Page 1 sur 2 • 1, 2
Invité
Invité
Ven 11 Jan 2019 - 22:58
Maria n'aimait pas participer aux soirées mondaines de l'aristocratie. C’était tout simplement la meilleure façon de se faire repérer. Seulement, les choses avaient changé. Elle ne savait pas trop si c’était le fait d’avoir été confrontée à la mort, si c’était les rencontres qu’elle avait faites qui la poussait à repousser ses limites, ou tout simplement cette lettre et la distance qui s’était creusée, mais Maria commençait à remettre en doute les bonnes intentions de ses parents qui refusaient de lui offrir des réponses. Oh, elle était loin d’être idiote, alors elle avait des pistes. À partir de quelques clics, il était bien facile d'obtenir un arbre généalogique de sa famille, pour autant que ses ancêtres aient déjà participé à un recensement. Le problème, c’était que les papiers pouvaient avoir été falsifiés si l’on cherchait à cacher une terrible vérité. Quoi qu’il en soit, elle pouvait au moins rayer la branche japonaise de ses choix. Sa famille avait des origines européennes principalement. Pour autant, cela ne lui offrait pas le nom de leur clan en lettres d'or ... Alors, elle en était venue à l’évidence. Elle devait tâter le terrain et renier tout ce qu’on lui avait appris. Elle devait se présenter devant la société vampirique et tâter le terrain. Elle en avait assez de jouer les gentilles filles et de vivre dans l’angoisse. Non. Elle allait faire des vagues et soulever un putain d’ouragan s’il le fallait ! No pain no gain, n’est-ce pas ce que lui disait parfois son oncle ? Bon le courage lui manquerait peut-être le moment venu, mais sa présence serait peut-être suffisante en elle-même …
Maria sortit donc le grand jeu. Elle se glissa dans sa robe victorienne la plus élégante à la coupe bourgogne qui complimentait bien ses prunelles et mit des gants blancs. Devant le miroir, elle appliqua une légère touche de maquillage à son visage, hésitant cependant sur les bijoux. Elle opta pour les boucles d’oreilles et le collier de perles dont sa mère lui avait fait cadeau juste avant son départ. Si elle se souvenait qu’elle était aimée, alors, elle pouvait tout affronter la tête haute. Maria noua ensuite ses cheveux en tresse française. Ceux qui étaient capable de le reconnaître sauraient qu’elle était fière de son héritage. Elle n’était peut-être pas une sénatrice, mais elle était la fille unique d’un Level A et une excellente actrice, après tout. Il ne lui restait qu’à mettre ses talons aiguille et à monter dans la voiture. Pas question d'arriver à pied ou en taxi comme une simple roturière, cette fois. Bon, officiellement, c’était le chauffeur attitré au théâtre et non le sien, mais Ren l’aimait bien, alors il ne lui avait pas refusé cette faveur. Elle lui demanda de revenir la chercher dans deux heures. Comme cela, si elle disparaissait, on saurait parfaitement où était le dernier endroit où elle se trouvait. Et en attendant, il ne se retrouvait pas dans une situation embarrassante si on venait lui poser des questions ! D'abord parce qu'il ne connaissait rien aux vampires. Ensuite parce qu'elle avait en réalité volé son carton d'invitation à une femme un peu tête en l'air ... Alors elle ne savait pas trop en quoi était l'honneur de cette soirée, mais cela avait peu d'importance. La fin justifie les moyens. Ah non cette fois c'était l'inverse !
Un domestique lui ouvrit la porte lorsqu'elle appuya sur la sonnette avec un sourire poli, que Maria lui rendit. Excellent, ce type de personnes n'était certainement pas le genre à poser des questions ou seulement à hausser un sourcil même si son nom n'était pas encore très connu en dehors des journaux. Pour autant, personne ne semblait vraiment faire encore attention à elle. Étonnant. En portant plus attention autour d’elle, Maria entendit alors que, selon des rumeurs, ou la liste des invités peut-être, ce serait la toute première soirée où se présenterait la fille des Von Reizel. Elle leva les yeux en direction de l'entrée à son tour, de son petit coin de la pièce, verre à la main, humant un peu l'odeur du sang avec un rictus satisfait aux lèvres. Tout cela lui donnait une excellente excuse pour se mêler aux invités même si la plupart de leurs discussions seraient sans doute ennuyantes à mourir. Mais si les choses tournaient mal, on finirait bien vite par l'oublier. Cela pouvait peut-être sembler cruel d'être prête à tirer avantage ainsi de la situation aux dépens d'une autre, mais elle ne la connaissait pas, cette nana, elle était fille d'un chef de clan, c'était probablement une sorte de princesse pourrie gâtée, l'horreur ... Il fallait toujours avoir un plan de secours sous la main. Dans le cas contraire, elles auraient peut-être pu s'entendre toutes les deux, en tant que nouveauté que les autres ne se feraient que trop plaisir à déchiqueter s'ils en avaient l'occasion. Après tout, son tour viendrait, une fois la poussière retombée. Pour le moment, Maria profiterait encore de quelques secondes de calme.
Décidément, cette soirée serait intéressante ...
Invité
Invité
Dim 20 Jan 2019 - 17:02
Ce soir était celui de ma première apparition dans la haute société vampirique. J’étais à la fois intimidée et extrêmement excitée. J’avais hâte de rencontrer tous ces gens, de voir ce nouvel univers qui s’ouvrait à moi, et en même temps, j’avais peur de faire des faux pas. J’avais presque sept décennies. Toutes les autres demoiselles de mon rang, d’après ma dame de compagnie, évoluaient dans ce milieu depuis leur adolescence. J’étais encore une très jeune vampire, selon les standards de notre race, mais ce manque d’expérience flagrant ne pouvait que me troubler. Oh, je connaissais la théorie, sur le bout des doigts : les bonnes manières, l’art de converser avec élégance, la valse… Malgré tout, j’avais le trac. Tandis qu’Ayumi m’aidait à sortir de la voiture, je n’avais qu’un seul regret. Mon cavalier pour ce soir avait dû se désister quelques jours auparavant. Je me faisais peut-être des idées, mais je croyais qu’Alessio attendait lui aussi cette sortie avec impatience. Cependant, il avait finalement eu d’autres obligations. Cette nuit s’annonçait très importante, au Sénat, m’avait-il dit. Il n’avait eu d’autre choix que d’annuler notre rendez-vous. J’avais tout de même tenu à venir, accompagnée de ma dame de compagnie. J’avais attendu cette soirée pendant des semaines et je n’avais pas eu le cœur de la repousser.
