Pyjama party fraternelle (05-06/05/2018)

Daisu ▬ « On y est ! »

Je souriais au Kabu-chan que je tenais dans mes bras. Sur mon dos, son sac contenant toutes les affaires dont il avait besoin. Avec douceur, je le déposai à terre avant d’ouvrir la porte de la salle d’Arcade exceptionnellement fermée plus tôt pour l’occasion comme l’indiquait une feuille collée sur la vitrine.

En effet, aujourd’hui, je passais la soirée et la nuit avec Kazuo. Avec les derniers événements en ville, le pauvre loupiot se retrouvait quasiment enfermé chez lui. Son tuteur n’était pas rassuré à l’idée de le laisser à l’école. Pour lui changer les idées, j’avais donc proposé de laisser Kazuo dormir à la maison. Nous allions donc passer une soirée pyjama entre frères de meute.

Le bruit caractéristique de la serrure se fit entendre et je poussais la porte vitrée pour laisser le Kabu-chan entrer avant de le suivre. Je fermai ensuite la porte derrière nous avant de prendre la main du louveteau pour le guider à travers les différentes bornes d’arcade.

Daisu ▬ « Comme tu peux le constater, c’est ici que je travaille. En fait… C’est même à moi. Enfin, pas toutes… Certaines bornes me sont prêtées contre un peu d’argent tous les mois. Et il y en a des autres pour lesquelles je suis payé pour les mettre en avant et faire de la publicité. »

Ne prenant pas la peine d’allumer la lumière, je me dirigeais vers la porte qui menait jusqu’à mes appartements. Après avoir gravit quelques marches, nous nous retrouvâmes dans un petit hall d’entrée ou je déposai mon gilet ainsi que le sac du loupiot et retirai mes chaussures avant de débarrasser le petit loup de ses affaires. Je l’invitai ensuite à me suivre dans le petit salon. Enfin… petit… Il était suffisant pour moi et pour inviter un ami ou deux de temps en temps. Il y avait un canapé trois places ainsi qu’une toute petite table ou trainaient télécommandes et manettes. En face, contre le mur, une télévision relativement grande trônait sur un meuble où se situait diverses consoles de différentes générations. La plupart n’étaient d’ailleurs même pas branchés. Pas assez de prises, que ce soit électrique ou derrière la télévision. A droite, face au hall d’entrée, se trouvait une grande bibliothèque. Mais cette dernière n’était remplie que de boites de jeux, prouvant à quel point cela avait une place dans ma vie.

Daisu ▬ « Installe-toi. Je vais déposer ton sac dans la chambre. »

Je partis reprendre le sac que j’avais déposer à l’entrée afin de déposer le sac dans ma chambre. Pour cette nuit, c’est là que Kazuo allait dormir. Les draps que j’avais mis se matin sentait encore l’odeur de l’adoucissant. Quant à moi, j’avais déjà prévu de dormir dans le canapé. Une couverture et un coussin attendaient sagement dans un coin de la pièce.

Sans attendre, je revins dans le petit salon où le petit m’attendait. Je lui offris à nouveau à grand sourire avant de sortir mes oreilles et ma queue de loup afin qu’il se sente plus à l’aise. C’était la première chose que je faisais à chaque fois que je le voyais et que je le pouvais. Je m’assis ensuite près de lui.

Daisu ▬ « Voilà ! C’est ici que j’habite. C’est petit mais c’est suffisant pour moi. Qu’est-ce que tu en penses ? »

A peine rentrée, la réaction du Kabu-chan ne se fait pas attendre. Voir autant de bornes d’arcade l’excite et le réveille comme il faut. Il faut dire que voir autant de machines alignées suffit généralement à mettre plein d’étoiles dans les yeux des enfants. Et elles semblaient bien plus nombreuses quand la salle était vide de monde. Toutefois, ce n’étais pas le moment pour commencer à les essayer.

C’était agréable de le voir de bonne humeur. De ce que j’avais compris, le pauvre petit se faisait à sa nouvelle maison mais… Ce n’était pas trop ça. Il fallait dire qu’il était un peu coupé de tout, enfermé dans cet immense manoir. Et aussi spécial qu’était Kazuo, il avait besoin de voir du monde, de changer de décor et de s’amuser avec d’autres enfants… Et oui, les grands enfants, ça compte.

A peine assis à côté de lui, je lui avais demandé si l’endroit où j’habitais lui plaisait. Ce qui, à entendre sa réponse, était le cas. Je me retins de rire au « trop vieux et trop bien rangé ». Quoi qu’il en soit, ça confirme ce que je pensais déjà, ce n’était certainement pas un endroit où j’apprécierais d’habiter et où un enfant ne s’amusait surement pas tant que ça.

