Découverte et rencontre insolite [PV Kei](16/02/2018)

Lucy pu ressentir la gêne de Kei à travers son remerciement ; et à bien la regarder, cela se voyait clairement sur son visage. Était-ce sa faute ? Avait-elle été trop loin dans ses paroles ? Dans ses gestes ? Certainement… Elle devait vraiment apprendre à faire davantage attention à son comportement vis-à-vis des autres. Pourtant elle faisait des efforts, mais comme dit le dicton « Chassez le naturel, il revient au galop ». Lucy lui sourit dans le but de la rassurer et de l’apaiser, mais cela ne sembla pas vraiment fonctionner. Cependant, à son grand étonnement, Kei répondit à sa question et se confia même à elle. Lucy resta silencieuse et l’écouta avec grande attention.

Lucy se mordit la lèvre et sentit son cœur se serrer en apprenant que son amie n’avait pas connu sa mère. Elle ne comprenait qu’à moitié cette souffrance car, même si elle ne connait pas ses parents, elle a au moins eu la chance d’être élever par un couple formidable ; d’avoir un père et une mère… Devant le regard de Kei, Lucy ne pu détourner les yeux. La façon dont elle parlait de sa mère montrait à quel point elle était fière d’elle, même si elle n’avait pas eu la chance de la rencontrer. A l’entendre, on pouvait clairement comprendre que sa mère devait être une personne douce et compréhensive ; autant que pouvait l’être sa fille. Car aux yeux de Lucy, Kei était la jeune femme la plus gentille et généreuse qu’elle avait rencontré, et elle en a croisé du monde pourtant.

Lorsque Kei évoqua le don de sa mère, Lucy ne fût pas plus surprise que cela. Beaucoup de gens avaient des particularités et cela n’avait rien de choquant ou d’effrayant pour la jeune femme. En revanche, quand elle mentionna le fait qu’elle aussi avait hérité de ce don et que de ce fait, elle voyait quelque chose que les autres ne perçoivent pas, la jeune Taylor haussa un sourcil. Pas qu’elle avait peur ou doutait de son amie, au contraire. Elle était plutôt intriguée par cette révélation. Quelque chose qu’elle seule pouvait voir ? Lucy n’eut pas le temps de réfléchir davantage à cela que Kei poursuivit sa confidence. La manière dont elle en parlait était tellement passionnée que Lucy ne pouvait pas faire autrement que la croire. Une personne se confiant comme cela et s’exprimant avec autant d’engouement ne pouvait pas mentir. Et puis, à quoi cela lui servirait d’inventer une telle histoire ?

A l’écoute de ses mots, Lucy se sentit touché par l’attention que Kei lui avait portée. Elle ne s’était pas trompée à son sujet. Lucy attrapa délicatement les deux mains de son amie et les serra dans les siennes. Elle plongea une nouvelle fois son regard dans le sien et lui offrit son plus beau sourire, emplit d’une certaine douceur et tendresse qu’elle éprouvait à son égard.

Lucy ▬ J’avais vu juste quand je me disais que tu étais une bonne personne, bienveillante et généreuse. Je ne sais pas comment était ta mère, mais je pense qu’elle serait très fière de ce que tu es. Le monde est parfois difficile, rude et effrayant ; mais c’est rassurant de voir qu’il existe encore des gens comme toi, prêts à aider les autres sans rien demander en retour que la satisfaction de les voir heureux et épanouit.

Elle serra un peu plus son étreinte sur ses mains.

Lucy ▬ Je te remercie sincèrement de ne pas m’avoir laissé partir et d’être venu à ma rencontre. C’est vrai qu’à cet instant, je ne me sentais pas très bien… Mais grâce à toi, ça va beaucoup mieux.

Elle lui sourit tendrement.

Lucy ▬ En tout cas, tu as un don extraordinaire… Et peu commun ! Je suis contente que tu m’en aies parlé, j’ai l’impression d’être quelqu’un de spécial maintenant !

Je me rendis compte un peu tard à quel point je m’étais emballée en parlant de l’aura de Lucy. D’un côté, mis à part, cette légère noirceur, je ne pouvais nier à quel point elle était belle. Encore en cette instant, d’ailleurs. Elle s’était mise à flamboyer davantage encore, rien qu’avec mes paroles. Encore une fois, je ne pouvais nier la puissance des mots.