Ayumi m’avait longuement préparée, me décrivant avec précision chaque accessoire qu’elle m’enfilait. Elle aimait m’habiller autant qu’une enfant aime jouer à la poupée. Elle avait fait venir un couturier pour l’occasion, qui, de ses mains habiles, avait cousu sur mesure une longue robe néo-classique en soie dont la coupe simple mettait en valeur mon visage. Couleur champagne, elle était ornée de fleurs plus sombres et de feuilles vert pâle. La ceinture et le décolleté carré étaient bordés de perles blanches. Des volants discrets venaient orner ma poitrine et le rebord de mes manches courtes légèrement bouffantes. Une traîne complétait élégamment cette robe, très courte pour qu’elle ne me gênât pas si je devais danser. Savoir se déplacer sans accroc malgré ce genre d’artifice faisait partie de mon éducation. Des gants blancs sans doigts partaient du dos de ma main et remontaient au-dessus de mon coude, ne dévoilant de mon bras que quelques centimètres de peau blême. Une améthyste, dont la couleur rappelait celle de mes yeux, ornait mon cou. Une étole de mousseline d’un blanc transparent était posée sur mes épaules menues. Mes cheveux étaient remontés en un chignon complexe sur lequel était noué un ruban de la couleur de la robe. Ayumi m’avait maquillée très légèrement, appliquant un rose pâle sur mes lèvres.
La level B me guida discrètement sur l’allée qui menait à la demeure. Grâce à mes sens très développés, je parvenais à me faire sans trop de peine une carte mentale de mon entourage, mais malgré tout, sa présence m’aidait beaucoup dans les lieux qui m’étaient totalement inconnus. Nous attînmes la porte après quelques marches et Ayumi sonna. Un majordome vint nous ouvrir et nous guida vers la salle de bal où se tenait la soirée. Au fur et à mesure, le bruit se fit de plus en plus fort. J’entendais des bribes de conversation et de musique. Partagée entre mon appréhension et mon excitation, je fis quelques pas dans la pièce. Cette première expérience eut quelque chose d’étourdissant. Je ne pouvais pas les voir, mais j’imaginais très bien les petits groupes de vampires dans la pièce, discutant un verre de sang ou de vin à la main. Ne m’étant jamais trouvée en présence d’autant de monde à la fois, le niveau sonore me perturbait quelque peu. Toutes les conversations se mélangeaient dans mon esprit tandis que je m’efforçais de ne pas y prêter vraiment d’attention. Depuis un coin de la pièce jouaient un pianiste et un quatuor à cordes. Les odeurs aussi se mêlaient, plus vives que celles dont j’avais l’habitude. Les parfums, le buffet, le sang, les fleurs dont étaient décorée la salle… Tout cela me faisait un peu tourner la tête.
Le majordome m’annonça et le niveau sonore baissa d’un cran. Je n’avais pas besoin de voir pour savoir qu’on m’observait, détaillant cette fille de chef de clan sortie de nulle part. Ayumi m’avait prévenue que les nobles s’interrogeraient à mon propos, car la naissance d’un level A est généralement très célébrée et rapidement rendue publique, tandis que la mienne s’était passée dans l’indifférence générale, pour ne pas dire dans le secret. Mais maintenant que j’étais fiancée, mon père ne pouvait plus me tenir à l’écart de tous. J’eus à peine le temps de saluer le maître des lieux, un level B au statut peu élevé du clan Von Reizel, que je fus soudain entourée de beaucoup de monde. On me présentait ses hommages, me posait des tas de questions. Quelqu’un glissa un verre de sang dans ma main. Je répondis du mieux que je pus, exécutai de nombreuses révérences, quelque peu perdue et dépassée par la situation. Je sentis l’odeur d’Ayumi à quelques mètres de là et m’accrochai à ce détail comme à une bouée, m’efforçant de maintenir un maintien digne et un sourire poli, quoique sans doute timide. Quand l’assemblée eut compris que je n’avais pas de réelle réponse à lui accorder quant aux raisons de ma discrétion passée, le groupe s’éparpilla et j’eus un peu de répit. Je me demandai si je les avais déçus. Je ne m’attendais juste pas à un tel tourbillon d’informations dès mon arrivée. Être fort et assuré était important chez les vampires, qui jugeaient beaucoup selon ces points. C’était déjà la raison pour laquelle mon handicap m’avait attiré le mépris de mon père. J’étais faible, certes. Mais il demeurait crucial de ne pas montrer à quel point. Je sentis la main rassurante de ma dame de compagnie sur mon épaule. Elle me souffla quelques mots.
« Ne vous en faites pas. Vous vous en êtes bien sortie. Maintenant que le plus difficile est passé, tâchez de profiter de la fête. »
Je lui adressai un sourire reconnaissant. Personne ne me connaissait mieux qu’elle et elle savait dire exactement ce que j’avais besoin d’entendre. En quête d’un peu de calme, je me dirigeai vers un coin du buffet et m’assis dans un fauteuil pour écouter un peu les musiciens, portant mon verre à mes lèvres. J’aurais bien offert à Ayumi de m’imiter, mais elle préférait toujours rester debout. J’avais tendance à l’oublier, mais, même si elle se comportait au quotidien comme une mère poule, elle avait été formée avant tout à la protection rapprochée. Ce soir, elle ne serait que mon ombre et ses yeux surveillerait attentivement ce qui se passerait autour de moi.
Je remarquai à quelques pas de là une autre personne qui ne s’était pas jointe à un groupe en particulier. A son odeur et à l’aura qu’elle dégageait, je reconnus une jeune level B, un verre de sang à la main. Je levai vers elle mes yeux aveugles et lui adressai un sourire timide. Comment était-je censé aborder quelqu’un, dans ces cas-là, déjà ?
Invité
Invité
Ven 25 Jan 2019 - 4:11
En quelques secondes, le silence s’abattit dans la pièce. Cela la surprenait à chaque fois, à quel point un nom pouvait suffire à donner pareilles attentes chez les vampires. Ce n’était pas une jeune fille qui leur était alors présentée, mais rien de mieux qu’une opportunité de se faire bien voir et d’obtenir plus de pouvoir. Ces salutations étaient aussi vides de sens que les sourires adressés à milady Anna Lena Von Reizel, quant à celle qui l’accompagnait, qui devait être sa suivante ou quelque chose dans le même goût, c’est à peine si on lui accordait un regard. Sans doute l’inverse était-il vrai, pourtant dans la fraîcheur que la demoiselle dégageait, une pointe de doute se soulevait au fond du cœur de la Level B … Troublant. C’était un diamant brut à n’en pas douter. Elle devait alors être douée, vraiment très douée, cette élégance et son charme naturel ne devait pas y être entièrement étrangèr. Et puis, il paraît que certains vampires étaient capables de plier la réalité à leur bon vouloir, d'une manière ou d'une autre. Il valait sans doute mieux ne pas s’approcher.
