Drôle de Quatuor (27/05/2018)
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Dim 1 Mar 2020 - 20:59
Oh mon dieu Jess. Je sais bien que le but de cette rencontre, c'était de vendre l'idée que j'étais digne de l'épouser, mais est-ce qu'elle était obligée de me pousser sous le feu des projecteurs de la sorte ? Elle savait pourtant que j'étais timide et timoré. Parler de mes peintures, ça allait encore, parce que j'en étais réellement fier. Je ne les aurais pas affichées dans une galerie pour essayer de les vendre, dans le cas contraire. J'avais pu alors ajouter quelques détails à la conversation animée par ma douce pour décrire les paysages à mademoiselle Von Reizel, mais elle se débrouillait très bien toute seule. J'avais presque réussi à me détendre, jusqu'à ce qu'il soit question de jouer un morceau de piano pour l'assemblée.
Son sourire malicieux n'était pas suffisant pour m'amadouer. Elle connaissait trop bien ma fierté, je ne pouvais pas refuser ce défi alors que me défiler signifierait que j'avais menti, ou que je ne respectais pas le moins du monde son opinion. Comme si mes paroles n'étaient pas déjà suffisantes pour attiser la curiosité de ces Level A quant au talent que je pouvais posséder pour la musique.
Un deuxième coup me fut porté bien rapidement avant que je reprenne complètement mon souffle. Je ne réussis pas très bien à dissimuler ma surprise en entendant la proposition de notre hôte, j’en ai bien peur. Heureusement que je n’étais pas en train de boire, sinon je me serais étouffé sans aucune élégance. Il voulait m’aider à promouvoir mon talent ? C’était une offre très généreuse. Cela me permettrait peut-être de redorer un peu mon blason, après l’esclandre qui avait eu lieu entre moi et messire Williams.
« Je vous remercie pour ces bons compliments. Cela me ferait très plaisir de vous offrir une toile. Aviez-vous déjà une idée particulière ? »
Que dis-je, ce serait un véritable honneur. Bien entendu, j’avais déjà quelques petites idées de mon côté, si jamais il laissait ce choix entre mes mains. Puisqu’il vivait au milieu du grand parc de Nakanoto, monseigneur Di Altiero devait apprécier la nature. Peut-être des montagnes ? Cela dépendrait aussi de s’il préférait une ambiance dans des tons chauds ou plutôt une aura plus mystérieuse et mystique. Je ne manquai pas de préciser que j’avais déjà fait quelques portraits aussi.
Nos derniers détails convenus, j’appréciais que la conversation prenne un léger détour autour de la musique. Ainsi donc, toutes les personnes autour de cette table avaient de bonnes bases dans le domaine. Ce n'était pas vraiment étonnant au vu de nos statuts sociaux respectifs, mais cela me rassurait en un sens. Je savais bien que je pouvais être fier d’être un homme cultivé, mais les conversations sont plus limitées lorsqu’il n’y a aucun point commun.
« De la harpe… Ce n’est pas un instrument très commun. J’aurais aimé vous entendre jouer, vous aussi, milady Von Reizel, c'est dommage. »
Ce serait peut-être simplement partie remise, puisque les deux jeunes femmes souhaitaient devenir amies. Il serait présomptueux de ma part d'en faire la demande, elle semblait être une personne charmante et délicate, alors la proposition viendrait peut-être d'elle-même. La perche était tendue maintenant pour que Jess en rajoute une couche à mon sujet en expliquant que c’était grâce à nos leçons si elle faisait quelques progrès au piano, puisque c’était son tour de répondre à la question… C’était trop d’éloges. Je me sentis rougir. Bon... Si ça pouvait leur faire plaisir à tous... On avait vu pire comme torture. Je me levai donc, abandonnant ma tasse vide sur la petite table.
« Y a-t-il un morceau en particulier que vous souhaiteriez jouer... ou entendre ? Je connais surtout des compositeurs japonais, et quelques chansons russes qui plaisent à ma mère, mais si vous avez une partition, monseigneur Di Altiero, je n'aurai pas trop de difficulté à suivre le rythme. »
Je me demandais tout à coup si cela ne gênait pas justement que je fasse partie de ce clan détesté de tous, nous n’avions pas vraiment abordé la question, mais ce n’était pas encore le moment d’en parler davantage, nous pouvions profiter de ce moment léger. Je suppose que Jess lui avait expliqué sobrement la situation, de toute façon, ou qu’il s’était informé un minimum. La disparition de mon père était une vieille affaire maintenant. Je suivis le prince italien jusqu'au piano où nous pouvions nous installer pour jouer. Peut-être que nos fiancées se joindraient à la fête au moins pour ajouter quelques paroles à la mélodie ? Les premières notes sonnaient peut-être un peu plus dures qu'elles ne l'auraient dû, à cause de la proximité avec ce chef de clan peu commun, et très différent de l’image que je m’étais faite après les menaces appuyées du tuteur de Jessica, qui semblait persuadé que nous n’aurions jamais gain de cause. Je réussis bien vite à oublier ma nervosité pour me perdre dans la musique et retrouver une harmonie plus juste et fluide. C’est un peu embarrassé que je devais me rendre à l’évidence.
« Pas trop mal, comme je le disais. »
Cette fois-ci, je réussis à rire en toute sincérité, mon premier vrai sourire depuis que j'avais mis les pieds ici. Je n'aurais pourtant pas dû avoir le sentiment d'étouffer dans le grand air du jardin, mais entre les convenances de mon éducation et ma méfiance naturelle, on peut dire que les choses s'étaient mieux déroulées que cela n'aurait pu être le cas, jusqu'à maintenant.
Jess Duchannes#103633#103633#103633#103633#103633#103633#103633
Vampire Level B - Clan di Altiero
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Ven 3 Avr 2020 - 20:00
« J’ai joué du violoncelle lorsque j’étais en France, je n’y ai pas touché depuis. Par contre, Sachio m’aide à progresser au piano justement. Il fait preuve d’une grande patience.
Mademoiselle, si vous le désirerez, la prochaine fois, je pourrais vous accompagner. Si vous n’avez pas peur d’entendre un massacre, bien évidemment. »
Je souriais à mon fiancé, satisfaite de la tournure des évènements. Il me le ferait payer d’une façon ou d’une autre, ce n’était pas très grave. Je n’irais pas m’en plaindre. Pour l’heure, ce qui m’importait, c’était que nous passions un doux moment. Que chacun apprenne des autres. Nous étions quatres protagonistes venant tous de différents pays. Nous avions réussi à réunir pour l'occasion de ce chaleureux après-midi trois clans. Si ce n’était pas un signe de bonne augure cela !
« En attendant, je n’ai rien contre un petit concert privé. »
Le simple fait de voir Sachio au côté du prince italien me donnait espoir. De part notre rang à tous les deux, nos aînés se réserverait le droit de nous laisser nous marier ou non. J’osais espérer qu’avec Alessio-sama de notre côté, mon fiancé trouve enfin un quelconque soulagement. Après tout, celui que je considérais comme mon frère était du même sang que le level A, et il ne m’avait jamais déçu, jamais il n’avait eu à me mettre en garde contre son aîné. J’avais mes propres torts, comme ceux d’avoir écouter Elliot toutes ses années. Plus mon affection pour le signore Altiero grandissait, plus celle pour mon mentor chutait. Je n’arrivais pas à chasser cette amertume dans mon coeur, je me sentais quelque peu… trahie qu’il m’ait ainsi menti.
D’un revers, je chassais cette mélancolie passagère, aujourd’hui était synonyme d’avenir. Je n’avais pas eu à commenter l’échange entre les deux hommes quant au talent d’artiste de mon aimé. Je n'avais eu aucune arrière pensée en conduisant Sachio ici, sauf celle qu’il soit accepté bien évidemment, alors je ne pouvais qu’être comblée devant cette cohésion naturelle entre eux.
Volontairement, je restais en retrait, ayant déjà ma place parmis les miens, je laissais ma moitié se débrouiller. C’était un homme d’une timidité aussi grande que son intelligence, mais quand il acceptait de s’ouvrir au monde, comme il le faisait à travers l’art, il brillait. Pourquoi ne s’en rendait-il pas simplement compte? Un jour peut-être m’écoutera-il à ce sujet… en attendant, je le laissais nager seul dans le grand bain, jamais très loin.
Pendant que ces messieurs s'installaient devant l’instrument, je tendis ma main vers Von Reizel-sama, naturellement pour l’inviter à les suivre. Je me mis un coup de pied mentalement… Jess es-tu stupide à ce point? D’une main légère posée sur son coude, je lui faisait sentir mon soutien, si elle en avait besoin. Malgré mon âge, je n’avais jamais connu quelqu’un dans sa condition, et l’étiquette ne nous préparait pas à ce genre de situation. J’essayais alors d’être simplement gentille, comme je l’aurais fait en temps normal, mais en lui montrant bien que si elle le désirait, je serais là pour l’accompagner.
