. Il n’a plus ce masque stoïque. On peut lire sur son visage plusieurs ressentis qui se mélangent. La surprise, le soulagement, l’inquiétude. Ce serait assez déroutant pour ceux qui le connaissent.
▬ Si vous êtes une changeline, ça change beaucoup de choses. Je n’ai pas le droit d’en parler aux humains, mais les changelins… Ils ont toujours été nos alliés, en quelques sortes. Je suis certain que mes paires ne verraient pas d’inconvénients à ce que les changelins en sachent plus. Après tout… nous avons bien cohabité pendant plusieurs millénaires...
Oui, l’Enclave n’a jamais considéré les changelins comme dangereux. Et ils se sont révélés par le passé être de fidèles compagnons, et des alliés sur qui l’on pouvait compter. Qui plus est, ils sont pour la plupart pacifiques, ils n’ont jamais cherché le conflit. Et ils partagent le poids du secret. Et si elle n’est pas humaine, si elle appartient à une race alliée, c’est qu’il peut lui parler de lui et des sorciers sans se soucier de trahir la mémoire d’Alyssa. Pourquoi lui fait-il soudain autant confiance ? Pourquoi n’imagine-t-il pas qu’elle puisse se jouer de lui ? Parce qu’il a vu, dans son regard, une authenticité impossible à feindre. Elle lui a donné sa parole d’honneur, et ça autant d’importance pour elle que pour lui. Il peut bien prendre l’initiative de lui en dire plus, surtout après qu’elle se soit confiée de la sorte. Bien sûr il devra le mentionner dans le rapport… si toutefois elle accepte de changer les clauses de leur « contrat ». Réalisant qu’elle puisse se sentir perdue par son comportement inhabituel et ses réflexions plus parlées que pensées, il fait un tour vers la porte pour vérifier par la vitrine que personne ne les observe. Puis il revient s’asseoir, l’air sérieux, les mains croisées sur le bureau.
▬ Morikawa-san… Je vous ai juré de ne pas répéter à qui que ce soit ce que vous venez de me révéler. Mais, au contraire des humains, vous les changelins n’êtes pas nos ennemis. Notre loi stipule de ne pas nous révéler ni communiquer tout ou partie de notre existence aux humains. Ce ne serait donc pas l’enfreindre que de vous en dire plus.
Shinji frotte son pouce droit contre son index et son majeur alors qu’il réfléchit à comment aborder le sujet. Car il a tourné autour du pot jusqu’à présent ; elle doit certainement se demander ce qu’il se passe et de quoi il parle – de qui il parle. Il reprend la parole, mais d’une voix plus basse, comme s’il craignait qu’on ne les écoute.
▬ Je ne suis en effet ni humain, ni vampire. Et j’ai été contraint de vous mentir en affirmant que je ne sais rien de tout ce qui est magique, vous en comprendrez certainement les raisons. En réalité, j’appartiens à une race presque aussi ancienne que les humains, aussi ancienne que les changelins, de ce que j’en ai lu dans les grimoires d’Histoire. Une race qui ne diffère des humains que pour une chose : ce que vous avez appelé vous-même la magie.
Il fait une courte pause pour lui laisser le temps d’assimiler cette information. Il tapote le bois de son bureau de l’index de sa main droite –un vieux tic.
▬ Mages- ou magiciens- n’est cependant pas le terme que nous utilisons pour nous désigner. Nous devons canaliser la magie avec des sorts, c’est pourquoi nous préférons Sorciers.
Shinji laisse l’information glisser jusqu’à elle, à son rythme. Puis il lève les mains pour les croiser en dessous de son menton.
▬ Morikawa-san. J’ai une question à vous poser. Il se trouve que ma position est particulière ; je suis censé reporter à mes supérieurs toute information relative au surnaturel. Compte tenu de ce que je viens de vous dire, revenez-vous sur votre position ? Souhaitez-vous toujours que je n’en parle à personne ?
Quoiqu’elle puisse lui répondre, il se fera tout de même un devoir de la surveiller. Non pas pour l’espionner, mais plutôt pour l’observer, voire, dans un sens, s’assurer qu’il ne lui arrive rien de fâcheux.
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