Retrouvaille familial ! [pv Alessio Di Altiero] 13/05/2018

« - Si cela ne te dérange pas je la lirai chez moi ... En tout cas merci fratello de m’avoir dit cela, je suis content que tu te sois occupé de lui en mon absence ... J’ai hâte de le voir, dit lui qu’il peut venir au Japon quand il veut, merci de l’avoir protégé de Mère. »

J’acquiesce doucement. Libre à lui de lire la lettre et de découvrir le carnet de son fils quand il le souhaitera, il aura tout le loisir d’apprendre à le connaitre par la suite. Surtout que le petit sera plus qu’heureux d’apprendre qu’il peut venir ici. En ce qui concerne sa protection contre notre mère ... c’était bien la moindre des choses. Jamais je n’aurai laissé notre mère approcher l’enfant, elle aurait tenté sans vergogne de le corrompre à son image. Une vipère dans la famille est bien plus que suffisant à mon goût.
Mio fratello pose ce que je viens de lui donner sur mon bureau avant de soupirer et de se gratter la nuque. Mauvais signe. Il n’agit ainsi que lorsqu’il va faire une bêtise ou quand il veut lâcher une information importante. Je crains le pire. Par précaution, je me réinstalle dans mon fauteuil et pose mon verre sur la table d’appoint toute proche. Qu’il parle, je suis prêt à tout entendre. De toute façon peut-il faire plus énorme comme information que d’apprendre l’existant d’un enfant ?

« - Tu viens de lâcher une vraie bombe ... J’ai quelque chose également à te dire, qui va pas te réjouir et surement pas te plaire Alessio ... Ca concerne mère, je ne sais pas si tu l’as remarqué mais je ne ressemble que très peu à toi ou à Vittoria, je sais que certains vieux croulant considéraient ma naissance comme le dernier cadeau que père fit à mère, mais ... D’après certaines choses que j’ai compris et que j’ai ... comment dire ... assimiler ? Enfin bref ... Je ne suis pas le fils du feu chef du clan Di Altiero ... Garde le pour toi Alessio, mais Mère a trompé Père avant qu’il ne meure. »

J’ignore si mio fratello va rire de ma tête, mais je l’image que j’imagine de mon expression faciale est risible. Il est en train de me dire quoi précisément là ? Que notre mère s’est détournée de notre père ... mon père ? Qu’il ne serait que mon demi-frère ? Qu’est-ce que c’est que cette baliverne ? Il plaisante là ? Non ?

Oh mon dieu à sa tête il ne plaisante pas. Sérieusement notre mère a été jusque-là ? Mais on est au-delà de la vipère maintenant. Qu’est-ce qui est pire qu’une vipère d’ailleurs ? Ah oui je sais : sangsue ! Elle est encore pire que je ne le croyais. Mais où donc s’arrêtera-t-elle ? Qu’elle crée un lvl D, passe encore. Qu’elle le laisse dégénérer au stade E ... c’est totalement répréhensible mais elle n’est pas la seule. Par contre qu’elle s’en serve comme d’une arme pour tuer ma femme ... rien que ça me donnait et me donne encore l’envie de lui arracher la tête. Savoir qu’elle a engagé un hunter, merde un hunter !, pour tuer Isaia ... un vampire ! Elle a engagé un hunter pour tuer l’un des membres de sa propre race.
Non contente d’avoir trahi tour à tour sa fille, et ses deux fils. Cette femme est ignoble. Et en plus elle n’a même pas eu la décence de rester fidèle à son époux ? Père qui était pourtant si gentil, si prévenant avec elle. Toujours à s’assurer de son bien-être, à l’épauler et la soutenir quand le reste de la famille était contre elle. Certes il s’en méfiait sur la fin ... surtout pour son aptitude à gérer les affaires du clan. Il ne la jugeait pas apte à le faire. Cependant jamais je n’ai douté de son affection, de son amour pour cette femme ... Même ce genre de sentiment elle ne les respecte pas. Que respecte-t-elle d’ailleurs ? Rien à part sa propre personne. Même quand elle arrive au fond du gouffre, elle creuse encore ! En même temps pourquoi aurait-elle eu ce respect de base, puisqu’elle n’en possède aucun pour la chair de sa chair ? Elle me dégoûte. Heureusement pour elle qu’elle n’est pas ici. Sinon je pense que je l’aurai brûlé ... Fondue en place publique pour ses crimes infâmes.

J’avoue que c’est l’odeur de brûlé qui me ramène un peu au temps présent en me sortant de mes pensées. Mon regard se porte sur l’accoudoir, ou plus exactement, ce qui fût un accoudoir. Totalement perdu dans mes pensées, une haine viscérale avec seulement un seul précédent chez moi a fait surface. Ce faisant, j’ai oublié mon environnement et j’ai brûlé mon fauteuil. C’est bien dommage je l’adorais ce fauteuil. Sans effort, j’étouffe les flammes qui tente de le consumer entier, puis avale mon verre cul sec avant de m’en resservir un et de lui offrir le même sort.
Il faut que je me calme et que je rassure Dae ... mon ire n’est pas contre lui. Juste contre celle qui fût, dans un temps lointain, ma génitrice.

« - Excuse-moi ... fratello. Rassure-toi ce n’est pas contre toi, tu es mon frère et le reste n’a pas d’importance. Je garderai cette ... révélation pour moi. Au pire Vittoria sera mise dans la confidence, si elle jamais elle l’ignore. Quant à cette ... cette ... troia, si tu retournes en Italie la seule chose que je te demanderai c’est de me laisser l’achever dans la lave. Je ne veux pas de trace d’elle aux côtés de mon défunt père. Il avait certes des défauts, mais ne méritait pas d’être si peu estimé par cette ... faccenda (chose). »

Je nous sers un nouveau verre à chacun, cette fois c’est double ration. Je lève mon verre.

« - Puisse la vengeance frapper à sa porte et lui faire subir mille souffrances. Peut-être devrais-je demander des conseils au chef des Dwight Hodgkin sur ce point, il se murmure qu’il maîtrise l’acte à la perfection. Salute ! »

Mon troisième verre ne fait pas tellement plus de temps que les premiers. C’est fou comme cette révélation, attaque de cette troia contre mon père, me fait monter dans les tours. Il a été un bon père pour moi et Vittoria, à l’écoute et trouvant toujours un peu de temps dans son emploi du temps pour nous. Le temps ne change rien à l’affaire, à l’égal d’Irys, il me manque. Souvent j’aimerai qu’il soit là pour me conseiller, m’aiguiller ... m’aider dans ce fardeau de chef du clan. Je soupire, rien ne sert d’y penser maintenant.

« - Sinon oui rassure-toi je transmettrai à Aslan que tu seras ravi de faire sa connaissance. A partir de cet instant, je ne lui donnerai pas plus de trois jours pour débarquer au Japon. Mais cessons un peu de parler de la famille, j’ai deux services à te demander fratello. J’ai besoin de ton aide pour avoir des informations. Tu es au courant de cette histoire de lycans fous n’est-ce pas ? Peux-tu enquêter de ton côté pour qu’on y voit un peu plus clair ? »

Et maintenant le coup de grâce.

« - Il faudrait que tu viennes à la maison le 17 de ce mois. Je veux que tu sois présent pour rencontrer nos nouveaux alliés. Fratello ... je dois t’avouer que le temps de la neutralité de notre clan est révolu. Nous sommes dans le camp des lycans désormais, et c’est pour cette raison que je désire que tu sois présent à mes côtés. Dans quatre jours, nous allons rencontrer Asuna Hirano, chef de meute des Hirano, et son fils aîné Daisuke Kûdo. »

Je marque une pause, lui laissant le temps d’intégrer l’information.

« - Seras-tu à mes côtés fratello pour valider la première alliance vampires-lycans ? »

Daegan me demande d’arracher le nom de son père aux lèvres closes de notre mère. Soit cela est dans mes cordes. Je cuisinerai notre mère aussitôt que possible. Et elle craquera.
Je vois de la surprise, rapide certes, lorsque je lui annonce avoir des services à lui demander. Je sais qu’il enquêtera quand il aura l’occasion ... entre deux sessions d’essayage ou de prise de photos. Quant à ma seconde requête, c’est un léger ricanement qui l’accueil. Je ne sais pas si c’est de bon augure, avec mio fratello je peux, et dois, m’attendre à absolument tout. Il se ... lèche les lèvres ? Définitivement mauvais signe ! Je crains le pire maintenant. Aurais-je commis une erreur en lui demandant d’être présent ?

Il ne peut pas faire de bêtises tout de même ... si ?

« - Bien sûr que je serais présent, j’ai toujours rêvé de rencontrer un lycan. Cependant je te préviens, si le fils ainé est à mon goût ... Je vais vouloir en goûter un bout. Tu es prévenu. »

En ... goûter un bout ? Il n’envisage tout de même pas de ... de sauter sur le fils aîné quand même ? Oh que si. C’est bien ça qu’il a l’intention de faire. J’espère qu’il ne sera donc pas à son goût, ou si c’est le cas, que sa « mère » ne le prendra pas mal, et son fils non plus. Dio mio, mon frère est intenable.
Je sais que je souris tout en pensant ça, alors que rien que l’idée me fait frissonner. Bon il faut que je me rende à l’évidence, il se fichera royalement de mon avis le moment venu. De toute façon, je crois qu’il s’en moque déjà de mon avis sur la question. Ses paroles sont juste un avertissement et un constat. Vivement qu’il se trouve un nouvel homme pour calmer ses ardeurs. Cela ne pourra pas lui faire de mal.

« - Je prends ... note de ce que tu envisages si jamais le fils aîné et à ton goût. Enfin sache tout de même qu’il ne sera peut-être pas tenter de son côté hein ? Pour être franc, j’ignore tout de lui, à l’exception de son nom. J’en sais infiniment plus sur son Alpha, puisque nous avons beaucoup conversée pour les termes de l’alliance et l’échange d’informations. »

Avec le recul, je me dis qu’il aurait pu être de bon ton d’obtenir plus d’information sur sa meute et ses membres. Maintenant elle a aussi été très clair, à l’exception du jeune Kazuo Hatori, les deux autres savent se maîtriser et sont indépendant de mon clan. Une vraie louve à défendre sa meute par tous les moyens et je ne peux que la respecter pour ce fait.

« - Merci fratello d’accepter d’être présent, malgré ton absence de passion pour la politique interne de notre clan et encore plus pour celle mondiale. »

« - J’aime te rendre service ne t’inquiète pas, puis comme je te l’ai dit je veux rencontrer un lycan. Puis tu sais, tu peux me demander de venir aux réunions avec les croûtons vampires, ça ne me dérange pas. J’aime bien voir leurs yeux me regarder parce que je suis pas comme ils le souhaitent. Enfin bon, c’est pour toi que j’irais avec plaisir. »

Je souris doucement et prends note. Comme ça mio fratello souhaiterai faire des apparitions de temps en temps pour juste se rappeler aux bons souvenirs des aînés de notre clan ? Aucun souci, s’il n’y a que ça pour lui faire plaisir, c’est amplement dans mes cordes. Juste il faudra probablement que je réfléchisse avec la plus grande des attentions à quelle réunion le convier. Parce que tous nos anciens, et ceux qui n’en ont que la mentalité, ne seront pas forcément disposés à tolérer sa présente.
Et bien avec ça mon frère décide de ne pas me rendre la vie plus simple, bien au contraire. Mais après tout c’est aussi mon rôle d’aîné que de composer avec ce type de difficultés.
Je soutiens son regard, puis le suis lorsqu’il se lève et cherche visiblement quelque chose dans sa veste. Qu’a-t-il donc pu apporter ? Le voilà piquant ma curiosité. Il sort quelque chose, que j’identifie comme un écrin une fois qu’il est de nouveau face à moi. Daegan dépose l’écrin dans ma main en souriant d’un air énigmatique. Mais qu’est-ce qu’il a encore bien pu mijoter ?

« - Tient, je voulais t’offrir un cadeau, je les ai vu dans une boutique de bijoux quand je cherchais quelque chose à offrir à Jess. J’espère qu’elles te plairont mio fratello. »

Qu’elles ? Mais quel bijou a-t-il pu prendre ? Je le suis de mes yeux vers l’une des fenêtres de mon bureau. Là il s’allume une cigarette et commence à tirer dessus. La fumée ne me dérange pas, après tout il m’arrive de profiter d’un bon cigare de temps à autre. Cependant la posture de mon cadet me montre clairement qu’il est tendu. Que peut-il avoir pris comme cadeau qui justifierait un tel niveau de stress quant à ma réaction en le découvrant ?

Je reporte mon attention sur l’écrin et l’ouvre pour découvrir ce qu’il cache. En son cœur, je vois une paire de rubis (à vérifier), sertis sur une monture en or jaune. Une magnifique paire de boucle d’oreille ... pour moi qui n’a pourtant aucuns trous à mes oreilles. Dois-je comprendre qu’il va m’en falloir ? Au moins sur l’une d’elles ? Mio fratello cherches-tu à m’amener dans les XXIème siècle mine de rien ?
Oh je le sens légèrement fourbe sur ce coup-là. Il sait que je ne porte que peu de bijoux et que les rares que j’expose sur moi, ont tous une signification très importante à mes yeux. Il sait pertinemment que je vais chercher à mettre son présent, et donc par voie de fait, me faire percer les oreilles. Ce qu’il me demande depuis ... je ne sais même plus quand d’ailleurs. Cela prouve à quel point cette requête remonte à longtemps !
Je lui souris en reportant mon attention sur lui.

« - Et bien en voilà un présent inattendu ! Dois-je comprendre qu’il me faut agrémenter un peu plus mon apparence pour faire grincer des dents nos ainés ? Merci fratello, j’apprécie ton cadeau. Maintenant tu vas être obligé de venir avec moi chez un perceur, afin que je puisse les porter. Et tu n’y couperas pas ! »

Je ris doucement. Dans le fond, cette complicité avec lui m’avait manqué. Il est d’autant plus aisé de partager des moments forts entre frères, maintenant que notre différence d’âge n’est plus que sur l’acte de naissance.
Avant que je ne puisse ajouter quelque chose, Hiroaki, mon majordome entre dans la pièce en s’excusant de me déranger. Je me doute que s’il le fait c’est pour une bonne raison. Rapidement, il vient vers moi et m’indique sans détour qu’un membre des Von Reizel m’attends dans le salon dit d’été. Que peut-il me vouloir ? A moins qu’il ne soit, le pauvre, envoyé par son chef pour avoir des échos, tardifs, de ma rencontre avec sa fille.
Ne peut-il donc pas se déplacer en personne ? Est-ce trop lui demander ? Visiblement.
Hiroaki, nous salue et s’éclipse aussi rapidement qu’il est entré. Malheureusement pour moi, je vais devoir prendre congé à mon tour pour savoir ce qu’il en retourne précisément.

« - Dae tu m’excuseras mais j’ai une visite inattendue et qui doit, très certainement, concerner mes fiançailles. Profite de la maison, tu es ici chez toi. Il faudra qu’on s’organise une après-midi ensemble pour que je me fasse percer les oreilles déjà ... j’ose à peine dire que tu aurais presque carte blanche en prime pour le reste du temps ensemble. »

Je viens vers lui et l’enlace, avant d’ajouter à son oreille.

« - Ne t’en fais pas, je vais chercher qui est ton père et je t’organiserais si je le peux une rencontre. Encore merci pour ton cadeau, il est magnifique et je ne manquerai pas de le porter dès que je le pourrais. »

Je m’écarte et me dirige vers la porte. Une fois arrivé devant celle-ci, je me tourne une dernière fois, en souriant largement, vers mio fratello de cœur, et demi de sang.

« - A très vite il mio fratellino truculento ! » (mon truculent petit frère)