« Préférez-vous que nous nous approchions? »
Je me pliais simplement au souhait de la jeune femme. J’en profitais ainsi pour l’observe une seconde, à son insue c’est vrai. Elle était d’une beauté rare, à en faire jalouser plus d’une et je sentais par la force des choses qu’elle était aussi immaculée dans l’âme. Elle ressemblait presque à un ange. Je ne saurais dire si c’était de par son regard, certes dans le vide, mais sans obscur lueur.
Lorsque nos fiancés se mirent à jouer, j’étirais un large sourire, chassant une larme en papillonnant rapidement des cils pour la cacher. Je fermais alors les yeux, pour simplement profiter de la mélodie. Il m’était tellement évident de reconnaître les notes de mon maître et celle de mon prince. C’était imparfait, c’est vrai, mais c’était réel. Me concernant, pour ne pas gâcher leur harmonie, je ne m’amusais pas à chantonner, pas une seule fois, surtout si la demoiselle Von Reizel avait le don du chant. J’espérais que mon manque de talent artistique la ferait rire avec le temps.
Une fois la mélodie achevée, je me joignais au rire de Sachio, levant le yeux au ciel alors que je lui tendais une main pour le féliciter chaleureusement. Bien entendu, je complimentais aussi notre hôte qui avait choisi une bien belle partition pour cet exercice.
Cependant avant que nous puissions enchaîner sur autre chose, le téléphone de Sachio vibra dans sa poche. Discrètement, il s’occupa simplement de le couper mais la seconde suivante, c’était le mien qui sonnait. Hmm. C’était mauvais signe.
« Pardon, Alessio-sama, Von Reizel-sama… Sachio, c’est ton frère. »
Sans perdre une seconde, je lui tendais l’écran afin qu’il réponde. A simplement voir les traits de son visage tendus, je savais qu’il y avait un soucis avec sa mère. Confuse, je me retournais vers le maître des lieux et faisais comme diversion. Je préférais jouer la transparence avec Alessio-sama et expliquais alors que ma futur-belle mère était… très malade.
Très rapidement, Sachio coupa court, l’oeil brillant. Je pouvais voir une tornade d’émotions le traverser. Il était en colère, désolé, gêné et inquiet. Bien trop pour un seul homme. Alors, le visage incliné vers le bas, il présenta ses excuses à nos aînés.
« Rien ne m’aurait fait plus plaisir que de poursuivre, monseigneur Di Altiero, milady Von Reizel mais il faut que je rentre au chevet de ma mère. »
A peine eut-il fini qu’il me lança un léger sourire, amer mais doux.
« Peux-tu rester? En notre nom, ma chère?... »
Ma première réaction avait bien évidemment été de refuser pour l’accompagner auprès de Sae mais son regard me suppliait presque. En notre nom. Notre nom. Cela ne voulait rien et tout dire. Surtout pour moi. J'apprenais à être là où il ne pouvait pas être quand lui faisait de même. C’était le rôle que nous voulions donner à l’autre. La confiance mutuelle pour le projet de notre avenir ensemble. Ce n’était pas comme si je risquais quoique ce soit ici non plus et je ne vois pas en quoi j'étais utile là bas...
Avec grâce et discrétion, il présenta une dernière fois ses hommages aux sangs purs avant de poser ses lèvres sur mon front et de filer sans plus de cérémonie. Je ne savais pas trop quoi en penser. Pour qu’il nous quitte de cette façon, cela devait être assez grâve. S’il n’avait pas émis son souhait de filer seul, je l’aurais suivi sans hésitation.
A mon tour, je m’inclinais respectueusement devant Alessio-sama et sa promise pour… m’excuser une nouvelle fois pour lui...? Je remerciais les cieux d’avoir fait de moi une Di Altiero pour avoir un homme aussi compatissant et altruiste que l’était Alessio.
Alessio O. Di Altiero#103825#103825#103825#103825#103825#103825#103825
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Mer 15 Avr 2020 - 18:06
La surprise qui se peint sur le visage du jeune Aoki est sincère. Il ne s’attendait en rien à ma proposition de mécénat. Après des remerciements venant de son cœur, il affirme que cela lui ferait plaisir de m’offrir une toile et si j’ai une idée particulière à lui soumettre. Je me contente de sourire.
