[+18] Paralyzed {29/07/2018 ~ 09/2018}
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Jess Duchannes#107372#107372#107372#107372#107372#107372#107372
Vampire Level B - Clan di Altiero
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Date d'inscription : 30/09/2012
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Emploi/loisirs : Assistante Personnelle de Lucifer
Yens : 719
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Jeu 17 Aoû 2023 - 21:35
Non, cette étreinte était définitivement la meilleure idée et la pire que je puisse avoir. Raphaël est trop tendre, son baiser et ses mains brûlent ma peau et mon corps, réveillant un souvenir unique tout aussi merveilleux que cruel. Ma première et unique nuit partagée avec Sachio… C'est un comble pour les vampires, n'est-ce pas, que d'avoir attendu si longtemps pour céder au plaisir de la chair alors que le feu n'avait fait que grandir dans nos ventres toutes ses années partagées. Il était parfois vieux jeu et avait un point de vue bien arrêté sur la question, il voulait que ce soit parfait. Et ça l'avait été jusqu'à l'annonce de sa mort, car il était clair à présent qu'il avait tout calculé et qu'il savait en franchissant cette barrière que personne n'avait franchi que la force de son amour et la passion dans ses caresses m'avaient sciemment trompé en me vendant une illusion, un rêve ardent, un cauchemar.
L'enthousiasme de mon meilleur ami gomme pour une dernière fois la douleur qui m'assaille. Il reprend la main sans aucune lutte de ma part. C'est la moindre des choses… puisque je sais d'ores et déjà que l'endorphine qui pour l'heure déborde et fait vibrer notre sang ne fera plus aucun effet quand cette danse folle prendra fin. Mais pour l'instant… autant en profiter de ce dernier vol au-dessus des nuages avant de retomber dans nos enfers respectifs, plus profond, plus noir maintenant que nous avions éteint la lumière. Et la chute n'en est que plus violente.
Le souffle lascif de Raphaël s'éloigne de mon oreille, mais une voix plus grave, triste et accusatrice raisonne dans ma tête, elle me transperce et me glace. « Qu'as-tu fait ? » Je t'ai trahi. Tu n'as pas tenu tes promesses, je n'ai plus à tenir les miennes. Les battements de mon cœur cognent de moins en moins fort, et même si ma respiration se calme, je n'ai jamais eu aussi mal à l'âme. Je revois les différents portraits que Sachio avait peints de moi, ils étaient tous si beaux, si pures au point d'en paraître innocents mais aucun n'avait dévoilé l'étendue de ma noirceur. Qui pourrait croire que la petite orpheline des Duchannes puisse se jouer avec une telle bassesse de son meilleur ami ? Dans de telles circonstances ? Certainement pas Raphaël qui n'est accueilli que par ma froideur alors qu'il séchait mes larmes amères. Pauvre Raphaël, il ne semble pas vouloir comprendre ce que cela signifie.
Lorsqu'il m'adresse quelques mots, la culpabilité me tord l'estomac, le dégoût m'étrangle. Je me dégage de ses bras sans un regard mais il ne semble pas comprendre et s'empare de mon poignet. Un frisson déferle le long de ma peau, mes yeux se posent, las, sa prise. Je ne peux pas lui répondre pour l'instant, j'ai besoin d'une minute avant de perdre le dernier pilier de ma vie.
« Ne pose pas la question quand tu sais que tu n'aimerais pas la réponse. Donc réponds-moi toi, comment te sens-tu cher Raphaël, après que ta meilleure amie se soit tout simplement servie de toi ? »
Mes prunelles ne luisent d'aucune lueur bien que plantées dans les siennes, je ressens seulement un maigre soulagement devant sa stupeur. Je peux le faire. Je peux l'obliger à me fuir et cette fois, il ne reviendra pas. Je ne veux plus personne à mes côtés. Je pousse un soupir, il ne me rend pas la tâche facile, mais est-ce surprenant venant de sa part. Depuis notre première rencontre, à Versailles, il m'avait toujours donné du fil à retordre, lui plus que son défunt frère.
« Je ne sais pas ce que j'espérais…» Jess, tu vas le regretter « Tu n'es pas lui. Tu ne le seras jamais… » Il ne mérite pas ça… « Alors ne te sens pas obligé de rester. Je n'ai plus besoin de toi…»
Je n'avais plus rien à ajouter, plus rien à lui offrir. Sans attendre qu'il ne réagisse vraiment ou qu'il trouve quelque chose à redire, je récupérais mon chemisier meurtri et mon pantalon marquant ainsi définitivement mes paroles dans son esprit. Je veux que l'écho de ma cruauté ricoche dans ses pensées pour lui étouffer une bonne fois pour toute le besoin de vouloir jouer au sauveur. Tiens… il manque un bouton à ma chemise…
A cause des résidus d'alcool ou d'autre chose, je ne comprends pas trop comment je me suis retrouvée écrasée contre le mur, le souffle coupé pour diverses raisons, la plus évidente étant les griffes de Raphaël plantées autour de mon cou. Sa colère a littéralement pris le dessus, et pour la toute première fois, elle était dirigée vers moi et ne m'épargne en aucune façon. C'est effrayant, c'est vrai, la colère est plus tenace que la tristesse, elle laisse plus de cicatrices. Son animosité nourrit aussi la mienne, je l'avais prévenu, je l'avais supplié de quitter cet endroit maudit, il était responsable de ses actes !
Raphaël resserre son étau, m'arrachant des grimaces et des grognements. Instinctivement, je plaque mes deux mains contre son torse écrasant pour le repousser, j'essaye même de le projeter en arrière avec mon pouvoir mais mes sens sont aliénés, il ne semble même pas avoir ressenti quoi que ce soit. Je n'ai pas envisagé cette éventualité, c'est vrai…
Mon meilleur ami, cet homme honorable, ne pouvait pas laisser mon crime envers lui impuni. J'aurais dû le prévoir, je l'ai sous estimé. Dans mon état, devant la tempête qui faisait rage en lui, je ne pouvais pas grand-chose contre lui. Son comportement arrive à marquer les lignes hautaines de mes traits par la peur. Je sens le sel de mes larmes se mélanger à l'odeur sucrée de mon sang. Je ne crains pas d'être blessée, et je sais qu'il n'ira pas assez loin pour me tuer, mais il serait dévasté s'il allait trop loin. Je l'ai bien cherché.
Avant que son coup ne s'abatte sur moi, je remarque une faible étincelle dans son regard sanguinaire et sursaute malgré moi en poussant une plainte étranglée lorsque son poing s'écrase à quelques centimètres de ma pommette. Il semble reprendre son calme peu à peu, et cette fois-ci, je préfère me taire pour ne pas le provoquer. Il est encore trop instable, un rien pourrait laisser le vampire reprendre les rênes et finir ce qu'il a commencé.
J'ignore comment mais je tiens encore sur mes jambes tremblantes, alors que ma trachée brûle d'avoir été serrée si fort. Regarde ce que tu as fait ! Je refuse de lever la tête ou de l'écouter, nous n'avons plus rien à nous dire. Je l'avais mis en garde, il a fait le choix de ne pas pas écouter !
Je veux qu'il s'en aille. et ce qu'il fit sans aucune sorte de cérémonie. Il a juste… disparu sans un bruit. Lui aussi.
