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Mer 22 Jan 2020 - 21:43
D’un coup d’œil sur l’extérieur, la jeune femme comprend qu’elle en avait déjà trop fait pour la journée. La lune tirait l’oreille au soleil pour que ce sacripant accro aux apéros aillent se coucher pour laisser la place à la tendancieuse maitresse du milieu de la nuit.
« Reste pas, mon vieux. Tu vas forcément perdre »
D’un coup de main dans sa poche de jean extérieur, l’étudiante en magie sort une blonde de son paquet, la met en bouche, la craque, inspire et expire, en se levant de cette chaise déjà usée par la vie que Lin lui faisait mener. Yeux perdus sur le coucher de soleil, la jeune femme fume, musique d’étude en fond sonore, pour regarder la fin du jour lui faire un fuck sarcastique.
Perdus depuis des mois entre ses recherches et ses cours, la jeune femme avait perdu toute notion du temps. C’était à peine si elle pensait à donner des nouvelles en France, pourtant, on lui en demandait depuis les derniers événements. Lindiya était devenue plus mystérieuse aux yeux de sa mère habituée à écouter toutes les confidences de sa fille. L’étudiante s’était dotée d’un jardin secret de la taille de ceux de Versailles. Elle ne savait pas encore si cela lui plaisait ou non. Le temps lui avait fait comprendre que l’âge adulte s’était enfin présentée à sa porte, l’avait saluée, l’avait embrassée et ne l’avait plus jamais quitté.
Oui, le poids des derniers mois lui avait mis une claque en pleine tête, lui avait casser quelques os – merci le nécromancien -, lui avait redonné un peu de courage – merci, la sagesse – mais, surtout, lui avait fait comprendre que plus aucun retour en arrière n’était possible. Lindiya était devenue une adulte.
Perdue dans sa contemplation, sa cigarette s’enfumant elle-même, Lin se masse les tempes. Elle payait dorénavant des factures, son essence, son assurance habitat et sa nourriture. Le cri de liberté que représentait ses tâches à l’époque, lui revenait aujourd’hui comme une ride au milieu du front. Sa réalité comme le premier blocage de dos, Lin n’avait pas chômé depuis la visite de Thomas à l’hôpital.
Toujours fidèle à lui-même, le sorcier avait su parler à la jeune femme pour lui faire comprendre le chemin à emprunter et éviter de nouveau accident : suivre les cours de l’académie et trouver un maitre. N’importe lequel, finalement, même s’il ne maitrisait pas le même élément qui lui était apparus comme une évidence. Elle lui avait parlé de ses doutes, de ses craintes, de ses freins mais, surtout, de sa solitude dans ce nouveau monde. Cette conversation finalement avait signé la fin de son innocence. Thomas pouvait la conseiller, l’épauler, l’aider mais, clairement pas évoluer à sa place. C’était à elle de se mettre un coup de pied aux fesses, sans pour autant, se lancer dans des missions suicides.
Elle était rentrée l’esprit encore légèrement embuée par les médicaments et la douleur mais, clairement décidée à se lancer dans des recherches intensives.
Lin craque une seconde cigarette, en souriant à la lune qui lui faisait un clin d’œil au loin. Il était couché. Pour autant, elle attendait impatiemment de revoir ses petites fouines d’étoiles toujours prête à briller pour se faire remarquer.
Ainsi, elle était partie pour des mois et des mois de recherche. Elle ne souhaitait pas retomber sur un Greed en puissance, elle en avait eu pour son compte. Elle avait également parfaitement conscience dorénavant, de sa position dans le monde de la sorcellerie mais, aussi de son âge dans le monde.
Elle ne représentait pas une élève lambda que tout maitre dans un domaine pouvait accepter sans broncher. Lindiya avait 21 ans, c’était une femme au caractère bien trempé, aux décisions bien marqués – elle était la maitresse dans le monde des têtues, que cela n’en déplaise – aux tempéraments brulants qui pouvait se montrer difficile à supporter – elle en avait conscience – et, pour couronner le tout, un statut difficile à appréhender dans un monde archaïque, cachée et traumatisée par un lointain passé.
Parfaitement consciente de toutes ses données à sa défaveur, elle se devait d’être prudente et patiente. Elle trouverait sa perle rare pour lui enseigner cette magie difficile à appréhender.
A son plus grand plaisir, elle était certaine d’avancer voir même, d’avoir trouvé. Il lui fallait un sorcier au caractère bien trempé, aux positions bien marqué, une notion de justice au fond du cœur, une acceptation de son rang et un petit peu de feu dans tout ça. D’un sourire, Lin écrase sa cigarette, jette les cendres dans sa poubelle et ouvre toute sa joyeuse maison pour aérer cet habitat souffrant de sa nouvelle lubie.
Elle inspire l’air tiède du printemps qui commence à taquiner l’été pour qu’il se réveille. Lindiya aimait beaucoup cette partie de l’année, les jours s’allongeait, les oiseaux revenaient chanter à côté de sa fenêtre et son blues de l’hiver partait comme neige au soleil.
D’un coup d’œil dans son frigo, elle attrape le riz qu’elle avait fait en trop, le dépose dans un baule, rajoute des tranches de saumon, d’avocat, de concombre, de graine de sésame, un peu d’algue qu’elle casse en morceau et rajoute une bonne dose de sauce soja sucré. Un sushi baule parfait. Elle attrape des baguettes propres, fait infuser un thé à la rose et retourne dans son bureau première bouchée déjà ingurgitée.
D’un coup de doigt, elle change la musique pour une sonate de piano salvatrice. Ancienne étudiante en droit, Lindiya avait concocté des techniques de révision infaillible. Briquet en main, elle allume une ribambelle de bougie dans la pièce pour rendre l’ambiance moins stricte.
Toujours admirative devant ce petit bout de flamme, elle passe un doigt rapidement en souriant à la chaleur qui l’accueil. Elle ne pouvait pas laisser son doigt sans se bruler – oui, elle avait essayé – son coup de chance n’avait été qu’éphémère. Le feu était venu lui mettre une claque bruyante sur la joue pour la réveiller et Thomas était venu apaisée cette joue meurtrie. Cocktail imparable.
Au moment de son interaction avec Greed, la jeune femme n’avait pas compris ce respect dont le sorcier de l’eau avait réussi à remplir le cœur de cet homme mort de l’intérieur. Mais, elle avait compris dès le lendemain la cause. La présence de la sagesse dans une pièce, enveloppe ton cœur d’une main douce, caresse ton âme de belle parole véritable et aide, indiscutablement, à voir plus loin. Si elle commençait déjà à trouver un surnom à cette petite flamme intérieur qui lui avait sauvé la vie, elle n’avait pas besoin d’en trouver à Thomas.
D’un soupir, elle allume la lampe de son bureau, s’assoit devant tous ses ouvrages. Non apeurée, Lin appréciait cet instant coupé du monde. Le piano et le violon combinée lui envoutait les oreilles, lui ouvrait l’esprit, les livres devant elle recelait d’information précieuse. L’atmosphère était propice à l’étude. L’ancienne étudiante n’avait pas froid aux yeux, ni peur des nuits blanches à son bureau, bien au contraire.
Elle prend une seconde bouchée avant d’ouvrir la page sur la personne qui avait attiré son attention. Au détour d’un couloir, la jeune femme était tombée sur la Justice de l’enclave. Ignorante, elle n’avait pas du tout compris qui ça pouvait bien être. Elle avait juste apprécié entendre du couloir son cours sur la magie de l’esprit. C’était la première fois qu’elle croisait ce professeur, elle ne savait donc pas qui ça pouvait bien être, ni même la magie qu’elle enseignait. Pourtant, elle avait pris le temps d’écouter, d’apprendre un peu aussi mais, surtout d’imprimer dans son esprit la vision de cette femme.
D’un coup de main expert, elle ouvre son portefolio de tous les professeurs de l’établissement et qu’elle avait surtout mis de côté. Pour la plupart, son existence au sein de l’école était déjà assez compliquée à accepter alors, lui enseigner quoi que ce soit, c’était une idée à mettre de côté bien vite.
Ainsi donc, elle avait noté le nom de Riven, la Justice de l’enclave comme elle avait pu le découvrir en ressortant des documents sur l’enclave actuel. Tout d’abord contente d’apprendre la fonction de la jeune femme, après tout un cœur juste ne pouvait accepter l’injustice que représentait toute discrimination de toute forme, Lin avait décidé de pousser plus loin ses recherches. Sa rencontre avec Greed l’avait avertie du danger de se présenter à un membre de l’enclave sans en découvrir davantage sur sa personne.
Elle attrape un bout de saumon, l’enfourne dans sa petite bouche encore maquillée de son légendaire rouge à lèvre, et tourne la page. Ce bouquin retraçait l’historique de l’enclave, tous les membres qui l’avait composé depuis ce jour, leur type de magie et leur politique au fil de leur mandat. C’était véritablement la caverne d’Ali Baba pour comprendre cette institution. Curieuse, la jeune femme dévorait ce livre à la vitesse de la lumière. La joie d’y découvrir Riven, n’y était pas pour rien.
« Politique mené… hmm »
Si certaine décision pouvait se montrer rude, Lindiya appréciait le port de la sorcière qui semblait ne jamais dérogeait à sa mission principale : être juste. Non aimable, non aimante, non appréciable mais, simplement, juste.
« Type de magie… esprit… hmm… divination… clairvoyance, la classe ! » crache-t-elle la bouche pleine de riz. « Elementaire… feu sacré… hm… ouais… attends ! Feu sacré ! »
Elle l’avait trouvé. Son destin l’avait mené devant cette salle de classe, devant cette femme, grâce à ça.
« OH MY GOD ! VICTOIRE ! » hurle-t-elle point dressé.
D’une inspiration lourde, Lin se rassoit. Chaque chose en son temps, il ne fallait jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué – pauvre ours au passage – elle se devait donc de respirer, mettre toutes ses chances de son côté, y croire durs comme du fer et attendre la réponse de l’enclaviste.
Il était grand temps de mettre en place un plan du tonnerre, Lin avait toute la nuit devant elle pour cela. Elle saurait en faire bon profit ! D’un coup d’œil, elle regarde la bougie à sa droite d’un sourire narquois.
« T’inquiète Patricia. On va devenir copine très vite »***
C’était un jour parfait pour un changement radical. Une nuit blanche mûrement utilisée. Lin était fière de sa chère personne, d’une inspiration, elle souffle sur Patricia dans un doux « bonne nuit » même si le jour était levé avant de partir, en fermant soigneusement sa porte à clé derrière elle.
Twini l’attendait dans l’allée centrale, elle pose donc son fessier admirablement mis en valeur dans son pantalon en cuir noir, met en route le contact en murmurant des mots doux à sa vieille bicoque qui fatiguait à vue d’œil. Met la marche arrière, sort de son terrain et met en route la première en direction du couvent que représentait l’école de sorcellerie.
Musique à fond, la jeune femme tape sur son volant, chante à tue-tête prête à prendre la vie par les couilles pour lui faire comprendre qu’on se foutait jamais bien longtemps de sa gueule. D’un coup d’œil dans son retro, elle sert sa queue de cheval haute, passe un coup de doigt pour enlever cette bavure de rouge au coin de ses lèvres, met la première, puis la seconde et enfin la troisième au feu vert.
Enfin arrivée, Lin se gare sagement, attrape son attaché-case, son thermos de café et accroche sur sa face, le sourire le plus lumineux au monde. Elle comptait bien donner un peu plus de lumière à cet endroit. En bottine noir en cuir, elle frappe le sol avec une détermination nouvelle vers une partie du couloir où elle n’allait jamais et avec aucune autorisation. Elle ouvre la porte de cours alors qu’elle est encore vide de tout élève, se poste au tout dernier rang et attends sagement que son destin se mette en place.
Les élèves, pour la plupart âgé d’une dizaine d’année commencent à prendre place surpris de découvrir une nouvelle venue. Lin ne déroge pas à sa bonne humeur du jour et décroche, à qui veux la voir, son sourire le plus merveilleux.
Enfin, la maitresse arrive. Inoubliable et flamboyante, Riven étouffe par son charisme et sa présence toute personne aux alentours. Lin la première se retrouve effacée et emportée par sa tenue noire. Au loin, elle suit le cours. Prend des notes, même. Même si ce n’était finalement que beaucoup de théorie et une pratique, encore hors de portée pour la jeune femme, la matière n’en était pour autant pas à mettre au placard.
Lin en profite même pour analyser la Justice en face d’elle qui parle d’une voie claire, posée et compréhensible. Dans le droit, chaque mot avait son importance et un poids précis qu’il était dangereux d’utilisée à mauvais escient. Ainsi, un bon juriste se devait de manier les mots à la perfection. D’où la réussite des littéraires dans le milieu – aussi surprenant soit-il –, d’où les concours d’éloquence et l’intérêt portée aux plaidoiries. Mettre de côté ses ambitions personnelles lui pesait parfois sur le cœur et l’esprit mais, heureusement pour la jeune femme qui aimait étudier, elle apprenait chaque jour des notions nouvelles, un monde nouveau et une culture à part entière. Elle n’était donc pas en manque d’apprentissage.
L’heure passe à une vitesse folle, les pages blanches de Lin sont noircis de son écriture et finement rangée dans son porte vu alors que tous les élèves saluent la maitresse avant de s’en aller à leur prochaine matière.
D’une inspiration longue et contrôlée, Lindiya prend tout son courage à deux mains tout en reformulant dans sa tête les coutumes japonaises à ne pas mettre de côté. L’étudiante se retrouvait presque gêné d’entendre ses talons claqués alors qu’elle s’avance vers le bureau et la charismatique Justice. Curriculum vitae en main et lettre de motivation, la jeune femme respire, calme ses nerfs, son stress naturellement avant d’arriver à la hauteur de la sorcière.
Lin courbe le dos, regarde ses chaussures – qui avait un peu de bout sur la gauche, et merde ! – en tendant ses papiers. Elle se redresse une fois saisi et ouvre enfin la bouche d’une voix claire et décidée.
« Bonjour, sempai. Je me présente, je suis Lindiya Juhel. »
On inspire et on expire.
« Je me présente à vous avec mon curriculum vitae répartie en trois catégories. Mes expériences professionnelles, mes expériences scolaires et universitaire et mes expériences magiques qui sont, comme vous pourrez le constater : nul. »
On inspire et on expire une nouvelle fois.
« J’ai découvert par le biais de la Sagesse mon statut de métis depuis bientôt 6 mois. Je pressens une affinité élémentaire avec le feu. »
Oh mon dieu. Se regard, ne pas stresser. On inspire et on expire.
« Je m’adresse à vous, aujourd’hui car je suis à la recherche d’un maitre. »
Ne pas dévier son regard, rester droite, ne pas stresser, c’était maintenant ou jamais, Lin ne pouvait pas rester comme ça, c’était hors de question. On inspire et on expire.
« Je me présente donc à vous dans ce but. Je ne suis pas l’élève la plus intéressante actuellement mais, je serais me donner à cœur dans mon apprentissage. C’est un monde nouveau qui s’ouvre à moi, l’erreur est sorcier et, au-delà de cela, j’ai un goût prononcer pour la Justice. Dans le monde des humains, je faisais des études de droit avant d’apprendre ma nature. Je saurais vous montrer ma motivation au cours d’un entretien par la suite à votre convenance – car, je l’accorde, j’arrive un peu comme un cheveu sur la soupe aujourd’hui. Je suis française également, excusez-moi par avance si je fais des erreurs de protocole. »
Tais-toi, maintenant. Arrête de parler Lin. Ça suffit. On a dit : pas de stress – car ouais, y’a point S.
« Je ne sais quoi vous dire de plus. A part que je suis à votre entière disposition ».