Avant que je n’aie pu ajouter ou faire quoique ce soit, Lucy me prit chaleureusement les mains et me regarda toujours de son sourire chaleureux avant de me dire la plus belle chose que l’on puisse me dire. Mon père me le répétait souvent d’ailleurs. J’étais sa fierté et j’étais surement celle de ma mère. Encore une fois, je me retrouvais sans savoir quoi dire. Parler de moi me mettait dos au mur. Cependant, je n’avais aucune angoisse, cette fois. Je n’avais juste rien à répondre. Enfin si… Mais parler de moi me coutait toujours autant. Légèrement fébrile et tremblante, je repris la parole.

Kei ▬ « Je pense que tu es effectivement un peu spéciale. Tu es la première personne avec qui je… je… »

Les mots se retrouvèrent coincés dans ma gorge, incapable de prononcer la suite. Je pouvais sentir mes épaules se secouer. Dire que c’était passé tout seul il y a encore quelques instants. Cette fois-ci, j’avais réalisé ce que j’avais fait, ce que je voulais faire. Et je me retrouvais bloquée par ma propre pensée. Il m’était impossible de soutenir le regard de Lucy en cet instant si bien que je baissais la tête, fixant sans intensité le sol.

Kei ▬ « Je n’ai… Jamais… »

Je pris une profonde inspiration alors qu’une larme naissait au coin de mon œil.

Kei ▬ « …parlé de moi ainsi à quelqu’un d’autres que mon père… »

En expirant, les mots s’étaient décoincés et avaient sortis dans un murmure presque inaudible. Je tressaillis une nouvelle fois. Je venais de le faire, une nouvelle fois.

Kei ▬ « J’ai toujours… eu une facilité pour parler et comprendre les autres… »

Mes paroles recommencèrent à devenir fluides, comme un torrent d’eau qui s’écoulait suite à l’ébrèchement d’un barrage.

Kei ▬ « J’éprouve par contre toutes les difficultés du monde à parer de moi. Je n’aime pas ça… Ça me fait peur… Ecouter les autres, les conseiller et les aider est tellement plus facile. Il est vrai que vois l’aura de chacun me simplifie un peu la tâche. Je peux voir qui est épanouir et qui est dans le besoin… »

Je retirais doucement ma main de celle de Lucy pour essuyer la larme toujours perchée au coin de mon œil.

Kei ▬ « Bien sûr, il m’a fallu du temps pour comprendre pourquoi certaine était plus claires, plus brillantes, plus ternes ou plus sombres. Mais il y a encore des mystères qui restent sans réponses, comme la couleur. Pourquoi la tienne est bleue alors que celle d’une autre personne sera rouge ou verte… Je n’ai pas de réponses à cela. »

Lucy était peut-être parfois un peu rustre et trop franche, mais elle était également une personne authentique et sincère. Elle ne pouvait supporter de voir Kei dans cet état. Elle qui était si douce, attentionnée et bienveillante, même avec de parfaits inconnus ; avec elle… Elle ne pouvait pas passer à côté et faire comme si de rien n’était, cela lui était tout bonnement impossible. Il était inconcevable que son amie reste ainsi, à souffrir d’un certain mal-être. Elle n’était peut-être pas capable de l’aider comme elle le voudrait, mais une chose était sûre, elle ferait son maximum.

Lucy regarda Kei, en souriant. Mais en voyant que son amie avait des difficultés à s’exprimer, la jeune femme perdit son sourire. Et lorsqu’elle remarqua la petite larme qui naissait au coin de son œil, elle commença à paniquer. Ah non, non, non ; elle voulait la réconforter, partager avec elle, pas la faire pleurer ! Mais alors qu’elle s’apprêta à s’excuser, elle se figea. Elle la regarda et, à l’écoute de ses mots difficilement sortis de sa bouche, Lucy ne pu retenir le sourire qui se dessina sur ses lèvres. Elle comprenait mieux. Elle resserra l’étreinte de ses mains sur les siennes ; signe qu’elle était là, qu’elle l’écoutait et qu’elle ne la jugerait pas, jamais.

