Changement de programme [PV Daisu](14/01/2018)

J’étais allongé sur mon lit, dans ma chambre, en train de fixer le plafond depuis que je me suis réveillé. Je n’étais pratiquement sorti de mon lit aujourd’hui sauf pour des nécessités comme manger ou boire un truc. Je n’avais même pas ouvert la boutique aujourd’hui. Je savais pertinemment que je n’allais pas avoir le moral. J’avais même accroché une affiche pour prévenir. J’étais donc encore en boxer, soupirant une énième fois, pensant à Asuna et Heiji.
 
Habituellement, ce jour-ci, je les voyais à chaque fois débarquer à un moment ou à un autre avec un petit gâteau fait maison qu’on mangeait rapidement avant qu’ils ne m’entrainent faire la tournée des bars pour se mettre une guinze phénoménale en prétextant qu’un anniversaire se fête au point de ne plus s’en souvenir. Un bon moyen d’oublier les années qui passent, je présume. Cependant, cette année, ils n’étaient pas là… J’étais seul. Et personne n’allait venir me tirer du lit. Ce n’est pas comme s’ils étaient juste là, en bas de chez moi. Non, ils étaient loin. Très loin. Et je ne savais pas où. Ça faisait même un moment que je n’avais plus eu de nouvelles. Quand je téléphonais, je tombais directement sur le répondeur. Et ça me minait le moral.
 
Finalement, je m’étais décidé à boire un verre. Je me levais s’en m’habiller, un boxer suffisait amplement. Ce n’est pas comme si quelqu’un allait défoncer la porte et me surprendre ainsi après tout. Prenant la direction de la cuisine, j’ouvris le frigo et constatai avec lassitude que je n’avais plus rien d’alcoolisé. Je poussais un nouveau soupir. Ça voulait dire me doucher, m’habiller et sortir si je voulais me bourrer la gueule. Bon… Je pris mon courage, ou mon ennui, à deux mains et je me rendis dans ma salle-de-bain, tant pis si elle était trop froide, je n’en avais absolument rien à carrer actuellement. J’expédiai la douche et je m’habillai rapidement avant de sortir pour me rendre au bar le plus proche.
 
Une fois arrivé, je ne pris même pas la peine de regarder le monde qu’il y avait. Je me contentai de me rendre vers le bar, il y avait des places libres. Une fois installé, je commandai un Blue Helena que je bu cul-sec avant d’en recommander un autre. Je crois bien que je fis directement pitié au serveur car ce dernier me demanda si j’allais bien. Je lui fis signe de dégager. Je n’avais certainement pas envie de parler avec un inconnu de mon histoire. Il n’insista alors pas et me servit mon deuxième verre.
 

Une demoiselle vint s’installer à côté de moi, posant son sac sur le comptoir et regarda son téléphone. Elle me fit énormément pensé à Asuna, malgré ses cheveux rouges, et je bus à nouveau mon verre d’une traite avant de faire une grimace. Je rappelai le serveur, qui venait de se faire intercepter par la demoiselle, pour lui demander un vodka-vermouth, cette fois. Je me promis de le siroter. De toute façon, je ne comptais pas rentrer avant d’être totalement éméché. Tant pis si mes économies y passaient, la Switch allait attendre. Bon, j’allais le regretter amèrement le lendemain, je le savais. Mais je n’étais absolument pas d’humeur à y penser. Je bus cul-sec ma boisson avant d’en commander un autre. Je fus rapidement perturbé par le bruit que provoqua le téléphone juste à côté de moi – C’était énervant d’avoir une telle ouïe parfois – et je jetai un regard en coin à la rouquine qui sembla légèrement énervée du sms qu’elle venait de recevoir. Son murmure me confirma cette idée et je ne pus m’empêcher, sous l’effet de l’alcool – ou par le pouvoir de persuasion de mon cerveau – de ricaner à cette remarque.

Elle m’avait entendu rire. Du moins, c’est l’impression que j’avais quand elle se tourna vers moi, d’après son mouvement. Elle devait me regarder, je présume. Je ne jetais plus un regard dans sa direction. Je préférai finir mon verre, toujours de la même manière. Une fois que ce dernier retourna sue le comptoir, elle me posa une question. Je ne pouvais pas rater qu’elle me parlait. Même aveugle, j’aurais pu sentir son regard si insistant sur moi. Je profitais du fait qu’elle avait attiré l’attention du barman pour commander non pas un mais deux vodka-vermouth. Une fois servi, je m’enfilais le premier avant de répondre enfin. Je ne prie même pas la peine de me tourner vers elle, un regard en coin sourit avec un léger sourire sur le visage.
 