Maria trouvait que c’était un triste spectacle, tout de même. N'en ferait-on pas de même, si on savait qu'elle était la fille d'un Level A ? À moins qu'elle ne soit plutôt victime de moqueries, ouvertes ou dissimulées. Peut-être que, finalement, son semi anonymat n'avait pas que des désavantages. Peut-être son père avait-il raison. Bon sang. Que faisait-elle ici ? S’il apprenait qu’elle avait fait une scène pareille, et il finirait sans doute par l’apprendre, que ce soit de sa bouche ou non, Maria serait dans de beau draps. Il valait mieux qu’elle retourne dans l’ombre pour servir au mieux d’intermédiaire entre ses sources. C’est comme cela qu’elle avait appris pour cette soirée, et pour celle qui se préparait au Sénat. Qui tentait-elle de tromper ? Elle n’avait pas sa place ni ici, ni là-bas.
C’est le cœur tambourinant dans sa poitrine que la jeune actrice releva les yeux, prête à chercher une occasion de s’éclipser sans trop se faire remarquer parmi tous ces vampires, comme si un piège venait de se refermer autour d'elle, lorsqu’elle fut figée sur place. La belle brune accaparant tous les regards s’était assise sur un siège à peine quelques pas plus loin. Tout inquiète qu’elle était, perdue dans ses pensées, Maria ne lui avait plus prêté attention. Était-ce bel et bien un sourire qui lui était adressé ? Pourquoi ? Maria souleva son verre et entama une courte révérence sans vraiment chercher une réponse ou encore à se poser d’autres questions. Ses parents auraient été fiers. Leur éducation, ou du moins celle qu’ils lui avaient payée, n’avait pas été vaine, en fin de compte. Devait-elle aller la saluer ? Ce regard fixe sur sa personne avait tout de même un petit quelque chose de dérangeant. Après quelques secondes, elle mit le doigt dessus. Aucune lumière ne semblait s'y refléter. Chose étonnante, étant donné tout le mal que leurs hôtes s'étaient donnés pour que cet endroit soit digne d'une grande salle de bal.
Ce fut le choc. L'air lui resta coincé au fond de la gorge. Était-elle aveugle ? Comment était-ce possible ? C’était un vampire de sang pur … On lui avait toujours raconté que les Level A étaient parfaits. N’était-ce pas pour cela que son père l’avait toujours mise en garde ? En tant que sa descendante, ne serait-on pas extrêmement déçu ou même dégoûté qu’il ait non seulement mêlé son sang à celui d’une humaine, enfin une Level D, détail, détail, mais qu’il en soit né un rejeton aussi faible ? Que l’on ne s’étonne pas alors qu’on ne cherche pas déjà à la marier malgré son statut : d’aucuns auraient dit qu’elle ne trouverait jamais un mari. Elle en aurait profité pour se moquer d’eux en rétorquant qu’elle préférait les femmes, de toute façon. Cela n'était ni tout à fait faux, ni tout à fait vrai, et elle se régalait toujours des réactions que cela pouvait causer.
Bref. Tout cela pour dire que Maria comprenait exactement tout ce qu'un handicap pouvait entraîner, lorsqu'on n'était tout simplement pas à la hauteur des attentes de leur société parfaite, même si le sien n'était pas aussi marquant. Si elle avait vu juste, cela expliquerait certaines choses. Comme la raison pour laquelle cette enfant avait été gardée loin des regards, elle aussi. Bon sang, la Française avait vraiment envie de lui parler maintenant, ça la démangeait. À voir si c'était causé par l'aura des Level A ou juste cette chance inespérée d'être comprise par quelqu'un d'autre. Elle but son verre pour trouver un peu de courage. En apporter un en guise d'entrée en la matière, c'était un peu trop guindé pour elle et puis elle n'était pas une servante.
« Je croyais que vous vous mêleriez plus longtemps aux convives avant de vous intéresser à moi. Cette fête en votre honneur ne vous plait-elle pas, milady Anna Lena ? »
S’adresser à une princesse par son prénom, même si c'était de façon très respectueuse, et lui adresser une pique taquine qui aurait aussi bien pu lui être retournée ? Un petit sourire amusé gagna ses lèvres. Elle n'avait pas l'habitude d'agir comme les autres, c'était évident : même maintenant, c'était une forme différente de curiosité qui l'avait poussée à approcher. Personne n’aurait osé faire pareille chose ... Pourtant, c'était une bonne façon de voir de quel bois était fait une personne, que ce soit par ses paroles ou ses réactions. Maria voulait savoir si cette similitude ressentie s'arrêtait à la surface. N'était-ce pas simplement la vérité de toute façon ? D’habitude, dans ces soirées, les gens ne faisaient-ils pas que parler, parler, parler ou danser ? Les musiciens avaient certainement mis l’ambiance pour cela. Ils n’étaient pas trop mauvais. S'attendait-elle à autre chose ? Maria l’aurait bien invitée, c’était une femme ravissante après tout, et ce serait le meilleur moyen de jauger si ce sourire était honnête, mais ce ne serait pas très convenable de voler la première danse à ces hommes, n’est-ce pas ? D’ailleurs, l’un d’entre eux semblait tout à fait disposé pour la remettre à sa place.
« Miss Blanchet, c'est bien cela ? Vous n'étiez pas sur la liste des invités, comme c'est ... Curieux. »
Maria esquissa un sourire plus courtois envers cet homme qui venait pourtant de l’aborder avec peu de cérémonie, replaçant ses mains dans son dos, tentant une aura un peu plus … mystérieuse. Elle s'y attendait, à cette question détournée. Qui était-elle vraiment ? Que faisait-elle ici ? Bien sûr qu’il y en aurait pour la reconnaître. C’était un peu le but, après tout, même si les choses prenaient une tournure un peu plus compliquée. Mince. Si ça se trouve, n’importe qui possédant un minimum de jugeote pouvait se demander si elle n’était pas venue assassiner leur invitée d’honneur. Oui un minimum … parce qu’il fallait être idiot pour ne pas savoir que le chef allemand avait déjà un fils en tant qu’héritier légitime. S’il devait y avoir parjure, c’était à lui qu’il faudrait s’en prendre.
