Museau à Museau [feat Mia] 12/05/2018

Les deux Alphas se trouvaient depuis si longtemps à couteaux tires que Mia n'attendait rien d'autre que des piques désobligeantes de la bouche de son homologue. Mais celle ci semblait penser différemment. Elle semblait vouloir sincèrement enterrer les armes et passer à autre chose. Bah. Pourquoi pas, en ces temps sombres, il fallait se serrer les coudes. Cependant, qu'elle ne se mette pas en tête de la faire changer d'avis sur ses convictions. L'espagnole voulait bien faire des efforts et se montrer… conciliante, fallait pas pousser le bouchon trop loin.

Elle écouta la réponse d'Asuna en passant son doigt sur le tranchant de son verre. Elle était désolée d'apprendre que son oméga lui faisait la gueule, vraiment ? Mia doutait de sa sincérité, mais elle n'allait pas la remettre en question cette fois. Elle avait probablement raison. Ça allait s'arranger. C'était aussi pour ça qu'elle avait décidé de le voir ce soir. Si elle était passée par le bar en premier, ce n'était pas tant pour se donner du courage, mais surtout pour noyer sa colère dans l'alcool et espérer une discussion cordiale avec Akatsuki.

Asuna reprit après une aspiration sur sa cigarette. Fallait croire que c'était contagieux. Elle surenchérit sur l'indifférence de certains des leurs. Ouais c'était malheureux, mais qu'y pouvaient elles au final ? Elles pouvaient pas forcer d'autres lycans à se bouger le cul en risquant un affrontement. Ils étaient trop peu nombreux pour se permettre de s'etriper, surtout en ce moment. Mia acquiesça pour exprimer son accord. Disparaître… Ça sonnait comme une fatalité. Et à dire vrai, si Mia n'avait pas encore son désir de vengeance, ça ne l'aurait probablement pas gênée. Elle n'avait plus rien en ce bas monde, à part Akatsuki. Et encore, s'il l'a considérait vraiment comme un proche. Elle cracha un nuage de fumée sur le côté comme pour chasser avec ces pensées sinistres.

Asuna changea alors de sujet pour parler de l'ordre des chevaliers de l'ombre. Mia posa sur elle un œil dubitatif, mais elle ne l'interrompit pas. Pour elle, ces hunters étaient de beaux parleurs. Pourquoi demandaient-ils l'aide de la population, sans ça ? Certes ils promettaient des récompenses, mais cela en valait-il vraiment la peine ? Elle haussa finalement les épaules.

« Fait c’que tu veux. On sait jamais, ptet que derrière ses airs d'arlequin, il sert vraiment à quelque chose.»

Elle donna un coup sur sa clope de l'index pour en faire tomber le mégot. L'ordre Renfield… Ça faisait plusieurs années déjà qu'elle se méfait d'eux. Elle en savait peu, trop peu sur eux. C'était suspect. Ils restaient toujours dans l'ombre, à l'abri des coups d'éclat. Finalement, quitte à choisir… Elle soupira. Le temps venu, elle ferait des recherches sur eux. Pour l'instant elle devait se concentrer sur les lycans infectés et le remède. Quand Asuna lui proposa ouvertement son aide pour les jours à venir, l'espagnole haussa un sourcil. Tiens donc. Sur certains points… c'était un euphémisme. Après avoir inspiré un peu de nicotine, Mia se décida à faire un nouvel effort.

« OK. C'est réciproque. »

Oui bah fallait pas espérer un aussi beau discours qu'Asuna. C'était déjà bien qu'elle accepte l'aide de sa rivale et plus encore qu'elle lui offre la sienne en cas de besoin. Après un instant de réflexion, Mia sortit un autre bout de papier et griffonna quelque chose dessus.

« J'propose qu'on s'tienne au courant mutuellement si on a des nouveaux éléments importants à communiquer. Voilà mon numéro si tu veux me joindre. »

Elle le fit glisser vers son homologue. Puis elle jeta un œil sur la montre bon marché qui ornait son poignet. Bordel, déjà cette heure là. Il fallait absolument qu'elle aille voir Akatsuki. Elle lui avait dit qu'elle passerait dans la journée et il devait s'impatienter. Mia poussa un soupir tout en crachant de la fumée. Elle écrasa sa cigarette dans le cendrier avant de se lever.

« Bon j'pense qu'on s'est tout dit. Faut vraiment que j'y aille. À la prochaine. »

Mia déposa des yens sur le comptoir pour régler la note élevée de sa consommation. Puis elle s'éloigna, les mains dans les poches, sans se retourner. Elle appréhendait les retrouvailles avec son oméga. Mais surtout, elle avait un mauvais pressentiment.