« Ce qui me fait rire ? C’est que je ne suis pas le seule à passer une mauvaise soirée ! »
 
Je le regardai à nouveau attentivement, tournée vers moi et les jambes croisées. Il ne manquait plus qu’elle s’accoude au bar, la tête dans la main et elle me ferait totalement penser à Asuna. A cette pensée, je m’avalais mon deuxième verre. Une envie de fumer me prit soudainement et je sortis mon paquet de cigarettes à peine entamé pour le montrer au barman. Ce dernier s’empressa de m’amener un cendrier et j’en profitais pour recommander en même temps. Ce brave allait faire sa soirée avec moi, je le sens. Alors que j’allumais une cigarette, je me tournai enfin vers la demoiselle pour continuer la conversation.
 
« Alors… De ce que je comprends, Tu avais rendez-vous avec un certain Kenji qui t’a planté là. »
 
Je tirais un coup sur ma clope avant de faire tomber mes cendres et recracher la fumée en direction de l’entrée. Je regardais attentivement la demoiselle avant de me décider à parler un peu de moi. Je suppose qu’elle devait être curieuse comme elle…
 
« Moi, je fête mon anniversaire seul. Mes parents sont morts il y a 20 ans et je suis sens nouvelles de ma famille d’accueil depuis un mois maintenant. Chouette, hein ? »
 
Je me retournai vers le bar. De toute façon, elle ne devait certainement pas s’intéressé à mon histoire. Je rapprochais le cendrier de moi tout en regardant le verre qui se tenait devant moi. Je me dis pendant un instant que j’allais un peu ralentir la cadence si bien que je ne bus qu’une gorgée en même tamps que je profitais de ma sèche.

« C’est triste… T’es pas du genre à remonter le moral, toi ! »
 
Je ne pus m’empêcher de ricaner en entendant cette plaisanterie. J’avoue qu’elle n’avait pas franchement tort sur le coup. Ma vie était loin d’être un conte de fée. Enfin, si… Mais j’étais le grand méchant loup, celui à qui il arrivait les tuiles. Pas la princesse se faisant sauver par son prince. Bien que, je m’avançais peut-être à ce sujet. Mais ce soir, je n’avais clairement pas envie de courir le lièvre. De toute façon… Même si j’en trouvais un… Il y allait avoir un sérieux problème avec le temps. Déjà qu’à 40 ans, je ressemble toujours au gamin de 19… Alors dans une vingtaine d’années…
 
Je fus tiré de mes pensées par un nouveau verre offert par la demoiselle. Ce n’est pas que l’attention me déplaisait mais j’en avais encore deux juste devant moi. Je soupirai avec un sourire avant de le prendre pour trinquer avec et la remercier. Bien que j’avais dit ralentir le rythme, je le bus tout de même cul-sec avant de le poser délicatement sur le comptoir. Et pas délicat, j’entends qu’il a en réalité rencontrer le bois du bar dans un grand bruit. Bon, il n’était pas cassé. C’était déjà ça, mais il fallait que je commence à essayer de faire attention à ma force. Ce qui n’était pas gagné vu mon état. Je pris délicatement un autre verre pour reboire un peu avant de finir ma cigarette. J’avais gardé mon paquet sur le comptoir. Je savais très bien que j’avais le fumant une fois bien avancé sur l’alcool. Je fis cependant l’effort de ne pas en reprendre une de suite. Et je me tournai vers ma voisine.
 
« Merci pour ce verre, Demoiselle… »
 
Demoiselle… C’était un ridicule… Je m’écouterai, je pourrais croire que j’étais en train de la draguer. Cette pensée me fit grimacer intérieurement avant de reprendre.
 
« Ce n’était pas la peine de me prendre en pitié pour si peu. Avec tout ça, je ne sais même pas comment tu l’appelles. Puis-je le savoir ou préfères-tu que je t’appelle Demoiselle le reste de la soirée ? »
 
Il y avait une touche d'ironie dans ma voix quand j'ai poser la question. Je repris une gorgée de mon vodka-vermouth, tapotant d’un doigt sur mon paquet de clopes qui me faisait terriblement envie. Je craquai en en allumant une nouvelle.
 
« Moi, c’est Kûdo Daisuke. »
 
Une gorgée et un de mes verres fut fini ! Il n’en restait plus qu’un… Bien que si je le faisais à la Asuna, j’avais encore 32 à boire.

La demoiselle m’avait fait un petit speech comme quoi elle ne me prenait pas en pitié. Mais qu’elle se sentait obligée de m’offrir un verre vu que c’était mon anniversaire. Mais, en soit, elle n’était pas obligée étant donné qu’on était pas amis. On ne se connaissait même pas. On était juste deux personnes qui passaient une mauvaise soirée dans un bar. Il n’était même pas dit qu’on allait se revoir un jour, ailleurs… en somme, c’était clairement de la pitié et je ne pus m’empêcher de ricaner. JE ne dis rien cependant… J’allais pas cracher sur un verre offert !