Il ne reste que le silence absolu et le pendule de l'horloge.
Tic…Tac…
Tic...Tac…
Tic…Tac...
Je reste inerte quelques secondes, ou quelques minutes peut-être puis soudainement, je reprends vie, l'air me manque, je parviens à peine à retenir les pleurs de mes lèvres frémissantes. Ma lutte est vaine, je suis incapable de me contrôler. Je m'écroule à genoux, poussant un hurlement dévastateur, au point de me déchirer les cordes vocales, puis décharge le peu d'énergie qu'il me reste pour renverser le mobilier autour de moi et fêler les fenêtres. Mes sanglots sont incontrôlables, j'ai pourtant veillé à ne pas me laisser envahir mais c'est trop tard. Je n'avais pas été aussi anéantie depuis la dernière apparition de Sachio, qui s'est transformée en poussière devant mes yeux. Je pleure, de plus belle, encore et encore, suffoquant contre le tapis, pliée de douleur et de chagrin, au bord de la folie.
« Je… suis désolée… » murmurai-je à qui pourra l'entendre, à ces personnes que j'aimais et que j'avais perdues, avant de sombrer dans l'inconscience.
~~
Plus tard…
Après des heures, des jours peut-être, qui pourrait le dire, l'orpheline revint à elle, embrumée et nauséeuse, ignorant comment elle s'était retrouvée là. Péniblement, elle se hissa sur ses pieds, en fulminant. Bon sang, une enclume avait décidé de s'inviter dans sa tête.
Alors c'était bien possible, même les vampires pouvaient se payer une vraie gueule de bois. Le pas fragile et incertain, elle se dirigea vers le bar, il restait des millésimes et autres liqueurs après tout.
La vampire ne remarqua pas le chaos qu'elle avait causé dans un élan de folie pourtant elle s'arrêta net devant son reflet dans les carreaux fêlés des fenêtres. Elle avait décidément une mine affreuse mais ce ne fut pas ce qui la choqua le plus. Le bout de ses doigts blancs toucha la peau souillée de son cou, sous le sang séché, elle pouvait encore deviner de fines entailles. Un rire amer et sans vie passa ses lèvres pâles et raisonna dans le calme de la demeure. Son corps d'immortel avait donc bien ses limites. Et elle avait tout le temps du monde pour les tester.
Elle pouffa face à l'ironie de la chose avant que son cœur ne s'arrête un instant. Au milieu de l'effluve de gnôle, la jeune femme remarqua un parfum plus frais… plus doux. Et en une fraction de seconde, le film de ses dernières heures lucides la frappa de plein fouet. Les fragments de souvenirs s'entrechoquaient et brouiller le fils de ses pensées dans un brouhaha assourdissant.
…Raphaël…
Je ne suis venu… que pour t'aider… Tu ne sais plus ce que tu fais…
La famille Duchannes vous remercie pour vos loyaux et fidèles services…
Alors qu'en est-il de monsieur Aoki ?
Je n'ai plus besoin de vous, monsieur.
Jess… Tu ne peux pas t'isoler de tout, tu ne peux pas rester seule dans cette épreuve.
Ne pose pas la question quand tu sais que tu n'aimerais pas la réponse.
Tu le sais déjà au fond de toi, Jess.
Je ne suis la fille de personne depuis des années.
Je ne suis pas un jouet…
Pourquoi… Pourquoi ne me repousses pas Raphaël ? Qu'est-ce que tu y gagnes ?
Tu dois l'accepter.
Il est mort, quelle sorte d'importance cela peut-il avoir ?
Tu avais raison… Je n'aurais pas dû rester… Je n'aurais pas dû venir…
Ce n'est pas comme si quelqu'un avait le pouvoir de ramener les morts à la vie, personne ne peut m'aider…
Je ne suis plus là.
Quel mal y a-t-il à se consoler après ce que nous avons traversé… quand nous sommes si seuls ?
A force de t'enfoncer dans cette spirale de colère et de souffrance, tu vas te détruire.
Donc réponds-moi toi, comment te sens-tu cher Raphaël, après que ta meilleure amie se soit tout simplement servie de toi ?
Nous ne… devrions pas…
J'ai fait ce que j'ai fait au nom de Deagan.
Je veillerai toujours sur toi, je t'ai élevée comme ma propre fille, tu crois vraiment que je vais partir sans rien dire ?
Il n'y a que toi qui puisse m'aider… Raphaël…
Mais si tu veux jouer… on peut le faire avec mes règles…
Il faut que tu me laisses partir.
Je ne compte pas t'arrêter…
Jessica…
Jessica…
SACHIO ! NON ! PAR PITIÉ !
« Ça suffit !! » ordonna-t-elle dans un cri déformé et désespéré. Le bourdonnement entêtant laissa place à la désolation.
Jessica lâcha une plainte haletante, vidée des quelques miettes de force qu'elle pouvait encore avoir. Elle aurait sans doute dû s'effondrer une énième fois après ce qu'elle avait osé faire à Elliot, à Raphaël… à Sachio. Elle les avait trahi et abandonné. « Votre père aurait été fier de vous, Jessica. » Vraiment ? La culpabilité aurait dû l'accabler, lui faire prier n'importe quelle force mystique, celles-là même qui n'avaient eu aucune pitié, pour alléger son chagrin en jurant de donner tout ce qu'elle avait en paiement. Mais elle resta inerte devant sa dure réalité. Tout ce qu'elle avait ? Elle n'avait plus rien de valeur à ses yeux alors à quoi bon prier. Elle s'en était assurée en enfonçant le dernier clou de son propre cercueil. Tu fais peine à voir.
Elle finit par se détourner d'elle-même pour ouvrir une bouteille de cognac et boire deux longues gorgées, plongeant de nouveau dans le cercle vicieux de l'endeuillement. Les effets ne se firent pas attendre en vue de son affaiblissement mais malgré cela, rien n'effaça la preuve du passage de son ami de toujours. Son parfum réconfortant lui collait à la peau, c'était insupportable. Lourdement, elle quitta les lieux et se traîna sous la douche sans prendre la peine de retirer sa chemise, l'esprit éteint de la moindre pensée et dans une léthargie morbide.
« Jess » objecta un baryton abattu, en tendant la main vers elle.
Sans surprise, elle se retourna pour faire face à cette voix tout droit sortie de son imagination et le regarda avec apathie, telle une statue de marbre sous la pluie. Elle ne savait pas si les perles d'eau sur ses joues étaient ses propres larmes. L'orpheline avait compris pourquoi il l'avait hantée avec tant d'ardeur et qu'il continuait à le faire. Sa conscience, du moins ce qu'il en restait, avait pris la forme de son fiancé décédé, et tentait dans un ultime espoir de la ramener vers la lumière avant qu'elle ne sombre irrévocablement dans la folie.
~~
Jess passa les jours qui suivirent à boire et à déambuler sans but dans les différentes pièces du manoir parisien. Elle passa ses journées à errer entre les pages des différents carnets, rédigés par nul autre qu'Andréa et Gabriela Duchannes. Elle tomba même sur une lettre, agréablement écrite par Alessio, lui-même à l'attention de son père, sans grande importance pour la demoiselle. Et s'en était une parmi tant d'autres. Avant, elle n'avait jamais eu le courage de toucher à leurs affaires personnelles, elle jugeait cela trop intime et envahissant, désormais, elle s'en fichait, elle ne se rappelait même pas de la moitié de ce qu'elle pouvait lire.
