Pyjama party fraternelle (05-06/05/2018)

Le film commeça et l’attention du Kabu fut totalement absorbée. Je pouvais sentir une certaine tension. Surtout quand les parents de l’héroïne furent transformés en cochon. C’était vrai que je n’avais pas pensé à ça. Après, je ne m’inquiétais pas trop. Après tout, je connaissais la fin du film et je savais que tout finissait bien. Apparemment, il n’était pas non plus à l’aise avec les esprits. Mais ceux du film, même si certains avaient une apparence particulière, vivaient comme nous vivions. Il n’y avait donc rien de vraiment effrayant dans le fond. Il sembla le comprendre. Ou du moins il s’en rendit compte. Tout à coup, d’ailleurs, il se tourna vers moi pour me poser une question.

Daisu ▬ « Pas vraiment, c’est un Sentō. Les Onsen, c’est un lieu où les gens viennent se reposer en profitant de l’eau. En général, l’eau n’est pas traitée. On ne la filtre pas et on ne rajoute pas plein de trucs dedans, comme du chlore dans une piscine. Elle garde donc… Euh… tout ce qu’elle a en elle qui peut faire du bien. »

Assez compliqué d’expliqué ça ainsi en utilisant pas de terme technique. Parce que « vertus thérapeutiques » et « minéraux », j’étais pas certain qu’il comprenne.

Daisu ▬ « En général, l’eau des Onsen est chauffé par un volcan. Tu dois savoir ce que c’est. Il me semble qu’il y en a pas mal là où tu vivais avant. C’est d’ailleurs lui qui lui apporte tous les trucs qui font du bien. »

Je me rendis compte que s’il me posait la question, c’est qu’il ne devait jamais y avoir été. Tiens, ça pouvait être une idée. Je demanderai à Hatori-san s’il était d’accord que je l’y emmène.

Daisu ▬ « Tu n’as jamais mis les pieds dans un Onsen ? Peut-être que nous pourrions y aller faire un tour, un jour. Mais il y a des règles importantes à respecter. Par exemple, on ne peut pas porter de maillot de bain. Et il faut bien se laver avant d’y entrer pour ne pas salir l’eau, avec de la poussière ou de la terre par exemple. C’est la même chose pour les bains publics, les Sentō, d’ailleurs. La différence, c’est qu’on ne se rince pas en sortant d’un Onsen. »

Je vis bien son regard quand je parlais de bains publics. Ce petit avait encore beaucoup de choses à apprendre.

Daisu ▬ « Oui, il existe des bains publics. En fait, il existe des appartements si petits qu’ils ne peuvent pas avoir de baignoire, comme chez moi, ou même une salle de bain. Les gens vont donc se laver là-bas. Après, même les gens qui ont de quoi se laver chez eux y vont. Parce qu’ici, on considère qu’il est important de se sociabiliser. Enfin, il ne faut pas y faire trop de bruits non plus. C’est aussi un endroit pour se détendre et se relaxer… »

Bon… Je savais pas si le p’tit loup avait compris la différence entre les deux. Au pire, je pouvais prévoir un passage dans un Onsen et un autre dans un Sentō. Il comprendrait peut-être mieux en les visitant.

Daisu ▬ « Et donc, pour revenir au film, l’entreprise que tient Yubaba est un Sentō et non un Onsen. »

La réponse fut rapide. Mais je sentais bien que le p’tit Loup s’était mis à réfléchir. Cela se voyait à sa mine et ses sourcils froncés. Il rajouta alors qu’il y avait bien des volcans là où il vivait avant. Ainsi que des cascades. Ca avait l’air sympa. Une idée me vient en tête, même si elle me paraissait loufoque et totalement inadaptée à la situation actuelle. Cependant, un petit voyage en famille, tous ensemble pour aller visiter l’île paradisiaque. J’imaginais déjà Kazuma, Asuna et Heiji cohabiter ensemble. Vu leurs tempéraments, j’étais certain que cela allait faire des étincelles. Par tous les Kamis… le bordel. Je souris simplement à la pensée tandis que Kazuo se rallongeait dans le divan, la tête posée sur mes genoux.

De temps en temps, le Kabu me posait une question à propos du film et je prenais plaisir à lui répondre. Cependant, je sentais bien qu’il était aussi en train de s’endormir. Cela s’entendait, au son de sa voix et à sa respiration qui ralentissait petit à petit. Pendant un instant, j’hésitais à arrêter tout pour aller le coucher. Mais j’étais moi-même pris dans l’histoire. Je la connaissais tant avec le temps. Au pire, ça pouvait bien attendre la fin du film. Mal m’en prit, puisque que nous étions au passage où l’esprit vient à s’énerver. Ce passage réveilla Kazuo qui se redressa avant de se blottir contre moi, pas encore tout à fait alerte. Je le serrais contre moi d’un bras tout en attrapant la télécommande de l’autre. La fin du film serait pour demain.