« Je n’étais pas certaine de pouvoir me déplacer étant donné mon emploi du temps chargé. Je ne souhaitais pas non plus voler la vedette à miss Von Reizel. Mais on ne refuse pas une invitation pareille, après tout, et on finit parfois par se lasser de la scène. »
Elle détourna le regard quelques secondes. Les mains dans son dos se serrèrent un peu plus contre le tissu de sa robe. Peut-être tentait-on seulement de la ridiculiser devant la fille d’Albericht. Auquel cas, c’était plutôt réussi, mais Maria ne lui donnerait pas le plaisir de la voir rougir. Elle avait l’impression d’être toute nue, dans cette grande salle où elle n’avait personne à qui se rattacher. Elle redoutait surtout qu’une flopée de rires se fassent entendre et qu’elle en soit la cible. Cette première confrontation ne faisait que la conforter dans cette certitude. Mais elle garderait la tête haute. Elle garderait le sourire. Que pouvait-il arriver de si terrible ? On la prendrait juste pour une petite écervelée.
Invité
Invité
Sam 9 Fév 2019 - 12:39
J’entendis la vampire se déplacer. On y sentait une assurance certaine, bien que le pas avait une légèreté gracieuse. Lorsqu’elle s’approcha son odeur se démarqua du mélange ambiant. Elle dégageait un subtil parfum de rose, mêlée à une odeur de thé, d’Earl Gray même, qui dénotaient avec les eaux de toilette désagréablement puissantes d’autres convives qui devaient en appliquer en grande quantité. Je crus reconnaître une révérence. Je n’y étais pas particulièrement accoutumée, et je n’y avais pas trop fait attention dans le tourbillon de présentations de mon arrivée. Ayumi et ses servantes savaient que j’étais aveugle et que je ne donnais donc pas la même valeur à de tels détails visuels. Elles n’appliquaient ce protocole que lorsque je recevais, c’est-à-dire assez rarement, lorsqu’un professeur venait ou mon père. Il était étrange de constater à quel point Père tenait à ce que mon entourage me témoignât son respect alors qu’il ne me considérait pas comme digne de la famille. Ce n’était pas vraiment par amour qu’il voulait qu’on me traitât selon mon rang, plus parce qu’il aimait les convenances plus que tout. Ne pas s’incliner devant une Von Reizel, même une qu’il méprisait, était une insulte envers lui-même.
Je perçus un changement dans sa respiration. Quelque chose l’avait surprise. Était-ce ma cécité ou quelque chose d’autre dans la salle ? Les autres convives n’ayant pas réagi de manière particulière, je supposai que c’était la première solution. Je n’étais pas certaine que d’autres aient remarqué, bien que j’eusse eu bien du mal à faire attention à chacun. Personne ne m’avait posé de question à ce sujet. Lorsque j’avais rencontré Alessio, il l’avait pourtant perçu bien vite. J’aurais donc cru que tout le monde serait tout de suite au courant. Mais peut-être fallait-il faire réellement attention à moi pour le percevoir. Ayumi m’avait dit que beaucoup de nobles m’aborderaient plus pour obtenir les faveurs d’un membre d’une famille importante que pour vraiment faire ma connaissance. S’ils avaient su que mon père n’avait aucune considération pour mon avis, sans doute auraient-ils étaient beaucoup moins empressés. Cela me faisait un peu de peine. Je tenais à me faire autant de vrais amis que possible.
« Je croyais que vous vous mêleriez plus longtemps aux convives avant de vous intéresser à moi. Cette fête en votre honneur ne vous plait-elle pas, milady Anna Lena ? »
Je rougis. Cette fête n’avait absolument pas été organisée pour moi. Alessio avait juste eu la délicatesse de choisir une fête organisée par un membre de mon clan pour ma première apparition publique. Une telle idée me paraissait difficilement concevable. La jeune femme avait un accent, mais n’ayant jamais vraiment voyagé, ni rencontré grand monde, j’aurais eu bien du mal à en définir la provenance.
« Vous vous trompez, Mademoiselle. Cette fête n’est pas en mon honneur. J’ai juste eu l’occasion de m’y rendre. »
J’allais lui demander comment quel était son nom quand j’entendis des pas masculins s’approcher. Il s’agissait d’un autre level B. Il avait une démarche lente, très fière. C’est d’une voix guindée qu’il intervint de manière pourtant fort peu polie et provocatrice.
« Miss Blanchet, c'est bien cela ? Vous n'étiez pas sur la liste des invités, comme c'est ... Curieux. »
Blanchet ? N’était-ce pas le nom d’une famille de level A du clan Dwight Hodgkin, reliée par le sang à la famille principale ? Mon interlocutrice était donc probablement une parente proche ou éloignée de Bradley Dwight Hodgkin, l’homme dont j’avais involontairement rejoint le rêve la nuit dernière. Ma connaissance de l’aristocratie se limitait aux noms des level A et à ceux des grandes familles nobles. Je n’en savais donc pas vraiment plus sur la question. En attendant, l’inconnu attendait manifestement une réponse. A vrai dire, j’ignorais qu’il fallait une invitation pour venir. Alessio s’était occupé de tout. Il avait dû facilement obtenir le précieux sésame, vu son rang. Il était sans doute fort peu convenable de se rendre à une fête où l’on n’était pas conviée, mais l’excuse de Mademoiselle Blanchet semblait tout à fait valable et je n’appréciais pas le ton de cet homme. Je tentai de prendre sa défense, quoiqu’un peu timidement, les joues roses. Je n’avais pas l’habitude de tenir tête aux gens, mais ça me semblait être ce qui était juste.
« Si je puis me permettre, Monsieur… Il n’est pas très courtois d’importuner une dame. Sans doute aura-t-elle juste prévenu notre hôte un peu trop tard pour être ajoutée sur la liste officielle, n’est-ce pas ? » dis-je en me tournant vers mon interlocutrice avec un sourire.
Invité
Invité
Ven 15 Fév 2019 - 23:15
Maria ne poussa pas son audace jusqu’à souligner l’évidence, mais cette demoiselle était bien trop humble, à être embarrassée ainsi, presque au point où on pourrait se demander si elle ne faisait pas semblant. Certes, officiellement, la fête n’avait sans doute pas été organisée spécifiquement pour plaire à Anna Lena, dans le cas contraire, il y aurait eu bien plus de vampires de grande famille à cette réception ou ce serait même déroulé à une villa quelconque appartenant à la branche principale, à n’en pas douter. Mais de la façon dont on l’avait annoncée à son arrivée … N’avait-elle pas entendu le silence qui s’était installé dans la salle alors que tous l’observaient avant de venir la saluer, pendus à ses lèvres ? C’était là l’effet qu’avait une Level A sur la plupart de ses semblables, plus encore lorsqu’on ne connaissait aucun détail à son sujet.