Comme la française n'avait pas quitté l'abri de son sanctuaire depuis son arrivée après la Lune Rousse, elle ne s'était donc pas nourrie convenablement, l'alcool ne subsistant en rien au plasma. Les absences et pertes de mémoire se faisaient donc de plus en plus fréquentes de part son ivresse permanente et son jeûne. Les apparitions de son subconscient n'avait plus aucun effet sur elle sinon un profond sentiment d'ennuis.
Un soir, elle s'allongea négligemment sur le suaire poussiéreux qui recouvrait le lit de ses défunts parents et ne s'en relèvera pas. Elle portait le même kimono noir qu'elle avait enfilé après le passage de son dernier visiteur, qui s'était enfin décidé à ne plus l'importunée, et n'avait plus juger utile de l'en changer. Elle observait le doux et pâle crépuscule s'installer, d'un air vide qui n'attendait plus rien de la vie.
Ses cheveux avaient perdu toute leur brillance, l'absence de sang frais avait fini par atrophier ses muscles, ses lèvres tirées dans un imperceptible rictus commençaient même à prendre une couleur grisâtre et pourtant, elle était sereine, enlisée dans sa démence. Elle n'avait plus quitté la douceur des plumes de sa couche depuis suffisamment longtemps pour perdre le fil du temps. Elle n'essaya pas de lutter quand ses paupières lourdes se fermèrent, ne trouvant aucun intérêt à garder les yeux ouverts pour admirer la tombée de la nuit. Et avant de s'endormir, elle pousse un soupir d'aise puis sourit une légère pointe d'espoir. Peut-être que ce soir, elle ne se réveillera pas.
Au pied du lit, le fantôme lui lance un regard affligé, et à son tour et sans un bruit, il s'évapora dans la nuit.
L'enthousiasme de mon meilleur ami gomme pour une dernière fois la douleur qui m'assaille. Il reprend la main sans aucune lutte de ma part. C'est la moindre des choses… puisque je sais d'ores et déjà que l'endorphine qui pour l'heure déborde et fait vibrer notre sang ne fera plus aucun effet quand cette danse folle prendra fin. Mais pour l'instant… autant en profiter de ce dernier vol au-dessus des nuages avant de retomber dans nos enfers respectifs, plus profond, plus noir maintenant que nous avions éteint la lumière. Et la chute n'en est que plus violente.
Le souffle lascif de Raphaël s'éloigne de mon oreille, mais une voix plus grave, triste et accusatrice raisonne dans ma tête, elle me transperce et me glace. « Qu'as-tu fait ? » Je t'ai trahi. Tu n'as pas tenu tes promesses, je n'ai plus à tenir les miennes. Les battements de mon cœur cognent de moins en moins fort, et même si ma respiration se calme, je n'ai jamais eu aussi mal à l'âme. Je revois les différents portraits que Sachio avait peints de moi, ils étaient tous si beaux, si pures au point d'en paraître innocents mais aucun n'avait dévoilé l'étendue de ma noirceur. Qui pourrait croire que la petite orpheline des Duchannes puisse se jouer avec une telle bassesse de son meilleur ami ? Dans de telles circonstances ? Certainement pas Raphaël qui n'est accueilli que par ma froideur alors qu'il séchait mes larmes amères. Pauvre Raphaël, il ne semble pas vouloir comprendre ce que cela signifie.
Lorsqu'il m'adresse quelques mots, la culpabilité me tord l'estomac, le dégoût m'étrangle. Je me dégage de ses bras sans un regard mais il ne semble pas comprendre et s'empare de mon poignet. Un frisson déferle le long de ma peau, mes yeux se posent, las, sa prise. Je ne peux pas lui répondre pour l'instant, j'ai besoin d'une minute avant de perdre le dernier pilier de ma vie.
« Ne pose pas la question quand tu sais que tu n'aimerais pas la réponse. Donc réponds-moi toi, comment te sens-tu cher Raphaël, après que ta meilleure amie se soit tout simplement servie de toi ? »
Mes prunelles ne luisent d'aucune lueur bien que plantées dans les siennes, je ressens seulement un maigre soulagement devant sa stupeur. Je peux le faire. Je peux l'obliger à me fuir et cette fois, il ne reviendra pas. Je ne veux plus personne à mes côtés. Je pousse un soupir, il ne me rend pas la tâche facile, mais est-ce surprenant venant de sa part. Depuis notre première rencontre, à Versailles, il m'avait toujours donné du fil à retordre, lui plus que son défunt frère.
« Je ne sais pas ce que j'espérais…» Jess, tu vas le regretter « Tu n'es pas lui. Tu ne le seras jamais… » Il ne mérite pas ça… « Alors ne te sens pas obligé de rester. Je n'ai plus besoin de toi…»
Je n'avais plus rien à ajouter, plus rien à lui offrir. Sans attendre qu'il ne réagisse vraiment ou qu'il trouve quelque chose à redire, je récupérais mon chemisier meurtri et mon pantalon marquant ainsi définitivement mes paroles dans son esprit. Je veux que l'écho de ma cruauté ricoche dans ses pensées pour lui étouffer une bonne fois pour toute le besoin de vouloir jouer au sauveur. Tiens… il manque un bouton à ma chemise…
A cause des résidus d'alcool ou d'autre chose, je ne comprends pas trop comment je me suis retrouvée écrasée contre le mur, le souffle coupé pour diverses raisons, la plus évidente étant les griffes de Raphaël plantées autour de mon cou. Sa colère a littéralement pris le dessus, et pour la toute première fois, elle était dirigée vers moi et ne m'épargne en aucune façon. C'est effrayant, c'est vrai, la colère est plus tenace que la tristesse, elle laisse plus de cicatrices. Son animosité nourrit aussi la mienne, je l'avais prévenu, je l'avais supplié de quitter cet endroit maudit, il était responsable de ses actes !
Raphaël resserre son étau, m'arrachant des grimaces et des grognements. Instinctivement, je plaque mes deux mains contre son torse écrasant pour le repousser, j'essaye même de le projeter en arrière avec mon pouvoir mais mes sens sont aliénés, il ne semble même pas avoir ressenti quoi que ce soit. Je n'ai pas envisagé cette éventualité, c'est vrai…
Mon meilleur ami, cet homme honorable, ne pouvait pas laisser mon crime envers lui impuni. J'aurais dû le prévoir, je l'ai sous estimé. Dans mon état, devant la tempête qui faisait rage en lui, je ne pouvais pas grand-chose contre lui. Son comportement arrive à marquer les lignes hautaines de mes traits par la peur. Je sens le sel de mes larmes se mélanger à l'odeur sucrée de mon sang. Je ne crains pas d'être blessée, et je sais qu'il n'ira pas assez loin pour me tuer, mais il serait dévasté s'il allait trop loin. Je l'ai bien cherché.