Daisu ▬ « Ce n’est rien, mon grand. C’est dans le film. L’esprit a été contrarié et il s’est énervé. J’aurais du baisser un peu le son pour que cela ne te surprenne pas ainsi. »

Je me levais, le p’tit loup dans mes bras, pour le bercer plus facilement. Il ne fallait pas oublier que c’était un grand garçon. Assis, ça n’aurait pas été possible. Je me déplaçais calmement jusqu’à la chambre. Vu comme le petit était fatigué, autant le mettre au lit tout de suite après l’avoir rassuré. Et bizarrement, je me doutais que d’être entouré de peluches l’aiderait à se calmer de cette mauvaise surprise et l’aiderait à se rendormir. Avec douceur, je réarrangeais les peluches pour lui faire un petit cocon avant de le placer au milieu. Je m’assis ensuite délicatement près de lui. Resté présent le temps qu’il se rendorme.

Daisu ▬ « Tu as l’air exténué. Que penses-tu de refermer ses petits yeux et de retourner dormir ? On pourra regarder le reste demain avant que tu retournes chez Kazuma. Ou peut-être un autre jour. »

Je m’étais adressé à lui avec un sourire. Je pris aussi une des plus petites peluches pour venir lui chatouiller délicatement l’arête du nez. Tout pour lui faire oublier la mauvaise surprise de tout à l’heure.

Le Kabu m’expliqua qu’il n’avait pas pu réussir à bien dormir, excité comme il était. Il n’était pas étonnant qu’il soit tombé comme une souche devant le film. Bah, c’était pas grave. On aurait surement une autre occasion de regarder le film. En vrai, franchement, la soirée s’était superbement bien passée. Je ne voyais pas pourquoi le parrain du petit serait contre le fait qu’il repasse du temps avec moi plus tard. J’en étais convaincu ! Et le petit ne devait pas en douter.

Il était maintenant confortablement installé dans mon lit, son doudou tout contre lui. Il laissa échapper un petit rire quand je lui avais chatouillé le bout du nez avec une de mes petites peluches. Il pouvait pas nier qu’il était bien entouré pour la nuit. Il me souhaita une bonne nuit et je fis de même.

Daisu ▬ « Bonne nuit, Kazuo. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis endormi dans le divan. N’hésite pas à venir me réveiller. »

Je le regarde fermer ses yeux, prêt à passer une bonne nuit de sommeil et à récupérer les heures perdues. C’était important le sommeil pour un louveteau en pleine croissance. J’attendis un peu que sa respiration devienne plus calme afin d’être certain qu’il se soit endormi. Mais cela ne vint pas. Au contraire, il semblait s’énerver un peu plus au fil que le temps passait, remuant et remuant encore dans le lit. Était-ce parce qu’il n’était pas habitué au matelas ? Mince, je n’avais pas pensé à cette possibilité ! Pourtant, j’ai moi-même du mal à m’endormir dans un lit auquel je n’avais pas l’habitude. Peut-être qu’une boisson chaude pourrait l’aider. Habituellement, je prenais une infusion. Mais je n’étais pas certain qu’il apprécie. Peut-être un lait chaud ? Ça pouvait peut-être le faire. Toutefois, avant que je me décide, le louveteau se redressa et partagea ce qui le mettait dans cet état. Il s’en voulait parce qu’il considérait qu’il avait gâché la soirée. Mais quelle idée !

Daisu ▬ « Tu n’as rien gâché du tout, voyons ! On a passé une excellente soirée ensemble, non ? Tu t’es bien amusé et ça t’a changé un peu de venir chez moi pour une nuit, non ? C’est pas grave si on a pas regardé la fin du film, on pourra toujours le regarder une autre fois. Il ne faut pas t’en vouloir pour ça. En tout cas, j’étais très content d’avoir passé ce moment avec toi ! J’espère que Kazuma nous autorisera à recommencer bientôt ! On peut-être que nous pourrons faire une virée au zoo ! Qu’en dis-tu ? »

Je lui affichais un grand sourire avant de l’aider à se recoucher et à le border. J’espérais avoir réussi à lui chasser cette idée avec une autre en parlant de zoo.

Daisu ▬ « Allez, Kabu ! Il faut maintenant te reposer, pour être en pleine forme demain. »

J’attendis qu’il referme ses yeux. S’il s’endormait cette fois-ci, je pourrais alors m’eclipser vers le salon pour me reposer aussi. Peut-être passer un coup de fil au manoir Hatori pour faire un petit rapport. Le parrain du petit apprécierait très certainement d’avoir un retour avant demain.