« - Je n’ai pas d’idée particulière non, j’aime être surpris. Et au vu de votre talent, je vous laisse libre dans votre créativité. Qui suis-je pour vous diriger dans vos choix artistiques ? Vous avez carte blanche. »
Je ne peux que concéder à ce jeune homme que la harpe, dont joue ma promise, n’est pas un instrument des plus fréquent. Cependant au sien de l’aristocratie vampirique, il est encore fort rependu, du moins parmi mon clan. Jess complète cette parenthèse en ajoutant qu’elle sait jouer du violoncelle, mais que cela fait un moment qu’elle n’en joue plus. Ainsi qu’elle a commencé les cours de piano avec son fiancé justement. Elle est donc plus que bien placée pour parler de ses talents musicaux.
En revanche, apprendre que ma douce Anna Lena chante est une surprise. Ce qui ne le devrait pas au vu de l’éducation classique qu’elle a dû recevoir. L’entendre chanter serait peut-être difficile au début, mais comme la jeune Manabu a pu me le dire, il est temps que je laisse partir mon Irys. Je l’ai aimé passionnément et lui suis resté fidèle malgré sa perte. Je sais qu’elle aurait souhaité que je reprenne ma vie et connaisse à nouveau le bonheur. Je crois que cela sera possible auprès de ma mie. En tout cas, je le souhaite ardemment et pour ce faire je suis prêt à faire tous les efforts nécessaires.
Ma fiancée est enthousiaste à l’idée de nous entendre jouer pour elles deux, tout comme Jess. Je la soupçonnerai de mettre son homme à venir en avant pour prouver qu’il n’y a aucun risque à leur mariage. Il va falloir que je me décide à la rassurer, il ne ressemble en rien à l’un des fanatiques du clan russe. Sa demande de partition est logique et j’y réfléchis un instant. Il doit y en avoir dans la salle de musique, peut-être même sur le pupitre du piano d’ailleurs. Pourtant un point me chagrine. Autant le piano doit être en état de marche et accordé, autant mes instruments j’émets des réserves surtout sur mon Alto.
« - Nous devrions trouver notre bonheur dans la salle de musique, mon jeune ami. Si vous voulez bien me suivre. »
Je me lève et guide mes invités jusqu’à la salle où nous allons improviser un petit concerto. En y entrant, je constate qu’Hiroaki est toujours aussi prévenant et qu’il a non seulement ouvert les panneaux sur le jardin extérieur, semblable a celui d’intérieur mais plus grand, mais aussi sortis mon Hautbois de son écrin tout comme ouvert le piano. Cet homme doit être télépathe, il faudra que je lui pose la question à l’occasion.
Je sors une partition pour piano et hautbois d’un lutin et les dépose sur le pupitre sur pied et celui du piano. Le jeune Aoki s’installe alors devant les touches noires et blanches, pendant que le porte mon instrument à mes lèvres. D’un commun accord muet, nous commençons à jouer la mélodie douce et chaleureuse écrite jadis par Schumann. C’est un duet convenant parfaitement à cette occasion.
A la fin de notre duo, sa modestie s’empare à nouveau de lui. Il joue plus que « pas trop mal » à mon sens. Néanmoins le fait qu’il réussisse à en rire et sourire est une excellente chose. Cela signifie qu’il se détend un peu et qu’il se sent relativement bien en notre compagnie. Cela confirme en tout point ce que la sœur de cœur de mon petit frère a pu m’en dire auparavant. Elle-même d’ailleurs rit, et leurs rires s’harmonisent fort bien. Peut-être ai-je eu des craintes pour peu de chose finalement, ce jeune homme semble bien sous beaucoup de rapport, bien qu’il doive avoir lui aussi sa part d’ombre. Comme tout à chacun, personne n’est parfait, le squelette du placard n’est jamais bien loin.
« - Vous êtes bien trop modeste pour votre propre bien. Jess a raison, vous jouez très bien du piano. »
Avant qu’il n’ait pu objecter quoi que ce soit à mes dires, son téléphone se met à vibrer. Sans réponse de sa part, c’est rapidement derrière que celui de Jess sonne. Il semble que le frère du jeune Aoki cherche à le joindre, probablement pour quelque chose d’important. Les mimiques faciales de son fiancé informent Jess du souci il semble, puisqu’elle est confuse et s’empresse de nous expliquer la situation. Ainsi donc la mère de son fiancé est malade, étrange pour une vampire mais il est possible que ce soit un mal de l’esprit, relativement présent parmi les nôtres. Le coup de fils est bref, mais intense au vu du regard brillant de mon invité.
« - Rien ne m’aurait fait plus plaisir que de poursuivre, monseigneur Di Altiero, milady Von Reizel mais il faut que je rentre au chevet de ma mère. »
J’acquiesce d’un hochement de tête. Je peux comprendre son inquiétude, ainsi que sa préoccupation pour sa mère, bien que je ne ressente en aucun cas la pareil envers la mienne. Cependant je n’agirai pas autrement que lui, s’il s’agissait de ma sœur ou de mon frère. Je l’ai même déjà fait par le passé, froissant très certainement quelques aristocrates avec qui j’étais en ces moments.
Le fait qu’il demande à Jess de rester en leur nom prouve qu’il désire, au moins autant qu’elle, à l’approbation que je pourrai donner. Un juste partage des tâches, et des présences, entre eux est judicieux. Cela signifie qu’ils s’estiment l’un et l’autre, se respectent grandement et n’ont pas de barrière liée à des considérations moyenâgeuses. J’apprécie cette ouverture d’esprit. Avant de partir, il s’excuse une nouvelle fois.
Seul Jess reste avec ma fiancée et moi-même désormais. Elle s’incline à nouveau devant nous, je sens que c’est pour excuser une nouvelle fois le départ précipité de son aimé. Elle n’a pourtant pas à le faire, n’étant point responsable de la situation. Ce qui d’ailleurs me fait m’interroger sur la véracité de celle-ci. La raison invoquée je peux la comprendre et la concevoir mais ... est-ce la réalité ou un mensonge savamment dissimuler pour s’échapper et vaquer à une tâche autre ? Le clan Izbranov est connu, largement d’ailleurs, pour ses duperies et son fanatisme. Rien ne me prouve, même si j’ai une bonne impression pour le moment, qu’il n’est pas un fervent partisan de sa cheffe de clan. Peut-être même qu’il dissimule certains aspects de lui-même à Jess. La question reste donc entière et à creuser. Peut-être devrais-je voir à le faire suivre et surveiller pour en apprendre d’avantage ...
« - Ne t’excuse donc pas Jess, tu n’y es pour rien. Et puis parfois il y a des impératifs que l’on ne maîtrise en rien, nous forçant à faire des choix dans nos obligations. Je le comprends parfaitement, pour l’avoir déjà fait moi-même. »
Je n’irai pas plus loin. Mon avis sur son aimé n’est pas encore fait totalement et je préfère ne surtout pas lui offrir de faux espoirs si d’aventure je découvrais quelque chose me faisait mettre un veto à cette union. Il était donc temps de réorienter la discussion sur de nouveaux sujets. Pourquoi pas l’évasion littéraire ?
« - Dites-moi, belle donne, quel genre d’aventure littéraire vous attire et vous permet de vous évader ? Je vous le concède l’évasion est souvent bien trop courte, mais elle peut être très plaisante.
Pour ma part, beaucoup de genre me plaise, mais j’ai une préférence pour les romans dit de fantasy et thriller. Je trouve absolument remarquable l’imagination foisonnante des auteurs de fantasy. Surtout lorsqu’ils essaient de décrire notre race, ou celle des lycans ou encore celle ancienne et perdue des sorciers. Il ne faut pas oublier la variété impressionnante de pouvoirs et capacités possibles pour le ou les héros. Les thrillers sont plus ... abruptes, moins féérique, et demande une autre sorte d’imagination. Probablement plus ... bestiale et qui rappelle, muettement, que n’importe qui possède une part d’ombre. Certains l’expriment alors que d’autres non, et les enquêtes qui entourent l’évènement initial sont généralement bien écrite, me donnant l’impression d’être partie prenante du procès.
Ce qui me fait penser à vous mia dolce Anna Lena. Avez-vous déjà eu l’occasion de profiter d’un ouvrage contemporain dans sa version audio ? Cela donne une ambiance particulière à l’œuvre, et cela vous plonge peut-être encore plus rapidement dans son intrigue. »
Sur cette dernière interrogation, je retrouve mon mutisme et écoute avec plaisir et bienveillance leurs réponses. Une chose qui ne se dément pas avec le temps : l’art est toujours un sujet multiple et passionnant.
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Dim 19 Avr 2020 - 19:02
« Ce serait avec plaisir, Mademoiselle, » répondis-je à sa proposition de duo avec un large sourire.
J’espérais entendre un jour son violoncelle également. C’était un instrument si doux et expressif, et il se mariait si bien avec la harpe. J’aurais aimé jouer aussi aujourd’hui, comme le suggérait Monsieur Aoki, mais il n’y avait pas de harpe ici. Cela m’aurait probablement embarrassée, car je n’avais que peu joué pour d’autres personnes que mon très réduit entourage proche, mais la musique, contrairement à nombre de choses, était une activité que je pouvais facilement partager avec autrui sans me sentir distancée malgré mon handicap. Je vivais actuellement en dilettante, mais si j’avais dû travailler un jour pour subvenir à mes besoins, j’en aurais probablement fait mon métier. Ayumi avait engagé une jeune humaine pour me servir de professeur une fois, l’occasion d’une master-classe, une pianiste russe qui était apparemment connue dans le monde entier. Elle était aveugle comme moi, et pourtant, elle voyageait aux quatre coins du monde pour faire entendre aux gens sa musique. J’avais même cru comprendre que son handicap trouvait même grâce aux yeux de son public, qui ne l’admirait que plus de jouer aussi bien malgré sa cécité. Cette idée m’avait tout à fait fascinée. C’était la première fois que j’entendais qu’on pouvait attirer quelqu’un pour son handicap et non malgré son handicap. Cela avait une certaine poésie. Si je n’étais obligée de rester ici, à Nakanoto, j’aurais aimé partir étudier en Europe, que ce soit en Italie, en France, ou en Allemagne, comme tous les musiciens japonais qui voulaient progresser plus avant. Peut-être même les trois. Nous autres vampires avions une longue vie et paraissions toujours avoir l’âge d’un étudiant. J’aimais à penser que c’était ce qui se serait passé si mon père ne m’avait pas exilé au Japon.
Tandis que nous nous levions pour gagner le salon de musique, je perçus un mouvement de la part de Mademoiselle Duchannes dans ma direction. Cependant, mes sens n’était pas assez précis pour pouvoir déterminer sa nature. Je pouvais discerner beaucoup de choses. Malgré l’absence de ma vue, mes autres sens étaient extrêmement développés, au point qu’Ayumi ignorait s’il s’agissait d’une évolution naturelle due à la défaillance d’un d’entre eux ou un réel pouvoir de sang-pur. En me concentrant, j’aurais même pu entendre le son d’un pétale de cerisier touchant le sol à quelques mètres de là. Cela me permettait également de ressentir les déplacements de l’air autour de moi et de me faire une carte mentale de ce qui m’entourait. Les objets fixes étaient facile à percevoir. Pour peu que je ne me déplaçasse pas trop vite, j’évitais facilement les obstacles, et je percevais les mouvements des personnes de manière assez vague. Je les identifiais généralement grâce aux sons qui leur était associés, comme le bruit de la tasse qu’on repose sur son socle, par exemple. Évidemment, les détails des sculptures ou les visages nécessitaient que je les touchasse pour affiner ma perception. Les déplacements de l’air avaient leur limite. Et les couleurs étaient un royaume que je ne connaissais que dans mes rêves magiques.
A force de rendre visite à mon fiancé, je pouvais me déplacer dans sa demeure avec beaucoup de naturel. Je laissai cependant ma nouvelle amie me guider, sans pour autant ralentir exagérément le pas. J’espérais que nous serions amenée à nous revoir, et elle aurait tout le temps de comprendre ma manière de fonctionner. En attendant, il s’agissait d’une attention délicate de sa part qui me faisait chaud au cœur. J’aimais beaucoup le salon de musique. On pouvait ouvrir tout un mur aux beaux jours, apportant dans la pièce les chants des oiseaux et les fragrances florales du jardin. J’écoutais les deux hommes jouer le sourire aux lèvres. Monsieur Aoki sembla se détendre au fur et à mesure de sa prestation, agissant avec de plus en plus de spontanéité. Certes, il y avait quelques coquilles, mais si au début il butait dessus, plus il progressait dans le morceau, plus il enchaînait comme si de rien était, pour le plaisir de nos oreilles. Ce n’était pas la première fois que j’entendais jouer Monseigneur Alessio, mais j’en avais eu encore peu d’occasions. Il était modeste quand il parlait de son jeu, mais il était doué. Je ne chantai pas, malgré mon envie de participer. Je ne pouvais évidemment pas lire de partition, mais je travaillais toujours avec des modèles audio que j’apprenais par coeur, et je n’étais pas très portée sur l’improvisation. Pas que je n’aimasse pas cela, mais j’étais très maladroite quand je m’y essayais. Je me laissais porter par la musique. Je souris doucement avec bonheur et applaudis tandis que tous éclataient de rire. C’était pour de tels moments que j’étais heureuse d’être enfin autorisée à sortir du domaine Hakuran. Il y avait des instants qui mettaient le cœur en joie et qui resteraient probablement longtemps, longtemps dans ma mémoire.
Je perçus soudain la vibration d’un téléphone en direction de Sachio Aoki. Il dut rejeter l’appel car elle s’arrêta bien vite. Cependant, celui de son amie se mit à sonner. J’affichai un visage soucieux. Le ton de Mademoiselle Duchannes quand elle passa le téléphone à son fiancé était chargé d’inquiétude. Cela ne me disait rien qui vaille. Sans le vouloir, mon ouïe fine perçut les mots qui sortaient du combiné, bien que son propriétaire eût vite raccroché. Sa mère allait mal, très mal, mais ce n’était pas le genre de maladie qui forçait les gens à rester alités. Je baissai la tête, gênée. J’aurais préféré lui laisser un peu d’intimité, mais je ne pouvais contrôler ma capacité à percevoir les sons, même faibles.
« Je vous en prie, Monsieur Aoki. J’espère que ce n’est pas trop grave. Nous aurons tout le temps de nous revoir une autre fois, je l’espère. »
Je sentais dans la manière de sa compagne de se pencher inconsciemment dans la direction où il partait son envie de le suivre malgré sa demande. Je ne voyais pas l’expression de son visage, mais parfois, les sensations en disaient plus que la vue. L’aristocrate resta malgré tout. Je ne connaissais pas ma mère. Ayumi m’avait dit qu’elle m’avait sauvé la vie à ma naissance, quand mon père avait annoncé son intention d’effacer mon existence. Elle n’était jamais venue me voir, mais je supposai qu’elle m’aimait au moins un peu. Moi je l’aimais, pour ce cadeau qu’elle m’avait fait, celui de vivre malgré tout. J’aurais été fort chagrinée d’apprendre quelque problème que ce fût à propos de sa santé, d’autant qu’il paraissait que Reika Ryan, sa sœur, avait quelques problèmes mentaux. Mais je ne pouvais imaginer ce que cela pourrait faire quand on se sentait proche de la personne.
J’acquiesçai aux paroles de mon futur époux. S’excuser n’était pas nécessaire. Aucun mal n’avait été fait. N’était-il pas normal de voler aux côtés de ceux que l’on aimait lorsqu’ils rencontraient des problèmes ? Le chef de clan changea aussitôt de sujet pour alléger l’atmosphère, ce que j’accueillis avec soulagement. J’ignorais comment réconforter autrui. Je n’avais jamais eu à le faire et ce ne serait donc probablement pas mon fort. Et si j’aggravais les choses au lieu de les améliorer ?
J’aimais les livres. Tous les livres. Mais mes romans favoris étaient les histoires d’aventures, que ce fût dans un monde fantasmé ou dans le nôtre. J’y découvrais en même temps que leurs héros quantité de choses. Mon environnement se limitant à Nakanoto, et surtout essentiellement au domaine Hakuran, j’avais besoin d’en savoir plus, de comprendre. Je n’étais même jamais allée me promener dans la forêt, qui entourait pourtant mes jardins et les parfumait d’une agréable odeur sauvage de conifères.
« Non, jamais. Ma dame de compagnie ou mes servantes me font la lecture. Mais si vous m’en proposez un, ce serait un plaisir de le découvrir. Est-ce qu’il y a d’autres éléments que la voix dans l’enregistrement, pour que l’ambiance soit si particulière ? »
J’avais le sentiment de tout de même préférer l’entendre de la part de mes proches plutôt que d’une machine. J’avais tant de bons souvenirs où Ayumi me lisaient ces livres tandis que je brodais ou imaginais les évènements en rêvassant.
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