Inauguration du Fior-Nadur [Libre Changelins] (08/06/2018)

La conversation était compliquée à gérer avec ce jeune homme trop sur la défensive et plus le temps avançait, plus il devenait clair qu’il ne m’appréciait guère plus que cela et prenait mal chaque chose que je pouvais bien dire pour le mettre en garde.

John ▬ Prenez cela comme une menace si vous voulez. Après tout, il y a bel et bien une menace qui pèse sur vous en connaissant le secret de notre existence. Les changelins ont connus des moments fort qui les ont rendus très peu aptes à la confiance envers les humains. Pour les plus extrémistes d’entre nous, le fait que vous soyez frères n’a aucune importance. Ici, c’est un sanctuaire, donc faites comme bon vous semble, j’en suis le responsable et je ne crains aucun de mes dirigeants.

Il avait l’art et la manière de parler pour son âge. C'était tout de même rare de voir un jeune de son âge et avec pourtant l'air aussi excentrique avec ses cheveux bleu d'être pourtant très capable de conserver un sang-froid exemplaire.

Le jeune Zuko n’avait donc bel et bien aucune connaissance de sa véritable nature et de ce que cela signifiait que de faire partie d’un territoire et d’un groupe. Son caractère de loup allait sans doute se réveiller en présence d’Erèbe et peut être que ses instincts de meute s’éveilleront également. Il y a plusieurs familles de loups dans la région de Noto, c’est même un type naturel de changelin très présent au Japon.
Toutefois, il eut des mots qui m’étonnèrent. “je ne sais que ce que l’histoire a gardé d’informations sur vous”. En voilà une façon étrange de formuler son savoir sur les changelins. L’histoire avait gardé des mythes et des légendes tout au plus, mais de là à parler d’informations. Une telle phrase aurait été parfaitement anodine dans la bouche de toute autre personne que ce jeune homme en réalité dont je percevais une sorte de double sens que je ne m’expliquais pas. Ce pourrait-il qu’il fasse parti de ces fameux chevaliers des ombres et disposait d’informations sur nous plus viables que des légendes ? Tout était possible.
Je buvais une lampé de whisky avant de servir une gamelle d’eau à Zuko et de répondre à son frère.

John ▬ Mais je prends bonne note que vous vous estimez prêt à rencontrer nos dirigeants.

La porte finit par s’ouvrir et c’est mon amie Nawel qui fit son entrée dans la pièce et prit Farah dans ses bras. Je laissai ces retrouvailles se faire et le temps à mon amie de faire la rencontre de ces jeunes changelins qui seront la génération à venir après nous à encadrer la suivante. C’est ainsi que vont les choses dans ce monde.
Toutefois, elle comme moi étions circonspects à l’idée qu’autant de jeunes changelins soient dans l’inconnu vis-à-vis de leur nature et de nos uses et coutumes. Je m’avançai pour la saluer.

John ▬ Bonsoir Nawel, comment vas-tu ?

Le bâillement de Farah me fit un peu plus prendre conscience de l’heure qu’il commençait à se faire. Une heure bien tardive pour un pub par ailleurs et la fermeture officielle pour la nuit allait bientôt devoir se faire. Je supposais également que la dernière tournée avait été décrétée pour la partie humaine de l’établissement.

Je me préparai doucement à la première fermeture après une soirée d’inauguration fort bien réussie.

La réponse du propriétaire sonna pour moi, la fin de la discussion. Il ne servait à rien de continuer à s’étaler sur le sujet. Ce n’était pas le moment. L’avantage était que le premier contact avait été établi, il ne restait plus qu’à reprendre une autre fois, dans un environnement plus tranquille qu’un bar. Le mieux aurait été un terrain neutre. Mais j’avais peu d’espoir en cette idée.

Encore une fois, pour prouver ma bonne volonté, je pris dans mon portefeuille une de mes cartes de visite. La plus simple, celle donnant simplement mon nom, mon adresse et mon numéro de téléphone, mais pas ma fonction. Bien que les plus informés pouvait aisément la deviner à l’aide du blason incrusté dans le papier cartonné. Le même que celui du collier offert à Zuko pour l’inclure dans le secret sorcier, soit une chouette prenant son envol avec le symbole de Jupiter sur son ventre. Cela mettrait peut-être l’homme sur la voie, ce dernier semblait déjà quelque peu intrigué par mes propos.