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Dim 26 Jan 2020 - 18:20
Je faisais danser ma silhouette féline habillée d'une robe noire qui me serrait les courbes et remontait sur un col à mon cou. Mon long manteau de velours rouge se soulevait au rythme de mes pas, accompagné du cliquettement de mes anneaux dorées ornant mes nattes. Je longeais ainsi, les couloirs de l'Ecole des Sorciers d'une cadence assurée et élégante. Je recevais, sur mon passage, des salutations respectueuses mais qui ne duraient jamais trop longtemps, s'effaçant aussi vite qu'une trace de charbon sur la peau. Aussi rapidement qu'un pétale frêle poussé par un vent d'été afin d'échapper au givre de l'hiver, ils baissaient la tête humblement. J'avais ma réputation, dans le monde des sorciers. Dans le meilleur des cas, je toisais chaque tête qui courbait le dos, juchée sur mes talons dorées. Dans le pire des cas, j'incarnais la Cérémonie qui faisait rouler leur crâne sur le sol en marbre en faisant claquer mon marteau.
Et cela, tout le monde était aux faits. J'étais l'écho terrible de leurs expiations.
Ma justice oppressante faisait suinter les murs de mon emprise et je demeurais le prolongement inné de l'ombre du Secret de l'Enclave. Irina et moi, mettions un point d'honneur à faire craindre les conséquences de chaque acte infortuné pour mettre les jeunes sorciers dans les rangs dès leur construction. Il fallait veiller à ne pas ce qu'un pouce ne dépasse de nos exigences, s'ils ne désiraient pas en payer le prix. Toutefois, par expérience, les accusés préféraient toujours se vendre directement au bureau de Fujibayashi afin d'éviter de tomber dans mes tribunes. Mes pouvoirs conférés assuraient vindicativement la phase terminale du court récit de leur existence.
Et cela, tout le monde était aux faits. J'étais la crainte oppressante, écrasant son châtiment.
Pourtant, être ici en ces lieux, me désenchantait particulièrement. Je n'étais pas tellement friande que de mettre en scène mes connaissances dans un but purement pédagogique. Autant dire, les demandes au nom de l'Ecole de sorciers pour me faire valoir comme un professeur m'ennuyait, bien que mes interventions soient ponctuelles. Toutefois, je devais accéder à ces requêtes en tant que représentante, même si je n'avais pas tellement la fibre enseignante. Il était nécessaire de déposer sa main sur l'esprit de ces jeunes individus pour mieux les contrôler. J'avais des obligations, beaucoup plus importantes que de jouer la nourrice avec des novices, mais cela faisait aussi parti intégrante de mes responsabilités. Le message, sur nos principes, devait passer à tout prix.
Mais aujourd'hui, ne serait pas un cours visant à brandir notre autorité. Il s'agissait cette fois que d'initier les élèves aux bases de la magie de l'esprit. J'étais, après tout, une grande maîtresse dans le domaine. Mon rôle m'incombait de prendre des dispositions nécessaires à mes qualifications très strictes, et j'avais fait le nécessaire pour tailler mes sorts à l'image de ma puissance. Quoi de plus naturel donc que de me demander d'intervenir ?
Je poussais donc la porte massive pour rentrer dans la salle de conférence, dont je me faisais l'auteure. Les derniers murmures ne tardèrent pas à fuir, lorsque je m'avançais jusqu'à mon bureau silencieusement. Ma présence remplissait déjà la pièce et je sentais l’atmosphère se vider totalement de distraction. Tous ces petits yeux, étaient dorénavant braqués sur moi.
-Bonjour à tous.
D'une voix claire et affirmée, je les saluais brièvement dans les bonnes convenances avant de joindre mes mains derrière mon dos.
-J'ose espérer que vous savez tous pourquoi vous êtes ici, actuellement. Alors mettons nous à l’œuvre, le temps court si rapidement. Le cours sur les basiques de la magie de l'esprit commence.
A ce signal, je devinais leur attention aiguisée jusqu'à la pointe de leurs stylos dégainés. J'aimais particulièrement les élèves studieux, flambés par le désir d'être les meilleurs. Triste est de constater que peu puisse atteindre le niveau d'excellence, mais cette déconvenue faisait également germer les noyaux les plus prometteurs. La concurrence était bien cruelle, force est de constater ses propres lacunes et son impuissance face au talent et d'accepter son propre échec. Fort heureusement, durant mon apprentissage, je n'avais fait qu'admirer la chute des autres sur mon sillage.
Un fin sourire étira mes lèvres tandis que je balayais les estrades du regard. Et je vis, installée au fond de la classe, une demoiselle qui m'observait de ses yeux pétillants mêlés à une certaine appréhension. Je ne me rappelais pas avoir autorisé cette personne à venir ici. Elle me semblait d'ailleurs bien vieille par rapport aux autres. Mais qu'importe. Impassible, je laissais tomber cette imprévue pour me consacrer à mon enseignement du jour.
La corvée eut cependant la décence de se clôturer rapidement et déjà, la pièce commençait à se vider. J'en profitais donc pour ranger soigneusement mes affaires avant d'enfin quitter cette classe. Quelle surprise alors que d'être interrompue de façon inopinée alors que je triais mes papiers. A cette approche, je baissais mes yeux sévères sur la demoiselle qui n'était autre que l'intrus du fond. Elle marqua ses respects -un peu trop à mon goût- en courbant l'échine, tout en tendant des feuilles dans ma direction. Allons bon, qu'est ce que cette petite me veut-elle ?
Interrogative, j'entrepris tout de même de m'en emparer machinalement sans les regarder tout en poursuivant de la fixer le visage froid comme le marbre. Je n'avais vraiment pas le temps. Elle avait intérêt d'avoir une bonne raison de me retenir ainsi.
Cette jeune femme s'appelait donc Lindiya Juhel. Jamais entendu parler. Quoi d'autre encore ? Une métis. Évidemment, la Sagesse se mêlait toujours dans des histoires pour lesquelles on ne l'attend jamais. Cela ne m'étonnait plus tellement, il a toujours eu la manie de savoir planter sa présence un peu partout, quitte même à me soustraire de ses informations. Ce qui, je vous l'accorde, me déplaît fortement. Mais passons. C'était donc lui qui lui avait appris son affiliation génétique.
Plus elle avançait dans son discours, plus je plissais des paupières sournoisement, plus je pouvais m'apercevoir de sa difficulté à conserver son calme. Je redoutais la tournure qu'allait prendre cette conversation mais je devinais déjà où elle allait nous mener, à mon grand damne. Et mon intuition ne se fit pas prier pour être confirmée, que déjà, la mention d'un « maître » franchit le seuil de sa bouche.
C'était à ce moment que je m'étais mise à soupirer lourdement. Pourtant, ce signe d'ennui ne l'avait pas arrêté pour autant et elle se jeta dans une longue tirade effrénée pour attraper mon intérêt. Cette gamine parlait beaucoup trop. Tant bien que mal, je restais toutefois patiente dans l'attente qu'elle termine enfin.
-Assez, assez, soufflais-je agacée, cela suffit.
Je posais ce qui s'apparentait à une candidature sur mon bureau et me dressait devant elle, le dos bien droit, la mine sévère.
-La Justice ne demande pas du cœur à l'ouvrage, Juhel-san. Ce n'est pas un domaine où le cœur est le bienvenu. C'est un terrain froid, cruel et hostile, qui fait abstraction de toute forme d'empathie ou de pitié, pour ne faire régner que nos lois inviolables dans sa brutalité la plus totale et la plus exigeante. Et ce, qu'importe les motifs ou les raisons qui poussent les gens à enfreindre les règles. Notre justice demande de la rigueur, une volonté inébranlable et une dévotion absolue dans les rouages froids qu'elle représente, pour l'imposer de façon stricte et irrévocable.
Je préférais mettre les choses très vite au clair concernant mes principes sur le sujet. Je ne faisais pas dans la dentelle, ni dans le sentimentalisme. La justice était loin d'être morale. C'était un monde où vous risquiez très nettement de perdre le sommeil, tourmenté par votre conscience quand vous n'étiez pas parés à prendre des lourdes décisions. Vous êtes confrontés tous les jours à vos choix, dont découlent des désaccords et des conflits. Cela implique également vous faire des ennemis, et dans ce milieu, je n'étais clairement pas la plus aimée tant mon jugement est implacable, sans faille et sans remords.
Elle me paraissait très loin d'être capable d'assumer ces lourdes responsabilités qui exigent énormément de mental. Elle venait à moi, ignorante et naïve, sans mesurer les efforts et les sacrifices à mettre sur la table pour remplir ce devoir ingrat. Cette étudiante ne mesurait pas du tout l'impact d'une telle direction.
-Je note toutefois votre désir d'apprendre et d'aller de l'avant. Je suppose que ce ne doit pas être évident pour une métis fraîchement débarquée de s'insérer dans notre milieu. Les sorciers et les sorcières sont particulièrement insolents vis à vis de vos origines.
Contrairement à mes homologues, je ne connaissais pas particulièrement de mépris envers eux. Ils n'avaient pas choisi leur sort et je ne voyais pas pourquoi les métis devraient payer pour l'erreur de leurs parents. Néanmoins, cette demoiselle faisait preuve d'un certain courage -ou d'un certain toupet- et sa motivation transpirait à travers tous les pores de sa peau -à moins que ce ne soit l'anxiété-.
-Vous savez sans doute que je représente la Justice de l'Enclave japonaise en plus d'être Juge au tribunal de Nakanoto. Je n'ai même pas assez d'une journée pour remplir toutes les tâches qui m'incombent. Donnez-moi de véritables bonnes raisons de traîner un boulet à mes pieds, pour peu qu'il ne sache même pas rouler.
En d'autres termes, je lui signifiais sa faiblesse criante quant à sa maîtrise des arts magiques. Son niveau était d'un mauvais. Mais il n'y a qu'avec les mauvais professeurs, qu'on fait les mauvais élèves.
-Je ne veux pas d'éléments motivés ou volontaires. J'exige l'infaillible et l'indubitable. Alors dites-moi, Juhel-san, jusqu'à quel point se mesure votre acharnement à vouloir être ma disciple ? Jusqu'à quel point, êtes-vous capable de survivre aux exigences, fracassant votre esprit contre les parois de votre petit crâne ? Parce que vous savez, jouer avec le feu implique de vous brûler jusqu'à parfois, terminer en cendre.
Si elle fuyait comme un lapin devant moi, c'était peine perdue. Si elle restait tétanisée telle une statut ou pire, se mettait à pleurer, elle ne pourrait pas survivre à mon envergure. Pas de faiblesse. Pas de faille. Je ne le tolérerai pas. Dans un claquement de doigt, je fis naître des flammes sur les papiers qu'elle m'avait tendue pour les réduire en poussière afin d'imager mes dires. Je n'avais pas besoin de ces stupides informations pour juger de si oui ou non, elle était méritante. Au diable les connivences, les paperasses de conformité pathétique et les courbettes. Je voulais voir la détermination. Je voulais voir la terreur. Je voulais voir la faim et la soif.
Je voulais voir son âme pour y goûter sa profondeur.
Et cela, tout le monde était aux faits. J'étais l'écho terrible de leurs expiations.
Ma justice oppressante faisait suinter les murs de mon emprise et je demeurais le prolongement inné de l'ombre du Secret de l'Enclave. Irina et moi, mettions un point d'honneur à faire craindre les conséquences de chaque acte infortuné pour mettre les jeunes sorciers dans les rangs dès leur construction. Il fallait veiller à ne pas ce qu'un pouce ne dépasse de nos exigences, s'ils ne désiraient pas en payer le prix. Toutefois, par expérience, les accusés préféraient toujours se vendre directement au bureau de Fujibayashi afin d'éviter de tomber dans mes tribunes. Mes pouvoirs conférés assuraient vindicativement la phase terminale du court récit de leur existence.
Et cela, tout le monde était aux faits. J'étais la crainte oppressante, écrasant son châtiment.
Pourtant, être ici en ces lieux, me désenchantait particulièrement. Je n'étais pas tellement friande que de mettre en scène mes connaissances dans un but purement pédagogique. Autant dire, les demandes au nom de l'Ecole de sorciers pour me faire valoir comme un professeur m'ennuyait, bien que mes interventions soient ponctuelles. Toutefois, je devais accéder à ces requêtes en tant que représentante, même si je n'avais pas tellement la fibre enseignante. Il était nécessaire de déposer sa main sur l'esprit de ces jeunes individus pour mieux les contrôler. J'avais des obligations, beaucoup plus importantes que de jouer la nourrice avec des novices, mais cela faisait aussi parti intégrante de mes responsabilités. Le message, sur nos principes, devait passer à tout prix.
Mais aujourd'hui, ne serait pas un cours visant à brandir notre autorité. Il s'agissait cette fois que d'initier les élèves aux bases de la magie de l'esprit. J'étais, après tout, une grande maîtresse dans le domaine. Mon rôle m'incombait de prendre des dispositions nécessaires à mes qualifications très strictes, et j'avais fait le nécessaire pour tailler mes sorts à l'image de ma puissance. Quoi de plus naturel donc que de me demander d'intervenir ?
Je poussais donc la porte massive pour rentrer dans la salle de conférence, dont je me faisais l'auteure. Les derniers murmures ne tardèrent pas à fuir, lorsque je m'avançais jusqu'à mon bureau silencieusement. Ma présence remplissait déjà la pièce et je sentais l’atmosphère se vider totalement de distraction. Tous ces petits yeux, étaient dorénavant braqués sur moi.
-Bonjour à tous.
D'une voix claire et affirmée, je les saluais brièvement dans les bonnes convenances avant de joindre mes mains derrière mon dos.
-J'ose espérer que vous savez tous pourquoi vous êtes ici, actuellement. Alors mettons nous à l’œuvre, le temps court si rapidement. Le cours sur les basiques de la magie de l'esprit commence.
A ce signal, je devinais leur attention aiguisée jusqu'à la pointe de leurs stylos dégainés. J'aimais particulièrement les élèves studieux, flambés par le désir d'être les meilleurs. Triste est de constater que peu puisse atteindre le niveau d'excellence, mais cette déconvenue faisait également germer les noyaux les plus prometteurs. La concurrence était bien cruelle, force est de constater ses propres lacunes et son impuissance face au talent et d'accepter son propre échec. Fort heureusement, durant mon apprentissage, je n'avais fait qu'admirer la chute des autres sur mon sillage.
Un fin sourire étira mes lèvres tandis que je balayais les estrades du regard. Et je vis, installée au fond de la classe, une demoiselle qui m'observait de ses yeux pétillants mêlés à une certaine appréhension. Je ne me rappelais pas avoir autorisé cette personne à venir ici. Elle me semblait d'ailleurs bien vieille par rapport aux autres. Mais qu'importe. Impassible, je laissais tomber cette imprévue pour me consacrer à mon enseignement du jour.
La corvée eut cependant la décence de se clôturer rapidement et déjà, la pièce commençait à se vider. J'en profitais donc pour ranger soigneusement mes affaires avant d'enfin quitter cette classe. Quelle surprise alors que d'être interrompue de façon inopinée alors que je triais mes papiers. A cette approche, je baissais mes yeux sévères sur la demoiselle qui n'était autre que l'intrus du fond. Elle marqua ses respects -un peu trop à mon goût- en courbant l'échine, tout en tendant des feuilles dans ma direction. Allons bon, qu'est ce que cette petite me veut-elle ?
Interrogative, j'entrepris tout de même de m'en emparer machinalement sans les regarder tout en poursuivant de la fixer le visage froid comme le marbre. Je n'avais vraiment pas le temps. Elle avait intérêt d'avoir une bonne raison de me retenir ainsi.
Cette jeune femme s'appelait donc Lindiya Juhel. Jamais entendu parler. Quoi d'autre encore ? Une métis. Évidemment, la Sagesse se mêlait toujours dans des histoires pour lesquelles on ne l'attend jamais. Cela ne m'étonnait plus tellement, il a toujours eu la manie de savoir planter sa présence un peu partout, quitte même à me soustraire de ses informations. Ce qui, je vous l'accorde, me déplaît fortement. Mais passons. C'était donc lui qui lui avait appris son affiliation génétique.
Plus elle avançait dans son discours, plus je plissais des paupières sournoisement, plus je pouvais m'apercevoir de sa difficulté à conserver son calme. Je redoutais la tournure qu'allait prendre cette conversation mais je devinais déjà où elle allait nous mener, à mon grand damne. Et mon intuition ne se fit pas prier pour être confirmée, que déjà, la mention d'un « maître » franchit le seuil de sa bouche.