Pour toute réponse, je me contentai de lui caresser affectueusement la tête et ses oreilles de loup qu’il avait laissé sortir. De ce côté, je pouvais franchement être fière de lui, comme Asuna et Heiji seraient surement fiers de moi. Enfin, le plus dur était à venir, il était encore loin de maitriser les transformations dues aux émotions fortes. Mais cela viendrait avec le temps, j’en étais sûr.

Soudainement, il bondit du canapé pour me demander de jouer avec lui, apparemment, il avait pris tout le nécessaire pour passer une bonne soirée. Bon, je retire ce que j’ai dit, j’étais peut-être un poil trop grand pour jouer aux voitures et aux figurines… Il allait bien falloir se prêter au jeu, pourtant. C’est donc intérieurement résigné mais avec un grand sourire sur le visage que je le vois partir dans la chambre pour aller chercher ses affaires… Avant de le voir revenir, oreilles baissées, pour m’annoncer qu’il avait faim. Je regarde rapidement l’heure. Hum… Il est tôt, pourtant. Je ne fais cependant aucune remarque à ce sujet. Je me contente de me lever du divan et de prendre la main du P’tit Loup.

Daisu ▬ « Allez, Kabu-chan ! Allons voir ce que j’ai dans le frigo ! »

Une fois dans la cuisine, j’installe le bonhomme sur une chaise en cherchant tout ce donc j’avais besoin pour préparer à manger. En sachant que je ne serais pas seul ce soir, j’avais prévu de cuisiner un oyakodon. Je sortais donc poulet, œufs et poireau avant de me diriger vers une autre armoire. Riz, dashi, sauce soja, sucre, oignons. Parfait !

Daisu ▬ « Dis-moi, Kazuo, tu as déjà cuisiné avec papa Kazuma ? ou avec tes parents ? »

Question anodine mais qui pouvait se montrer délicate. Je me dirigeais donc vers le petit et m’accroupit à sa hauteur avec de poser les mains sur ses genoux avec un grand sourire. J’attendis avec un grand sourire sa réponse avant de le prendre dans l’un de mes bras. De l’autre, je prenais une chaise pour l’amener jusqu’au plan de travail. Je déposai ensuite le louveteau debout dessus.

Daisu ▬ « Bien… Tu vas m’aider à préparer le repas, d’accord ? »

Je m’activais ensuite pour chercher tous les ustensiles dont on avait besoin ce soir. Je trouvai même au passage un petit couteau pas trop aiguisé qui serait parfait pour le petit. Je lui tendis en lui demandant de faire attention et je plaçais les poireaux devant lui.

Daisu ▬ « Bien, tu vois ces cinq poireaux ? Il va falloir couper le vert en rondelles. Pour cela, tu coupes ici… »

Je lui montrai la séparation entre le blanc et le vert avant de reprendre mes explications.

Daisu ▬ « … Ensuite, tu prends le vert et tu coupes en tranche. Tu penses que tu en seras capable ? Si jamais tu as un doute, tu m’appelles. »

Je lui adressai rapidement un clin d’œil avant de prendre la sauteuse, une carafe d’eau et une cuillère en bois. Je commençai à préparer le riz dans la sauteuse tout en surveillant les gestes du Kabu et en le félicitant et l’encourageant de temps en temps.

Une fois le riz cuit, je le laissais sur le côté pour m’occuper de l’oignon. Le louveteau avait bientôt fini, j’allais donc pouvoir lancer le bouillon et cuire le poulet. Pendant ce temps, il pourrait casser les œufs dans un bol et les battre. Avec son aide, le diner serait prêt au moins cinq minutes plus tôt que prévu.

Alors que je m’occupais de mon oignon, Kazuo m’interpella pour me dire qu’il avait fini avec les poireaux. Parfait ! Je pouvais donc rapidement remettre les blancs de poireaux en place pour une prochaine fois et aller laver ce que le Kabu venait de couper. Je terminais juste ce qu’on faisait.

Posant mon couteau, je m’apprêtais à répondre à Kazuo quand mes sens furent soudainement en alerte. Sous le stress et l’adrénaline, le temps sembla comme ralentir alors que mon regard se porta sur le jeune louveteau. Louveteau qui avait perdu l’équilibre en faisant tomber sa chaise. Je me précipitais vers lui pour le rattraper… Non, pas besoin.

D’un bond, le Kabu-chan quitta son perchoir pour atterrir sur ses deux pieds, un peu plus loin. La chaise finit sa course au sol dans un fracas retentissant… pour mes sens en alerte. Je prends le temps de me calmer pour regarder Kazuo avec un sourire. Oh, la bouille qu’il fait est juste adorable. Je passai ma main dans ses cheveux en signe de réconfort et de félicitations.