Je lui tendis la carte, n’ajoutant que quelques mots pour conclure la discussion.

Thomas ▬ « Vous savez, vous n’êtes pas les seuls à avoir vécu des moments forts… Comme vous le dites. Enfin, nous aurons peut-être l’occasion d’en reparler un autre jour. En attendant, voici ma carte, avec mon numéro professionnel. Vous n’aurez qu’à me joindre si vos dirigeants acceptent de me rencontrer. »

Je laissais l’homme se dirigée vers une nouvelle venue, visiblement la mère de la petite danseuse, à vue de leur ressemblance. Je pris, pour ma part, le temps de terminer mon verre. Vu l’heure et la fatigue de Zuko, il était temps de rentrer. De plus, il n’était pas question d’attendre plus longtemps. La nuit était déjà en train de tomber et je ne voulais pas risquer plus une mauvaise rencontre. Je me levais donc pour rejoindre le groupe et je saluais la nouvelle arrivante.

Thomas ▬ « Bonsoir, madame. Tel Thomas, Yoroshiku Oneigaishimasu. »

Je me pensais ensuite vers Zuko.

Thomas ▬ « Mon grand, tu vas aller te rhabiller ? Il commence à se faire tard et tu es fatigué. Il serait préférable de rentrer maintenant, pour que tu puisses te reposer et pour éviter les mauvaises rencontres. »

J’accompagnai le louveteau dans un coin afin de lui rendre ses affaires. Le temps qu’il se prépare, je me redirigeai vers le groupe.

Thomas ▬ « Je vous remercie pour l’accueil fait à mon jeune frère. Je pense qu’il sera moins intimidé à venir la prochaine fois. Il a besoin de contacts avec d’autres changelins et savoir qu’il en connait doit le soulager un peu. Je repasserai aussi, en soutien, à condition que je sois le bienvenu, bien sûr. »

Les derniers mots avaient été dit à l’attention du propriétaire des lieux.

Thomas ▬ « Bien, je vous laisse. Vu les derniers événements en ville, il vaut mieux pour nous de ne pas trainer pour rentrer. Je vous souhaite une excellente soirée. »

Je ne semble pas être la seule à fatiguer. Zuko se met à bailler à son tour. Il est vrai que, dans son cas, il s'est bien plus dépensé. Je le vois poser sa tête entre ses pattes et fermer les yeux. Ça me donne envie de le caresser derrière l'oreille, mais je m'abstiens. Je ne voudrais pas le froisser en le traitant comme un simple animal. Louka ne tarde pas à répondre à ma question. Ah, l'école ! J'aurais du m'en douter. C'est l'hypothèse la plus logique en effet. Puis je souris, soudain enthousiaste.

- Oh vous êtes à l'université tous les deux ? Moi aussi, en sciences de la vie !

Voilà qui nous fait encore plus de point commun. Nous aurons peut-être l'occasion de nous croiser dans les locaux de l'établissement, voire même de passer un peu de temps. Je ne sais pas en quoi ils sont inscrits, mais sans doute pas en matière de biologie comme moi, sans quoi je les y aurais déjà aperçus. Puis mon camarade serpent me pose à son tour une question. Je ne peux que hocher positivement la tête, réjouie par la perspective de le revoir.

- Oui bien sûr ! Moi aussi je serais ravie. Si vous voulez, je peux vous passer mon numéro de téléphone.

Je vais chercher mon sac pour récupérer un morceau de papier et un stylo. Je trace dessus mon numéro, de mon écriture fine et délicate, puis je le tends à mon nouvel ami. Pendant ce temps, ma mère discute avec Monsieur Smith.

- Ça va John, et toi? L'inauguration s'est bien passée j'imagine ? Désolée de ne pas être venue plus tôt, j'ai été retenue à l'université. En tout cas, c'est un magnifique sanctuaire que tu as bâti, mon ami. Et mon cœur s'illumine en voyant ma petite Farah se faire enfin des amis. Je sens que le Fior Nadhur sera très fréquenté ces prochaines semaines.

Un nouveau bâillement me décroche la mâchoire. La journée a été longue pour moi. Ca n'échappe pas à l'œil attentif de ma mère, qui s'approche à nouveau pour me caresser les cheveux.

- Tu as l'air épuisée ma chérie. Je pense qu'il est temps de rentrer.

