I Volunteer (16/05/2018)

Ca y est, c’était le jour tant attendu, tant redouté. Je me trouvais actuellement devant le QG des Chevaliers des Ombres. J’avais un entretien pour devenir l’un des leurs. Ça n’avait beau pas être d’une importance capitale, j’étais tout de même assez stressé. Autant je ne craignais pas une quelconque épreuve écrite, autant un entretien en tête-à-tête était un peu moins rassurant.

Allez, Daisu ! Tu ne joues pas ta vie ! En soit, que je sois pris ou pas, c’était pas si important. Je comptais bien me mettre à mener l’enquête pour cette histoire de virus. Bon, je serais certainement plus utile si j’étais pris parmi eux. Sinon… Bon, ne pense pas à ça, Daisu ! Tu réfléchiras s’il y a besoin.

Je rentrais dans le bâtiment. Il y avait toujours autant de monde ici. Bon, étant donné que c’était les seuls qui annonçaient faire quelque chose à ce sujet. Forcément que la population se tournait vers eux. Pourtant, ils n’étaient certainement pas les seuls. Après tout, Asuna avait fait une alliance avec des vampires. Ils devaient aussi bosser dessus, non ? Et les autres, là… L’ordre Renfield que ‘Ka-san détestait tant ? Faut dire que, même de base, on ne les entend pas beaucoup. Si Asuna ne m’avait pas expliqué auparavant, j’suis même pas sûr que j’aurais connu leur existence un jour.

J’avançais doucement, vers l’accueil. Il y avait quelques personnes avant moi. Pas grave, je pouvais attendre mon tour. D’après l’heure sur mon téléphone, j’avais une petite quinzaine de minutes d’avance. J’en profitais pour regarder un peu plus autour de moi. Il y avait des gens qui allaient et venaient pour donner ou demander des informations, des chevaliers qui discutaient entre eux ou avec les civils, des Vampires, de Lycans… Bref, un beau mélange de monde. Mais je ne faisais pas attention à ça ou à ce qui se disait. J’avais autre chose en tête actuellement.

Ce fut finalement mon tour. Je m’avançais devant le comptoir et je déclinais mon identité et que j’avais rendez-vous aujourd’hui. On me confirma ce fait avant de m’inviter à patienter sur le côté. On viendrait me chercher rapidement. Parfait ! Rien de tel que d’attendre dans une foule pour rester zen. Je pris une grande et longue inspiration. Pas besoin de stresser, j’ai dit ! Il n’y a aucune raison de s’en faire. Ici, ce serait contre-productif. Je partis donc m’adosser contre un mur et je fermis les yeux pour faire le vide. Un tournant allait peut-être être pris aujourd’hui.

Je rouvris les yeux et je pus voir un homme qui me fit signe de le suivre. Oh ! Je le reconnais ! C’est le Lycan qui m’a décidé à m’inscrire. Sympa, la coïncidence ! Rien que l’idée d’être avec un des miens me détendait. En plus, il avait l’air vachement sympa. Et plutôt beau gosse en prime. S’il n’est pas contre, j’en ferais bien mon quatre heure.

Je m’approchai rapidement pour le rejoindre et il me tendit jovialement la main… que je regardais deux secondes avant de la serrer, n’ayant pas l’habitude de ce genre de salutations. Là, je devais pas avoir l’air fin. Enfin… la différence culturelle ne devait pas être un facteur discriminant… Du moins, je l’espérais.

En attendant, j’avais enfin son nom. Utsura… Ce nom ne m’était pas inconnu, forcément : c’était celui d’une meute. Asuna m’avait déjà parlé de son Alpha, de souvenir. Du coup, ce Yukito doit être un des membres de sa famille. Je pouvais toujours redemander des infos plus tard à ‘Ka-san. De toute façon, ce n’était pas le moment de penser à ça.

J’hoche silencieusement à la remarque avant de le suivre dans une autre pièce. Nous arrivâmes devant deux ascenseurs. Une fois dedans, je pus voir qu’il m’emmenait au deuxième étage. Mon regars se posa sur les rangées de casiers tandis que Utsura-san m’annonce la suite du programme. Un test physique ? Oui, moi non plus, je m’en inquiétais pas trop. Après tout, c’était une habitude chez moi de passer par les toits pour me déplacer en ville dès que l’occasion se présentait. J’étais tout de même un peu déçu que l’entièreté du test ne se passait pas avec le Lycan. Enfin, ce n’est pas grave. Enfin, c’était juste une question de préférence.

J’obéis donc et enlevai mes chaussures avant de déposer mes affaires dans un casier. Je suivis suite l’autre homme jusque dans une grande salle de gymnase, visiblement. Mon regard allait de droite à gauche et inversement, se posant sur toutes les armes et machines qui se trouvaient dans la pièce. Je ne pus m’empêcher de lancer un sifflement d’admiration. Il fallait admettre que c’était impressionnant. Je finis par remarquer un grand homme blond assis sur une chaise et qui nous faisait signe. Je répondis d’un signe de tête. Il avait l’air vachement sévère ainsi, avec ses cheveux courts, ses lunettes et sa mâchoire carrée. Bizarrement, je le sentais un peu moins, ce test. Mais ce n’était pas une raison de pour me laisser démonter.

Respirant profondément, j’acquiesçai une nouvelle fois à l’ordre donné. Faire comme s’il n’était pas là… Alors qu’il pouvait transpercer un mur d’un simple regard… Erf… Je reportai toutefois mon attention vers Ustura et essayais de me focaliser sur lui. Cela marcha bien, au final. On pourrait appeler ça la complicité lycane, tout simplement.

Pour la suite, je devais me battre avec l’autre lycan comme si c’était un vampire. Il m’invita à choisir une arme avant de prendre une épée en bois. Ne pas retenir mes coups ? Cette remarque me fit rire. Forcément qu’il était solide, autant que moi.

Bon, par contre, il fallait trouver de quoi me battre. Parce que j’allais pas l’affronter avec mes griffes. Je regardais rapidement dans l’arsenal d’armes étalées parmi ce qui pouvait mieux me convenir, quand je vis des griffes en bois. Parfait ! Juste ce dont j’avais besoin. Je les pris en mains et je fis quelques gestes pour voir si elles me convenaient parfaitement. Parfait avec ça, mon agilité et ma vitesse, j’étais comme un assassin dans les MMO.

Je finis par me placer devant Ustura-san. Nous nous regardâmes un instant dans les yeux avant de lancer le combat. Un bon sur le côté, un deuxième vers lui pour attaquer. Je sentiss un contre arriver et je saute en arrière. Erf… Je savais que je n’étais pas doué pour l’affronter en face. Je devais donc passer rapidement derrière lui. Le moindre mouvement qu’il ne pouvait pas prévoir pouvait me permettre de le surprendre et de le toucher. Je me décidais donc de me préparer à partir sur la droite, avant de partir sur la gauche et de me sauter derrière lui pour lui donner un coup.

Oh bordel ! Je me doutais que ça n’allait pas être simple. Il se jouait de moi, clairement. Je le voyais à son sourire. Il attaquait, parait, feintait… Plusieurs fois, il réussit à trouver une ouverture mais il s’arrêtait toujours avant de me blesser. J’arrivais tout de même à l’obliger à bouger. C’était déjà une victoire en soit, je pense. L’honneur était sauf.

Finalement, il finit par s’arrêter net et m’indiqua de faire de même. Les mots qu’il lâcha me fit sourire. Première victoire du jour ! Plus qu’à continuer sur la lancée. Toutefois, je me doutais qu’il allait me falloir encore un peu d’entrainement. Mais c’était pour une bonne cause, finalement. Quitte à me lancer dans l’aventure, je préférais aussi que ce ne soit pas pour mourir lors du premier jour de boulot.

Maintenant, il me fallait passer suivre l’autre homme pour poursuivre l’entretien. Mais avant toute chose, j’allais d’abord remettre les griffes que j’avais emprunter en place. Je me dirigeais ensuite à sa suite, en faisant un petit arrêt au casier pour récupérer mes affaires et mes chaussures. Nous prîmes ensuite l’ascenseur. Nous sortîmes pour atterrir dans un long couloir avec plein de portes. L’homme en ouvrit une qui donnait sur un grand bureau, bien rangé. Il m’invita à m’installer. Je m’approchais d’une des chaises, je déposai mon sac à côté de moi avant de m’assoir. Le recruteur, si je pouvais l’appeler ainsi, se trouvait devant moi et souriait. Il avait l’air moins froid que dans le gymnase. Mais c’était pas encore ça.

La première question tomba. Je n’avais pas l’habitude des entretiens d’embauche mais quelque chose me dit que cela devait être une question récurrente. Même moi, si je devais encore engager quelqu’un, je poserais surement ce genre de question. Pour l’heure, c’était moi qui étais interrogé. Et la meilleure réponse que je pouvais donner était une réponse sincère de ce que je pensais.

Daisu ▬ « Et bien… Actuellement, ce qu’il se passe en ville nous concerne tous. Je pense qu’on ne peut pas se permettre de rien faire. La population souffre des folies dans laquelle sombrent les lycans infectés. Mais les lycans souffrent aussi de ce virus. En fait, toutes les races en souffrent.

Je veux faire quelque chose, ne pas rester les bras croisés. Mais je me rends bien compte que je manque d’expérience. Me lancer seul… Bah, autant me suicider, je pense. Ça sera plus simple et moins douloureux, je pense. Chez vous, je sais que je vais pouvoir m’améliorer. Et je sais que je pourrais être un atout pour vous avec un peu de temps.

Aussi, je sais que la mentalité des Chevaliers est très proche de la mienne. J’aimerais aussi voir arriver une entente entre toutes les races. »

Oui, c’est ce que je pensais. Allez affronter maintenant un lycan infecté, seul, est du suicide. Autant plutôt offrir ma tête à Owaga, ce donc je n’avais absolument pas envie, mettons-noud d’accord. Aussi, j’évitais tout mention de motivation plus personnelle. Après, je n’avais plus besoin de retrouver Asuna, vu qu’elle était revenue avec Heiji. Mais elle était peut-être une bombe à retardement à l’heure actuelle. Et je pouvais surement trouver ici de l’aide ou des informations sur un éventuel remède ou vaccin.

Je vis le sourire de l’examinateur s’élargir. Je supposais que c’étai bon signe. Si ma réponse ne lui plaisait pas, il n’aurait pas souri, si ? Enfin soit… De toute façon, ça ne servait à rien de supposer, autant continuer sur ma lancée. Au final, soit ça passait, soit ça cassait. Mais il n’y avait aucune raison de m’en faire pour ça.

Je regardais l’homme prendre quelques notes et puis vint la question suivante. Je fus d’abord étonné qu’il parle de ma meute. Puis, je me suis rappelé que j’avais donné l’information lors de ma première visite. Du coup, il devait l’avoir sur les yeux, je suppose. D’un côté, c’était même mieux, parce que je pouvais être plus franc encore que je ne le pensais.

Daisu ▬ « Eh bien, non, aucun. Je suis le propriétaire et le gérant de ma propre affaire. Je n’ai qu’à engager un employé supplémentaire pour la faire tourner. Ça me posera aucun problème. »

Totalement vrai. En plus de ça, je pensais même ne pas perdre de temps à devoir faire un recrutement. J’avais déjà quelques personnes en tête susceptibles de convenir. Il y avait déjà Zuko. Kisaki-san m’avait confié un jour avoir croisé ce dernier et m’avait fait quelques révélations sur les sentiments de ce dernier. Je suis certain qu’il allait être ravi que je lui propose. Après tout, maintenant qu’il avait 18 ans, cela me dérangeait moins de l’employer, même si ça restait comme étudiant.

Daisu ▬ « Côté meute, on se voit de temps en temps quand l’occasion se présente. Je veux dire. Ça fait vingt ans que je suis lycan. J’ai dépassé le stade où j’avais vraiment besoin de mon Alpha. Au final, c’est plus comme une famille adoptive. Chacun mène sa vie comme il l’entend et on se retrouve tous ensemble une fois la fin de la semaine pour se donner des nouvelles. »

C’était ça, littéralement. Je veux dire, je voyais Asuna souvent, elle passait rapidement quand elle avait une heure à tuer. Sinon, elle devait bien s’occuper de son boulot. L’argent ne rentrait pas tout seul. Idem pour Heiji qui bossait pratiquement tous les soirs en tant que videur. En ce qui concernait Kazuo, s’il dormait chez moi, je pouvais le conduire rapidement chez Asuna pour qu’elle le garde si le besoin s’en faisait sentir. En vrai, de nous cinq – si je comptais Takao – j’étais celui qui avait l’emploi qui présentait le moins de contraintes dans la meute et un de ceux qui pouvait le plus facilement agencer son horaire.

Encore et toujours, mon examinateur sourit et griffonnait dans son cahier. Encore une fois, j’avais l’impression que c’était bon pour moi. C’est pas pour autant que je m’autorisais à sourire. C’était sérieux, c’t histoire ! Il suffisait de regarder le visage de l’autre homme quand il releva la tête. Plus de sourire et son regard était très sérieux.

Ah ah… Bizarrement, cette question m’étonnait pas du tout. Forcément que j’allais me frotter des situations à risques. Des images me vinrent en tête, notamment le jour où j’ai été transformé et ma première rencontre avec un lycan infecté. Des souvenirs un peu sombre et toujours douloureux, bien qu’Asuna soit de retour. Je ne peux m’empêcher de baisser un peu la tête. Non pas par honte, mais par mélancolie.

Daisu ▬ « Oui. Plus d’une fois. Notamment le jour où je m’ai été mordu par mon alpha. »

Je ne pus empêcher un petit rire de sortir, me faisant légèrement sursauter.

Daisu ▬ « C’était il y a un peu plus de vingt ans. J’étais un humain bien inconscient de tout ce qu’il m’entourait. Vampires et lycans ? Je connaissais pas. Alors je peux vous dire que j’ai bien eu la trouille le jour où, mes parents et moi, nous nous sommes faits attaqués par un level End. Mes parents sont morts et c’est mon Alpha qui m’a sauvé. Elle m’a aussi empêché de tomber dans une falaise. J’vous fais pas un dessin, j’étais loin d’être aussi brave à l’époque. »

Je ne sais pas pourquoi je lui racontais tout cela. Je n’étais même pas sûr que ça l’intéressait. Mais ça faisait toujours un peu de bien d’en parler. Et puis, oui, en prenant un peu de recul, on pouvait voir que j’avais bien changé. Pas sûr que tous ses changements soient forcément bons. Après tout, j’étais un poil plus colérique et plus du tout pudique… D’où c’était des bonnes choses, ça ?

Daisu ▬ « J’ai aussi croisé la route d’un infecté. Ma meute et moi revenions d’une séance de ciné. En rentrant à la maison, nous l’avons vu, s’attaquant à une famille. Mon alpha s’est directement interposée pour les défendre pendant que Heiji et moi vérifions qu’ils étaient encore en vie. Il était malheureusement trop tard sauf pour un des gosses. Il a vraiment pas eu un sort désirable : c’était espérer qu’il supporte une morsure ou la mort. »

Et il l’avait supporté. Il était devenu un pauvre petit louveteau. Enfin, non. Il avait de la chance d’être très bien entouré. Il suffisait de voir le nombre de personnes qui se souciaient de son avenir et de son bonheur. Cette pensée me fit sourire. Entre lui, Heiji et Asuna, j'avais un regain de bonheur qui chassa toute tristesse de ma tête. Je relevai la tête et je fixai l'homme avec un sourire et détermination. Si j'étais là ici, c'était pour tous les lycans, mais surtout pour eux, ma meute.