C'était à ce moment que je m'étais mise à soupirer lourdement. Pourtant, ce signe d'ennui ne l'avait pas arrêté pour autant et elle se jeta dans une longue tirade effrénée pour attraper mon intérêt. Cette gamine parlait beaucoup trop. Tant bien que mal, je restais toutefois patiente dans l'attente qu'elle termine enfin.
-Assez, assez, soufflais-je agacée, cela suffit.
Je posais ce qui s'apparentait à une candidature sur mon bureau et me dressait devant elle, le dos bien droit, la mine sévère.
-La Justice ne demande pas du cœur à l'ouvrage, Juhel-san. Ce n'est pas un domaine où le cœur est le bienvenu. C'est un terrain froid, cruel et hostile, qui fait abstraction de toute forme d'empathie ou de pitié, pour ne faire régner que nos lois inviolables dans sa brutalité la plus totale et la plus exigeante. Et ce, qu'importe les motifs ou les raisons qui poussent les gens à enfreindre les règles. Notre justice demande de la rigueur, une volonté inébranlable et une dévotion absolue dans les rouages froids qu'elle représente, pour l'imposer de façon stricte et irrévocable.
Je préférais mettre les choses très vite au clair concernant mes principes sur le sujet. Je ne faisais pas dans la dentelle, ni dans le sentimentalisme. La justice était loin d'être morale. C'était un monde où vous risquiez très nettement de perdre le sommeil, tourmenté par votre conscience quand vous n'étiez pas parés à prendre des lourdes décisions. Vous êtes confrontés tous les jours à vos choix, dont découlent des désaccords et des conflits. Cela implique également vous faire des ennemis, et dans ce milieu, je n'étais clairement pas la plus aimée tant mon jugement est implacable, sans faille et sans remords.
Elle me paraissait très loin d'être capable d'assumer ces lourdes responsabilités qui exigent énormément de mental. Elle venait à moi, ignorante et naïve, sans mesurer les efforts et les sacrifices à mettre sur la table pour remplir ce devoir ingrat. Cette étudiante ne mesurait pas du tout l'impact d'une telle direction.
-Je note toutefois votre désir d'apprendre et d'aller de l'avant. Je suppose que ce ne doit pas être évident pour une métis fraîchement débarquée de s'insérer dans notre milieu. Les sorciers et les sorcières sont particulièrement insolents vis à vis de vos origines.
Contrairement à mes homologues, je ne connaissais pas particulièrement de mépris envers eux. Ils n'avaient pas choisi leur sort et je ne voyais pas pourquoi les métis devraient payer pour l'erreur de leurs parents. Néanmoins, cette demoiselle faisait preuve d'un certain courage -ou d'un certain toupet- et sa motivation transpirait à travers tous les pores de sa peau -à moins que ce ne soit l'anxiété-.
-Vous savez sans doute que je représente la Justice de l'Enclave japonaise en plus d'être Juge au tribunal de Nakanoto. Je n'ai même pas assez d'une journée pour remplir toutes les tâches qui m'incombent. Donnez-moi de véritables bonnes raisons de traîner un boulet à mes pieds, pour peu qu'il ne sache même pas rouler.
En d'autres termes, je lui signifiais sa faiblesse criante quant à sa maîtrise des arts magiques. Son niveau était d'un mauvais. Mais il n'y a qu'avec les mauvais professeurs, qu'on fait les mauvais élèves.
-Je ne veux pas d'éléments motivés ou volontaires. J'exige l'infaillible et l'indubitable. Alors dites-moi, Juhel-san, jusqu'à quel point se mesure votre acharnement à vouloir être ma disciple ? Jusqu'à quel point, êtes-vous capable de survivre aux exigences, fracassant votre esprit contre les parois de votre petit crâne ? Parce que vous savez, jouer avec le feu implique de vous brûler jusqu'à parfois, terminer en cendre.
Si elle fuyait comme un lapin devant moi, c'était peine perdue. Si elle restait tétanisée telle une statut ou pire, se mettait à pleurer, elle ne pourrait pas survivre à mon envergure. Pas de faiblesse. Pas de faille. Je ne le tolérerai pas. Dans un claquement de doigt, je fis naître des flammes sur les papiers qu'elle m'avait tendue pour les réduire en poussière afin d'imager mes dires. Je n'avais pas besoin de ces stupides informations pour juger de si oui ou non, elle était méritante. Au diable les connivences, les paperasses de conformité pathétique et les courbettes. Je voulais voir la détermination. Je voulais voir la terreur. Je voulais voir la faim et la soif.
Je voulais voir son âme pour y goûter sa profondeur.
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Mar 4 Fév 2020 - 11:46
Mains moites, cœur battant, sœur froide ou chaude, qu’importe, les courants d’air se chargeait de lui donner la chaire de poule, Lin pose son regard franc sur les feuilles partant en cendre.
Ça, elle voulait ça.
Du plus profond de son cœur, de son être, de son âme, Lindiya voulait ça. D’une inspiration, elle calme son cœur qui commence à l’agacer. D’une expiration, elle récupère la maîtrise de son corps qui tend à lui jouer de mauvais tours. D’un craquement de nuque à gauche, puis à droite, elle reprend le contrôle de son souffle. D’une inspiration discrète et d’une expiration invisible, elle récupère la possession de ses mains tremblantes.
La justice avait raison. Que venait-elle faire, ici ? Simple, efficace, concis. Il était temps d’arrêter de jouer, il était temps d’arrêter la camaraderie, les cajoleries, toutes ses intentions douces et chaude qui pourrissait à vue d’œil l’égo de la jeune femme.
Puissante et assurée, elle l’avait été. Véritable rayon lumineux, elle avait déjà englobé une pièce de sa présence rien qu’en franchissant le seuil. Son présent alors était tout autre, Lin avait pris de l’assurance à travers ses apprentissages de vie comme scolaire. Elle n’avait pas de présence rassurante à ses côtés, elle se débrouillait par ses propres moyens et était devenue une jeune adulte à l’image de ses attentions et ambitions.
Depuis son arrivée ici, on la cajolait, on l’appréciait, on prenait soin d’elle et s’en était trop. C’était réconfortant, rassurant et indiscutablement, réducteur. Lin n’était pas faible. Lin n’était que puissance de vivre.
Comment pouvait-on se laisser bercer comme ça ? Surement par feignantisme. Oui, Lin avait été feignante. Elle s’était laissé bercer de tendresse et d’amour en se sentant légitime à se laisser aller. Elle avait oublié son principal objectif caché derrière ses sourires. Un désir sûrement considéré comme imbus, comme impropre, comme immorale : devenir puissante.Devenir, chaque jour, une version plus puissante et parfaite que celle qu’elle avait été la veille.
Son monde humain lui avait apporté une voie, une solution, qu’elle avait arpenté non sans en profiter. La jeune femme avait travaillé, était devenu l’une des meilleures de sa promotion malgré une cinquième place agaçante. Mais, on était venu la cueillir comme une fleur dans son cocon de réussite pour lui apporter une nouvelle voie, nécessaire, forcée et tellement douce en surface.
Quand avait-elle cassé ce cocon doux que lui avait finalement accordé Nakanoto ?
D’un sourire lascif, elle repense à sa nuit de diable avec Metuselah très loin de satisfaire la pensée sociale. La métisse s’était découverte une nouvelle facette, un nouveau trait de caractère qu’elle pensait enfoui au fond d’elle-même et qu’elle avait très longtemps considéré comme étant : impropre. Elle s’était découverte une fougue sans limite, une adaptation à la douleur quasi savoureuse, un besoin de contact impériale et un détachement face à une situation dangereuse d’un sang froid exemplaire. Derrière la puissance de l’acte, Lin s’était donc révélé droite et affirmée.
Lindiya repense à sa rencontre avec son premier lycan, à cette soirée, tout de même enjolivée par la présence de sa douce sagesse. Si le traumatisme avait été plus certain et traumatisant que sa rencontre avec Metuselah, elle avait su écouter les instructions, rester calme jusqu’au dernier moment pour s’effondrer et reprendre sa respiration qu’une fois le danger écarté. La jeune femme s’était donc révélé capable de faire la part des choses, de mettre de côté ses émotions et ressentis, pour agir dans l’immédiat et réfléchir dans le futur.
Enfin, elle repense à sa rencontre avec la puissance de l’enclave. Brisée dans ses os, Lindiya l’avait été mais, remodelé dans son âme, totalement. Le constat était clair, nette et précis. Nul besoin d’épiloguer, de romancer ou d’enjoliver, la jeune était inébranlable. Elle survivrait à toute forme de violence et de rabaissement, son objectif dans l’esprit et dans le cœur :« Devenir chaque jour une version plus puissante et meilleure que la femme qu’elle était la veille. »
Il était cuisant de remarquer que la jeune femme ne s’était jamais construite sur des caresses. Bien au contraire.
Finalement rencontré Riven aujourd’hui, c’était comme toqué à la porte de la morgue de la puissance. Risqué, mortel, imprévisible mais, bénéfique.
« Je ne viens pas en quête de moralité, ni de bienséance, ni de tendresse. »
Terrible constat, n’est-ce pas ? La construction insinuait-elle vraiment de toujours souffrir en conséquence. Terrible constat que d’avoir besoin de cette douleur pour se construire. Terrible constat de trouver ce chemin torturé palpitant, excitant voir grisant.La réussite abordée n’en sera que plus savoureuse.
« Si j’étais venue à la recherche de caresse mentale, je ne me serrais jamais adresser à vous aujourd’hui. Après tout, à bien réfléchir, pourquoi ne pas demander à la sagesse ? »
Derrière sa douceur, Lin avait toujours possédé cet égo caché. Souvent brisé, souvent torturé mais, belle et bien là. Elle possédait cette force de vaincre, de vivre, de réussite, qu’à ça. Son égo. On ne pouvait pas la tuer, on ne pouvait pas la briser totalement, car elle était elle. Petite mais puissante, caché derrière ce petit corps, elle était là son égo : véritable mini version d’elle-même, sexy à souhait, fuck à la main, un t-shirt osé « essaye si tu peux », son égo regardait chaque passage de sa vie et ne se gêner jamais pour lui foutre un coup de pied mentale mémorable.
« Mon intégration dans ce monde a été… instructif. J’ai apprécié d’un côté. Ça rend cet endroit moins attendrissant, parfait pour apprendre. Je n’ai pas besoin d’une assistance sociale mais, d’un professeur apte à mettre de côté ma condition pour me permettre d’évoluer rapidement et qualitativement»
D’un regard vers les cendres, Lin inspire une nouvelle fois, essayant tant bien que mal de calmer cette envie débordante qui ne tenait qu’à une chose : exploser.
« Je suis un boulet, une semi-sorcière, une merde qui n’est prête qu’à une chose : réussir. Echouer ne fait pas très longtemps partie de mon vocabulaire. Je ne viens pas demander de clémence mais de l’aide pour façonner ma magie et mes sorts à ma personne. Je ne veux pas devenir moyenne, ni une petite métisse cachait dans les jupons de la douce sagesse – aussi aimé qu’est Thomas – mais, belle et bien, une puissance à part entière ».
Lin s’était présentée à Greed sans frémir. Lin avait survécu à Greed. Pire, Lin avait gagné. Elle voulait un électrochoc, la réussite ou la mort, la puissance lui avait apporté la réponse sur un panier en or. Elle se représenterait à lui, n’en déplaise, plus sorcière encore qu’il ne l’était. Elle espérait pouvoir regarder cet homme de nouveau, doigt tendu, sourire triomphant, réussite palpitante. Lin ne voulait plus rester dans un lit d’hôpital, Lin ne voulait plus être caressé par Thomas, ni chouchouter, ni aimer, non. Lin voulait devenir Lin.
« Je ne demande pas une vie simple. Je demande une vie pleine de réussite. Je ne demande donc pas un apprentissage simple. Mais un apprentissage plein de réussite. Bon sang, allons-y. Brisez-moi. Soyez assuré que je serais là demain. Le seul moyen de se débarrasser de moi… » d’un coup de tête, la jeune femme montre le tas de cendre. « C’est de me tuer en beauté. »
C’était un fait. La jeune femme ne pouvait se satisfaire d’une vie moyenne. Son âme était remplie de cette extrême qui la caractérisait. Elle était extrêmement joyeuse. Extrêmement triste. Extrêmement dévoué. Extrêmement excitée. Dorénavant, elle ne recherchait qu’un extrême : la réussite ou rien. Et ce rien ne signifiait qu’une chose aux yeux de la jeune femme qui l’avait démontré lors de sa rencontre avec la puissance de l’enclave. C’était la réussite. Ou, qu’importe, la mort.
« Dans ce but, et seulement dans celui-là, je suis venue risquer ma vie une nouvelle fois. Sans aucun problème. Car on ne réussit pas, sans risquer. On ne devient personne, en acceptant l’agréable. Ce n’est pas qu’un simple apprentissage que je viens vous proposer. Mais une collaboration. Enseignez-moi et je me charge du reste. »
Elle le voit. Au loin. Cet égo qui murmure des mots doux à Patricia.
« Je vous propose un deal. Testez-moi. Maintenant, testez mon âme d’avantage. Ce n’est pas de parole dont vous avez besoin pour accepter de perdre votre temps. Mais d’acte. Allons-y. Et si je réussis, je ne demande qu’une chose : cassez-moi en deux pour me permettre de me remodeler, brisez-moi en trois pour me permettre de me recoller, mieux, tuez-moi. Car je n’accepte qu’une fin à cette demande : la réussite. Vraiment, donnez-vous à cœur joie : je sens que ça va être excitant, épuisant et destructeur. Parfait. C’est ce que je recherche. »
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Mer 12 Fév 2020 - 17:06
Alors que j'attendais qu'elle rétorque, je plissais mes paupières avec insistance dans sa direction pour cribler son attitude. De ce que je constatais, le message avait l'air d'être passé. Je sentais son corps se décontracter et reprendre son calme, alors qu'il tremblait quelques instants plus tôt. Il était hors de question que je me ramasse une gamine qui n'avait que pour seule intention d'attendrir le monde avec son « sens de la justice ». Je voulais de la force, je voulais de la volonté. Je réclamais les diamants les plus brutes, où chaque taillade pour le modeler à mon image ne sera que souffrance mais satisfaction. Un mal nécessaire pour aspirer au sommet, comme j'avais été éduquée plus jeune. Marche ou crève. Si je devais accepter une telle requête, il fallait s'attendre à une mutilation où le mental et le cœur seraient soumis à une souffrance pour casser ses limites. Il fallait marcher sur mes traces, que mes pieds ensanglantés avaient laissé dans le sillage de mon pouvoir extrême. La quête de la grandeur et de la puissance, était un duel acharné contre soi-même, où nous nous éclations contre nos propres failles pour mieux les dépasser.
J'écoutais donc attentivement ce qu'elle avait à répondre à mes conditions très rudes. Au début, mon visage affichait une expression dénuée d'expression, hormis peut-être du scepticisme. Cette débutante avait débarqué à mon bureau en faisant des révérences, certainement par pure habitude ou par crainte de me manquer de respect. Pas que je n'appréciais pas l'intention mais je ne trouvais mon estime que dans les caractères très forts, qui puissent rivaliser avec le mien. Si j'étais capable de sentir que je pouvais dévorer mon interlocutrice, alors nous ne pourrions pas jouer dans la même cour, et la danse s'arrêterait sur une au goût de l'échec.
Elle souhaitait évoluer, comme chacun des élèves ici, ce n'était donc pas une originalité en soi. Qu'avait-elle donc de plus que les autres dans le ventre ? Je me fichais éperdument de l'aspiration et des rêves, tout le monde pouvait en avoir. Pouvait-elle réellement dépasser cette limite noire entre son personne formatée d'aujourd'hui et celle du futur ? Écraser ses propres faiblesses sous ses propres poings et démolir les obstacles de son simple mental, est un travail mutilant. Je ne tolérais que les bombes prêtes à exploser, prêtes à dominer. Le tout était de savoir si elle demeurait aussi forte qu'elle ne le laissait dire. Son vocabulaire vulgaire me fit tiquer d'un tressautement de sourcil mais je passais vite outre. Elle avait au moins conscience de ses limites et demandait simplement qu'une personne lui vienne en aide pour grimper les caprices du pouvoir. Il fallait tout de même oser venir me voir pour une telle requête. Les sorciers et sorcières savaient tous pertinemment que je ne faisais clairement pas dans la dentelle mais sa remarque au sujet de la Sagesse m'arracha un petit rictus moqueur.