Lucy ▬ Moi, je n’ai jamais eu ce problème. Il a toujours été simple pour moi de parler avec les autres, d’évoquer mes états d’âme, de me confier quand ça n’allait pas et de partager mes joies. Peut-être est-ce grâce à mes parents qui ont toujours été honnêtes avec moi et qui m’encourageait à m’ouvrir aux autres. « La communication, c’est le plus important Lucy, ne l’oublies jamais ! »  

Elle ferma les yeux en repensant à sa mère.

Lucy ▬ C’est ce que ma mère ne cesse de me répéter.  

Elle rouvrit les yeux et regarda Kei.

Lucy ▬ Mais  je te comprends. Ce n’est pas facile de se confier, mais quand on y parvient, cela fait un bien fou… Tu n’trouves pas ? Il suffit juste de trouver la bonne personne, celle avec qui ça coulera de source.  

Elle marqua une pause avant de poursuivre.

Lucy ▬ Je suis ravie que tu te sois confiée à moi… Et je serais heureuse de t’aider à en savoir plus sur ces fameuses couleurs et à découvrir leur signification ! Après tout, c’est fait pour ça les amies !  

A cet instant, Lucy lui offrit un tendre et éclatant sourire, duquel on pouvait percevoir toute la sincérité de ses paroles.

Lucy m’avait écouté avec attention et compassion, me rappelant toujours qu’elle était là en serrant dans sa main mes petits doigts, toujours souriante. Elle restait toujours avenante, que ça soit dans ces gestes et ses paroles. Cette attitude correspondait si bien à l’aura chaleureuse qui dégageait de la jeune femme. Elle se mit à parler d’elle afin de continuer la conversation, elle parla de sa facilité à dire ce qu’elle ressentait. Elle enchaina sur mon don et se montra enthousiaste à l’idée de m’aider. Le fait qu’elle me considéra comme une amie me toucha énormément.

Kei ▬ « Je suis tellement heureuse d’avoir eu la chance de te rencontrer… Lucy-chan… Est-ce que tu me permets de t’appeler ainsi ? »

J’attendis qu’elle me répondre. En même temps, j’hésitais fortement. Pouvais-je me permettre d’aller chercher le contact. Je me sentais en confiance mais aussi un peu gênée. Il m’arrivait souvent de savourer un instant de proximité avec mon père, même en étant maintenant plus mature. Mais le contexte était différent, ici. Je finis par m’approcher de Lucy pour poser ma tête sur son épaule. C’était terriblement réconfortant.

Kei ▬ « Ton aura est aussi bleu qu’un ciel dégagé d’été, brillant de ta bienveillance et de ta gentillesse. Il en existe des aussi oranges que le soleil couchant, plus rouge que le sang qui coule dans nos veines ou aussi verte que l’épine d’un sapin. Il y a aussi ce rose… Il n’est pas totalement rose, ni vraiment violet. Un mélange presque mystique des deux… »

Je repensais à ce fameux rose. N’en avais pas vu un dernièrement qui m’avait fortement impressionné par son éclat ? Dur de se souvenir. Ce n’avait duré qu’un coup instant.

Kei ▬ « Malheureusement, je n’ai aucun indice sur ce que ces couleurs veulent me dire. En plus, elles sont pratiquement immuables. Les gens ne changent pas de couleur au gré du temps. Sauf quelques exceptions très rares. »

Je fronçais un instant les sourcils. Ce détail m’avait toujours beaucoup intriguée.

Kei ▬ « J’ai déjà vu quelques personnes qui avait une aura bleue revenir avec une aura rouge ou orange. Bien sûr, je pensais au début que mes souvenirs me jouaient un tour. Mais c’est arrivé trop souvent pour que ce soit ça… »

Je baissais la tête en me plongeant dans mon incompréhension de toujours.

Kei ▬ « Toujours le bleu… Toujours pour devenir rouge ou orange. Jamais l’inverse. »

Relevant ma tête vers Lucy, le regard toujours empli d’incompréhension.

Lucy ne savait pas trop pourquoi elle réagissait de cette façon avec Kei. La demoiselle dégageait une si douce et réconfortante chaleur…  Elle ressentait le besoin d’en savoir davantage sur elle, de l’aider et de la soutenir. Il fallait qu’elle soit là et faire de son mieux pour elle. Elle voulait devenir une de ses amies, et pas qu’une simple copine qui n’est là que quand ça va bien… Non, elle voulait être présente dans les bons comme les mauvais moments, la conseiller, passer du temps avec elle… C’est fou comme on peut s’attacher à une personne en si peu de temps ; un véritable coup de foudre amical !

Lucy ▬ Tu peux m’appeler comme tu veux, ca me fera plaisir. Et puis, c’est si mignon sorti de ta bouche ; ca m’donne envie de te faire un câlin ! Répondit-elle joyeusement.

Lucy était complètement gaga de sa nouvelle amie. Elle était ravie de se rapprochement, de savoir qu’il n’y avait pas qu’elle que cette rencontre rendait heureuse. Et lorsque Kei posa sa tête contre son épaule, elle sourit. Ce fameux sourire, doux et chaleureux, qu’elle n’avait cessé d’arborer depuis qu’elle était en sa compagnie. Doucement, elle rapprocha sa tête, presque posé contre la sienne, et caressa le dessus de sa main du bout des doigts en signe de réconfort.

Sans un mot, elle la laissait parler, évacuer. Elle écoutait attentivement tous les détails qu’elle lui donnait, les significations de certaines couleurs qu’elle avait devinés. Ce n’était pas une mince de tout retenir, mais Lucy commençait à assimiler. Toutes ces teintes et nuances restaient encore un véritable mystère…  Savoir que tant de gens possédait des couleurs différentes, dont on ignorait le sens, avait un côté assez effrayant. Notamment cet orange et ce rouge… Des couleurs loin d’être apaisantes. Tout cela n’avait rien de rassurant.

Lucy ▬ Tu sais, je suis certaine qu’à deux, on va trouver la signification de toutes ces couleurs ! Il faut juste être patientes et rester positives !  

Elle la regarda, déterminée.

Lucy ▬ Et le meilleur moyen pour ça, c’est de partir à la rencontre des gens ! Tu n’crois pas ? Observer leur comportement, leur façon de parler, leurs actions… Je sais que c’est pas bien de se fier aux apparences et à la première impression, mais ca peut toujours donner une idée.  

Elle marqua une pause, puis reprit.

Lucy ▬ Et puis, ca serait l’occasion de se faire une petite virée en ville. Rien ne nous empêche de lier l’utile à l’agréable !   Termina-t-elle en souriant.

Alors que j’affichais de l’incompréhension, Lucy-chan affichait une forte détermination. Elle avait les mots pour m’apaiser et me motiver à trouver des réponses. Surtout ce que, à partir de maintenant, je ne serais certainement plus seule à chercher et réfléchir à ce sujet. Aussi, elle me proposa d’aller ailleurs, en ville, pour observer les gens et aller à leur rencontre. En entendant cette proposition, je ne pus m’empêcher de rire. Ce n’étais pas un rire méchant, ni moqueur. Non, c’était un rire qui exprimait parfaitement l’état de bien être – aussi étonnant soit-il – dans lequel je me trouvais actuellement.

Kei ▬ « Tu sais… Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour observer du monde ! »

Sur ces mots, je me levais et j’invitais Lucy-chan à me suivre. Nous contournâmes alors la maison par le jardin. Nous nous arrêtâmes juste au coin avant de nous cacher derrière un chêne, nous offrant une superbe vue dégagée sur la place du temple. De là où on était, nous pouvions facilement tout voir. Le Chôzura, où des enfants étaient en train de se purifier la bouche et les mains. Ce dernier se trouvait non loin d’une petite bâtisse où mon père était actuellement en train de ventre des charmes et des amulettes. De l’autre côté de la place, légèrement reculée, se trouvait l’autel de Kazuhide. Toutefois, ce que je voulais montrer à ma nouvelle amie, c’est le monde qui se trouvait par cette magnifique journée de printemps dans l’enceinte du Sanctuaire.

Kei ▬ « Tu vois ? Ici, on est très bien placé pour observer le monde ! »

Et nous aurions pu rester là. Cependant, il était bien plus agréable de faire la conversation assises et je proposais à mon amie de retourner dans le jardin.

