Servir son peuple, séduire la veuve noire [pv Elessar] (06/07/2018)

Les derniers événements qui se sont produit en ville faisaient grandement réfléchir. L’université avait perdue de sa superbe maintenant. Quand on y réfléchi un peu il est évident que cet établissement offre une couverture idéale à une structure fonctionnant comme l’Ordre Renfield. Oh bien entendu on prétend toujours avoir eu un doute une fois qu’on sait, mais je ne dirais pas que je m’en doutais, bien au contraire même. Le fait est qu'ils ont parfaitement réussi à se dissimuler sous le nez de tous sans qu’on ne puisse se douter de rien. Si nous n’avions pas été inspecter l’ancienne mine et fait des déductions avec Sebastian, les suspicions sur le terrain incroyablement bien choisi de l’université et les informations de Nassim, autant dire qu’ils auraient encore dupé tout le monde pendant des années. Il fallait maintenant faire avec cette information, cette certitude et aucun événement n’aurait plus jamais le même sens au sein de l’université. Autant dire que le séminaire qui allait avoir lieu bientôt et organisé par le doyen de science et la présidence de l’université me laissait plus que dubitatif pour ne pas dire suspicieux.

La journée du vendredi soir est toujours importante en termes de clients au pub et autant dire qu’avec la présence militaire, bien qu’aucun couvre-feu ne soit imposé même si le journal en parle, il devrait y avoir de monde qu’à l’accoutumé. Les changelins seront sans doute également présents en grand nombre pour savoir ce que le conseil a décidé de faire et préconise. Pour rassurer tout le monde j’ai averti les videurs de refuser un maximum de monde n’étant pas des changelins et ne laisser passer que des habitués pour contrôler les flux.

Je n’avais que quelques cours à donner ce vendredi et uniquement d’après-midi. C’était une occasion parfaite pour faire venir Elessar au pub dans le but de l’entretenir vis-à-vis de son envie de servir le conseil. Avant que mon établissement ouvre, il avait déjà formulé ce souhait et je lui ai conseil de rencontrer Yumi, qui à l’époque était déjà au conseil. Maintenant que j’y suis et sachant qu’il a réussi à prendre contact, j’ai décidé de servir d’intermédiaire discret pour cette rencontre. D'ailleurs, en pensant cela, j’entendis la sonnerie de l’interphone de service retentir. Je me dirigeais alors à la porte arrière de livraison pour constater qu’Elessar était déjà arrivé.

John ▬ Bien le bonjour ! Entre, je t’en prie. Lui dis-je avec un grand sourire.

Je le fis entrer à l’intérieur et le guidai à nouveau à la mezzanine puis à travers l’escalier monter à l’étage réservé aux changelins. C’est là que nous attendrions la venue de Yumi.

John ▬ Content que tu sois venu de bonne heure en acceptant ce rendez-vous où je vais modestement jouer les intermédiaires.

Alors que j’étais sur le point de souligner qu’il était le premier arrivé et que nous serions dans l’obligation d’attendre cette chère demoiselle j’affichai soudainement un visage surpris. Je n’avais même pas remarqué, mais d’un seul coup, je vis une araignée se mouvoir. Elle se mit à courir à grande vitesse le long d’une poutre en bois massive avant de tisser un fil et se laisser pendre à ce dernier jusqu’à hauteur d’un siège. C’est là qu’elle prit dans la volée son apparence humaine, non sans un air satisfait et supérieur, affichant un sourire mutin qui n’était pas sans me rappeler celui d’Irina. Dans ce sourire je pouvais presque sentir sa pensée, celle disant “vous pensiez que j’étais en retard, mais j’étais là depuis le début”.

Elle se tourna en direction d’Elessar avant d’incliner légèrement sa tête en signe de salutation tout à fait traditionnelle.

Yumi ▬ Kurobara Yumi. Vous devez être la personne ayant soif de servir son peuple ?

On pourrait sentir une certaine suffisance dans son ton, mais c’était simplement très protocolaire et froid à la façon nippone. Toutefois, j’ai mis un long moment à me faire à ce style si sévère de sa part malgré pourtant mes retrouvailles avec Irina. Je ne l’ai pas encore percé à jour, mais il est évident qu’elle cache quelque chose d’important qui lui fait prendre ses distances avec le monde.

En ce vendredi, vous regardez notre ami terminer de régler un épineux problème : faire passer les spiritueux par le check point. Décidément, vous en riez presque, de voir à quel point une quarantaine militaire pouvait être paperassivore. Elessar commence même à se demande, s’ils ne se nourrissent pas exclusivement de papiers administratifs en tout genre. Bien sûr, vous savez que ce n’est pas le cas, mais voir notre ami s’énerver sur des formulaires vous amuse.
Finalement c’est encore une fois son alarme de téléphone qui le sauve. En effet, ce bon vieux John Smith l’a invité à passer au Fior Nadur, afin de lui présenter officiellement Kurobara Yumi. Souvenez-vous, la fameuse membre du Conseil qui s’occupe plus spécialement des espions officiels du dit Conseil. Les chiffres et les papiers attendront donc sagement le retour de notre Panda chez lui, après cette entrevue.