Il est vrai que lui et moi étions très différents. Il pouvait élever son monde, contrairement à ce qu'elle disait, mais dans une certaine limite. La souffrance, selon mon expérience propre, est le meilleur moyen pour apprendre à régner sur soi et les autres.
Toutefois, elle réussit à obtenir une légère réaction de ma part quand elle me lança le défi de refuser ses ardeurs. Si je désirais me débarrasser de son brûlant désir de réussir, je n'avais tout simplement qu'à la supprimer. Chose que je pouvais aisément exaucer dans une tempête de flammes infernales. Lin se mit alors à enfoncer davantage le clou, quand elle me pressa, presque suppliante de la mettre à l'épreuve en tentant de la briser.
Je ne pus m'empêcher d'éclater d'un rire sordide pendant au moins quinze bonnes secondes sous l'effet de surprise. Allons allons ! Quelle idée d'inviter la diablesse rouge à toquer à sa porte ! Je reconnaissais qu'elle ne manquait pas d'aplomb, bien que ce soit assez inconscient de sa part. Je repris ensuite mon calme le temps d'un battement de cil.
Langoureusement, ma silhouette imposante se rapprocha alors davantage de cette petite brindille. Je penchais mes lèvres proches de son visage d'enfant sage, où mon souffle caressait légèrement sa peau d'albâtre. Je la scrutais, profondément, d'un regard dont la lueur s'embrasait d'un rouge intense pour attraper ses abysses que je pourrais peut-être accepter de creuser à l'avenir.
-Et bien, et bien... murmurais-je d'une voix suave mais criante de prédation. Dit ainsi, je ne peux me résoudre à ignorer votre fièvre. Vous m'intriguez Juhel-san, bien que sans vouloir vous offenser, je me permets d'émettre encore quelques doutes quant à votre capacité à résister à la terreur. Mais si vous insistez.
Je devinais que cette petite fille avait été choyée tout au court de son existence. Une enfant chérie et adorée par son entourage, qui n'avait jamais manqué d'amour. Qui savait ce qu'était l'amour. Qu'est ce qui avait bien pu changer ? Comment pourrais-je m'y prendre, pour la laver de toute cette atmosphère affectueuse qui tendait à l'affaiblir ?
Dans un geste lent et mesuré, je posais un doigt sur sa bouche que je tâtais doucement, réfléchissant à la façon dont elle pourrait venir à sa nouvelle existence. Jusque là, je ne voyais qu'un seul moyen.
-Il est l'heure de mourir, Juhel-san, pour mieux renaître.
Joignant le geste à la parole, je posais alors mes deux mains sur ses tempes en écrasant consciemment avec force son crâne entre mes doigts.
-Vous n'avez pas le droit de vous enfuir. Vous n'avez pas le droit de pleurer, ni de hurler. Vous devez résister.
Je fis ensuite naître des flammes sans prévenir, à ses pieds qui grimpèrent comme un serpent empoisonné jusqu'à son buste. Elles vinrent instantanément brûler sa chaire dont les tissus ne tardèrent pas être violés par cette violence. Je pulsais davantage mon sort générant toujours plus de puissance. Assez pour la faire hurler, mais mesuré pour la tenir encore en éveil. Les séquelles seraient purement physiques mais c'était le mental qui serait rudement mis à l'épreuve. La brindille prenait feu comme une allumette qui se consumait sous mon sort. Le feu dévorait ses vêtements et attaquait ses tissus organiques pour les décomposer. Je pouvais humer, cette odeur familière de carbonisation qui émanait de sa peau éprouvée. La chaleur grimpait, en même temps que mes prunelles s'intensifièrent d'une braise éclatante. La souffrance pleurait de ses brûlures intenses, sous forme de sang et de chaire mordue à vif. Je gardais seulement son minois intact, bien que transpirant de souffrance, pour mieux jauger la vaillance et la résistance dans son regard.
Allait-elle tomber en cendres ?
-Je ne brise personne, chère Juhel. Je les fais disparaître. Le sentez-vous, cet instinct sauvage de survie qui se débat pour conquérir votre droit de renaissance ?
Allait-elle revenir en martyr ou en Phoenix ?
J'écoutais donc attentivement ce qu'elle avait à répondre à mes conditions très rudes. Au début, mon visage affichait une expression dénuée d'expression, hormis peut-être du scepticisme. Cette débutante avait débarqué à mon bureau en faisant des révérences, certainement par pure habitude ou par crainte de me manquer de respect. Pas que je n'appréciais pas l'intention mais je ne trouvais mon estime que dans les caractères très forts, qui puissent rivaliser avec le mien. Si j'étais capable de sentir que je pouvais dévorer mon interlocutrice, alors nous ne pourrions pas jouer dans la même cour, et la danse s'arrêterait sur une au goût de l'échec.
Elle souhaitait évoluer, comme chacun des élèves ici, ce n'était donc pas une originalité en soi. Qu'avait-elle donc de plus que les autres dans le ventre ? Je me fichais éperdument de l'aspiration et des rêves, tout le monde pouvait en avoir. Pouvait-elle réellement dépasser cette limite noire entre son personne formatée d'aujourd'hui et celle du futur ? Écraser ses propres faiblesses sous ses propres poings et démolir les obstacles de son simple mental, est un travail mutilant. Je ne tolérais que les bombes prêtes à exploser, prêtes à dominer. Le tout était de savoir si elle demeurait aussi forte qu'elle ne le laissait dire. Son vocabulaire vulgaire me fit tiquer d'un tressautement de sourcil mais je passais vite outre. Elle avait au moins conscience de ses limites et demandait simplement qu'une personne lui vienne en aide pour grimper les caprices du pouvoir. Il fallait tout de même oser venir me voir pour une telle requête. Les sorciers et sorcières savaient tous pertinemment que je ne faisais clairement pas dans la dentelle mais sa remarque au sujet de la Sagesse m'arracha un petit rictus moqueur.
Il est vrai que lui et moi étions très différents. Il pouvait élever son monde, contrairement à ce qu'elle disait, mais dans une certaine limite. La souffrance, selon mon expérience propre, est le meilleur moyen pour apprendre à régner sur soi et les autres.
Toutefois, elle réussit à obtenir une légère réaction de ma part quand elle me lança le défi de refuser ses ardeurs. Si je désirais me débarrasser de son brûlant désir de réussir, je n'avais tout simplement qu'à la supprimer. Chose que je pouvais aisément exaucer dans une tempête de flammes infernales. Lin se mit alors à enfoncer davantage le clou, quand elle me pressa, presque suppliante de la mettre à l'épreuve en tentant de la briser.
Je ne pus m'empêcher d'éclater d'un rire sordide pendant au moins quinze bonnes secondes sous l'effet de surprise. Allons allons ! Quelle idée d'inviter la diablesse rouge à toquer à sa porte ! Je reconnaissais qu'elle ne manquait pas d'aplomb, bien que ce soit assez inconscient de sa part. Je repris ensuite mon calme le temps d'un battement de cil.
Langoureusement, ma silhouette imposante se rapprocha alors davantage de cette petite brindille. Je penchais mes lèvres proches de son visage d'enfant sage, où mon souffle caressait légèrement sa peau d'albâtre. Je la scrutais, profondément, d'un regard dont la lueur s'embrasait d'un rouge intense pour attraper ses abysses que je pourrais peut-être accepter de creuser à l'avenir.
-Et bien, et bien... murmurais-je d'une voix suave mais criante de prédation. Dit ainsi, je ne peux me résoudre à ignorer votre fièvre. Vous m'intriguez Juhel-san, bien que sans vouloir vous offenser, je me permets d'émettre encore quelques doutes quant à votre capacité à résister à la terreur. Mais si vous insistez.
Je devinais que cette petite fille avait été choyée tout au court de son existence. Une enfant chérie et adorée par son entourage, qui n'avait jamais manqué d'amour. Qui savait ce qu'était l'amour. Qu'est ce qui avait bien pu changer ? Comment pourrais-je m'y prendre, pour la laver de toute cette atmosphère affectueuse qui tendait à l'affaiblir ?
Dans un geste lent et mesuré, je posais un doigt sur sa bouche que je tâtais doucement, réfléchissant à la façon dont elle pourrait venir à sa nouvelle existence. Jusque là, je ne voyais qu'un seul moyen.
-Il est l'heure de mourir, Juhel-san, pour mieux renaître.
Joignant le geste à la parole, je posais alors mes deux mains sur ses tempes en écrasant consciemment avec force son crâne entre mes doigts.
-Vous n'avez pas le droit de vous enfuir. Vous n'avez pas le droit de pleurer, ni de hurler. Vous devez résister.
Je fis ensuite naître des flammes sans prévenir, à ses pieds qui grimpèrent comme un serpent empoisonné jusqu'à son buste. Elles vinrent instantanément brûler sa chaire dont les tissus ne tardèrent pas être violés par cette violence. Je pulsais davantage mon sort générant toujours plus de puissance. Assez pour la faire hurler, mais mesuré pour la tenir encore en éveil. Les séquelles seraient purement physiques mais c'était le mental qui serait rudement mis à l'épreuve. La brindille prenait feu comme une allumette qui se consumait sous mon sort. Le feu dévorait ses vêtements et attaquait ses tissus organiques pour les décomposer. Je pouvais humer, cette odeur familière de carbonisation qui émanait de sa peau éprouvée. La chaleur grimpait, en même temps que mes prunelles s'intensifièrent d'une braise éclatante. La souffrance pleurait de ses brûlures intenses, sous forme de sang et de chaire mordue à vif. Je gardais seulement son minois intact, bien que transpirant de souffrance, pour mieux jauger la vaillance et la résistance dans son regard.
Allait-elle tomber en cendres ?
-Je ne brise personne, chère Juhel. Je les fais disparaître. Le sentez-vous, cet instinct sauvage de survie qui se débat pour conquérir votre droit de renaissance ?
Allait-elle revenir en martyr ou en Phoenix ?
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Jeu 13 Fév 2020 - 0:00
Echec ou réussite, Lin ne peut se prononcer. Elle ne voit qu’une chance, l’entend plutôt, la sorcière venait de réagir. D’un rire puissant dans ces répercussions sur Lin et dominant dans sa douceur sonore. Il venait d’ailleurs, sordide, impénétrable mais, il était bel et bien là. La sorcière ne donnait pas de décision, ce n’était ni oui, ni non mais, un petit élan d’attention qui allait au-delà du dégoût simple et de l’ignorance. Lin avait déclencher une réaction, bonne ou mal, elle était certaine de le découvrir très vite.
Était-elle prête ? Là était tout le fond du problème et de ce duel de regard, Lin était-elle prête ? Prête à s’oublier face à cet apprentissage.
Yeux asséchés à force de ne plus les cligner, Lin regarde la sorcière s’approcher doucereusement dans sa direction. Plus elle approche, plus le rythme cardiaque de Lindiya augmente, elle se retrouvait dans le scénario typique du grand méchant loup devant sa petite biquette. Mais, il n’en était pas là l’ambition de l’étudiante, finir sous ses crocs ne l’intéressait clairement pas dans cette éventualité.
Pourtant, plus Riven s’approche, plus Lin la regarde comme hypnotisée. Cette aura de confiance que dégage la sorcière était-il l’effet de son imagination débordante ? Non, elle était certaine que cela venait de l’essence propre de la Justice. Elle savait ce qu’elle faisait, elle savait dans quelle direction elle avançait – même devant un petit imprévu, la Justice marchait et abattait le marteau sur son socle pour faire tomber sa sentence.
Ce combat de regard permet à la jeune femme de voir tous les changements opérer par la somptueuse sorcière.
Son regard d’un rouge flamboyant pouvait faire frémir le premier vampire venu, et il était sur elle.
Lindiya devait à tout pris calmer son rythme cardiaque qui avait laissé place à une excitation débordante. Comment pouvait-on aimer autant le danger d’une situation ?
Alors que le souffle de la sorcière lui donne la chaire de poule, sa conscience la sermonne : « Espèce de folle ! Tu veux pas avoir une vie normale un peu, à la place ». Mais juste à côté, son égo secouait la tête de droite à gauche, d’un regard dédaigneux, elle poussait la consciente de son talon en se léchant les lèvres : « Laisse-toi pas faire, poulette ! »
D’une respiration lente et contrôlée, Lindiya accepte sans sourciller l’intrusion de la sorcière dans son espace. Elle sourit devant l’intérêt de la sorcière, tout en ne la lâchant pas des yeux devant ses doutes. La métisse lui prouverait, par la sueur, par le sang et par sa détermination qu’elle en avait sous la botte.
D’un léger frémissement, Lin accueil la caresse sur ses lèvres légèrement amusées. Cette nouvelle intrusion, rabaissant de premier abord, n’avait aucun effet sur la jeune femme. Très tôt, la métisse avait appris à se détacher de son attache corporelle. Ce corps ne lui servait qu’à respirer et observer le monde.
Abusé il pouvait l’être, violé encore plus, bafoué, torturé, ensanglanté, il n’en était pas moins d’aucune emprise sur l’esprit de la jeune femme qui accordait plus d’importance à son être qu’à sa personne.
Son égo pose ses mains sur ses hanches en faisant la moue : « tema ce corps Bombinaa, il est quand même à tomber ». Et la consciente priant au loin pour que Dieu accepte de la débarrasser de cet égo ennuyante murmure : « C’est pas ça le plus important ». Et là, juste à droite, oui, là, son assurance lui fait un clin d’œil : « Bien utile ce corps, ma petite salope. Fais y, attention ». Sacré raffuts en somme.
-Il est l'heure de mourir, Juhel-san, pour mieux renaître.
Eteignez le son, il fallait que tout ce bordel mental se calme. Toujours attentive, Lin regarde la sorcière s’approchait encore et toujours pour poser ses deux mains sur ses tempes avec une force que la métisse n’aurait jamais soupçonné au bout des doigts. Une intrusion mentale était à prévoir, la jeune femme ne le savait pas vraiment mais, elle était certaine de devoir se préparer à un jugement livre ouvert. Et pourtant.
-Vous n'avez pas le droit de vous enfuir. Vous n'avez pas le droit de pleurer, ni de hurler. Vous devez résister.
Instruction reçu cinq sur cinq, d’une longue respiration, Lin se prépare. Grave erreur. Elle voulait se préparer à quoi l’idiote. Dans une autre dimension, elle ne comprend pas de suite. C’est chaud, ça pique, non, ça brule, ça l’emporte, ça monte, non ça s’enroule, ses yeux s’écarquille, le son se bloque dans sa gorge, ses yeux se vide, non, s’assèche.
Conscience se prend les cheveux dans les mains en hurlant, Assurance se pisse dessus mais, Ego, elle ne l’abandonne jamais : « lâche rien ! Jamais rien ».
Tout éclate.
Conscience et Assurance s’efface. Elles ne peuvent plus la suivre. C’est fini. Lin allait mourir, c’était certain. Mais Ego, tremblante, se mord les lèvres, fronce des sourcils et cris pour elle. Oui, elle hurle. Elle se débat contre les flammes. Et Lin, elle réalise. Réalise qu’elle prend feu. Elle ne voit que Riven, encore et toujours Riven, sa chaire brûle, elle le sent, ses vêtements ne sont déjà plus et il est devant elle. Il lui épargne le visage et reprend sa course sur ses bras, ses mains, ses doigts. Il redescend, l’entoure, s’enroule autours d’elle pour ne plus la lâcher. Il ne veut qu’une chose : la consumer.
La douleur dépassait de très loin tout ce qu’elle avait déjà connu.
Metuselah, l’avait mis au bord d’un précipice doucement. Une simple piqure, deux secondes, et ses yeux lourds s’étaient fermés. Aucun combat à mener. Juste à s’abandonner. C’était simple. C’était la meilleure mort possible. On ne sentait rien, à part un léger flottement, on s’abandonnait à l’autre, en attente du résultat finale. Et on ouvrait les yeux sur un délice à dévorer.