Et des surprises, cette douce femme au visage poupin semblait en avoir à revendre. Qui aurait cru qu’elle interviendrait ainsi pour porter secours à une petite empotée qui s’était crue assez maligne pour pouvoir se glisser parmi les convives ? Pour sûr, cela aurait été plus facile en revêtant une autre peau, mais alors Maria n’obtiendrait rien du tout. Quoique rien ne l’assurait de repartir avec des informations d’ici la fin de la soirée non plus. Dans ce cas, l’important devait être de profiter de l’instant présent et de s’amuser, même si la petite starlette qu’elle était en savait peu sur les Von Reizel, et sur les vampires en général. Dans ce cas, l’important devait être de profiter de l’instant présent et de s’amuser, même si la petite starlette qu’elle était en savait peu sur les Von Reizel et sur les vampires en général. Chose qui serait impossible si cet homme quelconque ne cessait pas ses insinuations. Peut-être aurait-elle dû insister sur le fait que c'était leur adorée qui l'avait invitée, mais ce serait un peu trop culotté alors que cette même personne aurait pu le démentir du même souffle. Surtout qu'elle semblait être en mesure de tromper une personne qui n'était pas assez vigilante pour remarquer qu'il avait affaire à une aveugle.
« En effet. Si vous souhaitez importuner notre hôte, sentez-vous en libre, mais je crois qu'il serait plutôt ravi d'avoir l'opportunité de parler à une actrice. »
Maria sourit posément, défroissant le tissu qui était entre ses mains, la chaleur de l'embarras quittant son corps. Puisqu'on lui tendait une perche, une bouée de sauvetage, il aurait été idiot de ne pas en profiter. Le vampire sembla réfléchir, puis il s'éloigna sans ajouter un mot, sûrement piqué au vif. Eh oui, après tout, deux nénettes s'étaient montrées plus intelligentes que lui, en un sens. Une fois qu'il se fut suffisamment éloigné et qu'elles étaient seules à nouveau, relativement parlant, Maria laissa échapper un petit soupir de soulagement.
« Vous m’avez tirée d’un bien mauvais pas milady. Laissez-moi donc vous confier un secret. C’est ma toute première soirée officielle, où il n'y a que des vampires du moins. Je dois avouer que je suis un peu nerveuse ahah. »
On viendrait bien vite l’arracher à cette place privilégiée. D'autres personnes voudraient poser des questions à Anna Lena et lui parler. Mieux encore, la prédiction de l'albinos ne serait peut-être pas complètement fausse, en fin de compte. Elle n'était pas sûre si c'était une bonne ou une mauvaise chose, mais elle ferait avec. Pour le moment, elle ne savait pas trop quoi dire ou faire. Elle était habituée de discuter avec son père comme une égale, mais c'était bien différent, en fin de compte, avec des étrangers.
« Les musiciens ne sont pas trop mauvais. Ils n'ont pas massacré le septet de Stravinsky. J'espère qu'ils ont quelques morceaux plus classiques dans leur répertoire. »
Il y avait évidemment une différence entre écouter un enregistrement et être présente devant de véritables artistes professionnels. Parfois, au théâtre, il y avait des représentations de chant, mais jamais comme on pouvait en voir dans les grandes villes plus occidentales, ou même dans son beau Paris. Maria n'était peut-être pas douée au piano ou même pour chanter, mais elle savait apprécier l'harmonie des notes. Quant à la jeune femme qui semblait presque timide sur sa droite ... Qu'en pensait-elle, assise sur son siège avec tant de simplicité ? C'est vrai, quoi, quelqu'un lui avait-il décrit la salle dans son ensemble pour qu'elle soit laissée à elle-même à présent ? Pourquoi ne dansait-elle pas ? L'avait-elle appris ? Ce n’est pas comme si elle n’aurait pas trouvé un cavalier, même si elle ne voyait pas certains hommes qui semblaient vouloir la dévorer du regard. Maria elle-même devrait peut-être chercher à s'en trouver un. On la laisserait tranquille si elle agissait « normalement » non ?
Invité
Invité
Sam 16 Mar 2019 - 0:33
Mon interlocutrice confirma mes dires et je m’en sentis rassurée. J’avais eu beau avoir de nombreux cours théoriques sur la manière de se comporter en société, se trouver au milieu de tous ces gens était bien différent, et j’aurais été bien embarrassée, si l’on m’avait accusée de prendre la défense d’une intruse. Une actrice, disait-elle ? Voilà qui attisait ma curiosité et mon admiration. Je n’avais jamais eu l’occasion de rencontrer une actrice. Jouait-elle dans des films, ou au théâtre ? Jouer ainsi, devant tout ces gens… Cela devait être extrêmement intimidant. J’avais longuement étudié et pratiqué la harpe ainsi que la flûte traversière, mais je ne m’imaginais pas en jouer devant des inconnus. En tant qu’actrice, avait-elle voyagé ? J’avais beaucoup de questions à lui poser.
« Vous m’avez tirée d’un bien mauvais pas milady. Laissez-moi donc vous confier un secret. C’est ma toute première soirée officielle, où il n'y a que des vampires du moins. Je dois avouer que je suis un peu nerveuse ahah. »
J’en fus surprise. Selon ce que j’avais imaginé, les aristocrates commençaient très tôt à venir aux bals et aux soirées mondaines organisées par d’autres nobles. Je n’aurais jamais cru qu’une adulte pût se retrouver dans une situation similaire à la mienne. Il n’y avait pas vraiment de logique à ce sentiment, mais j’étais rassurée de ne pas être seule dans cette situation. Cette personne semblait beaucoup plus à l’aise que moi, malgré tout. Je pourrais peut-être m’en inspirer. J’esquissai un large sourire.
« Vraiment ? Moi aussi ! » confiai-je, candidement excitée.
Je m’interrompis, gênée.