Kei ▬ « Sinon, contrairement à toi, je peux facilement me fier à la première impression. Mais une aura ne m’a jamais trompé encore. J’ai donc un avantage certain pour ce qui est de cerner une personne. »

Je fis un sourire à Lucy avant de reposer à nouveau ma tête sur son épaule. Je ne savais pas pourquoi mais la sentir près de moi me donner un fort sentiment de réconfort et de sécurité. Comme si son aura même me réchauffait. Et cela était extrêmement plaisant.

Kei ▬ « Cependant… Je pense que je serais ravie et honorée de visiter la ville en ta compagnie. Ce qui me fait penser que je devais justement m’acheter un nouveau kimono pour le Festival des Fleurs ! »

Je me redressais soudainement pour me tourner vers mon amie.

Kei ▬ « Oh ! Il faut que tu viennes ! En l’occasion de cette fête, nous organisons avec l’aide de quelques habitants du quartier un banquet. Et le Sanctuaire rempli de fleurs est une merveille à voir ! »

En voyant Kei rire, Lucy cligna des yeux, surprise. Elle ne s’attendait pas à une telle réaction. Mais rapidement, un doux sourire se dessina sur son visage. Elle n’était pas vexée, loin de là. Voir son amie ainsi la rendait heureuse. Elle était si mignonne. Et puis, elle était plutôt fière de l’avoir fait rire de la sorte, même si sur le coup, elle ne savait pas trop pourquoi. Mais qu’importe, ce n’était pas le plus important à cet instant.

Lucy ▬ Ah oui ?  

Lucy regarda Kei. Elle ne voyait pas vraiment où la jeune femme voulait en venir. Elle observa rapidement les alentours, cherchant la moindre personne présente, mais n’en trouva pas. Ce n’était pas ici qu’elle allait croiser beaucoup de monde… N’est-ce pas ? Elle se leva à son tour et suivit son amie, curieuse de savoir où pouvait bien se trouver un endroit aussi peuplé dans les parages. Elles contournèrent la maison jusqu’à atteindre un chêne, trônant fièrement au coin de celle-ci et se cachèrent derrière. Lucy posa sa main contre le tronc de l’arbre. De cet endroit, elle pouvait apercevoir la place du temple ainsi que toutes les personnes qui s’y trouvaient. Elle ne s’attendait pas à voir autant de monde ici. Quoique, vu la cadre serein et magnifique des lieux, cela n’avait rien d’étonnant. Elle se tourna alors vers Kei, tout sourire et acquiesça.

Lucy ▬ Tu marques un point. Il y a beaucoup de monde ici. Et puis, le pied de ce chêne m’a l’air d’être un endroit très agréable où se poser. De l’ombre, de l’air frais, manque plus que la limonade fraiche et ca serait parfait !    

Oui, elle se voyait bien passer une après-midi ici, en compagnie de Kei. Discuter, observer, faire des hypothèses, se raconter leurs petits mésaventures… Comme deux bonnes copines quoi ! Il faudra qu’elles essayent un de ces jours. Elles retournèrent ensuite au jardin où elles reprirent place à l’ombre.

Lucy ▬ C’est vrai, c’est un avantage. C’est tellement plus facile d’aller vers quelqu’un quand on a déjà une petite idée du genre de personne qu’elle est. Ca facilite beaucoup les choses. Si j’avais le même don que toi, j’aurais pu éviter pas mal de mauvaises rencontres et ça n’aurait pas été du luxe crois-moi.  

Elle lâcha un petit rire.

Lucy ▬ C’est vrai ? Tu es partante ? Super ! Tu vas voir, on va bien s’amuser toutes les deux !  

Elle se mit à réfléchir quelques instants.

Lucy ▬ Par contre, je ne sais pas dans quel genre de magasin trouver des kimonos, j’en ai jamais acheté et encore moins portant avant ; c’est que c’est pas courant par chez moi !  

Kei, qui avait posé sa tête sur son épaule quelques instants plus tôt, se redressa brusquement. Lucy la regarda alors, surprise.

Lucy ▬ Le… Festival des Fleurs ? Tu veux que je vienne ?  

Lucy cligna des yeux, puis ne pu s’empêcher de sourire. Elle était très heureuse de cette invitation.

Lucy ▬ Ca serait avec grand plaisir ! Par contre, je ne suis jamais allée à ce genre d’évènements, je vais peut-être faire un peu tâche…  

Elle rougit, légèrement gênée.

Comme moi, Lucy-chan semblait déjà s’imaginer passer du temps toutes les deux au pied du chêne. Il fallait avouer que le temple était tout de même un havre de paix où il faisait bon de se reposer et de se détendre. Je ne le savais que trop bien, habitant ici depuis que j’étais née.

Dans tous les cas, nous étions toutes deux enjouées à l’idée de passer du temps ensemble, que ce soit ici ou en ville. Même si j’étais peut-être encore un peu frileuse de cette relation proche nouvelle. Cependant, Lucy dégageait une aura si apaisante que cela effaçait tout simplement mon malaise. Ce n’est pas pour rien que je l’avais invitée à venir au Festival.

Kei ▬ « Oui. J’aimerais que tu viennes. Ça me ferait tellement plaisir de t’avoir à mes côtés pour cet événement. Et je t’assure que tu ne feras absolument pas tâche ! »

Je fis à Lucy-Chan un immense sourire. L’idée que partager un festival avec ma nouvelle amie était grisante. Je nous voyais déjà longuement discuter et échanger sur nos cultures respectives.

Kei ▬ « D’ailleurs, tu ne le sais surement pas mais, en tant que Miko, il est de mon devoir d’exécuter les danses cérémonielles. Je suis souvent demandée à l’approche des cérémonies ou des festivals. Mais je suis la seule Miko de ce temple… »

Sans le vouloir, je me mis à rougir légèrement. Je détournais le regard vers le sol, toujours en souriant.

Kei ▬ « C’est pour cela qu’il me faut un nouveau Kimono. Et j’aimerais beaucoup que tu m’aides à le choisir. Ça me ferait très plaisir. »

Toujours aussi rouge, je relevais un rien la tête pour croiser le regard doux de mon amie.

Kei ▬ « Bien sûr, le kimono n’est pas obligatoire. Il y a pas mal de personnes qui viennent en tenue de tous les jours aux différents festivals. Donc rien ne t’oblige à un porter un si tu n’en as pas envie. Cependant, je crois que ça pourrait faire un très beau souvenir, n’est-ce pas ? »

Tout à coup, quelques coups résonnèrent à l’intérieur suivit de la voix de mon cher et tendre père qui me demande gentiment de reprendre le service. Je n’avais pas fait attention à l’heure mais l’après-midi devait être déjà bien entamée pour qu’il me rappelle à l’ordre.

Kei ▬ « Oh ! Je suis désolée ! Je n’avais pas vu le temps passer ! »

Avec un sourire triste, je me retournais vers mon amie.

Kei ▬ « Je suis sincèrement désolée. Le devoir m’appelle. Mon pauvre père a bien le droit de manger, lui aussi ! »

Je me levais doucement avant de tendre la main à mon amie. Ensemble, nous retraversions la maison afin de reprendre la direction de la place centrale du sanctuaire. Aussi je l’accompagnais jusqu’aux marches avant de la retenir une dernière fois, pour lui dire au revoir.

Kei ▬ « C’était un plaisir de partager ce moment avec toi. Je suis désolée de devoir l’écourter ainsi. J’espère cependant te revoir très vite ! »

Je sortis rapidement mon téléphone afin que nous puissions échanger nos numéros. Cela serait bien plus facile pour rester en contact. Une fois fait, je saluais une dernière fois mon amie et la regardais descendre les marches avec un grand sourire et cette légère impression de planer. Une fois qu’elle fut disparue de ma vue, je me dirigeais vers la petite échoppe où quelques jeunes demoiselles attendait patiemment que je leur donne des amulettes…

