Page 2 sur 2 • 1, 2
Invité
Invité
Dim 3 Nov 2019 - 22:32
Elle aurait pu le deviner, si elle avait attention à sa posture recroquevillée, la tête enfoncée sur ses épaules. Tout simplement parce qu'elle n'avait pas cherché à se débattre, ni même à se dégager d'un seul centimètre que ce soit. Non, elle était restée figée, immobile, dans l'attente que le prédateur ne termine son sale tour.
Anzu ne pouvait décemment pas rattraper son attitude face à ce cœur blessé dont elle avait ravivé les sombres morceaux flottant dans ses tréfonds. Mais en fin de compte, ce comportement reflétait également ce qu'elle représentait, derrière ce doux visage, se camouflaient de mauvais présages. La louve lui avait livré, une facette qu'elle cachait aux yeux de tous pour qu'elle puisse prendre conscience de l'invitée dont elle avait acceptée la présence. C'était encore une chance qu'Anzu sache faire la part des choses quand d'autres de ses congénères se laissaient troubler par leur puissance, quitte à tuer sans ménagement. Ses semblables, même si cela lui écorchait la langue, n'avait rien à envier aux humains ou aux vampires -ou toutes choses vivantes- à ce sujet. Il existait des bombes à retardement, prête à exploser en plein vol et embarquer des vies innocentes avec eux, virus, ou pas virus.
En attendant, la pharmacienne se décrispa, à cette confession poignante, dont elle ne pouvait ressentir que de la compassion mais également, du dégoût. Elle n'avait jamais eu ce genre de problème et n'en ferait jamais l'expérience. Sauf si un être plus fort qu'elle le souhaitait impunément. Avec sa condition, elle n'avait pas réellement songé à cette possibilité d'être un jour la proie, grâce à la place généreuse que lui offrait la nature au sein de la chaîne alimentaire dont elle surplombait le sommet. Enfin, jusqu'à présent, tout du moins, parce qu'avec ce virus, on pouvait bien admettre qu'à ce jour, il arborait une forme de démon invisible prêt à s'emparer de ses moindres connexions.
-Je vois. Répondit-elle. Personne ne devrait avoir à subir ça.
Elle ne pouvait pas dire qu'elle comprenait, seulement qu'elle voyait là où elle souhaitait en venir, pour plus de pudeur à son égard. De plus, Anzu ne trouvait pas quoi ajouter de plus, si ce n'était un court silence pour expier son comportement, qu'elle ne regrettait pas pour autant. Ça lui permettrait de juger elle-même du sort qu'elle réservait au lien fragile avec cet être nocturne.
-Je ne recommencerai pas, Anja-san. Je te présente également mes excuses.
Elle était sincère. Ce petit jeu maudit leur aura suffi à toutes les deux. Mais plus encore, elle en avait appris un peu plus sur cette humaine sans véritablement l'avoir désiré, ce qui en soi, lui permettait de mieux l'appréhender.
-Je reste d'ailleurs étonnée que tu ne sois pas déjà occupée à me demander de sortir. Tu pourrais, pourtant. J'obtempérerais.
Peut-être avait-elle déjà choisi, même si cela continuait de la surprendre, de la laisser sous son toit ? N'importe qui d'autre aurait pris la fuite, lui aurait hurlé dessus. Mais, pas cette jeune mortelle, que l'être surnaturel fixait du coin de l’œil, les bras croisés. Son hôte se frottait nerveusement le bras comme pour effacer cette conversation de cette pièce avant que sa mémoire ne la rattrape trop violemment.
Mais elle lui offrait la possibilité d'aller à des souvenirs plus agréables, à ceux qui rejoignaient la reine dont elle parlait. Elle l'écoutait attentivement mais chaque bride rapportait la louve à une autre réalité, d'autant plus oppressante. Ses doigts grippèrent ses avant-bras qu'elle serrait plus fort suite à cette description déroutante.
-Mais qui fréquentes-tu donc ? Souffla la jeune femme comme pour elle-même, même si son intonation laissait suggérer qu'elle avait déjà un morceau de sa réponse.
La cour, la noblesse hautaine, le passé, le présent. Une seule possibilité s'offrait à sa vision, imagée par le visage de Sachio-san dont la chevelure blonde narguait le vent. Non, impossible. Cette femme avait donc eu l'occasion de nager avec ces requins ? Mais quand ? A quelle occasion ? Une reine. Cette impression de grandeur, dans ce simple mot. Une reine de sang. Sa main vint alors balayer l'air devant son visage décontenancé comme pour chasser cette mauvaise interprétation.
Autant ne pas émettre d'hypothèse trop radicale, mieux valait-il encore ne pas l'effrayer. Il existait peut-être des gens de la haute société dans son pays qui manifestaient cette sensation chez la mortelle. Mais les éléments données troublaient quelque peu la jeune femme. Elle avait l'intime conviction que la brebis s'était égarée dans un champ infesté de crocodiles, mais elle n'en pipa pas mot.
-Tu vas apprendre, Anja-san. Il est légitime de ne pas tout connaître dans ce monde empli de mystères, tous plus désobligeants les uns que les autres.
Ses pas glissèrent en direction de la pianiste, prenant soin de la contourner, ne laissant qu'à ses narines une brise subtile de fleur d'oranger en passant à côté. Ses genoux se plièrent pour prendre la place de la maîtresse sur son petit tabouret devant le piano, joignant les mains au creux de ses cuisses. Telle une confession, qu'elle s'apprêtait à dévoiler, ses traits devinrent plus grave, facilement traductible dans sa voix, cette fois, mal assurée.
-Pour bien des êtres, tu es susceptible d'être une proie. La preuve avec ce vampire qui s'est jeté sur toi. Mais... Elle suspendit son souffle en l'air, pour bien déposer ses mots sur le plancher. J'ai bien conscience, qu'il est amer et ridicule de réduire votre population à ce statut. Je ne tiens pas les humains dans mon âme, c'est un fait. Toutefois, je me sens capable d'en découvrir une qui me semble intègre et entière. Et qui sait donner, en plus.
La vue de la musicienne ne lui permettait pas, mais Anzu souriait doucement, comme si elle s'ôtait un poids dans une légère délivrance suite à cette petite révélation.
-J'avais envie de dépasser mes rancœurs, comme tu tentes de diminuer ton ignorance en cherchant à comprendre avec bienveillance. Certes, aussi avec maladresse, mais tu essaies, au moins. Puis il serait bien incongru de t'en vouloir, je suis tout aussi maladroite.
