Page 1 sur 2 • 1, 2
Invité
Invité
Mer 1 Avr 2020 - 1:51
L’humeur des dernières semaines était au beau fixe chez la princesse de sang-pur. Rien n’était plus parfait que l’ambiance du moment présent. Elle s’ouvrait peut-être un peu trop au champ des possibilités, se laissait un peu trop aller, écoutait un peu trop ses désirs mais, bon sang, ce que cela pouvait être électrisant. Non dépourvu de beauté, il avait toujours manqué une chose à la vampire : du charme.
Ce charme du plaisir, ce charme du temps, ce charme de l’assurance, du pouvoir, du contrôle, de l’acceptation, du défi et de la recherche.
Si elle avait réussi assez rapidement à mettre le doigt sur cette nécessité de quête et d’ailleurs, en trouver le but précis était loin d’être aisé. Le trouvait-on seulement ? Elle ne pouvait nier avoir arpentée de nombreux chemins depuis. Un sourire narquois nait sur ses lèvres habillées de rose abricot, tandis qu’elle referme lentement son chemisier en satin. Des chemins humiliants, des chemins exaltants, des chemins mortels et des chemins charnels, à en perdre la tête.
Cependant, cela ne suffisait pas aux yeux de la jeune femme encore frustrée de son absence de savoir. Propre geôlier de son jeune âge, la princesse ne se laissait aucun répit. Chaque nouveauté se retrouvait confinée dans son esprit, nourrissait son imagination débordante pour venir s’écraser dans l’accompli et ouvrir de nouveaux horizons de recherche.
Tout y passait, de la plus luxueuse des activités à la plus dégradante. Elena était même prête à sacrifier des bottes Channel pour une promenade dans une forêt sans sentier. Enfin, quoi que non. Pas des Channel. Il ne fallait pas abuser.
D’un mouvement sec et ferme, la voilà coiffée d’une queue de cheval haute qui fouette l’air avec détermination, tandis que sa propriétaire se munit d’un sac à main et d’un carnet avant d’appeler un chauffeur. Il était bientôt l’heure de rester confiner à l’intérieur et pourtant, main en visière, la jeune privilégiée se cache de la lumière brûlante du soleil radieux de la mi-mai.
D’une moue agacée, elle attend. Oui, vous avez entendu, elle attend.
D’un mouvement autoritaire, elle s’informe du temps écoulé, grogne et alors que la voiture apparait, c’est d’un regard plus qu’inquiétant qu’elle ordonne à ce bon à rien l’adresse à noter dans le GPS. Septique, le chauffeur note, bien curieux de connaître la raison de cette expédition. Elena possédait les meilleurs instructeurs du pays, que cela n’en soit point douté, certains pouvaient se montrer ennuyant à souhait et les discours rébarbatif d’ancienne bataille l’ennuyé du plus haut point mais, ils étaient de réputation excellente.
Elle avait la plupart du temps toujours le même point de vue : celui de sa race. Ennuyeux à souhait. Son père pouvait très bien lui en raconter les exploits sans sourciller, alors écouter des instructeurs ennuyeux et avide de reconnaissance. C’était une insulte. Non une insulte contre la jeune femme, qui n’en avait que faire mais, contre l’art de l’enseignement. Elle en était certaine.
D’un coup d’œil expert sur les derniers réseaux sociaux à la mode, la princesse se tient informée des derniers défilés et mondanité moderne. Certaines expositions ne méritaient certainement pas autant d’émoi… cela devenait ennuyeux. Devait-on mettre un peu de drogue dans les verres des « artistes » pour trouver un peu de perfection dans cette époque ? D’une main experte, Elena se sert une coupe qu’elle déguste en repensant à sa soirée dans la tour.
Verre finis, voiture arrêté, journée ensoleillé et flamboyante, Elena sort de sa voiture.
Elle tourne sa tête à droite : une poubelle.
Elle tourne sa tête à gauche : un humain.
Un humain qui la regarde. Elle hausse un sourcil, il avait besoin d’un autographe, mieux, de perdre conscience et liberté au profit de son plaisir ? Non. Alors qu’il s’éloigne. Il gênait sa découverte. Avorton.
Regard devant, Elena détaille les lieux, du béton, un chemin à suivre et tracé, pas de réflexion pour se diriger vers la salle de classe. Alors, elle suit. Elle marche, regarde autours d’elle l’université de Nakanoto, symbole de modernité et d’influence universitaire. Là, un humain habillé comme un clochard, Elena surprise, le détaille, ne comprenant pas sa place ici et puis, un autre apparaît et alors elle comprend, qu’ils abordent un style propre à eux. Elle fronce des sourcils, n’appréciant que la grâce, la classe et la puissance de Coco qui d’un vêtement te donner toute puissance, affirmation et liberté.
Eux ? Quels symboles trouvaient-ils à leur tenue ?
Appli ouverte, elle marche, s’informe, suit le chemin indiqué, trouve là-dites salle et se retrouve nez-à-nez devant un amphithéâtre avec au centre une extrade. Les élèves affluaient tandis que le professeur, tout petit finalement à sa place de maître, attendait. Patient, il devait l’être, il n’avait pas le choix tandis que, plantée comme une statue, Elena laissait le monde affluait. Surprise de l’effervescence humaine, une vraie fourmilière en action, une atmosphère beaucoup trop énorme pour apprendre. C’était cela : l’université. L’enseignement populaire.
Bien. Ce n’était qu’une expérience. Elle devait le vivre ainsi. Elle recherchait l’art de l’enseignement. Elle se devait d’en connaître chaque représentation pour en connaitre le meilleur tableau.
Non inspirée tout de même à l’idée de se mélanger à toutes ses mains travailleuses, Elena s’installe sur l’extrémité gauche. Surplombante de sa hauteur, elle regarde les autres s’asseoir, rire, préparait leurs affaires en notant dans son esprit chaque mouvement humain, chaque vêtement ou composition intéressante tout en se laissant bercer par tout ce va-et-vient. C’était comme voir une côte de bœuf remuer de gauche à droite, s’activer de bas en haut et tourner en rond. Ça donnait une petite faim tout de même. Mais certains parfums frustraient le nez délicat, qui se recroquevillait dégoutait. L’humain. L’humain. L’humain.
Un raclement de gorge charismatique, Elena fronce des sourcils, le silence fut, ses sourcils s’hausse de curiosité. Appréciant le calme survenu, il salue l’assemblée, allume un diapo que la princesse reconnait comme une représentation Grecque du dieu Zeus. C’était vrais qu’elle avait choisi un cours de civilisation ancienne pour confronter cet apprentissage public à celui, parfois si ennuyeux, de son propre percepteur.
Prise de parole autoritaire et calme à la foi, l’orateur intéresse son assemblée, raconte, rigole, explique et apprend. Elena regarde, ne prend aucune note, elle laisse le tempo de l’enseignant faire effet, admirative de l’écho sur son cerveau qui, intéressé, se connecte et apprend doucement. Il apprend avec plaisir et cela fonctionne sur toute l’assemblée. Alors, la princesse sévère, accepte et accueille cette œuvre dans le domaine de la culture, de l’enseignement et aussi, de l’apprentissage.
Les heures passaient, il annonce la fin.
Les élèves ont tous pris des notes. La princesse remarquait l’enseignement atypique professeur, s’écartant de l’enseignement nipponne mais, se rapprochant tout de même, d’un territoire d’autre continent moins sévère. Alors, elle comprend, qu’elle préfère cet enseignement, cet art de conter l’histoire comme les ancêtres la conter dans les esprits ouverts de leur progéniture. Oui, Elena préférait. Voilà c’était dit.
Bien confortable sur son perchoir, la passionnée princesse laisse la fourmilière trouver un nouveau fruit, sans bouger, ni siller. Et alors que le silence fut, elle se redresse à son tour, regarde sa tablette vide, elle n’avait vraiment prise aucune note, nul besoin mais, elle se souviendrait davantage de ce ton d’histoire que de celui du si ennuyant précepteur.
Sac à l’épaule, toujours si muette comme si parler n’était pas nécessaire – économe de mot ou juste avare de calme – elle se pointe devant cet humain à l’odeur – petit froncement de nez surpris – animal avant d’exprimer sa pensée.
« Votre cours était vraiment super. Vous venez mettre un coup de pied à l’enseignement nippone, à n’en point douter mais, le résultat est là. Tous le monde était pendu à vos lèvres. C’est un succès. Monsieur… ? » finit-elle sur un ton interrogatif curieuse de le découvrir.
Invité
Invité
Jeu 2 Avr 2020 - 1:07
Je levais mon bras pour cacher mon œil agressé par les rayons du soleil en râlant, agacé d'être rappelé à l'ordre par l'astre solaire même. Ce jour s'avérera difficile, comme tous les autres où je devais penser à boire au moins un litre d'eau dans la journée plutôt que de la bière. Pas que j'étais un fainéant de base, mais mon rythme de vie avait radicalement changé en arrivant ici. En France, je passais mon temps à végéter et à ratisser les portes monnaies de ses dames sans trop faire d'efforts. Autant l'avouer, je m'étais vraiment ramolli en Europe.
La sonnerie qui retentissait me rappela pour la énième fois que je devais me bouger les fesses avant d'être en retard pour de bon. Nawel allait me tirer les oreilles si jamais elle devait l'apprendre.
-Fait chier, pestais-je.
D'un geste rageur, j'envoyais le réveil faire une promenade sur le sol de ma piaule avant de me lever. Mes pieds daignaient me mettre debout et je me dirigeais vers la salle de bain pour en sortir propre quelques minutes après. Je m'habillais rapidement d'un pantalon et d'une chemise tout ce qu'il y avait de plus banal et m'installa à mon bureau de fortune. Comme à mon habitude, je tirais un café et je respirais mon cancer quotidien de nicotine en guise de petit déjeuner avant d'ouvrir mon ordinateur portable. Je ne savais pas vraiment pourquoi je vérifiais mes cours, puisque je prenais toujours grand soin de les préparer en amont. C'était bien l'une des seules choses que je faisais correctement. Peut-être étais-je perfectionniste tout compte fait ?
Un simple coup d'oeil sur mon environnement suffisait à me convaincre que non.
Je regardais mes mails en prenant le temps de répondre aux plus importants puis j'éteignais l'écran pour le ranger. La veste sur le dos, je gagnais alors mon bâtiment afin de me rendre à mon propre cours. Une main dans la poche, l'autre qui tenait la lanière de mon sac sur mon épaule, j'avançais d'une allure tranquille, le regard occupé à avancer droit. Quelques salutations polies m'étaient adressées, que je rendais au passage mais je savais pertinemment que ma contribution ici était mitigée. Les professeurs m'évitaient avec précaution, ou en tout cas assez pour m'arranger tant que je pouvais encore enseigner. Seuls Nawel Assaad et John Smith semblaient amenés à me tolérer plus que les autres et la raison était simple : ils étaient changelins comme moi, en plus d'être membre du Conseil.
Néanmoins, malgré les préjugés de ce pays où les étrangers n'avaient pas bon dos, ma réputation n'était plus à prouver dans mon domaine. Le directeur avait accepté de m'octroyer une matière dont j'occupais le poste depuis peu. Les retours obtenus suite à mes interventions suffisaient donc à me garder dans le corps enseignant, même si d'autres désapprouvaient mes méthodes.
Le Japon, même avec toute la fascination et le respect qu'il incarne, demeurait un pays où les manières n'étaient pas du tout ma tasse.
Je franchissais ensuite la porte de l’amphithéâtre à l'aide d'une jambe -j'avais les mains prises- et descendis les marches pour déposer les affaires sur mon trône. Un instant, je croisais les bras en inspectant silencieusement la salle vide, m’imprégnant de l'atmosphère pour me laver de ma nonchalance de tous les jours et arborer un sérieux qui s'évaporerait dès que le cours sera terminé.
Les élèves ne tardèrent pas à affluer dans la pièce, remplissant les estrades comme une fourmilière agitée. Je les laissais s'installer, stylo à la bouche, m'appuyant sur le rebord de mon bureau. Ma vue légendaire tapa une reconnaissance furtive de chaque tête présente à l'audience et je remarquais une tête qui ne m'était pas familière. C'étaient souvent les mêmes qui revenaient. Pour beaucoup, ils avaient simplement coché mon option, pour d'autres, il ne s'agissait là que de curiosité. Mais je ne refusais jamais personne, question de principe.
Je me râclais la gorge pour m'éclaircir une voix enrouée par la clope et annonça le début des festivités.
-Oy tout le monde. J'espère que vous êtes en forme parce que ce sera un gros morceau.
Je pivotais ensuite sur la droite pour m'emparer d'une télécommande et projeter l'intitulé du cours sur le mur blanc dédié à ce titre. L'image représentant Zeus parlait d'elle-même, afin de leur donner une petite idée de ce qui les attendait. Disciplinés, les étudiants ne tardèrent pas à s'emparer de leur matériel pour prendre scrupuleusement des notes. Quant à moi, je retirais le crayon de ma bouche et commença à narrer mes récits, tantôt sérieusement, tantôt un peu moins, afin de capter leur attention au maximum. Il était important pour un enseignant de savoir accrocher son audimat, mais il l'était d'autant plus de ne pas le perdre.
Ma voix s'élevait dans l'amphithéâtre en racontant ces histoires passionnantes qui parfois, tendaient à m'emballer sans que je ne puisse me freiner. Ca me valait des éclats de rire de la part de mes élèves et au delà de notre relation purement scolaire, je leur permettais aussi de se détendre tout en apprenant. Je n'étais pas du genre strict, mais ils savaient aussi ce qu'il en coûtait de manquer de respect.
J'apportais ainsi la conclusion et leur donnait rendez-vous dans un prochain épisode en leur donnant des lectures supplémentaires ainsi que des sites certifiés par moi-même. Contrairement aux français, les japonais étaient des bêtes de rigueur et de discipline, je devais donc à chaque fois assouvir cette soif de perfection en leur donnant un voir deux trains d'avance. C'était usant, même pour moi. Mais c'était aussi mon métier, alors je leur livrais des conseils avec plaisir tout en restant à leur disposition.
Mais alors que je pensais avoir enfin la paix pour écraser ma carcasse dans un coin de forêt, j'entendis des talons claquer singulièrement dans ma direction. Je jetais donc un coup d'oeil aiguisé derrière mon épaule et remarquais cette élève inconnue à mon bataillon.
Un vrai brin de star cette gamine, je me demandais bien d'où elle sortait. Lorsqu'elle ouvrit la bouche, je savais déjà d'emblée que nous n'appartenions pas aux mêmes mœurs. Je le devinais rien qu'à son allure soignée et distinguée. Assez intrigué par cette demoiselle, je daignais tourner le buste complètement vers elle en lui souriant aimablement pour connaître la raison de son approche. Il ne fallait pas être devin pour remarquer qu'elle n'avait jamais mis les pieds dans cet établissement.
Elle devait donc forcément avoir un motif pour débarquer comme une arriviste. Et il était assez curieux qu'elle vienne jusqu'à moi. Qu'est ce qu'elle voulait ?
-Il est vrai que la culture japonaise est très stricte sur l'enseignement et ce n'est qu'un euphémisme. Mais comme vous le soulignez si bien, mes élèves sont pendus à mes lèvres et non au bout d'une corde, c'est donc que ma méthode fonctionne malgré tout.
J'esquissais un rictus léger au coin de la bouche pour marquer mon cynisme avant de reprendre une expression sévère. J'espérais juste que ça passe, sinon j'allais me retrouver dans le bureau du directeur encore une fois. Mais quelque chose me disait qu'elle partagerait peut-être mon avis, au delà de mon humour noir.
-Sebastian Rhodes, professeur d'ethnologie et d'anthropologie pour vous servir. Alors dites-moi, qu'est ce que je peux faire pour vous ?
La sonnerie qui retentissait me rappela pour la énième fois que je devais me bouger les fesses avant d'être en retard pour de bon. Nawel allait me tirer les oreilles si jamais elle devait l'apprendre.
-Fait chier, pestais-je.
D'un geste rageur, j'envoyais le réveil faire une promenade sur le sol de ma piaule avant de me lever. Mes pieds daignaient me mettre debout et je me dirigeais vers la salle de bain pour en sortir propre quelques minutes après. Je m'habillais rapidement d'un pantalon et d'une chemise tout ce qu'il y avait de plus banal et m'installa à mon bureau de fortune. Comme à mon habitude, je tirais un café et je respirais mon cancer quotidien de nicotine en guise de petit déjeuner avant d'ouvrir mon ordinateur portable. Je ne savais pas vraiment pourquoi je vérifiais mes cours, puisque je prenais toujours grand soin de les préparer en amont. C'était bien l'une des seules choses que je faisais correctement. Peut-être étais-je perfectionniste tout compte fait ?
Un simple coup d'oeil sur mon environnement suffisait à me convaincre que non.
Je regardais mes mails en prenant le temps de répondre aux plus importants puis j'éteignais l'écran pour le ranger. La veste sur le dos, je gagnais alors mon bâtiment afin de me rendre à mon propre cours. Une main dans la poche, l'autre qui tenait la lanière de mon sac sur mon épaule, j'avançais d'une allure tranquille, le regard occupé à avancer droit. Quelques salutations polies m'étaient adressées, que je rendais au passage mais je savais pertinemment que ma contribution ici était mitigée. Les professeurs m'évitaient avec précaution, ou en tout cas assez pour m'arranger tant que je pouvais encore enseigner. Seuls Nawel Assaad et John Smith semblaient amenés à me tolérer plus que les autres et la raison était simple : ils étaient changelins comme moi, en plus d'être membre du Conseil.
Néanmoins, malgré les préjugés de ce pays où les étrangers n'avaient pas bon dos, ma réputation n'était plus à prouver dans mon domaine. Le directeur avait accepté de m'octroyer une matière dont j'occupais le poste depuis peu. Les retours obtenus suite à mes interventions suffisaient donc à me garder dans le corps enseignant, même si d'autres désapprouvaient mes méthodes.
Le Japon, même avec toute la fascination et le respect qu'il incarne, demeurait un pays où les manières n'étaient pas du tout ma tasse.
Je franchissais ensuite la porte de l’amphithéâtre à l'aide d'une jambe -j'avais les mains prises- et descendis les marches pour déposer les affaires sur mon trône. Un instant, je croisais les bras en inspectant silencieusement la salle vide, m’imprégnant de l'atmosphère pour me laver de ma nonchalance de tous les jours et arborer un sérieux qui s'évaporerait dès que le cours sera terminé.
Les élèves ne tardèrent pas à affluer dans la pièce, remplissant les estrades comme une fourmilière agitée. Je les laissais s'installer, stylo à la bouche, m'appuyant sur le rebord de mon bureau. Ma vue légendaire tapa une reconnaissance furtive de chaque tête présente à l'audience et je remarquais une tête qui ne m'était pas familière. C'étaient souvent les mêmes qui revenaient. Pour beaucoup, ils avaient simplement coché mon option, pour d'autres, il ne s'agissait là que de curiosité. Mais je ne refusais jamais personne, question de principe.
Je me râclais la gorge pour m'éclaircir une voix enrouée par la clope et annonça le début des festivités.
-Oy tout le monde. J'espère que vous êtes en forme parce que ce sera un gros morceau.
Je pivotais ensuite sur la droite pour m'emparer d'une télécommande et projeter l'intitulé du cours sur le mur blanc dédié à ce titre. L'image représentant Zeus parlait d'elle-même, afin de leur donner une petite idée de ce qui les attendait. Disciplinés, les étudiants ne tardèrent pas à s'emparer de leur matériel pour prendre scrupuleusement des notes. Quant à moi, je retirais le crayon de ma bouche et commença à narrer mes récits, tantôt sérieusement, tantôt un peu moins, afin de capter leur attention au maximum. Il était important pour un enseignant de savoir accrocher son audimat, mais il l'était d'autant plus de ne pas le perdre.
Ma voix s'élevait dans l'amphithéâtre en racontant ces histoires passionnantes qui parfois, tendaient à m'emballer sans que je ne puisse me freiner. Ca me valait des éclats de rire de la part de mes élèves et au delà de notre relation purement scolaire, je leur permettais aussi de se détendre tout en apprenant. Je n'étais pas du genre strict, mais ils savaient aussi ce qu'il en coûtait de manquer de respect.
J'apportais ainsi la conclusion et leur donnait rendez-vous dans un prochain épisode en leur donnant des lectures supplémentaires ainsi que des sites certifiés par moi-même. Contrairement aux français, les japonais étaient des bêtes de rigueur et de discipline, je devais donc à chaque fois assouvir cette soif de perfection en leur donnant un voir deux trains d'avance. C'était usant, même pour moi. Mais c'était aussi mon métier, alors je leur livrais des conseils avec plaisir tout en restant à leur disposition.
Mais alors que je pensais avoir enfin la paix pour écraser ma carcasse dans un coin de forêt, j'entendis des talons claquer singulièrement dans ma direction. Je jetais donc un coup d'oeil aiguisé derrière mon épaule et remarquais cette élève inconnue à mon bataillon.
Un vrai brin de star cette gamine, je me demandais bien d'où elle sortait. Lorsqu'elle ouvrit la bouche, je savais déjà d'emblée que nous n'appartenions pas aux mêmes mœurs. Je le devinais rien qu'à son allure soignée et distinguée. Assez intrigué par cette demoiselle, je daignais tourner le buste complètement vers elle en lui souriant aimablement pour connaître la raison de son approche. Il ne fallait pas être devin pour remarquer qu'elle n'avait jamais mis les pieds dans cet établissement.
Elle devait donc forcément avoir un motif pour débarquer comme une arriviste. Et il était assez curieux qu'elle vienne jusqu'à moi. Qu'est ce qu'elle voulait ?
-Il est vrai que la culture japonaise est très stricte sur l'enseignement et ce n'est qu'un euphémisme. Mais comme vous le soulignez si bien, mes élèves sont pendus à mes lèvres et non au bout d'une corde, c'est donc que ma méthode fonctionne malgré tout.
J'esquissais un rictus léger au coin de la bouche pour marquer mon cynisme avant de reprendre une expression sévère. J'espérais juste que ça passe, sinon j'allais me retrouver dans le bureau du directeur encore une fois. Mais quelque chose me disait qu'elle partagerait peut-être mon avis, au delà de mon humour noir.
-Sebastian Rhodes, professeur d'ethnologie et d'anthropologie pour vous servir. Alors dites-moi, qu'est ce que je peux faire pour vous ?
Invité
Invité
Sam 11 Avr 2020 - 18:23
Unique et perçant, le regard avisé sans être mauvais pour autant alors qu’il analyse cette nouvelle venue. Elena ne peut s’empêcher de sourire amusé face à ce mouvement de pupille rapide mais perceptible. Malgré tout, et qu’importe le jugement du professeur face à l’élève qui lui fait face, il retire toute animosité possible de sa posture, accueillant, prêt à écouter la requête de la jeune princesse de plus en plus curieuse d’en savoir davantage sur le spécimen qui lui faisait face.
« Il est vrai que la culture japonaise est très stricte sur l'enseignement et ce n'est qu'un euphémisme. Mais comme vous le soulignez si bien, mes élèves sont pendus à mes lèvres et non au bout d'une corde, c'est donc que ma méthode fonctionne malgré tout. »
Un sourire narquois né sur les lèvres parfaitement maquillées de la sang-pur. C’était qu’il nous faisait un peu d’humour pour couronner le tout. Habituellement indifférente à la culture humaine et tout ce qui pouvait bien l’entourer, la capricieuse privilégiée se retrouvait propulsée devant un nouveau centre d’intérêt pour le moins, surprenant. L’humain qui lui faisait face, possédait ce « je ne sais quoi », intriguant qui poussait la jeune vampire à l’analyser à son tours sous toutes ses coutures.
Son style était légèrement à dénoncer… Ce n’était qu’un amas de vêtement mis à la « va vite » dans le simple but, d’être présentable. Dans le but de rester courtoise – après tout, il avait pour lui la chance d’être bel homme et intéressant – la vampire se retient d’arquer un sourcil mauvais devant son accoutrement. Chaussure usée par la marche – elle devait sûrement être portée quotidiennement, les pauvres –, pantalon noir – sans grand intérêt non plus – et une chemise entrouverte blanche – chemise non de marque bien-sûr. D’un mouvement de mâchoire, la vamire se mordille légèrement la joue, beaucoup trop dérangée par toutes ses erreurs de goût dont elle avait dû faire l’expérience depuis son début de journée. C’était que ses yeux avait pris beaucoup de claque que ce dont elle pouvait supporter pour une seule journée.
« Sebastian Rhodes, professeur d'ethnologie et d'anthropologie pour vous servir. Alors dites-moi, qu'est-ce que je peux faire pour vous ? »
Répondre : « devenir mon dîner » aurait pu être amusant. Mais, toujours dans l’objectif de rester calme et sérieuse, dans le respect également, de la cause pour laquelle elle était venue, Elena se contente de sourire tranquillement. Il ne fallait surtout pas relever le « pour vous servir » qui n’était, bien-sûr, qu’une marque de respect parmi tant d’autre mais, qui était susceptible de donner des frissons outrageants à la princesse capricieuse.
D’un soupir, elle s’appuie contre le bureau en croisant les bras, légèrement méditative.
En effet, que venait-elle chercher ? Elle avait souhaité découvrir l’enseignement universitaire public et humain, désireuse de nouvelles connaissances, d’une nouvelle culture et d’un nouveau point de vue. Moins puissant, moins sectaire et moins autoritaire. Moins sévère, moins dicté et moins ennuyeux.
Elle en avait trouvé un, atypique, sorti tout droit d’un… mauvais pressing pense-t-elle en fronçant du nez. Pire de tout, cétait qu’elle avait apprécié. Le charmant Sebastian Rhobes comme il venait si gentiment de l’en informer avait réussis, le temps de quelques heures, à calmer la soif de connaissance de la jeune femme. D’une nature très curieuse, elle aimait apprendre, dévorer, assimiler et emmagasiner, désireuse d’en connaître toujours plus, de tout côté, dans le seul espoir de comprendre. Comprendre tout ce qui l’entourait et qu’elle ne pouvait, malheureusement, pas encore très bien assimiler.
De sa stature, de sa position et de son âge, même cet humain la surplombait.
Bien-sûr, son physique ne pouvait la concurrencer – aussi alléchant pouvait-il être. Son sang ne prendrait pas moins d’une minute à être gobée, chacun de ses os se briserait face à ses impulsions dosées à la perfection, le but n’étant bien-sûr que de procurer du plaisir auditif. L’idée même que de toucher, de profiter et d’abuser de ce charmant professeur pouvait se montrer des plus excitant. C’était une envie plus que bestiale bien-sûr, qu’Elena s’enjoint immédiatement à poser dans un coin de son esprit parfois trop… sanglant.
Après tout, elle était bien plus intéressée par le cerveau du professeur que de son… fluide corporelle dirait-on.
« Elena Shidara » commença-t-elle en souriant doucement. « Vous avez fait vos études où ? Pour avoir cette approche, vous ne venez clairement pas de ce territoire encore moins pour avoir cet humour… a-ty-pi-que » finit-elle dans un rictus plus qu’amusé.
Si le professeur était comme ça dans sa vie de tous les jours, franc du collier, rêche et rude, il ne devait pas avoir beaucoup d’ami. Elena était même prête à parier ses boucles d’oreilles, que les élèves qui venait, respirait légèrement la « culpabilité », livre devant le visage, car entendre quelqu’un nous raconter une histoire en faisant entendre que c’était apprendre, cela devenait un plaisir encore plus coupable que de trouver son professeur mignon.
C’était mettre un coup de pied dans la ruche, non, encore, là Elena surestimait les humains et le peuple si traditionnel japonais. Il venait d’avantage détruire la fourmilière : mauvais garçon.
Si on pouvait appeler ça un garçon en vue des petites rides qui encadraient ses yeux, signe d’un âge de la vingtaine passé.
« Excusez-moi pour mes questions plus que précise, votre cours m’a intrigué. Et même si l’envie ne m’a pas encore frôlé l’esprit, je préfère entendre des histoires comme les vôtres que de pendre au bout d’une corde, voyez-vous ».
Malgré tout, éviter les envies suicidaires devait-il nécessiter de sacrifier de son temps pour venir à chaque cours dans cet endroit… ? Là, était toute la question.
Invité
Invité
Jeu 16 Avr 2020 - 14:20
Bon au moins, on pouvait lui accorder qu’elle n’était pas une coincée bien que tout respirait chez elle, une catégorie supérieure. Généralement, un rien suffisait à faire pâlir ces dames de luxe. Un sourire se dessina même sur ses lèvres pour répondre à mon cynisme, qui aurait eu tôt fait d’indigner la plupart des gens du pays. Enfin de toute manière, elle ne pouvait sûrement pas avoir le teint plus blême qu’elle ne le possédait déjà.
Quoique ? Si elle croyait que je ne la voyais pas se retenir de faire un commentaire sur mon accoutrement. Son regard à lui seul suffisait à dénoncer mon allure. C’était plutôt amusant à constater. Finalement, elle avait bien un attrait de cet univers superficiel mais je saluais véritablement son effort pour conserver le silence. Elle finit tout de même par ouvrir la bouche, tout d’abord en soupirant dans une lassitude étrange. Elle vint ensuite délicatement se poser contre mon bureau en croisant les bras, assez songeuse. Légèrement, ma tête pencha sur le côté, amusé par cette réaction. La pauvre petite devait avoir une vie tellement compliquée pour être aussi blasée. Tu m’étonnes, quand tout vous tombait dans le bec sans faire aucun effort, y’avait de quoi être ennuyée.
Mais ne sautons pas aux préjugés trop vite. J’attendais donc patiemment l’objet de son arrivée dans cette classe. Elle commença par arborer un sourire déjà plus engageant avant d’essayer d’en savoir plus sur mon compte. C’était assez étonnant en soi, aucun élève ne me posait de questions de ce genre. Qu’est-ce qu’elle cherchait au juste ?
-Enchanté, miss Shidara. Vous êtes perspicace on dirait.
Enfin, pas tellement, il ne fallait pas être devin pour le voir.
-Je suis américain et j’ai étudié en France. Mais l’humour n’a pas de territoire vous savez. C’est une question de personnalité. D’ailleurs, quelle est la vôtre ? De ce que je peux sentir, vous ne venez clairement pas d’un milieu modeste.
Je fis un pas vers le bureau et j’en profitais pour ranger les feuilles éparpillées dessus alors qu’elle se tenait à côté de moi. Je tournais ensuite mon œil acier vers elle.
-Ce n’est pas un reproche je vous rassure, juste un constat.
Allez hop, des petits tas rangés, c’était parfait. Je me posais donc à proximité dans la même posture que mon interlocutrice.
-Ne vous excusez pas, ça ne me dérange pas, lui signalais-je en étirant les lèvres gentiment tout en la regardant, je ne blâmerais jamais quelqu’un de s’intéresser à ce que je fais.
Je marquais un temps de pause.
-Mais vous ne répondez pas vraiment à ma question. Vous avez l’air de chercher quelque chose. Est-ce que votre vie serait-elle médiocre au point de vous mêler à la petite foule ? Si c’est le cas, ce ne doit pas être évident…
Je me mis ensuite à rire doucement. Ce n’était pas très fair-play de ma part, je l’avoue. Mais si mon intuition était la bonne, cette demoiselle n’était pas en sucre alors une petite taquinerie ne devrait pas lui faire de mal. Surtout qu’elle avait commencé à me provoquer. Comparer mon cours à une activité à peine plus intéressante que la pendaison, sincèrement, quel outrage. Mais ça me faisait marrer !
-On pratique souvent la pendaison chez vous, ou n’est-ce qu’une image pour traduire l’immensité de l’ennui qui vous habite ?
Je prenais de grands airs en m’exprimant comme un bourgeois gentilhomme sur la dernière phrase, toujours prêt à me moquer de ces manières plus qu’exagérées à mon sens. Mais je reprenais bien vite de ma contenance. Ah, un besoin reconnaissable entre tous se faisait ressentir soudainement.
-Venez, allons en salle de pause, j’dois aller fumer. Suivez-moi, j'vous ferais la visite comme ça.
Quoique ? Si elle croyait que je ne la voyais pas se retenir de faire un commentaire sur mon accoutrement. Son regard à lui seul suffisait à dénoncer mon allure. C’était plutôt amusant à constater. Finalement, elle avait bien un attrait de cet univers superficiel mais je saluais véritablement son effort pour conserver le silence. Elle finit tout de même par ouvrir la bouche, tout d’abord en soupirant dans une lassitude étrange. Elle vint ensuite délicatement se poser contre mon bureau en croisant les bras, assez songeuse. Légèrement, ma tête pencha sur le côté, amusé par cette réaction. La pauvre petite devait avoir une vie tellement compliquée pour être aussi blasée. Tu m’étonnes, quand tout vous tombait dans le bec sans faire aucun effort, y’avait de quoi être ennuyée.
Mais ne sautons pas aux préjugés trop vite. J’attendais donc patiemment l’objet de son arrivée dans cette classe. Elle commença par arborer un sourire déjà plus engageant avant d’essayer d’en savoir plus sur mon compte. C’était assez étonnant en soi, aucun élève ne me posait de questions de ce genre. Qu’est-ce qu’elle cherchait au juste ?
-Enchanté, miss Shidara. Vous êtes perspicace on dirait.
Enfin, pas tellement, il ne fallait pas être devin pour le voir.
-Je suis américain et j’ai étudié en France. Mais l’humour n’a pas de territoire vous savez. C’est une question de personnalité. D’ailleurs, quelle est la vôtre ? De ce que je peux sentir, vous ne venez clairement pas d’un milieu modeste.
Je fis un pas vers le bureau et j’en profitais pour ranger les feuilles éparpillées dessus alors qu’elle se tenait à côté de moi. Je tournais ensuite mon œil acier vers elle.
-Ce n’est pas un reproche je vous rassure, juste un constat.
Allez hop, des petits tas rangés, c’était parfait. Je me posais donc à proximité dans la même posture que mon interlocutrice.
-Ne vous excusez pas, ça ne me dérange pas, lui signalais-je en étirant les lèvres gentiment tout en la regardant, je ne blâmerais jamais quelqu’un de s’intéresser à ce que je fais.
Je marquais un temps de pause.
-Mais vous ne répondez pas vraiment à ma question. Vous avez l’air de chercher quelque chose. Est-ce que votre vie serait-elle médiocre au point de vous mêler à la petite foule ? Si c’est le cas, ce ne doit pas être évident…
Je me mis ensuite à rire doucement. Ce n’était pas très fair-play de ma part, je l’avoue. Mais si mon intuition était la bonne, cette demoiselle n’était pas en sucre alors une petite taquinerie ne devrait pas lui faire de mal. Surtout qu’elle avait commencé à me provoquer. Comparer mon cours à une activité à peine plus intéressante que la pendaison, sincèrement, quel outrage. Mais ça me faisait marrer !
-On pratique souvent la pendaison chez vous, ou n’est-ce qu’une image pour traduire l’immensité de l’ennui qui vous habite ?
Je prenais de grands airs en m’exprimant comme un bourgeois gentilhomme sur la dernière phrase, toujours prêt à me moquer de ces manières plus qu’exagérées à mon sens. Mais je reprenais bien vite de ma contenance. Ah, un besoin reconnaissable entre tous se faisait ressentir soudainement.
-Venez, allons en salle de pause, j’dois aller fumer. Suivez-moi, j'vous ferais la visite comme ça.
Invité
Invité
Sam 2 Mai 2020 - 15:10
« Enchanté, miss Shidara. Vous êtes perspicace on dirait. »
Pas vraiment. Nul besoin de posséder sa vue pour se rendre compte que ce bric-à-brac ne venait pas du sol nippon : n’en déplaise à son œil acier qui en ferait pâlir plus d’un. Cela ne faisait que deux phrases qu’Elena échangeait avec cet humain. Une situation qui aurait pu paraître anodine dans un autre contexte, croiser de quoi se nourrir en toute légalité était très loin d’être compliqué une fois qu’on connaissait le monde si pervers du vampirisme – on pouvait vraiment tout faire gober à n’importe qui avec un peu de charisme et d’argent – et pourtant. Il y avait bien une note qui venait contraster ce petit entretien, l’amusement certain qui commençait à poindre dans l’âme d’habitude hautaine de la princesse.
L’humain qui lui faisait face ne manquait ni d’assurance et encore moins, de mordant. Elena était habituée aux courbettes, à la méfiance de la caste inférieur, mieux encore à l’obéissance absolue mais surtout, à l’hypocrisie absolue de la haute société. Si le temps lui permettait de se découvrir des alliés amusants, très loin de l’obsession perverse que de conquérir un monde ennuyant au possible… elle n’avait clairement pas assez vécu d’expérience de « bas étage » pour découvrir : ça. De ce fait, Elena savait gérer à la perfection le monde des courbettes et de l’hypocrisie, encore mieux, elle savait s’en défendre – avec de temps en temps, un peu trop d’impulsivité. Ainsi, le naturel de l’humain était… déconcertante mais dès plus, électrisante.
Pensée tout de même rabaissante que de regarder ce professeur à l’aide d’un simple « ça », et pourtant, si d’un premier abord, on aurait pu crier au loup, il était plus intéressant de remarquer l’intrigue qui naissait dans son cœur. Une forme de respect allait-il pouvoir apparaître ? On ne vend pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué…
« Ce n’est pas un reproche je vous rassure, juste un constat. »
Amusée, Elena lâche un petit rire tout en l’observant ordonner son bureau pour mettre les voiles dès que possible.
« Vous êtes très perspicace, professeur Rhodes. »
A l’aise dans son environnement, notre américain étudiant français et professeur au japon – c’était qu’il en avait fait des voyages – se pose enfin. A pied d’égalité, dans une position similaire, l’ambiance était très loin des conflits prévisibles au banquet ou à la fougue enivrante des soirées clandestines. Chaque mot qui sortait de cette bouche humaine n’était pas pour lui déplaire. Le professeur savait ce qu’il disait en toute connaissance de cause, cachant derrière son humour si caustique une vérité à couper au couteau. Et cela, bon sang, cela lui plaisait.
Plus il parlait, plus elle souriait, amusée par cet homme peut-être trop audacieux mais qui, pourtant, touchait même pas d’un pied la ligne du manque de respect. En avait-il conscience ? Savait-il parfaitement ce qu’il faisait ? A coup-sûr.
Elena se retrouvait complètement intrigué par cet homme, mieux encore, par ce professeur qui utilisait chacun de ses mots pour attaquer doucement. En effet, que venait-elle faire ici ? Se mêler à la petite foule, aux mains transpirantes qui se posaient sur chaque descente d’escalier, à l’odeur nauséabonde d’oignon rance de transpiration humaine, de bruit ennuyeux de remonter gastrique, de météorite abdominale tant bien que mal contenu, c’était clairement un carnage. En tout cas, rien de bien rassurant et surtout, rien d’alléchant.
C’était une question perspicace et elle avait sa réponse juste devant son nez. Mais cela, elle ne comptait pas lui en informer pour l’instant. Mieux, elle allait plutôt en apprendre davantage. Car si l’idée qui commençait à germer dans le coin de son petit esprit beaucoup trop sournois prenait forme, cela constituerait une véritable petite révolution… C’était très excitant.
« On pratique souvent la pendaison chez vous, ou n’est-ce qu’une image pour traduire l’immensité de l’ennui qui vous habite ? »
Des grands airs imités avec beaucoup trop de manière, cet homme faisait mouche en amusant beaucoup trop la princesse.
« Plus le bain de sang dissimulée, je dirais. » se contenta-t-elle de répondre en haussant un sourcil comme une invitation à une prochaine répartie du professeur.
Elena prenait beaucoup de plaisir à se retrouver dans une joute verbale nouvelle, elle accepte donc avec plaisir l’invitation du professeur. Elle aurait ainsi, l’occasion d’en apprendre davantage mais, également de sortir de cette pièce enfermée – qui manquait beaucoup trop d’ouverture – et qui sentait à des kilomètres à la ronde, la fin du monde olfactive.
Sortir de l’amphithéâtre, même pour subvenir aux besoins toxiques du professeur, se retrouvait être une bonne idée. La princesse inspire à plein poumon pour profiter de l’air frais et se promettre, de ne plus jamais remettre les pieds dans une prison universitaire pareil. De plus, la jeune femme se retrouvait être en très bonne compagnie avec ce professeur caustique qui ne manquait pas de verbe même pour faire une simple visite. Alors qu’elle le jaugeait du regard, sachant très bien, qu’il devait avoir remarquer cette observation. Elena se permit de poser davantage de question, à la limite de l’intrusif.
« Je suis assez surprise tout de même, qu’est-ce qui a bien pu vous attirer au Japon, et surtout, à Nakanoto ? Encore plus dans l’enseignement supérieur… »
Invité
Invité
Sam 9 Mai 2020 - 20:55
Décidément, elle me plaisait bien cette gamine ! J'avais du mal à cerner ce qu'elle voulait, mais elle semblait apprécier cet échange tout autant que moi. J'étais quelqu'un de naturellement tête brûlée, mais ça ne me dérangeait pas outre mesure qu'elle me laisse mariner sur ses véritables intentions. J'avais seulement la sensation qu'elle me jaugeait, me mesurait et me toisait pour se faire sa propre réflexion. A la manière qu'avaient les riches de vous cribler comme si vous vous teniez, minuscule fragment de poussière, sous leur microscope en s'offrant la toute puissance. J'avais l'impression d'être son cobaye, un objet de curiosité dont elle ne devait pas avoir l'habitude dans son petit monde. Sincèrement, je la plaignais un peu. Quelle vie triste pouvait-elle mener au point de s'intéresser à un type comme moi ? Je le vivrais comme une mort cérébrale éveillée à sa place ! Mais dans quel but se tenait-elle, là, la silhouette élégante posée sur le bord de mon bureau ? Ça restait encore à découvrir. Par chance, les découvertes, ça restait encore mon terrain ! Toutefois, je n'étais pas en reste non plus. Cette discussion ressemblait plus à un jeu du chat et à la souris qui cherchait à se courser pour savoir qui allait franchir la ligne d'arrivée le premier. J'étais plutôt habitué à ce genre de scène de ménage, d'autant plus à l'époque où j'exerçais mes qualités d'escorte pour ces femmes. Alors l'air de rien, je continuais sur ma révérence.
La demoiselle Shidara se voulait tout aussi mignonne que mystérieuse, à un détail près qui avait provoqué mon silence durant trois secondes. Sa réflexion sur mon sarcasme concernant son ennui -traduite à travers l'image d'une pendaison- avait été envoyée avec tant de naturel et d'aplomb qu'elle m'arracha un visage morne. Bien vite, mon cerveau investissait cette remarque tel un pseudo avertissement qui me soufflait de me méfier. Pas seulement parce que je savais les nobles complètement délurés sur des obsessions qui frisaient le glauque, mais bien sur autre chose. Je pivotais légèrement mon buste sur le côté pour l'observer sous un angle mental différent. Je ne ressentais rien de particulier. Et puis même si ça avait été le cas, je n'étais pas résolu à casser l'ambiance. J'étais beaucoup trop curieux pour m'arrêter en si bon chemin.
-Oh, mais je ne doute pas que vous ayez une serviette sur mesure pour vous en nettoyer en plus des domestiques pour lécher le sol sur votre passage, Shidara-san.
Ma bouche se mouva alors dans un rictus mauvais à cette réponse ô combien habillée de cynisme, pour appuyer une vérité tordue et une absurdité morbide. Je m'emparais ensuite d'un gros bouquin dont je posais la tranche sur mon épaule avant de l'inviter à me suivre.
Nous déambulions alors à travers les couloirs de l'université, bien que sa présence ici devrait être interdite. Mais comment vous dire à quel point je m'en fichais. Puis je fis un petit détour dehors histoire de prendre un peu l'air avant d'atteindre la salle de pause. Le silence se rompit assez vite alors qu'elle comptait assouvir davantage sa curiosité. Je ne me fis pas prier pour lui répondre du tac au tac d'une voix plate.
-Et qu'est ce qui peut bien vous repousser autant au Japon pour vouloir en sortir ?
Je ne lui accordais même pas un regard, alors que je sentais décemment le sien sur moi. Ces mots suffisaient pour faire passer un message en plus de lui mettre un stop bien senti. Je l'avais déjà plus ou moins cerné. J'avais remarqué son désarroi, son ennui, sa lassitude. Tout chez elle, transpirait le désir et l'envie de sortir de sa bulle. Je le savais, puisque j'avais connu cette sensation. C'était d'autant plus probant qu'elle faisait partie d'une certaine catégorie de la société qui devait lui imposer bon nombre de conditions. Ça pouvait paraître très cliché, pourtant j'en étais persuadé. Elle agissait comme un petit chiot capricieux et curieux qui découvrirait le vrai monde. Mais ce n'était pas une raison pour se montrer intrusive et elle le comprendrait bien assez vite. Elle prenait soin d'éviter un sujet qui lui brûlait les lèvres, je prenais donc un malin plaisir de lui rendre la pareille dans une volte face.
La demoiselle Shidara se voulait tout aussi mignonne que mystérieuse, à un détail près qui avait provoqué mon silence durant trois secondes. Sa réflexion sur mon sarcasme concernant son ennui -traduite à travers l'image d'une pendaison- avait été envoyée avec tant de naturel et d'aplomb qu'elle m'arracha un visage morne. Bien vite, mon cerveau investissait cette remarque tel un pseudo avertissement qui me soufflait de me méfier. Pas seulement parce que je savais les nobles complètement délurés sur des obsessions qui frisaient le glauque, mais bien sur autre chose. Je pivotais légèrement mon buste sur le côté pour l'observer sous un angle mental différent. Je ne ressentais rien de particulier. Et puis même si ça avait été le cas, je n'étais pas résolu à casser l'ambiance. J'étais beaucoup trop curieux pour m'arrêter en si bon chemin.
-Oh, mais je ne doute pas que vous ayez une serviette sur mesure pour vous en nettoyer en plus des domestiques pour lécher le sol sur votre passage, Shidara-san.
Ma bouche se mouva alors dans un rictus mauvais à cette réponse ô combien habillée de cynisme, pour appuyer une vérité tordue et une absurdité morbide. Je m'emparais ensuite d'un gros bouquin dont je posais la tranche sur mon épaule avant de l'inviter à me suivre.
Nous déambulions alors à travers les couloirs de l'université, bien que sa présence ici devrait être interdite. Mais comment vous dire à quel point je m'en fichais. Puis je fis un petit détour dehors histoire de prendre un peu l'air avant d'atteindre la salle de pause. Le silence se rompit assez vite alors qu'elle comptait assouvir davantage sa curiosité. Je ne me fis pas prier pour lui répondre du tac au tac d'une voix plate.
-Et qu'est ce qui peut bien vous repousser autant au Japon pour vouloir en sortir ?
Je ne lui accordais même pas un regard, alors que je sentais décemment le sien sur moi. Ces mots suffisaient pour faire passer un message en plus de lui mettre un stop bien senti. Je l'avais déjà plus ou moins cerné. J'avais remarqué son désarroi, son ennui, sa lassitude. Tout chez elle, transpirait le désir et l'envie de sortir de sa bulle. Je le savais, puisque j'avais connu cette sensation. C'était d'autant plus probant qu'elle faisait partie d'une certaine catégorie de la société qui devait lui imposer bon nombre de conditions. Ça pouvait paraître très cliché, pourtant j'en étais persuadé. Elle agissait comme un petit chiot capricieux et curieux qui découvrirait le vrai monde. Mais ce n'était pas une raison pour se montrer intrusive et elle le comprendrait bien assez vite. Elle prenait soin d'éviter un sujet qui lui brûlait les lèvres, je prenais donc un malin plaisir de lui rendre la pareille dans une volte face.
Invité
Invité
Dim 31 Mai 2020 - 17:26
Ce jeu verbal finirait bien par avoir une fin, c’était une certitude. Malgré tout, cette perspective ennuyait la jeune princesse qui appréciait fortement le personnage qui lui fait face.
Réactif, il ne laissait rien passer, ni même ignorer sur ses intentions. Il n’était pas là pour satisfaire le moindre de ses désirs, ce qui se retrouvait être une perspective dès plus intéressante.
Elle appréciait la serviette qu’on lui tendait sans qu’elle n’ait besoin de le demander, elle appréciait encore plus qu’on lui débarrasse de toute saleté visible dans son champ visuel. C’était un luxe que la richesse et le pouvoir lui avait accordé. S’en plaindre ? Certainement pas. Il y avait des privilèges enviés et profitables qu’on ne dénigrait pas part l’indifférence. Celui de se faire servir, en était un.
C’était une réalité simple et sans débat que la servitude des vampires au rang supérieur.
C’était un fait, dont peu de vampire de caste inférieur ne pouvait s’en défaire. Elena avait connu peu d’âme rebelle et libre capable de lui répondre sans trembler ou sans hésiter. Le styliste en faisait partie. Pour autant, un ordre ultime et irrespectueux de la bouche parfaitement maquillée de la jeune femme, qu’il lui lécherait les pieds avant d’avoir eu le temps de dire « non » ou de respirer. La jeune femme en avait parfaitement conscience et n’avait jamais abusé de ce pouvoir.
Etrange, n’est-ce pas ? La réputation si capricieuse de la jeune princesse aurait pu lui donner toutes les possibilités de se donner à cœur joie. Malheureusement, avide de nouveauté, s’il y avait bien une chose dont Elena ne se satisfait pas, c’était belle et bien de ce besoin maladif des castes inférieurs d’exaucer le moindre de ses désirs. La jeune femme n’avait jamais eu besoin d’ouvrir la bouche, est-ce normal ? Les prérogatives pris par les « inférieurs » pour la satisfaire étaient-ils tous adéquat et respectueux ? Ce besoin était-il mu par une volonté de lui plaire pour avoir ses faveurs ou de penser à son bien pour lui apporter paix et sérénité ?
Calme sur cette réflexion, Elena marche donc au côté du professeur.
Regarder l’être-humain rempli de libre arbitre marcher à ses côtés relevaient probablement d’une curiosité de la rébellion, malsaine. Malgré tout, cet échange lui permettait d’entrevoir cette possibilité de voir « au-delà » de sa demeure et de son nom pour découvrir des nouveautés et des relations inédites. N’étais-ce pas le conseil sous-entendu par Alessio-sama ?
Son désir de découverte avait tout de même des frontières. L’université deviendrait l’unes d’elles. C’était décidé, à l’instant. Mais ce professeur, ça, il faudrait en discuter quelques instants encore.
« Et qu'est ce qui peut bien vous repousser autant au Japon pour vouloir en sortir ? »
Elena fronce des sourcils en examinant l’homme qui lui fait face. Il venait de la remettre à sa place délicieusement, la princesse sourit. Bien.
« Bien envoyé »
Elle se laisse aller sur sa chaise, dos contre le dossier dans une position bien différente de son éducation. Elle regarde le plafond, amusée du pique de l’être humain. Rien ne la faisait fuir au Japon. Elle n’appréciait pas forcément les règles de ce pays, comme toutes les formes de courtoisies et de politesse, les codes de la haute comme de la basse-cour, parfait reflet d’une hypocrisie dont elle avait en horreur mais, dans laquelle elle savait se mouvoir tranquillement.
Elena ne viendrait pas à abandonner sa condition. Elle appréciait chaque battement de son cœur présage d’un pouvoir beaucoup plus amusant que celui des jeux de cours.
Non, elle ne désirait pas partir du sol nippon qui lui conférait un confort inégalable. Elle désirait apprendre et nourrir son imagination de découverte que sa condition lui empêchait d’entrevoir, voire de toucher, ne serrais-ce que d’une caresse amicale. Rien que de trouver cet être-humain séduisant et digne d’intérêt, pouvait représenter un autre monde pour la princesse.
La petite Shidara avait été élevé dans la notion de noblesse, de privilège, de pureté et d’ingéniosité.
Sa noblesse lui conférait les meilleurs crus – et on parlait bien ici, de cru humain. Clope au bec, Sebastian Rhodes étaient déjà beaucoup trop abimé pour être un cru de choix.
Son privilège lui confère des professeurs de haute qualité, désireux de lui enseigner le monde. Monde qui tournait uniquement autours du nombril capricieux de la princesse. Comment apprendre dans ses conditions ? Elle connaissait, après tout, son nombril assez bien pour ne pas avoir besoin de l’étudier à l’aide d’un vieux sage de 500 ans – ou moins, Elena trouvait tout le gratin vampirique âgés et ennuyeux. En parallèle, Sebastian Rhodes était beaucoup trop jeune pour représenter l’arqué type du vieux professeur ennuyeux. DE plus, il ne lui parlait pas de son nombril…
Sa pureté lui retirait toute décision corporelle allant au-delà de ses yeux, de ses propres doigts et de son imagination. L’absence de virginité, représentant pour son chef de famille, une déviance ultime, un affront à sa personne et à son éducation. Sebastian Rhodes, regards durs mais, ouvert à la fois, clope au bec, rempli de cette odeur de cuir et cèdre pouvait, en toute tranquillité, émoustillée la « bête » enfoui chez la princesse. Elena soupire pour se retirer cette idée de la tête, c’était que depuis quelques temps et sa rencontre avec l’héritier Von Reizel, cette bête tapait contre les parois si froides du corps de la jeune femme. Son esprit jeune et moderne hurlait dans une société enfermée dans des perceptions datant de millénaire.
Son ingéniosité, dans tout cela ? Se retrouver mis au placard dans sa modernité, son innocence et ses lacunes. Lacunes créer par sa noblesse, ses privilèges et sa pureté.
D’une inspiration profonde pour calmer, la bête comme son esprit désireux de nouveauté et de réussite, Elena retourne à ce charmant professeur.
« Vous ne léchez pas le sol, Rhodes-sama. J’aime ça. Vous ne courbez pas non plus l’échine et vous campez sur vos positions. Pas besoin finalement, de rester longtemps à vos côtés pour le savoir, votre regard en est le parfait reflet. »
Impatiente, légèrement freiné par sa réflexion et son esprit en mouvement, Elena pianote des doigts contre la table. C’était que son idée représentait un coup de pied incroyable – et d’un point de vue extérieur humain, banale – dans une ruche bien établi autour de son « roi ».
« Malgré tout, et je ne désire pas être intrusive avec cette question, je me permets de reformuler ma question précédente. Qu’est-ce qui vous attire dans l’enseignement ? Je ne veux pas savoir ce qui vous a conduit à enseigner. Cela relève de votre vie privée que je ne souhaite pas connaitre, comme vous ne souhaitez pas connaitre la mienne. » explique-t-elle d’un sourire amusé et taquin. « Malgré tout, je suis intriguée par cette approche de l’enseignement et de votre volonté de le faire à un large public. »
Elle hausse des épaules sur cette dernière réflexion. En effet, c’était une charge que d’apprendre à un large public, pas toujours très attentif. Si le professeur Rhodes savait faire avec brio avec ce désavantage, c’était qu’il avait probablement une approche de l’enseignement et de ses facettes éloignées de celle si « codé » de ses professeurs particuliers.
« Finalement… » elle sourit « je vais arrêter de jouer mon numéro, vous m’intéressez. Dans ce but, je tente de voir ce qui vous intéresse dans l’enseignement, savoir si ma proposition, pourrait également, vous intéresser. »
Elle se repose confortablement contre son dossier de chaise, jambes croisées et mains croisées sur ses genoux, en attente – peut-être - de réponse intéressante.
Invité
Invité
Mer 3 Juin 2020 - 20:08
Pendant qu'elle s'installait, dans ma bonté je lui tendis une cigarette afin d'accompagner notre discussion. La délicieuse jeune femme s'en empara alors délicatement, entre deux doigts fins, d'un geste maniéré mais qui ne manquait pas d'une attitude presque féline. Tandis qu'elle faisait glisser la barrette de nicotine entre ses lèvres habillées de rouge, je lui présentais mon briquet pour qu'elle puisse en savourer les effluves empoisonnées. Un instant, mon œil s'attardait sur sa silhouette voilée de vêtements qui en dessinaient les courbes, laissant imaginer une forme de perfection voluptueuse et sensuelle. Je détournais alors le regard, méditant sur l'idée qu'il fallait absolument que je baise. Ca faisait bien des mois que je n'avais eu aucun rapport et c'était certainement mon plus gros record de toute une vie depuis mon arrivée ici. Une grimace agacée fusa au coin de ma bouche avant que je ne tire farouchement sur ma clope. L'heure n'était pas à la décadence et je devais d'abord m'affairer de mes responsabilités avant de penser à mon entre-jambe.
Puis soudainement, la demoiselle Shidara s'offrit le luxe de me lancer une tirade. Ma prunelle d'acier se mit alors à la jauger avec intensité, vibrante et intéressée. La petite savait manier le verbe mais ce devait être un moindre mal lorsque vous faisiez parti de la haute. Les mots et l'élocution, ajoutons à ça le charisme, sont souvent les fins maîtres d’œuvre qui permettent de tenir une audience en laisse. Bien évidemment, je caricaturais, ça ne suffisait pas à tenir un royaume en place mais ça faisait parti des cartes à jouer pour la quête du respect. Toutefois, les jeux de la langue n'étaient heureusement pas un critère qui n'appartenait qu'à la noblesse. Puisque qu'importe le milieu qu'on vous impose à la naissance, vous pouviez toujours faire en sorte de cultiver l'esprit. La richesse n'achetait pas toujours les connaissances et surtout, elle n'apprenait en rien l'intelligence. Mais cette étudiante à l'attitude lasse et blasée, semblait posséder les trois. La richesse, l'envie d'apprendre et un certain éclat dans ses rétines qui laissait suggérer une lucidité brillante.
J'invitais ensuite un silence de quelques secondes tout en écrasant mon mégot et diriger mon regard vers la fenêtre pour y observer mon propre reflet.
-Shidara-san. Quel intérêt avons-nous à faire semblant ? Vous savez, lorsque vous laissez votre entourage vous dicter votre conduite, sachez qu'il s'agit là d'une mutilation directe à ce que vous pouvez devenir. Quoi de plus énervant que d'être bridé dans son existence ? Peut-être qu'un jour, je mourais de ma propre volonté à être seulement ce que je suis, mais je serais mort libre de mes actions et de mes pensées. Pas de regrets.
J'en rallumais une autre, pour la forme.
-Vous devriez y songer. Mais souvenez vous qu'il n'y aura que vous pour faire un choix. Soit vous baissez la tête, soit vous la levez bien haute.
A nouveau, je levais mon œil de rapace sur son visage au teint de porcelaine. C'était sûrement plus facile à dire qu'à faire mais dans la vie, nous n'avons rien sans rien. Soit vous décidez de vous incliner pour que l'existence vous semble plus paisible, et dans ce cas, vous prenez le risque de ne devenir qu'une pâle copie de vous-même. Ou alors vous choisissez de vivre à fond, qu'importe les obstacles qui se dressent devant vous, et vous devenez quelqu'un. Chez moi, l'entre deux n'existait pas.
Elle en revint alors à son souhait de base, celui d'en savoir un peu plus sur mon approche de l'enseignement. Sa remarque me tira d'ailleurs un éclat de rire spontané.
-Ha ha ha ! Ben voyons ! Vous êtes une maline vous. N'essayez pas de la jouer plus fine que moi. Bien-sûr que ça dépend plus ou moins du privé ! Mais j'veux bien faire un effort pour vous.
Je pris donc une chaise non loin d'elle et m'y installa en posant mes coudes sur le dossier du siège afin de lui faire face.
-J'ai toujours été un boulet à l'école. Paradoxal n'est-ce pas ? J'ai toujours été un peu rêveur, un peu à côté de la plaque, un peu la tête dans les nuages. La scolarité était pour moi un sacré calvaire. Je détestais aller en cours et j'ai fini par me faire déscolariser. Et puis, j'ai voyagé. Longtemps voyagé. J'ai appris, bien plus qu'en classe. Et quand je parle d'apprentissage, il ne s'agit pas seulement de connaissances mais également de qualités humaines remarquables. J'ai grandi et je me suis enrichi de tout ce que les gens voulaient bien m'accorder. Je suis allé en France et puis, c'est là que j'ai eu le déclic. Pourquoi est-ce que je ne partagerais pas tout ce que je sais, dans la bienveillance la plus totale et passionnée ? Les professeurs manquent de convictions et d'entrain. Pas tous, vous en avez de très bons, bien-sûr, mais généralement, ils semblent comme éteints. C'est vraiment terrible. Comment voulez-vous transmettre un message, si vous n'avez même pas cette flamme qui vous anime en tant que professeur ? Les élèves le ressentent. Beaucoup ont oublié ce qu'était réellement, l'enseignement. Evoluer ensemble, partager et découvrir dans l'envie d'apprendre et de transmettre. Je veux seulement que mes élèves franchissent la porte de ma classe sans se sentir oppressés. Je veux qu'ils s'y sentent à l'aise, avec un enseignant présent pour les accompagner et leur faire vivre mes propres expériences et satisfaire leur curiosité. Je veux juste que mon cours, devienne la parenthèse agréable, un lieu propice à l'échange, dans leur quotidien interminable et usant d'étudiant japonais. Un endroit et une connaissance qui soient accessibles à tous ! Et qu'importe que mes manières déplaisent, personne ne peut douter de ma qualité en tant que prof. C'est sûrement ça qui me sauve les fesses, d'ailleurs.
Je me mis à ricaner encore une fois. Ah ça oui ! J'avais reçu plusieurs critiques de la part de mes collègues et même des avertissements, mais qu'à cela ne tienne, je m'en fichais ! Tout ça, c'était dit avec le cœur. J'adorais mon métier. Si j'avais décidé d'aller dans cette branche, c'était déjà parce que mes excursions donnaient de la profondeur à mon rôle de précepteur mais surtout parce que j'en avais aussi la fibre. Mes années scolaires avaient été une horreur et en devenant professeur, je permettais à des étudiants d'être sereins. Je ne leur demandais rien, si ce n'était être eux tout en stimulant leur intérêt pour ma matière. Il arrivait même parfois que certains me parlent en dehors des cours, se livrent, me fassent part de leurs angoisses et je m'assurais toujours de les apaiser un peu.
Toutefois, je ne pus m'empêcher d'arquer un sourcil lorsqu'elle me fit enfin part de ce qu'elle avait derrière la tête.
-Votre proposition ?
A son air malicieux, je m'attendais à un coup franc. Qu'est ce qu'elle allait m'inventer celle-là ?
Puis soudainement, la demoiselle Shidara s'offrit le luxe de me lancer une tirade. Ma prunelle d'acier se mit alors à la jauger avec intensité, vibrante et intéressée. La petite savait manier le verbe mais ce devait être un moindre mal lorsque vous faisiez parti de la haute. Les mots et l'élocution, ajoutons à ça le charisme, sont souvent les fins maîtres d’œuvre qui permettent de tenir une audience en laisse. Bien évidemment, je caricaturais, ça ne suffisait pas à tenir un royaume en place mais ça faisait parti des cartes à jouer pour la quête du respect. Toutefois, les jeux de la langue n'étaient heureusement pas un critère qui n'appartenait qu'à la noblesse. Puisque qu'importe le milieu qu'on vous impose à la naissance, vous pouviez toujours faire en sorte de cultiver l'esprit. La richesse n'achetait pas toujours les connaissances et surtout, elle n'apprenait en rien l'intelligence. Mais cette étudiante à l'attitude lasse et blasée, semblait posséder les trois. La richesse, l'envie d'apprendre et un certain éclat dans ses rétines qui laissait suggérer une lucidité brillante.
J'invitais ensuite un silence de quelques secondes tout en écrasant mon mégot et diriger mon regard vers la fenêtre pour y observer mon propre reflet.
-Shidara-san. Quel intérêt avons-nous à faire semblant ? Vous savez, lorsque vous laissez votre entourage vous dicter votre conduite, sachez qu'il s'agit là d'une mutilation directe à ce que vous pouvez devenir. Quoi de plus énervant que d'être bridé dans son existence ? Peut-être qu'un jour, je mourais de ma propre volonté à être seulement ce que je suis, mais je serais mort libre de mes actions et de mes pensées. Pas de regrets.
J'en rallumais une autre, pour la forme.
-Vous devriez y songer. Mais souvenez vous qu'il n'y aura que vous pour faire un choix. Soit vous baissez la tête, soit vous la levez bien haute.
A nouveau, je levais mon œil de rapace sur son visage au teint de porcelaine. C'était sûrement plus facile à dire qu'à faire mais dans la vie, nous n'avons rien sans rien. Soit vous décidez de vous incliner pour que l'existence vous semble plus paisible, et dans ce cas, vous prenez le risque de ne devenir qu'une pâle copie de vous-même. Ou alors vous choisissez de vivre à fond, qu'importe les obstacles qui se dressent devant vous, et vous devenez quelqu'un. Chez moi, l'entre deux n'existait pas.
Elle en revint alors à son souhait de base, celui d'en savoir un peu plus sur mon approche de l'enseignement. Sa remarque me tira d'ailleurs un éclat de rire spontané.
-Ha ha ha ! Ben voyons ! Vous êtes une maline vous. N'essayez pas de la jouer plus fine que moi. Bien-sûr que ça dépend plus ou moins du privé ! Mais j'veux bien faire un effort pour vous.
Je pris donc une chaise non loin d'elle et m'y installa en posant mes coudes sur le dossier du siège afin de lui faire face.
-J'ai toujours été un boulet à l'école. Paradoxal n'est-ce pas ? J'ai toujours été un peu rêveur, un peu à côté de la plaque, un peu la tête dans les nuages. La scolarité était pour moi un sacré calvaire. Je détestais aller en cours et j'ai fini par me faire déscolariser. Et puis, j'ai voyagé. Longtemps voyagé. J'ai appris, bien plus qu'en classe. Et quand je parle d'apprentissage, il ne s'agit pas seulement de connaissances mais également de qualités humaines remarquables. J'ai grandi et je me suis enrichi de tout ce que les gens voulaient bien m'accorder. Je suis allé en France et puis, c'est là que j'ai eu le déclic. Pourquoi est-ce que je ne partagerais pas tout ce que je sais, dans la bienveillance la plus totale et passionnée ? Les professeurs manquent de convictions et d'entrain. Pas tous, vous en avez de très bons, bien-sûr, mais généralement, ils semblent comme éteints. C'est vraiment terrible. Comment voulez-vous transmettre un message, si vous n'avez même pas cette flamme qui vous anime en tant que professeur ? Les élèves le ressentent. Beaucoup ont oublié ce qu'était réellement, l'enseignement. Evoluer ensemble, partager et découvrir dans l'envie d'apprendre et de transmettre. Je veux seulement que mes élèves franchissent la porte de ma classe sans se sentir oppressés. Je veux qu'ils s'y sentent à l'aise, avec un enseignant présent pour les accompagner et leur faire vivre mes propres expériences et satisfaire leur curiosité. Je veux juste que mon cours, devienne la parenthèse agréable, un lieu propice à l'échange, dans leur quotidien interminable et usant d'étudiant japonais. Un endroit et une connaissance qui soient accessibles à tous ! Et qu'importe que mes manières déplaisent, personne ne peut douter de ma qualité en tant que prof. C'est sûrement ça qui me sauve les fesses, d'ailleurs.
Je me mis à ricaner encore une fois. Ah ça oui ! J'avais reçu plusieurs critiques de la part de mes collègues et même des avertissements, mais qu'à cela ne tienne, je m'en fichais ! Tout ça, c'était dit avec le cœur. J'adorais mon métier. Si j'avais décidé d'aller dans cette branche, c'était déjà parce que mes excursions donnaient de la profondeur à mon rôle de précepteur mais surtout parce que j'en avais aussi la fibre. Mes années scolaires avaient été une horreur et en devenant professeur, je permettais à des étudiants d'être sereins. Je ne leur demandais rien, si ce n'était être eux tout en stimulant leur intérêt pour ma matière. Il arrivait même parfois que certains me parlent en dehors des cours, se livrent, me fassent part de leurs angoisses et je m'assurais toujours de les apaiser un peu.
Toutefois, je ne pus m'empêcher d'arquer un sourcil lorsqu'elle me fit enfin part de ce qu'elle avait derrière la tête.
-Votre proposition ?
A son air malicieux, je m'attendais à un coup franc. Qu'est ce qu'elle allait m'inventer celle-là ?
Invité
Invité
Mer 3 Juin 2020 - 22:34
Cigarette en bouche, Elena sourit.[/color]
Sebastian Rhodes était un personnage rempli de surprise. Si l’éducation donnée à la jeune femme aurait pu lui permettre de lui reprocher cette proximité élève, professeur d’ordinaire réputée indécente. Son esprit fougueux, si ennuyé de l’ordinaire, entre en mouvement face à l’inconnu et aux surprises. C’était même devenu sa nouvelle source d’inspiration – beaucoup trop indécente et extrême si on regardait de trop près -, à chaque surprise un pinceau, un fil se connectait dans l’esprit enfin réveillée de la princesse. L’instant devenait alors si intéressant qu’un sourire sincère se nichait alors, enfin, sur les lèvres d’habitude si hypocrites de la princesse.
C’est donc d’un regard amusé, avec une flamme nouvelle pour l’individu qui se positionnait étrangement en face d’elle. Affalé qu’il était à son dossier de chaise, ses jambes écartées pour se ficher fièrement sur le sol ne demandait qu’un coup de pouce pour se rapprocher un instant de la princesse éloignée sur sa chaise. Amusant. Si amusant. D’une inspiration contrôlée, Elena pousse d’un revers de talon signé Louboutin, ce désir qui monte dans son sang. Elle était venue ici pour affaire, tout ce qui concernait l’entre-jambe devenu si avide de la princesse, se devait alors de rester sagement couché au panier. Pauvre clitoris, n’est-ce pas ?
La nicotine, pas très efficace sur l’organisme du vampire, lui permet tout de même – tout du moins dans le geste machinale – de reprendre contenance.
« Quel intérêt avons-nous à faire semblant ? »
Sourire au coin des lèvres, la princesse écoute l’avis – non demandé, finalement – du professeur Rhodes. Elle finit par hocher de la tête, tout en appréciant chaque parole qui sortait de l’esprit libre et farouche de l’homme à la cigarette. C’était en effet, un parti pris très dangereux que de s’assumer dans une société ou des relations familles codés et dictés. Et si l’envie de lui demander, même le cours d’un instant, de se taire pour éviter d’en entendre davantage. L’écho de la connaissance qui donnait de l’ampleur à la voix de l’homme au regard d’acier poussait la jeune princesse à l’écouter.
Cigarette finie, Elena la dépose dans le cendrier avant de reposer son regard sur l’homme qui lui faisait face. Son rire, sincère, brise le silence religieusement respecté dans la salle. Elena sourit. Appréciant cette sincérité du moment, gage pour la jeune femme, d’un moment rempli de respect.
Maligne ? Notre pauvre petite princesse Shidara ? Voyez-vous, cela. D’un mouvement de jambe, ni provoquant, ni auto-suffisant, c’était plus dans une envie d’être confortable pour suivre chaque mouvement de membre ou de bouche de l’homme qui lui faisait face. La jeune femme attend, comme précédemment, que la magie verbale de Sebastian Rhodes fonctionne. Cet homme avait un talent certain pour raconter des histoires, en donner les formes et les couleurs, voir presque les odeurs et sons. Tout cela était possible grâce à la sincérité de l’individu qui n’avait aucune honte à se mettre corps et âmes dans sa tâche.
Encore une fois, en si peu de temps, Elena avait sous ses yeux, un individu dès plus paradoxale à tout ce qu’elle avait pu connaitre. C’était un souvenir encore très marquant que la gifle monumentale qu’elle avait reçu du chef de clan de la famille Di Altiero. Reproche de la lassitude flagrante de la jeune femme et de son incapacité à s’ouvrir aux autres. L’instant avait marqué un tournant décisif dans les relations à construire. L’arrivée du chef de clan Shidara été venu signaler son arrêt de mort, plus qu’une gifle, c’est une claque psychologique que Metuselah avait su administrer à son enfant. Cet enfant incapable de cacher ses émotions. Son sourire maladif, ses yeux si mélancoliques finissaient toujours par la trahir. C’était aux yeux des deux parents, un problème considérable. Et pourtant, s’ils voyaient ce qui lui permettait dorénavant de jouer cette joyeuse comédie qu’était le rang de sang-pur, ils auraient sûrement préféré retourner en arrière.
Yeux captivés par le si sensitif Sebastian Rhodes, l’esprit vif de la princesse en recherche de personnalité hors du commun, hors de son commun, accepte cet homme. Il était drôle, à n’en point douter, il avait du répondant, c’était agréable, il avait ce charisme animale et brute que seuls les hommes humains avaient. De plus, il avait cette expérience de la vie humaine qui, d’âge comme de connaissance, surpassait la jeune femme. Il devenait alors un individu intéressant. Capable de nourrir les connaissances si étriquées de la princesse, à l’aide d’histoire de voyage et de rencontre.
Elena sourit devant son monologue, elle hoche de la tête, elle approuve, elle apprécie, elle boit, elle mange, elle accueil, chaque mot, chaque prise de position du professeur.
Elle se le déclare mentalement qu’elle apprécie véritablement cet individu. Elle apprécie ses convictions qui transpire de ses mots comme de son regard d’acier, elle apprécie ses joutes verbales – qui l’amuse plus qu’aucune drogue –, elle savoure son humour si rude et dépaysant – très loin de ses belles paroles. Et c’est sans hésiter qu’elle sait, du plus profond de son âme qu’elle souhaitait en apprendre davantage sur le monde humain, à l’aide de cet homme.
C’était une chose que de faire rentrer des informations dans la tête blonde de la jeune femme. S’en était une autre que de la faire imaginer et vivre l’instant. Quiconque serait assez bon pour faire frémir l’imagination avide de connaissance de la princesse deviendrait alors une personne de grande qualité. Et ça, personne, ni même son père, n’aurait de pouvoir là-dessus.
« Votre proposition ? »
Un sourire immense nait sur le visage de plus en plus taquin de la princesse. De but en blanc, probablement aidée de cet endroit finalement calme et désert qui pousse l’éducation de la jeune femme et son masque du jour à prendre la porte. Notre Elena de compétition lui sort avec plein d’assurance :
« A part vous mettre dans mon lit ? » avant d’éclater de rire, amusée par la situation et la vérité qui n’était jamais bien loin derrière chaque blague de la princesse.
« Non, plus sérieusement, comme vous l’avez vu, je viens de la haute société, si on veut. »
Elle prend une inspiration par la même occasion pour calmer son hilarité passagère.
« J’ai eu beaucoup de précepteur, assez ennuyeux, je dois l’avouer. Ils ont plus la passion du nom qui les emploie, que la passion d’apprendre à l’élève à voir ce monde sous de nouvelle facette. Je connais, de plus en plus, malheureusement, le monde qui est le mien. Qu’un professeur vienne en rajouter une couche m’ennuie, me lasse, me donne envie de me pendre… ou de faire un bain de sang » dit-elle d’un sourire amusé en faisant référence à la joute verbale qui avait eu lieu précédemment.
D’une seconde inspiration, elle reprend enfin contenance, en se laissant elle aussi aller à la contemplation de la fenêtre – pourtant, elle pouvait témoigner qu’à part voir des élèves marcher, il n’y avait rien de bien intéressant à admirer.
« J’apprécie votre sincérité, vous savez. Je vais donc en faire de même. Je viens d’une très grande famille, crains, il faut le dire. Chaque professeur qui passe ma porte ont cette odeur de… servilité qui dorénavant m’ennuie. Je ne demande pas à ce qu’on me serve, encore moins qu’on me berce, je désire apprendre. Nourrir chaque partie de mon être et de mon esprit inconscient et innocent. Je veux mettre à la porte chaque trouillard tremblant devant mon nom, quand on vient m’enseigner je ne veux plus être Elena Ayumi Shidara. Juste…. Une élève anonyme. Pire encore, je veux apprendre, qu’on me raconte toujours le même point de vue en mettant en avant un point de vue que je connais de trop bien, c’est d’un ennui mortel. »
D’un petit soupir contrit, elle change de position, pose ses coudes sur ses genoux pour regarder cet homme droit dans les yeux.
« Je m’ennuie fermement. Mon esprit s’ennuie. Je découvre peu à peu, ce qui me fait palpiter et vivre, j’apprécie l’odeur de mes découvertes mais, je pleure sincèrement mes lacunes. Ses lacunes qui m’ont conduit tant de fois à me ridiculiser. Je veux apprendre, Monsieur Rhodes ou devrais-je dire, Rhodes-sama. Je suis très jeune voyez-vous pour mon univers et qu’on me tapote sur la tête en mettant mon âge en cause pour ne rien m’apprendre, est devenu… très irritant. J’ai besoin d’un minimum de stimulation. »
Elle se redresse en se raclant la gorge.
« Et ce matin, on peut dire que vous m’avez stimulé. J’ai appris, sous un nouveau point de vue des événements que – certes j’avais entrevu mais pas de cette manière. Mieux encore, j’ai eu comme la sensation que mon esprit écoutait, entendait pour assimiler en toute tranquillité. C’était, voyez-vous, très agréable. Hm… De parler autant, je finis par avoir soif. » constate-t-elle en fronçant des sourcils.
Elle qui, finalement, parlait si peu.
« J’aimerai donc vous proposer d’être mon professeur particulier. Je vous paierai bien-sûr à la hauteur de vos tarifs. Je peux même vous fournir des cigarettes » conclu-t-elle en haussant un sourcil amusé.
Habitué à cette cuillère d’or qui lui tombait souvent direct dans la bouche, Elena appréciait également ce moment d’attente et de questionnement qui flotte dans l’air après sa requête. C’était nouveau – encore et toujours, nouveau. Et si la bête sexuelle cachait sous le regard lasse de la princesse et son sourire, espérait secrètement qu’il choisisse la première comme la dernière requête. Elena quant à elle, espère juste, un simple « pourquoi pas ».
Invité
Invité
Sam 6 Juin 2020 - 16:23
A mon étonnement, la demoiselle écoutait attentivement ce que j'avais à lui dire, sans se montrer un seul instant ennuyée par mon discours que je me faisais de la vie. C'était une qualité. Généralement, ceux qui campaient sur leurs positions sans même ne serait-ce montrer un peu d'intérêt à ce qui différait de leur avis, m'agaçait au plus au point. Nous avions tous une conception du monde bien différente mais, je trouvais toujours intéressant de récolter les pensées des autres. Nous n'étions pas obligés de tous être d'accord mais pour ma part, le respect de l'écoute demeurait primordial dans un échange constructif.
Ses iris restaient fixés sur mon visage, comme si elle cherchait des réponses à ses questions à mesure que ma bouche se mouvait par mes paroles. Je voyais en elle, une enfant freinée dans ses ambitions, comme j'avais pu l'être auparavant. Mais il suffisait d'un déclic, d'une prise de conscience pour se rendre compte, que notre existence actuelle ne nous convenait plus. Sa venue ici, devait faire partie du plan qu'elle commençait doucement à tisser dans sa quête à la cristallisation de ses envies. Qu'est ce qui t'importune autant, Shidara-san ? Qu'est ce qui te bloque ? Qu'est ce qui t'empêche de déployer tes ailes ? Son milieu devait être richement aisé, mais pauvrement stérile d'intérêt, en tout cas, c'était bien l'idée que je m'en faisais. Je n'aurais pas aimé être à sa place, avec tous ces codes et toutes ces règles ennuyeuses. L'image. Le rang. L'étiquette. La connerie suprême.
Un seul nom suffisait à gâcher votre vie dès votre naissance.
Et pourtant, elle paraissait plus encline à être elle-même, dès lors que je répondais à ses curiosités. Les expressions de son visage prenaient vie sans nécessairement y mettre de la mesure ou les exagérer. La demoiselle était plus naturelle et spontanée, comme une jeune femme de son âge sans les obligations qui lui incombaient au quotidien. Il était assez fou de pouvoir autant lire une personnalité dans les yeux ou les gestes de quelqu'un. Si elle tournait autour du pot au début, elle se laissait prendre à cette nouvelle expérience avec un réel plaisir, qui pétillait derrière ses prunelles qui me paraissaient jusque là, éteintes.
Mais alors que je signais une petite partie de mon histoire qui m'avait conduit à devenir professeur, mes sourcils s'étaient froncés. Elle se mit à éclater de rire, assez fière de l'assurance dont elle faisait preuve. Et pourtant, malgré cette réponse inattendue qui me laissa perplexe, la finesse était présente dans sa plaisanterie -qui à mon humble avis, n'en était pas tellement une justement. Mais je finis par l'accompagner dans son rire avec un haussement d'épaule, amusé cette directivité bien vite atténuée par un retour au sérieux.
Je hochais donc la tête, prêt à entendre ce qu'elle avait véritablement derrière le crâne. Ca me paraissait assez important pour que je l'écoute à mon tour. Comme je le pensais, ses premières phrases révélaient l'ennui et la frustration. Pire encore, ses enseignants se pliaient davantage à leur engouement malsain pour son nom plutôt qu'à leur volonté de transmettre. Du snobisme à l'état brut. Il était donc impossible d'évoluer positivement dans ces conditions, puisque son enrichissement ne visait qu'un seul chemin : celui qu'on voulait seulement lui montrer, sans lui laisser le loisir de forger son propre avis. Une dictature d'esprit.
-Je vois.
Je la laissais ensuite poursuivre, tandis que je croisais les bras très attentif à la suite. Cette petite nourrissait seulement le désir d'être traitée comme une personne et non comme un rang. Au delà des bonnes manières et de l'image, tout ce qu'elle voulait donc, c'était d'être vue et entendue pour ce qu'elle était en simple individu. Mais généralement, l'entourage qui composait les cours comme la sienne, devait être tous éduqués pour répondre à ses attentes mais surtout, pour se faire bien voir et obtenir ses grâces. Quel monde superficiel. On dirait une poupée blonde en vitrine qui n'était là que pour nourrir une image de marque sans fond et sans saveur. Le plus ironique était qu'elle pouvait certainement obtenir tout ce qu'elle voulait en claquant des doigts, mais en omettant le plus important : celui de pouvoir être soi. La tristesse. Je ne l'enviais pas du tout, même pour tout l'or du monde, je préférerais encore être renié.
Et finalement, elle en vint à son ultime point d'amorce, ce qui me laissa de marbre l'espace de quelques secondes. La salle devint si silencieuse qu'on aurait pu entendre les mouches voler. Un léger grognement franchit ensuite les barrières de mes lèvres, assez dérangé par le cheminement de pensées de cette petite, en guise de première salutations. Je m'accoudais donc de nouveau sur le dossier de ma siège en laissant échapper une volute de fumée puis je la fixais de mon œil pénétrant en lâchant un :
-Non merci.
Je me relevais ensuite pour quitter ma chaise et aller lui chercher un verre d'eau pour qu'elle puisse se remettre de sa tirade et surtout, de mon refus durement invoqué. J'imaginais déjà la déception poindre le bout de son nez ou à une réaction excessive d'une gamine habituée aux révérences. Mais j'avais mes raisons.
-La dernière fois qu'une demoiselle de conditions similaires m'a faite cette proposition en sortant les mêmes lamentations, j'ai failli finir en taule. Je comprends tout ce que vous me dites et vous m'en voyez terriblement navré pour votre position. Je le pense sincèrement. Mais le problème avec votre milieu, c'est que vous ne savez pas tolérer qu'on vous résiste, trop habitué à ce qu'on vous dise amen à tout et que tout est motif à vous pourrir la vie. Ca s'est retourné contre moi et j'ai décidé de ne plus jamais donner de cours particuliers, à qui que ce soit d'ailleurs. L'argent n'y changera rien. J'en ai bien assez pour terminer ma vie sereinement.
Je lui posais son verre sur la table, les mains dans les poches, dressé devant elle.
-Et même si vous deviez vous comporter tout à fait honorablement, je ne suis pas certain que votre famille tolère que leur petite princesse reçoive l'éducation d'un type comme moi. Il ne s'agit pas de vous, vous m'avez l'air fiable malgré ma mauvaise expérience d'antan, mais comprenez que le milieu où vous naviguez ne m'inspire pas confiance. Je ne veux pas de problèmes.
Bien conscient que ce ne devait pas être la réponse à laquelle elle s'attendait, je me mis à soupirer bruyamment. Il restait tout de même des options pour elle.
-Si vous souhaitez une expérience immersive, je vous conseillerais plutôt de vous inscrire à l'Université. Là au moins, vous serez traitée comme une personne en bonne et due forme et pas comme un objet de sacralisation. Même si en soi, je suppose que votre nom ne tardera pas à courir entre ces murs, mais ça restera tout de même intéressant pour vous. Vous participerez à la vie routinière des étudiants, vous ferez sûrement des rencontres de personnes qui ne vous connaîtront pas, vous nagerez dans les eaux troubles d'un monde dont vous n'avez pas l'habitude. Vous pourrez amplifier votre profondeur intérieure et n'aurez pas le temps de vous ennuyer, trop occupée à vous indigner du manque de classe de la basse société.
Ce plan était parfait pour elle.
-Le petit bonus, c'est que je suis tout de même souvent dans le coin.
Ses iris restaient fixés sur mon visage, comme si elle cherchait des réponses à ses questions à mesure que ma bouche se mouvait par mes paroles. Je voyais en elle, une enfant freinée dans ses ambitions, comme j'avais pu l'être auparavant. Mais il suffisait d'un déclic, d'une prise de conscience pour se rendre compte, que notre existence actuelle ne nous convenait plus. Sa venue ici, devait faire partie du plan qu'elle commençait doucement à tisser dans sa quête à la cristallisation de ses envies. Qu'est ce qui t'importune autant, Shidara-san ? Qu'est ce qui te bloque ? Qu'est ce qui t'empêche de déployer tes ailes ? Son milieu devait être richement aisé, mais pauvrement stérile d'intérêt, en tout cas, c'était bien l'idée que je m'en faisais. Je n'aurais pas aimé être à sa place, avec tous ces codes et toutes ces règles ennuyeuses. L'image. Le rang. L'étiquette. La connerie suprême.
Un seul nom suffisait à gâcher votre vie dès votre naissance.
Et pourtant, elle paraissait plus encline à être elle-même, dès lors que je répondais à ses curiosités. Les expressions de son visage prenaient vie sans nécessairement y mettre de la mesure ou les exagérer. La demoiselle était plus naturelle et spontanée, comme une jeune femme de son âge sans les obligations qui lui incombaient au quotidien. Il était assez fou de pouvoir autant lire une personnalité dans les yeux ou les gestes de quelqu'un. Si elle tournait autour du pot au début, elle se laissait prendre à cette nouvelle expérience avec un réel plaisir, qui pétillait derrière ses prunelles qui me paraissaient jusque là, éteintes.
Mais alors que je signais une petite partie de mon histoire qui m'avait conduit à devenir professeur, mes sourcils s'étaient froncés. Elle se mit à éclater de rire, assez fière de l'assurance dont elle faisait preuve. Et pourtant, malgré cette réponse inattendue qui me laissa perplexe, la finesse était présente dans sa plaisanterie -qui à mon humble avis, n'en était pas tellement une justement. Mais je finis par l'accompagner dans son rire avec un haussement d'épaule, amusé cette directivité bien vite atténuée par un retour au sérieux.
Je hochais donc la tête, prêt à entendre ce qu'elle avait véritablement derrière le crâne. Ca me paraissait assez important pour que je l'écoute à mon tour. Comme je le pensais, ses premières phrases révélaient l'ennui et la frustration. Pire encore, ses enseignants se pliaient davantage à leur engouement malsain pour son nom plutôt qu'à leur volonté de transmettre. Du snobisme à l'état brut. Il était donc impossible d'évoluer positivement dans ces conditions, puisque son enrichissement ne visait qu'un seul chemin : celui qu'on voulait seulement lui montrer, sans lui laisser le loisir de forger son propre avis. Une dictature d'esprit.
-Je vois.
Je la laissais ensuite poursuivre, tandis que je croisais les bras très attentif à la suite. Cette petite nourrissait seulement le désir d'être traitée comme une personne et non comme un rang. Au delà des bonnes manières et de l'image, tout ce qu'elle voulait donc, c'était d'être vue et entendue pour ce qu'elle était en simple individu. Mais généralement, l'entourage qui composait les cours comme la sienne, devait être tous éduqués pour répondre à ses attentes mais surtout, pour se faire bien voir et obtenir ses grâces. Quel monde superficiel. On dirait une poupée blonde en vitrine qui n'était là que pour nourrir une image de marque sans fond et sans saveur. Le plus ironique était qu'elle pouvait certainement obtenir tout ce qu'elle voulait en claquant des doigts, mais en omettant le plus important : celui de pouvoir être soi. La tristesse. Je ne l'enviais pas du tout, même pour tout l'or du monde, je préférerais encore être renié.
Et finalement, elle en vint à son ultime point d'amorce, ce qui me laissa de marbre l'espace de quelques secondes. La salle devint si silencieuse qu'on aurait pu entendre les mouches voler. Un léger grognement franchit ensuite les barrières de mes lèvres, assez dérangé par le cheminement de pensées de cette petite, en guise de première salutations. Je m'accoudais donc de nouveau sur le dossier de ma siège en laissant échapper une volute de fumée puis je la fixais de mon œil pénétrant en lâchant un :
-Non merci.
Je me relevais ensuite pour quitter ma chaise et aller lui chercher un verre d'eau pour qu'elle puisse se remettre de sa tirade et surtout, de mon refus durement invoqué. J'imaginais déjà la déception poindre le bout de son nez ou à une réaction excessive d'une gamine habituée aux révérences. Mais j'avais mes raisons.
-La dernière fois qu'une demoiselle de conditions similaires m'a faite cette proposition en sortant les mêmes lamentations, j'ai failli finir en taule. Je comprends tout ce que vous me dites et vous m'en voyez terriblement navré pour votre position. Je le pense sincèrement. Mais le problème avec votre milieu, c'est que vous ne savez pas tolérer qu'on vous résiste, trop habitué à ce qu'on vous dise amen à tout et que tout est motif à vous pourrir la vie. Ca s'est retourné contre moi et j'ai décidé de ne plus jamais donner de cours particuliers, à qui que ce soit d'ailleurs. L'argent n'y changera rien. J'en ai bien assez pour terminer ma vie sereinement.
Je lui posais son verre sur la table, les mains dans les poches, dressé devant elle.
-Et même si vous deviez vous comporter tout à fait honorablement, je ne suis pas certain que votre famille tolère que leur petite princesse reçoive l'éducation d'un type comme moi. Il ne s'agit pas de vous, vous m'avez l'air fiable malgré ma mauvaise expérience d'antan, mais comprenez que le milieu où vous naviguez ne m'inspire pas confiance. Je ne veux pas de problèmes.
Bien conscient que ce ne devait pas être la réponse à laquelle elle s'attendait, je me mis à soupirer bruyamment. Il restait tout de même des options pour elle.
-Si vous souhaitez une expérience immersive, je vous conseillerais plutôt de vous inscrire à l'Université. Là au moins, vous serez traitée comme une personne en bonne et due forme et pas comme un objet de sacralisation. Même si en soi, je suppose que votre nom ne tardera pas à courir entre ces murs, mais ça restera tout de même intéressant pour vous. Vous participerez à la vie routinière des étudiants, vous ferez sûrement des rencontres de personnes qui ne vous connaîtront pas, vous nagerez dans les eaux troubles d'un monde dont vous n'avez pas l'habitude. Vous pourrez amplifier votre profondeur intérieure et n'aurez pas le temps de vous ennuyer, trop occupée à vous indigner du manque de classe de la basse société.
Ce plan était parfait pour elle.
-Le petit bonus, c'est que je suis tout de même souvent dans le coin.
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 2 • 1, 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum