Découverte et rencontre insolite [PV Kei](16/02/2018)

Cela faisait maintenant plusieurs mois que Lucy était arrivée à Nakanoto. Entre son travail au bar - qui lui prenait quand même pas mal de temps - ses recherches avec Shang et ses petites sorties à l’improviste avec Akatsuki, elle n’avait jamais prit le temps de visiter le coin. Pourtant Nakanoto avait de quoi faire apparemment. Elle avait entendu parler des différents quartiers qui composaient la ville par certains de ses clients, mais n’y avait jamais mis les pieds. A part le quartier où se trouvaient tous ces love-hôtels - un peu mal famé - où elle se rendait pour nourrir ses petits chats ; ainsi que le parc. Et le quartier des bars, où elle passait la plupart de son temps. Du coup, elle avait décidé de remédier à ça et était donc partie s’aventurer dans Nakanoto.

Lucy marchait tranquillement dans les rues. Elle avait bien choisit son jour, le soleil était là pour l’accompagner dans cette petite aventure. Tout d’abord, elle décida de se rendre dans le quartier commerçant ; mais changea rapidement d’idée lorsqu’elle découvrit tous ces magasins qui lui faisaient tant envie. Ce n’était pas le moment de faire du lèche vitrine, la journée shopping sera pour une autre fois ! D’un pas rapide, elle traversa le quartier, évitant tout contact visuel avec les différentes devantures qui l’attiraient.

Après quelques minutes de marche, elle fit une petite pause et regarda autour d’elle. Elle connaissait cette rue, et si elle ne se trompait pas, le parc ne devait pas se trouver très loin. Elle affectionnait beaucoup ce lieu qu’elle trouvait magique, surtout la nuit. Elle fit quelques pas en direction de l’entrée et s’y arrêta quelques instants. C’était ici qu’elle avait échangé son premier baiser avec Aka… En repensant à cela, elle ne pu retenir un sourire, ni empêcher ses joues de rougir. Elle regarda la grille ouverte. La dernière fois elle avait du escalader le mur pour pouvoir y pénétrer… Amusée par cette pensée, elle entra. Il y avait pas mal de monde, ce qui n’avait rien d’étonnant avec ce beau temps. Distraitement, elle fit le tour du parc ; profitant de ce petit bout de nature pour se détendre.

Elle y resta une bonne heure avant de se décider à repartir. La matinée venait tout juste de s’écouler, il était temps pour elle d’aller manger un morceau. Elle s’aventura dans différentes rues, à la recherche d’un petit restaurant où se poser, mais elle se rendit rapidement compte qu’elle ne se trouvait pas dans le bon quartier pour ça. Au vu des différents monuments et autres bâtiments, elle devait se trouver dans le quartier culturel de la ville, ou un truc dans le genre. Toujours à la recherche d’un lieu où se restaurer, elle traversa plusieurs rues, avant de passer devant quelque chose qui attira son attention. Elle s’approcha de ce qui semblait être une entrée et pencha sa tête sur le côté.

Lucy ▬ C’est quoi ça ?  

Une femme passa alors à côté d’elle, prête à pénétrer dans ce lieu dont elle ignorait tout. Sans hésiter, elle l’interpella poliment afin de lui demander de qu’était cet endroit.

Inconnue ▬ Vous vous trouvez devant le temple de Kazuhide Mademoiselle. C’est un lieu de sérénité que je conseille à tout ceux et celles qui recherchent un endroit calme où méditer ou encore se recueillir.

Un temple… Lucy ne savait pas vraiment ce que c’était. Là où elle venait, il n’y avait pas ce genre de lieu ; enfin pas à sa connaissance du moins. Ne voulant pas déranger davantage la jeune femme, elle s’inclina et la remercia et la laissa poursuivre son chemin. Elle releva la tête vers le temple en question et, poussée par la curiosité, y pénétra.

Tout respirait le calme et la quiétude… Lucy n’avait pas du tout l’habitude de ce genre d’ambiance. Elle ne trouvait pas cela désagréable, au contraire. Cependant, elle ne se sentait pas dans son élément. Elle avait trop l’habitude des endroits animés comme les bars… Rien d’étonnant pour une serveuse. De ce fait, elle se sentait complètement perdue ici. Elle ne savait même pas si elle avait le droit d’être là… Elle ne connaissait rien des pratiques qui se faisaient ici et avait l’impression de faire tâche. Les gens lui jetaient quelques coups d’œil ; peut-être dérangeait-elle ? Faisait-elle trop de bruit ? Un certain silence régnait et la jeune demoiselle était loin d’être très discrète… Gênée, elle décida de faire demi-tour. Elle ne se sentait pas à sa place.