Elle soupira, avant de poser son doigt sur le clavier et en faire chanter une note au hasard.
-Je ne suis qu'une idiote, parfois. J'essaie de me lier au monde mais malheureusement je ne sais que m'en découdre. Tu es finalement bien patiente avec un individu comme moi.
Silence.
-Anja-san. Je ne suis pas une des compagnie les plus agréables, mais, je sais me montrer fiable. Si un jour tu en as besoin, je pourrais me montrer présente pour laver mon affront.
Lentement, elle se redressa pour venir se tenir devant la pianiste. Puis, dans un mouvement de grâce, elle se pencha sur son front pour y déposer un baiser du bout des lèvres, de sa bénédiction de bête effrayante aux dents acérées mais dont le cœur se soulevait pour contrer ses propres faiblesses. Pour ne pas occuper son espace plus longtemps, elle fit un pas en arrière, bien assez loin pour ne pas s'imaginer qu'elle lui fera une autre scène obscène.
-Les loups savent glacer le sang, mais ils savent aussi tenir chaud.
Anzu ne pouvait décemment pas rattraper son attitude face à ce cœur blessé dont elle avait ravivé les sombres morceaux flottant dans ses tréfonds. Mais en fin de compte, ce comportement reflétait également ce qu'elle représentait, derrière ce doux visage, se camouflaient de mauvais présages. La louve lui avait livré, une facette qu'elle cachait aux yeux de tous pour qu'elle puisse prendre conscience de l'invitée dont elle avait acceptée la présence. C'était encore une chance qu'Anzu sache faire la part des choses quand d'autres de ses congénères se laissaient troubler par leur puissance, quitte à tuer sans ménagement. Ses semblables, même si cela lui écorchait la langue, n'avait rien à envier aux humains ou aux vampires -ou toutes choses vivantes- à ce sujet. Il existait des bombes à retardement, prête à exploser en plein vol et embarquer des vies innocentes avec eux, virus, ou pas virus.
En attendant, la pharmacienne se décrispa, à cette confession poignante, dont elle ne pouvait ressentir que de la compassion mais également, du dégoût. Elle n'avait jamais eu ce genre de problème et n'en ferait jamais l'expérience. Sauf si un être plus fort qu'elle le souhaitait impunément. Avec sa condition, elle n'avait pas réellement songé à cette possibilité d'être un jour la proie, grâce à la place généreuse que lui offrait la nature au sein de la chaîne alimentaire dont elle surplombait le sommet. Enfin, jusqu'à présent, tout du moins, parce qu'avec ce virus, on pouvait bien admettre qu'à ce jour, il arborait une forme de démon invisible prêt à s'emparer de ses moindres connexions.
-Je vois. Répondit-elle. Personne ne devrait avoir à subir ça.
Elle ne pouvait pas dire qu'elle comprenait, seulement qu'elle voyait là où elle souhaitait en venir, pour plus de pudeur à son égard. De plus, Anzu ne trouvait pas quoi ajouter de plus, si ce n'était un court silence pour expier son comportement, qu'elle ne regrettait pas pour autant. Ça lui permettrait de juger elle-même du sort qu'elle réservait au lien fragile avec cet être nocturne.
-Je ne recommencerai pas, Anja-san. Je te présente également mes excuses.
Elle était sincère. Ce petit jeu maudit leur aura suffi à toutes les deux. Mais plus encore, elle en avait appris un peu plus sur cette humaine sans véritablement l'avoir désiré, ce qui en soi, lui permettait de mieux l'appréhender.
-Je reste d'ailleurs étonnée que tu ne sois pas déjà occupée à me demander de sortir. Tu pourrais, pourtant. J'obtempérerais.
Peut-être avait-elle déjà choisi, même si cela continuait de la surprendre, de la laisser sous son toit ? N'importe qui d'autre aurait pris la fuite, lui aurait hurlé dessus. Mais, pas cette jeune mortelle, que l'être surnaturel fixait du coin de l’œil, les bras croisés. Son hôte se frottait nerveusement le bras comme pour effacer cette conversation de cette pièce avant que sa mémoire ne la rattrape trop violemment.
Mais elle lui offrait la possibilité d'aller à des souvenirs plus agréables, à ceux qui rejoignaient la reine dont elle parlait. Elle l'écoutait attentivement mais chaque bride rapportait la louve à une autre réalité, d'autant plus oppressante. Ses doigts grippèrent ses avant-bras qu'elle serrait plus fort suite à cette description déroutante.
-Mais qui fréquentes-tu donc ? Souffla la jeune femme comme pour elle-même, même si son intonation laissait suggérer qu'elle avait déjà un morceau de sa réponse.
La cour, la noblesse hautaine, le passé, le présent. Une seule possibilité s'offrait à sa vision, imagée par le visage de Sachio-san dont la chevelure blonde narguait le vent. Non, impossible. Cette femme avait donc eu l'occasion de nager avec ces requins ? Mais quand ? A quelle occasion ? Une reine. Cette impression de grandeur, dans ce simple mot. Une reine de sang. Sa main vint alors balayer l'air devant son visage décontenancé comme pour chasser cette mauvaise interprétation.
Autant ne pas émettre d'hypothèse trop radicale, mieux valait-il encore ne pas l'effrayer. Il existait peut-être des gens de la haute société dans son pays qui manifestaient cette sensation chez la mortelle. Mais les éléments données troublaient quelque peu la jeune femme. Elle avait l'intime conviction que la brebis s'était égarée dans un champ infesté de crocodiles, mais elle n'en pipa pas mot.
-Tu vas apprendre, Anja-san. Il est légitime de ne pas tout connaître dans ce monde empli de mystères, tous plus désobligeants les uns que les autres.
Ses pas glissèrent en direction de la pianiste, prenant soin de la contourner, ne laissant qu'à ses narines une brise subtile de fleur d'oranger en passant à côté. Ses genoux se plièrent pour prendre la place de la maîtresse sur son petit tabouret devant le piano, joignant les mains au creux de ses cuisses. Telle une confession, qu'elle s'apprêtait à dévoiler, ses traits devinrent plus grave, facilement traductible dans sa voix, cette fois, mal assurée.