Lucy ne s’attendait pas à une telle invitation. Elle fût à la fois surprise et heureuse ; bien que légèrement gênée. Oh, ce n’était pas l’invitation qui l’embarrassait, mais plutôt l’activité en question. Les festivals, elle connaissait. Elle en avait fait quelques uns lorsqu’elle vivait encore en Amérique. Des festivals de musique la plupart du temps, avec ses amis. Mais le Festival des fleurs… Non, elle n’y avait jamais mit les pieds. Elle devinait que les fleurs étaient mises à l’honneur durant ces festivités, mais n’en savait pas davantage. Comment s’habiller, se comporter… Tout cela la stressait. D’habitude, il lui en fallait largement plus pour l’angoisser… Mais là, elle avait peur de ne pas être à sa place. Elle ne voulait pas faire honte à sa nouvelle amie. Lucy regarda Kei. A la vue de son sourire si chaleureux et de ses grands yeux bleus, la jeune femme se sentit rassurée. Si elle voulait qu’elle l’accompagne, elle viendrait donc ; et ferait en sorte de ne pas trop se faire remarquer pour une fois.

Lucy ▬ Merci, c’est très gentil… C’est d’accord, je viendrai ! Ca sera l’occasion de découvrir.  

Lucy lui rendit son grand sourire. Elle était également curieuse de voir Kei en pleine action en tant que Miko. Elle ne savait pas vraiment en quoi consistait leur mission. Et puis, elle était ravie de pouvoir en découvrir davantage sur son amie et partager tout cela avec elle.

Lucy ▬ Il faudra que tu m’en dises plus sur ton travail de Miko. Avant toi, je n’en n’avais jamais vu un avant, c’est une première ! Comme ce festival d’ailleurs… Et puis, je suis curieuse de te voir danser !  

Elle l’imaginait déjà dans un magnifique kimono, dansant au milieu des fleurs… Bon, cela faisait un peu cliché… Mais elle était quand même certaine qu’elle serait resplendissante.

Lucy ▬ Je sais pas si je serai une bonne conseillère en la matière, mais je ferai de mon mieux ! On va te dénicher un de ces kimonos… Tout le monde se retourna sur ton passage tu verras !  

L’angoisse de Lucy avait cédé sa place à l’excitation. Elle n’y connaissait pas grand chose, mais elle apprendrait.

Lucy ▬ Je vais réfléchir pour le kimono… Je n’en n’ai jamais porté alors pourquoi pas, ça pourrait être sympa ! On verra quand on ira acheter le tiens !  

Elle lui sourit. L’idée de porter ce genre de tenue ne la dérangeait pas plus que cela, elle se demandait juste si cela lui irait bien. Même si le ridicule ne tue pas, elle voulait se montrer sous son meilleur jour ; après tout, c’était une grande première, il ne fallait pas rater ça !
C’est alors que des coups se firent entendre, ainsi qu’une voix masculine. Aussitôt, Lucy regarda en direction de l’intérieur de la maison. Apparemment, l’homme en question était le père de Kei. La jeune femme regarda rapidement son téléphone et remarqua l’heure déjà bien avancée. Elle releva ensuite la tête vers son amie et lui sourit à son tour.

Lucy ▬ Ne t’en fais pas, je comprends. Avec tout ça, on n’a pas fait attention à l’heure.  

Lucy attrapa la main que son amie lui tendait et se releva doucement. Il était temps de partir. Lucy n’était pas plus pressée que ça, elle ne travaillait pas ce soir ; mais elle se devait de rentrer avant la nuit afin d’aller nourrir ses petits minous. Kei l’accompagna jusqu’aux marches de l’entrée. Lucy se tourna vers elle.

Lucy ▬ C’était un vrai plaisir pour moi aussi. Encore merci pour ce repas, et pour cette invitation. Tu m’excuseras auprès de ton père de t’avoir accaparée aussi longtemps.  

Elle lui sourit.

Lucy ▬ De toute façon, on se revoit rapidement pour le kimono !  

Elle lui fit un clin d’œil. Avant de se quitter, les deux jeunes femmes s’échangèrent leurs numéros, avant de se saluer une dernière fois. Lucy entama sa descente puis, après quelques marches, se retourna et fit un signe de la main à son amie avant de reprendre sa route. Avec tout ça, elle n’avait pas terminé sa petite visite de la ville. Pas grave, elle continuerait une autre fois. Heureuse de sa journée et surtout de sa nouvelle amitié, Lucy prit la direction du centre-ville.