Greed, l’avait broyé. Simple et efficace. Isolé et rapide. C’était des coups de marteaux que l’adrénaline se chargeait d’encaisser. BAM ! BAM ! finalement, c’est l’écho sonore qui te fait réaliser. Et là encore, la douleur isolée dans son effet reste facile à appréhender et à arrêter. BOUM ! Et tout explose. Aucune leçon à retirer. Non, juste une victoire.
Riven. Riven.
Ce prénom tourne en boucle pour essayer d’éloigner cette douleur. Pire qu’une piqure doucereuse, qu’un marteau destructeur, c’est une caresse endiablée. D’abord, ça pique, le corps veux reculer, s’éloigner mais, non. Impossible. Ne rien abandonner. Alors, tu subis ce supplice. Car c’est ce que c’est les amis un supplice. Ton corps pique, tape, pince, mord, arrache, supplie, hurle, pleure, gémit, cris, insulte. Il disparait. La conscience au loin gémit. Ton corps, lui, fond comme neige au soleil.
Le premier hurlement de Lin sort, déjà étouffé par la fumet et l’odeur de cochon grillé que dégage son corps mais, elle ne lâche pas Riven du regard.
Patricia pleure au loin, certaine que Lin ne voudrait plus jamais en entendre parler. Comment l’aimait après un massacre pareil, dites-moi, merde. Elle demande à Lin d’arrêter, de déclarer forfait mais, non, Lin lui sourit doucement. Non. Car si elle abandonnait, elle la perdrait elle. Elle avait donné un deal à la sorcière. La supprimer pour la façonner de nouveau, elle obtempérait.
Mais s’en est trop, Conscience se réveil dans un sursaut. Cherche à prendre le contrôle sur Lindiya. Faut vraiment dégager. Alors Lin se débat intérieurement. Douleur physique, douleur mental, regard perdu dans celui de la Justice, elle se bat comme jamais encore elle ne s’était battue de toute sa vie. Elle qui ne veut que s’abandonner. Mourir pour mieux renaitre, son instinct de survie lui cris d’arrêter ce massacre le plus vite possible.
-Je ne brise personne, chère Juhel. Je les fais disparaître. Le sentez-vous, cet instinct sauvage de survie qui se débat pour conquérir votre droit de renaissance ?
Chère Juhel. Ah ça, lui on en sortait des chère à chaque fois qu’on la détruisait. Chère nièce, chère Lindiya, chère batarde, chère, chère, chère. On adore. D’une morsure dans sa langue, Lin essaye de faire taire cette bouffonne de Survie qui l’insultait elle aussi à son tour. Heureusement qu’Ego n’était pas loin pour l’aider à ne jamais au grand jamais fermer les yeux.
Elles ont peur. Non fallait le dire. Ego pleurait comme jamais. Parfait reflet de Lin mais, elle se battait toute deux. Au loin, Assurance tombe en cendre. Conscience à son tour. L’épiderme de la métisse l’abandonne, la douleur sur sa chaire à vif n’en est que plus vive et… non. Ça se stop légèrement. Lin ne sent plus rien. Rien du tout. Elle ne sent plus son corps, ni son cœur qui pourtant se débat, ni ses poumons qui étouffent, elle tousse, panique légèrement mais là, aussi, poumon récupère du terrain.
Alors qu’elle se sent incapable de se porter, Lin sent sa tête lourde peser contre les mains toujours aussi fermes de la Justice.
Et alors, là, Survie hurle encore et toujours. Elle pousse Ego, lui tape dessus, la rue de coup, jusqu’à ce qu’elle disparaisse en cendre emporté par les flammes. Mais s’en est trop. Patricia arrive. Elle montre les dents, attrape le cœur de Lin dans ses mains enflammées, prête à son tour à se battre. Non contre son supérieur mais contre cet être pesant et inutile que représentait cet instant de survie. Alors là, quand Survie arrive pour attraper Patricia et souffler sur la pauvre flammèche qu’elle représentait. Lin hurle. Intérieurement comme extérieurement, la douleur n’en est que plus vive de toute part, elle sent la fin arriver. S’en est certain mais, si Lindiya devait mourir aujourd’hui, elle ne garderait qu’une chose. Une seule de cette personne qu’elle avait été.
Adieu Conscience. Tu étais beaucoup trop lourde à porter. Toujours à faire des reproches h24 alors que Lin voulait juste vivre pleinement.
Adieu Humble. Qu’est-ce que tu étais emmerdante avec ta bonne parole morale. Qu’est-ce que Lin en a bien à foutre de cette bonne morale dans le monde d’aujourd’hui.
Adieu Assurance. Bah ouais, car si on devait vraiment compter sur toi, ah, Lin serrait morte depuis des années avec ta tendance à te faire manipuler à tout va par les autres.
Adieu Beauté, car si tu veux tout savoir, t’es une plaie.
Ouais vraiment, une plaie de dingue. Tu attires tout et surtout n’importe quoi. Et surtout que de la merde. Lin en avait perdu des plumes à cause de toi, du temps aussi hein.
Adieu Sensibilité. Ouais quoi, tu pouvais pas arrêter trente seconde de tout ressentir, en fait. T’es un boulet, ouais, un boulet. Tu me dis combien d’opportunité Lin a loupé à cause de toi. Bah ouais, à la faire tout ressentir juste pour ressentir mais c’est à chier. La prochaine fois, de préférence soit utile.
Adieu Gentille. Ouais pardon mais tu es vraiment gonflante toi. Faut faire si, faut faire ça, pas ça, mais on s’en fiche à la fin. Allez neuneu stop. Dégage.
Adieu Maladresse.
Adieu Ignorance.
Adieu Faiblesse.
…
….
Ah. Survie. Ouais, bah toi, présente-toi quand c’est utile. Là actuellement. Tu freines.
Soyez tous un peu plus utile.
Conscience, tu aurais pu l’aider à grandir. Humble, tu aurais pu lui permettre d’avantage de prendre les choses calmement. Quoi que non, dégage. Assurance, mais impose toi. Allez, tu existe pourquoi sinon. Beauté, non mais toi, sert à quelque chose, non, me regarde pas comme ça, regarde pas Lin comme ça, elle te sauvera pas. Elle n’a pas que ça à faire actuellement. Soit utile un peu, gagne des points et du terrain mais, s’il-te-plait, arrête d’être bécasse.
Regardez un peu Patricia. Petite mais belle et bien puissante. On ne devrait garder qu’elle dans cette carcasse. Ce n’est qu’elle qui vous relèvera. C’est l’essence même de votre être qui doit parler. Votre être, votre âme, sous toutes ses formes, Patricia en porte sacrément le drapeau, mais, renaissez tous un part un. Car franchement. Vous êtes des boulets.
Les yeux de Lin commence à se fermer. Elle essaye pourtant de résister mais, elle se sent complètement à vide, épuisée par un nouveau combat qui ne demandait qu’un peu de tranquillité. Patricia faiblit peu à peu, alors d’un tout petit geste, Lin la rapproche de son cœur qui commence à faiblir, car quand il rebattra à une vitesse normale, ça sera sur son rythme. Patricia s’accroche, tousse un peu et perd conscience. Et alors, que Lin commence à fermer les yeux, elle le sent.
Son corps ne tape plus contre ses parois pour s’échapper, il recommence à la piquer. Comme si, tout prenait fin.
Ah.
Invité
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Dim 23 Fév 2020 - 19:48
Il était assez impressionnant de pouvoir deviner ses pensées alors que son corps se soumettait à une rude épreuve. Je pouvais aisément lire dans son regard effrayé, le débat qui se livrait dans son esprit entre abandon et ténacité. Elle flambait comme une brindille alors que je maintenais à flot les feux de l'enfer qui fondaient ses vêtements puis qui maltraitaient sa peau d'albâtre sous une brûlure terrible. La valse incessante de chaleur dansait sur ses jambes et son buste et elle ressemblait désormais à une torche humaine vivante.
Je la sentais se tordre et convulser douloureusement, alors que ses yeux poursuivaient tout de même de fixer les miens embrasés de rouge. Je la voyais submergée par la crainte de mourir à chaud puis quelques fois, dans un éclat de lucidité, elle revenait à moi avec une volonté écrasante mais qui ne suffisait pourtant pas à la garder consciente. Son frêle corps puisait dans son énergie la plus improbable, luttant farouchement pour accueillir la douleur plutôt que de la subir. Il devait être envahi par l'endorphine, une sécrétion naturelle pour supporter la souffrance physique. Une défense du métabolisme pour résister mais qui ne demeurait pas tellement efficace à ce stade de carbonisation intense. Tout se jouait dans son esprit qui se débattait fiévreusement pour ne pas s'endormir profondément, dans un sommeil éternel.
Lutte, lutte, ma petite Lin.
Je pouvais goûter sa peur rien qu'en agrippant ses yeux mi-clos. Je transcendais ses limites au delà de ses souhaits tandis que je saisissais mon excitation à la mettre en lambeaux. Un sourire sinistre s'immisça sur mes lèvres, alors que le petit oiseau entre mes mains devenaient peu à peu, un triste reflet de son existence. Amochée. Vaincue. Brûlée. Ses ailes se détérioraient, peut-être pour en faire pousser des plus belles encore. Seule la décision de survivre lui appartenait. Seule la décision de rester minable aussi, lui appartenait.
Lin, Lin, que vas-tu choisir ?
Les pleures ne tardèrent pas à se fondre sur ses joues humides, malgré la chaleur. Les larmes de son âme qui se consumait toujours davantage, dans un cri sourd de terreur et de désespoir. Je le sentais, je le voyais. Avide de cet effet dévastateur comme je l'aime tant, elle succombait peu à peu, à mon acharnement vivace. Jusqu'à ce que son souffle entrecoupé s'affaiblisse et que ses jambes se ramollissent sous son poids.
Quant elle fut sur le point de perdre connaissance, j'éteignais immédiatement mes flammes puis la laissa s'écraser comme une poupée endormie sur le sol froid. De la fumée s’échappait de son enveloppe corporelle, cuite à point telle une viande asséchée à jeter aux prédateurs. Je m'agenouillais cependant auprès d'elle pour vérifier si elle était encore en vie.
Elle était inconsciente, mais bien vivante. Un petit rictus satisfait s'afficha pour déformer mon visage espiègle. Si j'y avais mis plus de conviction, certainement qu'elle serait déjà partie pour un autre monde, mais là n'était pas le but. Le but était de faire passer un message et celui-ci était bien imprimé sur sa peau emplie de souillures.
Je me relevais alors pour aller derrière mon bureau et appuyer sur un bouton d'urgence juste en dessous pour faire arriver le service de soins intensifs. Il ne leur fallut pas plus d'une minute pour réagir et déjà plusieurs médicomages étaient à l'affût avec un brancard pour la ramener. Vous auriez dû voir leur tête. La stupeur et l'effroi se lisaient facilement dans leur expression. Ils semblaient si stupéfaits que je pensais même qu'ils allaient prendre racine à observer son corps gisant par terre. L'un d'eux bégaya tout de même en me demandant ce qu'il s'était passé ici pour qu'elle soit dans cet état. Je me contentais d'hausser innocemment les épaules.
-Oh, vous savez, la jeunesse prend parfois des risques inconsidérés...
Le chef du groupe ne chercha pas plus à comprendre , même s'il semblait assez décontenancé par mon flegme. Il se décida enfin à se précipiter vers la métis pour la déposer délicatement à l'aide de ses collègues sur le brancard et l'amener au local des soins intensifs.
Je décidais tout de même de les accompagner pour que je puisse suivre son état de près. Tout ce qui m'intéressait désormais, c'était d'entendre ce qu'elle avait à dire et ce qu'elle déciderait par la suite. Je ne lui avais pas dit non, je ne lui avais pas dit oui. Mais mon petit doigt me disait qu'elle était prometteuse, bien que complètement inconsciente de m'avoir provoqué de la sorte. Il faudra qu'elle sache mettre des limites dans son attitude ou excentricité, sinon, elle finira encore en poulet rôti. Et je ne garantissais pas qu'elle puisse y survivre cette fois-ci.
Précautionneusement, les médicomages effectuèrent les premiers soins d'urgence en soulageant ses blessures. Toute une équipe était là autour de son lit pour s'y affairer dans l'immédiat. Puis derrière moi, j'entendis des bruits de pas légers et un homme au teint mat apparut pour constater certainement les dégâts. Il cligna d'abord plusieurs fois des yeux avant de se les frotter, comme s'il avait vu un fantôme. Devdan Lavisto. Reconnaissable entre tous, puisque son physique portait ses origines étrangères. Je n'avais jamais eu l'occasion de le rencontrer avant mais je savais qu'il était le petit protégé de notre grand Altruisme et promit à un avenir prometteur. Je le saluais dans un hochement de tête poli.
Voyons comment il se tirerait d'une telle situation aussi imprévue.
S'il avait été étonné au premier abord, il reprit bien vite de sa contenance et de son sérieux. Sourcils froncés, il prit vite connaissance de son état général avant d'exercer sa magie de stase pour ne pas empirer son cas. Je jetais un coup d'oeil curieux à son travail, moi qui était plus aguerrie en maître de l'esprit que de la santé. Lin se trouvait enveloppé d'un manteau magique qui permettait de maintenir son état à un degré potable. Puis, grâce au toucher, je constatais même à l'oeil nu les lésions qui se ressoudaient petit à petit, notamment grâce à l'aide des autres. C'était assez impressionnant à voir, je devais l'avouer. Cet homme avait vraiment des talents pratiques bien que ce ne soit pas vraiment ma tasse de thé. Toujours concentré à la tâche, nous pouvions constater une sacré différence en quelques minutes entre l'état où ils l'avaient emmené et maintenant.
Devdan me conseilla de la laisser se reposer mais je n'étais pas aussi patiente. Aussi, je le remerciais pour son intervention mais je préférais rester à ses côtés pour voir la suite de cet épisode. Ils disparurent alors pour ne laisser que nous deux.
Je m'asseyais donc sur une chaise à son chevet, tout en lui caressant doucement les cheveux. Les yeux fermés, on pouvait presque dire qu'elle paraissait sereine, mais ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne ressente de nouveau une lancinante douleur dans tous ses membres. Bien que moins cinglante, grâce à l'expertise des mages médecins. Ce devrait donc être plus supportable.
-Juhel-san... murmurais-je à son oreille, il est l'heure de revenir à la maison. Je n'en ai pas encore fini avec toi, mon petit Phoenix. Tu n'as pas encore perdu toutes ces hideuses plumes de confort.
Je la sentais se tordre et convulser douloureusement, alors que ses yeux poursuivaient tout de même de fixer les miens embrasés de rouge. Je la voyais submergée par la crainte de mourir à chaud puis quelques fois, dans un éclat de lucidité, elle revenait à moi avec une volonté écrasante mais qui ne suffisait pourtant pas à la garder consciente. Son frêle corps puisait dans son énergie la plus improbable, luttant farouchement pour accueillir la douleur plutôt que de la subir. Il devait être envahi par l'endorphine, une sécrétion naturelle pour supporter la souffrance physique. Une défense du métabolisme pour résister mais qui ne demeurait pas tellement efficace à ce stade de carbonisation intense. Tout se jouait dans son esprit qui se débattait fiévreusement pour ne pas s'endormir profondément, dans un sommeil éternel.
Lutte, lutte, ma petite Lin.
Je pouvais goûter sa peur rien qu'en agrippant ses yeux mi-clos. Je transcendais ses limites au delà de ses souhaits tandis que je saisissais mon excitation à la mettre en lambeaux. Un sourire sinistre s'immisça sur mes lèvres, alors que le petit oiseau entre mes mains devenaient peu à peu, un triste reflet de son existence. Amochée. Vaincue. Brûlée. Ses ailes se détérioraient, peut-être pour en faire pousser des plus belles encore. Seule la décision de survivre lui appartenait. Seule la décision de rester minable aussi, lui appartenait.
Lin, Lin, que vas-tu choisir ?