-Pour bien des êtres, tu es susceptible d'être une proie. La preuve avec ce vampire qui s'est jeté sur toi. Mais... Elle suspendit son souffle en l'air, pour bien déposer ses mots sur le plancher. J'ai bien conscience, qu'il est amer et ridicule de réduire votre population à ce statut. Je ne tiens pas les humains dans mon âme, c'est un fait. Toutefois, je me sens capable d'en découvrir une qui me semble intègre et entière. Et qui sait donner, en plus.
La vue de la musicienne ne lui permettait pas, mais Anzu souriait doucement, comme si elle s'ôtait un poids dans une légère délivrance suite à cette petite révélation.
-J'avais envie de dépasser mes rancœurs, comme tu tentes de diminuer ton ignorance en cherchant à comprendre avec bienveillance. Certes, aussi avec maladresse, mais tu essaies, au moins. Puis il serait bien incongru de t'en vouloir, je suis tout aussi maladroite.
Elle soupira, avant de poser son doigt sur le clavier et en faire chanter une note au hasard.
-Je ne suis qu'une idiote, parfois. J'essaie de me lier au monde mais malheureusement je ne sais que m'en découdre. Tu es finalement bien patiente avec un individu comme moi.
Silence.
-Anja-san. Je ne suis pas une des compagnie les plus agréables, mais, je sais me montrer fiable. Si un jour tu en as besoin, je pourrais me montrer présente pour laver mon affront.
Lentement, elle se redressa pour venir se tenir devant la pianiste. Puis, dans un mouvement de grâce, elle se pencha sur son front pour y déposer un baiser du bout des lèvres, de sa bénédiction de bête effrayante aux dents acérées mais dont le cœur se soulevait pour contrer ses propres faiblesses. Pour ne pas occuper son espace plus longtemps, elle fit un pas en arrière, bien assez loin pour ne pas s'imaginer qu'elle lui fera une autre scène obscène.
-Les loups savent glacer le sang, mais ils savent aussi tenir chaud.
Invité
Invité
Lun 4 Nov 2019 - 16:15
Il était toujours étonnant pour Anja, de voir que les gens, humains ou non désormais, ne pouvaient comprendre. A quel point fallait-il être au dessus du lot commun, pour ignorer ce qui est ou ne pas comprendre ? A quel point les lycans dits alphas étaient, ou se pensaient, supérieurs pour ne pas voir. Et pourquoi elle-même continuait à s'étonner de la cécité des gens alors que ceux-là, le plus souvent, pouvaient réellement voir. Comment pouvait-elle simplement demander à quelqu'un capable de l’assommer d'un coup de doigt, de partir ? Comment pouvait-elle repousser quelqu'un qui avait pris autant ses aises ? Si son attitude avait été brave, de la confronter et de lever le ton, elle ne l'était pas suffisamment pour vaincre cette peur ancrée, si habituelle.
Alors, elle secoua doucement la tête, avec un léger sourire médiocre, étirant ses lèvres qui avaient enfin cesser d'être pincées.
- Ce n'est rien. J'ai été habituée, murmura-t-elle en se frottant toujours le bras, machinalement, pour reprendre d'une voix au ton plus élevé. Savez-vous de quoi vous voulez vous excuser, plus exactement ?
Juste pour voir où allait la compréhension de son acte. C'était de plus en plus étonnant, pour Anja, que de la savoir pharmacienne. Comment quelqu'un d'aussi différent, qui ne pouvait même pas imaginer ce que l'autre pouvait ressentir, pouvait vouloir soigner efficacement. De plus, ce n'était pas la première fois qu'elle avait eu un comportement ou un discours déplacé. Être gentille et offrir des baumes ne suffisaient pas. Mais sur ce sujet, ce n'était certainement pas à la pianiste de se prononcer. Elle avait déjà assez de travail à faire sur elle-même, pour vouloir s'élancer dans un sujet dont elle ignorait -et ignorerait- tout.
L'autre sujet, donc. Le sourire, à peine pensé se renforça légèrement pour devenir plus franc, presque amusé.
- J'ai bien dit que c'était un secret. Je ne suis pas celle qui devrait le dévoiler, Anzu-san.
Mais alors qu'elle allait réagir aux nouvelles paroles de la lycane, Anja l'entendit s'approcher. Directement, elle se figea, sa main se crispant faiblement sur le piano noir, la suivant de la tête, fixant en sa direction. Maintenant que l'ambiance de cette invitation avait été quelque peu ruinée par la lycane, son invitation de plus tôt à toucher à son piano n'était pas forcément maintenue. Mais pourtant, toujours, Anja se tut pour le moment. Aucune note et aucun mouvement en direction des touches peintes, elle patientait tranquillement.
Et la poétesse resta muette, offrant à Anzu de déverser les mots qui semblaient presque compliqués à sortir. Pourtant, dans ceux-là, Anja ne voyait aucune révélation particulièrement choquante. Et se savoir "exception", dans la vision de son hôte n'était pas forcément la chose la plus flatteuse qu'on ait pu lui dire. Néanmoins, au delà du geste qui la fit se figer entièrement à nouveau, il y avait quelque chose à en dire.
- Je ne suis pas sûre que maladroite soit le terme. On est maladroite, quand on fait tomber par inadvertance, un verre posé sur le coin d'une table. Pas quand on dépose ses lèvres et son souffle sur quelqu'un qui ne le désire pas. Il y a une maladresse dans des mots posés sur les mythes qui s'avèrent faux par rapport à votre réalité. Pas dans la relégation d'un autre 'individu', au statut de proie. Mais je ne vais pas vous le reprocher, non plus.
Tournée face au piano, quelques notes filèrent, sous sa main libre, comme pour occuper un instant son esprit, et évacuer par ce qu'elle connaissait et qui composait sa vie, ces derniers moments austères.
- Je ne sais pas, honnêtement, si j'aurais le courage de vous rappeler à un moment, cependant, Anzu-san. Quoi que je sois reconnaissante pour les soins, et plus encore, pour le baume que vous avez amené à nouveau. Il me sera compliqué peut-être d'aller au delà de ces derniers moments. Pourtant, dieu sait que je préférerai vous savoir présente, dispensatrice de connaissances pour effacer mon ignorance blessante. Mais peut-être pourrez-vous répondre à cette question. Pourquoi voir les humains comme des proies ? Notre viande est-elle si bonne à votre palais ?
Pour le coup, c'était une véritable curiosité. Vouloir comprendre, avec cette douce candeur qui était la sienne.
- Pourquoi vouliez-vous me comparer à un oiseau aux ailes abîmées ? Ou... Comment me voyez-vous, exactement, Anzu-san ? Et comment vous voyez-vous ?
Alors, elle secoua doucement la tête, avec un léger sourire médiocre, étirant ses lèvres qui avaient enfin cesser d'être pincées.
- Ce n'est rien. J'ai été habituée, murmura-t-elle en se frottant toujours le bras, machinalement, pour reprendre d'une voix au ton plus élevé. Savez-vous de quoi vous voulez vous excuser, plus exactement ?
Juste pour voir où allait la compréhension de son acte. C'était de plus en plus étonnant, pour Anja, que de la savoir pharmacienne. Comment quelqu'un d'aussi différent, qui ne pouvait même pas imaginer ce que l'autre pouvait ressentir, pouvait vouloir soigner efficacement. De plus, ce n'était pas la première fois qu'elle avait eu un comportement ou un discours déplacé. Être gentille et offrir des baumes ne suffisaient pas. Mais sur ce sujet, ce n'était certainement pas à la pianiste de se prononcer. Elle avait déjà assez de travail à faire sur elle-même, pour vouloir s'élancer dans un sujet dont elle ignorait -et ignorerait- tout.
L'autre sujet, donc. Le sourire, à peine pensé se renforça légèrement pour devenir plus franc, presque amusé.
- J'ai bien dit que c'était un secret. Je ne suis pas celle qui devrait le dévoiler, Anzu-san.
Mais alors qu'elle allait réagir aux nouvelles paroles de la lycane, Anja l'entendit s'approcher. Directement, elle se figea, sa main se crispant faiblement sur le piano noir, la suivant de la tête, fixant en sa direction. Maintenant que l'ambiance de cette invitation avait été quelque peu ruinée par la lycane, son invitation de plus tôt à toucher à son piano n'était pas forcément maintenue. Mais pourtant, toujours, Anja se tut pour le moment. Aucune note et aucun mouvement en direction des touches peintes, elle patientait tranquillement.
Et la poétesse resta muette, offrant à Anzu de déverser les mots qui semblaient presque compliqués à sortir. Pourtant, dans ceux-là, Anja ne voyait aucune révélation particulièrement choquante. Et se savoir "exception", dans la vision de son hôte n'était pas forcément la chose la plus flatteuse qu'on ait pu lui dire. Néanmoins, au delà du geste qui la fit se figer entièrement à nouveau, il y avait quelque chose à en dire.
- Je ne suis pas sûre que maladroite soit le terme. On est maladroite, quand on fait tomber par inadvertance, un verre posé sur le coin d'une table. Pas quand on dépose ses lèvres et son souffle sur quelqu'un qui ne le désire pas. Il y a une maladresse dans des mots posés sur les mythes qui s'avèrent faux par rapport à votre réalité. Pas dans la relégation d'un autre 'individu', au statut de proie. Mais je ne vais pas vous le reprocher, non plus.
Tournée face au piano, quelques notes filèrent, sous sa main libre, comme pour occuper un instant son esprit, et évacuer par ce qu'elle connaissait et qui composait sa vie, ces derniers moments austères.
- Je ne sais pas, honnêtement, si j'aurais le courage de vous rappeler à un moment, cependant, Anzu-san. Quoi que je sois reconnaissante pour les soins, et plus encore, pour le baume que vous avez amené à nouveau. Il me sera compliqué peut-être d'aller au delà de ces derniers moments. Pourtant, dieu sait que je préférerai vous savoir présente, dispensatrice de connaissances pour effacer mon ignorance blessante. Mais peut-être pourrez-vous répondre à cette question. Pourquoi voir les humains comme des proies ? Notre viande est-elle si bonne à votre palais ?
Pour le coup, c'était une véritable curiosité. Vouloir comprendre, avec cette douce candeur qui était la sienne.
- Pourquoi vouliez-vous me comparer à un oiseau aux ailes abîmées ? Ou... Comment me voyez-vous, exactement, Anzu-san ? Et comment vous voyez-vous ?
Invité
Invité
Lun 4 Nov 2019 - 23:36
Est-ce qu'elle se moquait d'elle ou la prenait-elle de haut ? Anzu n'en savait rien. A vrai dire, le malaise se prolongeait à mesure qu'elle restait cloîtrée ici. Si elle était là, c'était simplement pour ne pas laisser ces propos diffamer sa vision eronnée, comme si elle avait cherché à se justifier. Ou plutôt à la convaincre ? Qu'est ce qu'Anzu cherchait à lui prouver au juste ? Et qu'est ce qu'Anja souhait tirer d'elle ? Mais était-ce si important finalement ? L'habitude n'était en soi, pas une excuse pour la laisser rester ici. Elle ne comprenait pas.
-De mon comportement. Ce n'était pas assez clair ?
Ses lèvres restaient pincés, le ton redevenu brut et grinçant. Est-ce qu'elle cherchait à la pousser dans ces retranchements ou la provoquer pour la punir ? Son humeur changeait, se repliant sur elle-même comme une huître. L'envie d'écourter ces jérémiades se faisait plus pressante et cela se ressentait amèrement dans son intonation.
Son histoire d'amour passionnel ne l'intéressait plus le moins du monde. Ses muscles se tendaient dans son dos, pendant que son souffle se faisait plus court. La louve était contrariée et elle se sentait divisée entre cet empressement de brutalité qui se déversait dans ses veines ou cette volonté que de battre en retraite et retourner dormir dans sa cage.
Sa mâchoire se crispa, faisant grincer ses dents alors qu'elle écrasait un regard terrible contre l'aveugle. Ses yeux lui clamaient de la fermer, comme s'ils avaient le pouvoir de la faire basculer contre son piano pour qu'elle se taise. Se jeter sur elle pour lui balafrer le visage. Réduire ses os en poussière. Lui faire mal. Au fond d'elle, une plainte aiguë se muait comme un déchirement entre la honte et la colère. La louve ne savait que répondre à ces paroles teintées d'une vérité acide.
Une tornade virulente s'emparait de son esprit de fauve mais contre toute attente, ce vent ardent se dirigeait tout droit sur elle. Une partie d'elle se sentait bafouée et réclamait de rétorquer à cet affront de la plus virulente des manières. Mais l'autre partie, tendait à la retenir pour seulement se recroqueviller comme une enfant, pour ne pas avoir à l'entendre. Elle faisait ce qu'elle pouvait, avec ce qu'elle avait. Anzu n'avait jamais su s'exprimer autrement que dans la violence et l'intimidation. Son père lui avait inculqué ses règles.