Je hoche la tête. Je serais bien restée plus longtemps, appréciant la compagnie de mes congénère et l'ambiance chaleureuse du sanctuaire, mais ce ne serait pas raisonnable. D’ailleurs, le monsieur qui accompagne le jeune changelin loup lui fait la même remarque. Je rassemble donc mes affaires, ce qui ne prend guère de temps, et je reviens vers le groupe pour leur dire au revoir. L’homme aux cheveux bleus revient en même temps pour nous remercier de l’accueil. Je lui souris avec entrain.

- Je vous en prie, c’est normal, entre changelins ! Ce serait un plaisir de vous revoir ici. Je me tourne ensuite vers les deux jeunes de mon âge. Louka, Zuko, vous avez mon numéro désormais. N'hésitez pas à m'envoyer un message quand bon vous semble, ça me fera plaisir ! Bonne nuit, et à bientôt, j'espère !

Sur ces mots, je leur adresse un sourire amical en agitant la main. Je me tourne vers le bar pour saluer Erebe-san également, et bien sûr, l'homme qui accompagne Zuko. Puis Mama va récupérer Shani dans son berceau et nous quittons la salle. J'ai beau être fatiguée, je suis vraiment contente de ma soirée. Renouer avec la communauté des changelins me fait du bien. J'ai à peine mis un pied en dehors du Fior Nadhur que je n'ai qu'une hâte, c'est d'y retourner. Vivement la prochaine fois !

Les yeux fermés, la tête sur les pattes croisées, je pouvais entendre mon nom. Je levais le regard pour voir Tanaka-kun penché vers moi, me proposant d’aller boire un verre. Moi, j’étais tout simplement partant ! On avait plein de choses à se dire, du coup. Je connaissais un changelin sans le savoir. Ça m’aurait bien aidé à l’époque. Et puis, je pourrais lui présenter mon ami Taichi. Ah, non… C’était peut-être pas une bonne idée. Il faut respecter le secret. Ou attendre l’accord des Chefs sorciers et changelins. Parce que c’était le but de Thomas-niisan, un rapprochement entre les deux communautés. J’espérais pour lui que ça arriverait, assez vite. J’aimais encore assez bien sa manière de penser. Mais ça m’avait l’air bien compliqué. Les adultes sont trop compliqués.

Tanaka-kun termina par une phrase assez mystérieuse. Je fronçais mes sourcils. Qu’avait-il donc à me dire ? Il pouvait pas le faire maintenant ? Je voulais savoir, du coup ! Mais j’allais devoir attendre. Erèbe arriva derrière mon ami et lui tapota l’épaule pour lui parler. Grrr. Je poussais un grognement de mécontentement avant de refermer les yeux.

Ce fut au tour du proprio et de Niisan de rejoindre le groupe qui s’était formé. Il y eu des présentations. Mais elles ne s’éternisèrent pas. Thomas se pencha à son tour pour me demander de me rhabiller et je me dirigeais derrière le comptoir, par pudeur. Je n’étais toujours pas à l’aise d’être nu devant des autres. Enfin, du moins, dans des endroits qui n’étaient pas prévus pour. Les vestiaires de la piscine et les Onsens, ça me dérangeait un peu moins. Surement parce qu’il n’y avait pas de filles. Et les quelques fois où j’ai été surpris dans le bois m’avait encore plus refroidi.

Une fois rhabillé, je me dirigeais vers le groupe pour dire au revoir à tour le monde, encore un peu timide. Je me tournais d’abord vers la maman de Assad-chan pour me présenter correctement avant de me tourner vers le vieux monsieur.

Zuko ▬ « Merci de m’avoir accueilli ici. Votre bar est magnifique. Je reviendrai… avec plaisir. »

Je me dirigeais ensuite vers Farah pour lui dire au revoir et que ça avait été un plaisir de la rencontrer. Après tout, on s’était bien amusé à courir avec elle sur mon dos. Elle était timide comme moi, mais très gentille. Et pleine d’entrain une fois sa timidité passée. Elle aussi, elle s’entendrait bien avec Taichi, j’en étais sûr. On devrait peut-être s’organiser un pique-nique sur le campus à trois, ça serait surement sympa. Avec un peu de chance, je la croiserai surement là-bas, d’ailleurs. Qui sait ? De toute façon, j’avais son numéro maintenant. D’ailleurs, je lui enverrai un sms demain matin pour qu’elle ait aussi le mien.