Les pleures ne tardèrent pas à se fondre sur ses joues humides, malgré la chaleur. Les larmes de son âme qui se consumait toujours davantage, dans un cri sourd de terreur et de désespoir. Je le sentais, je le voyais. Avide de cet effet dévastateur comme je l'aime tant, elle succombait peu à peu, à mon acharnement vivace. Jusqu'à ce que son souffle entrecoupé s'affaiblisse et que ses jambes se ramollissent sous son poids.
Quant elle fut sur le point de perdre connaissance, j'éteignais immédiatement mes flammes puis la laissa s'écraser comme une poupée endormie sur le sol froid. De la fumée s’échappait de son enveloppe corporelle, cuite à point telle une viande asséchée à jeter aux prédateurs. Je m'agenouillais cependant auprès d'elle pour vérifier si elle était encore en vie.
Elle était inconsciente, mais bien vivante. Un petit rictus satisfait s'afficha pour déformer mon visage espiègle. Si j'y avais mis plus de conviction, certainement qu'elle serait déjà partie pour un autre monde, mais là n'était pas le but. Le but était de faire passer un message et celui-ci était bien imprimé sur sa peau emplie de souillures.
Je me relevais alors pour aller derrière mon bureau et appuyer sur un bouton d'urgence juste en dessous pour faire arriver le service de soins intensifs. Il ne leur fallut pas plus d'une minute pour réagir et déjà plusieurs médicomages étaient à l'affût avec un brancard pour la ramener. Vous auriez dû voir leur tête. La stupeur et l'effroi se lisaient facilement dans leur expression. Ils semblaient si stupéfaits que je pensais même qu'ils allaient prendre racine à observer son corps gisant par terre. L'un d'eux bégaya tout de même en me demandant ce qu'il s'était passé ici pour qu'elle soit dans cet état. Je me contentais d'hausser innocemment les épaules.
-Oh, vous savez, la jeunesse prend parfois des risques inconsidérés...
Le chef du groupe ne chercha pas plus à comprendre , même s'il semblait assez décontenancé par mon flegme. Il se décida enfin à se précipiter vers la métis pour la déposer délicatement à l'aide de ses collègues sur le brancard et l'amener au local des soins intensifs.
Je décidais tout de même de les accompagner pour que je puisse suivre son état de près. Tout ce qui m'intéressait désormais, c'était d'entendre ce qu'elle avait à dire et ce qu'elle déciderait par la suite. Je ne lui avais pas dit non, je ne lui avais pas dit oui. Mais mon petit doigt me disait qu'elle était prometteuse, bien que complètement inconsciente de m'avoir provoqué de la sorte. Il faudra qu'elle sache mettre des limites dans son attitude ou excentricité, sinon, elle finira encore en poulet rôti. Et je ne garantissais pas qu'elle puisse y survivre cette fois-ci.
Précautionneusement, les médicomages effectuèrent les premiers soins d'urgence en soulageant ses blessures. Toute une équipe était là autour de son lit pour s'y affairer dans l'immédiat. Puis derrière moi, j'entendis des bruits de pas légers et un homme au teint mat apparut pour constater certainement les dégâts. Il cligna d'abord plusieurs fois des yeux avant de se les frotter, comme s'il avait vu un fantôme. Devdan Lavisto. Reconnaissable entre tous, puisque son physique portait ses origines étrangères. Je n'avais jamais eu l'occasion de le rencontrer avant mais je savais qu'il était le petit protégé de notre grand Altruisme et promit à un avenir prometteur. Je le saluais dans un hochement de tête poli.
Voyons comment il se tirerait d'une telle situation aussi imprévue.
S'il avait été étonné au premier abord, il reprit bien vite de sa contenance et de son sérieux. Sourcils froncés, il prit vite connaissance de son état général avant d'exercer sa magie de stase pour ne pas empirer son cas. Je jetais un coup d'oeil curieux à son travail, moi qui était plus aguerrie en maître de l'esprit que de la santé. Lin se trouvait enveloppé d'un manteau magique qui permettait de maintenir son état à un degré potable. Puis, grâce au toucher, je constatais même à l'oeil nu les lésions qui se ressoudaient petit à petit, notamment grâce à l'aide des autres. C'était assez impressionnant à voir, je devais l'avouer. Cet homme avait vraiment des talents pratiques bien que ce ne soit pas vraiment ma tasse de thé. Toujours concentré à la tâche, nous pouvions constater une sacré différence en quelques minutes entre l'état où ils l'avaient emmené et maintenant.
Devdan me conseilla de la laisser se reposer mais je n'étais pas aussi patiente. Aussi, je le remerciais pour son intervention mais je préférais rester à ses côtés pour voir la suite de cet épisode. Ils disparurent alors pour ne laisser que nous deux.
Je m'asseyais donc sur une chaise à son chevet, tout en lui caressant doucement les cheveux. Les yeux fermés, on pouvait presque dire qu'elle paraissait sereine, mais ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne ressente de nouveau une lancinante douleur dans tous ses membres. Bien que moins cinglante, grâce à l'expertise des mages médecins. Ce devrait donc être plus supportable.
-Juhel-san... murmurais-je à son oreille, il est l'heure de revenir à la maison. Je n'en ai pas encore fini avec toi, mon petit Phoenix. Tu n'as pas encore perdu toutes ces hideuses plumes de confort.
Invité
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Mer 25 Mar 2020 - 23:35
Le temps est si doux. L’herbe vient d’être coupé, ça sent divinement bon.
Lin regarde à sa droite et à sa gauche, elle se sent petite dans ce décor d’enfant. Elle commence à courir dans le champ et pose ses yeux sur ses petites jambes qui ne court pas très vite. Comment, elles sont ennuyantes ses jambes. C’est si ennuyant d’être petit, de toute façon !
On l’appelle, alors elle court. Elle court avant de sauter dans les bras de sa sœur qui lui embrasse le front en lui intimant d’aller marquer un but. Elle court après le ballon, aucun mot ne sort de sa bouche muette mais, son énergie est bien là, alors elle court, elle rigole un peu et quand elle tire, elle tombe. Bah oui, comment tirer fort dans un ballon sans tomber, hein, tout est trop grand, bon sang.
On la relève. Un frisson la parcoure alors qu’elle remet en place sa robe. Elle tourne ses yeux vers son oncle qui lui prend la main pour aller récupérer le ballon dans les cages. Elle n’avait pas très envie qu’il la tienne, elle jette un coup d’œil vers sa grande-sœur, non loin, qui ne les quitte jamais des yeux. Elle était là. Rien ne lui arriverait, non ? Sauf, si elle détournait les yeux. Car cela lui arrivait, de regarder au loin et de ne pas la protéger.
Dans les cages, il lui donne le ballon en souriant. Elle sourit aussi. Bah oui, quoi faire d’autre ? Lui cracher dessus, bah non, c’était son tonton. C’était elle qui ne comprenait rien, bah oui, un tonton prend toujours soin de sa nièce. Alors elle lui prend la main de son propre chef pour courir et retourner vers Lydie qui les attends non loin.
Et là, surprise ! Au loin, elle le voit ! Oui il est là ! Tonton Kiki était là. Alors, elle lâche la main de son autre tonton, qui en prenant soin d’elle, lui faisait tant de mal, pour courir dans les bras si doux de cet homme. De cet homme si beau, si grand, si fort, aux yeux aux cils immenses qui posait toujours sur elle le plus doux des regards.
Heureux de son effet de surprise, il ramasse l’enfant en riant alors qu’elle essaye de lui raconter quelque chose de cette bouche qui parlait peu et ne savait encore dire aucun mot. Et pourtant, comment Lin aimerait lui dire de rester pour toujours ici. Oui, car un jour il ne serait plus. Elle aimerait lui de rester car quand il était là, l’autre tonton restait loin et ne prenait jamais soin d’elle comme il le faisait. Elle préférait de loin les réveils de canard, les courses de dada sur son dos et les histoires de monstre et de superhéros avant d’aller au lit.
Mais non, elle savait que c’était impossible. Il repartait toujours pour « l’armée ». Il lui racontait toujours qu’il aimait beaucoup aller là-bas. Lin ne parlait pas mais, comprenait tout. Alors elle lui faisait de gros câlin quand il lui disait qu’avoir une famille, c’était essentielle pour se reconstruire.
Il lui a toujours fallu cette famille à tonton Kiki et le jour, où, cette vie deviendrait trop dure, Lin serait là. Oui, elle serait à ses côtés pour son grand voyage. Vous savez, les meilleurs partaient toujours les premiers. L’enfant savait qu’un jour, il partirait de ce monde pour l’au-delà. Comment ? Comment à son âge pouvait-elle prédire le futur ? Elle le savait. Alors là, elle le sert encore plus fort et se sent comme bercer. Comme si, cette étreinte, elle l’avait malheureusement plus sentie depuis de nombreuses années.
Alors qu’il la repose au sol avec une petite caresse sur la tête, il propose à sa sœur de passait un petit moment tonton/nièce avant son prochain départ. Mais ! Lin aussi voulait une glace ! Mais non, on demandait à l’autre de ramener Lindiya à la maison.
Elle pleure, elle tape du pied mais rien. On lui demande de ne pas faire l’enfant. Alors elle crie encore plus. Elle ne faisait pas l’enfant, elle ne voulait juste pas avoir mal.
Sa sœur la regarde, car elle sait. Elle sait que si elle part, ça va se reproduire mais, elle pince des lèvres, baisse la tête devant le caprice de l’enfant et suit tonton kiki. Finalement heureuse, de ne pas avoir – de nouveau – à faire face à cette réalité que seules les deux fillettes connaissaient. Toujours, elle l’abandonnait. C’était injuste. Injuste de toujours l’abandonner avec lui. Injuste de lui laisser à endosser tout ça.
La gamine arrête de pleurer alors que leurs deux silhouettes s’éloignent.
Elle lève la tête mais, elle tient la main à un autre homme. Finit les sourires du public, finit les « bons traitements » du jour, bonjour l’aura de la « nuit ». Plus le temps passait, plus la nuit ne devenait plus l’heure des mauvais traitements. Cela devenait l’ivresse de l’interdit en journée, le capitaine crochet sortait de sa tanière, lui prenait la main pour jouer « à cache-cache ». Mais, Lin, ne veut pas jouer. Pas encore.
Une larme coule sur ses joues, aussi silencieuse que la petite fille. Petite fille qui habituait à se taire, ne faisait plus que ça, ne plus dire un mot. Elle se taisait. Obéissait. Et attendait que tout se termine. Elle ne résistait plus vraiment, elle avait déjà essayé que cela n’en soit point douté mais, elle avait tellement plus mal alors. Il essayait même l’impossible. Comme si tout pouvait s’ouvrir face à sa force. La petite fille pouvait crier personne ne venait et puis finalement, l’entrée bloquée et les tentatives la torturait de ce fait, elle se contentait de pleurer sous les tentatives. Il fallait même qu’elle se mordre la langue pour réussir à se taire encore et toujours.
Mais voilà, s’en était assez ! S’en était assez de supporter ça. Lin ne savait pas mais, la femme qu’elle était dorénavant savait. Une rage bouillonne en elle. Cet automatisme de supporter l’insupportable, d’accepter, de se réconforter dans les caresses et les bonnes paroles. Cet automatisme a apprécié encore plus dorénavant le calme. Non, ce n’était plus tolérable.
« Stop. » murmure l’enfant.
« Pardon ? » commence à s’énerver le jeune homme.
Elle sent sa colère approcher. Ça va faire mal mais, la voilà adolescente. Finit l’enfant de cinq ans au fond d’une chambre noire, d’un champ désert et d’une salle de bain. C’était une femme en construction qui se dressait et recommence.
« Stop. » déclare l’adolescente.
« Répète-moi ça encore une fois pour voir » ordonne-t-il sévèrement.
Et alors, qu’elle repense à se cacher, à supporter ce cauchemar pour se terrer au fond de son cœur, Patricia tape contre les parois de cette prison intérieur. Alors, Lindiya devenu femme se redresse, attrape l’homme – non, pas l’homme – le souvenir de ce démon, par le cou, serre et lui murmure, embrasée de rage, au creux de l’oreille comme une menace doucereuse.
« Stop »
Et alors qu’il essaye de se débattre, Patricia qu’elle avait si longtemps ignoré puis, Lindiya qu’elle avait si longtemps caché, prend feu. Elle ne le lâche pas. Elle le regarde suffoquer, se désintégrer, hurler sous sa douleur alors que de son côté, elle supporte très bien cette sensation de fièvre qui l’emporte, et alors qu’il se désintègre, elle murmure à ce souvenir.
« Toi. Tu ne pourras jamais renaître, chaton. »
Et alors, une fois le danger d’éloigné, elle se retourne. Elle se retourne devant l’adolescente qui cachait derrière ses vêtements la regarde étonnée, elle lui fait un clin d’œil plein de fierté alors qu’elle pose son regard sur l’enfant. L’enfant, qui larme aux yeux, s’essuie la morve qui coule le long de son nez et alors que Lindiya sert se souvenir dans le creux de ses bras. L’enfant hurle d’avantage apaisée par cette étreinte mais, apeurée par l’idée que ce cauchemar recommence la nuit prochaine. Alors Lin lui murmure.
« Tout est finis… tu t’en es très bien sortie, championne. »
Alors l’enfant muette explose de rire et prononce son premier mot.
« Merci. »***
Revenir à soi c’était un peu comme se réveiller d’une nuit de mauvais rhume. Tu passes un moment sympa, endormie, tu ne penses pas au lendemain qui va clairement te faire chier. Tu vas te réveiller, le nez prit, la gorge sèche et l’envie insoutenable de retourner à tes rêves. Lin ne veut pas retourner à son rêve, elle aimait cette fin inédite, elle retient même cette larme témoins d’une douleur physique et mentale passé. Elle tente d’avaler sa salive mais, seul sa gorge sèche lui répond.
Elle a chaud, elle suffoque même, elle aimerait retirer toute couverture – qu’elle n’a pas -, elle se sent lourde, nauséeuse et accompagnée. Elle ouvre un œil, oui car elle le sent, elle peut les ouvrir. Sauf qu’incapable de bouger pour le moment, elle se retrouve nez à nez avec un plafond, ma foi, pas trop mal. Il n’était pas sale en tout cas. Heureusement, sinon la jeune femme aurait fait une crise de maniaquerie.
Elle est là. Elle le sait. Elle sent sa présence écrasante. Lin referme les yeux en soupirant. Que souhaitait-elle dorénavant ?
« J’espère que les médicomages ont du talent à revendre. Si à cause de tout ça, je perds toute vie sexuelle, déjà qu’elle n’est pas très grande, je risque de tourner en rond la nuit. Pauvre amant… » se contente-t-elle d’ironiser en tournant la tête pour croiser le regard de la Justice.
Fatigue, adrénaline, folie, perte de raison, inconscience… mais, Lin sourit se retenant de peu de rire. Elle ne sait pas vraiment ce qui va encore l’attendre mais, elle savait du plus profond d’elle-même que plus rien ne lui ferait froid aux yeux. Alors, soit, elle attendait la suite.
Invité
Invité
Mer 1 Avr 2020 - 19:37
Je guettais la moindre réaction sur les traits de son joli minois d'ivoire endormi, seul partie que j'avais décemment laissé intacte. Ses paupières closes remuaient, comme si ses yeux étaient ouverts sur un monde de rêverie auquel je n'avais pas l'accès. Je me demandais bien quelle épreuve lui imposait son subconscient, alors que je l'avais poussé à tomber à ses propres pieds. Je me levais alors de ma chaise pour me poser tel un ange de la mort au bord de son lit, penchant mon buste au-dessus d'elle tel un aigle pour surplomber son visage. Je déposais l'ombre de ma silhouette sur son teint d'albâtre dans l'attente d'un œil éveillé.
Je posais ensuite mon regard sur l'une de ses mains blessée par la fournaise du diable. J'en approchais lentement les doigts pour y déposer une douce caresse, m'accaparant cette sensation divine de cadavre n'attendant qu'à se désintégrer dans la poussière. Je touchais, je savourais, je désirais, l'accabler toujours davantage, sans qu'elle ne puisse échapper à mon emprise. Quel spectacle divin que la renaissance du corps et de l'esprit dans la douleur. Un dessein tragique mais délicieux quand on accueillait la souffrance pour éclater ses barrières. Son corps luttait, défiguré par le sort qui s'était acharné à la serrer dans ses bras pour lui offrir son baiser brûlant.
Ma main glissa jusqu'à son avant bras, sensuellement, comme lorsqu'on explore un corps prêt à être consommé sur un drap. Lentement, elle remonta à son épaule, puis à sa joue avant que je ne range mes mains entre mes cuisses. Toutefois, je gardais mon visage suspendu au dessus de ses lèvres entrouvertes. Des lèvres qui remuaient parfois dans un souffle entrecoupé, laissant échapper quelques soupirs et des mots sans aucun sens à mon oreille. De quoi rêvait-elle? Je prêtais donc attention, tentant de déceler des brides de son inconscient. Et à mon grand étonnement, elle se crispa un court instant, avant d'esquisser un léger sourire, l'air fier et assuré. Je me redressais alors.
Mes paupières se plissèrent, curieuse de connaître la raison de cette humeur soudaine, alors même que je venais de lui arracher sa chair. Doucement, elle revint à moi, ouvrant de nouveau le regard sur la réalité blême. Je scrutais son expression, non pas comme une mère inquiète de son enfant malade, mais comme le maître attendant les progrès de son élève, impassible et sévère.
Lindiya ouvrit enfin la bouche, la voix un peu étranglée par la fatigue, mais dont les mots ne manquaient pas de fantaisie. A nouveau, alors que nos yeux s'unirent d'un contact visuel, je remettais soigneusement des mèches délicates en place qui lui barraient le front tout en la gratifiant d'un sourire satisfait.
-Superficiel, répondis-je calmement à sa désinvolture qui ne faisait que couvrir sa gêne actuelle, si ton amant n'est pas capable de déterrer le diamant dans tes entrailles bien que décharnées, alors il n'en vaut pas la peine. Ce sont toujours les autres qui sont à plaindre Juhel-san parce que toi, tu te sers comme tu le souhaites et tu les surplombes comme tu l'entends. Tu n'as besoin de personne.
La leçon poursuivait alors, invoquant désormais son assurance inébranlable qu'elle devra cultivé au fil du temps. Elle devra se débarrasser de toutes ces sottises inutiles qui ne feront qu'entraver son ascension vers la gloire. Les sentiments ne sont que des poisons qui nous mutilent dans la réussite. La dépendance est un couteau aiguisé qui sectionne le contrôle de soi. Le besoin n'est qu'un traitre de l'esprit pour le faire vaciller. Il n'y avait que le désir de vrai, le désir intense et sauvage à assouvir par tous les moyens afin d'atteindre des hauteurs vertigineuses.
-Dis-moi maintenant... Ma cambrure s'étira pour me jucher face à elle, ne laissant que mon visage carnassier à sa vue. J'attrapais sa mâchoire fermement alors que je jetais sur la métis mes rétines rougeoyantes pour déposer mon sort du Serment. Dis-moi, ce qui te hante jusqu'à briser ton sommeil. Raconte-moi ce qui fait trembler ton cœur jusqu'à l'étouffer. Je collais brutalement ma joue sur la sienne, pour lui souffler cet enchantement qui m'était propre. La vérité. La pure, la vorace, la sanguinaire. Dis-moi, ce qui te fait mourir de terreur jusqu'à te priver de ton souffle ? Révèle moi tes secrets, Lin-san.
Je posais ensuite mon regard sur l'une de ses mains blessée par la fournaise du diable. J'en approchais lentement les doigts pour y déposer une douce caresse, m'accaparant cette sensation divine de cadavre n'attendant qu'à se désintégrer dans la poussière. Je touchais, je savourais, je désirais, l'accabler toujours davantage, sans qu'elle ne puisse échapper à mon emprise. Quel spectacle divin que la renaissance du corps et de l'esprit dans la douleur. Un dessein tragique mais délicieux quand on accueillait la souffrance pour éclater ses barrières. Son corps luttait, défiguré par le sort qui s'était acharné à la serrer dans ses bras pour lui offrir son baiser brûlant.
Ma main glissa jusqu'à son avant bras, sensuellement, comme lorsqu'on explore un corps prêt à être consommé sur un drap. Lentement, elle remonta à son épaule, puis à sa joue avant que je ne range mes mains entre mes cuisses. Toutefois, je gardais mon visage suspendu au dessus de ses lèvres entrouvertes. Des lèvres qui remuaient parfois dans un souffle entrecoupé, laissant échapper quelques soupirs et des mots sans aucun sens à mon oreille. De quoi rêvait-elle? Je prêtais donc attention, tentant de déceler des brides de son inconscient. Et à mon grand étonnement, elle se crispa un court instant, avant d'esquisser un léger sourire, l'air fier et assuré. Je me redressais alors.
Mes paupières se plissèrent, curieuse de connaître la raison de cette humeur soudaine, alors même que je venais de lui arracher sa chair. Doucement, elle revint à moi, ouvrant de nouveau le regard sur la réalité blême. Je scrutais son expression, non pas comme une mère inquiète de son enfant malade, mais comme le maître attendant les progrès de son élève, impassible et sévère.
Lindiya ouvrit enfin la bouche, la voix un peu étranglée par la fatigue, mais dont les mots ne manquaient pas de fantaisie. A nouveau, alors que nos yeux s'unirent d'un contact visuel, je remettais soigneusement des mèches délicates en place qui lui barraient le front tout en la gratifiant d'un sourire satisfait.
-Superficiel, répondis-je calmement à sa désinvolture qui ne faisait que couvrir sa gêne actuelle, si ton amant n'est pas capable de déterrer le diamant dans tes entrailles bien que décharnées, alors il n'en vaut pas la peine. Ce sont toujours les autres qui sont à plaindre Juhel-san parce que toi, tu te sers comme tu le souhaites et tu les surplombes comme tu l'entends. Tu n'as besoin de personne.
La leçon poursuivait alors, invoquant désormais son assurance inébranlable qu'elle devra cultivé au fil du temps. Elle devra se débarrasser de toutes ces sottises inutiles qui ne feront qu'entraver son ascension vers la gloire. Les sentiments ne sont que des poisons qui nous mutilent dans la réussite. La dépendance est un couteau aiguisé qui sectionne le contrôle de soi. Le besoin n'est qu'un traitre de l'esprit pour le faire vaciller. Il n'y avait que le désir de vrai, le désir intense et sauvage à assouvir par tous les moyens afin d'atteindre des hauteurs vertigineuses.
-Dis-moi maintenant... Ma cambrure s'étira pour me jucher face à elle, ne laissant que mon visage carnassier à sa vue. J'attrapais sa mâchoire fermement alors que je jetais sur la métis mes rétines rougeoyantes pour déposer mon sort du Serment. Dis-moi, ce qui te hante jusqu'à briser ton sommeil. Raconte-moi ce qui fait trembler ton cœur jusqu'à l'étouffer. Je collais brutalement ma joue sur la sienne, pour lui souffler cet enchantement qui m'était propre. La vérité. La pure, la vorace, la sanguinaire. Dis-moi, ce qui te fait mourir de terreur jusqu'à te priver de ton souffle ? Révèle moi tes secrets, Lin-san.
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Lun 6 Avr 2020 - 20:03
D’un soupir d’inconfort, Lin tente de retrouver un peu de dignité. Veine la tentative n’est qu’un échec. Prisonnière d’un corps qui était actuellement hors d’usage. Lin ne pouvait qu’écouter sa complainte et ne plus trop en demander. Il criait à l’agonie, au massacre, au génocide d’épiderme, à plein poumon.
Devait-elle s’excuser ? S’excuser de lui avoir fait vivre tant d’aventure depuis ces derniers mois. Elle le devrait probablement. Du moins, elle se savait redevable envers cette enveloppe charnelle qui avait dû tant supporter pour la suivre. D’un sourire taquin, Lin se promettait d’en prendre soin d’ici peu, elle le câlinerait sûrement un peu, elle le bercerait de quelques caresses, elle le cajolerait de bon bain fumant et reposant, tout en finissant ce joyeux manège par des soins en tout genre.
Mais voilà, il ne demandait pas vraiment à être traité comme un prince, loin de là son avis. Il ne désirait que repos et calme, vivre sa petite vie sans finir brûler toutes les trente secondes mais malheureusement, la seule capable de lui éviter ce genre de désagrément c’était cette petite cruche finis au rosé. Pouvait-elle lui promettre de faire attention ? Pouvait-elle se permettre de lui mentir ? D’omettre quelques informations ? Le silence était-il une forme de collaboration ? Probablement, et pourtant, d’un battement de cœur médiateur, elle tente de le rassurer. Tout ce qui se profilait pour ses deux entités qui ne formait qu’une seule personne c’était une bonne de de dangerosité qui l’éloignerait – avec beaucoup de plaisir – de la normalité.
D’un battement de cil, légèrement endormie, la métisse accueille l’attention de la Justice.
Douce dans son mouvement, sensuel dans son sourire mais, sévère dans son regard. L’enclaviste admirait son chantier. Loin de là, l’idée de la rabaissait, ce n’était qu’une réalité qui transpirait à la chaleur de sa peau, la jeune métisse était devenue un chantier en construction. L’ancien terrain avait totalement été raser d’une main de maître comme le témoignait son corps. Symbole d’une renaissance d’avantage d’un nouveau combat, Lin ne peut qu’attendre la fin du dilemme qui l’avait conduit dans ce lit. Dans quel état était-elle dorénavant ? Solide et battante ou prête à s’écrouler ?
Réconfortant ou accusateur, l’intéressé se réveille d’un frisson de supplice pour tenter de réveiller les terminaisons nerveuses de la jeune femme endormie. Mauvaises idées, d’un pic, la jeune femme comprend parfaitement que la fièvre commence à l’emporter sur le reste. D’une respiration contrôler pour laisser à Georges – son cerveau – le temps de reprendre les commandes, Lin ne peut qu’accepter cette petite piqûre de rappel, témoin d’un mal plus profond.
« Superficiel, si ton amant n'est pas capable de déterrer le diamant dans tes entrailles bien que décharnées, alors il n'en vaut pas la peine. Ce sont toujours les autres qui sont à plaindre Juhel-san parce que toi, tu te sers comme tu le souhaites et tu les surplombes comme tu l'entends. Tu n'as besoin de personne. »
Réconfortante ou autoritaire, savant cocktail des deux, Lin épuisée accueil le conseil. Non décidé à faire une autre pointe d’humour alors que le sommeil pointe le bout de son nez et cris à l’aide. La métisse accepte, légèrement admirative mais très attentive, persuadée que dans chaque parole ou mouvement, elle avait le témoignage d’une « femme d’époque ». Une femme d’époque était une conception que la jeune femme se faisait de certaine personnalité, âmes nées pour influencer le monde de leur présence, âme souvent meurtrie surtout tout droit de l’enfer pour arpenter la vie en conquérant, bon ou mal, elles impactaient.
De sa position, Lin ne peut qu’attendre et regarder la charismatique sorcière dans l’espoir d’une sentence à sa faveur. Que désirait-elle ? Dans le gaz, Lin était incapable de connaître les résultats de ce premier test – haut en couleur – qu’elle avait suivis. Consciente des répercussions corporelles malgré son incapacité à lever un bras pour en constater les ravages. Elle ne pouvait se prononcer sur les décisions de la Justice qui implacable finirait par rendre son jugement. Malgré son esprit têtue, Lin ne pouvait que croiser les doigts en sa faveur et prier, car elle le savait du plus profond d’elle-même qu’elle n’aurait pas une seconde chance.
Riven ne comptait probablement la laisser à si bon compte. Pour devenir le disciple d’une femme pareille, Lin savait qu’incapable de déplacer des montagnes, elle se devrait d’en déplacer une plus sournoise. Était-elle à en payait le prix ? Comment douter ? Lin n’était pas venu ici pour abandonner aux portes de l’aventure. Ce n’était que ça, une introduction à la suite, une introduction aux chapitres, une genèse, une petite note de l’auteur, une petite marque, un rappel et un souvenir. Un souvenir qui marquerait Lindiya a vie, elle le comptait bien. Elle ne laisserait à personne le droit de l’effacer.
Pleinement consciente de cette envie de conquérir le monde, de le fouler avec conscience et confiance, maitresse de son environnement et de sa vie, Lin ne pouvait qu’avoir les crocs.
« Dis-moi maintenant... »
A l’ouest, bien plus occupée à maintenir la fièvre éloignée de son esprit pour rester concentrée, Lin se retrouve de nouveau impuissance face au joug de cette femme. Véritable maitresse de la situation, geôlier comme sauveur d’un mal plus puissant, elle se positionne, fière et droite, entoure de son âme et de son charisme chaque centimètre de la sorcière fumante pour assouvir son contrôle. Véritable python en attente du moment ultime, ce moment où la proie vulnérable et à terre n’est plus qu’à porter d’un coup de croc. Riven la surplombe.
Dans toute cette joyeux danse, Lin n’était que subjuguée.
« Dis-moi, ce qui te hante jusqu'à briser ton sommeil. Raconte-moi ce qui fait trembler ton cœur jusqu'à l'étouffer »
Tout d’abord retissante, notamment pour un manque de connaissance en la matière, Lindiya commence par se braquer dans l’espoir de s’enfuir à toute jambe. Impossible, son corps ne bouge plus, anesthésié de vie, de pouvoir et de contrôle. Elle n’était qu’allongée, yeux face à sa propre sentence, complètement désarmée, elle avale sa salive. La panique croisse au fond de son cœur, il bat de plus en plus, et alors, qu’elle pense s’abandonner à la fièvre et au sommeil, elle se décide à respirer et à accueillir cette demande particulière.
Une demande qui demandait plus de sacrifice encore que de donner son corps en offrande.
« Dis-moi, ce qui te fait mourir de terreur jusqu'à te priver de ton souffle ? Révèle-moi tes secrets, Lin-san. »
Initialement inactif, fatigué de toutes les épreuves inconscientes et conscientes subies depuis le début de la journée, Georges – son cerveau souvent opérationnel – se met en route. Comme une bombonne de film, il bloque, crisse un coup ou deux, on peut même dire qu’il résiste trente secondes à la requête, après tout, depuis tant d’année qu’il classait certains sujets dans l’inconscient, ce n’était pas pour ouvrir le dossier à la première venue. C’était qui cette bouffonne ? Et pourtant, d’une caresse aimante, Lin le rassure et lui demande de faire un petit effort pour ordonner, classer, et résumer la plus grande peur de la jeune femme.
Parfaitement consciente des événements, Lindiya ferme les yeux. Laissant aux soins de George de remettre de l’ordre dans ce joyeux bordel. C’était lui qui s’occupait de cette partie ennuyante qu’était les peurs de l’inconscient. Et puis comme si ce n’était qu’une évidence, le seul mot à sortir dans tout ce déluge de facteur interne et externe, elle se contente de murmure :
« L’impuissance. »
D’un petit sourire contrit, Lin ne peut qu’accepter cette réalité. Elle n’avait peur que d’une chose, de cette impuissance qui l’avait tant caractérisée.
D’un regard extérieur, la métisse n’était qu’une frêle jeune femme, fragile et dépourvue d’armes. La seule qu’elle gardait ancrée au fond d’elle-même, c’était cette irascible envie de ne pas l’admettre, d’avancer à contrecourant de cette tendance qui l’avait tant suivi.
Cette impuissance qui poussait l’homme à la défendre comme à la descendre. C’était un pouvoir qu’on donnait dans les mains du premier venu que d’être simplement fragile. Tout sourire ne pouvait constituer arme égale à des points. Certes le mental était de mise dans la remise en forme, on savait tous qu’un esprit combattant valait plus qu’un combattant, n’en déplaise que ce mental aussi intéressant était-il ne pouvait la protéger.
Qui d’autre qu’elle-même pour la protéger de ce monde si infâme. Ce monde qui te poussait qu’à une chose, être un pion sur un immense échiquier terrestre. Tu n’étais qu’un objet à bouger à droite ou à gauche, un objet à utiliser ou à jeter, un objet à préserver ou à dépouiller. C’était simple, rapide et concret. Il n’y avait pas de cadeau pour qui l’ignorait. Aucune compassion, aucune aide, juste l’implacable réalité qui donnai des frissons au cœur de la jeune femme qui ne pouvait supporter cette idée.