Frappe le plus fort.
Mord le plus fort.
Griffe le plus fort.
C'était comme ça, qu'on imposait sa marque au fer rouge. Les poings qui s'écrasent. Les dents qui pourfendent la chaire. Les hurlements qui déchiraient la nuit. La place de cheffe. La place de la rage. Pendant tout ce temps, la brutalité n'était qu'un outil de communication et d'échange dont elle usait comme une normalité. C'était tout ce qu'on lui avait appris. Son éducation, liée à sa nature propre. Alors oui, c'était de la maladresse. Une maladresse ravageuse, qui la faisait maintenant tituber elle.
Finalement, les phrases s'avéraient donc plus violentes que les gestes. Anzu en faisait l'expérience, douloureusement. Cette mortelle l'atteignait et la réduisait à ce qu'elle détestait. Mais par simple réflexe de protection, son cerveau mit en place un écran noir dans ses pensées, laissant simplement sa bouche légèrement entrouverte sans que les mots ne puissent s'y acheminer.
Elle préférait ne pas comprendre. Elle n'avait pas envie de constater la réalité perforante de ces propos. C'était un échec. Elle se fracassait davantage dans ses vaines tentatives à faire parti d'un tableau dont elle ignorait les dimensions. Elle n'en saisissait pas le sens ni les codes. Peut-être n'était-elle qu'une sombre machine de guerre, qui devait simplement se coucher dans sa caverne ?
Elle avait pourtant trouvé réconfort et rédemption auprès de ses nouveaux partenaires mais ça ne suffisait pas. Comment était-elle sensée s'exprimer sans évoquer une menace évidente ? Ses poings se serraient, tandis que ses ongles s'enfonçaient dans sa peau tendre. Anzu battait en retraite. Elle ne voulait plus répondre, plus parler. Juste s'en aller. Ou plus exactement, fuir et s'enfermer dans un endroit dont elle connaissait tous les recoins. La solitude enivrante. Quelques larmes se mirent à glisser le long de ses joues, alors que ses lèvres tremblaient doucement. La dernière fois que des pleurs s'étaient manifestés, c'était à la mort de sa mère.
Une goutte.
Deux gouttes.
La confusion s'emparait de son être, blessée dans son estime. Blessée dans ses efforts et dans son égo. Une saleté d'humaine, venait de la tailler comme personne ne l'avait fait. Une dent aiguisée vint agripper sa lèvre inférieure qu'elle mordit sans ménagement pour se reprendre et laisser l'agressivité agir. Ce sentiment familier, qu'elle connaissait par cœur, comme une armure dont elle arborait l'acier tranchant. Mais plus fort que tout, la voix de la musicienne s'imposait à elle, comme une lumière trop vive à assimiler.
Cette femme avait raison.
La conclusion tomba, lourdement, dans les mains de la louve. Les excuses, elle n'en avait aucune. Et ce rejet terminait de la convaincre de déguerpir. On ne pouvait pas battre puis caresser comme si de rien n'était. Un autre échéc.
-Qu'il en soit ainsi, Anja Limonov.
Sa voix parvenait, difficilement, à se libérer du fond de sa gorge. C'était comme si un doigt appuyait sur sa trachée, la rendant vacillante et incertaine, mais toujours habitée par une colère étranglée. Ces autres questions qui défilèrent, Anzu la percevait à ce stade, comme une abomination. Une insulte. Une provocation supplémentaire qu'elle préférait ignorer avant de se mettre à hurler.
Elle savait se satisfaire du goût du sang. Les autres, qu'importe la race, pouvait potentiellement être une proie de choix quand elle en faisait la cible. Mais les autres espèces, aux yeux d'Anzu, ne se limitaient pas à ça, malgré tout. Anja ne se limitait pas à ça. Elle aurait voulu le lui dire, mais, rien ne voulait sortir. Elle ne trouvait pas la force d'expliquer ou de justifier.
-Ca suffit. Siffla t-elle entre ses dents. Tu n'es pas un oiseau aux ailes abîmées. Tu es... grande et forte, comme un cygne dont le loup se détourne, battu par l'aura qu'il dégage. Est-ce que ça te convient ? Maintenant, je vais m'en aller. Et te laisser dans ton nid.
L'épée s'était émoussée. Une forme de reconnaissance diluée dans le mépris. Son discours avait achevé de la troubler, portant ses accusations mordantes jusqu'à ses blessures les plus moites. Ca lui apprendra.
-Tu trouveras tes réponses, auprès de quelqu'un d'autre. Ne te dérange pas, je connais la sortie.
Finalement, elle s'en alla de son propre chef. Lentement, les talons tournés, elle se dirigea vers l'entrée, de cette même cadence élégante, comme elle était venue. Silencieusement, avec pour seule différence, son armure fendue.
-De mon comportement. Ce n'était pas assez clair ?
Ses lèvres restaient pincés, le ton redevenu brut et grinçant. Est-ce qu'elle cherchait à la pousser dans ces retranchements ou la provoquer pour la punir ? Son humeur changeait, se repliant sur elle-même comme une huître. L'envie d'écourter ces jérémiades se faisait plus pressante et cela se ressentait amèrement dans son intonation.
Son histoire d'amour passionnel ne l'intéressait plus le moins du monde. Ses muscles se tendaient dans son dos, pendant que son souffle se faisait plus court. La louve était contrariée et elle se sentait divisée entre cet empressement de brutalité qui se déversait dans ses veines ou cette volonté que de battre en retraite et retourner dormir dans sa cage.
Sa mâchoire se crispa, faisant grincer ses dents alors qu'elle écrasait un regard terrible contre l'aveugle. Ses yeux lui clamaient de la fermer, comme s'ils avaient le pouvoir de la faire basculer contre son piano pour qu'elle se taise. Se jeter sur elle pour lui balafrer le visage. Réduire ses os en poussière. Lui faire mal. Au fond d'elle, une plainte aiguë se muait comme un déchirement entre la honte et la colère. La louve ne savait que répondre à ces paroles teintées d'une vérité acide.