Il ne restait plus qu’Erèbe et Tanaka-kun. Je m’avançais vers eux, pour remercier le premier de m’avoir parlé de cet endroit avant d’accepter la proposition de se revoir du deuxième.

Zuko ▬ « N’hésite pas à m’envoyer un sms, Louka-kun. Je serais ravi de repasser un après-midi à deux ! »

Une fois les aurevoirs terminés, je rejoignis Niisan pour quitter le pub. Nous descendîmes les escaliers pour rejoindre la première salle, où il n’y avait déjà presque plus personne. Comme le disait Thomas, les gens préféraient rentrer plus tôt pour éviter les mauvaises rencontres. Une fois dehors, nous montâmes dans la voiture pour rentrer au manoir. Là-bas, une des chambres d’amis avait été préparé pour que je puisse dormir sur place. Je retournerai le lendemain à l’unif. Là, il était beaucoup trop tard.

C’était le moment des séparations. La soirée était passée à une vitesse folle et il se faisait maintenant bien tard.

Ce jeune homme aux cheveux bleu eu quelques paroles pour le moins énigmatiques et l’allusion était bien trop évidente je trouvais. Maintenant, il avait piqué ma curiosité et je commençais à me demander si les légendes n’étaient pas fondées. Il a le regard et l’attitude de quelqu’un qui en sait beaucoup plus qu’il ne veut bien en dire, c’est un regard que j’ai tellement fait souvent que je le reconnaîtrait entre mille. Peut-être n'était-il pas tout à fait humain en fin de compte. Du moins, c’était une possibilité que j’envisageais avec soin dans le but de ne pas risquer d’être devancé. Je pris sa carte avec politesse, parant mon visage d’un sourirage d’un sourir.

John ▬ Oui, quelque chose me dit que nous nous reverrons.

Je ne fis que penser en mon fort intérieur que la prochaine fois que nous nous rencontrerons, il aura en effet à faire à nos dirigeants. L’ascension hiérarchique était de plus en plus un objectif dans ma tête dans le but de faire changer les choses par ici et créer une communauté plus unie que jamais.

Il se dirigea vers la mère de Farah qui était arrivé, dans le but de la saluer également, avant de prendre congé avec son frère qui commençait à fatiguer. A croire que c’était d’un seul coup propre à toute la jeunesse que d’avoir un petit coup de fatigue de fatigue et c’était Farah qui en baillant la première avait fait tomber le premier domino de la série.
Je me tournais à nouveau vers mon amie qui me répondit. Elle était passée malgré les choses qu’elle avait à faire et cela me faisait chaud au cœur.

John ▬ Je te remercie Nawel, c’est gentil. C’est en effet une très grande réussite à mon sens. Plus de changelins que je ne l’aurais pensé sont venus dès l’ouverture. On peut donc dire que ce sanctuaire est en effet en bonne voie et a un avenir lumineux devant lui.

Je regardais les gens commencer à partir en les saluant chaleureusement les uns après les autres. D’abord les deux frères qui s’en allaient de concert. Puis Nawel et Farah avec une chaleureuse embrassade avec mon amie. Nous aurons tout le loisir de pouvoir en parler davantage à l’université à la pause de midi.

Finalement il ne restait plus que moi, Erèbe et le jeune Louka. Comme il se faisait tard déjà, nous ne tarderons pas à fermer l’établissement. Quant à moi, j’avais promis de faire un debriefing au chef du territoire vis-à-vis de la soirée d’ouverture et à son influence possible dans l’avenir.

Je me suis tourné vers Erèbe qui était en train de discuter avec son ami.

John ▬ Je dois me rendre auprès du conseil. Je te laisse fermer l’établissement. Restez aussi longtemps que vous le souhaiterez tous les deux. Et bon boulot ! Je sens que cet endroit va devenir grandiose avec le temps !

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je suis passé sous ma forme de faucon. Après quelque battement d’ailes, je me hissais à l’ouverture de la fenêtre avant d'émettre un petit cri aigue pour les saluer une toute dernière fois avant de sortir.
De mon point de vue, je survolai en passant ceux qui venait de partir et émi un nouveau cri pour souhaiter la bonne nuit à Nawel et Farah en passant près d’elles avant de me diriger vers les montagnes et le cercles du conseil.