Une magnifique journée commençait au temple. Le soleil dardait ardemment à travers le shoji et venait me chatouiller le visage. J’ouvrais un œil, puis l’autre avant de me redresser lentement. Il était tôt, je n’avais pas besoin de regarder l’heure pour le savoir. La pièce où je dormais était exposée à l’Est et je bénéficiais donc des premiers rayons de la journée. Maintenant assise, je m’étirais longuement afin de me dégourdir de mon sommeil. Une fois, fait, je prends le temps de me mettre debout avant d’ouvrir le shoji et sortir respirer à plein poumons l’air matinal.

Cependant, en ouvrant la porte, quel ne fut pas mon plaisir de voir mon cerisier en fleur, marquant l’arrivée du Printemps. J’enfilais alors en vitesse mes geta afin de l’admirer de plus près, tournant autour. Il était vraiment magnifique cette année.

Kei ▬ « Cette journée va être parfaite ! »

Sur ces mots, je me dépêchais de rentrer afin de me préparer. Il fallait que je profite d’aujourd’hui le plus possible ! Pour cela, la première étape était une bonne douche rafraichissante !

Arrivée devant la salle-de-vain, je soupirais longuement avant d’y entrer. Je n’aimais pas ce moment de la journée. Il n’y avait rien à faire. Enfin… Si… Mais ce n’était pas réalisable actuellement. Relevant la tête, je décidais de ne pas penser à cela aujourd’hui. J’entrais alors dans la petite salle de bain très sobre, composé d’une vielle baignoire ancienne, dont il fallait faire chauffer l’eau grâce à un feu de bois à l’extérieur, un miroir très simple et d’une cabine de douche. A peine avais-je verrouillé la porte que je jetais un essui sur le miroir. Maintenant que c’était fait, je me déshabillais afin de passer sous le jet d’eau légèrement froid. Au bout de cinq minutes, je coupais l’eau et je m’essuyais calmement sans jeter un coup d’œil à mon corps. Une fois sèche, je me précipitais pour m’habiller de mon haut de kimono blanc, de mon hakama rouge et de mes tabi et le mauvais moment était passé.

Il était maintenant temps de profiter de la journée et je vaquais à mes occupations ici et là. J’alternais principalement entre la cour, où je passais le balai comme d’habitude, et le shamusho, où je vendais amulettes, cartes, charmes à ceux qui le demandais. Bien qu’il y eût pas mal de monde, la journée était très calme. Et le temps passait vite.

L’heure du diner approchait à grand pas et j’allais bientôt terminer de balayer la cour. Il ne me restait plus que l’entrée, devant les escaliers, quand j’aperçus une charmante demoiselle passer, curieuse. Elle n’était pas du tout japonaise. Ce n’était pas difficile à remarquer. Ce n’était pas étrange non plus, beaucoup de visiteurs étrangers venaient visiter les temples pour l’architecture, le folklore ou juste le plaisir. Je ne pouvais cependant détacher mon regard d’elle, sans aucune raison, tout en continuant de passer le balai. Je pouvais la voir regarder à gauche à droite, figée sur place, avec son aura d’un bleu magnifique et éclatant. Quelque chose n’allait pas.
Je compris quand elle se retourna que la demoiselle était perdue. Je pouvais le voir dans son regard. Alors qu’elle s’apprêtait à quitter le sanctuaire, je m’avançais vers elle en lui adressant un sourire.

Kei ▬ « Ne partez pas tout de suite, s’il-vous-plait. »

Le regard, le plus doux possible, était fixé sur les yeux noisette de la demoiselle.

Kei ▬ « Je suis Manabu Kei, Miko du temple Kazuhide. »

Le balai dans la main gauche, je lui tandis l’autre.

Kei ▬ « Avez-vous faim ? »

Je n’aurais pu la laisser partir dans cet état. Je n’aurais pu le pardonner. A la place, j’espérai qu’elle accepte de me suivre jusque dans ma pièce. Il était peut-être aussi intéressant de préparer quelque chose à manger. De toute façon, j’avais faim. Avec un peu de thé, cela serait parfait !

L’invitant à me suivre, je l’emmenais jusque qu’à l’intérieur même du bâtiment réservé usuellement à mon père et moi. Une fois arrivée, j’installais une petite table et deux coussins et j’invitais la demoiselle à se mettre à son aise. Il ne me restait plus qu’à aller chercher le riz cantonais et le thé citronné que j’avais fraichement préparé ce matin. Je reviens avec un immense plateau que je déposais sur la table basse avant de m’agenouiller sur le coussin.

