L'étoffe d'une star [PV Akitsuna] (01/05/2018)

Maria s’était toujours fait un point d’honneur à être franche, lorsqu’elle parlait. Son existence à elle seule avait été trop longtemps un secret gardé précieusement pour qu’il en soit autrement. Les mensonges blessaient ou se retournaient contre vous. Toujours. Pourtant, elle ressentait une pointe d’embarras après la réponse du styliste. Il est vrai qu’elle était encore un très jeune vampire. Il lui restait beaucoup de choses à vivre et à apprendre, pour se départir lentement de cette tache sombre qui lui empoisonnait le cœur. Maria ne voulait pas oublier, elle en serait tout simplement incapable, mais … Peut-être qu’un jour, elle aussi, serait capable de regarder derrière son épaule sans que son regard ne soit hanté par les regrets. Peut-être réussirait-elle-même à être fière de ce qu’elle avait accompli, à la sueur de son front et le sang de ses mains.

Et puis, il avait mal compris, ce n’était pas tout à fait ce qu’elle avait voulu dire ! Maria faillit le corriger, mais elle se dit que finalement, cela n’avait pas vraiment d’importance. Il ne la taquinerait qu’un peu plus, dans le cas contraire. Le styliste avait accepté de travailler pour lui fournir une garde-robe exceptionnelle. Cela suffisait pour que Maria soit satisfaite.

Avec plaisir ? Vraiment ? Était-ce parce que la petite était d’un rang supérieur au sien qu’il lui répondait avec tant de déférence ? Quoi qu’il en soit, on verrait s’il ne changerait pas d’avis bien vite, après l’avoir côtoyée quelque temps. Maria avait ses humeurs, et si le japonais semblait prêt à propulser sa carrière pour la faire briller, ou pour simplement lui offrir un conseil, eh bien … Sans doute ne se gênerait-elle pas en retour pour lui adresser quelques piques taquines envers son comportement un peu… distant. Ce serait sa façon de le remercier. Espérons qu’il soit patient !

« Oui, je crois que ce sera une bonne soirée. Merci. Ne vous épuisez pas trop à la tâche, je compte sur vous ! »

Maria s’inclina pour le saluer, puis passa la porte qu’il lui tenait ouverte avec un sourire aux lèvres, moins mécontente que lorsqu’elle avait quitté le théâtre. Elle froissa la liste de son agent et la jeta négligemment dans la première poubelle sur le chemin du retour. Ce n’était plus bien nécessaire maintenant, même si cela partait d’une bonne intention, probablement. Elle attendrait avec impatience qu’Akitsuna la rappelle pour voir la première de ses créations ; en attendant, elle le laissait fermer sa boutique ou prendre de l’avance en attendant de voir s’il aurait d’autres clients ce soir.