Une tornade virulente s'emparait de son esprit de fauve mais contre toute attente, ce vent ardent se dirigeait tout droit sur elle. Une partie d'elle se sentait bafouée et réclamait de rétorquer à cet affront de la plus virulente des manières. Mais l'autre partie, tendait à la retenir pour seulement se recroqueviller comme une enfant, pour ne pas avoir à l'entendre. Elle faisait ce qu'elle pouvait, avec ce qu'elle avait. Anzu n'avait jamais su s'exprimer autrement que dans la violence et l'intimidation. Son père lui avait inculqué ses règles.
Frappe le plus fort.
Mord le plus fort.
Griffe le plus fort.
C'était comme ça, qu'on imposait sa marque au fer rouge. Les poings qui s'écrasent. Les dents qui pourfendent la chaire. Les hurlements qui déchiraient la nuit. La place de cheffe. La place de la rage. Pendant tout ce temps, la brutalité n'était qu'un outil de communication et d'échange dont elle usait comme une normalité. C'était tout ce qu'on lui avait appris. Son éducation, liée à sa nature propre. Alors oui, c'était de la maladresse. Une maladresse ravageuse, qui la faisait maintenant tituber elle.
Finalement, les phrases s'avéraient donc plus violentes que les gestes. Anzu en faisait l'expérience, douloureusement. Cette mortelle l'atteignait et la réduisait à ce qu'elle détestait. Mais par simple réflexe de protection, son cerveau mit en place un écran noir dans ses pensées, laissant simplement sa bouche légèrement entrouverte sans que les mots ne puissent s'y acheminer.
Elle préférait ne pas comprendre. Elle n'avait pas envie de constater la réalité perforante de ces propos. C'était un échec. Elle se fracassait davantage dans ses vaines tentatives à faire parti d'un tableau dont elle ignorait les dimensions. Elle n'en saisissait pas le sens ni les codes. Peut-être n'était-elle qu'une sombre machine de guerre, qui devait simplement se coucher dans sa caverne ?
Elle avait pourtant trouvé réconfort et rédemption auprès de ses nouveaux partenaires mais ça ne suffisait pas. Comment était-elle sensée s'exprimer sans évoquer une menace évidente ? Ses poings se serraient, tandis que ses ongles s'enfonçaient dans sa peau tendre. Anzu battait en retraite. Elle ne voulait plus répondre, plus parler. Juste s'en aller. Ou plus exactement, fuir et s'enfermer dans un endroit dont elle connaissait tous les recoins. La solitude enivrante. Quelques larmes se mirent à glisser le long de ses joues, alors que ses lèvres tremblaient doucement. La dernière fois que des pleurs s'étaient manifestés, c'était à la mort de sa mère.
Une goutte.
Deux gouttes.
La confusion s'emparait de son être, blessée dans son estime. Blessée dans ses efforts et dans son égo. Une saleté d'humaine, venait de la tailler comme personne ne l'avait fait. Une dent aiguisée vint agripper sa lèvre inférieure qu'elle mordit sans ménagement pour se reprendre et laisser l'agressivité agir. Ce sentiment familier, qu'elle connaissait par cœur, comme une armure dont elle arborait l'acier tranchant. Mais plus fort que tout, la voix de la musicienne s'imposait à elle, comme une lumière trop vive à assimiler.
Cette femme avait raison.
La conclusion tomba, lourdement, dans les mains de la louve. Les excuses, elle n'en avait aucune. Et ce rejet terminait de la convaincre de déguerpir. On ne pouvait pas battre puis caresser comme si de rien n'était. Un autre échéc.
-Qu'il en soit ainsi, Anja Limonov.
Sa voix parvenait, difficilement, à se libérer du fond de sa gorge. C'était comme si un doigt appuyait sur sa trachée, la rendant vacillante et incertaine, mais toujours habitée par une colère étranglée. Ces autres questions qui défilèrent, Anzu la percevait à ce stade, comme une abomination. Une insulte. Une provocation supplémentaire qu'elle préférait ignorer avant de se mettre à hurler.
Elle savait se satisfaire du goût du sang. Les autres, qu'importe la race, pouvait potentiellement être une proie de choix quand elle en faisait la cible. Mais les autres espèces, aux yeux d'Anzu, ne se limitaient pas à ça, malgré tout. Anja ne se limitait pas à ça. Elle aurait voulu le lui dire, mais, rien ne voulait sortir. Elle ne trouvait pas la force d'expliquer ou de justifier.
-Ca suffit. Siffla t-elle entre ses dents. Tu n'es pas un oiseau aux ailes abîmées. Tu es... grande et forte, comme un cygne dont le loup se détourne, battu par l'aura qu'il dégage. Est-ce que ça te convient ? Maintenant, je vais m'en aller. Et te laisser dans ton nid.
L'épée s'était émoussée. Une forme de reconnaissance diluée dans le mépris. Son discours avait achevé de la troubler, portant ses accusations mordantes jusqu'à ses blessures les plus moites. Ca lui apprendra.
-Tu trouveras tes réponses, auprès de quelqu'un d'autre. Ne te dérange pas, je connais la sortie.
Finalement, elle s'en alla de son propre chef. Lentement, les talons tournés, elle se dirigea vers l'entrée, de cette même cadence élégante, comme elle était venue. Silencieusement, avec pour seule différence, son armure fendue.
Invité
Invité
Mar 5 Nov 2019 - 15:07
Anja savait qu'elle avait mis un pied sur un terrain qui n'était fait que de serpents. Et ceux qu'elle avait mis au jour, n'étaient absolument pas dans sa définition d'être une telle hôte. Elle baissa doucement la tête, les joues d'albâtre désormais rosées. Échauffée, elle avait parlé sans prendre complètement en compte l'état d'esprit de son invitée, et même si cette dernière méritait sûrement ces mots, la forme avait été plus rude que ce qu'elle avait pensé au départ.
Fichus souvenirs.
Piégée entre un courage, et une terreur profonde. Elle se revoyait déjà, quelques instants auparavant figée sans pouvoir esquisser le moindre geste, supportant ce souffle étranger. Et elle se revoyait aussi, faisant la morale à la personne qui pouvait d'un geste lui offrir une mort prématurée. Certes, elle ne l'avait pas congédiée, mais dit ainsi, c'était tout comme. Alors, debout, appuyée sur son piano, elle écoutait ce silence. Ces mains crispées, ce geste plus raide, ces dents qui grinçaient par cette mâchoire tendue. Puis de cette tentative toujours coite de parler ; elle ne pouvait qu'entendre le tumulte des pensées, et imaginer le visage qui allait avec.