Kei ▬ « Voilà. Riz cantonnais et thé glacé. J’espère que cela vous plaira ! »

Alors que Lucy était sur le point de quitter cet endroit qui la mettait visiblement mal à l’aise ; quelqu’un l’interpella. Elle s’arrêta net et se tourna ; se retrouvant face à une jolie demoiselle, à l’allure aussi étrange que ce lieu. Lucy n’avait pas l’habitude des coutumes japonaises et encore moins de voir les gens habillé de la sorte. Est-ce que tout le monde devait se vêtir comme ça ici ? Elle se rappela alors les personnes qu’elle avait croisées un peu plus tôt. Elles portaient des vêtements plutôt sobres et classiques, ce qui n’avait rien à voir avec ceux de la jeune femme. Lucy releva la tête vers elle et leurs yeux se croisèrent. Aussitôt, la jeune Taylor détourna le regard, rougissant très légèrement. Malgré ce bref instant, elle avait pu remarquer la beauté de ses yeux bleutés et son regard bienveillant. Après quelques secondes, elle regarda à nouveau la demoiselle, évitant soigneusement de croiser ses yeux. Son visage et ses traits étaient doux, tout comme l’était sa voix. Elle avait cette beauté et ce charme naturel que peu de gens possèdent.

Doucement, Lucy attrapa la main de la jeune femme et la serra légèrement en souriant.

Lucy ▬ Lucy Taylor, enchantée Kei.  

C’est à cet instant que le ventre de Lucy se mit à gargouiller. Elle posa alors sa main sur son ventre et lâcha un petit rire.

Lucy ▬ Je crois que la réponse est oui !  

Cela faisait un moment qu’elle était à la recherche d’un endroit où se restaurer ; alors quand Kei l’invita à la suivre, elle ne pu qu’accepter. Comment dire non à autant de gentillesse ? Et puis, Lucy était intriguée autant par ce lieu que par cette demoiselle qui s’était présentée en tant que « Miko du temple » ; mais elle n’avait aucune idée de ce c’était. En la suivant, elle pourra en apprendre davantage et ainsi satisfaire sa curiosité.

Lucy la suivit et, une fois arrivée à destination, jeta un rapide coup d’œil au bâtiment face à elle avant d’y entrer. Elle observa silencieusement l’intérieur qui n’avait décidément rien à voir avec ce qu’elle avait pu voir jusqu’ici. Elle acquiesça lorsque Kei l’invita à s’asseoir et s’exécuta. Elle regarda la table, se demandant comment s’installer ; puis opta pour une position à genoux. Une fois assise sur l’un des coussins, elle attendit le retour de Kei, sans un mot. Elle balaya une nouvelle fois la pièce du regard. Ce n’était pas la première fois qu’elle mettait les pieds dans une maison typiquement japonaise, mais pas à ce point-là ; elle en était quelque peu fascinée.

Lorsque Kei réapparut, Lucy releva la tête vers elle ; puis regarda le plateau qu’elle venait de poser. A la vue de la nourriture, le ventre de Lucy gargouilla à nouveau, ce qui la fit rougir. Le riz avait l’air bon et l’odeur alléchante, elle était pressée d’y gouter. Elle qui adorait la cuisine et qui avait poursuivit ses études dans ce domaine, elle aimait vraiment les repas fait-maison.  

Lucy ▬ Merci beaucoup ! C’est très gentil de m’inviter ainsi.  

Dit-elle en lui souriant chaleureusement. Elle appréciait la gentillesse de Kei à son égard, peu de gens aurait invitée une inconnue dans son foyer. Elle-même l’aurait fait, mais elle savait très bien que ce n’était pas le cas de tout le monde. Elle était ravie d’avoir rencontré quelqu’un avec cette qualité.

Lucy ▬ Peut-être peut-on se tutoyer non ?  

Il y a quelques temps, elle avait apprit que pour certains japonais, la politesse et les convenances étaient très importants. Elle qui était de nature familière avec tout le monde, veillait donc à faire des efforts et à ne plus parler au gens comme elle le ferait dans son pays. Cela n’était pas toujours évident pou elle ; surtout quand il s’agissait de vouvoyer les gens. Les personnes âgées, les gens d’un niveau hiérarchique supérieur au sien… Le vouvoiement était normal dans ces cas-là ; mais pas quand il s’agissait d’une personne de son âge. Ca, elle avait du mal. Elle préférait tutoyer et qu’on la tutoie en retour, elle trouvait cela plus facile. Elle espérait donc que Kei accepte sa proposition ; elle se sentirait plus à l’aise ainsi.

Bien installée sur mon coussin, je souriais humblement à Lucy, bien qu’un peu rouge cependant. Mais ce n’était uniquement parce qu’elle avait utilisé mon prénom si rapidement. Je n’étais pas habituée à tant de familiarité si vite. Ce n’était pas désagréable, loin de là. Mais ma surprise était là. Après, il ne fallait pas oublier que les étrangers n’avaient pas la même culture. Je ne lui avais donc fait aucune remarque. Cela continua le temps que je fasse le service et encore après. Son compliment au moment où j’avais ramené le plateau me toucha énormément.

Kei ▬ « Oh… Non… Voyons, c’est tout à fait normal. Il ne faut pas me remercier pour si peu. »

Je détournai légèrement le regard le temps que mes rougeurs disparaissent un peu. C’était sans compter sur la demande de mon invitée.

Kei ▬ « Oh… Je… Votre demande est si soudaine... Je suis désolée ! Je n’ai pas l’habitude de tant de familiarité… Enfin si, mais c’est si rapide. Non pas que ce soit désagréable, bien sûr ! »

Tout en parlant, je pouvais sentir la chaleur envahir mes joues et mon sourire s’élargir. Je ressentais un léger malaise. Mais ce n’était rien à l’allégresse que je ressentais à côté. Afin de parvenir à un accord. Je proposais à Lucy de faire comme nous le sentions le mieux. Je n’étais pas sûre de pouvoir être si familière en retour tout de suite. Mais en laissant le temps faire… Quoi qu’il en soit, il était temps d’entamer le repas. Joignant les deux mains et m’inclinant légèrement, je dis :

Kei ▬ « いただきます »

Et j’invitais Lucy à manger. J’avais décidément eu une bonne idée en faisant ce riz cantonnais. Un plat froid convenait parfaitement à cette magnifique journée ensolleillée. D’ailleurs, je pouvais me permettre d’ouvrir le shoji pour laisser la lumière entrer un peu plus. On pourrait aussi avoir une magnifique vue sur le petit jardin et le cerisier en plus de nous offrir un courant d’air. Je m’excusais avant de quitter la table pour m’exécuter et ouvrir la porte avant revenir finir mon assiette.

Kei ▬ « N’hésitez surtout pas à me dire si vous voulez encore un peu de riz ou de thé. Sinon, quand nous aurons fini, je vous propose de prendre un peu l’air dans le jardin afin de discuter un peu. »

Je lui avais adressé ces mots avec un grand sourire tandis que je rangeais mes baguettes sur mon assiette. Personnellement, j’étais repue et contente d’avoir pu partager ce repas. Il n’était pas rare que mon père et moi mangions à des heures différentes pour assurer le service au temple…

Lucy ne tarda pas à remarquer les petites rougeurs qui coloraient les joues de Kei. Était-elle timide ? Non, ce n’était pas ça. Après tout, c’était elle qui était venue à sa rencontre et puis, elle ne semblait pas avoir tant de mal que ça pour lui parler. Lucy en avait croisé des personnes réservées et elles n’avaient rien à voir avec la jeune demoiselle qui se tenait face à elle. Elle avait plutôt l’impression qu’elle était quelque peu… Gênée ? L’avait-elle mise dans un quelconque embarras ? Elle espérait que non ! Peut-être que sa façon de parler et de se comporter la mettait mal à l’aise… Pourtant, Lucy faisait des efforts, mais cela ne devait sûrement pas être suffisant. Les mauvaises habitudes ne sont jamais très loin comme on dit… Et puis, elle avait peut-être été trop loin avec sa demande. Elle avait préféré mettre les choses au clair dès le début afin d’éviter que des situations comme celle de la dernière fois ne se produisent, mais elle n’aurait sûrement pas dû. La prochaine fois, elle s’y prendrait autrement.

Lucy ▬ Nan, c’est moi qui m’excuse ! Je n’aurais pas dû, c’était maladroit de ma part. Mais là d’où je viens, les gens ont tendance à se montrer plutôt familiers avec les autres, notamment quand ils sont plus ou moins du même âge. Le vouvoiement est principalement réservé aux personnes plus âgées ou d’un niveau social ou hiérarchique supérieur. Personnellement, je trouve qu’il est plus facile de se rapprocher de quelqu’un en le tutoyant ; mais je comprends que ça ne soit pas simple.

Dit-elle en lâchant un petit rire nerveux. Voilà, maintenant c’était elle qui se sentait mal à l’aise. Mais Kei ne semblait pas fermée à cette idée et proposa de faire comme elles le sentaient, ce que Lucy approuva.

Soudain, le ventre de Lucy lui fit un rappel à l’ordre. Il était grand temps de manger. Elle n’attendait qu’une chose, goûter à ce repas qui semblait si délicieux. Mais ce n’était pas très poli d’entamer son assiette la première. Elle leva alors les yeux vers Kei et fût surprise de la voir joindre les mains, s’incliner et surtout, prononcer des mots qu’elle était incapable de comprendre. Lucy cligna des yeux. Elle comprenait le japonais mais là, la vitesse à laquelle elle avait parlé rendait ses paroles incompréhensibles pour elle. Bon, avec de la logique, elle pouvait facilement deviner qu’elle souhait un bon appétit. Décidément, elle se sentait vraiment en décalage par rapport à cette culture dont elle ignorait encore beaucoup de choses. Elle se reprit rapidement lorsque Kei l’invita à manger. Elle attrapa ses baguettes et entama son assiette. Heureusement, elle s’était habituée à manger de cette façon ; elle ne se débrouillait pas trop mal mais préférait quand même les bonnes vieilles fourchettes.

Lucy ▬ Ah c’est super bon !

Dit-elle après avoir avaler les premières bouchées. Ce plat était parfait ! Avec la chaleur de cette journée, la fraicheur de ce riz était un vrai régal. Elle qui avait étudié la cuisine du monde, était ravie de pouvoir goûter un plat local. Elle en avait déjà mangé auparavant, son professeur ayant consacré plusieurs cours à la cuisine japonaise. Mais voilà, c’était quand même meilleur quand c’était fait par quelqu’un du pays.

Lucy ▬ C’est tellement bon que j’en reprendrais bien un peu, s’il-te-plait !

Dit-elle en tendant son assiette vers elle, tout sourire.

Lucy ▬ C’est une très bonne idée. Rien de mieux qu’une bonne balade pour digérer !

Elle se dépêcha de finir afin de ne pas la faire attendre trop longtemps et, une fois terminé, posa ses baguettes sur son assiette et remercia à nouveau Kei de l’invitation. Elle avait quand même eut une sacré chance d’être tombée sur une âme aussi charitable. Sentant un courant d’air lui caresser le visage, elle tourna la tête en direction de l’extérieur et pu admirer le jardin de loin. Il semblait magnifique et si bien entretenu ; elle était pressée d’aller y faire un tour. Elle se tourna vers la table puis se leva ; elle n’avait pas l’habitude de cette position et avait besoin de se dégourdir les jambes. Elle s’étira puis se pencha et prit son assiette entre ses mains.

Lucy ▬ Débarrassons tout ça et allons nous balader ! Je suis impatiente que tu me montres ce beau jardin qui me fait de l’œil depuis tout à l’heure !

Le temps passa doucement en cette douce journée. Et alors que nous mangions, j’eus le plaisir de voir et d’entendre à quel point mon riz plaisait à Lucy. Elle dévora son assiette avec un appétit d’ogre comparé au mien. Je devais avouer que je mangeai plutôt comme un moineau. Et, alors que je sirotais calmement mon thé glacé, Lucy me tendit fièrement son assiette, avec un grand sourire, afin d’être resservie. Je ne pus m’empêcher de laisser échapper un petit rire avant de prendre son assiette pour la remplir. Une fois resservie, Lucy se dépêcha de vider son assiette afin pendant que je sirotais toujours mon verre de thé.

Kei ▬ « Il ne faut pas me remercier pour si peu. C’est un plaisir pour moi d’avoir partagé ce repas avec vous. Il n’est pas rare que je mange seule sinon, le midi. »

Adressant un nouveau sourire à Lucy, je commençais ensuite à rassembler la vaisselle sur le plateau. Mon invitée avait une bonne idée en proposant d’aller dans le jardin. Mais il fallait tout d’abord faire un petit détour dans la cuisine pour « débarrasser tout ça » ! Je proposais à ma nouvelle amie de me suivre. On empila rapidement les affaires sales dans l’évier et je remis vite fait le plat et le thé au frigo pour les garder frais. La vaisselle pouvait bien attendre un peu, après tout. Cela ne servait donc à rien de rester plus longtemps dans la pièce. Et nous retournions alors dans ma chambre.

Une fois dehors, nous profitions de l’air frais extérieure. Assise à l’ombre de la maison, je regardais mon cerisier en compagnie de Taylor-san. L’avantage de ce petit jardin et qu’il se trouvait derrière la maison. Et rare était les personnes qui s’aventuraient à faire le tour de la maison. Nous étions tranquilles pour l’après-midi, nous permettant de faire plus ample connaissance.

Kei ▬ « Dites-moi, si ce n’est pas indiscret, puis-je savoir d’où tu viens et pourquoi tu es venue au Japon ? L’envie de voyager ? De découvrir notre culture ou notre Pays ? »

J’avais, plus jeune, déjà eu envie de visiter d’autres pays sans en avoir la possibilité. L’Europe, notamment, pour ne citer que ce continent, me tentait énormément. La France, l’Italie, L’Espagne… Je me demandais aussi si Taylor-san venait d’Europe. En tous cas, j’appréciais agréablement sa compagnie et j’espérais au fond de moi que ce soit réciproque.

Lucy, impatiente de découvrir la beauté de ce jardin qui la tentait depuis tout à l’heure, entreprit d’aider Kei à débarrasser la table. Une fois chose faite, elle l’invita à la suivre dans la cuisine afin d’y déposer la vaisselle sale et de remettre le riz et le thé au frais. Hormis l’évier encombré, tout était impeccable, ce qui n’étonna pas la jeune Taylor qui avait bien compris que la bonne tenue d’une maison était quelque chose d’important aux yeux de son hôtesse. Pas besoin d’en voir davantage pour comprendre qu’elle était une parfaite maitresse de maison, ce qui était loin d’être son cas. Le désordre était loin d’être un souci pour elle, même si cela ne lui ferait pas de mal de ranger son appartement un peu plus souvent. En bonne invitée, Lucy proposa son aide pour la vaisselle, mais Kei refusa poliment, lui répondant qu’elle pouvait bien attendre un peu.

De retour dans la chambre, Lucy en profita pour récupérer son sac à main, puis suivit Kei à l’extérieur. L’air frais et le léger souffle de vent qui parcouraient son visage étaient très agréables. Elles s’installèrent près de la maison, dans un coin ombragé et profitèrent de la tranquillité du lieu. Comme elle avait cru le voir précédemment, la vue était magnifique ; notamment grâce à ce cerisier qui se tenait fièrement face à elles. L’ambiance était vraiment propice à la méditation et à la réflexion. Lucy ferma les yeux quelques instants et inspira un bon coup. Cela faisait un bien fou de se poser dans un endroit où seuls le calme et la tranquillité régnaient. En entendant la voix de Kei, la jeune femme sortie de ses rêveries et se tourna vers elle en souriant, ravie qu’elle se sente enfin à l’aise pour la tutoyer.

Lucy ▬ Ne t’en fais pas, c’est une question normale. Il est pas difficile de se rendre compte que je ne suis pas japonaise.  

Elle lâcha un petit rire, puis reprit.

Lucy ▬ Je viens des États-Unis, d’Orlando plus précisément. Tu connais ? Il fait toujours beau là-bas…  

Elle marqua une petite pause.

Lucy ▬ Même si le Japon est un pays intéressant, ce n’est pas pour le visiter, ni pour sa culture que je suis venue vivre ici.  

Elle leva les yeux et regarda le ciel.

Lucy ▬ En fait, j’ai été adopté lorsque j’étais bébé. Mes parents sont des gens extraordinaire, je n’aurais pas pu rêver d’une meilleure famille. Seulement voilà… Le passé et les origines sont quelques choses d’intriguant… Toutes ces questions que l’on se pose et qui restent en suspens… D’où je viens ? Qui sont mes parents ? Pourquoi m’ont-ils abandonné ? Voulaient-ils de moi ?... Qui suis-je en réalité ?  

Elle baissa légèrement la tête et esquissa un sourire.

Lucy ▬ C’est idiot, j’ai toujours ressentis ce petit vide en moi mais aujourd’hui, j’ai besoin de le combler… Alors voilà, mes recherches m’ont conduit jusqu’ici, à Nakanoto. J’espère y trouver des réponses…  

Elle regarda Kei et lui sourit.

Lucy ▬ T’as vu, c’est digne d’un de ces films qu’on voit au cinéma ! Je devrais peut-être écrire un bouquin là-dessus tiens ! Ajouta-t-elle en riant.  

Lucy-san ne sembla pas fâchée que je m’interroge sur ses origines et les raisons de sa venue. Ainsi, lorsqu’elle me parla de son pays d’origine avec un grand sourire. Je me m’y à écouter avec attention. Je connaissais rapidement les Etats-Unis, il était difficile de passer à côté d’un si grand pays, surtout si on regardait une carte. Par contre, je ne le connaissais pas le pays assez bien pour pouvoir y situer une ville. Cependant, s’il faisait tout le temps bon dans sa ville d’origine, je pouvais au moins supposer que cela devait se trouver dans le sud.

Lucy enchaina sur les raisons de sa venue et je fus surprise d’apprendre que ce n’était pas simplement pour visiter. Elle me parla avec une certaine facilité d’elle, de sa vie. D’un côté, je n’en étais pas surprise. Un climat de confiance s’était installé entre nous au fur et à mesure que nous parlions. Et plus, les gens avaient tendance à se confier facilement à moi.

Du coup, je l’écoutais avec attention et compassion. J’étais triste pour elle qui ne connaissait pas vraiment ses origines. Je ne pouvais pas la comprendre, certes. Mais j’imaginais bien, en quelques sortes, qu’une partie de ses repères s’était effondrée le jour où elle l’a apprise.

Kei ▬ « J’espère que tu trouveras les réponses dont tu as besoin ici, à Nakanoto. Je ne peux pas ressentir ce que tu ressens. Mais je pense pouvoir l’imaginer d’une certaine manière. J’espère sincèrement que tu pourras remplir le vide en toi très rapidement. »

Doucement, je posais ma main sur son bras et lui offrir un sourire. Je savais qu’un simple geste pouvait se montrer plus réconfortant que des paroles. Comme je savais qu’un simple mot pouvait faire bien plus mal qu’une ruée de coup. Je pris alors le temps de me lever pour me diriger vers le cerisier. Doucement, je pris une branche fleurie en main et je la caressai doucement avant de prendre une des fleurs. Je le remerciais avant de retourner vers Lucy pour déposer la fleur dans ses cheveux. Elle était magnifique ainsi.

Kei ▬ « Tu es ravissante avec cette fleur ! Elle te va à merveille ! »

Je n’osais plus me rapprocher cette fois. J’avais fait intrusion dans son espace par deux fois déjà. Je me disais que cela ne serait pas raisonnable sur le coup. A la place, je me contentais d’être là et de sourire le plus sincèrement possible.

Lucy parla de son pays natal et de la raison de sa venue à Nakanoto avec une grande facilité. Elle était à l’aise en compagnie de Kei. Il était très facile discuter avec elle. Elle avait l’impression de pouvoir tout lui dire, de lui parler librement. Et cela fait un bien fou de se confier à quelqu’un. Certes, elle connaissait pas mal de monde – du fait de son travail – mais ne s’était pas fait beaucoup d’amis avec qui avoir ce genre de discussion. Heureusement pour elle, elle avait croisé la route de Shang qui n’avait pas hésité à lui proposer son aide pour ses recherches. Avoir quelqu’un sur qui compter dans une telle situation apaisait ses angoisses. Déjà qu’elle était venu ici toute seule, elle était quelque peu inquiète sur ce qu’elle pouvait découvrir de son passé. Savoir qu’un ami était là pour l’épauler en cas de nécessité la rassurait.

Lucy regarda Kei et ne pu retenir un tendre sourire. Elle avait comprit que la demoiselle était de nature compatissante et très humaine ; elle en eut la confirmation à cet instant. Ses mots se voulaient encourageants et ses gestes réconfortants. C’était très agréable. La jeune Taylor posa ses yeux sur la main de la Miko qui reposait sur son bras. Elle n’avait pas l’habitude qu’on la touche de la sorte et n’aimait guère ce genre de contact, mais cette fois-ci, c’était différent.  Kei était si douce et bienveillante qu’il était inconcevable pour elle de la repousser. Et puis, elle appréciait ce geste. Doucement, elle posa à son tour sa main sur la sienne en souriant.

Lucy ▬ Merci Kei, c’est très gentil… Tes paroles me donnent du baume au cœur. Et ton sourire me fait chavirer ! Dit-elle gaiement. En tout cas, je croise les doigts pour y trouver quelques réponses !  Ajouta-t-elle en croisant les doigts de sa main libre.

Elle nota tout de même la phrase de la jeune femme lui indiquant qu’elle pouvait imaginer ce qu’elle ressentait. Elle aussi était à la recherche de ses origines, de son identité ? Elle observa la jeune femme se lever et se diriger vers le cerisier duquel elle retira une fleur. Sans la quitter des yeux, elle la regarda s’approcher et se laissa faire lorsqu’elle déposa la fleur dans ses cheveux. D’abord surprise, Lucy cligna des yeux sans un mot ; puis un chaleureux sourire se dessina sur son visage un peu rouge.

Lucy ▬ Merci…  

Elle se leva à son tour et prit soigneusement la fleur dans ses cheveux.

Lucy ▬ Mais je trouve qu’elle t’irait beaucoup mieux qu’à moi. Dit-elle avant de la déposer sur la chevelure noire de Kei.

Délicatement, elle attrapa une mèche de cheveux de la jeune femme.

Lucy ▬ Elle ressort tellement mieux au milieu de tes magnifiques cheveux…  

Elle repositionna la mèche derrière son oreille et lui sourit tendrement. Kei ressemblait vraiment à une jolie poupée de porcelaine qu’on avait envi de prendre soin. Sans perdre son sourire, Lucy plongea ses yeux dans les siens, d’un regard doux.

Lucy ▬ Je voulais te demander… Tu as dis tout à l’heure que d’une certaine manière, tu pouvais imaginer ce que je ressens… Que veux-tu dire par là ?  

La situation se renversa quand Lucy prit la fleur pour la passer dans mes cheveux. Je ne pus m’empêcher de baisser la tête, gênée et nerveuse. Le contact, quand ce n’était pas moi qui l’initiait me mettait toujours mal à l’aise. Une certaine peur me prenait toujours quand cela arrivait. Le rouge aux joues, je murmurais un léger merci au compliment, essayant de garder mon malaise en moi. Heureusement, le regard de Lucy était plongé dans le mien, m’apaisant légèrement. Avait-elle senti mon malaise ? Je n’osais pas lui demander. Je ne voulais pas savoir s’il elle l’avait perçu.

Malheureusement pour moi, Lucy préféra continuer à parler de moi. Mon malaise grandit à nouveau. Je ne pus garder le contact visuel, laissant tomber mon regard sur le sol. Que devais-je répondre ? Que pouvais-je répondre. Il n’était pas rare les fois où je me trouvais à fuir sans raisons apparentes. Ici, je ne pouvais pas fuir.

Kei ▬ « Je n’ai pas connu ma mère. Elle est morte à ma naissance. Je ne sais pas grand-chose d’elle. Je l’avoue. Je sais que les gens l’adoraient pour sa grande bonté et le plaisir qu’elle avait à aider les autres. »

Je relevais le visage vers Lucy. J’avais décidé de confier une partie de moi, celle que je me permettais de confier qu’à quelques personnes seulement. Lui donner la raison pour laquelle je me sentais si mal avec un réel vide en moi m’était impossible.

Kei ▬ « Beaucoup de gens venaient au Temple pour la voir. Mon père me disait qu’elle avait un véritable don qui lui permettait d’aider ceux qui la sollicitaient. Je sais que cela peut paraitre étrange, mais je suis sûr qu’elle avait un véritable pouvoir. »

Je m’attendais à une réaction d’incompréhension de la part de Lucy. Ce que je racontais pouvait paraitre sans queue ni tête. Pourtant beaucoup d’ancien visiteurs y croyaient dur comme fer.

Kei ▬ « Je suis convaincue que c’était le cas. Je sais que cela peut paraitre étrange. J’ai aussi un don… Si je puis dire. Les gens sont pour moi comme des livres ouverts car je vois quelque chose que la plupart des gens ne voient pas. »

Je pensais en cet instant pouvoir me confier à Lucy. Je n’étais pas tout à fait certaine d’avoir raison de le faire. Mais je me lançais tout de même.

Kei ▬ « Je vois la part de noirceur que provoque ce vide chez toi. C’est pour cette raison que je le comprends si bien. Je ne peux que le remarquer. Mais je vois aussi une belle clarté bleue qui me dit à quel point tu es une demoiselle épanouie et pleine de joie de vivre. C’est chaleureux et apaisant. »

Sans m’en rendre compte, je m’étais mise à parler avec passion de l’aura de Lucy. Cette passion avait totalement fit disparaitre mon mal être.

Kei ▬ « Quand tu es arrivé ici, j’ai tout de suite apprécié ce que j’ai vu. Puis un peu avant que tu essayes de quitter l’endroit, j’ai vu cette flamme bleue vaciller légèrement et cela m’a peiné. J’ai voulu lui redonner sa vigueur en te retenant et en passant du temps avec toi. »