Avant que son coup ne s'abatte sur moi, je remarque une faible étincelle dans son regard sanguinaire et sursaute malgré moi en poussant une plainte étranglée lorsque son poing s'écrase à quelques centimètres de ma pommette. Il semble reprendre son calme peu à peu, et cette fois-ci, je préfère me taire pour ne pas le provoquer. Il est encore trop instable, un rien pourrait laisser le vampire reprendre les rênes et finir ce qu'il a commencé.
J'ignore comment mais je tiens encore sur mes jambes tremblantes, alors que ma trachée brûle d'avoir été serrée si fort. Regarde ce que tu as fait ! Je refuse de lever la tête ou de l'écouter, nous n'avons plus rien à nous dire. Je l'avais mis en garde, il a fait le choix de ne pas pas écouter !
Je veux qu'il s'en aille. et ce qu'il fit sans aucune sorte de cérémonie. Il a juste… disparu sans un bruit. Lui aussi.
Il ne reste que le silence absolu et le pendule de l'horloge.
Tic…Tac…
Tic...Tac…
Tic…Tac...
Je reste inerte quelques secondes, ou quelques minutes peut-être puis soudainement, je reprends vie, l'air me manque, je parviens à peine à retenir les pleurs de mes lèvres frémissantes. Ma lutte est vaine, je suis incapable de me contrôler. Je m'écroule à genoux, poussant un hurlement dévastateur, au point de me déchirer les cordes vocales, puis décharge le peu d'énergie qu'il me reste pour renverser le mobilier autour de moi et fêler les fenêtres. Mes sanglots sont incontrôlables, j'ai pourtant veillé à ne pas me laisser envahir mais c'est trop tard. Je n'avais pas été aussi anéantie depuis la dernière apparition de Sachio, qui s'est transformée en poussière devant mes yeux. Je pleure, de plus belle, encore et encore, suffoquant contre le tapis, pliée de douleur et de chagrin, au bord de la folie.
« Je… suis désolée… » murmurai-je à qui pourra l'entendre, à ces personnes que j'aimais et que j'avais perdues, avant de sombrer dans l'inconscience.
~~
Plus tard…
Après des heures, des jours peut-être, qui pourrait le dire, l'orpheline revint à elle, embrumée et nauséeuse, ignorant comment elle s'était retrouvée là. Péniblement, elle se hissa sur ses pieds, en fulminant. Bon sang, une enclume avait décidé de s'inviter dans sa tête.
Alors c'était bien possible, même les vampires pouvaient se payer une vraie gueule de bois. Le pas fragile et incertain, elle se dirigea vers le bar, il restait des millésimes et autres liqueurs après tout.
La vampire ne remarqua pas le chaos qu'elle avait causé dans un élan de folie pourtant elle s'arrêta net devant son reflet dans les carreaux fêlés des fenêtres. Elle avait décidément une mine affreuse mais ce ne fut pas ce qui la choqua le plus. Le bout de ses doigts blancs toucha la peau souillée de son cou, sous le sang séché, elle pouvait encore deviner de fines entailles. Un rire amer et sans vie passa ses lèvres pâles et raisonna dans le calme de la demeure. Son corps d'immortel avait donc bien ses limites. Et elle avait tout le temps du monde pour les tester.
Elle pouffa face à l'ironie de la chose avant que son cœur ne s'arrête un instant. Au milieu de l'effluve de gnôle, la jeune femme remarqua un parfum plus frais… plus doux. Et en une fraction de seconde, le film de ses dernières heures lucides la frappa de plein fouet. Les fragments de souvenirs s'entrechoquaient et brouiller le fils de ses pensées dans un brouhaha assourdissant.
…Raphaël…
Je ne suis venu… que pour t'aider… Tu ne sais plus ce que tu fais…
La famille Duchannes vous remercie pour vos loyaux et fidèles services…
Alors qu'en est-il de monsieur Aoki ?
Je n'ai plus besoin de vous, monsieur.
Jess… Tu ne peux pas t'isoler de tout, tu ne peux pas rester seule dans cette épreuve.
Ne pose pas la question quand tu sais que tu n'aimerais pas la réponse.
Tu le sais déjà au fond de toi, Jess.
Je ne suis la fille de personne depuis des années.
Je ne suis pas un jouet…
Pourquoi… Pourquoi ne me repousses pas Raphaël ? Qu'est-ce que tu y gagnes ?
Tu dois l'accepter.
Il est mort, quelle sorte d'importance cela peut-il avoir ?
Tu avais raison… Je n'aurais pas dû rester… Je n'aurais pas dû venir…
Ce n'est pas comme si quelqu'un avait le pouvoir de ramener les morts à la vie, personne ne peut m'aider…
Je ne suis plus là.
Quel mal y a-t-il à se consoler après ce que nous avons traversé… quand nous sommes si seuls ?
A force de t'enfoncer dans cette spirale de colère et de souffrance, tu vas te détruire.
Donc réponds-moi toi, comment te sens-tu cher Raphaël, après que ta meilleure amie se soit tout simplement servie de toi ?
Nous ne… devrions pas…
J'ai fait ce que j'ai fait au nom de Deagan.
Je veillerai toujours sur toi, je t'ai élevée comme ma propre fille, tu crois vraiment que je vais partir sans rien dire ?
Il n'y a que toi qui puisse m'aider… Raphaël…
Mais si tu veux jouer… on peut le faire avec mes règles…
Il faut que tu me laisses partir.
Je ne compte pas t'arrêter…
Jessica…
Jessica…
SACHIO ! NON ! PAR PITIÉ !
« Ça suffit !! » ordonna-t-elle dans un cri déformé et désespéré. Le bourdonnement entêtant laissa place à la désolation.
Jessica lâcha une plainte haletante, vidée des quelques miettes de force qu'elle pouvait encore avoir. Elle aurait sans doute dû s'effondrer une énième fois après ce qu'elle avait osé faire à Elliot, à Raphaël… à Sachio. Elle les avait trahi et abandonné. « Votre père aurait été fier de vous, Jessica. » Vraiment ? La culpabilité aurait dû l'accabler, lui faire prier n'importe quelle force mystique, celles-là même qui n'avaient eu aucune pitié, pour alléger son chagrin en jurant de donner tout ce qu'elle avait en paiement. Mais elle resta inerte devant sa dure réalité. Tout ce qu'elle avait ? Elle n'avait plus rien de valeur à ses yeux alors à quoi bon prier. Elle s'en était assurée en enfonçant le dernier clou de son propre cercueil. Tu fais peine à voir.
Elle finit par se détourner d'elle-même pour ouvrir une bouteille de cognac et boire deux longues gorgées, plongeant de nouveau dans le cercle vicieux de l'endeuillement. Les effets ne se firent pas attendre en vue de son affaiblissement mais malgré cela, rien n'effaça la preuve du passage de son ami de toujours. Son parfum réconfortant lui collait à la peau, c'était insupportable. Lourdement, elle quitta les lieux et se traîna sous la douche sans prendre la peine de retirer sa chemise, l'esprit éteint de la moindre pensée et dans une léthargie morbide.
« Jess » objecta un baryton abattu, en tendant la main vers elle.
Sans surprise, elle se retourna pour faire face à cette voix tout droit sortie de son imagination et le regarda avec apathie, telle une statue de marbre sous la pluie. Elle ne savait pas si les perles d'eau sur ses joues étaient ses propres larmes. L'orpheline avait compris pourquoi il l'avait hantée avec tant d'ardeur et qu'il continuait à le faire. Sa conscience, du moins ce qu'il en restait, avait pris la forme de son fiancé décédé, et tentait dans un ultime espoir de la ramener vers la lumière avant qu'elle ne sombre irrévocablement dans la folie.
~~
Jess passa les jours qui suivirent à boire et à déambuler sans but dans les différentes pièces du manoir parisien. Elle passa ses journées à errer entre les pages des différents carnets, rédigés par nul autre qu'Andréa et Gabriela Duchannes. Elle tomba même sur une lettre, agréablement écrite par Alessio, lui-même à l'attention de son père, sans grande importance pour la demoiselle. Et s'en était une parmi tant d'autres. Avant, elle n'avait jamais eu le courage de toucher à leurs affaires personnelles, elle jugeait cela trop intime et envahissant, désormais, elle s'en fichait, elle ne se rappelait même pas de la moitié de ce qu'elle pouvait lire.
Comme la française n'avait pas quitté l'abri de son sanctuaire depuis son arrivée après la Lune Rousse, elle ne s'était donc pas nourrie convenablement, l'alcool ne subsistant en rien au plasma. Les absences et pertes de mémoire se faisaient donc de plus en plus fréquentes de part son ivresse permanente et son jeûne. Les apparitions de son subconscient n'avait plus aucun effet sur elle sinon un profond sentiment d'ennuis.
Un soir, elle s'allongea négligemment sur le suaire poussiéreux qui recouvrait le lit de ses défunts parents et ne s'en relèvera pas. Elle portait le même kimono noir qu'elle avait enfilé après le passage de son dernier visiteur, qui s'était enfin décidé à ne plus l'importunée, et n'avait plus juger utile de l'en changer. Elle observait le doux et pâle crépuscule s'installer, d'un air vide qui n'attendait plus rien de la vie.
Ses cheveux avaient perdu toute leur brillance, l'absence de sang frais avait fini par atrophier ses muscles, ses lèvres tirées dans un imperceptible rictus commençaient même à prendre une couleur grisâtre et pourtant, elle était sereine, enlisée dans sa démence. Elle n'avait plus quitté la douceur des plumes de sa couche depuis suffisamment longtemps pour perdre le fil du temps. Elle n'essaya pas de lutter quand ses paupières lourdes se fermèrent, ne trouvant aucun intérêt à garder les yeux ouverts pour admirer la tombée de la nuit. Et avant de s'endormir, elle pousse un soupir d'aise puis sourit une légère pointe d'espoir. Peut-être que ce soir, elle ne se réveillera pas.
Au pied du lit, le fantôme lui lance un regard affligé, et à son tour et sans un bruit, il s'évapora dans la nuit.
Raphaël de La Roche#107383#107383#107383#107383#107383#107383#107383
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Mer 1 Nov 2023 - 22:19
Note : cette réponse suit chronologiquement un rp solo accessible au lien suivant : https://dark-knights-rpg.forumpro.fr/t5380-raphael-recueils-d-une-ame-tourmentee
Le lire vous donnera plus de détails, mais ce n'est pas indispensable pour la compréhension ;)
Il me fallut plusieurs jours pour me remettre de cet épisode désastreux. Je ne fis pas précisément le compte, mais il s'écoula avec certitude un minimum de trois jours après mon départ soudain de chez Jess. Les mots durs de Kevin tournaient en boucle dans ma tête.
Tu es un imbécile.
… sans même t'être posé les bonnes questions !
Tu ne vas pas me dire que tu n'as jamais rien vu venir ?
.. tu es trop bête pour reconnaître les faits.
Bloody hell, Raph, tu te rends compte toutes les peines que tu te serais épargné, que tu vous aurais épargné, si seulement tu avais cessé de nier l'évidence ?
.. est-ce que l'amour d'Emeraude aurait suffi à la remplacer ?
Enfoui sous mes couvertures, je me pris la tête tout en la secouant pour chasser ces souvenirs désagréables. Mais j'avais beau m'efforcer, ils revenaient à la charge inlassablement. Et puis, au bout d'un moment, l'ultime phrase de mon meilleur ami se fit majoritaire.
Tu lui as fait une promesse. Il serait dommage de la briser, n'est ce pas ?
Je ne te lâcherai pas, je te le promets…
Il serait dommage de la briser, n'est ce pas ?
je te le promets
Il serait dommage de la briser
je te le promets
Il serait dommage de la briser
Il serait dommage de la briser
Tu ne peux pas briser ta promesse, Raphaël
Je me redressai brusquement, chassant d'un geste vif la masse de tissu qui me recouvrait. Non. Je ne pouvais pas briser ma promesse. Je n'étais pas un parjure. Je ne manquais jamais à ma parole. Je poussai un long soupir après une profonde inspiration. Je valais mieux que ça. Je devais me reprendre, m'éclaircir l'esprit, pour être disponible, disposé, pour elle. Même si elle me repoussait, il me fallait me blinder assez pour supporter ses humeurs et la forcer à se maintenir la tête hors de l'eau.
Je pris quelques heures pour moi, entre hygiène corporelle et méditation. Lorsque je me sentis suffisamment… serein, pour ainsi dire, je préparai mon esprit pour le retour en France. Je craignais de la confronter de nouveau, surtout de l'état dans lequel elle se trouverait… Non. Plutôt que de ressasser et imaginer les pires scénarios possibles, il me fallait passer à l'action, ne pas laisser le temps à mon esprit de considérer les questions sans réponse.
Imprégné de cette détermination, je passai de mon domicile à celui de Jess. Ma mémoire m'avait guidée automatiquement dans la dernière pièce que j'avais visité. Je déglutis en faisant quelques pas tandis que mon regard embrassait la pièce. Tout était étrangement identique ; chaque élément était à la même place. Je ramassai avec perplexité ma chemise, puis celle de Jess. Elle avait tout laissé en l'état. Je ne savais pas si je devais m'en réjouir en m'en inquiéter. Mon regard se porta vers le plafond, d'où provenait l'odeur la plus récente que je percevais. Je ne cherchai pas à l'appeler dans un premier temps ; si ses sens étaient suffisamment aiguisés, elle savait déjà que j'étais là. Dans le cas contraire, je n'avais pas envie de lui laisser l'occasion d'esquiver la confrontation.
Je pistai sa trace jusqu'à l'étage, d'un pas lent mais posé. Je la retrouvai finalement allongée sur un lit drapé de blanc, les yeux clos. La pièce empestait l'alcool. Elle n'avait sans doute pas cessé de boire depuis mon départ. Le ravage du jeune et de l'ivresse commençait à marquer ces traits. Ce triste spectacle me laissa un goût amer en bouche, tandis qu'un sentiment de colère se mêlait à la tristesse. Son laisser aller dans cette maison endeuillée la consumait à petit feu. C'était plus que je ne pouvais supporter. Si elle ne souhaitait pas se sortir de là, je ne lui laisserai pas le choix.
- Bon, ça suffit, murmurai-je à voix basse sans m'en rendre compte.
Je gagnai le lit d'un pas vif pour la saisir dans mes bras, profitant de ses sens engourdis pour prendre l'avantage. Mon pouvoir fonctionnait moins bien avec des individus récalcitrants, mais l'effet de surprise restait un atout indéniable. Je restai impassible à ses protestations et je nous transportai aussitôt dans le salon de ma villa pour l'installer sur le canapé. Je retournerai là-bas plus tard pour récupérer ses affaires. Au moins, à des milliers de kilomètres, elle ne risquait plus de s'y cacher.
- Seito, j'ai besoin d'un verre, lançai-je à l'attention de mon majordome.
Avec les années passées à mon service, le brave homme décryptait sans mal mes instructions évasives énoncées dans l'urgence. Une dizaine de secondes plus tard, il se présenta avec un liquide pourpre. Je m'en saisis tandis que mon autre paume maintenait Jess en place.
- Merci. Et faites couler un bain je vous prie.
Il s'éclipsa après une révérence. Je m'adressai de nouveau à Jess, les traits fermés par l'irritation et la lassitude.
- Tu vas cesser de faire l'enfant et boire ce verre. Sinon je te jure que je te le fais avaler de force.
Mon ton sec et ferme n'encourageait aucune réplique. En guise d'avertissement je lui saisis le menton, prêt à appuyer sur ses maxillaires si elle refusait d'ouvrir la bouche de son propre chef. Je tiendrai ma promesse, même si je devais briser les derniers fragments de notre amitié pour y parvenir.
J'écris en #00cc66
Jess Duchannes#107384#107384#107384#107384#107384#107384#107384
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Lun 11 Déc 2023 - 13:31
Un souffle étouffé résonna dans le silence, comme si le battement d'ailes d'un papillon avait suffit à faire frémir l'air du manoir. Je continuai à demeurer immobile, résistant à tout instinct de réaction malgré le bruit que j'avais perçu. Mon état d'épuisement et d'ivresse m'empêchait de réagir à toute perturbation extérieure, même si j'avais conscience que quelque chose était en train de se produire. Mon esprit était plongé dans une léthargie profonde, et je n'avais ni l'énergie ni la volonté de réagir. Si un chasseur avait eu l'audace de pénétrer dans la demeure, je pourrais peut-être le remercier d'être venu mettre fin à mes souffrances. J'étais noyée dans un mélange d'indifférence et de désespoir, et je ne bougeai pas, laissant le temps et les événements suivre leur cours.
Un ton bas raisonna, et comme si une brèche s'ouvrait dans ma torpeur, une silhouette se dessina devant la fenêtre. La familiarité de cette présence ébranla légèrement mes sens émoussés. Je ne fis rien pour le saluer ni pour le repousser. Mes yeux, toujours perdus dans le néant, ne montrèrent aucune réaction, comme s'il ne restait déjà de moi qu'une coquille vide. Raphaël pouvait témoigner de mon déclin, et malgré le silence oppressant que je lui offrais, il n'hésita pas une seconde. Dès l'instant où ma tête tomba en arrière, attirée par la gravité alors qu'il m'emportait dans ses bras, j'objectai en ronchonnant des mots inaudibles, la voix faible et éraillée par le manque de parole.
Mon corps, inerte, était transporté loin de mon mausolée et des murmures incohérents se perdaient dans le vide. La torsion entre la torpeur de ma chambre et le monde extérieur m'assaillit de sensations désagréables. Les contours flous de la réalité tournoyaient autour de moi, mais je ne luttai pas contre cette intrusion. Mon esprit, engourdi par l'alcool et le désespoir, ne faisait que capter vaguement les changements.
La pesanteur de ma situation semblait s'alourdir davantage alors que Raphaël me déposait sur un canapé qui ne m'était pas étranger, loin de la froideur de ma demeure sans vie. Un vertige persistant me rappelait que j'avais été arrachée de ma léthargie, replongée dans une vérité que je préférais ignorer. Mes paupières, pourtant lourdes, ne parvinrent pas à cacher complètement le regard éteint que je posai sur Raphaël.
Son ton sec et impérieux ne parvint qu'à effleurer la surface de mon indifférence. Je sentis ses doigts se refermer sur mon menton, dans une pression plus légère malgré tout contrairement à la dernière où il avait posé la main sur moi. Il était clair qu'il était prêt à aller aussi loin que nécessaire pour me sortir de ma déchéance. Mes prunelles ternes le fixant, une interrogation déchira le voile de mon indifférence. Une question jaillit de ma bouche, empreinte de mépris et de confusion, ignorant le verre tendu entre nous.
« Que veux-tu de moi, après que je t'aie si généreusement éconduit ? » lâchai-je avec amertume dans une dernière tentative pour défier son calme olympien.
Son expression ne fléchit pas, mais je perçus une nuance de peine dans ses yeux très légèrement bridés. Un frémissement d'émotion traversa mes traits alors que je tentais de masquer la vulnérabilité qui menaçait de faire surface. Ma main retomba lentement, se perdant dans les plis de ma chemise négligemment portée. Le poids de mes actions, de mes pertes, m'écrasait, et pour la première fois, je ressentis un soupçon de regret. Pourtant, je ne laissai pas cette sensibilité perdurer. Mon masque d'indifférence reprit le dessus, et je détournai les yeux.
« Pourquoi te soucies-tu encore de ce qui m'arrive, Raphaël ? »
Ma remarque s'insinuait dans l'air, cherchant à percer le mystère de son retour malgré la manière dont je l'avais traité. Comme un écho du passé, je me risquai à une question supplémentaire, une pointe de provocation dans ma voix :
« Qu'est-ce que tu y gagnes ? » Lui murmurai-je comme je l'avais déjà fait avant que notre amitié ne vole en éclats.
Ma main, presque malgré moi, s'éleva lentement, effleurant doucement la joue de mon plus vieil ami, celle que j'avais giflé alors qu'il était lui-même en proie aux mêmes démons. Cette caresse trahissait une hésitation infime, une ambivalence dans mes gestes. L'incompréhension persistait dans mes yeux, mais cette fois, elle était accompagnée d'une nuance d'innocence.
Nos regards se croisèrent, intensifiant l'échange silencieux d'émotions passées entre nous, et dans cet espace, les souvenirs refirent surface. Des images du passé, des moments partagés tout le long de nos années d'amitié, et de deuils douloureux. Raphaël ne répondit pas immédiatement, ses yeux cherchant les miens avec une intensité presque douloureuse, comme si chaque mot était empreint d'un poids significatif. Pourtant, malgré cette ambiance pesante, un éclat presque cruel traversa mes yeux noirs. Mon visage, habituellement si impassible, esquissa un sourire amer.
« Suis-je vraiment ici pour mon bien ? » murmurais-je d'une voix à peine audible, mais chargée de sarcasme. « Ou est-ce juste ton égoïsme qui t'as poussé à agir sans prendre la peine de considérer mon choix ? »
Mon ton était tranchant, et mes paroles presque accusatrices. Je sentais une certaine satisfaction à le voir légèrement déstabilisé. Pourtant, au fond de moi, une partie regrettait ces mots acerbes, que quoi l'accusai-je au juste ? Les émotions tourbillonnaient dans l'air, palpables, mais chacun de nous gardait ses propres secrets enfouis. Le regard de Raphaël restait fixé sur moi, comme s'il cherchait à décoder les messages cachés derrière mes accusations injustifiées.
Tout en murmurant ces derniers mots, mes doigts avaient glissé doucement le long de sa joue, effleurant la peau avec une légèreté qui contrastait avec la cruauté de mes paroles. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale alors que nos regards ne se détachaient pas. La tension entre nous semblait tangible, comme une force magnétique nous liant malgré la douleur et sans doute à cause de cette intimité que nous n'aurions jamais dû partager.
Soudain, mes doigts s'immobilisèrent, et une lueur de défi brilla dans mes yeux éteints. Sans me départir de mon sourire cynique, je décidai de pousser le jeu un peu plus loin. Mon ton, toujours feutré, vibrait d'une intensité maîtrisée.
Mais Raphaël ne me laissa pas m'évader aussi facilement, il avait refusé de lâcher mon visage malgré mon hostilité. Je sentis la chaleur de sa prise sur ma peau, un geste tendre qui semblait lui aussi contraster avec la froideur de nos échanges verbaux. Mon corps réagissait malgré moi à ce contact, laissant une étrange sensation de confusion dans son sillage.
Mes doigts, d'abord hésitants, cherchèrent à repousser sa main tenant le verre. C'était un geste instinctif, une tentative vaine de regagner un semblant de contrôle, mais mes mouvements étaient lents, lourds, comme si chaque muscle refusait de coopérer pleinement et Raphäel n'eut aucun mal à esquiver mon geste.
Son regard bleu-vert ne flancha pas, et malgré la distance que j'avais essayé d'imposer entre nous, une connexion résiduelle persistait. J'entendis son soupir imperceptible, témoignage de l'effort qu'il faisait pour maintenir la situation sous contrôle. La lueur de défi dans mes yeux s'intensifiait, mais il y avait aussi quelque chose d'autre, une lueur de crainte que je ne parvenais pas à dissimuler complètement. Je n'étais pas capable boire ce sang, quand bien même devait-il me garder en vie, car être consciente de la disparition de Sachio était impossible à supporter.
Un ton bas raisonna, et comme si une brèche s'ouvrait dans ma torpeur, une silhouette se dessina devant la fenêtre. La familiarité de cette présence ébranla légèrement mes sens émoussés. Je ne fis rien pour le saluer ni pour le repousser. Mes yeux, toujours perdus dans le néant, ne montrèrent aucune réaction, comme s'il ne restait déjà de moi qu'une coquille vide. Raphaël pouvait témoigner de mon déclin, et malgré le silence oppressant que je lui offrais, il n'hésita pas une seconde. Dès l'instant où ma tête tomba en arrière, attirée par la gravité alors qu'il m'emportait dans ses bras, j'objectai en ronchonnant des mots inaudibles, la voix faible et éraillée par le manque de parole.
Mon corps, inerte, était transporté loin de mon mausolée et des murmures incohérents se perdaient dans le vide. La torsion entre la torpeur de ma chambre et le monde extérieur m'assaillit de sensations désagréables. Les contours flous de la réalité tournoyaient autour de moi, mais je ne luttai pas contre cette intrusion. Mon esprit, engourdi par l'alcool et le désespoir, ne faisait que capter vaguement les changements.
La pesanteur de ma situation semblait s'alourdir davantage alors que Raphaël me déposait sur un canapé qui ne m'était pas étranger, loin de la froideur de ma demeure sans vie. Un vertige persistant me rappelait que j'avais été arrachée de ma léthargie, replongée dans une vérité que je préférais ignorer. Mes paupières, pourtant lourdes, ne parvinrent pas à cacher complètement le regard éteint que je posai sur Raphaël.
Son ton sec et impérieux ne parvint qu'à effleurer la surface de mon indifférence. Je sentis ses doigts se refermer sur mon menton, dans une pression plus légère malgré tout contrairement à la dernière où il avait posé la main sur moi. Il était clair qu'il était prêt à aller aussi loin que nécessaire pour me sortir de ma déchéance. Mes prunelles ternes le fixant, une interrogation déchira le voile de mon indifférence. Une question jaillit de ma bouche, empreinte de mépris et de confusion, ignorant le verre tendu entre nous.
« Que veux-tu de moi, après que je t'aie si généreusement éconduit ? » lâchai-je avec amertume dans une dernière tentative pour défier son calme olympien.
Son expression ne fléchit pas, mais je perçus une nuance de peine dans ses yeux très légèrement bridés. Un frémissement d'émotion traversa mes traits alors que je tentais de masquer la vulnérabilité qui menaçait de faire surface. Ma main retomba lentement, se perdant dans les plis de ma chemise négligemment portée. Le poids de mes actions, de mes pertes, m'écrasait, et pour la première fois, je ressentis un soupçon de regret. Pourtant, je ne laissai pas cette sensibilité perdurer. Mon masque d'indifférence reprit le dessus, et je détournai les yeux.
« Pourquoi te soucies-tu encore de ce qui m'arrive, Raphaël ? »
Ma remarque s'insinuait dans l'air, cherchant à percer le mystère de son retour malgré la manière dont je l'avais traité. Comme un écho du passé, je me risquai à une question supplémentaire, une pointe de provocation dans ma voix :
« Qu'est-ce que tu y gagnes ? » Lui murmurai-je comme je l'avais déjà fait avant que notre amitié ne vole en éclats.
Ma main, presque malgré moi, s'éleva lentement, effleurant doucement la joue de mon plus vieil ami, celle que j'avais giflé alors qu'il était lui-même en proie aux mêmes démons. Cette caresse trahissait une hésitation infime, une ambivalence dans mes gestes. L'incompréhension persistait dans mes yeux, mais cette fois, elle était accompagnée d'une nuance d'innocence.
Nos regards se croisèrent, intensifiant l'échange silencieux d'émotions passées entre nous, et dans cet espace, les souvenirs refirent surface. Des images du passé, des moments partagés tout le long de nos années d'amitié, et de deuils douloureux. Raphaël ne répondit pas immédiatement, ses yeux cherchant les miens avec une intensité presque douloureuse, comme si chaque mot était empreint d'un poids significatif. Pourtant, malgré cette ambiance pesante, un éclat presque cruel traversa mes yeux noirs. Mon visage, habituellement si impassible, esquissa un sourire amer.
« Suis-je vraiment ici pour mon bien ? » murmurais-je d'une voix à peine audible, mais chargée de sarcasme. « Ou est-ce juste ton égoïsme qui t'as poussé à agir sans prendre la peine de considérer mon choix ? »
Mon ton était tranchant, et mes paroles presque accusatrices. Je sentais une certaine satisfaction à le voir légèrement déstabilisé. Pourtant, au fond de moi, une partie regrettait ces mots acerbes, que quoi l'accusai-je au juste ? Les émotions tourbillonnaient dans l'air, palpables, mais chacun de nous gardait ses propres secrets enfouis. Le regard de Raphaël restait fixé sur moi, comme s'il cherchait à décoder les messages cachés derrière mes accusations injustifiées.
Tout en murmurant ces derniers mots, mes doigts avaient glissé doucement le long de sa joue, effleurant la peau avec une légèreté qui contrastait avec la cruauté de mes paroles. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale alors que nos regards ne se détachaient pas. La tension entre nous semblait tangible, comme une force magnétique nous liant malgré la douleur et sans doute à cause de cette intimité que nous n'aurions jamais dû partager.
Soudain, mes doigts s'immobilisèrent, et une lueur de défi brilla dans mes yeux éteints. Sans me départir de mon sourire cynique, je décidai de pousser le jeu un peu plus loin. Mon ton, toujours feutré, vibrait d'une intensité maîtrisée.
Mais Raphaël ne me laissa pas m'évader aussi facilement, il avait refusé de lâcher mon visage malgré mon hostilité. Je sentis la chaleur de sa prise sur ma peau, un geste tendre qui semblait lui aussi contraster avec la froideur de nos échanges verbaux. Mon corps réagissait malgré moi à ce contact, laissant une étrange sensation de confusion dans son sillage.
Mes doigts, d'abord hésitants, cherchèrent à repousser sa main tenant le verre. C'était un geste instinctif, une tentative vaine de regagner un semblant de contrôle, mais mes mouvements étaient lents, lourds, comme si chaque muscle refusait de coopérer pleinement et Raphäel n'eut aucun mal à esquiver mon geste.
Son regard bleu-vert ne flancha pas, et malgré la distance que j'avais essayé d'imposer entre nous, une connexion résiduelle persistait. J'entendis son soupir imperceptible, témoignage de l'effort qu'il faisait pour maintenir la situation sous contrôle. La lueur de défi dans mes yeux s'intensifiait, mais il y avait aussi quelque chose d'autre, une lueur de crainte que je ne parvenais pas à dissimuler complètement. Je n'étais pas capable boire ce sang, quand bien même devait-il me garder en vie, car être consciente de la disparition de Sachio était impossible à supporter.
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Dim 18 Fév 2024 - 17:31
Comme je m'y attendais, ma profonde détermination fut confrontée à une brutale indifférence chez ma meilleure amie. Nous nous affrontâmes un moment du regard, avant qu'elle ne brisât le silence d'une question insidieuse, qui se voulait blessante, venimeuse. Je ne dirais pas qu'elle ne m'avait pas atteint. Le douloureux rappel de notre dernier… échange me fit aussi mal que la morsure gelée d'une lame bien aiguisée. Mais je pris sur moi pour masquer mon trouble et fis abstraction.
- Ne rends pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà, répliquai-je en désignant le verre du menton.
A aucun moment je ne relâchai ma prise sur elle, conscient qu'elle profiterait de la moindre faille pour me repousser et se défiler. Je ne souhaitais pas la retenir prisonnière dans ma demeure. Je la laisserais partir, dès lors qu'elle aurait ingurgité de quoi ne plus être un danger pour les autres, mais surtout pour elle-même. Le bain qui coulait lui était destiné, si tant est qu'elle resterait après ça. Et sinon, j'apprécierai la chaleur d'une eau purificatrice.
Pendant un instant fugace, je crus voir son masque d'indifférence et de mépris se fissurer. Mais la lueur de son regard fut si brève que je doutai d'avoir rêvé. Elle détourna les yeux avant que je ne pusse aller plus loin dans mon investigation. A sa nouvelle question, elle n'obtint qu'un silence désolé. Je savais qu'elle me bombardait de questions dérangeantes pour échapper à ce verre que je lui imposais, pourtant, cela m'atteignait inévitablement. Elle savait très bien pourquoi je me souciais d'elle. Jess restait ma meilleure amie, la femme qui comptait le plus pour moi en dehors de ma famille, et ce malgré tout le mal qu'elle m'avait fait, ou qu'elle aurait pu faire à autrui. En doutait-elle vraiment, ou refusait-elle simplement la vérité.
Sa nouvelle question, susurrée en écho à ce qu'il s'était passé en France, m'arracha un soupir douloureux. Encore une manœuvre pour me blesser et trouver la faille qui lui permettrait de s'enfuir. La caresse de ses doigts ébranla un instant mon impassibilité apparente et je réprimai un frisson. L'éclat de ses yeux avait pourtant l'air si vrai.
- Jess, s'il te plaît.
Puis un sourire amer déforma la douceur éphémère de son expression, et elle reprit son manège cruel. Cette fois je plissai les yeux, non de peine -bien qu'il y en eût-, mais plutôt d'irritation. Je me souvins de la soirée où elle m'avait secoué pour m'arracher de l'abattement. Elle l'avait fait avec une certaine violence, lorsque les mots ne suffisaient pas. J'avais moi aussi tenté autant que possible la manière douce, mais si elle insistait tant, je pouvais moi aussi changer d'outil pour un plus incisif. Je reculai la tête pour échapper au contact de sa main, qui avait tenté d'ébranler mes défenses -et elle avait presque réussi.
- Ça te va bien de me parler d'égoïsme.
Mon regard s'était durci, et ma voix devenait tranchante comme de l'acier. J'exprimai des excuses silencieuses à son égard vis à vis de ce que j'allais dire. Mais il fallait qu'elle l'entendît. Qu'elle cessât d'oublier et de se voiler la face.
- Tu fais semblant d'oublier, mais tu te souviens très bien de ses dernières volontés. Pourtant tu t'obstines à dépérir, soi-disant pour le rejoindre. Tu vas à l'encontre de ce qu'il voulait, sans une pensée pour le mal que tu causes autour de toi, sans aucun respect pour ce qu'il t'a exprimé avec ce qui lui restait d'énergie. Et c'est moi qui fait preuve d'égoïsme ?
Je ne pouvais parler que d'une seule personne, et elle le savait très bien. Je savais qu'évoquer son souvenir lui ferait bien plus mal que n'importe quelle lame de Hunter. Mais elle devait cesser de fuir la réalité. Elle devait l'accepter pour aller de l'avant. Au fond de moi, je me détestais, autant que je la détestais de me pousser à cette extrémité. Pourtant je continuai, poussé par le devoir et l'énergie du désespoir. Je voyais déjà la souffrance infinie dans ses prunelles sombres, et cette colère sourde, d'oser parler de lui, de l'arracher à son déni. Je ne restai bien sûr pas indifférent à sa peine. Je poursuivis tout de même, mais d'un ton plus doux.
- Je ne fais pas ça pour moi, et je ne fais pas ça uniquement pour ce que j'estime être pour ton bien. Je fais aussi ça pour honorer sa mémoire. Parce qu'il ne me pardonnerait jamais que je te laisse te détruire et mourir à petit feu.
Je n'avais jamais été plus sincère qu'en cet instant, même si évoquer Sachio m'était pénible moi aussi. Pas pour les mêmes raisons, cependant, et nouveau trouble me gagnait que je n'arrivais pas à définir. Mais ce n'était pas le moment de m'appesantir sur mes états d'âme. Je poussai un soupir avant de prendre une inspiration douloureuse.
- Je n'aime pas faire ça, alors s'il te plait, Jessica, ne m'oblige pas à continuer.
La phrase était tournée sur une touche suppliante bien malgré moi. Je mettais tous mes efforts pour maintenir ma prise sur elle, et me maîtriser en même temps. Aussi ne pus-je pas contrôler le trémolo dans ma voix, ni m'exprimer comme je l'aurais voulu. C'était le dernier avertissement que je lui adressais. Si elle persistait dans son jeu cruel, je n'aurais d'autre choix que de mettre mes menaces à exécution. Quitte à subir son courroux, même si j'avais encore quelques cartes à jouer pour tenter de calmer ses ardeurs.
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