Et cette voix qui s'éleva enfin, tremblante et chargée acheva de faire prendre conscience à la pianiste, à la poétesse, de la portée de ses derniers mots. Une porte d'entrée vers une plus grande compréhension qui se refermait, ce n'était pas important, il existait d'autres portes. Mais laisser une telle voix, une telle émotion sans rien y faire, même si elle ne savait quoi dire pour le moment. Sûrement, aussi, en avait-elle dit assez pour le moment.
Mais avant qu'elle ne les trouve, Anzu reprit parole, pour déclamer une image qui laissa Anja silencieuse de surprise. Elle, grande et forte ? Avec une aura ? Pour peu, si le ton n'était pas aussi sérieux, aussi grave, elle en aurait sûrement ri. Elle ne savait comment prendre ces mots, qui lui semblaient autant de mensonge. Ses doigts crispés sur son bras avaient laissé une marque rouge, tandis qu'elle avait rongé sa sourde terreur, pour parler.
- Je ne vous laisserai pas être la Blessée de Lermontov, Anzu-san. Je ne vous laisserai pas être oubliée. Et encore moins seule.
Elle ne pouvait qu'emprunter d'autres mots, pour le moment, pas les siens, qui avaient achevé de rendre cette réunion déplacée. Et... Qu'allait-elle pouvoir faire de tant de pâtisseries. Impossible d'en manger plus pour sa part, et les offrir... C'était pas vraiment le moment, non ?
- Anzu-san... Si... vous pouviez tourner d'abord à gauche avant l'entrée pour aller sur la cuisine... Il... y en a bien trop pour que je ne puisse les manger. Et...
Et quoi. Voulait-elle recontacter, vraiment ? Anja se pinça les lèvres, avant de lâcher son piano de sa main pour s'avancer en direction de celle qui partait.
- Je vous recontacterai. Une fois remise. Je vous recontacterai. Pour le moment, je n'ai pas ... ou plus les mots. Mais je ne compte pas vous blesser plus que je ne l'ai déjà fait, puissiez-vous me pardonner ceux-là. Mais je ne vous laisserai pas seule. Ni avec un démon figuré.
C'était au moins, là, une promesse qu'elle pouvait et voulait faire. La seule chose qu'elle pouvait prononcer.
Et la regarder partir pour le moment.
Fichus souvenirs.
Piégée entre un courage, et une terreur profonde. Elle se revoyait déjà, quelques instants auparavant figée sans pouvoir esquisser le moindre geste, supportant ce souffle étranger. Et elle se revoyait aussi, faisant la morale à la personne qui pouvait d'un geste lui offrir une mort prématurée. Certes, elle ne l'avait pas congédiée, mais dit ainsi, c'était tout comme. Alors, debout, appuyée sur son piano, elle écoutait ce silence. Ces mains crispées, ce geste plus raide, ces dents qui grinçaient par cette mâchoire tendue. Puis de cette tentative toujours coite de parler ; elle ne pouvait qu'entendre le tumulte des pensées, et imaginer le visage qui allait avec.
Et cette voix qui s'éleva enfin, tremblante et chargée acheva de faire prendre conscience à la pianiste, à la poétesse, de la portée de ses derniers mots. Une porte d'entrée vers une plus grande compréhension qui se refermait, ce n'était pas important, il existait d'autres portes. Mais laisser une telle voix, une telle émotion sans rien y faire, même si elle ne savait quoi dire pour le moment. Sûrement, aussi, en avait-elle dit assez pour le moment.
Mais avant qu'elle ne les trouve, Anzu reprit parole, pour déclamer une image qui laissa Anja silencieuse de surprise. Elle, grande et forte ? Avec une aura ? Pour peu, si le ton n'était pas aussi sérieux, aussi grave, elle en aurait sûrement ri. Elle ne savait comment prendre ces mots, qui lui semblaient autant de mensonge. Ses doigts crispés sur son bras avaient laissé une marque rouge, tandis qu'elle avait rongé sa sourde terreur, pour parler.
- Je ne vous laisserai pas être la Blessée de Lermontov, Anzu-san. Je ne vous laisserai pas être oubliée. Et encore moins seule.
Elle ne pouvait qu'emprunter d'autres mots, pour le moment, pas les siens, qui avaient achevé de rendre cette réunion déplacée. Et... Qu'allait-elle pouvoir faire de tant de pâtisseries. Impossible d'en manger plus pour sa part, et les offrir... C'était pas vraiment le moment, non ?
- Anzu-san... Si... vous pouviez tourner d'abord à gauche avant l'entrée pour aller sur la cuisine... Il... y en a bien trop pour que je ne puisse les manger. Et...
Et quoi. Voulait-elle recontacter, vraiment ? Anja se pinça les lèvres, avant de lâcher son piano de sa main pour s'avancer en direction de celle qui partait.
- Je vous recontacterai. Une fois remise. Je vous recontacterai. Pour le moment, je n'ai pas ... ou plus les mots. Mais je ne compte pas vous blesser plus que je ne l'ai déjà fait, puissiez-vous me pardonner ceux-là. Mais je ne vous laisserai pas seule. Ni avec un démon figuré.
C'était au moins, là, une promesse qu'elle pouvait et voulait faire. La seule chose qu'elle pouvait prononcer.
Et la regarder partir pour le moment.
Invité
Invité
Mar 5 Nov 2019 - 21:26
La honte. Sentiment pénible s'étendant dans l'âme par la conscience d'une faute commise et la confusion, le trouble qu'on en ressent. L'humiliation, qui lui faisait baisser les bras mais dont le menton se relevait, par pure fierté d'une reine.
Mais dans son cœur, elle n'osait même pas croiser son propre reflet, ne discernant plus que son ombre. Pourquoi était-ce la louve, qu'on pardonnait, plutôt que l'ignorance d'une mortelle ? Son estime ne le supportait pas. Anzu ne savait pas répondre à ce qui lui paraissait être de la pitié ou bien de la compassion. Mais qu'importe, au final, le soldat tombait blessé, le genoux à terre. Elle ne possédait que ses crocs pour se défendre de ces mots fulgurants. Et aujourd'hui, il ne lui était pas suffisant de claquer sa mâchoire dans l'invisible. Qu'avait-elle à mordre ?
Bientôt le hall d'entrée, à sa disposition, ses poumons se gonflèrent presque soulagés que de bientôt pouvoir humer l'air frais, plutôt que cette maison qui n'était pas la sienne. Mais soudain, à l'écho de ses pas, raisonnait encore la voix claire de la poétesse.
Elle s'arrêta, stoppée dans son élan vers son échappatoire. La louve ne voulait plus l'entendre, elle voulait chasser d'un revers de main chaque note qui sortirait de sa bouche. Comment osait-elle, encore une fois, la disgracier de cette audace ? L'alpha ne désirait pas qu'elle se souvienne. A cet épisode, ça ne lui importait clairement plus. Mais la raison de cette nouvelle indifférence restait bien perfide. Peut-être parce qu' Anzu se sentait coupable de ses actes vis à vis de cette femme qui n'était qu'une inconnue. Peut-être parce qu'elle ne supportait décemment pas qu'on lui tienne tête. Et encore moins, elle refusait catégoriquement de se laisser atteindre par une humaine. Ce cocktail, contradictoire et dérangeant, poussait la jeune femme à ne pas savoir où se positionner. Mais elle ne craignait en rien d'être oubliée, ni même d'être seule.
A moins que ce ne soit une forme d'épreuve que les hauts cieux lui imposaient comme un destin à remplir pour aller de l'avant. Accepter l'erreur. Accepter et comprendre les autres. Quel mélange infect dans son esprit troublé !
-Je ne suis pas seule. Enfin, je crois. Se contentait-elle de répondre, simplement, sans rature. Sa voix retrouvait peu à peu son assurance. Et je n'ai plus faim.
Hors de question d'en prendre sous son bras, il ne manquerait plus que ça. Ce goût amer sur la langue lui suffisait amplement, l'idée même d'une pâtisserie sur son palais lui donnant la nausée.
Mais quand Anja, dans un élan ultime, la rattrapa dans ses paroles teintées d'une promesse qu'elle souhaitait remplir, ses yeux pivotèrent lentement, mornes, dans sa direction. Est-ce qu'elle se sentirait capable de surmonter sa honte et cette humiliation ? Elle l'observait un temps, cherchant à décrypter la réponse sur ses traits fins.
-Je... ne compte pas non plus te blesser... Plus que je ne l'ai déjà fait. Plus que tu ne l'es. Pardonne mon insolence déplacée en retour. En attendant, prends soin de toi.
C'était tout ce qu'elle pouvait lui répondre, et ça restait suffisant. Pourquoi insistait-elle, finalement ? La curiosité ? Ce n'était pas comme si elle l'avait trouvée attachante après son comportement bancal. Elle ne savait pas. Elle verrait plus tard, peut-être ?
Pour le moment, sa silhouette quitta la demeure, se repliant sur son corps un peu lourd, dans un espoir silencieux.
Mais dans son cœur, elle n'osait même pas croiser son propre reflet, ne discernant plus que son ombre. Pourquoi était-ce la louve, qu'on pardonnait, plutôt que l'ignorance d'une mortelle ? Son estime ne le supportait pas. Anzu ne savait pas répondre à ce qui lui paraissait être de la pitié ou bien de la compassion. Mais qu'importe, au final, le soldat tombait blessé, le genoux à terre. Elle ne possédait que ses crocs pour se défendre de ces mots fulgurants. Et aujourd'hui, il ne lui était pas suffisant de claquer sa mâchoire dans l'invisible. Qu'avait-elle à mordre ?
Bientôt le hall d'entrée, à sa disposition, ses poumons se gonflèrent presque soulagés que de bientôt pouvoir humer l'air frais, plutôt que cette maison qui n'était pas la sienne. Mais soudain, à l'écho de ses pas, raisonnait encore la voix claire de la poétesse.
Elle s'arrêta, stoppée dans son élan vers son échappatoire. La louve ne voulait plus l'entendre, elle voulait chasser d'un revers de main chaque note qui sortirait de sa bouche. Comment osait-elle, encore une fois, la disgracier de cette audace ? L'alpha ne désirait pas qu'elle se souvienne. A cet épisode, ça ne lui importait clairement plus. Mais la raison de cette nouvelle indifférence restait bien perfide. Peut-être parce qu' Anzu se sentait coupable de ses actes vis à vis de cette femme qui n'était qu'une inconnue. Peut-être parce qu'elle ne supportait décemment pas qu'on lui tienne tête. Et encore moins, elle refusait catégoriquement de se laisser atteindre par une humaine. Ce cocktail, contradictoire et dérangeant, poussait la jeune femme à ne pas savoir où se positionner. Mais elle ne craignait en rien d'être oubliée, ni même d'être seule.
A moins que ce ne soit une forme d'épreuve que les hauts cieux lui imposaient comme un destin à remplir pour aller de l'avant. Accepter l'erreur. Accepter et comprendre les autres. Quel mélange infect dans son esprit troublé !
-Je ne suis pas seule. Enfin, je crois. Se contentait-elle de répondre, simplement, sans rature. Sa voix retrouvait peu à peu son assurance. Et je n'ai plus faim.
Hors de question d'en prendre sous son bras, il ne manquerait plus que ça. Ce goût amer sur la langue lui suffisait amplement, l'idée même d'une pâtisserie sur son palais lui donnant la nausée.
Mais quand Anja, dans un élan ultime, la rattrapa dans ses paroles teintées d'une promesse qu'elle souhaitait remplir, ses yeux pivotèrent lentement, mornes, dans sa direction. Est-ce qu'elle se sentirait capable de surmonter sa honte et cette humiliation ? Elle l'observait un temps, cherchant à décrypter la réponse sur ses traits fins.
-Je... ne compte pas non plus te blesser... Plus que je ne l'ai déjà fait. Plus que tu ne l'es. Pardonne mon insolence déplacée en retour. En attendant, prends soin de toi.
C'était tout ce qu'elle pouvait lui répondre, et ça restait suffisant. Pourquoi insistait-elle, finalement ? La curiosité ? Ce n'était pas comme si elle l'avait trouvée attachante après son comportement bancal. Elle ne savait pas. Elle verrait plus tard, peut-être ?
Pour le moment, sa silhouette quitta la demeure, se repliant sur son corps un peu lourd, dans un espoir silencieux.
Contenu sponsorisé
Page 2 sur 2 • 1, 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|