Vous grimacez en le voyant s’habiller. Non pas parce qu’il en fait trop à vos yeux, au contraire probablement pas assez. Il opte pour une tenue que vous lui connaissez fort bien, pour cause c’est à peu près celle qu’il porte au quotidien. Ainsi donc, notre Dragon opte pour un jeans indigo, ainsi qu’un t-shirt manche courte gris perle par-dessus lequel il enfile une chemise kaki. Votre soupire en dit long sur votre pensée. Evidemment qu’Elessar sait qu’il doit faire bon impression, mais refuse pour autant de montrer un visage de lui qui n’existe pas. Et vous ne pouvez le lui reprocher bien longtemps. Ainsi paré, il quitte son petit appartement pour s’enfoncer dans les rues de la ville jusqu’au pub irlandais. Vous voyez à son regard, qu’il réfléchit encore et toujours sur le même sujet que lorsqu’il se ballade.

Quoi prendre en ultime forme ?

Il lui faut trouver l’équilibre entre son affection pour la terre ferme, et la praticité du camouflage, sans bien sûr oublié la banalité apparente. Heureusement qu’il n’avait pas réfléchis ainsi lors du choix de sa seconde forme ! Vous saviez qu’il lui était dicté par l’attachement. De plus, à cet époque, le Panda Roux était plus ou moins couleur locale, compte-tenue de la représentation de cette espèce chez les changelins du coin. Cependant, la donne est différente ici. Notre camarade changelin a une vague idée de la direction à prendre, mais pas d’espèce précise encore en vue. Dans son regard ambré, l’agacement est lisible pour qui le connait bien. Néanmoins, il se passe une main sur le visage pour se recentrer. Vous le savez, ce n’est pas le moment de ressasser ses frustrations, surtout qu’il est arrivé à destination.
Il sonne à la sonnette de service et patiente. L’attente est brève, John venant lui ouvrir rapidement. Visiblement, notre ami comprend qu’il était attendu. C’est avec son sourire mutin qu’il découvre John dans l’encadrement de la porte. Entrant, il suit son vieil ami jusqu’à la mezzanine qu’il connait bien maintenant. Ce Sanctuaire paisible où le temps semble suspendu pour seulement permettre de profiter de l’instant.

« Bonjour John. Merci d’avoir organiser cette rencontre. Venir de bon heure était la moindre des choses voyons ! Comme disait mon uncle Don, avant l’heure c’est l’heure. »

Vous, comme notre petit panda, devinez que le vieux changelin voulait ajouter quelque chose lorsque la surprise se peignit sur son visage. Suivant son regarde, Elessar découvre une petite araignée filer à toute allure le long de l’une des poutres avant de tisser un fil pour descendre. C’est d’ailleurs sans attendre d’être totalement descendue, que l’arachnide reprend forme humaine. Le sérieux est de mise, vous le voyez au sourire de notre amie : il n’est plus mutin, bien qu’il reste joyeux. Inutile de penser à refaire Elessar, ce serait refaire le monde tant la tâche semble ardue !
Le salut que la jeune femme brune lui offre est plus que traditionnel, une nippone dans toute sa splendeur. Elle entre dans le vif du sujet sans préambule, ou presque. Mais surtout avec une apparente froideur et une pointe de suffisance dans la voix. Notre Dragon n’est pourtant pas impressionné outre mesure. Après tout, vous ne vous souvenez que trop bien de l’attitude de l’un des Conseillers de son ancienne communauté. Cette femme n’est ni pire, ni meilleure pour le moment. De plus, notre ami changelin sait qu’il n’a pas besoin de l’apprécier pour travailler pour elle, l’important étant de la respecter. Ainsi donc, il s’incline brièvement, comme le veut l’usage afin de la saluer à son tour.

« Enchanté Kurobara-san. En effet, j’ai soif de pouvoir me rendre utile à notre peuple en le servant. Je me nomme Tamoana Elessar. »

Les présentations sont donc faites, et vous savez qu’à partir de maintenant il faudra à Elessar se montrer convainquant pour pouvoir obtenir la fonction tant recherchée. Pourtant vous ne doutez pas de ses ressources. Exactement comme notre ami commun, vous pressentez que John pourrait avoir du poids dans cette discussion. La seule véritable interrogation se situe sur l’importance de ce poids.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Elessar est une personne toujours très souriante et avec l’humour bien présent de sa famille. Bien entendu, pour seul comparaison je n’ai que son oncle qui vient en tête car ses parents et moi nous sommes toujours un peu loupés. Il faut dire que dans ce petit coin paisible d’Irlande, je n’étais pas souvent à partir du moment où j’ai pu mettre mes enfants au pensionnat. Mais je me souviens bien de chaudes et festives soirées passées avec son oncle à refaire le monde autour d’un verre de leur excellent whisky et la musique d’une petite troupe de copains faisant des sessions dans le pub.

John ▬ Il est vrai que t’es bien du même genre que ton oncle toi ! Dis-je en souriant.

Il a de qui tenir ce petit c’est certain. Je reconnais bien l’attitude désinvolte de son oncle dans sa manière d’être et s’il se met à la citer en plus de ça, il n’y pas photo. Ce sont les mêmes.

Nos réjouissances sont en revanche de courte durée avec l’apparition de Yumi qui me prend quelque peu de court je dois bien l’avouer. Cette femme a voulu faire démonstration de son talent d’infiltratrice surclassant mes propres talents et c’est une chose qui marche bien. Ce n’est certainement pas pour lui mettre la pression à lui, je ne pense pas, ce n’est pas son genre et on devine au visage d’Elessar qu’il n’est pas impressionner par ce genre de chose. Non c’est bien une attaque contre moi, pour me signifier qu’un rat n’est pas le meilleur choix pour faire ce que j’ai fait et que j’ai dû avoir plus de mal qu’elle a me rendre dans certains endroits. Elle donne l’apparence que c’est pour l’impressionner lui, mais c’est contre moi qu’elle joue en ce moment, quel talent...

John ▬ Bon et bien puisque nous n’avons pas vous attendre Kurobara-san, autant commencer dès maintenant.

Elessar a bien entendu déjà répondu et s’est présenté comme il se doit à cette dernière qui est une authentique rigide du Japon. Elle semble glaciale dans sa posture et ses mots, mais elle transpire juste la bienséance que toute femme de son âge respectant les traditions se doit d’avoir en toute circonstance. Une distanciation très forte se fait donc d’entrée de jeu.

Elle semble le dévisager néanmoins un court instant, sans doute pour le jauger un peu. Elle semble intriguée ce qui ne lui ressemble pas beaucoup elle qui s’évertue à renvoyer une image si sûre d’elle. Elle ne pipe mot aux dires d’Elessar et se tourne vers moi comme pour recueillir et m’invectiver de faire part de mes impressions dans un silence supérieur non sans noblesse.

John ▬ Ce petit est très volontaire. Je vous avoue Kurobara-san que je ne sais pas vraiment ce que cela pourrait donner en tant qu’espion, mais il a du cœur et veut sincèrement venir en aide à la communauté pour se rendre utile.

C’est peut-être dans les gênes et la culture je ne sais pas, mais les Irlandais sont toujours très proches de leur communauté quand ils grandissent dans la ruralité. C’est un fait observable et les communauté changelines en Irlande sont vraiment très soudées.

La noble veuve noire, toujours aussi digne et droite sur son siège décide alors de se rapprocher du jeune homme et d’en faire le tour comme on le ferait pour une sculpture ou une pièce de viande.

Yumi ▬ Ma foi vous avez l’air bien charpenté. Un solide et robuste homme qui pourrait faire un guerrier des plus utile. Quelles sont vos formes animales ?

Nous voilà véritablement entrés dans le dialogue. Si elle poursuit la conversation, c’est qu’elle est intéressée par l’idée et qu’elle veut en savoir plus. Venant de Yumi, ce n’est pas rien. En raison de son activité professionnelle elle est souvent très prise au laboratoire. Le fait qu’elle prenne alors de son temps de bon matin n’est pas anodin du tout.

Notre jeune ami reste aussi sage et stoïque qu’il le peut face à cette femme aussi redoutable. Il ne cherche pas à la dévisager comme elle peut le faire avec lui, et ne dit mot lorsque le vieux changelin donne ses impressions sur lui. Ce qui vous étonne légèrement, puisque vous savez que notre panda n’est pas forcément à l’aise dans ce genre de situation.
Le silence présent dans la vaste salle est noble, bien que laissant transparaitre un certain intérêt à peine dissimulé. Elessar a bien conscience que la conseillère doit être à minima intriguée pour avoir accepté de prendre de son temps pour cette rencontre. A force de renseignements, dont certain provenant directement de membres du Conseil, il sait qu’elle n’est que peu disponible pour ce type d’occasion. Vous êtes plus mitigés que lui sur le sujet, Kurobara n’est pas forcément là par curiosité, elle peut aussi être là pour doucher ses espoirs. Rien n’est certain, et il vous manque beaucoup de donnés, comme à notre ami, pour pouvoir trancher. De fait, impossible de prévoir la suite de l’entretien avec probabilité.
Notre dragon la laisse approcher de lui et lui tourner autour comme s’il n’était qu’un objet dans une vitrine. Seul signe de sa perplexité, c’est un de ces sourcils relevés. Comment ne pas agir comme lui après tout ? Vous en feriez de même dans sa position. Les premiers mots qu’elle lui adresse directement pourraient être flatteur, s’ils n’étaient le prélude d’un sujet plus épineux. Elessar sait bien, comme vous, que ces deux formes actuelles ne sont pas propice à l’activité qu’il souhaite mener ici. Ce n’était bien sûr pas le cas en Nouvelle-Zélande, où il se fondait dans le décors.

Les conseils avisés de Nassim lui viennent en mémoire, comme à vous. Vous savez alors qu’il restera sincère, franc et honnête, même si cela doit le conduire à un refus de la part de la veuve noire.

« Actuellement je n’ai que deux formes animales. Ma forme native est celle du Dragon de Komodo, dont les principaux atouts sont sa force et sa robustesse. La seconde est celle du petit panda, ou Panda Roux, dont l’avantage est la tromperie dû à l’apparence mignonne, sans prendre en compte sa dangerosité.
Je suis en train de réfléchir à mon ultime forme. Je m’oriente vers le domaine des arthropodes, puisqu’on peut en trouver de toutes sortes et en tout lieux. Cependant je n’ai encore rien figé, et tout reste encore envisageable. »

Notre ami changelin regarde la conseillère avec sérénité. Il n’est pas un ennemi ici, bien au contraire il ne demande qu’à devenir un allié, en plus d’être un ami de la cause changeline. Les paroles de John Smith vous ont paru juste, puisqu’il n’a aucune idée, à priori, de son passé en sur sa terre natale. Pourtant vous savez fort bien qu’il faut se méfier de l’eau qui dort, et qu’Elessar peut être redoutable au jeu des apparences. Entre nous, qui se méfierait réellement d’un jeune homme volontaire, charmant d’un prime abord et toujours enjoué ?

La jeune femme, dangereuse et mortelle se joue de celui venu vers elle en toute honnêteté avec une noblesse faisant honneur à sa culture. Mais je n’aime pas trop ça façon de détailler Elessar comme un objet de choix, un outil dont elle pourrait faire usage ou non selon les réponses qu’il lui formulerait. Je l’avoue, Yumi n’est pas une personne que j’arrive à totalement cerner non. Elle reste secrète et réservée comme toute jeune femme japonaise de son âge en réalité. Mais il y a quelque chose qui me chiffonne chez elle.

Yumi est une femme qui joue un rôle selon moi, celui qu’on lui donne d’entrée de jeu. Elle me fait penser à ce genre de personne qui sont rejetées par la société pour x raison et ne pensent plus qu’à finalement se complaire dans l’image que les gens veulent seulement voir d’eux. Elessar est un doux idéaliste je l’ai bien vu lors de nos retrouvailles, mais le monde de changelin est aussi cruel que celui des hommes si ce n’est plus encore. Les membres de notre peuple comme Yumi, de naissance mortels et dangereux sont souvent mal vus par les autres changelins. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est membre du conseil. Je crois qu’elle se veut être la voix des parias qui vont naturellement la voir. Les conseilleurs n’ont pas de rôle à proprement parlé. Il y a des places à prendre et c’est la loi du plus fort et tous les coups sont permis. L’abandon ou la mort comme on dit. Ainsi vont les lois des changelins. Mais il serait idiot de penser que les cervidés ne profitent pas de Seto pour faire valoir leur voix tout comme les félins viennent maintenant beaucoup me voir. On se sent toujours plus en phase avec un changelin de naissance proche nous. Pour Yumi, c’est pareil finalement.

Yumi ▬ Vous savez aligner les mots justes et plaisant à l’oreille Tamoana-san. Vous parlez de ça car je suis réputée être une veuve noire que vous parlez d’arthropode ? Ou une pensée sincère ?

Connaissant Elessar, il ne dit pas cela pour se faire bien voir. C’est le genre d’homme qui se fait accepter pour ce qu’il est et qui reste droit dans ses bottes. La fierté de l’Irlandais coule dans ses veines pour moitié au moins et ce n’est pas à sous-estimer.

Yumi ▬ Si vous vous destinez à une forme plus discrète, plus efficace pour s’infiltrer à l’intérieur des habitations sans éveiller de soupçons. Je peux assurément vous aider dans ce cas.

Une partie de son discours n’est pas destiné à Elessar, mais bien à moi pour le coup. Je ne peux m’empêcher de garder un sourire d’autant plus flagrant car souligné par ma moustache. Ma chère Yumi, un rat est peut-être plus gros qu’une araignée, mais avec de la patience je peux ronger le métal. Avec mon odorat et les moustaches je perçois mon environnement d’une manière très fine. Enfin, mes pattes me permettent d’avoir une préhension, mon corps de passer partout où ma tête passe ainsi que de nager longtemps et plutôt correctement tout en retenant mas respiration assez longtemps. Je n’ai rien à vous envier je vous rassure et ce n’est pas ma carrière d’espion qui saurait rougir de honte face à vous.

Je vois bien à son sourire qu’elle est fortement intéressée par Elessar. Ce n’est pas un sourire très affiché que je perçois et je ne sais même pas si le jeune homme ne plein entretien se rend compte de cette micro-expression fugace. Il y a quelque chose d’autre qu’elle perçoit chez lui et qui me laisse bien perplexe. Elle est bien plus intéressée par lui après qu’il ait énoncé ses deux formes, mais pourquoi ? Cela me laisse bien pensif.

Yumi ▬ Vous n’êtes pas sans savoir que je suis à la tête d’une boutique faisant office de centre antipoison de la région ainsi que d’un laboratoire certifié pour. J’ai donc en ma possession tout un tas d’espèce du Japon et d’ailleurs remplissant parfaitement les critères de votre recherche tout en vous ouvrant d’autres horizons.

C’est là ! Alors qu’elle pose sa main sur son épaule en tournant autour de lui pour retrouver sa place d’origine. Elessar a dit que sa forme d’origine était celle du dragon de Komodo. Ce n’est pas anodin du tout ça. Il est connu pour être un chasseur et charognard qui mord et laisse sa proie s’en tirer. Mais en réalité c’est un animal venimeux. En plus de ça, à l’état sauvage sa salive est tellement gorgée de bactérie à cause de ce qu’il mange qu’en plus du venin qu’il injecte grâce à sa morsure, la plaie s’infecte très vite. Les changelins comme lui ne doivent pas forcément avoir une bonne réputation et elle se sent peut-être proche de lui grâce à ça, d’où son intérêt regagné pour lui et son envie d’aider.

Le sous-entendu de la conseillère déplaît fortement à notre ami commun. Vous n’avez même pas besoin de le regarder pour le savoir. Il ne fait ses choix que selon ses propres observations, et non pour plaire à qui que ce soit. Et certainement pas pour satisfaire un égo cachée ou une guerre dont il n’est pas parti prenante. Quelque chose, vous le devinez, lui fait penser que la dernière remarque ne lui est pas réellement adressée, qu’elle est pour son ami John. La sensation d’être au milieu d’un jeu d’enfant, qui sera le meilleur, s’impose en lui comme en vous. Triste constat compte-tenue de l’objectif qu’il vise.

« A dire vrai, que vous soyez une veuve noire ne m’importe que très peu dans la recherche que je mène. Vous n’êtes en rien un moteur dans ma réflexion sur ma dernière forme. A mon sens, il faut choisir de manière à être en accord avec ses formes animales, parce qu’elles deviennent une partie de nous, une nouvelle façon de se définir.

A ce titre, les arthropodes sont une piste sur laquelle je me penche avec attention, mais ce n’est pas la seule. C’est seulement la plus abouties à l’heure où nous discutons. Néanmoins, vos conseils seront les bienvenus et m’aideront probablement dans la décision que je prendrai, quelle qu’elle soit. »

Vous souriez en écoutant ses paroles. Elessar est ferme dans ses propos, sans pour autant être vexant, du moins il l’espère. Encore une fois, il s’est contenté d’être franc. Alors certes, vous savez qu’en un sens, il assume ouvertement de la remettre à sa place, malgré son titre de conseillère. Notre ami panda sait suivre les règles, mais aussi s’en affranchir si nécessaire. Jamais vous ne l’avez vu transiger avec lui-même, encore moins pour satisfaire à l’envie et la fierté de quelqu’un.
Ce n’est qu’à grande peine que vous vous retenez de soupirer bruyamment, à l’instar de notre dragon. Décidément, les lieux varient, les personnes changent mais la fascination, presque morbide, pour sa forme natale demeure. Vous savez ce qu’il va dire, tout comme vous pressentez que cela risque fort de le desservir. Néanmoins, il ne changera pas d’opinion sur le sujet. Ce n’est pas un de ses centres d’intérêt, et il n’a pas la moindre intention de cultiver cette part de lui-même. Nous vous savez qu’il préfère avoir la peau dure, rendant les attaques plus … complexe à porter leurs fruits.

« En effet, je n’ignore pas vos activités, concernant les antipoisons, dans la région. Votre réputation dans le domaine n’est plus à faire, et même si je suis nouveau en ville, cela ne m’a pas échappé. Vous œuvrez pour l’ensemble de la communauté à travers cette tâche, et c’est tout à votre honneur.
Cependant … je me dois de rester franc envers vous. J’ai parfaitement conscience des capacités venimeuses de ma forme natale. J’ai appris, il y a longtemps, à chasser comme cette espèce. Il ne faut disposer que d’un peu de patience pour cela. Très certainement comme vous-même, j’ai longtemps été craint à cause de la réputation du Dragon de Komodo. Comme beaucoup avant moi, sous d’autres formes que la mienne, je l’ai mal vécu, allant jusqu’à ne pas vraiment m’accepter moi-même. Le précédent Conseil Territorial, pour lequel je travaillais, m’a aussi, à plusieurs reprises, demandé de me servir de cet … atout, selon leur mot, pour des objectifs qui n’avaient rien de louables bien que nécessaires.

Cependant j’ai pu me faire accepter pleinement par mon engagement et ma loyauté envers la communauté. Cela a pris du temps, mais j’ai pu prouver à ma communauté de l’époque, que malgré une forme animale d’une dangerosité extrême, je n’étais pas pour autant nuisible. Lorsque j’ai quitté mon pays natal, je n’étais plus crains, j’étais respecté pour ce que j’avais fait pour la communauté. Je suis en paix avec moi-même et assume ma part de Dragon de Komodo.
Je ne désire qu’être autant utile ici, que j’ai pu l’être par le passé chez moi. Néanmoins encore une fois, j’écouterai avec la plus grande attention vos conseils et suggestions. Je ne doute pas qu’ils seront avisés et d’une aide précieuse. »

Vous êtes surpris de constater à quel point il sait être habile dans ses propos. Bien sûr, il admet ouvertement qu’il a été un paria il y a longtemps, ce qui est une faible concession une fois sa forme de Dragon de Komodo divulguée. Elessar n’entend pas laisser la jeune femme faire de lui un objet ou un simple pion. Notre ami a un cerveau et sait parfaitement s’en servir pour prendre ses propres décisions. Une fois au service du Conseil, comme avec le précédent, il fera ce qu’il aura à faire mais toujours en accord avec sa conscience. Il est loin le jeune idéaliste naïf persuadé que tout est merveilleux en travaillant pour le Conseil. Oh oui, terriblement loin et vous le savez.
Notre jeune ami, cela est perceptible à son regard, note le silence de John durant cet échange. Silence qu’il a maintenu bien qu’il ait été directement visé par la changeline dans ses propos. Plusieurs interrogations se forment dans l’esprit de notre dragon, c’est parce que vous le connaissez depuis longtemps que vous pouvez les deviner. Qu’est-ce qu’il peut y avoir eu entre eux ? Une rivalité franchement mais aussi peut-être bien une méfiance mutuelle. Le point est à creuser pour plus tard.

« Que voudriez-vous savoir d’autre Kurobara-sama ? »

La conseillère esquisse un sourire de façade qui ne saurait me tromper alors qu’Elessar lui répond avec aplomb. Je ne sais pas trop ce qu’elle a dans la tête à ce moment-là, mais cela n’augure rien de bon quand je vois ses traits se figer dans une moue incrédule tout le long du plaidoyer du jeune homme alors qu’il lui expose son point de vue aussi bien sur son choix se portant sur les arthropodes, son passé en tant que natif dragon de komodo lui ayant porté préjudice dans sa vie ou bien sa volonté, son engagement pour servir le peuple.

Yumi ▬ Je vois que vous êtes bien un homme, terre à terre au possible et ne saisissant pas les subtilités de langage faisant mine d’une plaisanterie légère. Je prends note. Je fais acte de votre choix incertain en tout cas et gage que vous saurez trouver ce qui vous manque dans ma collection au laboratoire. Vous n’aurez qu’à passer à l’occasion.  

Cette chère collègue est donc capable de faire preuve d’humour. J’avais saisi l’aspect étrange de sa tournure de phrase en se mettant en avant, mais son sérieux alors qu’elle tisse son discours est tel qu’il ne laisse que peu de place à la possibilité de faire preuve de légèreté.  

Alors qu’Elessar lui livre des brides de son passé et de son vécu, je la sens moins attentive à ce qu’il dit, comme si-là n’était de toute façon pas la question et qu’elle se sentait las de l’écouter. Il y eu toutefois une lueur de passion dans ce regard vide et sérieux alors qu’il évoqua le fait de s’être acquitté de tâches peu louables sur ordre du conseil pour lequel il a travaillé également.

Yumi ▬ Si vous avez fait en sorte de me rencontrer, je gage que ce n’est pas en vain. Aussi, soyez prêt à tuer sur ordre du conseil, soyons clair et évitons les ronds de jambes. Ce n’est qu’à cette fin que je conserve ma place en tant que mortelle membre de ce conseil, pour être une sorte de relais tacite de tous les changelins capables de tuer et n’ayant pas peur de leur faire pour le bien du peuple. Cela arrive plus souvent qu’on ne le croit par ici.  

Ses mots sont froids, dénués d’émotion, comme si parler de prendre la vie d’une autre personne n’est absolument rien pour elle. Je pouvais même lire la détermination et la satisfaction de servir son peuple en mettant un terme à l’existence dans son regard.

Yumi ▬ Protéger le peuple à n’importe quel prix est le geste le plus noble d’engagement pour ce dernier que peut faire un changelin. C’est tout ce que j’aurai à ajouter pour l’heure. Réfléchissez bien à ce que vous voulez si vous voulez travailler en coopération avec moi et nous en reparlerons.  

Dans un mouvement très délicat elle porta sa main sur le comptoir, ongle contre le bois et se changea en araignée agrippée à la surface. Elle commença à filer à une grande vitesse jusqu’à la poutre centrale avant de gagner le toit et de sortir par la fenêtre ouverte.  

Je lâchais un énorme soupir alors que cette terrible veuve noire venant de quitter les lieux, rassuré que tout ça n’ait pas été vain.

John ▬ Voilà une bonne chose de faite. A sa manière elle t’apprécie, je n’en doute pas.  

Cette conseillère semble presque pire que certains qu’il a déjà pu côtoyer. De l’humour réellement ? Elessar appréciait cela en temps normal, mais cette fois-ci ce n’était pas à son goût. Il ne l’avait pas interprété ainsi, dû au sérieux qu’elle arborait en façade ou au fait d’avoir la sensation d’être réduit à un remède potentiel ? Vous n’arrivez pas à le déterminé, pas plus que notre ami.
Cependant vous savez qu’il va assumer jusqu’au bout.
De plus, vous remarquez à l’instar de notre dragon de Komodo, que la dénommée Kurobara décroche littéralement lorsqu’il explique son point de vue. Elle n’écoute donc avec attention que ce qu’il peut lui être utile dans un futur plus ou moins proche. L’instant où elle revient à la vie, est celui où notre jeune kiwi mentionne brièvement qu’il a déjà agit de manière peu louable. Prêt à tuer sur ordre du Conseil ? Les lieux changent, mais pas l’intégralité des méthodes. Non pas que cela dérange notre changelin, non. En revanche, l’absence d’émotion et la froideur de la réplique le gêne. Comme si prendre la vie d’une personne, même pour le bien de la communauté, était d’une grande satisfaction à ses yeux.

« Je l’ai déjà fait, et je saurai le refaire si jamais le besoin et la nécessité s’en faisait sentir. »

Elessar reste laconique. Il sait qu’il lui faudra, le moment venu, s’accommoder avec sa conscience sur le sujet. Il n’avait jamais exécuté cet ordre avec satisfaction, ni plaisir. Il était un changelin, pouvant être mortel, mais il était aussi un maori. Et de fait, la vie était quelque chose d’aussi sacrée que la nature. Dans ces conditions, vous savez bien à quel point le dilemme pouvait être épineux.

« Je n’hésiterai pas à revenir vers vous Kurobara-san. Merci de m’avoir accordé un peu de votre temps précieux. »

Sans bouger, notre ami la regarde redevenir une araignée et partie aussi rapidement et délicatement qu’elle était arrivée initialement. Le soupire que laisse échapper John n’échappe pas à Elessar, pas plus que celui qu’il laisse échapper à son tour, la pression retombant.

« Tu le crois réellement ? Je ne serai pas aussi catégorique que toi. Je pense que lui avoir tenu tête n’a pas forcément joué en ma faveur, tout comme ne pas avoir perçu son trait d’humour. Enfin, nous verrons bien. La porte ne semble pas pour autant fermée, on va dire que cela reste positif malgré tout. Du moins, je comprends mieux pourquoi tous ceux à qui je me suis adressé sont mitigés la concernant.

Sa détermination est sans faille et louable, digne d’admiration je dirais même. Néanmoins il me semble qu’elle est prompte à choisir la solution d’élimination radicale. En soi, cela ne change rien à ma propre détermination. Je n’ai pas nécessairement besoin d’approuver tous ces choix pour travailler en coopération avec elle. »

C’était un débrief assez succins de ce qu’il venait de se passer. Vous connaissez par cœur notre ami, et savez qu’il saura s’adapter au besoin. Ce qui n’enlève en rien la légère méfiance qu’il éprouve pour Kurobara-san. Quelque chose en lui, lui hurle de ne pas lui accorder sa pleine confiance. Du moins pas tant qu’il n’y a pas de preuves qu’il n’y a pas de risques, ou du moins le minimum possible, à le faire. L’avenir guidera notre jeune maori dans les méandres de ce nouveau Conseil et de ses intrigues.
Il regarde maintenant son aîné avec reconnaissance. Vous savez ce qu’il va faire et demander, et vous ne pouvez vous empêcher de vous interroger sur le moment où sa curiosité sera enfin satisfaite. Un jour lointain éventuellement, bien éloigné du moment présent, vous le sentez.

« Merci d’avoir organisé ce rendez-vous pour moi John. Mais dit-moi si je me trompe, il y a bien une sorte de rivalité entre vous deux n’est-ce pas ? J’ai eu la sensation que certaines de ses phrases ne m’étaient pas adressées. »

La tension de ce rendez-vous s’évacuant doucement, notre jeune ami s’assoit sur l’un des poufs prévu à cet effet. Il souligne, par ses paroles, qu’il a conscience qu’il se passait quelque chose de plus que seulement sa rencontre avec la Conseillère Kurobara. Libre à son vieil ami de répondre exhaustivement ou non.

« D’ailleurs tant que j’y pense … Félicitation pour ton poste de Sage au Conseil. »

L’information ne lui avait pas échappé, même si on ne parlait pas de secret. Néanmoins, l’occasion de le félicité pour l’obtention du poste ne s’était, jusqu’à maintenant, pas présenter, vous en avez conscience.

Une fois la veuve noire disparue, nous pouvons vraiment souffler. Ce n’est pas qu’elle soit impressionnante, même si son incroyable standing, digne d’une japonaise de haut rang, à l’étiquette parfait, puisse impressionner. Ce n’est pas facile de lire en elle. Elle utilise tellement de codes qui sont typiquement culturels que ce que l’on peut croire pour de l’assurance ou du mépris n’en est pas.

John ▬ Pour tout te dire, je ne la connais pas assez pour vraiment trancher la question. Elle est bien mystérieuse. Mais je pense que cela s’est très bien passé. En plus, elle est très à l’ancienne si je puis dire. Et puis, tu n’es pas là depuis très longtemps, ce n’est déjà pas évident de faire avec tous les codes de l’étiquette japonais, alors avec une femme comme elle, ne te met pas trop la rate en court-bouillon.

J’aimerai beaucoup en savoir plus sur elle, mais elle semble si distante de ses émotions en conseil, si sombre, cynique et prompte à faire preuve d’humour noir que je songe parfois à ce que je risquerais de trouver en creusant. Le paradoxe entre sa tenue, son étiquette et sa capacité à se montrer si acide me fait dire qu’elle doit avoir un bagage très lourd à porter.

John ▬ Mais tu as raison. Beaucoup de monde ne savent pas trop quoi penser d’elle. Ce que je sais, c’est qu’elle vient en aide à beaucoup de changelins qui sont mal perçu par la communauté. En réalité, je n’ai pas souvent vu de territoire où les changelins dangereux ou prêt à tout pour le peuple sont aussi bien vus. C’est sans doute grâce à elle.

Yumi a une réputation qui n’est plus à faire, tout en étant pourtant bien discrète et connue des initiés. Le précédent chef de territoire était un jeune sot, sans envergure et de très loin dépassé par les événements qui se déroulent actuellement dans la région. Il ne serait guère étonnant que Yumi ait pris les devants et soit passé outre la nécessité de demander au chef pour résoudre les problèmes trop épineux.

Il y a pas mal de monde aux abords de la boutique et laboratoire de Yumi. Plus qu’il ne devrait pour un centre antipoison. Je ne serais guère surpris que la plupart soient des changelins veillant sur elle et surtout travaillant main dans la main avec elle.

Depuis que je suis devenu Sage du conseil en faisant venir Abraham à sa tête, elle ne m’apprécie guère. Ce n’est pas comme si nous étions amis avant, mais il y a quelque chose qui lui déplaît. Quoique déplaire n’est sans doute pas le mot, car c’est la plus cordiale et chaleureuse de mes détracteurs au conseil. Je pense qu’elle est très protectrice surtout. Il est possible qu’elle se pose des questions sur mes intentions. Je ne peux pas lui en tenir rigueur non plus en réalité. Je serais aussi suspicieux qu’elle à sa place.

John ▬ Aaaah. Oui, c’est bien parce que certaines m’étaient destinées. Elle ne m’apprécie pas beaucoup. Je dois te l’avouer, je ne fais l’unanimité dans le conseil bien que j’y ai maintenant de nombreux amis. Dans son cas, je crois qu’elle se méfie autant de moi que moi d’elle et elle ne me cerne pas plus que je n’y arrive.

Je ne suis là que depuis quelques mois et pourtant me voilà à la droite du chef de tout le territoire. D’abord simple conseiller, puis, d’un jour à l’autre à lieu le changement de pouvoir. Cela va demander du temps pour aplanir un peu la situation.

Je prends avec le sourire ses félicitation. Il est vrai qu’avec tout ça, je ne crois même pas avoir célébrer comme il se doit mon poste avec Abraham ou qui que ce soit.

John ▬ Ah ah merci beaucoup Elessar ! Je dois dire que maintenant je souffle un peu plus. C’était l’une de mes priorités pour aider les changelins et l’éviction du précédent chef pour Abraham est à mon sens une bénédiction. À voir ce que cela donnera. Il y a tellement à faire et tant de choses inattendues qui changent quelque peu la donne vis-à-vis du Fior Nadur.

Tellement de choses à faire...

Ne pas se mettre la rate en court-bouillon, quelle drôle d’idée ! Vous ne pouvez vous empêcher de laisser échapper un petit rire. C’est très loin de notre jeune ami, qui ne s’inquiète que très rarement du  futur. Le présent arrive, parfois, à lui offrir quelques sueurs froides. Quant au passé, il est derrière et n’est pas redouté, enfin à quelques exceptions près, vous le savez bien.
En revanche le vieux briscard concède que beaucoup ne savent quoi penser de cette changeline. Il a affirme même n’avoir pas souvent vu de territoire où les plus dangereux sont aussi bien vu. Elessar ne peut qu’y adhérer. Cela lui semble en même temps, terriblement étrange. Vous le voyez à son expression. Être bien vu est une chose en soi, mais selon lui mieux vaut savoir vivre avec soi-même, qu’être bien vu et être en conflit intérieur. Il avait encore le temps de se familiariser avec la situation, et surtout les méthodes utiliser par ici. Comme toujours, vous l’observerez dans l’ombre, vieux soutient infaillible.
Notre cher panda avait donc vu juste, comme vous le constatez. Certaines phrases étaient, belle et bien, adressées au vieux changelin à ses côtés. Une histoire d’inimitié visiblement, si vous en croyez les paroles de l’aîné de notre ami commun. Cependant, vous ne pouvez que noter que notre jeune Dragon se doute qu’il y a plus que juste une histoire de Conseil. Impossible pourtant de deviner plus en avant, sans plus d’information. Vous ne savez que trop bien où Elessar tentera d’obtenir des pistes, auprès de ces bons amis et enfants de John.

« Oui j’imagine bien qu’intégrer un Conseil ne se fait pas sans heurt. De toute façon, il est impossible de plaire à tout le monde, ce n’est pas la vocation des membres du Conseil en plus. L’objectif est d’avancer ensemble pour le bien de la communauté. J’espère que ça s’arrangera en tout cas, que toi et elle arriverez à une sorte d’équilibre. Quelque part entre la méfiance et la confiance, et qu’avec le temps vous serez capable de vous cerner un peu du moins. »

Le Sage accepte les félicitations de notre jeune panda et l’en remercie. Il avoue même s’autoriser à souffler un peu maintenant son poste obtenu. Elessar hoche la tête en signe de compréhension, la pression qu’avait dû engendrer pareil plan devait nécessairement retomber à un moment. Il avait entendu parlé de l’accession de son collègue gardien du zoo au poste prestigieux de chef du Conseil Territorial. Avec ces collègues changelins d’ailleurs, vous saviez que l’idée d’organiser une fête sur place pour l’Africain avait largement été débattu. L’ennuie était que l’homme de la fête, était de moins en moins présent sur place. Difficile d’organiser quelque chose dans ces conditions, vous n’en doutez pas. Pourtant, vous savez aussi que l’idée n’est pas tombée aux oubliettes.

« Je n’ose même pas imaginer tout ce qu’il y a à faire actuellement, et qui doit beaucoup vous occuper tous. Au zoo, avec mes collègues changelins, on avait pensée faire une fête pour Abraham, question de marquer le coup. Tu veux en être ? Comme ça on en profite pour le faire pour toi aussi. Enfin à condition de coincer Abraham sur place, dernièrement il n’est pas très présent. Ce que l’on comprend tout à fait.
Nouveau poste, nouvelles responsabilités. Surtout que je suppose qu’il faut à la fois s’occuper des problèmes qui arrivent, que de ceux qui étaient encore en suspens avant. Sans compter les remous suite à la récupération de vos postes respectifs. »

Le constat est simple, et à vos yeux, résume fort bien la situation. Avoir récupérer ces postes clefs pour l’Irlandais et l’Africain, vous le deveniez, serait bénéfique sur le long terme pour la communauté. Néanmoins, le changement était, d’un autre côté, bien trop récent, pour que tout se passe comme au pays des bisounours. Pays, par ailleurs, est totalement inconnu du monde changelin, tant la philosophie changeline en est éloignée. Vous ne faites que vous remémorer, comme Elessar qui l’a connait par cœur, la ligne de conduite générale : Œil pour œil, dent pour dent. En d’autres termes, la Loi du plus fort régit toutes les communautés, d’où qu’elles puissent être. Vous n’y trouvez rien à redire, vous savez que le monde n’est pas toujours tendre et qu’il faut savoir rendre comme encaisser pour avancer et survivre.

« Des choses inattendues qui changent la donne pour le Fior Nadur ? Comment cela ? Tu l’as construit initialement pour être l’un de nos Sanctuaires. Tu envisages une autre fonction maintenant ? C’est à cause de tout ce qui se passe de néfaste en ville, n’est-ce pas ? »

Que de curiosité ! Cela finira par le perdre vous en êtes convaincu. Pourtant, vous avez tout autant envie de savoir que lui. Comment faire autrement ? Elessar, fournissant le pub en spiritueux, pour l’entièreté de la clientèle, sa question vous semble plus que légitime. Bien sûr, vous comme lui, ne doutez pas que le partenariat perdurera puisque le pub n’était pas prêt de disparaître. Néanmoins, vous ne pouvez exclure comme Elessar, qu’il puisse avoir besoin d’ajustement selon les besoins à venir.