« L’objectivisation d’une personne. »
Véritable poison de l’âme qui te ronge jusqu’à la moelle que de devenir un « objet ». Un corps à bouger de droite à gauche. Choque brutale que cette confrontation sociale entre dominant et dominé.
Lin en était probablement ressortie traumatisée de cette confrontation. Blessée, heurtée ? Non forgée, véritable quête, véritable mantra qui pouvait lui être bénéfique comme négatif.
Cette notion de respect nécessaire dans sa construction sociale pouvait l’amener à exploser aux premiers contacts destructeurs. Un cris « Je suis moi », véritable crachat « non tu n’es que ça ». Véritable claque à l’âme, à cette fierté sensible. Genoux à terre, tu décidais alors d’en pleurer ou d’en sourire.
Bien-sûr, le temps et l’âge vient renforcer cette nécessité dévastatrice dans sa vie de femme. Vivre avec la seule envie que d’être respectée, c’était signer son arrêt de mort dans un monde qui ne pouvait respecter sans preuve. Alors, Lin l’avait affiné. En était venu à accorder cette valeur que dans ses relations de confiances, jusqu’à n’être réduite qu’à très peu de monde.
Malgré tout, une part sombre d’elle-même, soulevé en vent de poupe par Patricia – sa petite flamme intérieure capricieuse – criait d’en faire une réalité.
« L’échec » finit-elle sur un petit sourire contrit.
Il n’y avait pas pire vie et constat que de mourir pleine d’échec et de résilience seule témoins de ton impuissance, de ton objectivisation et pour conclure, de ton échec. L’idée même que de ne pas réussir à se battre contre ce fléau de l’existence rongeait l’âme. Main tremblante après une prise de conscience dégueulasse, tu ne pouvais que choper la première clope qui te venait sous la main – pauvre dépendante que tu es devenu – pour trouver une solution l’esprit apaisé par la nicotine.
Et la seule solution que tu avais : sortir et ne rien lâcher (même si tu finis en brochette).
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Ven 17 Avr 2020 - 13:18
Mon sort n’était pas seulement une influence de l’esprit qui consistait à dire la vérité. Non, au-delà de cela, il vous forçait à la cracher. Si vous y résistiez, votre mental se trouvera soumis à un déverrouillage douloureux, jusqu’à attaquer vos terminaisons nerveuses qui vous feront souffrir physiquement. Je pouvais aisément ressentir le contrôle qu’elle tentait vainement d’exercer sur ses pensées. Les dons de l’esprit étaient féroces, bien plus que d’infliger une douleur physique. L’esprit représente la boîte de Pandore remplie de vos secrets les plus sombres, ceux que vous souhaitez farouchement garder dans un coin de votre tête, à l’abri. Là était toute la violence. C’était pour cela que le Secret était redoutable en la matière. Il suffisait de perturber votre équilibre en modifiant des fragments de mémoire ou s’immisçant dans votre crâne pour vous arracher des souffrances bien plus pénibles qu’une brûlure qui vous pourrit la peau. Le sort d’esprit, lui, vous pourrit de l’intérieur. Je ne possédais peut-être pas cette expertise particulière comme ma collègue, propre à son rôle, de fouiner dans les souvenirs mais je savais à quel point forcer la vérité, était aussi insupportable. Certains criminels n’hésitaient parfois pas à se couper la langue. Mais étant incapable de prononcer un seul mot, il finissait mort dans leur propre cage.
Je décidais donc de me redresser pour la laisser respirer. Son état n’était clairement pas au beau fixe, sa fièvre avait commencé à s’intensifier. Mais avant de faire revenir des secours, je ne la lâcherais pas tant que je n’aurais pas eu ce que je voulais : la terrible et tordante frayeur de cette jeune femme. Après avoir essayé de lutter quelques instants, ses paupières finirent enfin par se fermer, certainement pour ranger les dossiers de son passé et chercher au fond d’elle, ce qui la terrorisait. J’avais hâte de savoir ce qui pouvait bien mettre en panique la métisse. Tout le monde avait peur de quelque chose.
Et la première confession finit par tomber, dans un murmure étouffé par la douleur et par la vulnérabilité de se dévoiler à un vautour.
L’impuissance.
Oh, Lin… Mes paupières se plissèrent, songeuse, à cette révélation. Au fond de moi, je ne pouvais que répondre en écho à cette plainte « Comme je te comprends ». J’étais passée par là, moi aussi. L’excellence. L’élitisme. La perfection. Telle était cette attente coriace et étouffante de notre société. J’en avais payé les frais, à maintes reprises. J’étais forcée de regarder mon reflet mourir dans un miroir, alors que mes propres parents me torturaient, la nuit et le jour, pour faire de moi l’inflexible sorcière que je suis aujourd’hui. Je n’étais que le prolongement de leur caprice et de leur égoïsme. Je n’avais pas eu le choix. Je devais être la meilleure, quitte à baigner dans mon propre sang. Je devais devenir indestructible et inflexible. A coup de poings. A coup de maux. Cette communauté ne connaissait aucun répit pour atteindre le ciel. Rivaliser les uns et les autres. Les écraser. Les broyer. Les mépriser. Tu devais sûrement le savoir. Les métisses n’échappaient certainement pas à cette règle, et pire encore, cette règle les tuait. A moins que ce ne soit qu’un sort plus que favorable dans un monde qui considérait que les mi-humains et mi-sorciers, ne devraient pas exister. Tout du moins, pour celles et ceux qui décidaient de baisser les bras. Mais ce n’était pas vraiment ton cas.
Je posais la paume de ma main sur ton front transpirant, pour t’inviter davantage à parler, sans pour autant y mettre de la pression.
Et dans cette suite logique, elle déclamait l’objectivation d’une personne. Bien évidemment, ce sort ne me permettait pas d’obtenir des fragments de sa mémoire abîmée. Seulement d’y puiser une finalité, sans posséder tous les éléments qui concluent cet aboutissement. Mais cela me suffisait assez pour cerner sa personnalité troublée par des évènements conséquents. Encore une fois, je pouvais aisément m’y identifier. Je replongeais un peu dans les détritus de mon enfance, là où tout avait basculé pour moi. Un objet. Une armure. Une arme. Un trophée. Je me mis à rire doucement. J’avais toujours été bien plus que cela et je n’avais fait que le prouver au fil des années. J’étais le pouvoir. Je gardais toujours cette main sur elle, patiente et sage, alors que j’entrais dans une phase plus compréhensive. Nous avions eu les mêmes démons. Seulement, je les avais vaincus. Bien-sûr, Irina me mettait bien souvent en garde. Les démons ne disparaissaient jamais aussi aisément et s’arrangeaient toujours pour vous rattraper. J’étais encore perplexe sur la question. Néanmoins, j’avais quand même remarqué un changement d’attitude à mon sujet. Plus je remportais de victoires, plus je devenais féroce. Cela avait été flagrant lorsque j’étais passée du statut d’avocate à celui de juge dans le monde des mortels. D’autant plus lorsque j’étais passée de simple juge à l’Enclave de France à celui de Justice ici. Je réclamais toujours plus davantage de pouvoir, de droits, de pression et d’emprise.
Peut-être était-ce sous cette forme de soif insatiable que le démon prenait sa forme ?
Cela ne me gênait pas, tant que je pouvais exercer mon autorité et mes principes sans personne pour se mettre en travers de mon sillage. La passion brûlante pour la crainte et la soumission pouvait bien me dévorer comme une flamme ardente, j’y survivrais toujours.
Sur cette note joyeuse, vint la dernière peur qui clôturera sa confession. L’échec. Dans la vie, nous devions nécessairement tous passer par là, pour apprendre. Même si j’avais du mal à tolérer un tel phénomène que l’échec, je savais pertinemment que la frustration et l’égo blessé me procuraient une force écrasante de conviction. Mais il fallait se construire sur ses erreurs pour s’élever, c’était une étape obligée. Etant très rude avec moi-même, autant dire que je l’avais très mal vécu. Cela ne m’était arrivée qu’une ou deux fois d’échouer et cela m’avait engendré une colère tellement noire, que j’avais tout mis en œuvre pour rendre au centuple l’humiliation infligée. Je ne me laisserais jamais faire, qu’importe qui se tient devant moi.
Dans une légère caresse sur sa joue, je la regardais reprendre son souffle mais surtout ses esprits alors que mes prunelles redevinrent bleues comme un ciel dégagé. Un mince sourire glissa alors sur mon visage pour en atténuer la froideur. Puis dans un murmure je lui intimais à mon tour :
-Je sais.
Peut-être qu’à l’avenir, j’en saurais un peu plus à son sujet. J’étais bien tentée de lui laisser cette chance que de pouvoir s’exprimer et faire ses preuves. Une occasion qui ne se présenterait pas deux fois. Une occasion dangereuse, devant laquelle elle se tenait, qui pourrait la renverser dans le panier de la mort. Elle sera persécutée, blâmée, moquée. Et moi, je la casserais en deux pour saupoudrer la malédiction de sa condition. Seul l’avenir nous dira si tu mérites d’être respectée. La plupart des métisses baissaient bien souvent la tête. Alors que s’ils prenaient un temps soit peu conscience de leur potentiel, tout en travaillant plus rudement encore, il leur serait possible de se faire une place dans l’estime de leurs supérieurs. S’ils agissaient ne serait-ce que pour être reconnus comme tels… Nous ne les blâmerions pas autant non plus. Ils avaient accepté d’échouer.
Un sifflement désagréable sortit de ma bouche carmin.
Pathétique celui vaincu par lui-même.
-Fais tes preuves Juhel-san. Sinon, tu seras condamnée à rester minable durant toute ta piètre et exaspérante existence. Et tu ne pourras que pleurer sur ta propre impuissance. Tu seras la seule coupable.
Je décidais donc de me redresser pour la laisser respirer. Son état n’était clairement pas au beau fixe, sa fièvre avait commencé à s’intensifier. Mais avant de faire revenir des secours, je ne la lâcherais pas tant que je n’aurais pas eu ce que je voulais : la terrible et tordante frayeur de cette jeune femme. Après avoir essayé de lutter quelques instants, ses paupières finirent enfin par se fermer, certainement pour ranger les dossiers de son passé et chercher au fond d’elle, ce qui la terrorisait. J’avais hâte de savoir ce qui pouvait bien mettre en panique la métisse. Tout le monde avait peur de quelque chose.
Et la première confession finit par tomber, dans un murmure étouffé par la douleur et par la vulnérabilité de se dévoiler à un vautour.
L’impuissance.
Oh, Lin… Mes paupières se plissèrent, songeuse, à cette révélation. Au fond de moi, je ne pouvais que répondre en écho à cette plainte « Comme je te comprends ». J’étais passée par là, moi aussi. L’excellence. L’élitisme. La perfection. Telle était cette attente coriace et étouffante de notre société. J’en avais payé les frais, à maintes reprises. J’étais forcée de regarder mon reflet mourir dans un miroir, alors que mes propres parents me torturaient, la nuit et le jour, pour faire de moi l’inflexible sorcière que je suis aujourd’hui. Je n’étais que le prolongement de leur caprice et de leur égoïsme. Je n’avais pas eu le choix. Je devais être la meilleure, quitte à baigner dans mon propre sang. Je devais devenir indestructible et inflexible. A coup de poings. A coup de maux. Cette communauté ne connaissait aucun répit pour atteindre le ciel. Rivaliser les uns et les autres. Les écraser. Les broyer. Les mépriser. Tu devais sûrement le savoir. Les métisses n’échappaient certainement pas à cette règle, et pire encore, cette règle les tuait. A moins que ce ne soit qu’un sort plus que favorable dans un monde qui considérait que les mi-humains et mi-sorciers, ne devraient pas exister. Tout du moins, pour celles et ceux qui décidaient de baisser les bras. Mais ce n’était pas vraiment ton cas.
Je posais la paume de ma main sur ton front transpirant, pour t’inviter davantage à parler, sans pour autant y mettre de la pression.
Et dans cette suite logique, elle déclamait l’objectivation d’une personne. Bien évidemment, ce sort ne me permettait pas d’obtenir des fragments de sa mémoire abîmée. Seulement d’y puiser une finalité, sans posséder tous les éléments qui concluent cet aboutissement. Mais cela me suffisait assez pour cerner sa personnalité troublée par des évènements conséquents. Encore une fois, je pouvais aisément m’y identifier. Je replongeais un peu dans les détritus de mon enfance, là où tout avait basculé pour moi. Un objet. Une armure. Une arme. Un trophée. Je me mis à rire doucement. J’avais toujours été bien plus que cela et je n’avais fait que le prouver au fil des années. J’étais le pouvoir. Je gardais toujours cette main sur elle, patiente et sage, alors que j’entrais dans une phase plus compréhensive. Nous avions eu les mêmes démons. Seulement, je les avais vaincus. Bien-sûr, Irina me mettait bien souvent en garde. Les démons ne disparaissaient jamais aussi aisément et s’arrangeaient toujours pour vous rattraper. J’étais encore perplexe sur la question. Néanmoins, j’avais quand même remarqué un changement d’attitude à mon sujet. Plus je remportais de victoires, plus je devenais féroce. Cela avait été flagrant lorsque j’étais passée du statut d’avocate à celui de juge dans le monde des mortels. D’autant plus lorsque j’étais passée de simple juge à l’Enclave de France à celui de Justice ici. Je réclamais toujours plus davantage de pouvoir, de droits, de pression et d’emprise.
Peut-être était-ce sous cette forme de soif insatiable que le démon prenait sa forme ?
Cela ne me gênait pas, tant que je pouvais exercer mon autorité et mes principes sans personne pour se mettre en travers de mon sillage. La passion brûlante pour la crainte et la soumission pouvait bien me dévorer comme une flamme ardente, j’y survivrais toujours.
Sur cette note joyeuse, vint la dernière peur qui clôturera sa confession. L’échec. Dans la vie, nous devions nécessairement tous passer par là, pour apprendre. Même si j’avais du mal à tolérer un tel phénomène que l’échec, je savais pertinemment que la frustration et l’égo blessé me procuraient une force écrasante de conviction. Mais il fallait se construire sur ses erreurs pour s’élever, c’était une étape obligée. Etant très rude avec moi-même, autant dire que je l’avais très mal vécu. Cela ne m’était arrivée qu’une ou deux fois d’échouer et cela m’avait engendré une colère tellement noire, que j’avais tout mis en œuvre pour rendre au centuple l’humiliation infligée. Je ne me laisserais jamais faire, qu’importe qui se tient devant moi.
Dans une légère caresse sur sa joue, je la regardais reprendre son souffle mais surtout ses esprits alors que mes prunelles redevinrent bleues comme un ciel dégagé. Un mince sourire glissa alors sur mon visage pour en atténuer la froideur. Puis dans un murmure je lui intimais à mon tour :
-Je sais.
Peut-être qu’à l’avenir, j’en saurais un peu plus à son sujet. J’étais bien tentée de lui laisser cette chance que de pouvoir s’exprimer et faire ses preuves. Une occasion qui ne se présenterait pas deux fois. Une occasion dangereuse, devant laquelle elle se tenait, qui pourrait la renverser dans le panier de la mort. Elle sera persécutée, blâmée, moquée. Et moi, je la casserais en deux pour saupoudrer la malédiction de sa condition. Seul l’avenir nous dira si tu mérites d’être respectée. La plupart des métisses baissaient bien souvent la tête. Alors que s’ils prenaient un temps soit peu conscience de leur potentiel, tout en travaillant plus rudement encore, il leur serait possible de se faire une place dans l’estime de leurs supérieurs. S’ils agissaient ne serait-ce que pour être reconnus comme tels… Nous ne les blâmerions pas autant non plus. Ils avaient accepté d’échouer.
Un sifflement désagréable sortit de ma bouche carmin.
Pathétique celui vaincu par lui-même.
-Fais tes preuves Juhel-san. Sinon, tu seras condamnée à rester minable durant toute ta piètre et exaspérante existence. Et tu ne pourras que pleurer sur ta propre impuissance. Tu seras la seule coupable.
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