« Quoique vous le saviez sans doute déjà. »
Je ne voyais pas comment elle avait pu rater mon entrée un peu trop remarquée à mon goût. Visiblement, tout le monde était déjà au courant. En tout cas, moi aussi, j’étais bien nerveuse. Je redoutais que quelqu’un vînt à nouveau m’accabler de questions auxquelles je ne savais pas quoi répondre. Certains attendaient de moi que je commentasse la politique du clan. Cependant, je m’en étais toujours tenue loin. Ayumi affirmait que cela valait mieux pour moi et que je n’y perdrais rien, que c’était un univers fourbe et dangereux. De ce fait, j’avais toujours mis un point d’honneur à respecter son conseil. Les siens étaient généralement très avisés.
« Les musiciens ne sont pas trop mauvais. Ils n'ont pas massacré le septet de Stravinsky. J'espère qu'ils ont quelques morceaux plus classiques dans leur répertoire. »
Ma foi, j’étais plutôt d’accord. Par ailleurs, Stravinsky était un choix plutôt audacieux pour une telle soirée, de ce que j’en savais. Sa musique était encore extrêmement récente pour des vampires pour la plupart âgés de plusieurs siècles, bien que ce septet revisitât des styles plus baroques. D’après ce qu’on m’avait dit, le souhait de la jeune femme ne manquerait pas d’être exaucé. La mode était au baroque, au classique et au romantique. C’était la première fois que je voyais tant de musiciens jouer en même temps face à moi. Cela faisait vraiment partie des aspects positifs de cette soirée, même si les convives semblaient les ignorer et continuaient à deviser sans s’en soucier particulièrement. Personnellement, vu qu’ils avaient joué du Stravinsky, j’osais espérer des sonates de Debussy, mais c’était sans doute trop optimiste. Je n’avais rien contre des morceaux plus classiques, de toute façon. J’hochai la tête et revint au sujet qui m’intéressait pour le moment. J’étais passionnée de musique, mais en l’occurrence, la nouveauté m’attirait beaucoup plus. Je souris doucement.
« Vous dites être actrice. Puis-je vous demander si c’est au théâtre ou au cinéma, si ce n’est pas indiscret ? Hm, vous le savez sans doute déjà, mais je m’appelle Anna-Lena. Enchantée de faire votre connaissance, Mademoiselle Blanchet. »
Invité
Invité
Mer 3 Avr 2019 - 2:22
Maria sourit doucement devant cette personne. C'était toujours étonnant à quel point quelques mots pouvaient suffire pour bouleverser quelqu'un. Son sourire était large et franc. Cela les changeait de tous ces aristos rigides. Mais le sourire fut rapidement remplacé par un autre plus mesuré et des joues rosies. Milady Von Reizel était timide, vraiment ? Cela ne devrait-il pas être le contraire ? Elle lui faisait un peu penser à une enfant qu'on aurait réprimandé trop souvent. Il est vrai qu'il était rare que des enfants de bonne famille restent loin des soirées mondaines. La société vampire semblait parfois avoir été coincée des années en arrière, alors que les humains continuaient à avancer, toujours plus vite, toujours plus loin
« Oui, c'est ce que j'ai cru comprendre. »
Une réponse simple et sans fioritures : il n'y avait pas là l'ombre d'un reproche. Maria aurait été bien mal placée pour émettre un commentaire quelconque puisqu'elle était dans la même situation. Que dire de plus ? Qu'elle était courageuse de s'être déplacée toute seule ? Cela n'aurait pas été tout à fait vrai, et cela n'aurait sans doute fait qu'augmenter son embarras. Quant à l'entrée remarquée ? Eh bien ... Même sans jeter un regard à la pièce, l'excitation un peu malsaine, sans doute, qui était présente se devinait simplement à tous les murmures. Heureusement, l'attention de la sang pur ne semblait pas tournée vers tout ceci, ou alors elle le cachait très bien.
« Je vous en prie. Je m'appelle Maria et vos questions ne m'importunent pas du tout, si vous ne m'en voulez pas trop de monopoliser votre présence. Je suis actrice au théâtre. Je dois dire que j'aime beaucoup mon emploi. Chaque jour est différent. Prendre de nouveaux rôles ... C'est un nouveau défi à chaque fois. C'est un peu comme changer de peau ! Mais c'est aussi très amusant. L'atmosphère là-bas est électrisante. Tout va très vite ... »
Tout cela intéressait-il vraiment Anna Lena ? Le théâtre était un art qui accaparait tous les sens. Avait-elle déjà assisté à une représentation ou un récital ? Même un Level A devait avoir quelques hobbies non ? Ses parents lui avait toujours dit qu'une lady respectable devait avoir de l'intérêt pour la culture et les arts. Hm. Peut-être Maria n'avait-elle pas tout à fait réussi dans ce milieu, à part pour l'apprécier. Si Owen ne lui avait jamais fait parvenir ce concours, sans doute n'aurait-elle jamais eu la confiance nécessaire pour s'approcher du théâtre. C'était alors la moindre des choses d'accepter son offre de devenir son agent. Parfois, encore aujourd'hui, elle craignait de ne pas être à la hauteur de ce rythme de vie et qu'on finisse par la chasser. Sa seule expérience était celle qu'elle avait gagné dans ses petits rôles à Nakanoto ...
« Ce n'est pas comme si je pouvais vraiment passer inaperçue de toute façon. J'ai les cheveux blancs et les yeux rouges. » jugea-t-elle bon de préciser.
Même chez les vampires, ce n'était pas très courant. Tout comme ne l'était pas la cécité. Dans les légendes, les créatures de la nuit étaient parfaites et immortelles. Évidemment, la réalité était différente et réservait son lot d'épreuves ou de déceptions. D'ailleurs, il était rare qu'un vampire de rang B ou supérieur occupe un emploi aussi manuel et encore, elle n'avait pas parlé de son salon de thé. On se serait moqué d'elle ouvertement, ne la rassurant pas dans cette impression de ne pas tout à fait être à sa place ici.
De nouvelles notes s'élevèrent dans l'air. La lettre à Élise. Elle ne put empêcher un petit rire de lui tordre les lèvres. L'ironie ne lui avait pas échappé. De la musique allemande pour une famille de vampires allemands ... Le principe princier. Il fallait toujours se mettre en valeur n'est-ce pas ?