Daisu ▬ « Ne fais pas cette tête ! Personne n’est blessé et rien n’est cassé. Plus de peur que de mal. Et puis, tu commences à avoir de bons réflexes ! Petit Louveteau devient grand ! »

Je lui fais un clin d’œil avant de me redresser et m’occuper du plan de travail. Il fallait encore le dégager pour la suite de la préparation. Du coup, les blancs de poireaux, comme je l’avais dit, retournèrent au frigo ; les épluchures d’oignons et les parties endommagées des poireaux allèrent dans un bac pour aller au composte et ce que nous venions de découpés finirent dans une passoire pour être rapidement rincés avant d’être cuits.

J’en profitais ensuite pour remettre le Kabu sur sa chaise pour la suite. Un bol, des baguettes et deux œufs. Moi, à côté, je prenais une poêle pour y mettre chauffer un peu d’eau et une petite cuillère à café de Dashi. Le temps que ça chauffait, je pouvais expliquer à Kazuo ce qu’il devait maintenant faire.

Daisu ▬ « Bien ! Maintenant, dans le bol, il casser un œuf, sans qu’il y ait de coquille. S’il y en a un peu, je te montrerais comment l’enlever. C’est très simple.

Ensuite, avec les baguettes, il faudra battre l’œuf très fort pour que le jaune et le blanc se mélangent et qu’on ne puisse plus les différencier. »

Pendant ce temps-là, je devais couper mon blanc de poulet en petit dés pour la suite. L’eau bouillait déjà. J’en profitais pour mettre la moitié d’oignons et de poireaux dans la poêle. Une fois que les légumes avaient ramollis, j’y rajoutai une cuillère à café de sucre et de sauce soja et la moitié de mes dés de poulets.

Daisu ▬ « Bien ! je vais bientôt verser l’œuf que tu as battu. Tu pourras ensuite faire la même chose avec le deuxième ! »

En effet, il ne fallut pas longtemps pour que je prenne le bol et le verse dans ma poêle. Je rendis le bol sale au P’tit Loup avant d’aller chercher deux bols propres pour servir le repas. Le premier allait très vite être servi d’ailleurs. J’en profitais pour vérifier l’état de mon riz. Il n’était plus bouillant, mais encore très chaud. Parfait ! Je le partageai en deux avant de mettre la plus petite moitié dans un bol pour ensuite y ajouter le mélange donc la délicieuse odeur me chatouillait le nez.

Daisu ▬ « Et voilà ! Un Oyakodon pour le presque plus P’tit Loup ! Installe-toi à table, je me prépare vite fait le mien. »

Aussitôt le bol prêt déposé sur la table et le Kabu bien assis devant, je me remettais vite fait aux fourneaux, répétant l’opération une nouvelle fois. A peine, dix minutes plus tard, je me retrouvais sur une chaise en face de mon bol et de Kazuo.

Daisu ▬ « Itadakimasu ! »

Voilà le moment fatidique. Alors que je commençais à manger, je vis bien que le Kabu-chan faisait la grimace. Il regardait son bol comme s’il n’était pas appétissant. Il prit tout de même ses baguettes et prit une petite boulette du contenu avant de l’approcher de sa bouche. Ah là là ! Tant de manières juste pour des légumes. Bon, je n’étais pas vraiment mieux à son âge… Je crois. Ça faisait un moment que je n’étais plus gosse. Mon enfance s’effaçait de ma mémoire au fur et à mesure que le temps passait. Pareil pour mes parents. Plus je vieillissais, plus j’avais du mal à me souvenir de leurs personnalités… Mais bon, ça faisait déjà une vingtaine d’années…

Je chassais mes pensées tristes alors que le petit loup mettait enfin son repas en bouche. Et ce fut le plaisir immédiat. Je ne pus m’empêcher de rire à la remarque de mon petit frère de meute. C’était tellement innocent.

Daisu ▬ « Bien sûr que c’est bon ! Tu ne fais pas confiance en mes talents de cuisiniers ? »

Mission réussie ! le louveteau était en train de dévorer son bol comme un ogre. Et j’avais du coup réussi à lui faire manger des légumes. Bon, entre le fait qu’il ait participé à la préparation du repas et le fait que tout soit mélangés aidaient bien aussi. Même moi, je n’étais pas fan des poireaux et des petits pois quand ils étaient préparés à part. Mais dans un plat, c’était totalement autre chose.

Daisu ▬ « Et ça, Kabu-chan, c’est la raison pour laquelle il faut toujours gouter un plat avant de dire qu’on n’aime pas ! Tu ne peux jamais savoir à l’avance si tu vas aimer ou non la manière dont c’est préparé ! »

Le repas continua en silence alors que nous vidions nos bols. Une fois fini, je repoussais le tout un peu plus loin sur la table avant de remarquer que Kabu versait quelques larmes. De ses petites mains, il essuya rapidement ses yeux et m’expliqua d’une voix enrouée ce qui n’allait pas. Je me précipitais vers lui pour le prendre à bras en laissant tout sur la table. La vaisselle pouvait bien attendre, mon pauvre Kabu-chan avait besoin de réconfort.

Daisu ▬ « Allez, mon petit Loup ! Je sais que ça fait mal et que c’est très dur. Les parents nous manquent toujours quand ils disparaissent. »

Je le serais un peu plus contre mon torse avant de m’assoir dans le divan afin qu’on soit mieux installés.

Daisu ▬ « Allez, mon grand. Je sais que c’est difficile. Et il faudra beaucoup de temps pour que tu aies moins mal. Mais il faut être fort. Je sais que quelque soit l’endroit où ils sont, ils sont toujours là à veiller sur toi. Et je suis certain qu’ils sont fiers du grand garçon que tu deviens. »

Je commençai à le bercer un peu pour l’aider à se calmer. Et l’aider aussi à faire sortir la tristesse qu’il avait sur le cœur.

Daisu ▬ « Mais tu as le droit d’être triste et de pleurer. Ça fait du bien de temps en temps. Et celui qui te dit qu’un grand garçon, ça ne doit pas pleurer, est un idiot. »

Je continuais à me balancer pour le bercer, le serrant contre moi comme si c’était réellement mon petit frère. Ce qui n’était pas difficile vu que je le considérais tout comme. Et je programmais déjà une séance de jeu pour lui changer les idées une fois qu’il serait moins triste.

Il fallut un peu de temps pour que le Kabu se calme. Temps durant lequel je le serrais contre moi pour le consoler tout en le berçant. Je comprenais sa peine. J’avais perdu mes parents. Deux fois. Je savais ce qu’était la tristesse d’avoir perdu un être cher. Cette sensation horrible que la vie est juste cruelle. C’était encore plus horrible du fait qu’il n’était qu’un enfant. Aucun enfant ne devrait perdre ses parents, pas en étant si jeune.

L’image de moi, âme en peine alors que j’étais devenu orphelin et que je devais faire avec ma nouvelle nature, me revint en tête. J’avais été plusieurs fois particulièrement blessant avec Asuna qui s’était pourtant montrer si gentille avec moi. Quoi que parfois un peu dure et sévère pour mon propre bien. Au final, elle avait vite pris le relais, sans pour autant remplacer ma mère, et ce sans que je m’en sois rendu compte à l’époque. Mais c’était naturel pour Asuna. La famille, c’est sacré. Quasiment la devise des Hiranos.

Je revins au moment présent quand je sentis le louveteau bougé un peu contre moi. Il s’était légèrement redressé pour frotter ses yeux avec sa manche. Il me regarda, oreilles baissées, et s’excusa rapidement. Je m’empressai de répondre. Il ne devait pas garder l’idée que c’était mal de pleurer ou de se sentir mal.

Daisu ▬ « Tu ne dois pas t’excuser pour ça. Tu n’as rien fait de mal. C’est normal que tu sois triste de ne plus avoir ton papa et ta maman. Tu as le droit de te sentir mal et de pleurer. Et, je sais que c’est dûr, mais tu peux me croire : La douleur finira par s’en aller avec le temps et tu ne sentiras plus qu’un petit pincement quand tu penseras à tes parents.

En attendant, tu as le droit de te pleurer. Comme je te l’ai dit, même les grands garçons ont le droit de pleurer. Parce que pleurer, ça fait du bien, d’une certaine manière. »

Kazuo revint se coller à moi. Encore une fois, je le berçais avec attention tout en passant une main dans ses cheveux. Nous restâmes un moment comme ça, en silence. Je le tenais dans mes bras afin qu’il se sente mieux. Comme Asuna avait fait en sorte que j’aille mieux. Mais je m’en faisais pas pour lui, il était bien entouré le petit.

En parlant d’être bien entouré, une sonnerie retentit. J’appris rapidement qu’il s’agissait du parrain du petit, Hatori Kazuma-san. Le petit baissa à nouveau les oreilles, comme embêté. Il ne voulait pas inquiéter le vampire. D’un doigt, je poussais sur son menton pour lui relever la tête et faire en sorte qu’il me regarde.

Daisu ▬ « Il ne s’inquiétera pas si tu lui dis la vérité. Si tu lui expliques pourquoi tu as pleuré, il comprendra. Si tu veux, on peut même lui sonner pour lui expliquer de vive voix. Qu’en dis-tu ? »