Entre-temps, j’avais appris son nom et elle m’appelait déjà Daisu. Je voulais bien croire qu’elle n’était pas japonaise car elle n’avait rien de japonais. J’avais juste confirmation. Et étrangère ou non, il n’était pas question qu’il y ait autant de familier entre nous : On n’était pas potes ! Pas de Daisu, Pas de Daisuke, Daisu-kun ou autre.

« Kûdo ! D’accord, Taylor ? »

J’avais au moins la gentillesse ne pas lui faire rajouter le préfixe « -san » derrière. C’était déjà assez conciliant de ma part. Sur ce, je tirais sur ma clope avant d’avaler tout rond le contenu de mon verre avant d’en commander à nouveau. J’en profitais pour demander au barman d’offrir un verre à Miss Taylor.

« Dis-moi, t’as quel âge ? Franchement, ça me rend dingue de ne pas savoir ! »

Je levais le regard sur Lucy en prenant mon verre. Un nouveau ricanement sortit de ma gorge.

« Tu ne manques vraiment pas d’air ! Crois-moi, tu n’as pas envie de connaitre mon âge. Tu n’as vraiment pas envie d’en savoir plus sur moi, Taylor ! »

Je jaugeais un peu la réaction de Lucy. Si elle avait vraiment envie de savoir, je pouvais toujours lui dire la vérité. Les chances qu’elle me croie sont quasiment nulles d’ailleurs. Qui oserait croire d’ailleurs – à part toute personnes connaissant un peu ma condition de lycan – que je venais tout juste d’avoir 40 ans ! Je ricanais encore rien qu’à cette idée. L’alcool ne m’arrangeait vraiment pas.

Je lançais à nouveau un regard vers la demoiselle avant de soupirer :

« Tu veux réellement le savoir, Mis Taylor ? Bien ! Je viens tout juste d’entrer dans la quarantaine ! Étonnant, n’est-ce pas ? »

J’attendais patiemment la réaction de Lucy a cette remarque. Bien que je me doutais déjà que j’allais bien me marrer !

Je n’étais pas déçu de la réaction de la demoiselle ! J’ai bien cru qu’elle avait se noyer avec son verre d’ailleurs. L’idée n’était pas si marrante mais l’image me fit rire. Je la regardai me fixer longuement, comme si elle essayait de savoir si je mentais ou pas. Je tirais une nouvelle fois sur ma cigarette, une sourire satisfait sur le visage. Au final, elle pouvait penser ce qu’elle veut, tout ce dont j’avais besoin était de rire un bon coup. Je pensais soudainement que j’avais toujours ma carte d’identité sur moi, en plus d’une autre qu’Asuna s’amusait à me faire refaire quand le besoin s’en faisait sentir, bien sûr. Je n’ai jamais pu me décider à jeter cette vieille carte d’identité qui me servait plus à rien. Mais bon, c’est un des rares trucs qui me restait de ma vie d’avant, avec une vieille photo de famille.

La voix de Miss Taylor me sortit de mes pensées. Je ne sais pas trop si elle pensait que c’était réellement possible ou que je me foutais d’elle. En tout cas, la question me fit rire. Un rien me faisait rire dans mon état.

« Le secret pour rester jeune ? Toujours être aussi formel, Miss Taylor ! »

J’étais sûr qu’elle n’allait pas apprécier la réponse mais moi, ça me faisait marrer. J’étais en train d’oublier qu’il y a à peine une demi-heure, je passais une mauvaise soirée. Que j’étais resté déprimé dans mon lit toute la journée.

« D’ailleurs, si tu voulais être pote avec la première personne que tu croises dans la rue et ne pas te faire appeler par ton nom de famille, tu as clairement choisi le mauvais pays, Miss Taylor ! »

Je bus mon verre cul-sec avant d’en commander à nouveau pour Lucy et moi.

« Ce n’est pas un reproche, d’ailleurs. Mais une constatation. Dans un pays où la notion de respect est si importante que tu disposes d’une dizaine de façon différentes pour t’adresser à quelqu’un en fonction du respect que tu lui portes… Bref… Tu comprends ce que je veux dire, je suppose… »

Je sortis mon portefeuille et sorti ma vieille carte d’identité avant de la regarder avec une pointe de tristesse au cœur. Je soupirai bien fort avant la tendre vers Lucy avec un sourire.

« Je ne sais pas si tu sais lire le japonais... De toute façon, ce n’est pas si grave, les dates de naissances sont en chiffres. »

Encore une fois, j’attendais vivement sa réaction quand elle verrait le « 1977年1月14日 » sur la carte.