Des questions sans réponses [PV Kei] (02/02/2018)

Les premiers mots qui me furent adressés étaient durs à entendre, mais peu à peu, je compris ce que voulait dire la miko. Les choses changeraient, mais ce ne serait pas forcément négatif. Et si cela devait l’être ... Sans doute valait-il mieux que ce soit avant que nous unissions nos vies ou qu’elle l’apprenne de quelqu’un d’autre, en effet. Peu de vampires étaient au courant, ce n’était que des rumeurs suite à ce qui s’était passé à ce fameux bal, mais je ne pouvais pas prendre ce risque. Je l’avais suffisamment entendu de la bouche de mon frère pour savoir que toute cette histoire pouvait être déformée et prendre des proportions bien plus grandes que cela ne le méritait en réalité.

Le son du gong nous interrompit. Je voyais bien que Manabu-san était contrariée de me laisser ainsi alors que nous venions tout juste de commencer à parler de mes sentiments profonds. Je ramassai le bout de papier entre mes doigts avant de le ranger dans ma poche et je secouai la tête pour la rassurer, je comprenais parfaitement, je lui avais déjà pris suffisamment de temps ainsi. Je crois que nous avions fait de petits progrès, tout de même. J’avais réussi à parler de ce qui me troublait. Pas tout à fait calmement, mais cela viendrait peut-être un jour. Il me restait aussi sans doute beaucoup de réflexion interpersonnelle à faire, entre mes sautes d'humeur et ma méfiance contre le monde entier. Pour le moment, j’avais accepté de lui faire confiance et pour un homme tel que moi, ce n’était pas à prendre à la légère. Voir le côté positif des choses, moi ?

Je devaius aussi la quitter, de toute façon. J'avais un engagement envers Jessica et je comptais le respecter, de plus, il valait mieux éviter qu'elle me pose des questions si j'étais en retard. Je n'étais pas en état de répondre pour le moment. Je crois que j'en avais suffisamment fait aujourd'hui, j'avais atteint ma limite. Mon angoisse ne s’était pas complètement envolée, mais je crois que ce serait impossible, avant que je ne me délaisse de ce poids lourd sur ma conscience. Oui. J’avais déjà suffisamment attendu ... Mais rien ne garantissait que ma volonté ne flancherait pas à nouveau en cours de route, aussi, je garderais en tête qu’en cas de besoin, il y aurait quelqu’un qui était prêt à m’écouter sans que je n’ai à avoir peur des conséquences possibles.

« Je vous remercie de m'avoir écouté et aussi pour votre proposition. Je me sens un peu plus serein qu’à mon arrivée. J'espère que nous aurons aussi l'occasion de discuter de sujets plus légers à l'avenir ... En attendant, souhaitez-moi bonne chance. »

J'enroulai mon écharpe autour de mon cou, pour me préparer à affronter les petits flocons à nouveau, et je me saisis de mon sac en plastique contenant mon matériel â peinture. D'ailleurs, cela me donnait une petite idée quant à la manière de la remercier pour ses conseils et sa patience. Leurs murs étaient nus et je crois que cela pouvait se voir comme un désir de vivre humblement, ce qui était tout à leur honneur mais ... C'était un peu triste et froid. Peut-être serais-je de nouveau capable de faire une toile lumineuse et colorée, lorsque tout ceci serait derrière moi. Je reviendrais aussi sûrement pour adresser tout simplement mes prières envers les dieux de la région en bonne et due forme. Je devais me montrer reconnaissant pour ce que j’avais. Une deuxième chance.

Peut-être devrais-je lui donner une lettre plutôt ? Il était parfois bien plus facile de partager ses émotions par écrit que spontanément, et j’avais tendance à m’emporter facilement, alors pour un sujet qui me contrariait autant … Oui, c’était une bonne idée. C’est en réfléchissant à tout ceci que je me dirigeai vers le café. Un peu de chaleur humaine me ferait du bien, moi qui n’avait pas vraiment d’amis ou même de simples connaissances en cette ville, trop préoccupé par mes malheurs, incapable d’accepter mon passé. Et si je devais être honnête … J’avais juste envie de prendre ma serveuse préférée dans mes bras. Nous avions encore le droit à un peu de ce bonheur insouciant, alors que notre relation était encore très secrète, au moins quelques jours pour réfléchir à la meilleure manière de tout lui dire.