« J'espère que je ne parle pas trop ! Est-ce que vous voulez quelque chose à boire ou à manger au fait ? Il y a un serveur, mais il a l'air très occupé, et si vous lui faites signe, j'ai l'impression qu'il va s'évanouir. Il y a des petits fours. Et du vin, mais je crois que vous vous en doutiez déjà. »
Elle souleva légèrement sa coupe pour joindre le geste à la parole, son doigt frôlant le verre en un léger tintement. Il fallait profiter des petits plaisirs de la vie comment on le pouvait, même si c'était avec modération puisque c'était sa toute première expérience de ce genre de soirée. Certes, si Maria la laissait seule quelques instants, rien n'était moins sûr qu'elles réussissent à être seules à nouveau. À moins de fuir la pièce sous le coup d'une distraction quelconque. Mais ce n'était pas son genre de mettre la pagaille, n'est-ce pas ? Fufu. Si ça se trouve, Anna Lena allait trouver une personne bien plus intéressante avec qui discuter et se mêlerait naturellement à la foule, maintenant que la glace était cassée. Ou bien, elle s'était mise à l'écart pour une raison toute particulière et n'apprécierait que davantage ces secondes de silence, si personne n'osait allait l'aborder. Ce qui serait bien triste, mais la princesse n'avait pas besoin de s'inquiéter : au besoin, Maria viendrait la sauver d'une situation embarrassante si sa suivante ne le faisait pas, pour la laisser expérimenter la vie réelle ou une autre raison quelconque, tant qu'il n'y ait point de danger. L'actrice lui devait bien cela. Une faveur en amène une autre et Maria avait pour habitude de toujours régler ses dettes. Elle ne devrait pas avoir beaucoup de difficulté à retrouver son odeur parmi la foule désormais.Il ne restait qu'à voir quelle décision prendrait l'invitée d'honneur.
Plongerait-elle dans ce bain de foule ou était-ce encore trop tôt pour étendre ses ailes et prendre en main son destin ?
Invité
Invité
Sam 13 Avr 2019 - 23:20
“Je vous en prie. Je m’appelle Maria et vos questions ne m’importunent pas du tout, si vous ne m’en voulez pas trop de monopoliser votre présence. Je suis actrice au théâtre. Je dois dire que j’aime beaucoup mon emploi. Chaque jour est différent. Prendre de nouveaux rôles… C’est un nouveau défi à chaque fois. C’est un peu changer de peau ! Mais c’est aussi très amusant. L’atmosphère là-bas est électrisante. Tout va très vite…”
Monopoliser ma présence ? N’étais-ce pas moi qui avais plus ou moins imposé la mienne, bien que maladroitement ? Je ne songeais pas trop à cela. Je lui avais posé une simple question et voilà qu’elle en parlait plus avant sans même que j’eus à insister. Je buvais ses paroles,, les yeux brillants. Ce métier avait l’air en effet passionnant. Mais n’étais-ce pas incroyablement complexe ? Faire semblant n’avait jamais été mon fort. Dans mes jeunes années, j’avais bien essayé de mentir à ma gouvernante, comme tous les enfants - je supposais du moins, n’ayant jamais été en contact avec des vampires de mon âge, à cette époque. Mais je m’étais vite révélée très mauvaise dans ce domaine. De ce fait, se comporter en fonction d’une autre personnalité que la sienne me paraissait tout à fait impressionnant. Pouvoir assister à une pièce me réjouirait au plus au point. Je pourrais peut-être le mentionner à Alessio lors de notre prochaine entrevue. J’ignorais s’il aimait le théâtre, mais si c’était le cas, peut-être pourrait-il m’y emmener ?
“Ce n’est pas comme si je pouvais vraiment passer inaperçue de toute façon. J’ai les cheveux blancs et les yeux rouges.”
Très honnêtement, j’ignorais si c’était si rare que cela. Après tout, je n’avais pas eu énormément d’éléments auparavant pour savoir ce qui était la norme, si ce n’était le contenu de romans, et le fait qu’il n’y avait personne avec de telles caractéristiques dans les quelques personnes que j’avais rencontrées ou aperçues en rêve. Mais je partis donc du principe que oui, à la manière dont elle en parlait. Cela dit, ses cheveux blancs devaient être beaux et délicats. Je percevais le frottement de ses longs cheveux sur ses habits lorsqu’elle se mouvait. La couleur éclatante devait être particulièrement élégante.
“Vraiment ? Cela doit être ravissant sous la lumière des projecteurs !”
Un peu perdue, j’entendis Mademoiselle Blanchet rire. A quoi réagissait-elle donc ? J’espérais ne rien avoir dit de mal. A moins que j’eusse raté quelque chose que les autres pouvaient voir ? Mais je ne percevais pas de changement particulier dans le rythme des conversations alentours.
“J’espère que je ne parle pas trop ! Est-ce que vous voulez quelque chose à boire ou à manger au fait ? Il y a un serveur, mais il a l’air très occupé, et si vous lui faites signe, j’ai l’impression qu’il va s’évanouir. Il y a des petits fours. Et du vin, mais je crois que vous vous en doutiez déjà.”
En effet, sans que je n’y fisse trop attention, mon verre de sang s’était progressivement vidé durant notre conversation. La remarque de mon interlocutrice à propos du serveur me fit sourire. Converser ainsi était agréable. Je me sentais déjà un peu plus détendue qu’à mon arrivée. Et je devais dire que l’idée de repartir seule vers le buffet ne me disait trop rien. Ce petit espace me paraissait comme un îlot de sécurité au milieu de tous ces gens opportunistes. Le quitter signifierait sans doute être abordée par d’autres personnes. Peut-être même m’observait-on déjà, attendant que je fusse disponible pour se joindre à moi ? Sur le principe, j’avais envie de rencontrer autant de gens que possible, mais je craignais qu’on me reposât des questions sur ma famille, les raisons de cette entrée tardive dans la société… Je me répétai cette phrase qu’Ayumi m’avait dite avant de venir : “Ces gens sont des requins. Ne dévoile aucune faiblesse à qui que ce soit avant d’être certaine que cette personne ne te veut que du bien.” Je lui avais alors demandé comment on pouvait en être certain, songeant à tout ce que j’avais dévoilé à Bradley Dwight Hodgkin la nuit dernière, attablés dans un bar de son rêve.. “Justement, c’est bien là le problème, avait soupiré ma garde du corps. Il n’y a aucun moyen de savoir.” Cependant, j’avais envie d’avoir confiance en Maria, qui s’était montrée si affable jusqu’à maintenant.
“Point du tout ! Ce que vous dites est tout à fait passionnant. Me feriez-vous le plaisir de m’accompagner près du buffet et de me parler plus avant de votre métier ?”
Pour tout avouer, je n’avais jamais bu de vin. En tant normal, l’alcool n’avait guère d’effet sur les vampires, mais étant donné que mon endurance se rapprochait de celle d’un humain, mes servantes avaient jugé bon d’éviter de m’en servir. Cependant, j’avais très envie de goûter. L’odeur s’échappant du verre de Mademoiselle Blanchet était tout à fait délicieuse.
Invité
Invité
Dim 28 Avr 2019 - 16:27
Maria espérait qu'elle ne s'était pas mise dans l'embarras. Elle n'avait pas l'habitude de discuter longuement avec des vampires de son rang, alors encore moins avec des Level A. Elle ne devait pas faire les mêmes erreurs qu'avec Raphaël, car ces invités ne feraient sans doute qu'une bouchée d'elle. Cela faisait, quoi, trente minutes qu'elles discutaient toutes les deux et pas une seule fois le sourire très doux de la Von Reizel ne fut troublé. Dans ce cas, elle ne devait pas s'en tirer trop mal.
L'accompagner jusqu'au buffet ? Sans doute était-ce une mauvaise idée. Elle était en train de se peindre une grande cible dans le dos. Ça se voyait juste aux regards noirs que les autres invités lançaient dans leur direction, certains grinçaient même des dents, parfois moins discrètement que d'autres ... Cependant, Maria ne pouvait pas décemment non plus abandonner une aveugle au milieu de la foule. Aussi, si la jeune femme souhaitait en apprendre plus sur le métier d'actrice, dans ce cas, la bienséance voulait qu'elle écoute attentivement les questions qu'on avait à lui poser et y répondre.
L'actrice tendit donc son bras jusqu'aux doigts froids de la brunette après avoir accepté son offre, avançant toutes les deux jusqu'à la grande table. Elles dûrent s'arrêter un certain nombre de fois parce que les autres vampires souhaitaient les saluer ou même leur poser une question ou deux. À chaque fois, c'était la même chose : s'ils se montraient trop insistants, il suffisait de mentionner que Anna Lena souhaitait se désaltérer pour qu'on cesse de les importuner. Une fois leur objectif enfin atteint, Maria saisit une coupe en cristal et la remit entre les mains de son invitée. Ah oui, elle voulait en savoir plus sur son métier !
« Alors d'abord ... Être actrice, c'est passionant, mais ce n'est pas de tout repos ! »
Maria ramassa toute une poignée de petits fours à grignoter bien plus lentement qu'elle en avait vraiment envie. Il paraît que les émotions, ça creuse l'appétit. En plus, cela laissait un peu de temps à la sang pur pour réfléchir à des questions qu'elle voudrait bien lui poser. Elle ne manqua pas de remarquer qu'encore une fois, il y avait un petit groupe près d'elles. Une chose était sûre, la musique n'était pas suffisamment forte pour couvrir leurs paroles si quelqu'un se donnait la peine de chercher à les écouter, malgré la proximité des instruments.
« Il faut s'attendre à l'inattendu. Quelqu'un a déjà mis le feu aux rideaux par accident, par exemple. Mais le pire, je crois bien que c'est lorsqu'on a retrouvé un cadavre dans la ruelle. »
S’ils voulaient écouter des histoires, eh bien, elle pouvait en raconter plusieurs, c'était à la portée de n'importe quelle bonne comédienne. Elle espérait tout de même ne pas trop choquer sa camarade. Une bonne partie des vampires faisaient vraiment cas de la vie et de la mort, du fait de leur « immortalité ». Tout simplement ... Entre les lycans, les Level E, les chasseurs, le temps d'une vie paisible était révolu, pour les humains plus que quiconque.
Invité
Invité
Lun 6 Mai 2019 - 22:49
Je me laissai guider à travers la foule, ravie. Il se trouvait que Mademoiselle Blanchet était également très douée pour éconduire les interlocuteurs indésirables, si bien que nous nous retrouvâmes finalement prêt de l’endroit d’où provenaient toutes ces odeurs alléchantes de nourriture. Je pris le verre que la jeune femme me tendait et m’emparai délicatement d’un petit four dont s’échappait un subtil parfum de cumin. Mon interlocutrice reprit la parole, répondant à la question que j’avais posée plus tôt. Je l’écoutai attentivement, jusqu’à ce qu’elle évoque quelque chose à quoi je ne m’attendais pas du tout. Je portai la main à mes lèvres, impressionnée.
« Un cadavre ? »
Nakanoto était donc si dangereuse ? Ou peut-être Mademoiselle Blanchet travaillait-elle dans une autre ville. Je ne lui avais demandé si elle faisait partie d’une troupe itinérante ou quelque chose du genre. De plus, d’après ce que j’avais compris, Nakanoto est très fréquenté par l’aristocratie vampirique. Il ne serait donc pas surprenant que des vampires s’y rendent pour la soirée, sans forcément y habiter.
Je bus une gorgée dans la coupe que mon interlocutrice m’avait tendu. Je supposai que c’était le fameux vin. Bien entendu, cela n’avait rien à voir avec la boisson que j’avais goûté dans le rêve de Monseigneur Dwight Hodgkin. Ce n’était qu’un rêve, après tout. Le goût me paraissait étrange, mais c’était plus sucré que je ne l’aurais cru. Ce n’était pas mauvais… Je le sirotai comme du jus de fruit en l’écoutant parler. Ne faisait-il pas chaud, dans cette pièce, d’un coup ? Ce devait être dû à tous ces gens massés au même endroit.
« Ça n’aurait pas quelque chose à voir avec ces lycans ? J’ai entendu dire qu’ils posaient des problèmes en ville ? »
J’avais en fait entendu Ayumi en parler au téléphone, probablement avec un autre Sénateur. Ma gouvernante cherchait toujours à régler ses affaires politiques discrètement, car elle savait que je m’en tenais volontairement éloignée, même si c’était elle qui me l’avait suggéré. Cependant, mon ouïe était particulièrement fine, et selon où je me trouvais dans le manoir, je ne pouvais pas toujours faire abstraction de ce que j’entendais, surtout quand elle haussait un peu la voix. En l’occurrence, cette histoire avait l’air de l’inquiéter particulièrement. Ayumi avait tellement d’aplomb. Ce qui la rendait anxieuse avait toutes les raisons de m’inquiéter également.
Très honnêtement, jusqu’à il y a peu, j’avais toujours cru que les lycans étaient des créatures de fiction. Les humains avaient une imagination tellement débordante. Cependant, j’en avais déjà entraperçus dans certains de mes rêves prémonitoires. Rien de très concluant, sachant que mes rêves pouvaient être aussi bien réalistes et détaillés que complètement métaphoriques, mais c’était ce qui avait commencé à m’en faire douter. Et maintenant, il y avait cette inquiétude qui planait dans la voix d’Ayumi. J’avais bien envie d’en savoir plus.
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 2 • 1, 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum